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 HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES

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Pierresuzanne

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MessageSujet: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 21 EmptyMer 03 Avr 2013, 14:03

Rappel du premier message :

3 avril 2013

« Accepte ce qu'on t'offre de raisonnable, commande ce qui est convenable et éloigne-toi des ignorants. » (Sourate 7, Al-Araf, verset 199).

Je me permets de me lancer dans une longue aventure avec vous... si cela vous intéresse....
Notre sujet est de nous intéresser à l’émergence du monothéisme dans l'histoire de l'humanité et de comprendre comment cette idée d'un Dieu unique a transformé les civilisations.
Dire qu'il n'y a qu'un seul Dieu est de l'ordre de la foi. Nous n'essayerons pas de démontrer une conviction qui, par nature, n'est pas rationnelle mais dépend d'un choix individuel. Il s'agit davantage de comprendre comment est perçu ce Dieu unique dans les différents monothéismes et quels sont les  répercutions de cette perception sur les civilisations.
Dieu est-Il semblable ou différent dans tous les monothéismes ? Comment a émergée l'idée d'une Création, d'une Loi divine, d'un Dieu des combats, d'une vie éternelle, d'un Jugement dernier, d'une langue sacrée parlée au paradis, d'un Dieu finalement pacifique ?
L'homme est-il libre face à Lui ? Les pouvoirs temporels et spirituels doivent-ils est regroupés ou éclatés ? La vérité est-elle définie une fois pour toute ? En quoi ces idées, provenant du concept d'un Dieu unique, ont-elles modifié les civilisations qui les portaient.  

Il ne s'agit pas seulement de regarder ce que disent les textes saints, mais de faire la synthèse de ce que nous a appris la science et l'histoire. Par exemple, il existe des données objectives sur la création du monde. N'est-il pas intéressant de lire les textes saints en parallèle avec les événements objectifs qu'ils sont censés raconter ?
L'archéologie a fait faire des progrès impressionnants aux connaissances historiques depuis deux siècles. L'épigraphie est un apport inappréciable. Il s'agit de l'étude des textes anciens gravés sur des supports durables : pierres, argile, papyrus, parchemins. Les tablettes d'argile des sumériens et les ostracons (des tessons de poteries recyclées) servaient de pense bête et de post-it antiques : ils ont traversé les siècles intacts. Les parchemins et les papyrus sont également bien plus durables que nos disques durs d’ordinateurs.
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azdan





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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 21 EmptyJeu 23 Jan 2014, 15:52

ChrisLam a écrit:


Il faut aussi que tu admettes que pour les CHRÉTIENS LA VÉRITÉ C'EST LE CHRIST et ils n'ont nullement l'intention de changer pour tes beaux yeux.
Il faudra que tu fasses à cette idée et accepter de vivre avec eux comme voisins.
  Que la paix soit avec toi

 je n'ai jamais demandé à un chrétien de renier le christ , ou de se convertir à L'islam , je respecte mes voisins .

  je me suis jamais permis de dire comme pierresuzanne le fait " Allez , avouer le , ça ne sert à rien ..."
 je tiens et je tiendrais un langage de fraternité , mais cela n'empêche de dire ce que j'observe dan vos écritures , si je l'interprète faussement , prouvez moi le contraire , si je signale des divergences ou des contradictions , alors vous n'avez qu'à me réfuter ce que je relève , et si vous ne trouvez rien à dire , Donc à chacun médite et cherche des réponses qui sont restés en suspens .

  je ne suis pas ici de faire le constat , ni le procès du christianisme , je dialogue sur les choses que je ne comprend pas sur votre religion , vous aussi , vous dialoguez sur les choses que vous ne comprenez pas sur L'islam , chacun explique à l'autre , argumente , pour lui montrer sa vision , et sa manière de vivre sa religion , et rien d'autres .

 Certains ( chrétiens et musulmans), se comporte comme s'ils fessaient la guerre sainte à l'autre , je désavoue et je n'approuve pas , mais je les considère tous comme mes frêres , car je n'attendrai pas que l'on m'inculque  cette notion , car Dieu nous l'a déjà appris lorsqu'on était tous dans le ventre de notre mère , un gène divin , que l'on n'apprend pas , mais que l'on ressent , merci de me comprendre .
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Pierresuzanne

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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 21 EmptyVen 24 Jan 2014, 12:16

13. 19. GRANDEUR ET DÉCADENCE DANS LE DAR AL-iSLAM, LES DHIMMI SUBISSENT LA LOI DE LEURS MAÎTRES.

Au début du Xe siècle, le monde musulman est divisé en trois branches. Trois califats vont représenter la légitimité dans le Dār al-Islām. Les Fātimides siègent au Caire, ils sont chiites ismaéliens. Les deux autres califats sont sunnites, les Omeyyades à Cordoue et les Abbassides à Bagdad.

À la fin du IXe siècle, des tribus turques envahissent le Dār al-Islām à l'Est et s'installent en Transoxiane, en Ouzbékistan. L'ère des conquêtes aisées du Territoire de l'Islam, le Dār al-Islām, sur le Pays de la guerre, le Dār al-harb, semble bien terminé. Mais en 920, les Qarakhanides, les turcs qui règnent désormais en Ouzbékistan, se convertirent collectivement à l'islam. En 999, ils prennent définitivement possession de la Transoxiane et mettent fin à la dynastie Samanide. Ils ont attaqué le Dār al-Islām, mais ils sont devenus musulmans. La guerre sainte garde tous ses droits.

En 930, la tribus arabes des Qarmates enlèvent la Pierre Noire de la Mecque, la rendant à sa fonction de bétyle, pierre contenant la divinité qui suit les pérégrinations nomades. Elle sera rendue 20 ans plus tard contre rançon.

En 943, la dynastie Bouyide chiite qui règne en Iran, conquiert Bagdad. Elle y introduit sa vision de l'islam : le chiisme imanite duodécimain. Elle laisse le calife sunnite accomplir à Bagdad un rôle purement religieux pour les sunnites. Son pouvoir est devenu symbolique, mais il garde tout son prestige pour les croyants.

En Espagne, l'émirat de Cordoue connaît son apogée. Abd al-Rahman III (891-961) incarne le prestige de la dynastie omeyyade.
Son règne s'étend sur la quasi totalité de la péninsule ibérique. Seule une bande longeant la côte nord de l'Espagne échappe à sa souveraineté et reste chrétienne. En 929, Abd al-Rahman refuse la suprématie religieuse du califat de Bagdad et devient calife de son royaume, donc commandeur des croyants pour ses sujets.
Cordoue, sa capitale, présente un urbanisme d'exception. Elle contient des centaines de mosquées, une bibliothèque de 400 000 ouvrages, des bains, des commerces et des caravansérails. L'agronomie du califat est innovante. Des cultures orientales sont introduites en occident grâce aux musulmans : l'oranger, la canne à sucre, le cotonnier, le riz et le mûrier. Les techniques du drainage et du captage d'eau de la péninsule arabique sont adaptées à l'Espagne. L'artisanat du cuir, des métaux, des faïences et de la soie se développent. En 955, Abd al-Rahman III signe un traité de paix avec les souverains chrétiens de la péninsule ibérique, le roi des Asturies et le duc de Castille. Les chrétiens et les juifs du Califat de Cordoue peuvent librement exercer leur culte sous la protection de la dhimma.

De nos jours, cette tolérance du Dār al-Islām est fréquemment un sujet d'admiration. En fait, il serait plus juste de replacer les choses dans leur contexte. En Europe chrétienne, les juifs peuvent également pratiquer librement leur foi. Quant aux musulmans, ils ont rarement aspiré à vivre hors du Dār al-Islām. Néanmoins, quand ils l'ont souhaité, ils ont pu le faire librement sans être contraints par un système équivalent à celui de la dhimma. Depuis quelques années, des découvertes archéologiques en Languedoc et en Provence prouvent que des musulmans vivaient, travaillaient et décédaient en terre chrétiennes, entre le VIIIe et le XIIe siècle, sans que cela fasse problème*. C'est l'archéologie qui a permis accéder à la connaissance de cet état de fait, car les sources écrites chrétiennes du Xe siècle ont tendance à ne signaler que les violences musulmanes : les rapts et les engagements militaires. Ainsi, des fouilles récentes à Nîmes ou à Marseille (dans le quartier Sainte-Barbe et près de la place Charles de Gaule), ont permis de découvrir des petits cimetières musulmans du XIIe siècle où les pratiques funéraires musulmanes étaient strictement respectées (corps dans une fosse en terre, allongé sur le coté droit et face vers la Mecque). Des objets d'artisanat musulman, des pièces de monnaie arabes et des sceaux musulmans ont été découverts en Provence et dans le Languedoc, datés du haut Moyen Âge *. Des musulmans vivaient donc dans le Sud de la France et y pratiquaient leur religion librement.
À l'opposé, dans le Dār al-Islām, la dhimma, en tant que contrat établi par le Coran, a figé les relations entre les religions. Les monothéistes non musulmans autorisés sont définis : judaïsme, christianisme et sabéisme. Les autres religions sont interdites, qu'elles soient monothéistes ou polythéistes. L'apostasie de l'islam est interdite. La dhimma n'offre donc non plus sa protection à un musulman qui voudrait,  par exemple, devenir juif.
Suite à la Sourate 9 - « Combattez-les jusqu’à ce qu’ils s’acquittent du tribut compensatoire de leur propre main et avec [la plus grande] humilité. » (S. 9, 29) - l'humiliation des dhimmi est ritualisée lors du versement de la djizyat, l'impôt qui leur permet de conserver leur foi. « Le recouvrement de la djizya doit accompagner de mépris et d'humiliation... Le percepteur empoignera le dhimmi par le collet et le secouera en disant : « Acquitte la djizyat ! » ; et quand il aura payé, on lui donnera une tape sur la nuque » conseille Mahmud Ibn 'Umar al-Zamakhshari (1075-1144) aux percepteurs pour l’exercice ordinaire de leur office (**1).

L'épigraphie garde la trace des relations ambiguës engendrées par ce statut rigide. Au VIIIe siècle, une lettre d'un juriste musulman, al-Awza’i, reproche au gouverneur du Liban de s’être livré à des représailles aveugles sur les chrétiens du mont Liban.
En 850, à Bagdad, le calife abbasside sunnite al-Mutawakkil (847-861) chasse les dhimmi de l'administration, sans raison d'incompétence, mais par simple discrimination religieuse : « Ne recherchez plus l’aide d’aucun polythéiste et ramenez les gens des religions protégées au rang que Dieu leur a assigné… Qu’il ne vienne pas aux oreilles du Commandeur des Croyants que vous ou l’un quelconque de vos fonctionnaires se fait aider par un homme des religions protégées dans les affaires de l’Islam. » (Al-Qalqashandi, Subh…,op.cit, XIII, p.369)(**2).
Le calife al-Mutawakkil, toujours lui, est à l'origine d'une innovation qui aura de l'avenir : il oblige les dhimmi à porter des vêtements jaunes. Al-Mutawakkil « oblige les chrétiens, et plus généralement tous les dhimmi, à porter des capuchons et des ceintures couleur de miel ; à utiliser des selles équipées d’étriers en bois prolongées par deux boules à l’arrière ; ... à coudre deux pièces de tissu de couleur de miel aux vêtements de leurs esclaves... Quant à leurs femmes, elles ne peuvent sortir de chez elles que la tête recouverte d’un fichu de cette même couleur... Il donne également l’ordre de raser toutes les églises nouvellement érigées et de confisquer le dixième de leurs propriétés. Si l’endroit est suffisamment vaste, il doit être transformé en mosquée… Il donne l’ordre de clouer aux portes de leurs maisons des images de démons taillées dans le bois, afin qu’on puisse les distinguer des demeures musulmanes. Il interdit leur recrutement à des postes administratifs ou officiels, d’où ils auraient exercé un pouvoir sur les musulmans... Il interdit l’exhibition de croix les dimanches des Rameaux et la pratique de la religion juive sur la voie publique. Il ordonne que leurs tombes soient nivelées au ras du sol, afin qu’elles ne soient pas confondues avec celles des musulmans. » (Al Tabarī, Ta’rikh al-Rasul wa’l Muluk, III, éd. M.J. de Goeje et al.Leyde, 1879-1901, p. 1389-1390) (**2).

À l'inverse, dans son califat de Cordoue au Xe siècle, le calife Abd al-Rahman III est un exemple de tolérance envers les dhimmi. Mais ceux-ci restent à la merci du bon vouloir du calife en place.
Ainsi, en 970, à Cordoue, après la mort d'Abd al-Rahman III, la calife Hicham II est trop jeune pour gouverner. Sa régence est assurée par Almanzor et celui-ci part en guerre contre les derniers royaumes chrétiens du Nord de l'Espagne. En 978, Almanzor bat Ramine III, le roi de Léon. À partir de 980, au nom de la guerre sainte, Almanzor persécute les chrétiens et les juifs de son califat, qui se réfugient au nord en terre chrétienne. Le roi des francs n'a pas répondu à leur appel au secours. Almanzor lance des raids contre la Catalogne chrétienne et détruit Barcelone en 985. Les chrétiens de Barcelone sont réduits en esclavage et les juifs massacrés. Almanzor attaque les Asturies. Enfin, en 997, Saint-Jacques de Compostelle est prise et son sanctuaire est détruit. C'était le lieu de pèlerinage favori de la chrétienté, puisque que Jérusalem est éloignée et aux mains du Dār al-Islām.

Le pays de l'Islam, le Dār al-Islām, domine sur le Pays de la guerre, le Dār al-harb. Les dhimmi du Dār al-Islām sont bien peu de chose mais ils restent toujours mieux traités que leur frères chrétiens et juifs réduits en esclavage ou massacrés lors de la conquête de nouvelles terres du Dār al-harb par les musulmans.
Le Dār al-harb va-t-il se soumettre ou résister ?


* : Archéologia, n ° 513, sept 2013, p 8-10.
** : Islam, **1 : p. 462/ **2 : p. 494 , Bernard Lewis, Quarto Gallimard, 2005.
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Pierresuzanne

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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 21 EmptySam 25 Jan 2014, 10:44

13. 20. EN 1009, LES PORTES DE L'IJTIHAD SE FERMENT... ET LE TOMBEAU DU CHRIST EST DÉTRUIT.

L'islam des débuts - mutazilite - assimile la philosophie et la science grecque grâce aux Maisons de la Sagesse. La Falsafa, la philosophie musulmane, est théorisée par Al Kindi (801-873) au cours des califats mutazilites. Elle s'inspire de la philosophie grecque, celle d'Aristote et de Platon. La vérité est cherchée à partir de la raison pure. Il s'agit naturellement de retrouver les vérités coraniques, mais par le moyen de la raison. Évidement, aucun musulman n'imagine découvrir que le Coran fait erreur. Mais, pour les disciples de la Falsafa, l'exercice de la raison doit permettre de parvenir à la vérité sans le recours aux Textes Saints : Averroès sera le disciple le plus connu de la Falsafa.

Puis, le sunnisme triomphe.
La rédaction des hadiths s’achève. Ils sont classés selon leur fiabilité : ceux de Muslim (819-875) et d'al-Bukhārī (810-870) sont les plus sûrs. Le sunnisme croit au Coran incréé, il ne cherche plus la vérité hors des textes saints (Coran et Hadiths), mais uniquement dans leurs interprétations. C'est le Kalām, la théologie rationnelle. Le Kalām s'oppose donc à la Falsafa. Le premier puise toute sa science dans les Textes saints, la seconde essaie de s'en affranchir pour chercher la vérité par le seul exercice de la logique. La pratique du Kalām suppose d'accomplir un effort de réflexion pour comprendre les textes saints et leur donner toujours raison. Il s'agit d'élaborer une jurisprudence qui dépende d'eux. Cet effort d'interprétation se nomme l'ijtihād (اِجْتِهاد). L'ijtihād est autorisée aux muftis,  aux oulémas et aux juristes, à l'exclusion de tout autre. Seuls ceux qui ont assimilé et accepté le dogme sunnite peuvent l'interpréter. Al-Ghazālī (1058-1111), conseiller du calife et théologien de l'université de Bagdad, sera le penseur le plus emblématique du Kalām.
Les deux traditions de la philosophie musulmane, la Falsafa et le Kalām, vont donc coexister quelques siècles. Le mutazilisme n'est plus politique mais ses idées persistent  encore dans le Dār al-Islām au travers de la Falsafa.

Au début du XIe siècle, le calife fatimide d’Égypte, al-Hākim (985-1021), est un fanatique. Il appartient au courant chiite de l'islam. Ismaélien convaincu, il forme des missionnaires dans des Maisons du savoir – émules des Maisons de la sagesse – mais où philosophie et astronomie sont enseignées pour servir les sciences religieuses. Il déclare anathème les califes précédents. Le calife al-Hākim rétablit toutes les restrictions appliquées aux dhimmi. Les égyptiens chrétiens pris en train de parler le copte - de préférence à l'arabe - ont la langue coupée. Il décide de faire détruire les églises de son califat. Et celui-ci s'étend de l’Égypte à la Terre Sainte, là où se trouvent toutes les églises byzantines construites au dessus des lieux sanctifiés par la prédication du Christ. Une église bien particulière va être détruite.

En 1009, Al-Hākim fait raser l'église du Saint Sépulcre, recouvrant le  tombeau du Christ, le lieu de la Résurrection.

Au moment de sa mort, presque mille ans auparavant, le Christ a été déposé sur une banquette dans un tombeau creusé à même une falaise, à 30 mètres du rocher du Golgotha où il a été crucifié. En 135, les romains ont recouvert de terre le tombeau et le Golgotha et ont construit au dessus un temple dédié à Vénus. En 325, Hélène, la mère de l'empereur Constantin, est venue à Jérusalem. Elle a fait creuser sous le temple de Vénus et a découvert le Golgotha, et à 30 mètres de là, un tombeau creusé dans la falaise avec une banquette à droite. Leur description était semblable à celle des évangiles (Jean 19, 41 ; Marc 16, 5). Ils étaient sous terre depuis 200 ans. Hélène a alors fait construire au dessus une église appelée le Saint Sépulcre qui a recouvert les deux endroits saints : le rocher du Golgotha et le tombeau. Elle a également fait découper la roche en forme de cube autour du tombeau pour que les pèlerins puissent en faire le tour.
C'est ce cube de pierre évidée par la tombe du Christ que le calife al-Hākim fait détruire en 1009. Il n'en reste plus rien.
Mais cela demeure - pour les chrétiens - le lieu précis de la Résurrection du Rédempteur de l'homme. En Europe, les chrétiens sont scandalisés. Certains religieux francs accusent les juifs de l'entourage d'al-Hākim de l'avoir conseillé dans cette affaire. Ils retournent sottement leur colère contre des juifs européens qui n'y sont pour rien et quelques communautés juives sont agressées, en particulier à Limoges où vit une dizaine de familles juives.
Le pèlerinage chrétien à Jérusalem est désormais interdit. Il faudra attendre la mort d'al-Hākim pour que Jérusalem soit de nouveau ouverte aux chrétiens.

La même année, en 1009, le calife ismaélien Al-Hākim prend une autre décision aux conséquences incalculables : il déclare que « les portes de l'Ijtihād sont fermées ». Toute nouvelle interprétation devient interdite : chaque question doit maintenant trouver sa réponse dans le Coran, la sunna ou la jurisprudence.
En 1021, Al-Hākim disparaît mystérieusement au cours d'une promenade. Il est probable qu'il a été assassiné. Ses fidèles se regroupent et le proclament Mahdi. Le Mahdi est le guide attendu par les chiites depuis que la famille d'Ali a été décimée. Le Mahdi est un personnage mystérieux qui est censé vivre caché depuis des siècles en attendant de réapparaître pour guider les musulmans. Les fidèles d'al-Hākim forment un nouveau courant dans l'islam chiite : ils sont nommés les druzes.
À la suite d'al-Hākim, en 1018, le calife sunnite de Bagdad, al-Qādir, fait publier des décrets établissant la bonne façon de penser. Il condamne le chiisme et interdit lui-aussi toute nouvelle interprétation du droit coranique.

Les chiites ne reconnaissent pas la fermeture de l'ijtihād dont l'usage est réservé à leur savant mudjtahid, littéralement « celui qui pratique l'ijtihād » (*1). Les non-orthodoxes sont de toute façon exclus de ce droit à l'interprétation. De nos jours, certains sunnites pensent que l'ijtihād est toujours possible, mais réservé aux savants ayant assimilé l'orthodoxie de la foi (*1). Néanmoins, à partir du XIe siècle, la recherche de la vérité s'est figée dans le Dār al-Islām. Deux mots illustrent cette fermeture. Le mot Tradition, « sunna », est le synonyme d'orthodoxie. Le terme hérésie, « bid‘a » en arabe, signifie également « nouveauté » (*2). Comment mieux exprimer l'idée que toute innovation est pernicieuse ?

Au XXe siècle, l'universitaire Mohamed Arkoun (1928-2010) a réfléchi aux conséquences de cette fermeture de l'ijtihād. À partir du XIIIe siècle, la recherche de la vérité libre de tout présupposé s'est interrompue en terre d'islam. Le Pr Arkoun remarque que les musulmans sont incapables d'avoir un regard historique sur leur passé. Ils recherchent les raisons de leur déclin dans des causes extérieures, comme la colonisation, et sont malheureusement incapables d'analyser leur propre responsabilité. Le Pr Arkoun pense que l'islam doit rechercher en lui-même les causes de l'appauvrissement de sa pensée et, selon lui, la fermeture de l'ijtihād en fait partie.

Ne peut-on pas également supposer que la racine même du sunnisme portait en lui son déclin. Car, c'est bien la conviction que le Coran est « incréé » qui a été à l'origine de la stagnation et du conformisme de la pensée musulmane. Mais, nous reviendrons sur les conséquences de cette conception de la foi sur le développement des sciences musulmanes.

* : Islam,  *1 : p. 711 / *2 : p. 852-853, Bernard Lewis, Quarto Gallimard, 2005.
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Pierresuzanne

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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 21 EmptySam 25 Jan 2014, 10:56

azdan a écrit:

 je n'ai jamais demandé à un chrétien de renier le christ , ou de se convertir à L'islam , je respecte mes voisins .

  je me suis jamais permis de dire comme pierresuzanne le fait " Allez , avouer le , ça ne sert à rien ..." .

Je n'ai pas demandé aux musulmans d'apostasier, mais de simplement reconnaître que le Coran ne peut pas être incréé.
Il y a d'autres façons d'être musulmans que de croire le Coran incréé.
Dans l'histioire de l'islam, les mutazilites ont été musulmans mais sans croire le Coran incréé, et en reconnaissant le Libre arbitre de l'homme et que Allah n'était à l'origine que du bien.


Le Coran incréé est un concept mis en place et rendu officiel deux siècles après la mort de Mohamed.... et ce concept est faux, cela est démontré par ce que l'on sait des 150 ans qu'il a fallu pour rédiger le Coran ainsi que par les multiples erreurs qu'il contient (historiques, théologiques, psychologiques, scientifiques, philosophiques) qui démontrent largement son origine humaine.

Ne crois-tu pas qu'il y aurait une autre façon d'être musulman... en revenant sur ce fantasme irrationnel et erroné que le Coran serait incréé????

Je ne comprends pas comment des sunnites éduqués peuvent persister dans le fantasme du Coran incréé.... cela explique le déclin des pays musulmans et leur incapacité à accéder aux sciences exactes et à la démocratie.

Toutes les explications des difficultés des pays musulmans de nos jours, trouvent leur origine dans le Coran : djihad, intolérance, incapacité à vivre avec les autres, cruauté des lois matrimoniales, y compris la mutilation des voleurs dans certains pays; polygamie, obscurantisme scientifique,...

Ne crois-tu pas que les pays musulmans devraient revenir sur leur foi dans le Coran incréé ???
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BERNARD

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MessageSujet: avis   HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 21 EmptySam 25 Jan 2014, 11:11

chrisredfeild a écrit:
Pierresuzanne a écrit:
1. LA CRÉATION.

Le Coran, avec poésie, raconte également une Création par Allah en six jours, ce qui est tout aussi faux que lorsque la Bible le raconte.



conclusion :


selon pierresuzanne, les ASTRONOMES sont plus connaisseurs que Dieu qui les a créer et qui a créer les cieux et la terres.

PIERRESUZANNE a pour livre saint , non pas la BIBLE mais les livres composé par les ASTRONOMES.

PIERRESUZANNE déclare directement que le BIG BANG est une vérité alors que les ASTRONOMES eux même ne l'ont pas dit et ont juste dit que c'est une THÉORIE (donc peut etre rejeter demain).


Pierre Suzanne, tu commence par une bêtise, je ne vais alors continuer de lire ton exposé...assurément, il est rempli de n'importe quoi

Serais tu moins doué que ceux que tu critiques avec tant de satisfaction.
Tu oublies qu'avant Mohammed le monde à existé, et surtout évolué .
C'est ce qui manque à certains musulmans le refus d'évoluer et le refus de voir les autres évoluer plus vite....que toi.
Dieu n'a pas demandé à Adam que l'humanité stagne et n'évolue pas .
Si non on serait encore à vivre dans des cavernes .
Les arabes n'auraient pas découvert le pétrole........
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BERNARD

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MessageSujet: avis   HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 21 EmptySam 25 Jan 2014, 11:17

Pierresuzanne a écrit:
azdan a écrit:

 je n'ai jamais demandé à un chrétien de renier le christ , ou de se convertir à L'islam , je respecte mes voisins .

  je me suis jamais permis de dire comme pierresuzanne le fait " Allez , avouer le , ça ne sert à rien ..." .

Je n'ai pas demandé aux musulmans d'apostasier, mais de simplement reconnaître que le Coran ne peut pas être incréé.
Il y a d'autres façons d'être musulmans que de croire le Coran incréé.
Dans l'histioire de l'islam, les mutazilites ont été musulmans mais sans croire le Coran incréé, et en reconnaissant le Libre arbitre de l'homme et que Allah n'était à l'origine que du bien.


Le Coran incréé est un concept mis en place et rendu officiel deux siècles après la mort de Mohamed.... et ce concept est faux, cela est démontré par ce que l'on sait des 150 ans qu'il a fallu pour rédiger le Coran ainsi que par les multiples erreurs qu'il contient (historiques, théologiques, psychologiques, scientifiques, philosophiques) qui démontrent largement son origine humaine.

Ne crois-tu pas qu'il y aurait une autre façon d'être musulman... en revenant sur ce fantasme irrationnel et erroné que le Coran serait incréé????

Je ne comprends pas comment des sunnites éduqués peuvent persister dans le fantasme du Coran incréé.... cela explique le déclin des pays musulmans et leur incapacité à accéder aux sciences exactes et à la démocratie.

Toutes les explications des difficultés des pays musulmans de nos jours, trouvent leur origine dans le Coran : djihad, intolérance, incapacité à vivre avec les autres, cruauté des lois matrimoniales, y compris la mutilation des voleurs dans certains pays; polygamie, obscurantisme scientifique,...

Ne crois-tu pas que les pays musulmans devraient revenir sur leur foi dans le Coran incréé ???


Le manque d'esprit dévolution empêche certains musulmans à évoluer tout en gardant leur Foi.
Ils sont donc ces musulmans, incapable de répondre logiquement.
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Tomi





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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 21 EmptySam 25 Jan 2014, 11:29

Pierresuzanne a écrit:


Je n'ai pas demandé aux musulmans d'apostasier, mais de simplement reconnaître que le Coran ne peut pas être incréé.
Il y a d'autres façons d'être musulmans que de croire le Coran incréé.

La notion de Coran incréé se trouve dans le Coran.
Certains, comme les mutazilites, ont pu la mettre en question, mais pour le commun des musulmans il est difficile de s'éloigner d'une compréhension du Coran qui leur paraît évidente.

En tant que catholique, tu es mal placé pour critiquer les croyances, les "fantasmes" d'une autre religion.
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Roger76





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MessageSujet: Sujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 21 EmptySam 25 Jan 2014, 12:27

Citation :
Pierresuzanne a écrit:




Je n'ai pas demandé aux musulmans d'apostasier, mais de simplement reconnaître que le Coran ne peut pas être incréé.
Il y a d'autres façons d'être musulmans que de croire le Coran incréé.




La notion de Coran incréé se trouve dans le Coran.
Certains, comme les mutazilites, ont pu la mettre en question, mais pour le commun des musulmans il est difficile de s'éloigner d'une compréhension du Coran qui leur paraît évidente.

En tant que catholique, tu es mal placé pour critiquer les croyances, les "fantasmes" d'une autre religion clairement.



Si vraiment le dogme du Coran incréé se trouve dans le texte coranique même, alors il serait bon de préciser Tomi.

Pierresuzanne n’intervient pas ici pour critiquer  les croyances, les "fantasmes" d'une autre religion. Pas plus que je ne le fais ailleurs en mettant en évidence le caractère bien plus mythique qu’historique des nombreux "récits mythiques" de la Bible.

S’il y a eu controverse, c’est qu’il y a eu lieu de discuter : la doctrine mutazuilite a bel et bien été un temps doctrine officielle. Je soulignerai ici que les conflits ont été vifs et même violents. Le mutazilisme était le fait d’une minorité de savants érudits lettrés qui avaient accès aux textes, y compris bibliques ou profanes : par contre la croyance au Coran incréé était l’opinion d’une large majorité de croyants, massivement de milieu populaire illettré qui ne savait le texte coranique que par transmission orale et ignorait la science grecque.

Avec une cote mal taillée entre les écoles qui s’affrontaient : le livre matériel que l’on tient en main a bien été créé mais son contenu est incréé, Tout est écrit de toute éternité mais l’homme peut infléchir son destin etc…

C’est la majorité en nombre qui a fini par l’emporter, la majorité populaire, contre une minorité de savants, dont l’islam a fait par la suite des libre-penseur de l’islam.

C’est faire une erreur que de croire l’islam, actuellement bloqué, serait une religion paralysée par ses dogmes ses doctrines. Les évolutions doctrinales n'ont pas manqué!

Etre croyant n’interdit en rien de tenter une exégèse historique des religions et de leurs textes sacrés dits fondateurs, quand justement la recherche montre que ces "textes fondateurs"  sont en fait des textes créés par les hommes reflétant leurs croyances leurs lois leur morale.

La mise en cause de la nature incréée du Coran s’impose d’autant plus que ce texte censé dicté s’est approprié en les réécrivant selon la nouvelle idéologie judéo-nazaréenne les textes antérieurs dont il est bien établi sans exception aucune par les hommes uniquement des hommes.

Inspirés certes, ce qui les a conduits à découvrir par Sa Révélation l’Unicité de Dieu créateur de tout.

Le seul problème qui te préoccupe c’est bien que les Juifs comme les Chrétiens ont su réétudier leurs textes avec l’apport des moyens de recherche dont nous disposons maintenant, mais le monde musulman dans sa très grande majorité s’y refuse encore.

Pas tous, et bien sûr cela bouscule les croyances établies.
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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 21 EmptySam 25 Jan 2014, 12:39

Le Coran se nomme aussi lui-même "hadîth" parole qui arrive dans le temps. Les textes fondateurs n'ont de fixation dogmatique.
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Pierresuzanne

Pierresuzanne



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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 21 EmptySam 25 Jan 2014, 15:16

Pierresuzanne a écrit:


Je n'ai pas demandé aux musulmans d'apostasier, mais de simplement reconnaître que le Coran ne peut pas être incréé.
Il y a d'autres façons d'être musulmans que de croire le Coran incréé.

Tomi a écrit:

La notion de Coran incréé se trouve dans le Coran.
Certains, comme les mutazilites, ont pu la mettre en question, mais pour le commun des musulmans il est difficile de s'éloigner d'une compréhension du Coran qui leur paraît évidente.

En tant que catholique, tu es mal placé pour critiquer les croyances, les "fantasmes" d'une autre religion.

Dans le Coran, on trouve tout et le contraire de tout,
Effectivement dans un seul petit verset, on peut penser que le Coran existe dans la "Mère du Livre"... mais il y a tant de contradictions dans le Coran.

Selon les circonstances, on y trouve ce que l'on veut.
Quelques exemples :
-Tolérance (S. 2, 256) – intolérance (S. 47, 4) ;
-connaissance (S. 7, 199) – ignorance (S. 5, 101-102) ;
-égalité (S.  49, 13) - inégalité (S. 33, 6).
Ces concepts sont tous défendus tour à tour par des versets coraniques qui peuvent être mis en avant selon les besoins et les circonstances.

L'idée que le Coran est incréé : « Ha. Mim. Par le Livre clair ! Oui, nous en avons fait un Coran arabe !... Il existe auprès de nous, sublime et sage, dans la Mère du Livre. » (S. 43, 1-4)... cette idée est en contradiction avec les versets affirmant que le Coran a été corrigé de ses imperfections :
« Si Nous abrogeons un quelconque verset ou que Nous le fassions oublier, Nous en apportons un meilleur, ou un équivalent. Ne sais-tu pas que vraiment Dieu est capable de tout ? » (S. 2, 106)

Les musulmans du XXIe siècle pourraient donc sortir de leur chapeau une autre interprétation pour nous dire que finalement le Coran n'est pas incréé, mais qu'il a bien été rédigé par des hommes pendant 150 ans, .... d'où quelques approximations, cruautés, erreurs scientifiques... et barbaries diverses...
Ils pourront ainsi continuer à croire que Mohamed était bien prophète...

Car en s'entêtant à dire le Coran incréé... les musulmans ne font que démontrer que Mohamed n'a pas été inspiré par Dieu..

Il s'agit de simple logique.... mais aussi d'une analyse historique des causes des archaïsmes des pays musulmans et de leurs difficultés à accéder au développement technologique et à la démocratie. Ce n'est donc pas méchant de ma part... cela provient d'un désir d'aider les musulmans à sortir de leurs problèmes;...

Il y a en effet trop d'erreurs et de barbaries dans le Coran pour qu'on puisse le croire parfait et donné directement par Dieu et sans erreur....
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Pierresuzanne

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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 21 EmptyDim 26 Jan 2014, 09:58

13. 21. LES CROISADES : IMPÉRIALISME CHRÉTIEN OU LÉGITIME DÉFENSE ?

Plusieurs événements de natures différentes sont à l'origine des croisades.
On trouve d'abord des raisons spirituelles.
Le Tombeau du Christ a été détruit en 1009 et le pèlerinage à Jérusalem a été interdit pendant dix ans, alors que les chrétiens souhaitaient venir en nombre célébrer le premier millénaire de la Rédemption de l'homme. Le pèlerinage redevient néanmoins possible après le règne d'al-Hākim.
En 1064, l'évêque de Mayence Sigefroy et quatre autres évêques allemands,conduisent 7000 pèlerins sur les pas du Christ en Terre Sainte. Le 25 mars 1065, ils sont massacrés par des bédouins. Désormais, le pèlerinage en Terre Sainte semble définitivement fermé aux chrétiens.

Les causes des Croisades sont également liées à la géopolitique.
En Europe, la situation du califat de Cordoue a modifié les relations inter-religieuses. En 1002, le régent de Cordoue, Almanzor décède. Sa succession est difficile. Le califat se morcelle en de multiples principautés, appelées les taifas, qui se battent entre elles. En 1031, le dernier calife de Cordoue, Hicham III, est destitué lors d'une révolte de ses sujets.
L'intolérance religieuse d'Almanzor a révolté les chrétiens. En 1037, le roi de Castille Ferdinand Ier fédère autour de lui les rois de Léon, de Galice et de Navarre. Ensemble, ils attaquent le royaume musulman divisé.
En 1063, le pape Alexandre II donne une indulgence spéciale aux soldats qui se battront pour libérer l'Espagne du joug musulman. Des soldats arrivent de l'Europe chrétienne et particulièrement de France. La Reconquista commence. Ces soldats partent à l'aventure, loin de leur pays. Ce mode de vie aventureux qui permet de s'affranchir du travail toujours recommencé de la terre, va séduire de nombreux hommes et les rendre définitivement inaptes à la vie civile. Ils seront  prêts à s'investir dans tous les combats à venir.
En 1085, Tolède est prise par Ferdinand. Dans le Dār al-Islām, le choc est immense. Les musulmans ne conçoivent pas de perdre leurs guerres, ce n'est pas théologiquement envisageable. Des berbères du Sahara occidental, les Almoravides, viennent au secours de l’Espagne musulmane. L'avancée chrétienne est arrêtée à Sagrajas en 1086 par Ibn Tachfin qui fonde une nouvelle dynastie, celle des Almoravides. Il devient le héros de l'islam, même si le royaume musulman d'Espagne est amputé d'un quart. Son règne, strict et religieux, met fin à l'âge d'or des Omeyyades.

À l'Est, les Seldjoukides, des turcs originaires du Nord de la mer d'Aral, attaquent le Khorasam. Les Seldjoukides sont devenus musulmans sunnites au Xe siècle. En 1040, après le Khorasam, ils s'emparent de l'Iran. En 1055, ils sont à Bagdad. Le calife sunnite abbasside est libéré de la tutelle chiite des Bouyides. Il reste calife - commandeur des croyants sunnites - mais les Seldjoukides revendiquent le titre de Sultan. Ils assument le seul pouvoir politique et ils laissent le calife régler les problèmes religieux. Va-t-on vers une séparation des pouvoirs en terre d'Islam ?
En 1063, Alp Arslan devient sultan seldjoukide. Sunnite de stricte obédience, il se doit de pratiquer la guerre sainte. En 1064, il attaque l'Arménie, le plus vieil état chrétien. Il prend et détruit Ani, sa capitale.
En 1071, le sultan Alp Arslam bat l'empereur byzantin Romain IV près de la ville de Manzikert. Nicée est prise. L’actuelle Turquie faisait partie de l'empire byzantin et était chrétienne. Elle entre dans le Dār al-Islām pour y rester.

En 1078, le sultan Alp Arslam est aux portes de Constantinople. Le cœur de l'empire byzantin est attaqué.
En 1054, le grand schisme d’Orient avait, pour des raisons doctrinales, séparé l’Église catholique de l’Église orthodoxe.
L'empire byzantin, orthodoxe, va néanmoins demander l'aide de l’Église catholique. En 1095, le pape Urbain II appelle à la croisade. Il souhaite aider l’empereur byzantin Alexis Commère à retrouver ses terres mais aimerait également ré-ouvrir les portes de Jérusalem au pèlerinage. Pendant tout son pontificat, Urbain II travaille au rapprochement de l’Église byzantine orthodoxe et de l’Église catholique romaine. L'aide militaire qu'il propose est une façon parmi d'autres de favoriser le rapprochement avec l’Église orthodoxe après le grand schisme d'Orient de 1054.
Les chrétiens ont repris un quart de l'Espagne musulmane, mais la Reconquista marque le pas face à la fermeté des Almoravides. Les chevaliers chrétiens qui ont lutté en Espagne vont pouvoir s'investir en Terre Sainte.

Le pape annule toutes les pénitences données en vue de la rémission des péchés et promet le salut à celui qui meurt au combat. La chrétienté répond à l'appel du pape dans toutes ses composantes sociales.
Pierre l’Ermite est un survivant du pèlerinage allemand de 1064. Dès 1096, il entraîne vers Jérusalem 30 000 volontaires qui partent par familles entières. La croisade populaire remporte un étonnant succès qui peut paraître bien étrange. Encouragés par le mysticisme sans doute un peu exalté de Pierre l’Ermite, et soutenus par le désir de gagner leur salut, de simples civils, hommes, femmes et enfants, partent pour libérer Jérusalem. Mais la guerre n'est pas chose romantique : ils sont balayés à Civitot, près de Constantinople, par Kiridj Arslan, le fils d’Alp Arslan. Ceux qui refusent de se convertir à l'islam sont massacrés.

Sur les pas des civils peu formés au combat, les seigneurs francs arrivent. Ils conduisent une armée aguerrie. Le 26 juin 1097, Godefroy de Bouillon, son frère Baudouin de Boulogne, Hugues de Vermandois et Robert de Normandie reprennent Nicée, puis battent Kiridj Arslam à Dorylée. Le 15 juillet 1099, ils prennent Jérusalem. La ville est pillée, des centaines de juifs sont brûlés vifs dans leurs synagogues et les musulmans sont massacrés sans pitié.

Le royaume chrétien de Jérusalem est fondé. Godefroy de Bouillon devient « avoué du Saint Sépulcre ». Il refuse le titre de roi dans la ville où le Christ a été si effroyablement couronné d'épines. Malgré les appels au secours des Seldjoukides, leurs frères en islam, les musulmans de Bagdad et du Caire n'ont pas bougé. Étaient-ils réellement affligés de voir leurs envahisseurs d'hier se faire refouler
?

Dans un écrit de 1105, Al-Sulamī, un juriste de Damas analyse la situation géopolitique à l'origine des Croisades : « Une partie des infidèles (des chrétiens) assaillirent à l'improviste l'île de Sicile, mettant à profit des différends et des rivalités qui y régnaient. De la même manière, les infidèles s'emparèrent aussi d'une ville après l'autre en Espagne. Lorsque des informations convergentes leur parvinrent sur la situation perturbée de la Syrie, dont les souverains se détestaient et se combattaient, ils résolurent de l'envahir. Jérusalem était l'aboutissement de leurs vœux. ».

Le Christ avait appelé à la douceur et au pardon des offenses, il n'avait pas préparé ses disciples à résister par les armes. Les chrétiens ont dû attendre Saint Augustin pour se sentir autorisés à se défendre militairement. Confronté aux invasions barbares, Augustin expliqua alors les principes d'une guerre juste dans la Cité de Dieu : elle est uniquement défensive et le pillage y est interdit.
Au cours des siècles, et particulièrement depuis qu'ils sont à la tête d'états, des chrétiens ont fait la guerre. Mais toutes leurs guerres ne sont pas des croisades, loin de là. Par définition, pour que l'on puisse parler de croisade, il faut que la guerre soit réclamée par le pape dans un but religieux.

Dans l'islam, les relations à la guerre sont différentes. Le Coran ordonne la guerre sainte, la guerre de conquête pour répandre l'islam (S. 110). De son vivant, Mohamed a attaqué toutes les tribus et toutes les communautés de la péninsule arabique. À sa disparition, la conquête arabe a porté la guerre chez tous les peuples voisins sans distinction de religions ou de cultures, qu'ils soient perses, byzantins, orientaux, maghrébins ou européens. Les états attaqués se sont naturellement défendus, mais leur résistance ne peut pas être qualifiée de croisade. Il s'agit de simple défense territoriale
La Reconquista espagnole n'est pas une initiative de l’Église, c'est celle du Roi de Castille. Quant à la conquête de la Sicile par les Normands récemment christianisés, elle s'inscrit dans leur grand mouvement d'expansion territoriale.
En fait, la première croisade, la première initiative papale pour appeler à la guerre sainte, date de 848. Le pape était alors soumis à tribut par les musulmans et Rome avait été pillée*.
L'appel à la croisade de 1095 est le premier appel d'un pape au combat hors d'Europe. Effectivement, le pape Urbain II exporte la guerre, mais c'est pour retrouver le cœur de la chrétienté qui bat à Jérusalem, terre qui avait été gouvernée par des chrétiens depuis la conversion de Constantin et qui n'avait cessé de l'être qu'avec la conquête musulmane.
Quand l'appel d'Urbain II retentit, cela fait quatre siècles que les terres chrétiennes sont envahies, pillées et colonisés par les musulmans. Les chrétiens vaincus sont massacrés et réduits en esclavage *.

Se peut-il que les croisades ne soient que de la légitime défense ? *


* : Le Pouvoir et la Foi, questions d'Islam en Europe et au Moyen-Orient, p. 233, B. Lewis, Odile Jacob histoire, 2011.
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Pierresuzanne

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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 21 EmptyLun 27 Jan 2014, 13:03

DÉBUT DU CHAPITRE  14 : « DEUX VISIONS DE LA SCIENCE.  De 1099 à 1798. »


RAPPEL DU SOMMAIRE.
1. LA CRÉATION. De 13 milliards d'années à – 3000.
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2 . ABRAHAM ET LES PATRIARCHES. De -3000 à -1700.
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3 . L'EXODE ET L'INSTALLATION DES HÉBREUX EN CANAAN. De – 1700 à 1025.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

4 . LES DEUX ROYAUMES HÉBRAÏQUES : DAVID, SALOMON, LA REINE DE SABA... De -1025 à -727.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

5 . LA CROYANCE EN UN DIEU DES COMBATS : LE DERNIER ROYAUME HÉBRAÏQUE, CELUI DE JUDA, MET LA BIBLE PAR ÉCRIT. De 727 à – 7.
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6 . LA NAISSANCE DE JÉSUS-CHRIST : HUMANITÉ, DIVINITÉ. De -7 à 30.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

7 . LE CHRIST ET LA LOI : IL LA MAINTIENT POUR LES JUIFS, L'ACCOMPLIT ET LA TRANSGRESSE AVEC SES DISCIPLES. De l'an 31 à 33.
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8 . LE CHRIST INSTAURE LA NOUVELLE ALLIANCE POUR L'HUMANITÉ. Avril 33.
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9 . LES DÉBUTS DE L'ÈRE CHRÉTIENNE. De l'an 33 à 130.
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10 . LES RELIGIONS PRÉ-ISLAMIQUES. De 130 à 610.
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11 . MOHAMED À LA MECQUE. De 610 à 622.
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12 . MOHAMED À MÉDINE. De 622 à 632.
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13 . DEUX CIVILISATIONS S’AFFRONTENT. De 632 à 1099.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]


14 . DEUX VISIONS DE LA SCIENCE.  De 1099 à 1798.

15 . POLITIQUE, LA DÉMOCRATIE : JUSTICE... ÉGALITÉ ET LIBERTÉ. De 1798 à nos jours.
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Pierresuzanne

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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 21 EmptyLun 27 Jan 2014, 13:11

CHAPITRE 14 : DEUX VISIONS DE LA SCIENCE.


14. 1. LA CHRÉTIENTÉ EST CURIEUSE DES SCIENCES, MÊME NON CHRÉTIENNE.

Contrairement à la réputation que l'anticléricalisme contemporain à voulu donner à l’Église, les chrétiens aspirent au savoir et à la vérité et y emploient toutes les ressources de leur intelligence depuis le haut Moyen Âge. De Saint Anselme (1033-1109), qui au XIe siècle estime que  « la foi recherche l'intelligence. », à Teilhard de Chardin qui proclame au XXe siècle que « la foi a besoin de toute la vérité », les hommes d’Église aspirent à l'objectivité de la connaissance et ils n'hésitent pas à éduquer le peuple.
À la naissance du millénaire, des érudits remarquables laissent leur souvenir dans l'histoire des sciences en Europe. Ce sont tous des religieux.
Le pape Sylvestre II (945-1003) est l'exemple de ce qu'est un homme de science chrétien. Il est philosophe, mathématicien et mécanicien. Fils d'un berger pauvre, il est remarqué enfant pour sa curiosité par les moines du monastère proche de chez lui. À 12 ans, il est admis à l'école du monastère bénédictin d'Aurillac. Il y devient savant à l'école du Trivium et du Quadrivium grecs et choisit la voie monacale. Grâce à la proximité de l’Espagne, il étudie les mathématiques arabo-musulmanes. Il adopte les chiffres arabes, ce qui inclut l'usage du zéro et de la base 10. Il travaille à une abaque permettant d'effectuer des multiplications à 9 chiffres en base décimale. Puis il se tourne vers les étoiles et étudie la révolution des planètes, celle des sept corps célestes mobiles.
Dans un autre domaine des sciences, la médecine, le savoir musulman est également recherché. Au XIe siècle, Constantin l'Africain (1015-1085), un chrétien originaire de Carthage, devient moine au Mont-Cassin en Italie. Au début de sa vie, il a étudié la médecine en Égypte. Il termine son existence en traduisant en latin des ouvrages de médecine arabe. Par ses traductions, le savoir grec antique d'Hippocrate et de Gallien retrouve l'Europe et les acquis des médecins arabes, tant chrétiens que musulmans, parviennent en occident. Il traduit le chrétien ibn Ishāq dit Johannitus, ainsi que les musulmans Ali ibn Abbas al-mujusil et Rhazès (*1).
Au XIe siècle, la Sicile est également un foyer de transmission du savoir grec sous le règne de Roger II (1130-1154). Aristippe de Catane traduit en latin des manuscrits provenant de Byzance qui sont toujours restés inconnus des arabes. Les Dialogues de Platon, le livre IV des Météorologiques d'Aristote, l'Almageste de Ptolémée et l'Optique d'Euclide sont enfin accessibles en latin (*2).

Les européens recherchent, non seulement le savoir de toutes les origines, mais ils souhaitent également étudier les Antiques dans des traductions correctes. En effet, les traductions des ouvrages grecs au haut Moyen Âge ont parfois été adaptées par les théologiens pour les faire correspondre à ce qu'ils croyaient vrai. De 1125 à 1145, Aristote est à nouveau traduit en latin par Jacques de Venise (fin du XI - 1147). Il travaille à partir du texte grec d'origine, ce que même Averroès ne pourra jamais faire puisqu'il ne sait pas le grec. Jacques de Venise devient moine au Mont-Saint-Michel après avoir étudié la philosophie à Constantinople et le droit canon à Rome. Ses traductions sont conservées au musée d'Avranches en Normandie (n° 221 et 232). Il traduit toute l’œuvre d’Aristote, y compris l'Éthique à Nicomaque qui n'a jamais été traduite dans le Dār al-Islām, peu tenté d'introduire le concept de citoyenneté dans sa civilisation.
Les traductions de Jacques de Venise de la Physique et celles de la Métaphysique serviront de base au développement scientifique en occident. Car c'est bien à partir des traductions de Jacques de Venise qu'ont travaillé les grands philosophes et théologiens d'Europe - contrairement à ce qui est dit parfois - et non à partir de celles d'Averroès. Saint Thomas d'Aquin travaille à partir de sa traduction de la Métaphysique, Albert le Grand à partir de sa traduction des Seconds Analytiques et Jean de Salisbury en 1159 à partir de celle de la Logique. L’étude du vocabulaire de leurs écrits le prouve sans doute possible (*3). Les chrétiens n'ont donc pas attendu d'être en contact avec le savoir musulman pour rechercher l'exactitude des sources antiques. Mais, ils n'ont pas non plus refusé le savoir arabe sous prétexte qu'il était globalement musulman.

Au XIIe siècle, le Dār al-Islām recule en Espagne. Tolède est reprise par Alphonse VI. Les ouvrages arabes de la ville sont désormais à la disposition des traducteurs chrétiens. La Reconquista va permettre de compléter ce qui manque encore à la science européenne pour acquérir l'ensemble des acquis scientifiques et philosophiques du XIIe siècle. L'archevêque de Tolède charge Gérard de Crémone (1114-1187) de traduire en latin les ouvrages arabes. Gérard de Crémone traduit Euclide, Apollonius, Aristote, Hippocrate, et Claude Ptolémée. Mais il traduit également des ouvrages scientifiques arabes novateurs, ceux du philosophe al-Fārābī, ceux du médecin Rhazès et le Canon d'Avicenne, ceux des mathématiciens Al-Khawarizmi et Hunayn ibn Ishāq et ceux de l'astronome Abū Ma'shar (787-886), un disciple d'al Kindi. Tous les génies nés du mutazilisme se font connaître en terre chrétienne.
En 1252, Alphonse X, surnommé le Roi Sage, accède au trône de Castille et de Léon. Il s'installe à Tolède et fonde à Murcie une « medersa » (une université), commune aux trois monothéismes. Elle va transmettre à la chrétienté les découvertes musulmanes. Les mathématiques arabes (le calcul décimal, les équations de l'algèbre, la trigonométrie), la physique arabe (la pesanteur, le centre de gravité, la théorie des leviers) et l'astronomie arabe (l'astrolabe) arrivent en occident. En revanche, L’Algèbre d’al-Khayyām ne sera connu en Europe qu'en 1851.
Les musulmans n'ont jamais fait preuve de la même curiosité. Ils ont certes accepté les sciences grecques ou indiennes qui étaient antérieures à l'islam, mais jamais ils n'ont éprouvé de curiosité pour les découvertes scientifiques non musulmanes postérieures à l'arrivée de l'islam. Rien n'est supérieur à l'islam et rien ne saurait contredire le Coran.

Par ailleurs, on ne peut que constater que les musulmans étaient dépositaires de la totalité des sciences grecques, perses et indiennes depuis quatre siècles et qu'ils n'en ont rien fait, ou si peu.

Quatre siècles après les mutazilites, l'Europe chrétienne détient désormais intégralité du savoir de toutes les cultures. Les sciences grecques, indiennes, perses et naturellement arabo-musulmanes lui sont désormais connues.
Que va-t-elle en faire
?

* : Aristote au Mont Saint-Michel, *1 : p. 47 / *2 : p. 51 / *3 : p 109 à 116 ; S. Gouguenheim, Seuil. 2008.
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BERNARD

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MessageSujet: avis   HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 21 EmptyLun 27 Jan 2014, 18:49

chrisredfeild a écrit:
Pierresuzanne a écrit:
1. LA CRÉATION.

Le Coran, avec poésie, raconte également une Création par Allah en six jours, ce qui est tout aussi faux que lorsque la Bible le raconte.



conclusion :


selon pierresuzanne, les ASTRONOMES sont plus connaisseurs que Dieu qui les a créer et qui a créer les cieux et la terres.

PIERRESUZANNE a pour livre saint , non pas la BIBLE mais les livres composé par les ASTRONOMES.

PIERRESUZANNE déclare directement que le BIG BANG est une vérité alors que les ASTRONOMES eux même ne l'ont pas dit et ont juste dit que c'est une THEORIE (donc peut être rejeter demain).


Pierre suzanne, tu commence par une bêtise, je ne vais alors continuer de lire ton exposé...assurément, il est rempli de n'importe quoi

Peux-tu affirmer que tu connais Dieu mieux qu'un autre parce que tu es musulman?
Tu crois que Dieu est capable de tout, pourquoi lui mets tu des limites des que ta conscience d'humain ne comprend pas.
Ah Ouiiiiiiiii ce n'est pas écrit , je l'oublié...................
Qui écrit L'homme.
Dieu dicte.
L'homme recopie
L'homme peut faire des erreurs de copie.
Le Coran est une copie sous la dictée.
Il n'y a donc rien d'incréé.
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BERNARD

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MessageSujet: avis   HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 21 EmptyLun 27 Jan 2014, 19:23

chrisredfeild a écrit:
ChrisLam a écrit:
chrisredfeild a écrit:



donc tu a un doute sur la puissance de Dieu , puisque il n'aurait pas pu créer le ciel et la terre en 6 jours???


quand a Pierresuzanne, tu sait bien qu'il ne croit pas a la puissance divine, et il fait confiance plus aux astronomes qu'a Dieu lui meme, donc son discours n'a aucune valeur

Borné tu es borné tu resteras .
Je nai aucun doute sur la puissance de Dieu.
La Foi en Dieu ne se borne pas exclusivement ace que dit la génése.
Les astronomes savent ce qu'ils savent parce que Dieu sait ce qu'il sait et fait savoir aux hommes qu'une infime partie de son savoir.
Ta réponse est la preuve irréfutable que tu n'as pas de réponses logiques à me donner.
Tu n'aime pas être contredit un point c'est tout.
Que le monde ai été créé en 6 jours ou en plusieurs millions d'années ne change en rien ma foi en Dieu.

Je te signale que pour Dieu une seconde égale 1000 ans
Une journée = 3600x12
Six jours = 3600 x12 x 6
Une deconde  = 1000 ans
Six jours = 3600 x 12 x 6 x 1000 = un nombre d'années non négligeables




mais on ne sait rien sur les jours de la créations.

et peu importe la durée de ces jours, seulement, si je pretend etre croyant en Dieu, je croit en sa parole, et si Dieu me dit qu'il a créer en 6 jour, j'y crois alors, puisque il est plus connaisseur que les etres humains

n'est ce pas?

les jours au moment de la création duré combien de temps?
Le temps pour Dieu est-il le même que le temps de l'homme?
On parle ici DU Temps pas de la montre LIP car Dieu n'a pas besoin de temps pour faire ce qu'il a à faire , il a tout le TEMPS Avant, Pendant, Aprés.
Ce n'est pas le cas pour nous créature de Dieu.
Sais tu au moins que le mot temps peut être compris au sens propre et au sens figuré.
Je met du temps ,sens propre durée calculée durée limité .
Il fut un TEMPS sens figuré indéfini
Quand on dit :" UN temps viendra" Peux-tu me donner le jour, l'heure?
Si tu me dis il est temps de partir il et 18h cela est un temps précis au sens propre

Pour Dieu comme tu sais il n'y pas de temps "IL EST LE TEMPS" Il n'y a pas d'avant, pendant, après.

L'histoire de la création n'est qu'un conte , une parabole pour faire comprendre aux homme que Dieu est maître et créateur de toute chose de toute la création
Ce n'est pas Dieu qui a écrit la genèse .
On est passé de la parole à l'écrit très tard dans l'histoire. Je croyais que tu le savais.
Pierresuzanne te dérange dans sa description et tu ne l'admet pas car tu lit les livre saints avec des oeuilléres.
Serait convaincu que Adam ai écrit quelque chose?
Il a été créé mais il n'a rien annoncé.
L'homme de Neandertal, de Cromagnon et autres qu'en dit le Coran , et pourtant ils on existé avant les arabes.?
Penser qu'il y ai eu évolution ne fait pas dire que Dieu est absent de la création.
Il faut se mettre à jours dans son PC neurologique.
On dit :" Il y a eu une commencement " Mais qui était témoins parmi nous pour le dire?
Je crois plus à :" Il y a eu Volonté de Dieu" Ce serait plus juste de parler ainsi.
C'est finit depuis longtemps l'age de la pierre taillée.
On est en 2014 après JC
L'homme en connais plus actuellement qu'au temps de Mohamed et de Jésus.
Te déplaces-tu toujours à dos de chameaux ou en voiture ? On évolue dans le temps comme on passe de l'enfance à l'age adulte.
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Pierresuzanne

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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 21 EmptyMar 28 Jan 2014, 10:53

14. 2. LA NAISSANCE DES UNIVERSITÉS EN TERRE CHRÉTIENNE : LE SAVOIR SE SÉPARE DU MAGISTÈRE DE L’ÉGLISE.

Depuis le haut Moyen Âge, l'instruction est organisée par l’Église, et plus particulièrement depuis Charlemagne qui a réintroduit officiellement l'enseignement grec de l'antiquité. Depuis, les sept arts libéraux grecs ont été repris avec leur organisation antique. Le Trivium regroupe les sciences humaines : la grammaire, la rhétorique et la dialectique. Le Quadrivium réunit les sciences dites « dures » : l'arithmétique, la géométrie, l'astronomie et … la musique. Les religieux participent activement à l'enseignement dans les paroisses, les évêchés et les monastères.
À l'heure où l'islam évolue vers une sacralisation du Coran et des Hadiths, la chrétienté pratique l'art de la controverse : la discutio. Contrairement à ce que l'on imagine, l'enseignement au Moyen Âge n’était pas uniquement basé sur l'apprentissage et la restitution d'un discours dogmatique et appris par cœur. La pratique de la dialectique et de la rhétorique obligent à apprendre à argumenter avec logique et à défendre ses idées par le discours.
Dès la fin du Xe siècle, Thangwar, le bibliothécaire d'Hildesheim, en Saxe, nous donne le témoignage de cette pratique. Il raconte comment les écoliers pratiquent la dialectique en maniant les syllogismes selon la logique d'Aristote (*1). La controverse entre élèves sert donc à la formation des jeunes esprits, là où l'apprentissage par cœur du Coran va bientôt devenir le fondement de l'éducation des jeunes musulmans.

Au XIIe siècle, des clercs aspirent à échapper au contrôle des évêques qui règnent sur les écoles capitulaires. Ils fondent alors les universités. Les princes facilitent leur création, intéressés par les retombées économiques suscitées par la présence d'étudiants et encouragés par la perspective d'avoir des serviteurs instruits. Les maîtres des universités sont soucieux de préserver leur autonomie vis à vis du pouvoir temporel des princes, certes, mais aussi vis à vis du pouvoir des évêques. Partout en Europe chrétienne, les fondateurs des universités réclament et obtiennent des libertas academica - des bulles papales - qui garantissent leur autonomie. En 1088 à Bologne en Italie, en 1096 à Oxford en Angleterre, en 1171 à Modène en Italie ou en 1231 à Paris, les nouvelles universités réclament et obtiennent leurs libertas academica du pape.

Dans le même moment, de grands savants posent les premières bases des sciences exactes.
L'évêque de Lincoln Robert Grosseteste (1168-1253) est physicien et chancelier de l'université d'Oxford. Il met en place le concept de sciences expérimentales : l'observation doit servir à découvrir et comprendre les lois de la nature.
Au moment de la création de l'université de Paris, Vincent de Beauvais (1190-1264), un dominicain français, écrit la Bibliothèque de l'Univers, ou Miroir général où il regroupe tout le savoir humain, qu'il explique à partir des écrits grecs et arabes et sans avoir recours aux éléments de foi.
Au XIIIe siècle, Roger Bacon est un génial franciscain anglais. Il est philosophe, mathématicien, physicien, médecin et naturaliste. En 1267, il publie à la demande du pape Clément IV, son Opus majus ad clementem Papam. S'y mêlent les exigences des mathématiques et de l’expérimentation au désir de confirmer la foi chrétienne par la raison. Pour lui, « aucun discours ne peut donner la certitude, tout repose sur l'expérience ». Il traduit en latin les traités d'optique d'Ibn al-Haytham, dit Alhacen (965-1035). En fait, Alhacem, un musulman, est sans doute le premier scientifique à pratiquer ce que nous appelons les sciences exactes. Il observe la nature, pratique des expériences et pose les bases théoriques de ses observations par le calcul. Il aurait pu être le fondateur des sciences exactes dans le Dār al-Islām, mais il meurt en résidence surveillée au Caire en 1035 et n'a pas de successeur musulman. C'est un génie de l'optique qui met au point la chambre noire et étudie la réfraction de la lumière et les propriétés des lentilles. Est-ce le hasard ou un exemple typique des relations de l'islam aux sciences, mais ses ouvrages ne nous sont parvenus que par leur traduction en latin ? Leurs versions arabes ont été perdues.

En parallèle des universités, l’Église continue à former en son sein des élites intellectuelles. En 1245, l'Église fonde le Studium generale à la cour pontificale en Italie. Les clercs et les laïcs y étudient le droit, la médecine, les mathématiques, l'optique, astronomie et la philosophie. Au XIIIe siècle, le pape Jean XXI (1220-1277) est lui aussi un savant. Il signe De oculo un traité d'optique.

Les sciences exactes se définissent par le recours aux démonstrations objectives, que ce soit par le calcul mathématique, par l'observation de la réalité ou par la pratique d'expériences reproductibles. Il semble bien que leurs prémisses soient nées en Europe dès le XIIe siècle. Au début du XIe siècle, Alhacem avait parcouru seul le même chemin dans le Dār al-Islām, mais sans créer d'école de pensée, sans former de successeur et sans pouvoir transmettre ses écrits aux siens.

Dans le domaine politique, les pouvoirs en terre chrétienne ont toujours été séparés. Même si l’Église a aspiré à de nombreuses reprises à gouverner les rois - comme en témoigne la querelle des investitures qui l'oppose au Saint-Empire Romain germanique au même moment - elle n'a jamais assumé la réalité du pouvoir temporel. Malgré les tentations archaïsantes de l’Église au cours des huit siècles suivants vis à vis des sciences, elle vient d'abdiquer sans difficulté le contrôle des vérités scientifiques. L’Église est gardienne des vérités spirituelles : la science provient d'un autre mécanisme intellectuel et elle est désormais incarnée par une autre institution. Le christianisme n'est pas l'islam. Avec une étonnante facilité, la chrétienté vient de séparer symboliquement les vérités spirituelles des vérités scientifiques en créant deux institutions différentes pour les représenter.

Un second mouvement de fractionnement des pouvoirs a lieu dans le même temps en France. L'abbé Suger (1080-1151) aide le roi à imposer sa suprématie sur les nobles turbulents. Il encourage le roi Louis VII à donner davantage de droits aux bourgeois pour créer un troisième corps, intermédiaire entre les nobles et l’Église. À partir du XIe siècle, les villes se développent grâce à l'autonomie, à l'initiative et aux investissements d'artisans qui s'organisent de façon autonome. Les enfants des bourgeois sont éduqués dans les universités sans avoir forcément vocation à entrer dans les ordres. L'initiative personnelle est encouragée par l’État et favorisée par la formation des jeunes.

En terre chrétienne, la formation intellectuelle débute par la philosophie avant d'aborder la théologie.

* : Aristote au Mont-Saint-Michel, *1 : p. 62 ; Gouguenheim, Seuil. 2008.
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Pierresuzanne

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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 21 EmptyMer 29 Jan 2014, 12:37

14. 3. AL-GHAZALI (1058-1111) : TOUTES LES SCIENCES SONT ASSUJETTIES À L'APPRENTISSAGE PRÉALABLE DU CORAN.

Les Seldjoukides ont été battus par les chrétiens à Jérusalem, mais ils gardent le pouvoir à Bagdad où ils ont fondé une dynastie. Les propriétaires terriens - les notables abbassides - ont été dépossédés par la conquête seldjoukide ; les fonctionnaires restent sans emploi suite au changement de dynastie. Les marchands sont ruinés. L’Égypte n'a pas été conquise par les Seldjoukides, elle reste donc aux mains d'une dynastie chiite ismaélienne. Elle attire tous ceux qui fuient les Seldjoukides. Le chiisme ismaélien se structure et se transmet dans des Maisons du savoir. Les ismaéliens sont soutenus par la secte des Assassins qui lui sert de bras armé.

Ces deux grandes dynasties Seldjoukide sunnite et chiite ismaélienne se font face et s'opposent. Les maîtres de Bagdad, les Seldjoukides, luttent par les armes contre la secte des Assassins ismaéliens issus du chiisme.  Mais, ils encouragent également la formation du peuple à la juste doctrine sunnite pour contrer les ismaéliens. Le ministre seldjoukide Nizām al-Mulk nomme al-Ghazālī (1058-1111) à la tête de la medersa de Bagdad.
Al-Ghazālī a grandi à Bagdad. Il a longuement étudié la philosophie antique dans le but de la réfuter. Pour lui, la philosophie est dans le vrai dans la mesure où elle enseigne les mêmes vérités que le Coran et forcement erronée si elle dit autrement. Écrits à la fin du XIe siècle, ses ouvrages - Les intentions des philosophes et L'incohérence des philosophes - ont un grand succès dans le Dār al-Islām. De ses travaux, date le déclin de la philosophie grecque dans le monde islamique. Mais, al-Ghazālī est finalement déçu par le Kalām et il se réfugie dans la mystique soufie. Il va réaliser une synthèse originale entre ces deux courants.
En charge de la medersa de Bagdad, al-Ghazālī présente l'orthodoxie sunnite dans toute sa rigueur doctrinale, mais enrichie de la mystique soufie. Toutes les sciences sont maintenant enseignées dans sa medersa : mathématiques, astronomie, médecine ; mais le préalable à toute étude est l'apprentissage par cœur du Coran et l'étude de la Tradition. Les études coraniques cessent d'être réservées à une élite religieuse. Le peuple manifeste son enthousiasme et afflue dans les medersas. L'instruction typiquement musulmane délivrée par les medersas généralise la foi sunnite. Désormais, à chaque génération, les jeunes musulmans se forment intellectuellement par l'apprentissage par cœur du Coran.
Le chiisme se marginalise avec la conquête seldjoukide, tandis que le sunnisme se popularise. L'islam sunnite que nous connaissons de nos jours finit de se structurer grâce à al-Ghazālī.

Les Seldjoukides exercent le pouvoir politique et laissent le pouvoir religieux au calife de Bagdad. Cet état de fait aurait pu être une évolution vers la séparation des pouvoirs temporel et spirituel, mais al-Ghazālī interprète cette situation pour lui rendre sa cohérence sunnite. Il affirme que la fonction gouvernementale, la vilaya, peut être exercée légitimement par le sultan, à condition qu'il se soumette à l'autorité du calife (Al-Ghazālī,  Ihya' 'Ulum al-Din, t. II, Le Caire, 1933, p.124). La fonction califale garde donc sa suprématie sur tous les autres pouvoirs. Dans le Dār al-Islām, tous les pouvoirs restent donc dépendants du calife. Au IXe siècle, al-Mawārdi (975-1058), théoricien politique musulman, avait déjà affirmé que l'oumma devait être gouvernée par un dirigeant qui respecte la loi de Dieu, la charī'a, et les droits de Dieu. Al-Mawārdi et al-Ghazālī parlent des « droits de Dieu », mais jamais, naturellement, des droits dits « de l’homme » qui incluent la liberté ou l'égalité et qui sont des concepts chrétiens. La justice est la seule qualité réclamée à un souverain musulman. Attendre la justice est une aspiration conforme à la charī'a, mais, ni la liberté, ni l'égalité, n'appartiennent à l'éthique sunnite (Al-Ghazālī, Fada 'ih al-Batiniyya, trad. Lewis, Islam, t. I, 159). En effet, face à Allah, les musulmans n'ont pas de liberté et il est considéré, par ailleurs, que les non musulmans ne sont pas les égaux des musulmans.

Au moment où la chrétienté redécouvre Aristote dans des traductions de plus en plus fiables et crée des universités indépendantes du magistère de l’Église, le Dār al-Islām assujettit officiellement les sciences exactes à la théologie et rejette Aristote et sa logique. Les chrétiens enseignent la philosophie puis la théologie, les musulmans choisissent une organisation exactement inverse : la théologie précède la philosophie.

Il faudra que les Ottomans soient envahis au cœur de leur empire pour qu'ils acceptent de réformer leur enseignement. Nous serons alors au XIXe siècle, 700 ans après les premières libertas academica chrétiennes.
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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 21 EmptyMer 29 Jan 2014, 14:01

St Thomas : "La philosophie est la servante de la théologie".
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Roger76





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MessageSujet: Sujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 21 EmptyMer 29 Jan 2014, 17:22

Citation :
St Thomas : "La philosophie est la servante de la théologie".





Ce qui dans l’enseignement de Thomas d’Aquin ne signifie absolument pas qu’elle soit subordonnée à la théologie mais qu’elle en est un outil. Selon lui Foi et Raison sont deux outils complémentaires, se complétant.



Saint Thomas d’Aquin est le grand maitre à penser de la philosophie scolastique dirigée par l’union de la Philosophie et de la Théologie. D’une certaine manière, il a subi l’influence d’Aristote dont la pensée a dominé le Moyen-âge. Il a tenté de concilier la foi et la raison, d’adapter l’aristotélisme à la doctrine chrétienne. « La vérité étant une, la Raison ne peut contredire la Foi. Mais la Raison doit développer son contenu en toute liberté et selon la rigueur de ses exigences propres ». Toutefois l’Eglise l’a étudié et enseigné tout en restant viscéralement augustinienne.



Selon Saint Thomas, il n’y a pas séparation entre Foi et Raison, la foi doit toujours être en quête de l’intelligence.

En somme, nous enseigne Saint Thomas, la foi et la raison représentent deux outils essentiels pour que l’homme se réalise à travers sa vie spirituelle et rationnelle.  Ainsi donc, il convient de mettre en facteurs les différentes approches faites des auteurs philosophes et théologiens qui travaillent pour l’harmonisation du comportement humain face à la foi et à la raison. Et l’homme a pour mission de les utiliser pour l’épanouissement de sa vie. L’harmonie fondamentale de la connaissance philosophique et de la connaissance théologique est confirmée une fois encore avec la foi qui demande la compréhension de son objet à l’idée de la raison ; la raison au sommet de sa recherche admet comme nécessaire ce que présente la foi. La foi et la raison font la dignité de la personne humaine, elles l’aident à s’orienter vers la perfection. L’étude du sujet montre l’importance de la Philosophie qui fournit à l’homme des brins de raisonnement vis-à-vis de la réalité et de la Théologie qui fournit la foi dans le cheminement de la vie de l’homme. La Philosophie et la Théologie sont deux domaines formellement distincts, mais qui selon saint Thomas ne doivent pas se contredire. La Théologie est une science qui argumente sur Dieu, elle part de Dieu pour descendre à sa considération de ses créatures par rapport à Lui. De même, la philosophie argumente sur Dieu, mais aussi sur toute la réalité, c’est-à-dire sur tout ce que Dieu a créé. 



On trouve donc en Saint Thomas une tentative de conciliation entre Foi et Raison, alors que chez Ghazali il y a subordination de la Raison à la Foi.

La théologie de saint Thomas s'articule, se construit, sous la lumière d'une confiance active en la raison et d'une référence constante à la nature. On aura reconnu là l'imprégnation de la culture grecque : logos et phusis, double dimension de la foi du chrétien, qui incarne ainsi la Parole de Dieu dans le tissu de l'esprit comme dans les causalités de la nature. Optimisme surprenant pour beaucoup et, dès ce moment, contesté sous l'influence alors dominante de la théologie de saint Augustin, beaucoup plus sensible à la détresse de l'homme et à la faiblesse de la raison, en tout cas, polarisée par une nécessaire référence aux « idées » divines, non sans dommage pour l'autonomie des réalités terrestres. Ce fut-là, précisément, l'enjeu des controverses que mena Thomas à Paris, dans une crise dont on ne peut réduire la portée à une querelle de professeurs.



Certes, depuis toujours, les docteurs chrétiens avaient fait honneur à l'intelligence de l'homme, et leurs pires sévérités contre l'orgueil de l'esprit ne les empêchaient pas de voir en cet esprit une participation à la lumière de Dieu. « Aime beaucoup l'intelligence », disait Augustin dans l'une des plus alléchantes formules de l'intellectualisme chrétien. Mais cette estime laissait une grande marge au jeu de la confiance et de la réserve, dès lors que la raison s'affrontait organiquement au mystère auquel l'esprit n'adhère que par une communion dans l'obscurité de la foi.

Énoncée de manière abrupte, la thèse de Thomas est déconcertante. Elle déconcerta effectivement les théologiens, à Paris, à Rome, à Naples, à Cologne. Le croyant ne peut évidemment consentir à ce dualisme, lui qui attribue au même Dieu créateur les vérités de la raison et la révélation du mystère. Il reste que ne peut ni ne doit être résorbée la spécificité des deux domaines, dont le chrétien éprouve les différences, entre l'objectivité des savoirs et le subjectivisme de sa croyance, entre l'universalisme de la science et l'incommunicable intériorité de la foi, entre une certitude d'expérience et la communion à un témoignage.



Profondément musulman de pensée, Ghazali a puisé dans l'héritage grec, d'une part, et dans les valeurs chrétiennes, d'autre part, des éléments qu'il a su intégrer sans altérer la pureté de sa foi.

C’est en 1095 alors qu’à Bagdad il joue un grand rôle politique que se situe le mystère, non encore parfaitement éclairci, de la vie de Ghazali : subitement, il quitte Bagdad pour se rendre dans divers lieux saints de l'Islam, en Syrie, à La Mekke, à Jérusalem. Il s'en est expliqué dans son livre Erreur et délivrance (Al-munqidh min al-dalāl). Il s'y présente comme un homme épris de certitude, et qui, pour y accéder, n'hésite pas à se livrer au doute et à remettre tout en question : critique des coutumes héritées, critique des sens et de l'imagination par la raison : l'éveil de la raison dissipe les rêves de l'imagination sensible ; mais, réplique la sensation à la raison, il existe peut-être un état qui soit par rapport à ta veille ce que ta veille est par rapport à ton sommeil. C'est l'ouverture à la connaissance « savoureuse » des mystiques, due à une faculté de « goût » (dhawq) supérieure à la raison (‘aql). Il est certain que les divergences entre les docteurs et entre les sectes de l'islam ont profondément troublé Ghazali ; aussi a-t-il dénoncé avec vigueur le taqlīd, imitation aveugle des maîtres. Mais cette réaction peut être d'inspiration religieuse, ou d'inspiration politique, ou les deux à la fois. Sur le plan de la critique spéculative, Djuwayni avait remarqué, dans son Kitāb al-Irshād (Livre de la bonne direction), que l'usage de la raison, même armée de la logique, ne menait pas nécessairement les hommes à une vérité unanime, mais qu'à l'inverse de ce que croyaient les philosophes comme Fārābī il engendrait autant de divergences que les passions. Aussi Ghazali critique-t-il les théologiens spéculatifs et les philosophes (falāsifa) qui veulent, à des degrés divers, faire de la raison en soi un critère de la vérité en soi, alors qu'elle n'est qu'un instrument, qui permet de mesurer la valeur des opérations de la connaissance humaine. En définitive, l'espoir de salut fondé en certitude ne peut plus venir que de l'expérience intuitive qu'est la connaissance mystique.



Ghazālī était shāfi‘ite en matière de fiqh (droit musulman). Cette école reconnaissait la validité du raisonnement analogique : La raison existe, créée par Dieu ; on peut donc s'en servir ; mais c'est le Créateur qui lui donne la matière qu'elle doit traiter et les normes qu'elle doit observer. Alors seulement, elle est efficace.

En résumé Ghazali fait une démarche philosophique mais en interprétant mal Aristote pour aboutir à une quasi négation de la philosophie et par là de la raison : la raison est subordonnée aux vérités de la foi.



 
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Pierresuzanne

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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 21 EmptyJeu 30 Jan 2014, 13:05

Instant a écrit:
St Thomas : "La philosophie est la servante de la théologie".

Roger t'a répondu très complètement.
Pour faire court, Saint Thomas a suivi la filiation d'Avéroès et non celle d'al-Ghazali.

Saint Thomas a voulu retrouvé par la raison et la logique humaine les vérités bibliques, dont il ne se doutait pas une seconde qu'elles puissent être erronées.

Al-Ghazali ne se souciait pas de philosophie. Pour lui , tout ce qui est dans le Coran est exact et cela n'avait besoin d'aucune démonstration...

En cela al-Ghazali s'est éloigné de la logique d'Aristote.... et il a entraîné avec lui tout l'islam sunnite.... jusqu'au déclin absolu de la science musulmane.
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Pierresuzanne

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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 21 EmptyJeu 30 Jan 2014, 13:12

14. 4. LE JUDAÏSME ENTRE SPIRITUALITÉ ET RAISON, ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ, ENTRE GUERCHOM ET MAÏMONIDE.

Le judaïsme qui s'élabore au tournant de l'an 1000, pose les bases du judaïsme contemporain avec son enracinement mystique qui recherche la loi orale de Moïse et avec ses interrogations scientifiques qui donneront tant de Prix Nobel à l'époque contemporaine.

La codification des prières juives est progressive et évolue avec les contraintes géopolitiques. Du Xe siècle au VIe siècle avant JC – pendant l’existence du Premier Temple - la prière est soutenue par des sacrifices d'animaux. Durant l'exil à Babylone, les sacrifices au Temple sont impossibles et ils sont remplacés par la prière communautaire à la synagogue. Ils reprennent avec la construction du Temple de Zorobabel puis avec celui d'Hérode. En 70 après JC, avec la destruction du Temple d'Hérode, les sacrifices disparaissent définitivement. L'étude de la Thora les remplace. Le Talmud est mis par écrit entre le IIe et le Ve siècle, à partir des travaux d'interprétation de la Thora. Le Talmud réunit plusieurs types d'écrits. D'une part, la Halakha est un l'ensemble des lois et de Traditions régissant la vie quotidienne. Il s'agit bien d'une loi divine, mais elle diffère de la charī'a en ceci qu'elle ne concerne que les juifs et n'impose rien de comparable à la dhimma. D'autre part, la Aggada est un ensemble de textes non juridiques sur des histoires bibliques et leurs commentaires. Finalement, le Midrash est une exégèse herméneutique des textes bibliques et du Talmud.
Le peuple juif est dispersé entre trois continents, l'Afrique, l'Asie et l'Europe, et vit selon des coutumes différentes. Par exemple, les juifs en terre d'islam resteront polygames plus tard que ceux vivant en terre chrétienne.

Au début du XIe siècle, un rabbin de Metz, Guerchom Ben Yehouda (960-1028), est à l'origine d'une évolution notable du judaïsme. Il travaille à l’interprétation des textes et réforme la Halakha. Il donne au judaïsme ashkénaze ses lettres de noblesse. Son travail est toujours la base des lois juives de nos jours. Le mariage devient monogame ; le divorce exige l'accord de la femme. Les apostats qui reviennent au judaïsme sont pardonnés. Guerchom sera surnommé La Lumière de la diaspora  par ses frères juifs.
Son élève le plus célèbre est Rachi.
Au XIe siècle, les prières juives sont codifiées et expliquées par écrit. Le Mahzor Vitry de Simha ben Samuel de Vitry, un élève de Rachi, est le plus ancien livre parvenu jusqu'à nous décrivant les rituels de prières juives.

Mais les juifs ne s’intéressent pas qu'à la spiritualité. Les sciences juives ont un début symbolique avec Maïmonide (1138-1204). Il est médecin à Cordoue et se forme dans le creuset multiculturel de l'al-andalous musulmane. Lors de la persécution des Almohades, il s'enfuit vers le royaume catholique d’Espagne, puis en 1160 à Fès au Maroc. En 1165, il pratique la médecine en Terre Sainte pour se fixer finalement en Égypte. En 1185, il écrit son livre le plus célèbre et le plus original, Le Guide des égarés. Il tente d'y réconcilier la raison avec la religion. Il réfléchit au moyen de démontrer les textes sacrés par la raison, autant qu'il est possible. Si les textes saints sont contredits par la raison, ils doivent alors trouver une interprétation allégorique. Ils ne doivent plus être lus littéralement. Les juifs, par Maïmonide, seront les premiers à découvrir qu'un livre saint peut prétendre dire la Vérité sur Dieu sans être lu comme un livre de sciences. Contemporain d'Averroès, il ne prend connaissance de ses écrits qu'à la fin de sa vie.

En 1232, sur le conseil des juifs, les œuvres philosophiques de Maïmonide seront brûlées à Montpellier par les autorités ecclésiastiques. Mais, dans le même temps, elles sont traduites partout en occident et diffusées dans le réseau des universités chrétiennes. Il faudra quelque temps aux juifs pour éprouver de la fierté pour leur maître en objectivité.

Les chrétiens ne semblent pas avoir eu les mêmes réticences. Dès le XIIIe siècle, Thomas d'Aquin surnommera Maïmonide : l'Aigle de la synagogue.
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Pierresuzanne

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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 21 EmptyVen 31 Jan 2014, 13:25

14. 5. EN ABU'L-WALID MUHAMMAD IBN RUCHD DIT AVERROÈS (1126-1198), LA FALSAFA VIT DES DERNIERS FEUX.

Le sunnisme connaît deux courants philosophiques. Le premier est le Kalām qui recherche la vérité à partir de ses seuls textes saints, Coran et Hadiths. Al-Ghazālī vient de lui donner sa structure définitive en la rendant plus accessible au peuple grâce à sa synthèse avec le soufisme. Le second est la Falsafa qui est né de la rencontre du mutazilisme et de la  philosophie grecque. Avec Averroès, elle va vivre ses derniers feux.

Abu'l-Walid Muhammad ibn Rouchd – dit Averroès chez les chrétiens - vit à Cordoue dans le califat de l'Espagne musulmane. Il grandit dans une famille de juristes. Musulman convaincu, il ne cherche aucune vérité contraire au Coran, mais il essaie de retrouver les vérités coraniques par l'usage de la raison pour les formuler en vocabulaire juridique, c'est à dire sous forme de fatwa, de prescriptions juridiques.
Dans L’accord de la religion et de la philosophie - Traité décisif, il affirme que la raison peut démontrer chaque révélation coranique. Mais la vérité qu'il recherche reste incluse dans le Coran : il n'envisage pas qu'il puisse en être autrement : « Nous, musulmans, nous savons avec certitude que l'examen par la démonstration n’entraînera nulle contradiction avec l'enseignement apporté par le Texte révélé, car la vérité ne peut être contraire à la vérité, mais s'accorde avec elle et témoigne en sa faveur. » *.

Averroès étudie Aristote à partir des traductions arabes qui existent, car il ne connaît pas le grec. Il invente la traduction analytique.
En comparant les différentes traductions d'Aristote existant en arabe, il tente de restituer le texte d'origine. Il est le premier à concevoir et à entreprendre ce type d'analyse critique en linguistique. Averroès ne s’intéresse pas à La Politique d'Aristote qui introduit le concept de citoyen incompatible avec l'état musulman, mais il restitue les autres œuvres d'Aristote.

Averroès est un authentique musulman jusque dans sa façon de concevoir sa relation aux autres peuples. Averroès justifie la pratique du djihad dans son livre Bidāyat al-Mudjtahid. Dans sa Paraphrase de la République de Platon, il écrit : « Les nations de l’extérieur … doivent être contraintes. Dans le cas de nations difficiles, cela ne peut se produire que par la guerre. Il en est ainsi dans les lois qui procèdent conformément aux lois humaines, comme dans notre loi divine. Car les chemins, qui dans cette loi conduisent à Dieu …, sont au nombre de deux : le premier passe par le discours, le second par la guerre ». « Il est obligatoire de tuer les hétérodoxes » **.

Averroès n'est donc pas un musulman hérétique et ses travaux philosophiques l'ont simplement conduit à exprimer les affirmations coraniques en termes juridiques. Mais le seul fait d'avoir eu l'idée, ou d'avoir éprouvé le besoin de démontrer le Coran, entraîne sa persécution par les Almohades. Le Coran doit être accepté par les croyants comme la vérité incréé sans qu'il soit besoin de le démontrer. En 1197, Averroès est chassé de Cordoue et doit se cacher à Lucena, ville andalouse peuplée de Juifs. Il se réfugie ensuite au Maroc où il est tout juste toléré. Il finit dans la misère.

Ses travaux seront totalement ignorés en terre d'islam. On aurait pu penser qu'après un premier mouvement de surprise – comme les juifs l'ont vécu avec Maïmonide, ou comme les chrétiens le vivront avec Darwin -, les musulmans auraient compris le bien fondé de sa démarche. Mais, il n'en est rien. Seuls les chrétiens trouveront leur inspiration dans ses travaux.

Pendant tout le Moyen Âge, Averroès restera un maître à penser en terre chrétienne, mais il ne portera aucun fruit dans le Dār al-Islām. Avec la persécution d'Averroès, l'islam semble avoir renoncé à la rationalité.

Dans la suite logique du dogme du Coran incréé, c'est bien Al-Ghazālī le père du sunnisme et il le restera.

* : Discours décisif,  p. 119-121, trad. M. Geoffroy,  Averroès, Flammarion, « GF », 1996.
** : Incohérence de l'incohérence, XVII, Questions physiques, I , 17 ; Averroès, trad. R.Brague.


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Averroès par  Andrea de Bonaiuto IVe siècle. Averroès a été peint pendant toute la Renaissance par les chrétiens.
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Gazali enseignant, Maqamat of al-Hariri, XIIIe siècle, Syrie, BNF. Gazali a lui été peint dans le Dar al-Islam qui a totalement ignoré Averroès.
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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 21 EmptySam 01 Fév 2014, 12:35

14. 6. LES CROISADES AU XIIe SIÈCLE, SALADIN REPREND JERUSALEM.

Dès 1096 et la prise de Jérusalem, les croisés fondent les États latins d’Orient en Terre Sainte.
En 1113, des marchands d'Amalfi créent un hôpital dépendant du monastère bénédictin de Sainte-Anne, près du Saint-Sépulcre. Le pape autorise des chevaliers à le protéger. À partir de 1120, ces chevaliers peuvent prononcer leurs vœux : cela fonde l'ordre de l’Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem. Puis, le roi Baudoin II les installe sur le site du Temple de Salomon : ils reçoivent alors le surnom de Templiers. Les Templiers servent de banquiers aux croisés. Contre une lettre de change, les croisés laissent leur argent eux Templiers en Europe, pour le retrouver en Terre sainte.
En terres chrétiennes, l'esprit des croisades - avec l'appel à la sanctification par le sacrifice - se dilue assez vite. Dès le XIIe siècle, le pape vend des indulgences qui permettent aux chrétiens d'être absouts de leurs fautes sans partir en croisade. Ce commerce enrichit les états pontificaux mais scandalise certains chrétiens.
En 1179, lors du troisième concile du Latran, la vente d'armes aux sarrasins est interdite sous peine d’excommunication. Les mariages mixtes entre chrétiens et musulmans sont également interdits, en Terre sainte, comme ailleurs.

En 1184, Ibn Djubair voyage en Syrie et témoigne de ce qu'un musulman pense des États latins d’Orient. Il remarque la saleté de Saint Jean d’Acre, la ville fondée par les croisés : « C’est une terre d’impiété et d’incroyance, infestée de porcs et de croix, remplis d’immondices et d’ordures, couverte de saletés et d’excréments ». Mais il remarque aussi que les pauvres y sont mieux traités qu’en terre musulmane : « Des pensées séditieuses font vaciller le cœur de la plupart des musulmans quand ils voient la situation de leurs frères dans les territoires sous autorité musulmane et constatent que la manière dont on les traite est à l’opposé de la bonté et de l’indulgence de leurs propres maîtres francs. C’est un des malheurs qui accablent les musulmans de voir le peuple islamique se plaindre de l’oppression de ses dirigeants et louer la conduite des Francs, leurs rivaux et leurs ennemis, qui l’ont conquis et l’apprivoisent par leur justice. » (*1).

La prise de Jérusalem n'a pas suscité de grandes réactions, ni à Bagdad, ni au Caire. Ce sont les attaques contre le Hedjāz qui déclencheront la réaction musulmane. En fait, Jérusalem n'est pas encore ville sainte de l'islam. Il faudra qu'elle soit reprise par Saladin pour acquérir le statut de ville sainte que les musulmans du XXIe siècle pensent dater de la vie de Mohamed.
Depuis la forteresse de Kérak, en 1182, Renaud de Châtillon, se met à piller les caravanes musulmanes, y compris celles des pèlerins en route vers la Mecque. Il attaque des bateaux en Mer Rouge, ainsi que les ports du Hedjāz. Saladin déclare alors le djihad contre les croisés. En 1187, Saladin reprend Jérusalem. Il protège les chefs croisés, mais il décapite Renaud de Châtillon de ses propres mains (**1). À la suite de sa victoire, Saladin préserve le commerce avec les marchands chrétiens, en particulier le commerce des armes (*2). Il se justifie ainsi : « il n'y en a pas un qui ne nous vende des armes de guerre, ce qu'ils font à leur détriment et à notre avantage. ».

À partir de Saladin, l'armement chrétien sera régulièrement importé dans le Dār al-Islām. C'est le seul domaine de la technologie européenne qui sera accepté sans réticence par les musulmans.
Saladin restaure par la force le sunnisme en Égypte et en fait disparaître le chiisme ismaélien
.

* : Comment l'Islam a découvert l'Europe, *1 : p. 93 / *2 : p. 19 ; Bernard Lewis, Gallimard, 2005.
** : Les croisades vues par les arabes, Amin Maalouf, p. 235, J'ai lu, 2012.
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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 21 EmptyDim 02 Fév 2014, 11:16

14. 7. AU XIIIe SIÈCLE, CONSTANTINOPLE EST PILLÉE PAR LES CROISES. L'ISLAM RECULE EN EUROPE MAIS GAGNE LES CROISADES.
En 1204, l'appel à la Quatrième Croisade a moins de succès que prévu. Moins d'engagés doivent néanmoins payer aux Vénitiens la totalité du prix prévu pour le transport en bateaux. Pour financer leur voyage, les croisés acceptent d'aider l'héritier byzantin à récupérer son trône qui lui a été retiré par son oncle. Les croisés se détournent vers Constantinople, mais les caisses de l'empire sont vides. Malgré l’interdiction du pape Innocent III, les croisés pillent Constantinople. Les sculptures antiques et médiévales, les œuvres d'art et les bibliothèques sont détruites pendant trois jours de folie. La Quatrième croisade n'arrivera jamais à Jérusalem. C’est le début du déclin de l'empire byzantin. Des œuvres d'art arrivent en occident et préparent la Renaissance. Un officier franc-comtois, Othon de la Roche fait partie des pillards. Le Saint Suaire dit « de Turin » réapparaîtra en Champagne chez son arrière petite fille, 150 ans plus tard.

En 1212, les rois chrétiens de la péninsule ibérique sont victorieux des Almohades à Las Navas de Tolosa. En 1248, Ferdinand III reprend Séville. La Reconquista fait reculer le Dār al-Islām en Europe.

De 1228 à 1229, la Sixième Croisade est dirigée par l’empereur du Saint-Empire Romain Germanique, Frédéric II Hohenstaufen (1094-1156). C'est un succès diplomatique qui se termine sans combat. Frédéric II négocie le partage de Jérusalem avec le sultan d’Égypte. Ce sera la dernière fois que des chrétiens gouverneront Jérusalem.
Frédéric II est une personnalité controversée. En esprit éclairé, il autorise les dissections. Mais il pousse l'exercice des sciences expérimentales un peu loin. Il va jusqu'à faire éduquer deux enfants sans leur parler pour comprendre la naissance du langage et les deux enfants meurent. Il mène une politique expansionniste et attaque Rome en 1240 dans l'espoir d'étendre son empire en Italie. Le pape appelle alors à la croisade contre lui et promet les mêmes indulgences qu'aux croisés de Terre Sainte. Le fait d'avoir qualifié de croisade un conflit interne au monde chrétien nuit au prestige de la papauté.

Entre 1237 et 1240, les Tatars de la Horde d’Or conquièrent la Russie. En 1252, ils se convertissent à l’islam. La limite septentrionale de la conquête musulmane est atteinte, ici par conversion.
Mais, dès la fin du XVe siècle, les russes se libèrent des Tatars et commencent leur avancée vers les mers du Sud. Bien plus tard, elle les mènera jusqu'en l'Ouzbékistan, avant d'échouer à conquérir l’Afghanistan en 1979.

Les chrétiens installés depuis plusieurs générations en Terre Sainte sont appelés les « Poulains ». Ils ont appris à parler arabe et à vivre avec les musulmans dont ils respectent la foi. Il n'en est pas de même pour les européens fraîchement arrivés. En 1291, des italiens arrivés depuis peu en Orient massacrent des marchands dans le bazar de Saint Jean d'Acre sous le seul prétexte qu'ils sont musulmans. Les chefs Templiers souhaitent les punir et ils essaient d’amadouer le sultan al-Ashraf. Mais celui-ci attaque Saint Jean d'Acre en représailles et la prend, malgré la résistance des Templiers. Après la chute de Saint-Jean d'Acre, les autres villes de Terre Sainte tombent rapidement. Des civils s'enfuient par la mer, les Templiers survivants sont pendus, les civils restant sont réduits en esclavage. C'est la fin effective des croisades et la victoire de l'islam.
Cette victoire explique qu’en terre d’islam, les croisades sont vues comme une grande victoire musulmane, prédictive de la victoire finale de l’islam sur la chrétienté. Les musulmans du Dār al-Islām n'en veulent pas particulièrement aux chrétiens des croisades. Il est vrai que la réaction chrétienne a fait suite à de longs siècles d'attaques musulmanes. De nos jours, seuls les musulmans vivant en Europe - et qui sont influencés par leur éducation occidentale - perçoivent les croisades comme une agression. Quant aux occidentaux, une étrange culpabilité intellectuelle leur fait percevoir les croisades comme la justification de toutes les déviances extrémistes de l'islam contemporain.

La Terre Sainte est désormais fermée aux européens qui vont devoir contourner l'Afrique pour accéder à l'Asie.
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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 21 EmptyDim 02 Fév 2014, 11:32

Pierresuzanne a écrit:

Cette victoire explique qu’en terre d’islam, les croisades sont vues comme une grande victoire musulmane, prédictive de la victoire finale de l’islam sur la chrétienté. Les musulmans du Dār al-Islām n'en veulent pas particulièrement aux chrétiens des croisades. Il est vrai que la réaction chrétienne a fait suite à de longs siècles d'attaques musulmanes. De nos jours, seuls les musulmans vivant en Europe - et qui sont influencés par leur éducation occidentale - perçoivent les croisades comme une agression. Quant aux occidentaux, une étrange culpabilité intellectuelle leur fait percevoir les croisades comme la justification de toutes les déviances extrémistes de l'islam contemporain.



Il y a en effet, chez nos contemporains européens, une étrange maladie que l'on pourrait appeler une auto-flagellation suicidaire !
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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 21 EmptyLun 03 Fév 2014, 12:13


14. 8. EN 1258, L'EMPIRE ABBASSIDE DISPARAÎT SUITE A LA PRISE DE BAGDAD. L'ISLAM VA-T-IL ÉVOLUER ?

La richesse économique de l'empire abbasside maintenant dirigé par les Seldjoukides de Bagdad, est basée sur l'agriculture, le commerce et les conquêtes militaires. Les productions artisanale et artistique sont remarquables alors que les travailleurs manuels sont méprisés. La réussite consiste à être proche du pouvoir, symbolisé par sa capitale Bagdad, la ville ronde. Seuls les fonctionnaires et les militaires sont respectés. Pourtant, ces métiers sont économiquement improductifs. Dans un état tentaculaire, les fonctionnaires prennent une place prépondérante. Les payer entraîne une pression fiscale qui ruine la paysannerie et nuit au commerce. La paysans vendent leurs terres aux grands propriétaires terriens et émigrent vers les grandes villes où ils forment un sous-prolétariat. L'empire s'affaiblit.

Au XIIIe siècle, de nouvelles invasions se préparent. Les hordes de Gengis Khan déferlent des steppes asiatiques sur les frontières Est de l'empire abbasside. En 1220, l'Ouzbékistan tombe aux mains de Gengis Khan. Les Mongols avancent vers l'ouest. En 1258, le Mongol Hulegu est sous les murs de Bagdad. Malgré une résistance de plusieurs semaines, la ville tombe. Le calife al-Mustasim – « celui qui cherche la protection de Dieu » - est maintenu en vie le temps qu'il révèle l’emplacement de ses trésors, puis il est tué. Les habitants de Bagdad sont massacrés sans épargner, ni les femmes, ni les nouveau-nés : 80 000 cadavres se décomposent à l'air libre. Les chrétiens réfugiés dans les églises, sont épargnés sur l'ordre d'Hulegu. De rares adolescents sont laissés en vie pour devenir esclaves. Les trésors des abbassides, accumulés depuis cinq siècles, deviennent propriété des mongols. Puis ils se retirent devant la puanteur de la ville emplie de cadavres. Dans les années qui suivirent, Bagdad survit, petite ville de province réduite au dixième de son ancienne surface.
Les Mongols apportent la « Yasa », la législation de Gengis Khan régissant les usages politiques et sociaux des peuples de la steppe ; elle prédominera sur la charī'a. Le calife a été exécuté, mais, plus terrible encore, l'institution du califat disparaît.
Après la chute de Bagdad et la disparition du commandeur des croyants, lieutenant d'Allah sur terre, le désarroi psychologique des musulmans ne peut s'imaginer. Le prestige du califat de Bagdad était intact, porteur de la foi inébranlable en la supériorité de l'islam. Les musulmans craignent que le règne de Gog et Magog ne soit arrivé. Le doute qui a troublé Mohamed après la défaite de l'Uhud s'immisce à nouveau dans la pensée musulmane. Comment expliquer une défaite militaire dans le Dār al-Islām ?
Mais, rapidement, les envahisseurs mongols vont se convertir à l'islam ! Puis, à la fin du XIIIe siècle, lors de leur prise du pouvoir en Égypte, les mamelouks, eux aussi fraîchement islamisés, restitueront le califat à un descendant de Mohamed.

Les intellectuels musulmans vont alors accomplir tout un travail de reconstruction idéologique pour expliquer ce qui s'est passé, tout en préservant la cohérence de leur foi en un Dieu des combats.
D'abord, le religieux Ibn Taymiyya (1263-1328) donne une explication spirituelle. Ibn Taymiyya présente l'islam des origines comme un modèle inimitable. Il souhaite revenir à cet islam des débuts et explique la défaite seldjoukide par la perte de la pureté originelle de la pratique musulmane. Il récuse tous les philosophes d'Ibn Arabī à Al-Ghazālī. Ibn Taymiyya affirme la toute puissance d'Allah dans chaque événement. Il entre en opposition frontale avec les Mamelouks qui sont moins rigoristes. Emprisonné à plusieurs reprises, il mourra en prison. De sa prédication date l'apparition du mythe de la société idéale de l'oumma de Mohamed qui est repris par le wahhabisme actuel.

Puis, à la fin du XIVe siècle, un historien tunisien, Ibn Khaldūn (1332-1406) explique en quoi les Mongols ont été une bénédiction d'Allah. Il explique que leur vitalité a sauvé l'empire musulman du déclin de l'état abbasside. Les envahisseurs se sont convertis, la croyance en la toute puissance d'Allah et en la victoire finale de l'islam est préservée.
Ibn Khaldūn confirme que le Coran est La Vérité : « Le Coran est la parole de Dieu révélée à son Prophète et transcrite sur les pages du Livre. » (Muqaddima VI,10) (*1).
Le djihad et le regroupement de tous les pouvoirs entre les mêmes mains sont présentés comme la marque de la supériorité de l'islam, en particulier sur le christianisme : « Dans l'institution religieuse islamique, la guerre sainte est une prescription religieuse en raison de l'universalité de l'appel en vue d'amener la totalité des hommes à l'islam de gré ou de force... En ce qui concerne les autres religions,  la mission [des chrétiens] n'est pas universelle, pas plus que la guerre sainte n'y est prescrite, sauf seulement pour se défendre. Celui donc qui est en charge de la religion ne s'occupe en rien des affaires politiques. » (Muqaddima, III, chap 33) (*1).
Mais expliquer une défaite par la vitalité salvatrice des envahisseurs ne suffira pas toujours. En effet, un jour, ceux qui envahiront le Dār al-Islām en déclin ne se convertiront pas à l'islam. Nous serons alors au XIXe siècle et les européens auront alors acquis la suprématie militaire grâce à leurs progrès scientifiques et technologiques.
Néanmoins, Ibn Khaldūn fait évoluer l'histoire musulmane. Ibn Khaldūn commence à s'intéresser - prudemment - aux autres civilisations alors qu'habituellement, l'histoire musulmane est un panégyrique des puissants au service de la foi.

Même les invasions mongoles n'ont donc pas aidé les musulmans à évoluer. L'interprétation sunnite tend à revenir inéluctablement vers le passé idéalisé de l'oumma de Mohamed, ou plus exactement vers le passé imaginaire mis en place au IXe siècle quand les hadiths ont été rédigés.
L'islam n'évoluera pas.
L'interprétation permet de donner éternellement raison au corpus coranique, sans que son contenu ne soit jamais critiqué. Son statut de livre incréé interdit qu'il le soit. Aucun des éléments contenus dans le Coran ne sera jamais contesté : ni le djihad, ni la fusion des pouvoirs, ni l'inégalité des hommes, ni le refus du libre arbitre ne seront jamais remis en cause. Dans le Dār al-Islām, les sciences exactes passent désormais par le filtre des medersas et par la soumission préalable au Coran et à ses incohérences. Dans aucun domaine de la science, les musulmans ne pourront transmettre leur savoir directement à des disciples, en contournant le préalable de la théologie.

Le XIIIe siècle offre un autre exemple d'une occasion scientifique ratée dans le Dar al-Islam. Ibn al-Nafis (1213-1288) est un médecin syrien novateur. Il pratique des dissections et décrit la circulation sanguine entre le cœur et les poumons. Adulé et enrichi dans le Dār al-Islām - en raison des services médicaux qu'il rend à ses contemporains - ses écrits n'auront néanmoins aucune postérité en terre d'Islam. Pas plus que Rhazès, al-Nafis n'aura d'héritier musulman.
Les chrétiens ne sont pas meilleurs que les musulmans, mais leur fonctionnement est manifestement différent.
En 1527, Andrea Alpago est médecin au Consulat de Venise à Damas. Nous sommes 250 ans après le décès d'al-Nafis et les syriens n'ont toujours pas exploité les notes de travail du médecin qui ont été léguées à l’hôpital. Andrea Alpago les découvre et les traduit. Les Commentaires du Canon de Sina d'al-Nafis parviennent alors en Europe. Michel Servet les lit et décrit la « petite circulation » sanguine, avant d'être condamné à mort par Calvin en 1553. Ses travaux inspireront Harvey en 1628 dans sa description de la « grande circulation » (**1).
Une fois de plus, une découverte musulmane ne débouche sur aucun progrès dans le Dār al-Islām et ne porte ses fruits qu'en Europe chrétienne.

* : Les fondations de l'islam, entre écriture et histoire, * 1 : p 114 ; Alfred-Louis de Prémare, éditions du Seuil, 2002.
** : Islam, **1 : p. 1232 ; Bernard Lewis, Quarto Gallimard, 2005.
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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 21 EmptyMar 04 Fév 2014, 12:19

14. 9. INQUISITION EN TERRES CHRÉTIENNES.
L'Inquisition naît du besoin de conserver une pratique religieuse fidèle au dogme établi. Au Moyen Âge, il est admis qu'assurer la vie éternelle aux chrétiens justifie tous les excès...
L’Église étant la servante du Christ, elle se refuse à pratiquer la violence... mais elle en délègue l'usage aux laïcs. En 1148, l'arrangement de Vérone dit que « les hérétiques doivent être jugés par l'Église avant d'être remis au bras séculier. » (*1). Il faut bien reconnaître que cela ressemble fort à une hypocrisie.
En 1173, Vaudès, un marchand lyonnais, fait traduire la Bible en français. En 1179, la pape l'autorise à prêcher dans les paroisses avec l'accord du curé. Le mouvement vaudois se répand. Vaudès revendique l'accès direct à la parole de Dieu, mais il se heurte au monopole de l’Église. Il est finalement jugé hérétique et condamné.

En 1215, lors du Concile de Latran, plusieurs points de doctrines sur les sacrements sont précisés :
- Le pardon est désormais obtenu par la confession qui remplace les rites de pénitence (jeûnes et pèlerinages). Certains pensent que la pratique de la confession a favorisé l’essor des sciences par l'habitude de l'introspection. Réfléchir en silence sur soi-même, permet de s'éloigner un instant des contingences matérielles et favorise une activité intellectuelle dissociée des activités directement pratiques.
- Le mariage devient un sacrement et les prêtres sont rappelés au strict célibat.
- La signification de l'Eucharistie est réaffirmée : l'hostie et le vin consacrés sont bien le corps et le sang du Christ. Des miracles eucharistiques avaient déjà encouragé cette croyance ancestrale. Le plus marquant des miracles eucharistiques a eu lieu au VIIe siècle en Italie, à Lanciano. Un prêtre, doutant de la présence réelle du Christ dans l'Eucharistie, vit sous ses yeux l'hostie s'entourer d'un cercle de chair. Cette hostie si particulière s'est avérée imputrescible et elle a été conservée jusqu'à nos jours. Elle a pu être analysée en 1981. Elle est constituée de myocarde humain (le muscle du cœur) et elle est de groupe AB comme le sang qui imprègne le Saint Suaire de Turin, le Sudarium d’Oviedo et la tunique d'Argenteuil. Sachant que 4 % de la population mondiale est de groupe AB, il y a une probabilité d'un sur 400.000 que ces quatre reliques soient imprégnées d'un sang du même groupe par hasard.
La doctrine du Jugement Dernier est affinée. Dieu n'étant à l'origine, ni du mal, ni de la tentation des hommes, la responsabilité de Satan devient manifeste : « Le diable et les autres démons ont été créés bons de nature par Dieu, mais ils sont devenus mauvais par eux-mêmes. L'homme a péché par suggestion du diable ». Dans les siècles à venir, le diable va prendre peu à peu une place importante dans la prédication chrétienne.

En 1231, Grégoire IX fonde l'Inquisition. Il s'agit d'un tribunal de l'Église catholique romaine relevant du droit canon. C'est initialement un simple tribunal de discipline ecclésiale mais, rapidement, l'Inquisition sert à lutter contre les hérétiques : Vaudois, Cathares et Patarins. L’Église ne dispose d'aucun pouvoir, elle n'usera que de celui que lui prêtent les institutions laïques, celles « des princes et des gouvernants » (**). Contrairement à une idée répandue, l’Église condamne peu. Elle encourage en revanche la conversion et préconise les prières et les pèlerinages en vue du pardon. Ni la torture, ni les condamnations à mort ne sont systématiques. Dans une société qui pratique la torture couramment lors des instructions judiciaires, l’Église n'ordonne la torture que dans moins de 10% des instructions (*2). Elle considère en effet comme non valables les aveux obtenus ainsi (*2). En fait, la torture n'est appliquée qu'à ceux qui refusent de se repentir et l’Église en délègue l'usage aux pouvoirs civils. Tous les débats des tribunaux inquisitoriaux sont notés. C'est la première fois que l'on juge sur pièces et non sur l'impression du moment. Il s'agit d'un progrès de l'état de droit, même si les circonstances de cette avancée sont particulières. Les dossiers des procès étaient conservés et classés.  C'est de là que date la classification à l'aide d'un index alphabétique.
L'apparition de juges ecclésiastiques n'est pas bien accueillie par le peuple. En Italie et en France, des villes se rebellent contre les juges.
L'Inquisition, qui en elle même était déjà intrusive, va rapidement être dévoyée par sa récupération par le pouvoir temporel.
De simple tribunal chargé de régler des problèmes de discipline religieuse - et initialement sans moyens de coercition - l'Inquisition évolue lors de son rapprochement des pouvoirs temporels. Ainsi, l'hérésie cathare prêche la dissolution du système féodal : les seigneurs s'associent aux clercs pour réprimer le catharisme.
L’hérésie cathare est apparue à la fin du XIIe siècle. On voit en elle resurgir la conception gnostique de la foi avec la dualité divine. Le Dieu de l'Ancien Testament, Yahvé, est considéré comme le Dieu mauvais qui crée le monde matériel et le corps réceptacle du péché. Le Dieu du Nouveau Testament est Lui le Dieu bon, Celui qui créé les anges. Les âmes humaines sont des anges précipités sur terre à la suite de batailles entre le démiurge mauvais et le Dieu bienveillant. Les âmes y demeurent prisonnières du corps corruptible. La personne de Jésus est un point de débat délicat au sein même du catharisme. En effet, Dieu ne peut plus s'incarner dans un corps par essence pervers, et la nature réelle du Christ reste confuse et discutée parmi les cathares.
En 1242, deux inquisiteurs, Guillaume Arnaud et Étienne de Saint-Thibéry, sont envoyés sur place au château d'Avignonet pour tenir tribunal contre les cathares. Dans la nuit, ils sont massacrés à coup de hache par un chef cathare, Pierre-Roger de Mirepoix, et ses hommes. En réponse à ce massacre, le roi envoie ses seigneurs prendre Monségur, la forteresse cathare. Un bûcher collectif conclura l’hérésie cathare en 1444 après la chute de Monségur. Pierre-Roger de Mirepoix pourra cependant négocier l'amnistie de ses hommes.

L'histoire offre d'autres exemples d'alliances dévoyées entre pouvoir temporel et spirituel. Entre 1307 et 1314, Philippe le Bel a recours à l'Inquisition contre les Templiers dont il souhaite s'approprier les biens. Les inquisiteurs dominicains acceptent de les condamner à mort pour hérésie, apostasie, idolâtrie et sodomie. Mais l’Église, par la voix du pape, hésite à entériner la décision. Seule la pression militaire de Philippe le bel  – qui avance à la tête d'une armée au devant du pape - contraindra celui-ci à dissoudre l’ordre des Templiers en 1312 (*3). Après un procès inique, Jacques de Molay est alors brûlé vif sur l'île de la Cité le 19 mars 1314. Autre exemple du dévoiement de l'Inquisition, à partir de 1478, Isabelle la Catholique l'importe en Espagne pour recréer l'unité du pays autour de la foi chrétienne. Le Portugal fera de même en 1531. En fait, les rois espagnols font davantage que s’associer à l’Église : ils nomment eux-mêmes le grand Inquisiteur qui ne dépend plus du pape. Au XVe siècle, en Espagne, le dominicain Torquemada incarne l'horreur de l'Inquisition : 2000 personnes sont condamnées à mort sur 100 000 jugements. Torquemada dirigeait alors l'Inquisition sous les seuls ordres du roi. Mais, quoique ses pratiques cruelles soient entrées dans la légende, les chiffres sont significatifs. Seuls 2% des accusés sont exécutés sous la responsabilité du redoutable Torquemada.
Le bilan d'un autre inquisiteur rendu célèbre par le magnifique livre d'Umberto Eco, Le Nom de la Rose, nous est connu. Bernard Gui (1261-1331) condamne à mort 6 % de ses prévenus. Un seul serait sans doute de trop, puisque les faits reprochés ne sont pas des crimes de sang mais de simples délits d'opinion. On est tout de même loin de la légende noire de l'Inquisition.
L'Inquisition entretiendra sa mauvaise réputation en se fourvoyant à nouveau dans la chasse aux sorcières entre les XV et XVIIe siècles. Le discrédit attaché à son nom la fera disparaître de l'organigramme de l’Église au XXe siècle même s'il y avait bien longtemps qu'elle n'ordonnait plus aucune exaction. Depuis 1908, elle porte un autre nom mais elle conserve son rôle dans la définition de l'orthodoxie. Depuis Vatican II, l'institution chargée de veiller à la justesse de la doctrine se nomme Congrégation pour la doctrine de la foi.
En fait, la mauvaise réputation de l'Inquisition a été amplifiée par la IIIe république en France au XIXe siècle. Férocement anticléricale, la IIIe république française réinventera l'histoire pour gommer la modération habituelle de l'Inquisition de l’Église (*4). Sa modération était relative, certes - en particulier pour nos esprits du XXIe siècle - mais néanmoins réelle, comparée à celle de la justice laïque qui pratiquait alors couramment la torture et condamnait à mort pour de simples vols.

* : 150 idées reçues sur l'histoire ; *1 : p. 152-153 / *2 : p. 153 / *3 : p. 162 / *4 : p. 154 ; Historia, Éditions First, 2010.
** :  Hérésie et inquisition dans le midi de la France, Biget, Ed. Picard. 2007.
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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 21 EmptyMer 05 Fév 2014, 13:03

14. 10. SAINT-THOMAS D'AQUIN (1225-1274) ET LA NAISSANCE DE LA SCOLASTIQUE ... DONT LE CONFORMISME SERA BIENTÔT MOQUÉ PAR LES HUMANISMES.  
Albert le Grand (1200-1280) est un dominicain allemand. Il est théologien, physicien et botaniste. Exemple de l'internationalisme de la science, il devient professeur à la Sorbonne. Il sera le professeur de théologie de l'italien Thomas d'Aquin.
En 1270, Albert le Grand publie une encyclopédie naturaliste inspirée du De animalibus d'Aristote, mais basée sur l'observation. Il remarque en effet déjà que les livres d'Aristote contiennent des erreurs scientifiques. Il travaille à partir des textes grecs, des textes latins de Sénèque ou de ceux des arabes (al Kindi, Averroès, Alhazan) pour élaborer une synthèse entre philosophie et foi chrétienne.
Au fil des siècles, deux courants philosophiques se mettent en place en terres chrétiennes. Le premier opte pour une double vérité et conclut que la foi s'oppose à la raison. Descartes (1596-1650), pourtant homme de foi, appartient à ce premier courant. Il sépare son travail philosophique et naturellement scientifique de ses convictions religieuses. Pascal (1623-1662), Malebranche (1638-1715), Leibniz (1646-1716) ou les philosophes jésuites suivent cette même voie qui conduira à l'instauration d'un état laïc.
Le second courant veut que la foi soit compatible avec la raison. Puisque la foi chrétienne est la vérité par définition, la raison ne peut lui donner tort. Ce courant sera servi par les dominicains dont Thomas d'Aquin est le représentant emblématique. Il tente cette synthèse entre la philosophie d'Aristote et la théologie des Pères de l’Église, la religion et la science devant être compatibles. Il ne s'agit cependant pas de faire taire les réalités scientifiques face au dogmatisme de la foi.

De 1269 à 1274, Thomas d'Aquin rédige La somme théologique où il tente de réconcilier raison et théologie. Pour lui, la foi n'a rien à craindre de la raison et il travaille sur la logique d'Aristote à la recherche de la vérité qu'il pense pouvoir trouver par une autre voie que par la voie de la théologie. Il suit le chemin que Maïmonide a parcouru pour le judaïsme, ou qu'Averroès a suivi pour l'islam.
En 1277, ses travaux sont critiqués et font polémique comme l'ont été ceux de Maïmonide et ceux d'Averroès. Que l'on suggère qu'il y ait des vérités divines différentes des idées philosophiques au point qu'elles aient besoin d'une démonstration autonome, scandalise les théologiens. Cela n’empêchera pas Thomas d'Aquin d'être canonisé 50 ans après sa mort, en 1323, après avoir suscité cette courte polémique.
Les Juifs mettront des siècles avant d'accepter le génie de Maïmonide. Ils finiront pourtant  par le reconnaître alors qu'il a été très loin dans le rationalisme. En effet, Maïmonide avait clairement exprimé l'idée que certaines affirmations historiques ou scientifiques de la Bible étaient fausses. Selon lui, la Bible doit alors être lue de façon allégorique. Averroès avait été moins iconoclaste, puisqu’il avait juste souhaité confirmer par la raison le Coran, et le confirmer à la lettre près. Il a néanmoins été persécuté par ses frères musulmans qui ne sont jamais revenus sur leur position.

Malgré l’admiration que Thomas d'Aquin éprouve pour Aristote, il remarque déjà que plusieurs points de sa philosophie sont en contradiction avec la théologie. Aristote pense que l'univers est immobile, ce qui s'oppose à l'idée juive chrétienne et aussi musulmane d'une Création divine. Par ailleurs, Aristote imagine Dieu indifférent aux hommes, ce qui s'oppose au concept de Divine Providence interagissant avec le libre arbitre humain. Enfin Aristote pense que l’âme humaine perd son individualité dans le néant après la mort ce qui ne correspond pas à la vision des trois monothéismes.
Déjà, les philosophes perçoivent les limites d'Aristote, comme Albert le Grand avait pressenti ses limites scientifiques. Aristote transmet néanmoins les outils intellectuels de l'objectivité et de la rationalité à l'Europe.

Des travaux de Saint Thomas d'Aquin naissent la scolastique, une école de pensée qui tend à sacraliser les positions d'Aristote et des grecs antiques. Au fil des siècles, l'enseignement des universités tend vers le rabâchage des principes des Antiques et ne cherche plus à en analyser les limites. La scolastique se fige.
Mais, très rapidement, les intellectuels européens réagissent contre la scolastique. Un autre courant émerge alors qu'on nommera l'humanisme. Il ne s'agit plus de réciter par cœur les Antiques, mais de les comprendre et d'être apte à les critiquer.
À l'aube de la Renaissance, François Rabelais (1490-1553) fait une critique de la scolastique d'autant plus percutante qu'elle est pleine de dérision. Son géant Gargantua est éduqué par les scolastiques qui lui enseignent à réciter par cœur les textes des Anciens. Son père Grangousier remarque qu'il n'en devient pas plus intelligent et le rend à sa libre éducation. Il lui laisse la possibilité de réaliser lui même ses expériences, même si celles-ci consistent à choisir le « torche-cul » le plus duveteux parmi tous les oiseaux.

Un autre représentant plus sobre de l'humanisme reste Érasme (1466-1536) qui donne de nos jours son nom au programme européen d'échanges universitaires. C'est un prêtre catholique hollandais. Il traduit les évangiles et tente de convaincre sa hiérarchie de la nécessité de retrouver une vie davantage proche des valeurs évangéliques de pauvreté et d'humilité. Il parcourt l'Europe, étudiant le grec à Paris, la théologie à Turin et le droit en Angleterre. Là, il sympathise avec Thomas More, le futur saint qui sera martyrisé pour s'être opposé au roi Henri VIII d'Angleterre. Thomas More vit en humaniste, éduquant ses enfants, les garçons comme les filles, avec le même niveau d'exigence.

La vie intellectuelle en Europe est internationale, curieuse, multiforme et en perpétuelle évolution. Même si tous les enfants ne sont pas scolarisés, il est néanmoins possible qu'un garçon issu des classes les plus pauvres accède à l'instruction dans le monastère proche de chez lui. Quant aux filles, en particulier les citadines, les Petites écoles en marge des universités leur permettent d'accéder à l'enseignement supérieur depuis le XIIIe siècle.
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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 21 EmptyJeu 06 Fév 2014, 13:17

14. 11. À LA FIN DU MOYEN ÂGE, PESTE, GUERRE ET FAMINE : ACTIONS DU DIABLE OU MISÈRE DU TEMPS ?
Malheureusement, la vie intellectuelle ne concerne qu'une infime partie de la société. Tout au long du Moyen Âge, les états européens s’entre-déchirent. Les conditions sanitaires sont précaires et les peuples vivent à la merci des catastrophes naturelles, des épidémies ou des guerres.

Mais le christianisme ne partage pas le fatalisme musulman. Selon les chrétiens, Dieu est innocent du mal. Dès le Moyen Âge, des chrétiens cherchent donc les causes des calamités ailleurs que dans le surnaturel. Ainsi, Jean de Sassenage explique-t-il une inondation qui ravage Grenoble en 1219, par la « rupture du barrage qui retenait le lac de l'Oisans », même s'il en rend également responsable « notre adversaire le diable ». Le mont Granier s'effondre en 1248 en Savoie. Un chroniqueur anglais, Mathieu Paris, recherche les causes de l'éboulement dans la physique d'Aristote, tout en supposant qu'il s'agit de la juste punition de Dieu. Entre juste punition divine ou action du démon, les chrétiens s'interrogent et vont donner une place plus importante au diable pour innocenter Dieu de tout mal.

De 1348 à 1350, la peste noire décime un quart de la population en Europe. La météorologie est très mauvaise, les années froides succèdent aux années pluvieuses. La famine fait des ravages en Europe. Au malheur de la peste et de la famine, s'ajoutent les souffrances de la guerre. Les malheurs du temps contribuent à accréditer l'idée que des démons manipulent les hommes. Cela créera les conditions de la chasse aux sorcières qui débutera quelques siècles plus tard. Il est difficile de résister à la superstition quand le malheur frappe.
Entre 1337 et 1453, la Guerre de 100 ans dévaste la France. Libre de tout fatalisme, Jeanne d'Arc (1412-1431), la fille de Donrémy, va devenir chef d'armée. La jeune fille se dit inspirée par les voix de l’archange Saint Michel, de Sainte Catherine et de Sainte Marguerite. Elle rencontre à Blois le fragile roi Charles VII qui doute de sa légitimité. Elle le convainc qu’il est bien le fils de son père. Le roi lui confie alors une escouade de ravitaillement à mener dans la ville d'Orléans qui est assiégée par les Anglais. Le 8 mai 1429, à la tête de ce simple convoi de ravitaillement, Jeanne d'Arc libère Orléans et refoule les Anglais. Le verrou anglais est levé et le roi Charles VII peut se faire sacrer à Reims. Puis, contre l'accord du roi, Jeanne continue le combat. Alors qu'elle se bat à Compiègne, elle est arrêtée par les Bourguignons et elle est vendue aux anglais. Elle est condamnée à mort pour hérésie et brûlée à Rouen le 30 mai 1431. Son procès, entaché d'erreurs, est cassé dès 1456 par le pape Calixte III. Elle est canonisée en 1920 (*1).

Jeanne, chef de guerre, est une figure emblématique de la place des femmes dans la société du Moyen Âge. Selon l'adage féodal, la femme est  « Nec domina, nec ancilla, sed socia », « Ni maîtresse, ni servante mais compagne ». Les femmes sont libres de disposer d'elles-mêmes. Dès le VIIe siècle, l’Église marie les conjoints sans l'accord de leurs parents. En terres chrétiennes, les femmes ont le droit de gérer leurs biens, elles possèdent une personnalité juridique et peuvent témoigner en justice. Maîtresses de leur douaire, chefs d'entreprise, régentes de royaume ou de seigneurie, les femmes peuvent agir sans l'autorisation de leur mari. Si leurs maris sont souvent conduits à gérer leurs biens, elles en restent les légitimes propriétaires et ne peuvent en être dépouillées. C'est la Renaissance qui verra un recul de la condition féminine en retirant aux femmes leur personnalité juridique : elles devront alors être représentées par un père ou un mari. Plus tard, le Code Napoléon en fera d'éternelles mineures (*2).

Il est donc erroné de dire que l'oppression juridique de la femme est une conséquence du christianisme. Elle est bien davantage induite par le retour à un certain paganisme à la Renaissance.

* : 150 idées reçues sur l'histoire, par la rédaction d'Historia, *1 p. 180-182 / *2 : p. 201-203, First Pocket, 2010.
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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 21 EmptyVen 07 Fév 2014, 12:09

14.  12. LA CONTRIBUTION DE L'ARTISANAT AU DÉVELOPPEMENT SCIENTIFIQUE : L'HORLOGERIE.

La créativité n'est pas qu'artistique et le progrès ne dépend pas que des sciences fondamentales. Dans toutes des cultures, les hommes exerçant un travail manuel ont innové à partir de découvertes empiriques. En Europe chrétienne, mais aussi en Asie, les hommes mettent au point deux inventions majeures qui ne résultent initialement d'aucun calcul théorique.
La première est l'horlogerie. Or, la science dans les siècles à venir aura besoin de calculer le temps avec de plus en plus de précision pour progresser en cosmologie, en navigation, en chimie...
Les chinois les premiers ont amélioré l'horloge à eau en y associant des rouages. En 1077, Su Sung est chargé par l’empereur de Chine de construire un calendrier mécanique. L'empereur souhaite avoir une horloge précise pour asseoir son pouvoir par une connaissance dont il détient seul les clés. Su Sung construit une tour de dix mètres. Des cloches sonnent tous les quarts d'heure et des automates apparaissent toutes les heures. Mais le temps en Chine n'appartient pas à tous, il est du domaine impérial. À la mort de l'empereur commanditaire, le calendrier est déclaré défectueux par son successeur et l’horloge est abandonnée. Il n'y aura plus de fabrication d'horloge de précision en Chine avant l'arrivée des jésuites au XVIIe siècle. Ils séduiront alors l'empereur en lui offrant les horloges européennes les plus innovantes et occuperont le poste de mathématicien à la cour de Chine pendant des générations (*1).

L'empire romain antique possédait déjà des horloges avec la clepsydre, le sablier et le cadran solaire. Ces horloges restent utilisées en terres chrétiennes et dans le Dār al-Islām mais leur précision est mauvaise.
Le progrès décisif survient en Europe au XIIIe siècle quand le balancier mu par des poids est inventé, associé à la technique de l'échappement qui permet d'entretenir le mouvement régulier du balancier. En 1283, la première horloge est ainsi installée au prieuré de Dustable près de Londres.
En France, la première trace d'une horloge à balancier se trouve dans l'inventaire du roi Philippe le Bel (1268-1314). On y trouve consignée la présence d'« Un Reloge d’argent tout entièrement sans fer à deux contrepoids d’argent emplis de plomb qui fut au Roy Philippe le Bel ».
Très rapidement, les clochers des églises s'ornent d'horloges. Le gros horloge de Rouen est en place dès la fin du XIVe siècle. Mais rapidement, les particuliers en possèdent. En 1484, un astronome nommé Waltherus en utilise une pour ses observations astronomiques. Effectivement, pour savoir à quelle vitesse se déplace un astre, il faut naturellement observer la distance qu'il parcourt, mais connaître également le temps précis qu'il lui a fallu pour faire le déplacement.

En terre d'Islam, la connaissance du temps est essentielle à la pratique de la foi. En effet, le moment précis des cinq prières quotidiennes doit être déterminé exactement. C'est la tâche du munajjim, qui est à la fois astrologue et astronome. En tant qu'astrologue, il est également consulté avant déterminer le moment de lancer une nouvelle entreprise (**1). Dans toutes les civilisations, il faudra encore quelques siècles pour séparer l'astrologie de l'astronomie. Mais, malgré cette nécessité religieuse, les musulmans ne font pas de progrès dans la précision de l'horlogerie. Ils perfectionnent la clepsydre, l'horloge à eau - ils en construisent de magnifiques - mais ils n’innovent pas. Curieusement, dans un premier temps, ils refusent même que des horloges soient importées d'Europe. En 1560, Ogier Ghiselin de Busbecq, l'ambassadeur du Saint-Empire Romain Germanique auprès du Sultan à Istanbul, écrit : « Aucune nation s’est montrée moins hostile à adopter les inventions utiles des autres ; par exemple, ils se sont appropriés les gros et les petits canons.... Ils n’ont cependant, jamais pu se résoudre ... à installer des horloges publiques.... Ils pensent que l’installation d’horloges publiques diminuerait l’autorité de leurs muezzins et de leurs vieux rites. » (**2).

En occident, les mécanismes d'horlogerie n'arrêteront plus de se perfectionner et cette fois-ci grâce à la collaboration des scientifiques. Au XVIe siècle, le ressort permet de miniaturiser les horloges. Puis en 1657, Christian Huygens, un mathématicien, astronome et physicien néerlandais, applique aux horloges miniatures la théorie du pendule oscillant de Galilée. Il parvient à rendre régulier le mouvement de leur balancier.
Ce n'est qu'au XVIIIe siècle, que les ottomans s’intéresseront enfin aux horloges, mais jamais comme objet scientifique. Cadeaux diplomatiques de prestige ou importations, les horloges se répandent alors dans le Dār al-Islām, au point que les inventaires des successions montrent que les particuliers aisés détenaient souvent plusieurs horloges (***1). Mais, les traités commerciaux stipulent toujours qu'un horloger capable de l’entretenir doit les accompagner. De 1630 à 1700, la guilde des horlogers à Istanbul est constituée uniquement d’émigrés européens (***1). Un unique horloger syrien, Takī al-Dīn (1525-1585),  compile le savoir européen en horlogerie, mais il n’innove pas (***1).

Les musulmans vont garder une relation au temps qui se limite à son aspect spirituel. Est-ce parce que les approximations du calendrier islamique proviennent des prescriptions coraniques qu'il a été difficile aux musulmans de concevoir une relation rationnelle au temps ? On peut se poser la question. En effet, le calendrier musulman est strictement lunaire, suite aux prescriptions du Coran, et l'année musulmane ne correspond donc pas à l'année terrestre réelle. Il lui manque de 10 à 12 jours selon les années. Le calendrier musulman est donc impropre à tout usage autre que religieux. Par exemple, les agriculteurs ne peuvent pas s'en servir, puisque l'organisation des travaux agricoles dépend des saisons réelles et non du mois du calendrier. Cela explique que, même aux heures glorieuses de l'empire ottoman, plusieurs calendriers coexistent avec le calendrier musulman. En Égypte, c'est l'usage du calendrier solaire antique qui persiste, associé au calendrier islamique. En Iran, l’année musulmane est associée au anciens mois solaires perses. En 1790, l'empire ottoman établit son année financière, la maliye, à partir d'une synthèse des mois byzantins et du comput musulman. Mais, tous ces calendriers sont décalés les uns par rapport aux autres. Finalement, c'est le calendrier chrétien grégorien qui s’imposera.
Dans le Dār al-Islām, le passage du temps restera une interrogation théologique et philosophique. Les savants musulmans ne chercheront jamais à le mesurer. En revanche, un verset du Coran fera l'objet de longues gloses mystiques sur la signification spirituelle du temps : « Les incroyants disent : « Il n’y a point d’autre vie que la vie actuelle. Nous mourons et nous vivons, le temps seul nous anéantit. » Ils ne savent rien ; ils ne forment que des suppositions. » (S. 45, 23).
Pour paraphraser le Coran, les chrétiens ne feront pas toujours que des « suppositions » « d'incroyants ». Les chrétiens ne vont pas tarder à comprendre le monde et son organisation cosmique grâce à des expérimentations rigoureuses permises par une mesure exacte du temps.

* :  Les découvreurs, *1 : p. 61-63 ; Daniel Boorstin, Robert Lafont, 1983.
** : Islam, **1 : p. 1272 / **2 : p. 1201 ; Bernard Lewis, Quarto Gallimard. 2005.
*** : Comment l'islam a découvert l'Europe, ***1 : p. 239 ; Bernard Lewis, 2005.
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Père Plexe





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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 21 EmptyVen 07 Fév 2014, 15:27

@Pierresuzanne,
Quelle érudition!
Par curiosité, ça fait combien de temps que tu travailles le sujet? Tu as de quoi faire un livre avec tout ça! Tu es historien? Qu'est-ce que tu fais dans la vie? Quel âge as-tu?
Tu n'es pas obligé de répondre, tu as droit à ta vie privé. Mais je ne peux pas m'empêcher de te poser ces questions.
Cordialement
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Pierresuzanne

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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 21 EmptySam 08 Fév 2014, 10:49

Père Plexe a écrit:
@Pierresuzanne,
Quelle érudition!
Par curiosité, ça fait combien de temps que tu travailles le sujet? Tu as de quoi faire un livre avec tout ça! Tu es historien? Qu'est-ce que tu fais dans la vie? Quel âge as-tu?
Tu n'es pas obligé de répondre, tu as droit à ta vie privé. Mais je ne peux pas m'empêcher de te poser ces questions.
Cordialement

Je te remercie pour tes compliments.

J'ai commencé ce travail sans penser du tout que cela prendrait ces proportions mais je me suis pris au jeu.

Je suis marié, j'ai une famille mais les enfants commencent à être grands et ils ont moins besoin de nous... enfin... le plus souvent.

J'ai un travail à plein temps, j'ai fait des études supérieures mais je ne souhaite pas dire mon métier... En revanche, je pense que mon loisir préféré n'est plus un secret pour personne... Quand on aime, on ne compte pas.

Bon, j'admets que tout cela ne doit pas satisfaire ta curiosité mais pierresuzanne n'est pas mon vrai nom.... et je souhaite rester tranquille dans mon coin.

Je vois bien que depuis deux ans et demi que je travaille au sujet... cela ressemble à un bouquin, mais je ne pense pas qu'un éditeur serait intéressé par le sujet... donc je reste sur internet.

Au début il s'agissait simplement de donner des repères chronologiques aux gens avec qui je discutais religion sur un autre forum. Je pensais poster quelques notes de lectures rangées par ordre chronologique et je croyais que le tout serait terminé en deux mois... Bon, j'y suis encore... maintenant je cherche des illustrations....
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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 21 EmptySam 08 Fév 2014, 10:53

14. 13. LA SECONDE CONTRIBUTION DE L’ARTISANAT À LA SCIENCE EST L'IMPRIMERIE.

Au XIe siècle, les chinois inventent les caractères mobiles, mais ils sont en terre cuite et restent donc à usage unique.  En 1234, les Coréens réalisent les premiers caractères mobiles en métal. En 1403, le roi coréen Htai-Tjong favorise la diffusion des livres pour « répandre la connaissance des lois et des livres de façon à remplir la raison et à rendre droit le cœur des hommes »*.
L'invention de l'imprimerie par les chinois est racontée par Marco Polo (1254-1324), mais cela ne suscite pas grand intérêt sur le moment.
En 1451, le pape Nicolas V crée la Bibliothèque Vaticane pour conserver le savoir de l'humanité depuis l'antiquité, y compris le savoir profane. Les premiers livres imprimés y trouveront naturellement leur place.
En effet, dès 1452, Gutenberg (1400-1468) réinvente ou adapte la découverte asiatique. Il met au point plusieurs découvertes concomitantes : des caractères mobiles en plomb, une encre adaptée et la presse à imprimer. En 1452, le premier livre imprimé est la Bible. Cette première impression est tirée 180 exemplaires dont 48 nous sont parvenus. Marque d'une exceptionnelle diffusion, une Bible issue de ce premier tirage se trouve au Japon.
Mais Gutenberg s'est associé à un financier retord, Johann Fust, qui lui a prêté de l’argent moyennant un intérêt à 6%... garanti sur son matériel d’imprimerie. Les découvertes sont favorisées par les prêts d'argent, donc par le capitalisme. Gutenberg est ruiné dans l’affaire mais parvient à sauver son entreprise grâce à la protection de l’Archevêque de Mayence Adolphe II de Nassau. Les institutions jouent donc également un rôle de mécène souvent indispensable pour soutenir l’innovation. Il semble bien que les réalités économiques de la recherche soient les mêmes au XVe siècle qu'au XXIe siècle. La recherche demande de la créativité individuelle soutenue par des capitaux privés ou publics.
Au XVe siècle, l’Europe compte 100 millions d'habitants. Avant la fin du siècle, 35 000 ouvrages différents seront imprimés pour un total de 20 millions d'exemplaires ! L'imprimerie va favoriser très rapidement la diffusion des connaissances et permettre le travail en réseau. Une découverte ne peut plus être, ni ignorée, ni oubliée : elle sert aux générations futures à progresser à partir des acquis. Mais étrangement, l'imprimerie va aussi favoriser la diffusion d’erreurs. En effet, les imprimeurs ont besoin de manuscrits à imprimer. Les productions contemporaines ne sont pas suffisantes et ils puisent dans le fond des manuscrits du Moyen Âge en diffusent des erreurs. L'imprimerie n'est qu'un outil. Mais, dans un des domaines les plus complexes de la science, celui de l'astrophysique, l'imprimerie va avoir un rôle essentiel de diffusion et de conservation des acquis.

Pour étendre notre réflexion aux civilisions qui ne sont pas monothéistes, on peut remarquer que les chinois, dès le XIIe siècle, possédaient déjà tous les outils techniques pour accéder aux sciences exactes et particulièrement à l'astrophysique : l'imprimerie, le papier et l'horlogerie. Néanmoins, ils n'ont pas inventé les sciences exactes et n'ont jamais essayé de comprendre comment marchait l'univers. Un psychanalyse chinois donne une explication. Il pense que la nature de la religion chinoise est en cause. En effet il s'agit d'une philosophie davantage que d'une spiritualité. Le confucianisme aspire à la stabilité de la société qui est basée sur la fidélité aux valeurs ancestrales et sur le respect de la famille. Les chinois désirent s'enrichir pour préserver leur famille et entretenir le culte des ancêtres. Ils ne croient pas en un Dieu créateur. Les chinois n'ont donc jamais cherché à comprendre les origines du monde, n'ayant pas imaginé qu'un dessein intelligent en était à l'origine. On ne trouve que ce que l'on cherche et on ne cherche que ce que l'on imagine exister.
Mais croire en un Dieu créateur n'est pas suffisant pour faire des découvertes en cosmologie. En effet, les musulmans croient eux-aussi en un Dieu créateur et ils n'ont pas non plus fait de découverte majeure en cosmologie. Fallait-il également croire en la liberté intrinsèque de l'homme et de son droit à accéder à des connaissances autonomes pour se croire autorisé à interroger les étoiles ? Fallait-il croire en la bonté de Dieu pour se risquer à s'approcher des mystères insondables des cieux.
Toutes les techniques permettant les sciences expérimentales ou fondamentales vont être proposées au Dār al-Islām. Que ce soit l'imprimerie ou l'horlogerie, elles vont toutes être refusées. En 1551, Nicolas de Nicolay remarque qu'à Istanbul, seuls les caractères latins et hébraïques sont imprimés, « mais ni en turc ni en arabe leur est permis d’imprimer ». Ogier Ghiselin de Busbecq, dans le même récit où il parle de l'imprimerie, en donne l'explication : « Jamais [les musulmans] n'ont pu se résoudre à imprimer des livres... Ils soutiennent que leurs Écritures, c'est-à-dire leurs livres sacrés, une fois imprimés, perdraient leur caractère sacré » (**1).
L'imprimerie est vécue comme une profanation de l’Écriture sainte du Coran. Elle fait également concurrence aux calligraphes. Seuls les caractères latins et hébraïques pourront donc être imprimés dans le Dār al-Islām.

* : 150 idées reçues sur l'histoire, p. 183-185, par la rédaction d'Historia, Éditions First, 2010.
** : Comment l'islam a découvert l'Europe, **1 : p. 239, Bernard Lewis, 2005.
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Roger76





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MessageSujet: Sujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 21 EmptySam 08 Fév 2014, 11:43

Citation :
Les premières éditions imprimées du Coran virent le jour en Italie et en Allemagne aux XVIe et XVIIe siècles ; destinées à un public chrétien, savant ou polémiste qui n'avait jusque-là pas accès au texte, elles ne reçurent aucun écho dans le monde musulman. Les difficultés techniques, la place économique importante occupée par la corporation des copistes, le prestige de l'écriture manuscrite et de la calligraphie y furent autant de freins à l'introduction de l'imprimerie. S'y ajoutèrent des raisons religieuses : le Coran, Livre sacré, exigeait une copie sans défaut. Les sultans ottomans Bayezit II, en 1485, et Selim I¤, en 1515, avaient décrété l'interdiction de l'imprimerie ; sa levée partielle au XVIIIe siècle excluait l'édition des livres religieux musulmans qui n'apparurent en Turquie et dans ses provinces qu'à la fin du XIXe. Près de cent ans auparavant, des corans avaient été édités en Russie pour les musulmans.



(sur le site de la BNF)
J'y ajoute que les premiers journaux, pourtant profanes, seront imprimés bien après les premières gazettes.


Citation :
Le retard des pays musulmans est l’une des causes du «printemps arabe». Il tire ses origines de la reli­gion. Mais pas seulement.


De Paris en 1789, au Caire et à Tunis en 2011, le défi est le même: transformer la Révolution en un progrès durable. Sils veulent avoir une chance d’y parvenir, les nouveaux gouvernements d’Egypte et de Tunisie vont devoir comprendre pourquoi leurs pays ont pris tant de retard. Personne, en effet, ne peut contester que le monde arabe est à la traîne de l’Occident. Dans une série de rapports publiés par l’ONU, plusieurs intellectuels arabes reconnaissent que le développement du Moyen-Orient a été entravé par un déficit de liberté et de connaissances. Dans de nombreux pays, pointent-ils, le taux d’alphabétisation des adultes dépasse à peine 50%, aucun brevet scientifique n’est déposé et les indicateurs affichent des résultats peu reluisants. Avec moins de 5 millions d’habitants, le petit Costa Rica exporte plus de produits manufacturés que l’Egypte.

 

Pour beaucoup d’analystes, le principal responsable de la situation n’est autre que l’islam. «On ne peut pas comprendre la performance économique de ces nations sans la mettre en rapport avec la foi et la culture musulmanes», tranche, par exemple, l’historien de l’économie David Landes dans son livre «Richesse et pauvreté des nations» (1998). Selon lui, le monde islamique a développé un complexe d’infériorité face à la montée de l’Occident, rejetant les inventions européennes telles que l’imprimerie et écartant «les nouvelles connaissances et les idées modernes, soupçonnées de véhiculer des hérésies». Selon Bernard Lewis, de l’université Princeton, l’influence de l’islam est si envahissante qu’elle empêche de nombreux Etat arabes de s’interroger sur les vraies raisons de leur retard. «Toutes les réponses apportées sont religieuses… Si les choses vont mal, nous sommes punis par Dieu pour avoir abandonné le droit chemin», indique-t-il dans son livre «Que s’est-il passé?» (2002). Lidée que la religion joue un rôle central dans le dynamisme économique remonte à Max Weber et à son fameux traité sur «L’Ethique protestante et l’esprit du capitalisme», publié en 1905.

 

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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 21 EmptyDim 09 Fév 2014, 11:24

Roger76 a écrit:
David Landes dans son livre «Richesse et pauvreté des nations» (1998). Selon lui, le monde islamique a développé un complexe d’infériorité face à la montée de l’Occident, rejetant les inventions européennes telles que l’imprimerie et écartant «les nouvelles connaissances et les idées modernes, soupçonnées de véhiculer des hérésies».

Bonne analyse !

Seul ce passage me semble à modérer.. J'ai plutôt l'impression que c'est le complexe de supériorité des musulmans qui les ont empêché de progresser en imitant ce que les non musulmans avaient à leur proposer d'innovant. Je ne pense pas que les musulmans aient un complexe d'infériorité.... C'est bien parce-q'ils sont condamnés par le Coran au complexe de supériorité ( " vous formez la meilleur des communauté ... etc") que leur déclin les rend mal-à-l'aise et qu'ils ont été incapables d'analyser leur propre responsabilité dans leurs difficultés.
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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 21 EmptyDim 09 Fév 2014, 11:30

14. 14. OULOUG BEG (1394-1449), OU COMMENT L'ISLAM N'A PAS SU FRANCHIR LE CAP DES SCIENCES EXACTES.
Avec la conquête mongole au XIIIe siècle, l’observation des étoiles dans le Dār al-Islām atteint un sommet. Ce qui pourrait devenir une école d'astronomie et de mathématiques émerge sous l'impulsion du Mongol Hulegu (1217-1265). En 1259, il fait construire un observatoire à Maragha en Perse qu'il confie à un chiite ismaélien, Nasr Eddin Tusi (1201-1274). Des cartes célestes sont alors établies qui serviront à Copernic quelques siècles après. Nasr Eddin Tusi perfectionne l'astrolabe qui permet de calculer les angles entre les étoiles. Il progresse en trigonométrie et établit des tables de calcul pour prévoir le déplacement des corps célestes mobiles. Nasr Eddin Tusi forme des élèves, le soufi perse Qotb al Din al-Širāzi (1236-1311) qui à son tour transmet ses acquis en astronomie au mathématicien persan Muhammad Al-Farisi (1267-1320). Mais son observatoire tombe en ruine après sa mort.
Au XIVe siècle, Timour Lang (1336-1405) dit Tamerlan, devient émir de Samarcande. De sa capitale, il part à la conquête de l'Asie et du Moyen-Orient et se bâtit un empire. On estime à 17 millions les morts civils de ses conquêtes. Il fonde la prestigieuse dynastie des Timourides. Son fils aîné, Shah Rukh (1377-1447) prend sa succession en 1405 et développe les arts et les sciences, tout en  préservant les frontières de son empire.
Il nomme son fils Ouloug Beg (1394-1449) gouverneur de Samarcande. Celui-ci va pouvoir s'adonner librement aux sciences.
En 1417, Ouloug Beg fait bâtir deux medersas, une à Boukhara et une à Samarcande. En 1429, Ouloug Beg construit à Samarcande un observatoire astronomique gigantesque.
Ouloug Beg travaille à l’observation des étoiles avec une équipe de 70 mathématiciens et astronomes. Il publie les Tables sultaniennes (zij-e soltāni en persan).
Leur précision est telle qu'il faudra attendre encore deux siècles pour que les astronomes européens en réalisent de plus exactes grâce à la lunette astronomique. En effet, au XVe siècle, les observations se font toujours à l’œil nu.
Parallèlement à son activité d'astronome, Ouloug Beg donne des cours à sa medersa. A-t-il réellement exprimé cette maxime : « Tout passe, les empires passent, même les religions passent, seule la science demeure. » ? Ce relativisme va lui coûter très cher.
Son fils aîné, Abd ul-Latif, est sous l'influence des soufis. Il s'oppose violemment à son père. Il lui reproche son peu de foi : Ouloug Beg aurait osé discuter de l'existence de Dieu avec ses étudiants. En 1439, Abd ul-Latif lui tend un piège et le fait assassiner. Son parricide ne lui profite pas longtemps. Il est assassiné à son tour un an après avoir pris sa succession. Pendant son court règne, l’observatoire de Samarcande est rasé jusqu'au sol : seules ses fondations subsistent. En 1908, elles sont découvertes par l'archéologue russe Vladimir Viatkine. Le rayon de l'observatoire faisait 40 mètres sur un quart de cercle. Astrolabe géant, il permettait de mesurer les angles entre les étoiles.
Le collaborateur d'Ouloug Beg, Ali Quchtchi s'enfuit avec une copie des Tables sultaniennes qui, en passant par Tabriz et Istanbul, gagne l'Europe... Ali Quchtchi termine sa vie à Istanbul en 1474 en enseignant les mathématiques à la medersa de Saint Sophie, tout récemment transformée en mosquée après la prise de Constantinople par Mehmed II le Conquérant.

Ce fut la dernière participation des mathématiques et de l'astronomie musulmanes à la grande aventure des sciences humaines. Au moment où les chrétiens s’apprêtaient à comprendre l'univers par l'observation et le calcul, Ouloug Beg le scientifique était assassiné par les religieux.
Comment expliquer que les musulmans n'aient jamais fait de progrès significatifs en astronomie, alors que leur foi les obligeait à observer le ciel ? En effet, le pèlerinage à la Mecque est obligatoire et oblige à la navigation astrale à travers les déserts. De même, le calendrier lunaire et l'obligation de respecter les heures de la prière obligent à de multiples observations du ciel. Déterminer le moment précis du début du Ramadan est également un élément qui oblige à l'observation astronomique. Les musulmans ont donc de multiples raisons pour s'intéresser à l'astronomie et ils en ont également les moyens. En effet, les syriaques leur ont transmis l'intégralité du savoir grec, y compris la connaissance de la rotondité de la terre. Dès le VIIIe siècle, les musulmans utilisent l'astrolabe grecque. Puis, au XIe siècle à Tolède, Al-Zarquali (1029-1087) le perfectionne. Les musulmans ont donc tous les outils pour progresser en astronomie. Mais ils n'y sont pas parvenus. Ils n'ont en effet jamais compris que la terre est ronde et qu'elle tourne autour du soleil. Cette incapacité a forcement une raison. Il se trouve que le Coran décrit une terre plate (S. 51, 48) comme un tapis déroulé (S. 15, 19). « C'est Allah qui vous a assigné la terre comme tapis » (S. 71, 19). « Quant à la terre, Nous l'avons étendue et y avons jeté les montagnes. » (S. 15 ; 19-21) Selon le Coran, la terre est donc un tapis déroulé, tenue par les montagnes présentées comme « des piquets de tente » (S. 78, 7) immobiles (S. 79, 27-33, S. 31, 10). Le Coran présente le ciel comme une juxtaposition de sept cieux (S. 67, 3 ; S.  41, 12 ; S. 78, 12) : « Dieu a créé les sept cieux posés les uns sur les autres » (S. 71, 15). Mais, le Coran va encore plus loin dans les affirmations astronomiques. Selon lui, c'est le soleil qui se déplace  (S. 25, 45 ; S. 18, 17). Le soleil se lève au bord de la terre : au « Levant, il trouva le soleil se levant sur une peuplade à qui nous n'avions pas assigné de quoi s'abriter. » (S. 18, 90). Le soleil est si proche du bord de la terre que le peuple qui vit à proximité est brûlé ! Le soleil se couche de l'autre coté de la terre : « Et quand il eut atteint le Couchant, il trouva le soleil se couchant dans une source bouillante. » (S. 18, 86). En se couchant, le soleil fait bouillir l'eau dans laquelle il plonge !
Est-ce le contenu du Coran qui a freiné le progrès des musulmans en cosmologie ? La question doit se poser. En effet, les êtres humains ont tous les mêmes capacités. Si les chrétiens ont progressé en cosmologie et les musulmans non, il faut en chercher la raison.
La medersa d'Ouloug Beg continua à fonctionner jusqu'au XVIIe siècle, mais plus personne n'y observa les étoiles. Ouloug Beg reste le symbole de l'évolution que la science musulmane n'a pas su vivre : renoncer au Coran incréé, concept qui implique que le Coran est sans erreur dans chacun des domaines où il s'exprime.

Au XVIe siècle, une dernière tentative de recherche astronomique a lieu dans le Dār al-Islām. En 1577, Taqī al-Dīn (1526-1585) convainc le Sultan Murad III de construire un grand observatoire à Galata, dans un quartier d’Istanbul. En 1580, trois ans plus tard, le grand mufti conseille au Sultan de le faire détruire et obtient gain de cause (*1).
Au Danemark, au même moment, Tycho Brahe (1546-1601) pouvait observer le ciel sans limite, grâce au financement de son souverain. Kepler prendra connaissance de ses observations et il inventera l'astronomie moderne en définissant les premières lois fondamentales qui décrivent les orbites des planètes et l'attraction des corps.

* : Islam, *1 : p. 1233 ; Bernard Lewis, Gallimard, Quarto Gallimard, 2005.
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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 21 EmptyDim 09 Fév 2014, 15:45

sérieusement n'en avez vous pas assez de cette malhonnêteté ?
A travers tout le travail de pierresuzanne nous comprenons que le christianisme équivaut au progrès et l'islam équivaut à l’obscurantisme . Toute cette chronologie a comme objectif de démontrer cette idée . Afin de toujours retomber sur cette conclusion hypothèse les faits sont détournés de façon malhonnête , des omissions et tout ce qui fait qu'un travail cesse d'être scientifique pour devenir idéologique .
Que les chrétiens défendent ce travail n'est pas étonnant , durant toute l'histoire du christianisme il en a toujours été ainsi , ce que ne dit pas pierresuzanne .
Ceci est désolant ....


Que veux donc prouver roger76 par cette citation ?
roger76 a écrit:
Pour beaucoup d’analystes, le principal responsable de la situation n’est autre que l’islam. «On ne peut pas comprendre la performance économique de ces nations sans la mettre en rapport avec la foi et la culture musulmanes», tranche, par exemple, l’historien de l’économie David Landes dans son livre «Richesse et pauvreté des nations» (1998). Selon lui, le monde islamique a développé un complexe d’infériorité face à la montée de l’Occident, rejetant les inventions européennes telles que l’imprimerie et écartant «les nouvelles connaissances et les idées modernes, soupçonnées de véhiculer des hérésies». Selon Bernard Lewis, de l’université Princeton, l’influence de l’islam est si envahissante qu’elle empêche de nombreux Etat arabes de s’interroger sur les vraies raisons de leur retard. «Toutes les réponses apportées sont religieuses… Si les choses vont mal, nous sommes punis par Dieu pour avoir abandonné le droit chemin», indique-t-il dans son livre «Que s’est-il passé ?» (2002). L’idée que la religion joue un rôle central dans le dynamisme économique remonte à Max Weber et à son fameux traité sur «L’Ethique protestante et l’esprit du capitalisme», publié en 1905.

Ah oui , l'islam est la cause du déclin ....
Et pourtant dans l'article cité nous pouvons y lire suite à cette citation :

Citation :
L'islam est-il pour autant le principal responsable du retard des pays musulmans ? Ce n’est pas si sûr.[...]Aujourd’hui, le principal problème économique de la région n’est pas la religion, mais la démographie...
Cette méthode "orientaliste" a été décrite par Edward Saïd dans son livre l'orientalisme" et d'ailleurs Bernard Lewis n'y échappe pas . (edward Said n'est pas musulman )

Pierresuzanne aussi tiens à démontrer à quel point l'islam empêche le progrès .
pierresuzanne a écrit:
Ce fut la dernière participation des mathématiques et de l'astronomie musulmanes à la grande aventure des sciences humaines. Au moment où les chrétiens s’apprêtaient à comprendre l'univers par l'observation et le calcul, Ouloug Beg le scientifique était assassiné par les religieux.
Est-ce le contenu du Coran qui a freiné le progrès des musulmans en cosmologie ? La question doit se poser. En effet, les êtres humains ont tous les mêmes capacités. Si les chrétiens ont progressé en cosmologie et les musulmans non, il faut en chercher la raison.
Selon pierresuzanne le coran est la cause du déclin , le coran empêche le croyant de se pencher sur la connaissance du monde malgré que le coran dise le contraire , mais les chrétiens eux sont curieux , ils veulent connaitre le monde et l'église les y aide , et tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes .
Toujours de la malhonnêteté , mais à ce niveau cela devient extrêmement grave .
Conclure que le coran est la cause de déclin est une erreur . Si la coran était réellement la cause alors comment expliquer la différence des connaissances du bédouin du VII siècle et du musulman du XII siècle ? De plus dire que la dernière participation musulmane dans le monde de la science profane démontre une profonde ignorance du sujet . L’histoire est une science reconstructive , plus on a d'élément et plus notre interprétation sera proche de la réalité . Il se trouve qu'en effet la cessation de traduction de l'arabe vers le latin était en marche à cette époque . Il y a en effet eu un déclin . Par contre dire que ce déclin a comme cause l'éloignement de la religion ou bien la recherche de la religion est une erreur .

LE monde islamique était polycentrique , il n' y avait pas une capitale , mais plusieurs centre , lorsque Bagdad tomba, les autres centres eux ne tombèrent pas . Au cours du XII jusqu'au XVI le centre du savoir était l'Afrique avec l'université de Sankoré . D'ailleurs il y a des milliers de manuscrits qui n'ont toujours pas été étudié , et que pierresuzanne ignore complétement . D'ailleurs ces manuscrits cachés pourraient nous réserver bien des surprise comme par exemple la surprise des travaux de Ali Benhamza qui met à terre ta thèse , lorsque l'on sait que ce personnage a inventé les logarithme 23 ans avant l'écossais John Napier .
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Père Plexe





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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 21 EmptyLun 10 Fév 2014, 05:25

@Pierresuzanne,
Merci pour ta réponse. Et surtout merci pour ce travail que tu nous fait partager. Je te situe mieux et cela suffit à me rassurer: tu n'es pas un extra-terrestre.
En ce qui me concerne, je me suis présenté sur "faisons connaissance".
Sur le fond maintenant, franchement je n'ai pas tout lu. Surtout que je ne suis sur ce forum que depuis quelques jours et que j'ai quelques trains de retard. Mais en survolant tes messages, ce qui m'a le plus intéressé de ce que j'ai lu, c'est l'histoire d'Adam et d'Eve. Je vais y retourner pour le lire plus précisément et voir si tu cites tes sources. J'ai envie de creuser l'affaire.
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Pierresuzanne

Pierresuzanne



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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 21 EmptyLun 10 Fév 2014, 12:08

14. 15. LA GÉOGRAPHIE : LES MARCHANDS EXPLORENT LE MONDE ET LA CARTOGRAPHIE SE PRÉCISE.
La cartographie moderne naît très tôt en Chine. Au IIIe siècle, Phei Hsui invente le quadrillage qui permet de respecter les proportions sur les cartes. Les chinois supposent la terre plate mais ils cartographient très exactement les montagnes, les fleuves et les côtes de leur empire. Au VIIe siècle, l'empire Tang (618-907) généralise l'usage du quadrillage. La Chine est toujours placée au centre du monde : c'est l'empire du milieu. Au Xe siècle, la dynastie Sung (960-1279) prend l’habitude de placer le Nord en haut (*1).
Dans le Dār al-Islām, le premier géographe musulman est le Persan Ibn Khordādhbeh au IXe siècle. Il est fonctionnaire de la poste. Hors des frontières musulmanes, seul l'empire byzantin est connu de façon correcte. Le reste du monde est méconnu. Khordādhbeh divise le monde en quatre : l'‘Urūfa (regroupant l'Europe et l’Afrique du Nord), la Libye, l’Éthiopie et la Scythie.
Au Xe siècle, Mas'ūdī (mort en 956) a acquis des Syriaques la connaissance de l’Europe. Il sait que des hommes à cheveux clairs et yeux bleus vivent au Nord. Ses connaissances sont manifestement indirectes : « Leurs cheveux sont flottants et roux par l’effet des vapeurs humides. Leurs croyances religieuses sont sans solidité à cause de la nature du froid et du manque de chaleur. Ceux d’entre eux qui habitent le plus au nord sont les plus grossiers, les plus stupides et les plus bestiaux. Ces caractères s’accentuent chez eux davantage à mesure qu’ils sont plus éloignés dans la région du Nord… Les hommes qui habitent à soixante et quelques milles au-delà de cette latitude sont les tribus de Gog et Magog. Ils appartiennent au sixième climat et ils comptent parmi les bêtes ».
Au XIIe siècle, le géographe arabe al-idrīsī (1099-1166) réalise une carte du monde pour le roi de la dynastie normande de Sicile, Roger II. Elle est conservée au musée du Caire. Il travaille à partir des connaissances de l'administration fiscale musulmane et des archives siciliennes byzantines. Soucieux d'objectivité, il interroge des voyageurs pour confirmer ses données. Il reprend le quadrillage chinois et dessine également une terre plate. Il place naturellement la Mecque au centre du monde.
Yaqout (1179-1229) est un géographe qui travaille au moment de la conquête mongole. Il écrit Le livre des pays, première liste des terres étrangères réalisée en terre d'islam.

En Europe chrétienne, depuis le VIIe siècle avec Isidore de Séville et Bède le Vénérable, dans les milieux savants, on sait que la terre est ronde, même si les cartes du monde sont toujours dessinées à plat et centrées sur Jérusalem. Ces cartes dites en « TO » sont particulièrement fausses et tiennent davantage de l'extrapolation spirituelle que de la réalité géographique. En effet, la géographie n'appartient pas aux sept arts libéraux de la Grèce antique. Elle ne se développera donc pas dans les milieux savants, mais entre les mains des marins et des explorateurs. Les cartes européennes TO puisent leur inspiration dans la Bible et non dans l'observation. Ainsi, trouve-t-on dans la Bible l'affirmation que les terres sont six fois plus étendues que les mers : « Et les six autres parties, tu les as asséchées » (2 Esdras 2, 42). Cela a suffi pour que Christophe Colomb sous-évalue le diamètre du globe terrestre.
Néanmoins, la rotondité de la terre reste connue. Au début du XIIIe siècle, le moine anglais Joannes de Sacrobosco enseigne l'astronomie et les mathématiques à la Sorbonne**. Aux alentours de 1235, il écrit un traité d'astronomie, le Tractutus de Sphaera qui fait la synthèse de l'astronomie grecque et des observations arabes. La terre est toujours représentée au centre de l'univers, mais il s'agit bien d'une sphère.
En 1375, l'Atlas Catalan montre une terre ronde en suspension dans l'air. La légende de l'atlas annonce « Ne craignez rien, me dit le Seigneur, car J'ai suspendu la terre dans le néant. ». La terre reste néanmoins au centre de l'univers et demeure immobile, entourée de 3 cercles concentriques : un pour chaque élément : l'air, le feu et l'eau. Puis viennent les sept cieux - cercles porteurs des sept corps célestes mobiles - puis le dernier cercle avec les étoiles dites fixes. Le roi de France Charles V l’acquiert en 1380. Son auteur serait un Juif de Majorque, Cresques Abraham.

Les véritables progrès en cartographie ne proviendront pas des milieux savants qui lisent la Bible trop littéralement mais seront issus des activités humaines.
Très tôt, des explorateurs – qu'ils soient marchands ou religieux - parcourent l'Europe et l'Asie. Les marchands musulmans arrivent en Afrique noire, en Indonésie et en Chine. Ils fondent des comptoirs et amènent l'islam avec eux. En particulier en Indonésie, ils sont les vecteurs pacifiques de l'islam. Partout ailleurs, l'islam a été répandu par le djihad.
Des européens s'aventurent également loin de leurs terres, ainsi, au XIIIe siècle, Marco Polo qui est le plus connu des grands voyageurs. Un siècle plus tard, en 1357, après 34 ans de voyage en extrême orient, Jean de Mandeville suggère dans son Livre des merveilles du monde qu'il est possible de faire le tour du globe**.
Au début de XVe siècle, le Frère Anselme Ysalguier séjourne 8 ans à Gao*. En 1421, il est de retour en France. Il est reçu à la cour. Il est accompagné d'un médecin noir, Ben Ali. Ben Ali a accès au dauphin malade et guérit le futur Charles VII en 1421. À la veille des grandes découvertes, aucun racisme vis à vis des noirs n'existait en occident.
En 1447, Atonio de Malfante, un génois, est le premier occidental à explorer le Sahara et le Niger*.
En 1491, le premier globe terrestre est fabriqué par un allemand, Martin Behaim **.
Les cartes dessinées alors par les marins sont utilitaires. Il s'agit de dessiner le chemin le plus simple et le plus sûr entre deux ports, d'où leurs noms de portulans. Grâce à l'astrolabe arabe, les navigateurs européens savent déjà observer la hauteur de l'étoile polaire au dessus de l'horizon pour déterminer la latitude (l'éloignement au pôle Nord). Rapidement les cartes signalent donc les latitudes et permettent d'explorer les cotes africaines de proche en proche, de plus en plus loin vers le sud. La longitude sera plus difficile à déterminer et attendra le XVIIIe siècle britannique triomphant.
Au XVe siècle, les Acores, Madère et les Canaries sont découvertes par les navigateurs européens : elles seront les relais indispensables pour la conquête de l'Amérique.

* : Les découvreurs, *1 : p. 112-113 / p.144-145, Daniel Boorstin, Robert Lafont, 1983.
** : 150 idées reçues sur l'histoire, par la rédaction d'Historia, p 165, Éditions First, 2010.
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Roger76





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MessageSujet: Sujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 21 EmptyLun 10 Fév 2014, 17:29

@ icare :

Mais oui, l'islam est la cause du déclin ... Je ml’en explique in fine.

On ne peut quand même pas incriminer des causes externes à l’arrêt des sciences en islam, alors même que l’islam dominait un immense empire.
Mais quand Allah est seule cause des phénomèmes il est bien difficile d'adopter le principe de causalité base des sciences : le sel se dissout dans l'eau parce que la tension superficielle dissocie les ions chlore et sodium ou bien parce que dieu le veut ainsi et que s'il le voulait ce serait un jour faux ?

Et ce n’est pas en arguant de sciences et de découvertes imaginées que le monde islamique pourra redorer son blason. Mais bien en se mettant à l'œuvre, au lieu d'inonder la planète de textes farfelus.
Les russes en ont fait autant ça n'a pas duré leur esbroufe.

La science est un bien universel, personne n’a à la revendiquer.


Citation :
Ali Benhamza qui met à terre ta thèse, lorsque l'on sait que ce personnage a inventé les logarithme 23 ans avant l'écossais John Napier



Non on ne le sait pas, il n’a pas inventé, on sait qu’il « aurait pu inventer », un conditionnel n’est pas un indicatif.

La recherche de Pierre Ageron, IREM de Basse-Normandie & Université de Caen sur ce sujet est des plus instructives.

Circulation, transmission, héritage. Ibn Hamza a-t-il inventé les logarithmes ? Constitution et circulation du discours islamocentré sur l'histoire des mathématiques. p. 339-359.
Recherche qu'il a menée en traduisant les sources... à l'invitation d'un étudiant saoudien qui justement soutenait cette duperie.

publimath.irem.univ-mrs.fr/biblio/IWH11017.htm :

« Al Maghrebî nous a laissé  sur  les  progressions  des  propositions  d’une  valeur  incontestable,  et  s’il avait été un peu favorisé par le hasard, il aurait été sans nul doute le premier à découvrir les logarithmes. »

(de : Henri Michel, Alexandre Koyré (dir.), La science au seizième siècle, Paris, 1960, p. 225.)


Les conclusions de cette étude  de Ageron Pierre sont formelles (extrait) :


Citation :
Le  nom  de  Ibn  Hamza  n’est  pas  le  seul  que  les  historiens  des  sciences vivant  dans  les  pays  musulmans  citent  en  rapport  avec  l’invention  des logarithmes : nous avons rencontré au passage ceux de Sinân Ibn al-Fath, Ibn Yûnus,  al-Nasawî,  al-Yazdî.  Cette  insistance  suggère  l’existence  d’un  enjeu particulier derrière l’invention des logarithmes, qu’on peut peut-être expliquer comme  suit.  Les  grands  succès  mathématiques  de  l’Europe  moderne  n’ont pénétré que lentement les pays d’Islam. Ainsi les résultats de l’école algébrique italienne du XVIe siècle sur l’équation du troisième degré n’y étaient toujours pas  connus,  me  semble-t-il,  au  XIXe siècle,  alors  qu’ils  venaient  prolonger directement les travaux de Sharaf al-dîn al-Tûsî au XIIe !

Les logarithmes sont le  premier  fragment  de  la  science mathématique  européenne  qui  ait pénétré dans le monde musulman : à Istanbul dès le XVIIIe siècle, plus tard au Caire, enfin (à la fin du XIXe siècle) à Tunis et à Fès. Les nombreuses traductions, manuscrites  ou  imprimées,  d’ouvrages  européens  (presque  tous  français), témoignent  d’un  grand  succès  du  calcul  logarithmique,  fort  apprécié notamment pour la détermination des heures de prière. Mais le fait que cette invention  remarquable  soit  due  à  des  étrangers  a  pu  être  ressenti  comme  un signal clair du déclin de la mathématique arabo-islamique – et cela d’autant plus que  les  mathématiciens  européens  de  cette  époque  avaient  cessé  de  faire quelque référence que ce soit aux travaux des savants musulmans du passé.

Difficile de dire mieux : Ibn Hamza « aurait pu inventer les logarithmes ».

Et le chercheur relève bien la réticence générale en terre d'islam à intégrer des découvertes venant d'incroyants.

Serait-ce sans raisons que les Jeunes Turcs, Jeunes Tunisiens, Jeunes Egyptiens aient fait grève il y a un siècle pour obtenir une (relative) modernisation de leur enseignement universitaire, totalement décalé ?

Mais j’apporte un bémol : à mon avis ce n’est pas le Coran ni l'islam qui serait cause de ce retard scientifique mais bien la lecture littéraliste qu’en faisaient les religieux fanatiques, s’opposant à toute innovation scientifique paraissant contraire aux vérités coraniques.

C’était bien le même phénomène qu’en Occident mais les savants et chercheurs ont eu raison des religieux arcboutés sur leurs convictions.

 
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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 21 EmptyLun 10 Fév 2014, 17:42

C'est vrai que l'Eglise s'est opposée, il est quand même intéressant de constater qu'il n'y avait pas en principe d'incompatibilité en islam entre les sciences appliquées et la religion.
Ces littéralistes qui sont en fait des interprètes (car ibn arabi utilise la lettre d'une manière bien différente tout en partant de la forme même du texte (pas uniquement mais il montre que la forme peut être un tremplin et non pas une entrave), ces littéralistes se seraient alors opposés à la fois à l'esprit et au soufisme (car ils étaient des rationalistes  et ne comprenaient pas ce que peut être l'inspiration qui renouvelle le sens) et à l'utilisation de la raison dans le domaine des sciences extérieures.
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