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 HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES

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Pierresuzanne

Pierresuzanne



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MessageSujet: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 16 EmptyMer 03 Avr 2013, 14:03

Rappel du premier message :

3 avril 2013

« Accepte ce qu'on t'offre de raisonnable, commande ce qui est convenable et éloigne-toi des ignorants. » (Sourate 7, Al-Araf, verset 199).

Je me permets de me lancer dans une longue aventure avec vous... si cela vous intéresse....
Notre sujet est de nous intéresser à l’émergence du monothéisme dans l'histoire de l'humanité et de comprendre comment cette idée d'un Dieu unique a transformé les civilisations.
Dire qu'il n'y a qu'un seul Dieu est de l'ordre de la foi. Nous n'essayerons pas de démontrer une conviction qui, par nature, n'est pas rationnelle mais dépend d'un choix individuel. Il s'agit davantage de comprendre comment est perçu ce Dieu unique dans les différents monothéismes et quels sont les  répercutions de cette perception sur les civilisations.
Dieu est-Il semblable ou différent dans tous les monothéismes ? Comment a émergée l'idée d'une Création, d'une Loi divine, d'un Dieu des combats, d'une vie éternelle, d'un Jugement dernier, d'une langue sacrée parlée au paradis, d'un Dieu finalement pacifique ?
L'homme est-il libre face à Lui ? Les pouvoirs temporels et spirituels doivent-ils est regroupés ou éclatés ? La vérité est-elle définie une fois pour toute ? En quoi ces idées, provenant du concept d'un Dieu unique, ont-elles modifié les civilisations qui les portaient.  

Il ne s'agit pas seulement de regarder ce que disent les textes saints, mais de faire la synthèse de ce que nous a appris la science et l'histoire. Par exemple, il existe des données objectives sur la création du monde. N'est-il pas intéressant de lire les textes saints en parallèle avec les événements objectifs qu'ils sont censés raconter ?
L'archéologie a fait faire des progrès impressionnants aux connaissances historiques depuis deux siècles. L'épigraphie est un apport inappréciable. Il s'agit de l'étude des textes anciens gravés sur des supports durables : pierres, argile, papyrus, parchemins. Les tablettes d'argile des sumériens et les ostracons (des tessons de poteries recyclées) servaient de pense bête et de post-it antiques : ils ont traversé les siècles intacts. Les parchemins et les papyrus sont également bien plus durables que nos disques durs d’ordinateurs.
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Pierresuzanne





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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 16 EmptyMer 27 Nov 2013, 09:18

11. 11 . VISIONS DE PARADIS - OU COMMENT SATISFAIRE LES PULSIONS MASCULINES.
Le « rabb », le Seigneur, de Mohamed est désigné par l'épithète de « miséricordieux » tout au long du Coran. On a vu que cela provient du royaume Himyarite au Yémen, converti au judaïsme, en 380. Mais cette appellation provient sans doute également d'un monothéisme préislamique arabe qui n'est ni juif ni chrétien. Ainsi, en 384 la première inscription monothéiste est gravée dans le temple de Maryab au Yémen. C'est une invocation du dieu Harmanan (le miséricordieux), le « seigneur du ciel et de la terre ». On pense que cette foi provient de Palmyre. Au début du millénaire, à Palmyre, deux dieux majeurs dominent un panthéon d'une soixantaine de dieux. Le premier est Bêl plus connu sous le nom de Baal. Le second dieu principal est Baalshamin, le « Baal des cieux » qui est qualifié de « marè alma », « Seigneur du monde » et également de « Taba wa rakmana », de « bon et miséricordieux »*. Au IVe siècle, il deviendra Rakmana, le Miséricordieux quand des arabes choisiront un monothéisme qui ne sera ni le judaïsme ni le christianisme. Ainsi Musaylim Ibn Habīb, un contemporain de Mohamed, prophétisait-il lui aussi au nom de al-Rāhman, le miséricordieux, sans être ni juif ni chrétien.Le Seigneur de Mohamed ne se contente donc pas de punir les impies, Il est également signalé comme miséricordieux et Il promet le pardon aux croyants. « Oui, ton Seigneur est détenteur de pardon, certes, détenteur aussi de douloureuse poursuite » (S. 41, 43).

Pour un chrétien, le paradis est la maison de Dieu : « Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père » dit le Christ (Jean 14, 3) en parlant de la diversité des élus, mais le bonheur promis n'y passera pas par la satisfaction des sens. « À la résurrection, en effet, on ne prend ni femme ni mari, mais on est comme des anges dans le ciel » nous apprend le Christ (Mt 22, 30). Le paradis décrit par le Coran est tout à fait différent, il correspondant aux attentes humaines des bédouins, les auditeurs de Mohamed. Ainsi, le séjour des élus ressemble-t-il à une maison confortable de l'Arabie désertique, dans laquelle les maîtres vivent à l'étage laissant le rez-de chaussée aux communs : « Mais les étages, à ceux qui craignent leur Seigneur ! Au-dessus d'eux il y a des étages bien bâtis, et, coulant au-dessous d'eux, des ruisseaux. Promesse de Dieu » (S. 39, 20). Le Coran affirme même que les élus restent sur terre : « Louange à Dieu qui a, pour nous, réalisé Sa promesse et nous a fait hériter de la terre ! Nous allons nous installer dans le Paradis où nous voudrons. » (S. 39, 74)**.
Le bonheur du salut consiste donc à rester immobile, confortablement installé : « Quant à ceux qui croient et font œuvres bonnes, oui, ils ont pour hôtel les jardins du Firdaus, où ils demeureront éternellement sans chercher à en bouger. » (S. 19, 107-108)**. Cela peut effectivement séduire les bédouins épuisés par les courses éreintantes de la vie nomade. On voit là un premier paradis bien terrestre, bien apte à séduire des bédouins : il leur est promis le repos dans une maison confortable et qui semble être sur terre.

Mais d'autres versets évoquent davantage une vie dans l'au-delà. « Les Jardins d’Éden, aux portes ouvertes pour eux, où, accoudés, ils demanderont des fruits abondants et des boissons. Et auprès d’eux seront les belles au regard chaste, toutes du même âge. Voilà ce qui vous est promis pour le jour des comptes. » (S. 38, 50-53). Plusieurs versets reprendront la même description : « Et vous ne serez rétribués que selon ce que vous œuvriez, sauf les serviteurs élus d’Allah, Ceux-là auront une rétribution bien connue : des fruits, et ils seront honorés, dans les Jardins du délice, sur des lits, face à face. On fera circuler entre eux une coupe d’eau remplie à une source blanche, savoureuse à boire. Elle n’offusquera point leur raison et ne les enivrera pas. Ils auront auprès d’eux des belles aux grands yeux, au regard chaste, semblables au blanc bien préservé de l’œuf. » (S. 37, 30-49).
Manger, boire, se reposer y compris auprès de belles femmes, voilà bien ce qui est susceptible de séduire des hommes. Puis, curieusement, le Coran reprend une image typique de la culture romaine : la droite serait bénéfique et la gauche funeste. « Que sont les gens de la droite ? Ils sont parmi les jujubiers aux fruits abondants mais sans épines, parmi l'ombre étendue et l'eau qui se déverse, et les fruits abondants, avec des belles qu'en vérité Nous avons ouvragées d'ouvrage puis faites vierges, amoureuses, toutes de même âge... Et les gens de gauche, - et que sont les gens de gauche ? - ils sont dans le souffle d'une chaleur tuante et l'eau bouillante, et l'ombre de la fumée chaude » (S. 56, 27-43).

Les descriptions du Coran se font plus précises. Mais, s'il s'agit de satisfaire les fantasmes masculins des Quraysh, on peut se demander qui les a imaginés et décrits ? Les bédouins à qui s'adresse Mohamed rêvent-il vraiment de se vêtir de brocards ? « Oui, les pieux seront dans un séjour sûr, parmi les jardins et les sources s’habillant de satin et de brocard, se rencontrant face à face. Nous leur donnerons pour épouses des houris aux grands yeux. Ils pourront y réclamer toutes sortes de fruits, en sécurité. Sauf cette mort-ci, ils n'y goûteront plus la mort. » (S. 44, 51-56). Les bédouins rêvent-ils réellement d'avoir les bras ornés de bijoux ? « Voilà ceux pour qui sont les jardins d’Éden sous quoi coulent les ruisseaux. Ils y seront décorés de bracelets d'or, et se vêtiront d'habits verts, de soie fine et de brocard. » (S. 18, 31). « C'est cela la grande grâce, les jardins d’Éden, où ils entreront, décorés de bracelets en or ainsi que de perles, et là leur vêtement sera de soie » (S. 35, 32-33). Étrange promesse qui imagine une parure si typiquement féminine pour récompenser des hommes, alors que le Coran confirme effectivement ailleurs que les bijoux sont des attributs de la féminité : « Quoi ! Cet être, élevé dans les bijoux et qui jamais ne se montre au combat ? » (S. 43, 18).
Ailleurs, il est précisé que ce sont de jeunes garçons qui feront le service aux jardins d’Éden : « Parmi eux circuleront des garçons éternellement jeunes, avec des coupes et des aiguières et des gobelets d'eau de source » (S. 56, 17-18). « Parmi eux circuleront des garçons éternellement jeunes ! - quand tu les verras, tu les compteras pour perles éparses ! Et quand tu verras là-bas, tu verras délice et grande royauté. Ils auront sur eux des vêtements verts, de satin, et aussi de brocart. Et ils seront parés de bracelets d'argent. » (S. 76, 19-21). Ces garçons semblent même appartenir aux élus. Ils sont « à eux » : « Et parmi eux circuleront des garçons à eux, comme des perles bien gardées. » (S. 52, 24). De nos jours, tout le monde connaît les houris, ces innombrables belles toujours vierges. Mais, en fait, au côté des houris dont personne ne sait si ce sont réellement des femmes ou des raisins sucrés, ce sont bel et bien de jeunes garçons vêtus de brocard et parés de bijoux qui font le service et sont la propriété des élus.Le paradis reste néanmoins une promesse de félicité que l'imagination humaine ne peut concevoir : « Pourtant, nul ne sait ce qui leur est réservé de fraîcheur des yeux, en paiement de ce qu'ils œuvraient. » (S. 32, 17).

Indépendamment de ce que nous apprend le Coran du paradis, ce qui n'est pas dit est également instructif. En effet, la manifestation du « Seigneur des mondes » y est des plus discrète. Là où les agréments du paradis sont tous susceptibles de flatter les sens des bédouins - les hommes naturellement, les femmes restant des épouses soumises, sauvées en groupe (S. 36, 55-56) pour ne pas manquer à leur unique époux – la présence de Dieu y est impalpable. Un verset signale que les jardins du salut sont près du Seigneur : « Dis : « Puis-je vous apprendre quelque chose de meilleur que tout cela ? Pour les pieux, il y a, auprès de leur Seigneur, des jardins sous lesquels coulent les ruisseaux, pour y demeurer éternellement, et aussi, des épouses purifiées, et l’agrément d’Allah. » (S. 3, 15). Mais, le Seigneur du Coran est étrangement absent du paradis, là où on L'a vu omniprésent en enfer. En particulier, il n'y a aucune communication directe entre Lui et ses élus, là où le Christ décrivait le paradis comme un festin dont il était l’hôte accueillant (Matthieu 22, 2). Les élus coraniques sont dits « rapprochés » (S. 83, 21), mais il n'est pas dit pas de quoi ni de Qui. En fait, c'est du paradis qu'ils sont rapprochés : « Le Paradis sera rapproché des pieux. » (S. 50, 31). Les anges chantent en cercle les louanges de Dieu autour de Son Trône, mais celui-ci semble vide, aucune présence divine n'y est perceptible : « Tu verras les anges faisant cercle autour du Trône, et chantant pureté par la louange de leur Seigneur » (S. 39, 75). En fait, la Divinité de Mohamed n'a aucune communication directe avec ses élus. Les seuls moments où Ce Dieu interagit intimement avec les hommes dans l'Au-delà – pour leur parler ou pour les toucher - c'est pour les torturer en enfer.

Si on considère qu'aucune preuve n'a jamais été donnée de l'origine divine de l'inspiration de Mohamed, ces descriptions de l'au-delà sont de fort intéressantes ouvertures vers son inconscient. Quelles ont donc été ses relations à l'autorité - ou  même ses expériences de la soumission - pour que la « Toute Puissance » qu'il propose, soit à ce point inapte à toute communication verbale, à tout lien affectif, à toute présence apaisante, et ne soit capable que de violence, de contrainte et de cruauté ?
* : Cours « Civilisations du Proche-Orient » , la péninsule arabe antique, cours de Mr. François BRON (2002-3).
** : Le Coran décrypté : figures bibliques en Arabie, Jacqueline Chabbi, Fayard. 2008.
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chrisredfeild

chrisredfeild



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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 16 EmptyMer 27 Nov 2013, 09:25

Pierresuzane,

tu fait semblant d'ignorer mes questions, mais c'est parceque : TU n'a aucune réponse et explications a donné apres tes affirmations compltement ridicules et ratées.


maintenant, je te laisse tranquille avec cet exposé raté, t'"es libre apres tout de perdre ton temp et de te prendre comme un savant.....Razz 
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azdan





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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 16 EmptyMer 27 Nov 2013, 09:55

tu fais une déscription ésotérique et une interprétation superficielle de ce que dit le coran à propos du paradis et de L'enfer , c'est comme nos mystiques musulmans qui ont une vision métaphysique du paradis , tu flotte sur la surface , sans voir les profondeurs :

  Selon un hadith Qudsi , rapporté  du prophète (PBSL) par Al Boukhari et Mouslim, Dieu dit : « "J'ai préparé pour mes pieux serviteurs ce qu'aucun œil n'a vu, ni aucune oreille n'a entendue et personne n'a pu imaginer" ».

  Donc toute l'image que l'on peut faire sur le paradis et l'enfer ne serait même pas approximative , la bible les décrit comme un lieu de salut et de repos de L'âme , et c'est tout !

  Mais pour l'islam , il nous décrit qu'après la mort , L'âme se détache du corps pour se réfugier dans un éspace que nous appellerons " BERZAKH" , attendant la fin du monde et le jour du jugement ,  toutes les âmes rejoindront de nouveaux corps et sortiront de sous terre , ils seront reunis dans une nouvelle terre  au dimension des cieux .

  la déscription pour un bédouin du 7e siècle , ne peut être que suivant les images et L'étymologie de ses connaissances linguistiques , donc si le coran a répondu aux différentes questions posées au prophète , ce n'était que pour leur donné une vision spirituelle , au moins .

  et je trouve que cette déscription est prodigieuse , car aucune religion ne donne cette vision des choses , mais elle reste une vision est c'est tout , car se rapportant au Hadith , personne ne pourra donner une réelle déscription .

  il n'y a que le coran qui parle de la notion de L'âme , qui vit dans notre corps , et que la science est incapable d'expliquer , toutes les religions ne donnent aucune vision sur l'origine ou le devenir de L'âme , mais L'islam nous explique tout les secrets , à part sa nature qui reste de L'ordre de Dieu .

  Voir la vision du paradis et de L'enfer ,c'est  voir aussi L'âme et ses caprices , L'âme qui combat son devenir céleste dans un corps fébrile qui se consume dans le temps pour choisir sa destiné .
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Instant

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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 16 EmptyMer 27 Nov 2013, 14:51

Je penserais plutôt que description superficielle est le contraire de métaphysique, mais quand à faire des oppositions simplissimes, je suis bien d'accord, on pourrait dire dans la même veine que le bonheur des chrétiens sera simplement la contemplation du Christ, s'ils du moins ils ne le contemplaient qu'avec des yeux de mortels, ils resteraient dans la même superficialité (mais parfois la peau, l'apparence est éloquente en elle-même, riche en couleurs comme les couleurs de la mer, suggérant des profondeurs insondables).
Les sens ne sont pas rejetés en islam, car bien compris et bien vécus, ils sont un moyen d'accès à Dieu, le vin du Paradis ne cause pas d'ivresse maladive, le corps n'est pas une souillure.
On attendrait une compréhension plus profonde de la part d'une universitaire, elle semble penser que puisque c'étaient des bédouins, ils ne comprenaient pas les symboles, c'est justement le génie propre des langues sémitiques que de parler des choses spirituelles avec des mots concrets, parfois crus, il y a mille exemples dans la Bible.

"A eux la maison de la Paix auprès de leur Seigneur, il sera leur ami  comme conséquence de  leurs actions". Les Bestiaux. 6 : 127
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Pierresuzanne

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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 16 EmptyJeu 28 Nov 2013, 09:16

azdan a écrit:

  la déscription pour un bédouin du 7e siècle , ne peut être que suivant les images et L'étymologie de ses connaissances linguistiques , donc si le coran a répondu aux différentes questions posées au prophète , ce n'était que pour leur donné une vision spirituelle , au moins .
.
Moi qui croyait que le Coran était censé être " incréé" pour les musulmans, c'est à dire existant depuis toujours auprès de Dieu.

Et voilà que le Coran est, en fait, un écrit de bédouins, rédigé avec une terminologie simple pour être accessible aux auditeurs de Mohamed...

Mais bon, on est d'accord. Mohamed est l'auteur du Coran et le Livre saint des musulmans n'est que le reflet de ses connaissances et de son inconscient.


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Roger76





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MessageSujet: Sujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 16 EmptyJeu 28 Nov 2013, 09:36

Mais bon, on est d'accord. Mohamed est l'auteur du Coran et le Livre saint des musulmans n'est que le reflet de ses connaissances et de son inconscient.

C’est bien plus complexe que cela, Pierresuzanne.

Muhammad qui avait lui aussi, c’était bien normal, adoré les idoles qu’il détruira ensuite ( ?), a prêché sa propre croyance, qui lui a été dictée non par Dieu mais par son entourage et sa propre conversion à une hérésie judéo-nazaréenne,.

 Muhammad n’est donc pas seul auteur du corpus coranique officiel, qui est une compilation de croyances d’écrits et de traditions réécrites selon une ligne doctrinale bien identifiable.

Quant à la Mère du Livre c’est une référence au Royaume des Cieux transposée : le corpus coranique a de multiples sources, elles sont identifiables une à une en se référant aux divers textes et aux traditions écrites ou orales de l’environnement.

Ce qui est nouveau c’est l’idéologie islamique.du Coran..
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Pierresuzanne

Pierresuzanne



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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 16 EmptyJeu 28 Nov 2013, 11:07

11. 12. S'IL S'AGIT DE CONVAINCRE LES HABITANTS DE LA MECQUE PAR LA PAROLE, ENCORE FAUT-IL QUE LE DISCOURS CORANIQUE SOIT COHÉRENT !

On a vu que la logique d'un Dieu Tout Puissant en même temps qu'Unique, conduit à faire du Seigneur de Mohamed un Dieu qui suscite Lui-même les pécheurs pour les torturer en enfer. Cette logique est effrayante, mais elle possède sa cohérence interne. À la période mecquoise, la révélation de Mohamed aspire à la logique. Le besoin de tester la soumission du croyant ne sera pas encore évoqué pour justifier les incohérences de la révélation coranique. Cela attendra Médine, et la cruelle confrontation avec les juifs, qui, bien formés à la théologie biblique, signaleront sans ménagement les incohérences coraniques.

À la Mecque, Mohamed espère encore convaincre les siens de l'origine divine de son inspiration par sa seule parole et il tend donc à restituer à son discours une certaine logique interne. Par exemple, si le Seigneur coranique est Tout puissant sur terre, cela signifie que tous les malheurs viennent de Lui. Qu'Il envoie le malheur aux méchants dès la vie terrestre se comprend, les impies sont punis : « Quant à celui qui est avare et cherche à se mettre au large, et traite de m ensonge la plus belle des choses (le Coran), alors Nous lui facilitons la plus grande difficulté » (S. 92, 8-10). Et si ce châtiment terrestre leur évite la damnation, cela devient même une marque de la bienveillance de Dieu (S. 6, 42). « Très certainement, Nous leur ferons goûter au châtiment immédiat, au lieu du grand châtiment : - peut-être se retourneraient-ils ? » (S. 32, 21). Mais, alors, comment expliquer que les justes souffrent eux-aussi sur terre ? En fait, le Seigneur de Mohamed envoie le malheur aux bons pour éprouver leur fidélité : « Si Nous faisons goutter à l'homme une miséricorde de Notre part, puis qu'ensuite Nous la lui arrachions, le voilà désespéré, oui ingrat...Mais ceux qui endurent avec constance, et font bonnes œuvres. À ceux-là, pardon et gros salaire. » (S. 11, 9).
Mais le Seigneur de Mohamed ne fait pas que punir, Il octroie également les bienfaits terrestres. Il donne naturellement des biens terrestres aux croyants pour les récompenser : « Quant à celui qui fait largesses et se comporte en piété et confirme la plus belle des choses, alors, Nous lui faciliterons la plus grande facilité. » (S. 92, 5-7). Mais si Dieu est maître de tout, comment alors expliquer que les méchants puissent être aisés ? En fait, Le Seigneur donne des biens terrestres aux mauvais pour les inciter à croire : « Très certainement, Nous vous avons donné place sur terre et Nous vous y avons assigné des vivres. Pour peu que vous soyez reconnaissants ! » (S. 7, 10). Mais pourtant, même ceux qui ne se convertissent jamais, ne finissent pas tous malheureux, loin s'en faut ! Alors le Coran prévient que le bonheur terrestre ne présage pas du salut : « « En fait de biens et d’enfants, nous valons mieux et ne serons pas châtiés. » - Dis : « Oui, mon Seigneur élargit la portion de qui Il veut ; tout comme Il mesure. Mais la plupart des gens ne savent pas. » « Ni vos biens, ni vos enfants ne sont choses à vous rapprocher à proximité de Nous. Sauf à qui croit et œuvre en bien. » (S. 34, 35-37). Si on ne croit pas en la Révélation de Mohamed, la surabondance de biens sur terre semble même être offerte par Allah par ruse pour conduire à la mécréance et priver du salut (S. 43, 33-37).

Les bonnes choses sont donc envoyées pour récompenser les bons, encourager les méchants et sans doute aussi les tromper. Les mauvaises sont donner pour tester les croyants, punir les impies et aussi les inciter à croire. Tout et son contraire est donc vrai ! Devant les injustices de la vie, Mohamed tient un discours compliqué pour préserver l'idée que la Toute-puissance divine règne sur terre. Ainsi le Coran retrouve-t-il sa cohérence !

La Toute Puissance divine sur terre se voit donc confirmée, mais dans d'autres domaines, le Coran va peiner à présenter une foi rationnelle. Dans plusieurs situations, il commet des erreurs de raisonnement manifestes. Et il le fait sans s'en apercevoir, puisque les mêmes arguments illogiques sont répétés tout au long de la prédication de Mohamed.
Voyons trois exemples.
D'abord, l'existence de la création de l'univers prouverait que Dieu a inspiré le Coran. Étrange raccourcis.
La contemplation de la Création donne effectivement un signe de l'existence de Dieu aux hommes. Cela est vrai pour les croyants de toutes les religions. Mais le Coran fait un amalgame entre le concept d' « existence de Dieu » et celui d' « authenticité de la révélation coranique ». Or, Dieu peut exister et être Créateur de l'univers, sans pour autant avoir inspiré le Coran. « Ils traitent de m ensonge la vérité (celle prêchée par Mohamed) une fois qu'elle leur est venue : les voilà donc dans une confuse affaire. Ne regardent-ils donc pas le ciel, au-dessus deux, comme Nous l'avons bâti, et l'avons embelli, et qu'il est sans fissures ? Et la terre, que Nous avons étalée ! Et Nous y avons lancé les montagnes et y avons fait croître de tout couple joli à titre d'appel à la clairvoyance et de rappel pour tout esclave qui s'incline. » (S. 50, 5-8). De nombreux versets font ainsi l'amalgame entre existence de l'univers et authenticité de la révélation coranique (S. 35, 9-18 ; S. 13, 1-7 ; S. 78, 1-7 ; S. 24, 45-47...), mais il s'agit bien d'une erreur de raisonnement. Les chrétiens, les juifs, les hindouistes, les chamans, les animistes admirent également la Création et ils la croient faite par Dieu ou par leurs dieux... Cela suffit-il pour démontrer que leurs convictions religieuses sont exactes ?

Une autre erreur de raisonnement porte sur la conviction que l’impossibilité de produire un texte comparable au Coran serait la preuve de son origine divine (S. 52, 34 ; S. 10, 38...). Dans plusieurs versets, le Coran met au défi les opposants de Mohamed de réciter des versets comparables. Leur difficulté à imiter le style du Coran suffirait à démonter que Mohamed ne « blasphème » (S. 10, 38) pas en se disant inspiré par Dieu ! La perfection supposée et revendiquée du Coran ferait preuve : « Et si vous êtes dans le doute au sujet de ce que Nous avons révélé à Notre serviteur, eh bien produisez une sourate semblable ! » (S. 2, 23) dira le Coran à Médine.
Or, toutes les œuvres d'art sont par définition uniques. Dès qu'une œuvre peut être reproduite, elle quitte le domaine de l'art pour gagner celui de l'artisanat. Le fait que le Coran soit inimitable démontre simplement qu'il est une grande œuvre d'art mais cela ne suffit à démonter qu'il provient de Dieu. Ainsi, personne n'a jamais pu peindre comme Léonard de Vinci ! Sa technique du sfumato permet, en juxtaposant des couches de peinture de quelques microns, de reproduire le modelé et les formes sans qu'aucune ligne ne soit jamais tracée. Le même raisonnement est valable pour les œuvres de Shakespeare ou celles de Mozart. Personne ne peut ni reproduire, ni s'approcher de la perfection de leurs œuvres, tant dans la forme que sur le fond. Est-ce pour autant Dieu qui a peint à la place de Vinci, composé sous le nom de Mozart ou rédigé pour Shakespeare ? On peut donc dire que Mohamed est un excellent poète, un artiste d'exception, son style étant incomparable en particulier dans ses strophes mecquoises ... mais cela ne prouve pas qu'il soit inspiré par Dieu. Quant à supposer que Dieu soit l'auteur du Coran ! Il n'a pas plus de chance d'en être l'auteur que d'être le peintre de la Joconde, le compositeur de La flûte enchantée ou le père des Joyeuses commères de Windsor.

La troisième erreur de raisonnement est presque amusante par son caractère brutal et définitif. Le Coran affirme que si Mohamed récitait des versets qui n'étaient pas de Dieu, Celui-ci l'aurait égorgé. « C'est la descente faite de la part du Seigneur des mondes ! Et si celui-ci avait forgé quelques paroles à l'encontre de Nous, certes, Nous l'aurions saisi, de la main droite, et ensuite, Nous lui aurions certes coupé l'aorte ! » (S. 70, 43-46).
Que le rabb du bétyle, le seigneur de Mohamed soit violent et vindicatif, soit ! Mais à l'inverse, si on admet que Dieu est bon et que l'homme est créé libre, il est tout aussi logique de conclure que Mohamed a été libre de donner une fausse révélation sans encourir les foudres divines.

L'objectivité est donc étrangère au Coran, et l'intelligence musulmane, formée par l'étude du Coran, va en conserver une trace durable ! De nos jours, combien de musulmans reprennent toujours ces arguments comme valables. Mais, à la Mecque, le discours du Coran essaie encore de sauvegarder la cohérence utile à une prédication basée sur le discours. Nous verrons que, plus tard, quand Mohamed aura renoncé à convaincre par la parole, d'autres moyens seront employés...
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Pierresuzanne

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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 16 EmptyVen 29 Nov 2013, 11:58

11. 13. LA DEUXIÈME VISION MYSTIQUE DE MOHAMED.

La deuxième apparition surnaturelle dont aurait bénéficié Mohamed se trouve sourate 53. Elle aussi s'est déroulée à la Mecque.

« Lorsque disparaît l’étoile à l’horizon occidental, votre compagnon ne s’est point égaré (verset 2). Il ne profère pas sous l’empire de sa propre passion. C’est une voix lointaine qu’il lui a été donné de percevoir. C’est Celui qui a une puissance irrésistible. Le détenteur d’une fermeté indéfectible, qui l’a instruit (versets 5-6). Il s’est tenu là, à l’horizon supérieur, puis Il s’est approché ; Il est demeuré suspendu... Il a fait entendre à son esclave ce qu’Il lui a fait entendre (verset 10). Le cœur ne démentira point ce qu’il a vu (verset 11). Puis il L’a vu lors d’une autre descente près du jujubier de l’extrémité juste là où se trouve la parcelle cultivée du refuge où le jujubier couvre tout alentour (verset 14). Il sait bien ce qu’il a vu, son regard ne l’a pas trahi (verset 17). Il a vu les grands signes de son Seigneur (verset 18). » (S. 53, 1-18 ; trad. J. Chabbi)*.

La scène se situe dans un endroit connu de ses interlocuteurs, le jujubier poussant à l'extrémité d'une parcelle cultivée (verset 14). La vision est surnaturelle, mais sa vraisemblance est garantie par le fait qu'elle s'est déroulée à un endroit connu et dans un temps déterminé, à l’aube.

Mohamed n'est pas encore « rasūl allāh », l'envoyé d'Allah, titre donné plus tard. Il est simplement le compagnon, « sāhibu-kum » (verset 2), un simple membre de la tribu*. Le verset 2 affirme que Mohamed n'a point été trompé. Cela renvoie aux multiples réserves des siens dont le Coran témoigne ailleurs en les réfutant : non, l'inspiration de Mohamed  n'est pas celle des poètes (Sourate 37, 36 ; S. 52, 30), ni celle des devins (« kāhin », S. 52, 29), ni celle des sorciers (« sāhir », S. 51-39). Les djinns, aux révélations plus trompeuses que véridiques, ne le conseillent pas non plus (S. 81, 25). Les Quraysh se moquent de lui  (S. 37, 12), mais Mohamed reste ferme sur ses convictions : il ne « démentira point ce qu’il a vu » (verset 11). Et ce qu'il affirme avoir vu est une énormité, à telle point que la Tradition musulmane va opérer un contre sens sur le texte coranique pour lui faire dire autre chose*...

En effet, la parole entendue est bien surnaturelle, il s'agit d' « une voix lointaine ». Sa puissance est telle que Mohamed n'a pu que s'y soumettre. « C’est Celui qui a une puissance irrésistible. Le détenteur d’une fermeté indéfectible, qui l’a instruit. » (versets 5-6). L'apparition est massive, elle envahit tout le ciel : « Il est demeuré suspendu [entre ciel et terre]. ». Qui donc est apparu à Mohamed ?
Un détail donne la réponse avec une grande précision. L'apparition parle à Mohamed en le nommant son esclave, « ‘Abd » (verset 10). À de nombreuses reprises dans le Coran, Mohamed est nommé l'esclave et c'est à chaque fois par Son Dieu (S. 96, 10 ; S. 25, 1)*. Ce serait donc Dieu Lui-Même qui apparaît à Mohamed lors de ce deuxième moment mystique ! La Tradition musulmane, manifestement troublée par cette affirmation coranique, dira que c'est l'ange Gabriel qui est apparu à Mohamed, mais ce n'est pas crédible. En effet, un ange ne peut pas appeler un homme son esclave puisque les anges ont dû se prosterner devant Adam, le père de tous les hommes (S. 20, 116-120)*. Seul Satan a refusé l'acte de soumission devant Adam. Le seul ange susceptible d'appeler Mohamed son esclave ne pourrait donc être que Satan ! En fait, ce serait donc Dieu, le « Seigneur des mondes » de Mohamed, qui lui serait apparu ! Mohamed semble avoir besoin de se rassurer sur l'énormité de cette interprétation. Son cœur, le « fu’ād » l'organe de l’entendement, « ne démentira point ce qu’il a vu. » (verset 11). Pour garantir la véracité de sa parole, le verset 18 affirme que Mohamed « a vu les grands signes de son Seigneur » (verset 18). Mais aucune précision n'est jamais donnée sur les grands signes reçus par Mohamed ! Seul Moïse, au buisson ardent, face à Dieu, a bénéficié d'un signe de même nature. « Le grand signe (« arā-hu al-āya al-kubrā) » (S. 79, 20) lui a alors été donné*, et Moïse part vers pharaon accomplir de nombreux miracles … alors que les miracles tant désirés ont toujours fait défaut à Mohamed.

Ce serait donc Dieu qui a enseigné Mohamed ... mais de loin ! Ailleurs, le Coran confirmera que cette expérience de rencontre face à face avec Dieu n'est ni naturelle ni habituelle : « Il n’a pas été donné à un mortel que Dieu lui parle, si ce n’est par inspiration ou derrière un voile » (S. 42, 51). On comprend donc le besoin de la Tradition musulmane d'introduire l'ange Gabriel là où il n'est manifestement pas.

Après une telle expérience mystique – l'apparition de Dieu Lui-même - , la suite de la sourate 53 est étrange. Voilà que la vision de La Divinité Elle-même ne semble pas avoir conforté Mohamed dans ses convictions spirituelles, et encore moins avoir convaincu les Quraysh. Mohamed se voit poussé à tenter un compromis qui va le conduire à se déjuger. Était-il désespéré ? Il va admettre que les « rabbā » mecquoises, les divinités nabatéennes toujours adorées par les siens, sont réellement détentrices de puissance divine. C'est ce que la Tradition musulmane appellera les versets sataniques. Tabarī (838-923), que personne ne peut soupçonner d'être un mauvais musulman, va transcrire - et donc préserver - les versets qui avaient été récités dans les premières versions du Coran. D'après Tabarī, juste après l'apparition de Dieu au dessus de l'horizon, Mohamed aurait récité ces versets : « Que croyez-vous d’al-lāt, d’al-Ozzā et de Manāt, cette troisième et dernière, ce sont des déesses augustes dont on peut vraiment espérer l’intercession. » (S. 53, 19-24). Cette première version du Coran parlait donc du pouvoir d’intercession (shafā’a) des « rabbā », ce qui fait des Dames protectrices de la Mecque* d’authentiques divinités ! Face à ce polythéisme inscrit en toutes lettres au cœur du Coran - livre par ailleurs jugé parfait et donné par Dieu sans erreur - la Tradition racontera que le diable a trompé les auditeurs, et que Mohamed a, en fait, dit autre chose. Mais cela n'explique pas pourquoi les premières versions du Coran – et pendant les trois premiers siècles de l'Hégire (!) - a conservé cette trace de polythéisme, à moins de supposer que l'islam des origines ait encore été tenté par le polythéisme. Ce n'est effectivement qu'au Xe siècle que ces versets troublants ont été corrigés et qu'ont été établis les versets que nous connaissons de nos jours : « al-lāt, d’al-Ozzā et de Manāt, ce ne sont que des noms dont vous et vos pères les avez nommées. Allāh ne leur a attribué aucun pouvoir efficient ». « Ils (les hommes de la tribus et leurs ancêtres), ne suivent que leur propre conjecture. Auriez-vous des mâles et Lui les femelles ? » (S. 53, 19-21).

La deuxième apparition surnaturelle dont aurait bénéficié Mohamed ne semble pas avoir offert la preuve définitive qui permettrait de convaincre les siens... et lui même paraît bien seul, condamné à des annonces désordonnées qui hésitent entre l'apparition du Dieu Unique planant au dessus de l'horizon et la reconnaissance des croyances polythéistes des siens.

* : Coran décrypté : figures bibliques en Arabie, Jacqueline Chabbi, p. 218, Fayard. 2008.
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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 16 EmptyVen 29 Nov 2013, 12:26

Ben le moins qu'on puisse dire c'est que la traduction est "horizontale". Le jujubier ? voyons, celui du champ voisin, vous savez bien, près du paradis... Le paradis ? Peut-être le nom d'un village ? La limite ? Une borne entre deux propriétés ? Pas de bornes chez les nomades ? Pas grave.
Ah mais tout le monde a mal compris ... ou mal vu, le Prophète, les compagnons, les commentateurs, les musulmans, cela ne se passe pas au ciel, même pas celui des cosmonautes, mais sur terre.
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Roger76





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MessageSujet: Sujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 16 EmptyVen 29 Nov 2013, 15:42

Les mêmes versets 56, 27-43, avec commentaires, dans une autre traduction

27  Et ceux à la droite; comme ils sont (heureux) ceux qui sont à droite! Parmi des lotus sans épines,  Et des bananiers en grappes, Et une ombre étendue, Et de l’eau qui jaillit, Et des fruits en abondance,  Ni arrêtés au passage, ni défendus, Et des divans élevés. Sûrement Nous leur avons créé une (nouvelle) création, Alors Nous les avons faites vierges, Tendres, égales en âge, Pour ceux du côté droit.

39  Une multitude parmi les premiers, Et une multitude parmi ceux des temps ultérieurs. Et ceux qui sont à la gauche; comme ils sont (misérables) ceux qui sont à gauche! Dans le vent brûlant et l’eau bouillante, Et dans l’ombre de la fumée noire,

   38a. Il est remarquable que l’on dise d’abord des bienfaits accordés aux justes que ce sont des ombres, de l’eau, des fruits et des lieux de repos; et ensuite, comme pour dissiper tout doute quant à la nature de ces bienfaits de la vie future, il est dit au v. 35, Nous en avons fait une nouvelle création.  Ces mots établissent de façon définitive que, quels que soient ces bienfaits, que ce soit de l’ombre ou des arbres ou de l’eau ou des fruits, ils constituent le fruit des actions, que l’on a fait  croître en une nouvelle croissance.  Les mots qui suivent cette affirmation s’appliquent sans doute d’abord aux femmes, mais, comme le montre 52:20a, c’est uniquement parce que la féminité est un symbole de pureté et de beauté. Ainsi ahkår, le pluriel de bikr, signifie une vierge, et aussi une action qui n’a pas eu de précédent. De la même façon,  atråh,  ou  égaux en  âge,  tel que déjà montré à 38:52a, signifie que la croissance de ces bienfaits commence avec la croissance de la vie spirituelle chez l’homme. ‘Urub est le pluriel à la fois de  ‘ur∂b et de  ‘arßb, ce dernier désignant  une femme qui manifeste de l’amour pour son mari.

   40a  Remarquer que ces versets ne contredisent pas les vv. 13 et 14, comme l’imaginent certains critiques chrétiens, car le dernier ne parle que de ceux qui étaient les plus empressés à accepter le Saint Prophète.

Comprenne qui pourra, la traduction très officielle parle bien de jujubiers sans épines et de bananiers.

On parle également du jujubier lors du récit du voyage nocturne de l'ascension de Muhammad accompagné par l'ange Gabriel jusqu'au jujubier de la limite supérieure.

Allah, Le Très Haut, dit, en parlant de la tribu de Saba’ : « Ils se départirent de Notre voie. Nous déchaînâmes alors contre eux l’immense flot provenant des digues rompues, et changeâmes bientôt leurs deux vergers en maquis n’offrant que des arbustes aux fruits amers, des tamarins et des rares jujubiers. » - Sourate 34, Saba’, verset 16

Allah, Le tout puissant, dit, en parlant des gens de la droite (ceux qui entreront aux Paradis) : « Ils seront parmi des
jujubiers sans épines » - Sourate 56, Al-Wâqi`a (L'évènement), verset 28

Le
jujubier céleste (sidrat al-Muntahâ) est un arbre du Paradis. Le Prophète l’a vu lors de l’Ascension du Voyage nocturne, accompagné par l'Ange Jibril.
Encore une belle vision merveilleuse.
Allah, Le Très haut, dit : « Il l’a pourtant réellement vu lors d’une autre descente, près du
jujubier du terme (sidrat al-Muntahâ). C’est près de lui que se trouve le Paradis-refuge. Alors que le jujubier (sidrat) était tout couvert de tout ce qui le couvrait » Sourate 53, An-Najm, verset 13-16


D’autres traducteurs donnent pour le second sidra lotus…

Mais que vient faire au Paradis d’Allah le bananier, plante tropicale exigeant un climat chaud et humide ?

On a mentionné l’apparition de bananiers au Moyen-Orient vers 300 av. JC. : selon les traditions bibliques le célèbre barrage de Mareb aurait été édifié par la grande Reine de Saba 1000 ans av. JC., des bananiers y étaient cultivés.  Il est connu que les commerçants et voyageurs arabes et perses avaient connaissance de la banane, qui sera diffusée vers l’an 650 en Méditerranée avec la conquête arabe. C’était assurément, au contraire du jujubier épineux, un fruit apprécié mais aussi rare que le jujubier sans épine.

Donc digne de figurer dans les délices, délices pas délires, du Paradis d’Allah, à côté de femmes de création spéciale, belles et toujours vierges.

Vous me suivez ?

En plus on trouve en alternance pour sidra le jujubier, le lotus, l’arbre céleste du septième ciel.

Ah ça les subtilités de la langue arabe du coran nous échapperons à jamais. Reste à comprendre comment aux délices paradisiaques tant de gens préfèrent les supplices du feu ?

Parce qu’ils ont compris, avant qu’elle ne soit écrite, l’histoire de 4000 ans de monothéismes ?

Ou parce qu’ils ne croient pas en cette histoire pourtant bien claire ?
Ceux du groupe de gauche sont-ils condamnés aux supplices raffinés du feu dévorant leur peau qui repousse pour relancer le bon plaisir du tortionnaire ou subiront-ils les délices de la marmite d'eau bouillante comme il est écrit ici?
Il y avait en effet de quoi effrayer les bédouins et les faire opter pour leur grande satisfaction des sens, ces machos jouisseurs.

 
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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 16 EmptyVen 29 Nov 2013, 18:52

Le dictionnaire dit :  buisson de lotus (arbrisseau).

Ce doit être un arbrisseau de de genre, lotus jujube du Sahara,  Allah est le plus savant, mais en dimension paradisiaque :

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Lotus est intéressant car il évoque les lotus des traditions orientales, même si dans ces dernières c'est le lotus qui pousse sur l'eau, et on y trouve le lotus aux milles pétales, à la limite supérieure de l'être, correspondant  à la fontanelle, lieu du crâne par lequel l'âme s'en va au moment de la mort.
Ibn arabi dit que les gens du feu y sont bien, heureux, car il correspond à leur nature, il joue sur le double sens de 3dhab, qui contient à la fois l'idée de délice et de châtiment.
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Roger76





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MessageSujet: Sujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 16 EmptyVen 29 Nov 2013, 19:23

Merci instant pour l'éclaircissement sur le jujube-lotus..
Un fruit bien oublié, alors qu'on le trouvait sur les marchés, et dans la nature, il y a... bien des années.
Au passage, Tariq Ramadan a tenu des discours sur l'histoire des monothéismes bien aberrants à première lecture.
Pour lui Abraham Moïse Jésus et Muhammad ne seraient pas des hommes individualisés mais des groupes d'hommes qu'il appelle des "conseils".
Comme Adam et Eve seraient des personnages construits symbolisant l'Humanité à sa création.
J'avais déjà il y a bien longtemps rencontré une thèse, l'auteur y défendit que Abraham, dont la Bible a fait un "Patriarche", et l'islam un prophète, ne serait pas une personne déterminée mais un groupe, famille, clan, tribu.
Qui a dû en son temps être vue comme hérétique, mais les polythéistes et les idolâtres n'avaient pas ce concept.
Comme dans tous ses discours, la pensée de Tariq Ramadan est bien difficile à comprendre.
Il a tenu pas mal de discours aussi sur la naissance de l'islam, à la fois conformistes et contestataires.
Ce que l'on peut en retenir c'est un appel à une exégèse de l'ensemble des textes fondateurs mais lui-même ne manque pas d'a priori.

salam
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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 16 EmptyVen 29 Nov 2013, 19:56

Je ne sais pas pour les monothéismes sémitiques, mais en ce qui concerne l'hindouisme, René Guénon parle d'entité collective, une entité intellectuelle  que recouvrirait par exemple le nom de Vyâsa, l'auteur des Védas. Tout le monde n'est pas d'accord là-dessus.
Il y aurait aussi une prédominance de la fonction sur le personnage de chair.
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Roger76





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MessageSujet: Sujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 16 EmptySam 30 Nov 2013, 10:38

Citation :
Il y aurait aussi une prédominance de la fonction sur le personnage de chair.

C’est vrai Instant Tout le monde n'est pas d'accord là-dessus.
Car cela remet en cause des siècles et des siècles de lecture à la lettre.

Mohammed Arkoun qui enseignait à la Sorbonne plaidait pour une relecture dans le contexte social culturel linguistique de l’époque des écrits pour les actualiser dans le contexte présent des connaissances.
Le théologien Thomas RÖMER qui donne des cycles de conférences au Collège de France défend « la construction des personnages » c’est-à-dire que les auteurs des Textes en donnent une description marquée par leur foi, il distingue ainsi le personnage biblique construit de la personne r »elle, ou fictive...
Je n'ai pas tout visionné, c'est passionnant mais long, il ne semble pas qu'il mette en doute l'existence par exemple de Moïse, mais il met en évidence que la description qui en est faite
est une "grande figure" construite.
Quand je parle de récits mythiques il y a de cela : le « prophète » ( ?) suicidaire Jonas a-t-il été et a-t-il vécu ce qui est dit dans le récit biblique ou dans le récit coranique ?
Ma position est proche de celle de Römer : le personnage de Jonas est construction humaine du judaïsme, celui de Yunus construction humaine de l’islam, s’il a seulement existé je dis qu’alors cela ne s’est pas passé comme il a été rapporté.

Je ne « crois » surtout pas qu’un récit mythique soit plus véridique qu’un autre.

Les conférences de Thomas Römer sont disponibles en vidéos dur le site du Collège de France, certaines sont accompagnées du support de cours à télécharger.
Pour une fois qu’on peut donner des liens sérieux :

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Pierresuzanne

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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 16 EmptySam 30 Nov 2013, 11:10

11. 14. LATROISIÈME VISION DE MOHAMED :  L'ISNĀ.

Mohamed va bénéficier d'un dernier moment mystique d’exception, du moins selon les récits imagés qu'en fera la Tradition musulmane. Une fois de plus, le récit du Coran est infiniment plus sobre.


Que dit le texte coranique – à la Sourate 17 - de ce moment hors du commun qui a été surnommé l'isnā par la Tradition musulmane ?
« Gloire à Celui qui a fait voyager de nuit Son serviteur du « lieu de prosternation protégé » (« masdjid haram ») jusqu’au « lieu de prosternation éloigné » dont nous avons béni l’entour pour lui faire voir certains de Nos signes probants. » (Sourate 17, 1 ; trad. J. Chabbi). C'est tout.
Et le deuxième verset de la Sourate 17 enchaîne tout de suite : « Nous avons apporté à Moïse le Livre, dont nous avons fait un guide pour les Enfants d’Israël » (S. 17, 2).

Voilà à quoi se résume le célèbre isnā, le fameux voyage mystique de Mohamed dans le Coran !
Essayons de reprendre en détail ce court verset (S. 17, 1). Le personnage principal est le « serviteur » (‘abdu-hu)  mais il n'est pas nommé. On peut naturellement supposer qu'il s'agit de Mohamed, mais ce n'est pas dit explicitement.
Le mot « masdjid » est souvent traduit par Mosquée, mais en fait c'est une erreur de traduction. Le mot « masdjid » signifie « lieu de prosternation ». Tout endroit où le croyant se prosterne est un « masdjid », un tapis dans le désert ou une maison. La maison de Mohamed à Médine sera un  « masdjid », un lieu de prosternation. Ici le verset parle de « masdjid haram », de lieu de prosternation protégé. Un autre lieu bien précis dans la terminologie coranique est nommé ainsi. Il s'agit de la Mecque qui est nommée « masdjid haram », « lieu de prosternation protégé » à plusieurs reprises (Sourate 2, versets 144, 149, 150, 217 ; S. 5, 2 ; S. 8, 34 ; S. 9, versets 19 et 28). On peut donc penser que le serviteur  serait parti de la Mecque*.

Le but du voyage est un « lieu de prosternation éloigné » (masdjid  aqsā) dont l'entour est « béni ». La Tradition musulmane raconte qu'il s'agit de Jérusalem. Mais, ni Jérusalem, ni Ælia par son nom romain (en arabe : Iliya, إلياء), ne sont jamais nommées dans le Coran. La ville sainte des juifs et des chrétiens est totalement inconnue du Coran.
En fait, le seul autre endroit que le Coran qualifie de « lieu béni », en dehors de la Mecque, est le val sacré (Sourate 20, 12 ; S. 79, 16) où Moïse rencontre Dieu. Là, après un voyage nocturne (Sourate 28, 29-30), Moïse voit Dieu qui l'envoie en mission vers Pharaon. « Puis, quand Moïse eut achevé le terme et voyagé de nuit avec sa famille, il sentit un feu du côté du Mont. Il dit à sa famille : « Peut-être vous en apporterai-je nouvelle, ou quelque brandon de feu, que peut-être vous vous réchauffiez. » Puis quand il y fut, on l'appela du flanc droit de la vallée, en un lopin de terre bénie, du sein d'un arbre « O Moïse ! C'est Moi, oui, Moi, Dieu, Seigneur des mondes » (S. 28, 29-30). On peut remarquer que le voyage nocturne de la Sourate 17 au verset 1 se termine lui aussi en un lieu où « les alentours sont bénis »* comme l'est le lopin de terre où Dieu, juché dans un arbre, apparaît à Moïse, Sourate 28.

Il y a donc trois points communs entre l'histoire de Moïse et celle du serviteur de la Sourate 17, (1) : d'abord le voyage nocturne, ensuite la destination bénie, et enfin la réception de signes probants. Il est donc possible que le lieu destination du voyage soit la montagne sacrée de Moïse, situé au Sinaï, et non pas Jérusalem*. Le serviteur, probablement Mohamed - serait donc parti de nuit de la Mecque vers le Sinaï pour recevoir des signes dont la nature reste inconnue. Cette hypothèse est celle de l'historienne Jacqueline Chabbi (*). Hypothèse originale, certes, mais infiniment plus vraisemblable que les extrapolations poétiques de la Tradition musulmane.

En effet, la Tradition musulmane va commenter la Sourate 17 dans de multiples écrits mystiques, voire mythologiques. En dépit de la sobriété du texte coranique, la Tradition va raconter une histoire extraordinaire.
Mohamed aurait voyagé sur Burāq, une monture miraculeuse venue du paradis. Burāq signifie « éclair ». L'ange Gabriel, nommé Djibril par les musulmans, aurait obligé Burāq récalcitrant à porter Mohamed. Il lui aurait dit : « N'as-tu pas honte, ô Burāq ? Par Allah, personne ne vous a monté dans toute la création de plus cher à Allah que lui. » (Muhammad al-Alawi al-māliki,al-Anwar al Bahiyya min Isra wa l-Mi ' Raj Khayr al-Bariyyah). Al-Bukhārī va jusqu'à décrire Burāq : « un animal blanc et long, plus grand qu'un âne mais plus petit qu'une mule qui pose son pied aussi loin que le regard peut porter » (Bukhārī 5, 58, 227). L'art graphique islamique se laissera inspirer par cette monture fantastique qu'elle représente avec une tête de femme, un corps ailé et une queue de paon.
Mohamed aurait fait étape à Jérusalem, posant le pied sur le rocher sur lequel le premier temple de Salomon avait été construit. Son pied aurait laissé une trace surdimensionnée sur le rocher. Un monument somptueux, le Dôme du rocher, construit en 691 à Jérusalem pour défier le pouvoir byzantin, deviendra au fil des siècles le lieu de commémoration du voyage céleste de Mohamed et sera dénommée al-Aqsa, « la lointaine », pour renforcer l'interprétation de la Tradition.
Monté sur burāq et toujours accompagné de l'ange Gabriel, Mohamed se serait envolé jusqu’aux cieux et aurait été introduit en la présence divine. Mohamed aurait ensuite visité le paradis et l'enfer. Lors de cette visite, il aurait reçu un cadeau divin, le devoir des cinq prières quotidiennes. Pour le fidèle, nous dit Hamidullah, exégète musulman du XXe siècle, il s'agit de l'« entrée cinq fois quotidienne en la présence divine. » Dans la dernière partie de l'office, la récitation de « l'invocation de la présence divine » reprendrait l'échange de salutations entre Dieu et Mohamed. Le mi'rādj, l'ascension de Mohamed aux cieux, est ainsi rappelée, et le croyant se présente symboliquement au seuil de Dieu **.
Tous ces éléments sont totalement absents du Coran. Mais la mystique musulmane se manifeste de façon privilégiée à l'occasion de l'interprétation de la sourate 17. Art graphique, architecture, spiritualité, liturgie, tout le génie de la civilisation musulmane s'exprime à l'occasion de l'interprétation de l'isnā. Mais le contraste est tel entre Coran et Tradition qu'un non-musulman peut facilement conclure que la Tradition musulmane a extrapolé sur la révélation de Mohamed pour la transformer en mythologie.

À partir de l'étude du texte coranique dépouillé de ses interprétations ésotériques, le Pr Chabbi pose l’hypothèse que Mohamed serait parti de la Mecque pour se rendre au Sinaï*.
Sans vouloir exagérer mes propres capacités d'analyse, je me permets de vous soumettre ma propre hypothèse. L'isnā (S. 17, 1) ne concerne pas Mohamed, mais Moïse, qui après son voyage nocturne vers le val sacré du Sinaï, a reçu les Tables de la Loi comme nous le rapporte le verset 2 de la sourate 17 …

Mon hypothèse repose sur plusieurs éléments. D'abord, la sourate 28, celle du voyage nocturne de Moïse, est récitée à la 49e position. Juste après est récitée la sourate 17, celle de l'isnā, à la 50e position donc. La Sourate 17 reprend de façon elliptique le récit du voyage nocturne raconté la sourate précédente et enchaîne au deuxième verset sur Moïse.
Le Coran rapporte que Moïse a souvent reçu des signes probants, en fait des miracles (Sourate 27, 7-13 ; S. 20, 23 ; S. 43, 46 ou S. 28, 36,) comme le voyageur de la Sourate 17 (1)*, alors que Mohamed n'a jamais reçu de signes probants. Jamais il n'a accompli de miracles. Seule l'inspiration des versets coraniques a fait signe pour lui (S. 46, 7 ; S. 52, 31-34).
L'histoire de la rencontre de Moïse avec Dieu à l'endroit dont l'entour est sacré (S. 28, 29-30) semble étonnamment proche de l'isnā (S. 17, 1). Le serviteur de l'isnā (S. 17, 1) n'est pas nommé, alors que Moïse est clairement identifié au verset 2 de la Sourate 17. Le Professeur de Prémare fait remarquer que la forme stylistique du verset 1 est en rupture avec celle du verset 2, et il ne pense donc pas qu'ils aient été récités initialement dans la continuité l'un de l'autre (« Les fondations de l'islam », p. 421). Néanmoins, au moment de la mise par écrit du Coran, ils ont été placés l'un après l'autre, comme s'ils parlaient de la même chose. C'est comme si personne, au moment de la rédaction du Coran, n'avait entendu parler du voyage mystique de Mohamed vers Jérusalem mais uniquement de la rencontre de Moïse avec Dieu. Un autre verset semble même dire que Mohamed n'a jamais rencontré Dieu face à face, alors que Moïse a bénéficié de cette grâce : « Certes, tu n’étais pas sur le flanc du mont lorsque Nous avons appelé [Moïse]. Mais par une miséricorde de ton Seigneur tu [es chargé, toi, Mohamed] d’avertir une tribu qui n’a pas reçu d’avertisseur avant toi. » (S. 28, 46). Mohamed serait donc un simple avertisseur, là où Moïse a, lui, rencontré Dieu face à face.
Le « masdjid haram » de Moïse serait alors compris comme sa propre maison qui est son lieu de prosternation personnel d'après le Coran : « Et nous révélâmes, à Moïse et à son frère, ceci : « Obtenez, vous deux, des maisons à Misr pour votre peuple et priez en prenant vos propres demeures (buyūt) comme direction (qibla) » (S. 10, 87).

Finalement, le verset 1 de la Sourate 17 pourrait se lire ainsi : « Gloire à Celui qui a fait voyager de nuit Son serviteur [Moïse] du « masdjid haram », (de son domicile bien protégé, là où il priait habituellement),  jusqu’au « lieu de prosternation éloigné », (le val sacré de la rencontre avec Dieu au Sinaï) dont nous avons béni l’entour, pour lui faire voir certains de Nos signes probants » et alors le verset 2 continue sans rupture de continuité  « Nous avons apporté à Moise le Livre, dont Nous avons fait une guidée pour les Enfants d’Israël » (S. 17, 2).

Il ne reste donc plus rien de l'isnā de Mohamed, ni de sa troisième et dernière expérience mystique ! Sa seconde vision s'était lamentablement achevée par la reconnaissance de la puissance d'intercession des Dames protectrices de la Mecque : il n'y aurait donc pas eu de troisième tentative pour faire croire que Dieu lui apparaissait ...

*: Le Coran décrypté : figures bibliques en Arabie, Jacqueline Chabbi, p. 205 à 255, Fayard. 2008.
** : Le Coran, traduction de Muhammad Hamidullah, p. 261, le club français du livre, 1959.
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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 16 EmptyDim 01 Déc 2013, 08:57

Bonjour, il y a une faute d'orthographe, il ne s'agit pas d'isnâ, mais d'isrâ.
L'isrâ' (en arabe إسراء « voyage nocturne », venant du verbe سرى [sara'a], « voyager la nuit »)
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Pierresuzanne

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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 16 EmptyDim 01 Déc 2013, 09:55

Instant a écrit:
Bonjour, il y a une faute d'orthographe, il ne s'agit pas d'isnâ, mais d'isrâ.
L'isrâ' (en arabe إسراء « voyage nocturne », venant du verbe سرى [sara'a], « voyager la nuit »)
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
je te remercie infiniment pour ta remarque, je ne parle pas arabe et j'ai manifestement mal recopié le mot la première fois que je l'ai écrit.
Merci pour ta remarque...
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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 16 EmptyDim 01 Déc 2013, 10:02

11. 15. LES JUIFS ET LEURS PROPHÈTES : MŪSĀ/MOÏSE, NUH/NOÉ...
À la Mecque, Mūsā, Moïse, occupe une place prépondérante. Abraham le remplacera à Médine. Pendant la période mecquoise de la révélation, Moïse va être fréquemment évoqué en soutien de Mohamed. Il s'agit de rechercher dans la vie de Moïse des situations similaires à celles vécues par Mohamed. Ce procédé dialectique permet à Mohamed de justifier ses propres difficultés par celles de son glorieux prédécesseur.

Très rapidement dans la récitation mecquoise, le conflit entre Pharaon et Moïse est mis en scène : « Nous avions envoyé [Moïse] avec une autorité manifeste à Pharaon et celui-ci se tourna de coté et dit : « Un magicien ou un fou » (S. 51, 39). Voilà qui n'est pas sans rappeler les invectives des contemporains de Mohamed à son encontre.
Pharaon reproche à Moïse d’éloigner le peuple de la religion égyptienne : « Est-ce pour nous écarter [de la foi dans laquelle] nous avons trouvé nos ancêtres que tu es venu à nous ? » (S. 10, 78). Moïse demande aux croyants de résister (S. 10, 81-83). Pour rester fidèle, Mohamed doit lui-aussi trahir la religion de ses pères et il invite les siens à faire de même (S. 31-21). Mohamed s'abrite dans l'exemple de Moïse*.
Le Coran raconte que Moïse est traité de « sorcier »  selon le terme de « sāhīr » : « Quand Moïse vient à eux avec Nos signes manifestes, ils dirent : Ce n'est là que de la magie me ntie » (S. 28, 36). Mohamed est pareillement traité de sorcier au verset 48 : « Mais quand la vérité leur est venue de Notre part, ils ont dit : « Pourquoi n'a t-il pas été donné à celui-ci comme à Moïse ?... Ils disent : « Deux magies ! …  nous ne croyons ni à l'une ni à l'autre » (S. 28, 48)*. Il semble que Mohamed ait souvent été suspecté de pratiquer la sorcellerie (S. 25, 8 ; S. 46, 7 ; S. 28, 48). « Et quand sont récités devant eux nos signes comme évidents, ceux qui mécroient disent de la vérité lorsqu'elle vient à eux : « C'est de la magie manifeste » (S. 46, 7)*.
Moïse sert de caution à Mohamed et les juifs vont lui servir de témoin : « Dis : « Voyez-vous ? Si ceci (le Coran) est de Dieu, - mais vous n'y croyez pas, - et si un témoin d'entre les Enfants d'Israël témoigne du pareil (avec la Bible), et y croit, alors que vous vous enflez d’orgueil ? » (S. 46, 10). Avec le témoignage de Moïse, Mohamed se voit conduit à présenter les juifs comme des soutiens de sa prédication. Tout au long de la période mecquoise et avant d'avoir rencontré des juifs en chair et en os, Mohamed va mettre leur témoignage à contribution et instrumentaliser leurs prophètes pour se justifier.
Ainsi, un prophète anonyme du passé demande-t-il à Dieu de punir son peuple dans un saisissant appel au secours qui ne peut qu'évoquer Mohamed : « « Seigneur ! Au secours! Ils me traitent de m enteur. » - Et Dieu : « Sous peu, très certainement, ils en viendront aux regrets ! » (S. 23, 39-40)*.
Un autre grand prophète du passé, Noé - Nūh pour le Coran – est longuement sollicité en soutien de Mohamed. On rappelle que Noé est un personnage mythologique appartenant au paganisme sumérien. Il est apparu pour la première fois dans l'épopée polythéiste de Gilgamesh. Le Coran montre Nūh/Noé dialoguant avec l’assemblée des grands, la mala. Il s'agit d'une structure bédouine de commandement, une assemblée de chefs tribaux dans l'Arabie de Mohamed. Mohamed donne au peuple de Nūh la structure sociologique qu'il connaît, ce qui lui permet de s'identifier à lui. « Tu n’es qu’un homme comme nous. » dit la mala' à Nūh (S. 11, 27, n° 48). En parallèle, le Coran répercute les doutes des habitants de la Mecque : « Tu n’es qu’un homme comme nous qui mange et va au marché ». » (S. 25, 7-20). Le « groupe des grands de son peuple » se moque de Nūh (S. 11, 38), comme les notables de la Mecque se moquent de Mohamed (S. 25, 41-42 ; S. 39, 56, S. 18, 106)*.
Noé affirme ne réclamer aucun salaire : « Ô peuple dont je suis, je ne vous demande pas de me donner de vos biens en échange de ce que je fais ; mon salaire est auprès de Dieu. » (S. 10, 29-34, n° 51). Et Mohamed n'en réclame par davantage à la période mecquoise initiale : « Je ne vous demande pas pour cela de salaire » (S. 6, 90).
Noé n'est pas un ange, il ne connaît pas le destin (S. 11, 31). Pas davantage, Mohamed ne le connaît (S. 6-50). Toutes les limites de Mohamed sont justifiées par celles de ses prédécesseurs fameux. Ainsi, les notables demandent un signe à Noé (S. 11, 32). Les Quraysh font la même demande à Mohamed, (S. 11, 12 ; S. 25, 8). Noé répond, « Dieu le fera, s’il le veut. » (S. 11, 33). Mohamed fait la même réponse à ses camarades (S. 6, 35)*.
Finalement, Mohamed promet à ses compagnons insoumis « le châtiment d'un grand Jour » (S. 11, 3). Dans la même Sourate, Noé prévient un peuple réfractaire : « Je suis un avertisseur qui va vous parler clairement, ne rendez culte qu’à Allah ; sinon, je crains pour vous le tourment d’un jour cruel. » (S. 11, 25-35). Que les habitants de la Mecque soient donc attentifs ! Noé a finalement eu gain de cause, la terre entière a été détruite avec tous les mécréants qu'elle portait. Même le propre fils  de Noé – un insoumis - n'a pas été épargné. Appartenir à la même tribu n'est donc pas suffisant pour protéger de la juste punition de la Divinité. Le fils de Noé étant « le méfait en personne. » (S. 11, 46), il est mort noyé. Que les Quraysh en tirent la conclusion qui s'impose !

Face à ses difficultés, Mohamed instrumentalise donc les prophètes juifs au service de sa justification personnelle, mais cela est insuffisant. Finalement, les prophètes appartiennent au passé ... il présente donc les juifs eux-mêmes comme des témoins de son authenticité. Il est persuadé qu'ils le reconnaîtront comme inspiré de Dieu. Dès les débuts de sa récitation, la Bible lui sert de caution : « L'au-delà est meilleur et plus durable. Oui, ceci est certes dans les Feuilles anciennes, les Feuille d'Abraham et de Moïse » (S. 87, 17-19, n° 8) et également à la Sourate 53 (36). Nous avons vu qu'un s'agit d'un anachronisme théologique du Coran puisque ni Abraham ni Moïse ne croyaient en la vie éternelle. Le Coran va plus loin, il affirme que les rabbins, les spécialistes de la Thora, « les savants des Enfants d'Israël » ont reconnu Mohamed : « N'est-ce pas pour eux un signe, que les savants des Enfants d'Israël le reconnaissent ? » (S. 26, 197)*. Des savants juifs auraient donc reconnu Mohamed... ?
Que cette affirmation est donc risquée... et cela pour plusieurs raisons ! D'abord Mohamed ne fréquente pas de juifs à la Mecque. Manifestement, il n'a jamais prévu de devoir quitter la Mecque pour un lieu où vivaient des juifs. Il ne s'est donc pas soucié de ce qu'ils croyaient réellement. Ensuite, il semble bien que Mohamed n'ait jamais lu la Bible. Le nom du Père d'Abraham n'est pas celui que lui donne la Bible, mais celui issu d'une allitération inspirée de récits grecs contemporains. De plus, Mohamed est convaincu que Yahvé et son Dieu sont identiques. Or, Ils sont radicalement différents : Yahvé crée le bien et la liberté dès les premières pages de la Genèse, alors qu'Allah crée le bien et le mal. Néanmoins, Mohamed affirme que le Dieu de la Bible et le Sien sont Le même : « Et ne discutez avec les gens ayant reçu l’Écriture (La Bible) que de la manière la plus aimable, sauf avec ceux d’entre eux qui ont été injustes. Dites : « Nous croyons en ce qu’on a fait descendre sur nous et descendre sur vous, tandis que notre Dieu et votre Dieu est le même, et nous lui sommes soumis. » (S. 29, 46). Le Coran revendique même un contenu similaire à celui de la Bible : « Ce que Nous te révélons du livre, c'est cela la Vérité, confirmation de ce qui se trouvait déjà avant ceci. » (S. 35, 31). Mohamed ne connaît donc pas directement la Bible. Ce qu'il sait d'elle provient de la transmission orale qui est corrélée à  bien des modifications et des ambiguïtés.

Le Coran ne semble pas douter un instant de l'accueil que pourraient réserver les juifs à Mohamed. En cas de doute sur le sens de la révélation, il est même recommandé à Mohamed de prendre conseil des juifs : « Si tu es dans la doute sur ce que Nous avons fait descendre vers toi, interroge alors ceux qui dès avant toi lisent le Livre. » (S. 10, 94). « Demande donc au Enfants d'Israël. » (S. 17, 101).
Même les habitants de la Mecque se voient conseiller d'en appeler au témoignage des juifs : « Nous n'avons envoyé avant toi que des hommes à qui Nous avions fait révélation. Demandez donc aux gens qui se rappellent, si vous ne savez pas, les preuves et Écrits ! » (S. 16, 43)*.

Comme Mohamed est convaincu du soutien du peuple juif, il confirme sans hésiter sa place de Peuple élu par Dieu. Les juif formeraient un peuple supérieur à tous les autres : « C’est en connaissance de cause que, Nous [la divinité] avons choisis [les juifs], [pour être placés] au-dessus des autres peuples [ou tribus] » (S. 44, 30-33, trad. J. Chabbi). Le Coran affirme plusieurs fois que les juifs sont supérieurs aux autres : « Nous les avons choisis entre tous et les avons guidés sur la voie droite… Dieu guide qui il veut. » (S. 6, 86-87) ; « Allah a élu Adam, Noé, la famille d’Abraham, la famille d’Aran (le lignage de Marie), au-dessus de toutes les autres lignées. » (S. 3, 33 ;  trad. J. Chabbi).

Cette supériorité des juifs sur toutes les autres communautés humaines sera un jour oubliée, quand, à Médine, Mohamed sera confronté à d’authentiques juifs *. Leur solidité doctrinale lui infligera alors une cruelle désillusion.

* : Le Coran décrypté : figures bibliques en Arabie, Jacqueline Chabbi, Fayard. 2008.
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Pierresuzanne

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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 16 EmptyLun 02 Déc 2013, 10:46

11. 16. SIGNES DEMANDÉS : SIGNES REFUSÉS.

Dans ces échanges permanents entre Mohamed et ses compagnons de la Mecque, on peut repérer différentes étapes. Initialement, ses camarades ont mis en doute sa sincérité et ils ont essayé de le faire taire. Puis, ils se sont moqués de lui et, las son entêtement, ils sont rentrés chez eux. Mais, le dialogue se poursuit entre Mohamed et les siens. S'il y a bien une qualité que l'on peut reconnaître à Mohamed, c'est sa persévérance. Malgré ses difficultés, il cherche tous les moyens pour convaincre les siens. Malheureusement, la mise en scène des Prophètes juifs, d'Adam, de Jésus, des 'Ad, des Thamūd et de Jonas n'a pas suffi, les Quraysh demandent des preuves. Ils ont à l'évidence bien écouté Mohamed et ils se servent de ses affirmations pour le prendre en défaut. Mohamed a longuement raconté les miracles de Moïse pour les convaincre de la puissance de son Dieu (S. 27, 7-10 ; S. 20, 20-21 ; S. 57, 65-66...). Moïse a reçu des « signes probants » de la part de Dieu et Mohamed en a confirmé la réalité à de multiples reprises (S. 27, 13 ; S. 20, 23 ; S. 43, 46 ; S. 28, 36). Moïse et son frère Aaron ont même reçu un « furqān  », une preuve décisive (S. 21, 48-50). À défaut de faire lui-même des miracles, Mohamed va suggérer que les miracles de la Bible doivent suffire pour convaincre les siens : « La Preuve de ce qui était dans les anciens Livres ne leur est-elle pas venue ? » (S. 20, 133 ; 45e Sourate révélée). La Bible, l'ancien Livre, raconte des miracles, pourquoi ne ses contemporains contentent-ils pas de ceux-ci ?
Mais, les Quraysh veulent voir des miracles de leurs yeux. Ils mettent Mohamed au défi de faire de même : « Ils ont dit : « Nous ne saurions croire en toi [Mohamed] que tu ne fasses jaillir devant nous une source ou que tu n’aies à toi un jardin de palmiers et de treilles... Ou que tu ne fasses vraiment tomber sur nous ces pans du ciel dont tu prétends nous menacer (On voit là qu'ils ne craignent pas les menaces de Mohamed et semblent mêmes agacés par la multiplication des châtiments promis) ou que tu amènes Dieu et ses anges et que nous les voyions en face. Ou que tu n’aies à toi une demeure tout entière revêtue de tentures brillantes, ou que tu ne montes dans le ciel ; et encore ne croirons-nous que tu y sois monté que si tu nous en fais descendre un écrit dont nous puissions réciter le texte exact ! » - Réponds-leur : « Gloire à Dieu, je ne suis qu’un homme et un messager (rasūl). » (S. 17, 91-93 ; 50e Sourate révélée). Mohamed n'est qu'un simple messager, un homme ordinaire incapable de faire des miracles et il s'abrite dans son humanité pour se justifier. L'instrumentalisation de l'histoire de Moïse avère donc contre-productive pour Mohamed. Elle a mis en évidence ses faiblesses et ses limites.

Mais, curieusement, Mohamed va se mettre à attendre un miracle. Est-il sincère ? Joue-t-il simplement le jeu ? Il est acculé par les exigences impossibles des Quraysh : « Et ils disent : « Que ne fait-on descendre un signe sur celui-ci ? - Alors, dis : « Rien d’autre, en vérité : l’invisible appartient à Dieu. Attendez donc ; Moi aussi, vraiment je suis avec vous de ceux qui attendent. » (S. 10-20 ; 51e Sourate révélée). Voilà donc Mohamed qui attend lui-aussi un signe de son Seigneur.
Et il semble réellement l'attendre, et l'attendre avec frénésie, dans une interrogation pleine d'espoir : « Et quand bien même leur indifférence te pèserait énormément, et qu'ensuite il te serait possible de chercher un tunnel à travers la terre ou une échelle pour le ciel, et qu'ensuite tu leur apporterais un signe ? Tandis que si Dieu voulait, Il pourrait à coup sûr les réunir sur le bon chemin. » (S. 6, 35 ; 55e Sourate révélée). Mohamed souffre tellement de l'indifférence des siens qu'il est prêt à tout pour obtenir de Sa divinité un signe libérateur... mais le Coran signale immédiatement que cela ne dépend que de Dieu. Est-ce une simple habilité de discours ? Le verset semble anticiper sur l'inéluctable déception.

Des « signes probants » lui ont portant été formellement promis lors de sa seconde vision spirituelle (S. 53, 18 ; 23e Sourate révélée), ... mais ils ne viendront jamais. Ceci dit, nous avons vu que cette seconde apparition divine a tourné au désastre et que même la Tradition musulmane n'a jamais cru que Dieu lui était apparu. Et voilà que le Coran – malgré ses promesses - annonce qu'aucun signe surnaturel ne lui sera jamais offert : « Il n'est pas d'un messager de venir avec un signe, sauf permission de Dieu. » (S. 40, 78 ; 60e Sourate révélée). Pauvre Mohamed, il ne recevra aucun signe. Il tergiverse. Moïse aurait dit qu'un Kitāb – une révélation divine orale – est une preuve (S. 11, 17 ; S. 11, 96-99 ; S. 11, 110), Mohamed aimerait bien lui-aussi que sa récitation coranique fasse preuve (S. 46, 7, 66e). Finalement, le Coran restera la seule preuve de l'authenticité de son inspiration divine. Maigre consolation. Il reconnaîtra même un jour – par sa voix intérieure - que Jésus a fait des miracles. Pour cette raison, il le placera au dessus de lui (S. 2, 253). Tous les grands prophètes, Moïse, Noé, Élie, Jonas, Jésus ont bénéficié de miracles : lui seul en est privé.
Mohamed reste un simple avertisseur : « Et ceux qui mécroient disent : Pourquoi n’a-t-on pas fait descendre sur celui-ci un signe de la part de son Seigneur ? « - Rien d’autre, en vérité : tu es un avertisseur. À chaque peuple un guide. »  (S. 13, 7 ; 96 e Sourate révélée). Il n'est qu'un homme normal (S. 25, 7-20) et n'a rien de l'ange réclamé par les siens (S. 25, 7).
Avec finesse, il trouvera à la toute fin de sa vie une justification à cette absence de miracle : « Rien ne Nous empêche d'envoyer les signes... En outre, Nous n'envoyons de signes qu'à titre de menace. » (S. 17, 59, 101e Sourate révélée). Le signe miraculeux devient maintenant un cadeau empoisonné ..., si les témoins du miracle étaient restés incrédules, quelle n'aurait pas été leur punition !
Mais la réalité donne la mesure de sa déception : il ne bénéficie d'aucun miracle. Et Mohamed gardera les positions doctrinales qui étaient celles des religions païennes antiques : une divinité parle par les hasards des événement et en particulier par la victoire militaire. Lors d'une défaite, le dieu disparaît du panthéon des dieux. Seul le peuple hébreu est parvenu à maintenir sa foi en Yahvé après la destruction du Premier Temple de Jérusalem par Nabuchodonosor. Mohamed, lui, verra dans ses victoires militaires la confirmation que son Dieu le soutient et cela sera parfaitement accepté et compris par ses adeptes nés dans le paganisme. Allah donne la victoire aux byzantins (S. 30, 2-4) et aux soldats de Mohamed (S. 9, 26).
Rien de surnaturel ne surviendra jamais au cours de la prédication de Mohamed. Privé de la Providence divine, Mohamed conservera la pratique d'invocations protectrices, héritée de la superstition païenne, alors que le judaïsme et le christianisme considèrent les invocations magiques comme de graves péchés. Ainsi, le roi Saul s'est-il vu privé de sa royauté pour avoir consulté la magicienne d'En Dor (1 Samuel 28, 1-25). Mais Mohamed confirme et maintient cette pratique païenne : deux sourates dites « d'invocations protectrices » - souvenirs du paganisme - se trouvent conservées dans le Coran :
« Dis, « Je cherche protection auprès du Seigneur de l'aube contre le mal qu'Il a créé, et contre les risques de la nuit quand elle s'étend, contre le mal de celles qui soufflent sur les nœuds, et contre le mal de l'envieux quand il envie. » ( S. 113 ; trad. J. Chabbi). Il s'agit ici de réciter un verset protecteur contre les magiciennes qui nouent les aiguillettes, privant l’homme de sa virilité, sourate qui confirme par ailleurs que le Seigneur de Mohamed est créateur du mal.
« Dis : « Je cherche protection auprès du Seigneur des hommes de la tribu. Souverain des hommes. Dieu des hommes, contre le mal du mauvais conseiller, le furtif, celui-là qui souffle le conseil dans les poitrines des hommes, qu’il soit des djinns, ou des humains. » (S. 114, trad. J. Chabbi). Il s'agit là d'invoquer le Seigneur de la tribu, le roi de la tribu, pour protéger hommes et djinns des  mauvaises inspirations d'un conseiller peut-être même démoniaque.
Un compagnon de Mohamed, ’Ibn Masʿūd qui a collecté un Coran suite au décès de Mohamed, n'a pas retenu ces deux sourates - les Sourates 113 et 114 - dans sa propre version du Coran (qui omet également la première Sourate). La version du Coran d'’Ibn Masʿūd a néanmoins été préférée par certains musulmans et a été récitée pendant les trois premiers siècles de l'Hégire, parallèlement à la version dite d'Othmān que vous connaissons de nos jours (Institut français du proche Orient, Qais Assef, doctorant).

Quant à Mohamed, il n'attend plus aucun signe miraculeux de la part de Son Dieu.
Le seul signe qu'il recevra jamais, c'est son inspiration qu'il croit divine, et que d'aucuns jugent poétique ! Et Mohamed persiste et continue, sans se lasser, à rabâcher sa révélation devant des auditeurs lassés qui n'attendent plus que son décès pour être soulagés : « Donc, rappelle ! Puisque grâce au bienfait de ton Seigneur, tu n'es ni possédé ni fou. Ou diront-ils « C´est un poète! Attendons pour lui le coup de la mort » (Les Quraysh n’envisagent aucune agression physique contre lui, ils attendent juste son décès). Ou est-ce leurs rêves qui leur commandent cela ? Ou sont-ils des gens rebelles ? - Ou encore diront-ils : « il a forgé cela » ? Non, mais ils ne veulent pas croire. » (S. 52, 29-33). Et face à l'incrédulité de ses camarades, Mohamed reprend le même argument impuissant à convaincre : « Et bien, qu'ils fassent voir un récit pareil à celui-ci, s'ils sont véridiques ! » (S. 52, 34).

Mais ses contemporains l'ont compris, Mohamed est un poète qui invente – qui forge - ses versets. Qu'eux-mêmes ne soient pas des artistes, ne suffit pas à démonter l'inspiration divine de leur si étrange camarade.
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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 16 EmptyMar 03 Déc 2013, 10:19

11. 17. SIGNE DU SEIGNEUR, LE CORAN SE DÉFINIT LUI-MÊME.
À la 42e position dans l'ordre de la révélation, la Sourate 25 est un long dialogue entre Mohamed et les habitants de la Mecque. Leur discussion porte sur la nature du Coran. Devant des Quraysh dubitatifs, Mohamed est conduit à définir le Coran.

La Sourate 25 commence par une affirmation : « Bénis, soit celui qui a fait descendre le Discernement sur Son esclave afin qu'il soit aux mondes un avertisseur » (S. 25, 1). Le Coran s'adresse donc « aux mondes », il affirme ainsi son universalité (S. 7, 158 ; S. 81, 27). Néanmoins, il est récité en arabe (S. 12, 2 ; S. 39, 28 ; S. 41, 44) pour être compréhensible de ses destinataires, ce qui semble réduire le domaine de son influence. Mais, le Coran affirme néanmoins qu'il est universel...

La Sourate 25 continue, laissant entendre le dialogue qui s'est déroulé : « Et ceux qui mécroient disent : « Oui, tout ceci n'est qu'une calomnie que celui-là a blasphémée et à quoi d'autres gens l'ont aidé ?
- Or, ils commettent là prévarication et m ensonge.
- Et ils disent : « Contes d'anciens qu'il se fait écrire ! On les lui dicte matin et après midi ! »
- Dis : « Celui-là l'a fait descendre qui sait le secret dans les cieux et la terre.
» (S. 25, 4, 6).
Le Seigneur de Mohamed connaît donc les secrets de la Création des cieux et de la terre. Quoiqu'en pensent ses contemporains, ce n'est pas un homme qui lui dicte sa récitation, mais bien le Créateur de l'univers. Ailleurs, le Seigneur de Mohamed donnera dans une autre Sourate très poétique, la preuve - finalement pathétique - de son omniscience : « Eh bien, vous deux, lequel des bienfaits de votre Seigneur traiterez-vous de m ensonge ? Il a créé l'homme d'argile sonnante comme la poterie ; et Il a créé les djinns d'une flamme de feu sans fumée. » (S. 55, 13-14). Plutôt que de « m ensonges » (S. 55, 13), on peut plus prosaïquement penser que les erreurs du Coran proviennent de ses sources d'inspiration : le paganisme mecquois pour les djinns et les erreurs scientifiques de la Bible - puisées dans les mythes sumériens - pour l'homme façonné d'argile. Mais, le Seigneur du Coran serait donc omniscient, en particulier en ce qui concerne les mystères de la Création (S. 25, 6)...

La Sourate 25 poursuit : « Ils disent : « Qu'est-ce qu'il a ce messager, à manger au repas et à circuler dans les bazars ? Que n'a-t-on fait descendre vers lui un ange qui eût été avertisseur en sa compagnie » (S. 25, 7). Les Quraysh n'ont pas renoncé à un signe surnaturel, ils aimeraient bien voir un ange à ses côtés. Mais, Mohamed ne peut que leur opposer une menace de damnation : « Mais l'Heure, ils la traitent de m ensonge. Nous avons cependant préparé, pour qui traite l'Heure de m ensonge, une Flamme brûlante... fureur et pétillement » (S. 25, 11-12). Et pourtant, dans d'autres versets, Mohamed affirme la Toute puissance miraculeuse du Coran. Le Coran serait guérisseur : « Et nous faisons descendre, du Coran, ce qui est guérison et miséricorde aux croyants. » (S. 17, 82). Il serait même paré d'une telle gloire surnaturelle que : « Si nous avions fait descendre ce Coran sur une montagne, tu aurais vu celle-ci s’humilier et se fendre sous l’effet de la crainte de Dieu. » (S. 59, 2). Mais, face à ses camarades qui exigent un miracle, Mohamed ne se risque pas à demander aux montagnes de se prosterner ; plus raisonnablement il menace de l'enfer. Faute de pouvoir convaincre par un discours rationnel, la menace restera le pivot de sa prédication jusqu'à la fin de sa vie et malheureusement le support de la théologie musulmane pour les siècles à venir : on menace pour soumettre à défaut de convaincre. Mais voilà que le Coran serait doué de puissance surnaturelle...

La suite de la Sourate 25 garde à nouveau mémoire des remarques des Quraysh : « Le messager dit : « Vraiment Seigneur, mon peuple a pris ce Coran pour chose de rebut ! » (S. 25, 30). Le Coran serait donc une « chose de rebut » pour les Quraysh ! Il semble bien que les habitants de la Mecque aient repéré les défauts intrinsèques du Coran, comme ils le font remarquer ailleurs : « Quant à ceux qui ont qualifié le Coran de pièces décousues, et bien par ton Seigneur ! Nous les interrogerons tous sur ce qu'ils œuvraient. » (S. 15, 91-94). Là encore, seule la menace du Jugement dernier peut être opposée aux critiques de fond de ses camarades. À cette période de sa vie, Mohamed est tout à fait dépourvu de pouvoir politique, il est laissé aux seules forces de sa dialectique et il suscite, en fait, la pitié. Comme le montre la suite de la Sourate 15, il doit s'esquiver, accablé de tristesse : « Esquive les faiseurs de dieux. Vraiment Nous te suffisons, vis-à-vis des railleurs qui désignent à côté de Dieu un autre Dieu. Mais ils sauront bientôt ! Très certainement Nous savons que ta poitrine se serre pour ce qu'ils disent. ». (S. 15, 97). Le Coran serait donc parfait et sans erreur.

Les Quraysh ont pourtant raison, le Coran contient des incohérences.
Par exemple, Mohamed récite de nombreux versets qui affirment sans aucun doute possible que son Seigneur ne change jamais d'avis : « Et récite ce qui t’a été révélé du Livre de ton Seigneur. Personne qui puisse changer Ses paroles. » (S. 18, 27). « Personne qui modifie Ses Paroles ! » (S. 6, 115). « Chez Moi, la parole ne change pas » (S. 50, 29).
Naturellement, les Quraysh, attentifs comme toujours aux arguments de Mohamed, ne peuvent que le traiter de « blasphémateur » - qualification d'un homme qui m ent sur Dieu - quand il leur raconte que son Seigneur à modifié certains versets pour en apporter de meilleur : « Quand Nous changeons verset pour verset, - et Dieu sait mieux ce qu'Il fait descendre, - ils disent : « Tu n'es bien qu'un blasphémateur ! » (S. 16, 101).
De plus, le Coran affirme exister depuis toujours auprès de Dieu : « Ha. Mim. Par le Livre clair ! Oui, nous en avons fait un Coran arabe ! ... Il existe auprès de Nous, sublime et sage, dans la Mère du Livre. » (S. 43, 1-4). Comment alors concilier l'affirmation d'un Coran inchangé avec la réalité de versets rectifiés ? Comment alors ne pas se demander pourquoi Dieu ne s'est pas aperçu en plus de 13 milliards d'années que certains versets étaient inadéquats, et que, d'un seul coup, après quelques années de récitation par Mohamed, La Divinité aurait enfin compris qu'il fallait les corriger. Où est donc passée l'omniscience du Seigneur de Mohamed ? La réaction des Quraysh est logique, quoique cruelle, et exprimée avec la verdeur du vocabulaire coranique : ils ne voient que deux possibilités : soit Mohamed est un « blasphémateur » (S. 16, 101), soit le Coran est « une chose de rebut » (S. 25, 30). Que Mohamed trouve par ailleurs une échappatoire en leur suggérant de se taire, ne suffira pas à convaincre les Quraysh : « Baisse la voix : la plus détestée des voix, c'est bien la voix des ânes ! » (S. 31, 19). Le Coran est donc immuable, éternel et parfait...

Et voilà le Coran défini : il est universel, savant, parfait, puissant, miraculeux, éternel, immuable, et quoique qu'il fasse en même temps la preuve du contraire, il est descendu sur Mohamed de la part d'un Dieu omniscient, Celui qui connaît les secrets de l'univers appris de la mythologie païenne sumérienne ou le polythéisme mecquois.
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Pierresuzanne

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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 16 EmptyMer 04 Déc 2013, 12:00

11. 18. AU PRIX DE LA SOUMISSION DANS LA CRAINTE ET DU RENONCEMENT À TOUTE LOGIQUE, LE CORAN EST ET RESTERA LA VÉRITE DES MUSULMANS.
Dès la prédication de Mohamed, seules des subtilités de langage permettent de défendre l'indéfendable, à savoir que le Coran serait la vérité. « Ceux qui ont rejeté le Coran, quand il leur est parvenu, ne savaient-il pas que ce Livre est d’une valeur inestimable, inaccessible à toute erreur d’où elle vienne. » (S. 41, 41-42).

[b]L'analyse pleine de bon sens – quoique cruelle - des Quraysh continue à nous parvenir au travers de la Sourate 25 :
« Et ceux qui mécroient disent : « Pourquoi n'a-t-on pas fait descendre le Coran d'un seul coup sur lui ? » (S. 25, 32). Après avoir pointé les incohérences de fond du Coran, les habitants de la Mecque font remarquer l’invraisemblance de sa présentation. Si ce texte est réellement donné par Dieu, il aurait dû descendre en une seule fois dans une forme achevée, sans que le temps pour l'inventer, le rédiger, le mettre en forme et le polir ne soit perceptible. Par sa finesse, la réponse de Mohamed est charmante : il affirme que le délai est donné pour lui laisser le temps de le réciter avec élégance : « Comme ça ! C'est pour en raffermir ton cœur. Et Nous le faisons réciter d'une récitation gracieuse. » (S. 25, 32). Et en bon débatteur, il attaque aussitôt en mettant les Quraysh au défi : « Ils (les Quraysh) ne t'apporteront aucune parabole, que Nous ne fassions venir la vérité et l'interprétation la meilleure. » (S. 25, 33).

« L'interprétation » ! Le grand mot est prononcé ! Voilà un concept qui aura de l'avenir ! Là se trouve toute la subtilité de la civilisation musulmane et ses seules possibilités de manœuvre pour échapper au piège coranique. Portée par un livre saint globalement violent, témoin des mœurs archaïques de son temps, prisonnière de ses incohérences et de ses erreurs en tout genre – historiques, scientifiques, théologiques - , la civilisation musulmane a choisi d'interpréter le contenu du Coran pour le rendre compatible avec la logique humaine.
D'interprétations en interprétations, le sunnisme s'est adapté à l'évolution des mœurs. Un témoin extérieur à l'islam peut penser que la foi musulmane – dans sa version sunnite traditionnelle - s'est transformée au fil des siècles en une religion sympathique mais qui n'a plus grand chose à voir avec son Texte saint. Mais un concept typiquement coranique, celui de « Coran incréé », rend cette tentative de normalisation inutile. Proclamer le Coran « incréé » fige son contenu dans une perfection supposée divine. Soumis dès leur plus jeune âge par la crainte de châtiments effroyables, les musulmans ont intériorisé la violence qui leur est faite. Sidérés intellectuellement, ils sont rendus incapables de tout travail objectif sur le contenu du Coran, de toute recherche sur ses sources d'inspiration et toute analyse sur ses défauts de rédaction.
Cependant, l'éducation de masse permet de nos jours aux musulmans d'avoir eux-mêmes accès au Coran. Ceux qui le lisent, prennent alors naturellement au sérieux son contenu de « Livre incréé » et ils considèrent logiquement que son contenu est exact. Les erreurs scientifiques du Coran - la création en 6 jours (S. 11, 7), l'existence des djinns ou l'homme façonné d'argile (S. 55, 13-14) - deviennent à leurs yeux des éléments de foi incontournables et des vérités scientifiques. Les archaïsmes sociologiques du Coran – l'esclavage (S. 30, 28) y compris sexuel (S. 70, 30), la polygamie (S. 4, 3), la répudiation d'une simple formule (S. 58, 3), l'infériorité des femmes (S. 2, 228) - se trouvent légitimé par le statu de Coran incréé. Les violences du Coran - le djihad offensif (S. 4, 95), la mutilation des voleurs (S. 5, 38), la maltraitance conjugale (S. 4, 34), la mort des apostats (S. 4, 89), le fouet pour les adultères et les faux-témoins (S. 24, 2-9), la torture pour les homosexuels (S. 4, 16) - deviennent le principal moteur de la régulation sociale et familiale. Ceux des musulmans qui lisent sérieusement leur Livre Saint proclamé « incréé » nourrissent alors les mouvements fondamentalistes que nous connaissons de nos jours.
D'autres, qui sont également tentés de le lire, évitent alors soigneusement de réfléchir à ce qui s'y trouve et renoncent finalement assez vite à une lecture qui les confronte à des réponses impossibles. Il est en effet surprenant de constater combien peu de musulmans lisent réellement le Coran.
Mais il est paradoxal de voir à quel point les musulmans tiennent à conserver le concept de « Coran incréé » alors qu'ils ont renoncé à mettre en œuvre certains de ses archaïsmes les plus cruels, telle la crucifixion des opposants, la mutilation physique des rebelles (S. 5, 33) ou l'extermination des réfractaires à l'islam (S. 33, 60-61). Par exemple, aucun imam français – et heureusement d'ailleurs - ne réclame que l'on coupe la main des voleurs pour régler les problèmes de délinquance dans les banlieues (S. 5, 38), mais ces mêmes imams persistent néanmoins à affirmer le Coran « incréé ». Il s'agit là d'une étrange schizophrénie intellectuelle. Celle-ci s'explique bien par la violence et la soumission qui ont conditionné leur relation à l'islam dès leur plus jeune âge, mais cela ne les affranchit pas de leur responsabilité morale dans le développement de l'islamisme politique radical. En effet, en conservant le dogme du Coran incréé, les sunnites, mêmes les plus tolérants, mêmes les plus pondérés, mêmes les plus éduqués, deviennent responsables de toutes les dérives extrémistes de l'islam sunnite que nous connaissons de nos jours.

Les musulmans les plus téméraires et les plus honnêtes osent parfois la rupture... Mais la suite de la sourate 24, résume alors ce qui est finalement l'ultime et le seul argument de Mohamed : « Quant à ceux qui seront traînés ensemble sur leurs visages vers la Géhenne, ceux-là sont les plus mal en point en fait de situation et, en fait de sentier, les plus égarés. » (S. 25, 34). Seules les menaces et la peur doivent désormais venir à bout des récalcitrants puisque le Coran est incapable de démontrer son origine divine par un quelconque miracle et a en fait largement prouvé ses inspirations humaines par ses multiples erreurs. Les menaces doivent donc réduire toutes les oppositions et répondre à toutes les questions. « Alors Dieu [dit] : « Ne disputez pas devant Moi ! J'ai pourtant d'abord envoyé la menace auprès de vous ! » » (S. 50, 28).

Toute l'argumentation du Coran se trouve finalement résumée en une succession de menaces. « Le refuge des mécréants et des hypocrites est dans la Géhenne. » (S. 66, 11). Les athées sont ceux à qui « appartient le pire châtiment » (S. 27, 4-5). « Ceux qui traitent de m ensonge le Livre ? Et bien, ils vont savoir, quand des carcans à leur cou et avec des chaînes ils seront entraînés dans l'eau bouillante. » (S. 40, 70-72). La richesse de la description des châtiments est à la mesure de l'absence d'arguments apportés par Mohamed. Le « salaire sera la Géhenne » (S. 18, 106) de ceux qui rient de lui - « Quand ils te voient, ils ne te prennent que pour objet de raillerie. » (S. 25, 41-42). Mais déjà le châtiment ne semble plus devoir attendre l'Au-delà du Jugement divin « Qu'on tue les supputateurs qui dans la noyade [des supputations] oublient ! » (S. 51, 10-11). On voit là poindre déjà la menace de condamnation à mort pour les opposants dès ici-bas, et sans attendre le châtiment de la vie éternelle. Le peu d'influence de Mohamed chez les siens a rendu vaine sa menace - pure rhétorique verbale - mais elle persiste inchangée, sanctuarisée dans le Coran, pour soumettre et convaincre les siècles à venir de l'islam.

Mais, pour l'instant, nul bras armé ne vient faire taire les rieurs, Mohamed doit trouver une échappatoire. Aurait-il quelque peine à justifier ses prétentions spirituelles ? Le Coran vient opportunément à son secours : il lui est interdit de discuter avec les gens qui le contestent : « Quand tu les vois patauger dans Nos signes, laisse, jusqu’à ce qu’ils pataugent dans une autre discussion. Et si le Diable fait qu’une fois par hasard tu t’oublies, alors, dès que tu t’es rappelé, ne reste pas assis en compagnie des prévaricateurs. » (S. 6, 68, n° 55). Mohammed semble bien avoir tenté de répondre aux doutes et aux critiques des siens, mais en vain : « Et ceux qui argumentent sur Dieu après qu'on a essayé de répondre, l'argumentation de ceux-là est, auprès de Dieu chose de rebut. Cependant la Colère est sur eux, et pour eux un dur châtiment ! » (S. 42, 16, n° 62). Seule la menace de châtiments futurs répond aux doutes et aux critiques.

On ne discute pas, on récite le Coran et on se tait ! « Quant on fait lecture du Coran, alors, prêtez-lui l'oreille et restez cois. » (S. 7, 204). Une fois la soumission acquise, on obéit au Coran comme un esclave à son maître et sans discuter : « Voilà la guidée dont Dieu guide qui Il veut parmi Ses esclaves. » (S. 6, 88).

Dans les siècles à venir, la spiritualité musulmane parera le Coran d'une personnalité propre quasiment divine, mais le  Coran - en dépit de ses contradictions internes - avait déjà affirmé sa vérité intrinsèque dès sa proclamation. De nos jours, un musulman indo-pakistanais, Farid Esack, explique ce statut si particulier du Coran pour les musulmans : « Le Coran n’est pas la Bible des musulmans. Alors que le Coran assume dans la vie des musulmans beaucoup de fonctions que la Bible assume dans celle des Chrétiens, il représente pour les musulmans ce que Jésus Christ représente pour les chrétiens pieux, ou la Thora antérieure, la loi éternelle de Dieu, pour les Juifs…. Pour les musulmans, le Coran est vivant et possède une personnalité quasi humaine. ». (Farid Esack, Coran, mode d’emploi,  Albin Michel, 2004).
Pour les musulmans, le Coran est donc la Vérité, la Loi et la Parole de Dieu, il existe, parfait et inchangé, depuis toujours auprès de Dieu. Il occupe précisément la place du Christ pour les chrétiens, et de la Thora orale de Moïse pour les juifs. Le Coran est donc la Vérité des musulmans, là où le Christ est celle des chrétiens.
De ces conceptions diverses de la vérité, juifs, chrétiens et musulmans élaboreront des visions différentes de la science... Les juifs et les chrétiens cherchent la vérité sans présupposer du résultat. Les musulmans cherchent une vérité qu'ils connaissent déjà : ce qu'ils découvrent doit être conforme au Coran. Ainsi sont-ils prêts à se soumettre à toutes les incohérences du Coran en persistant à les proclamer vérités. Mais, ce n'est qu'au IXe siècle, que le Coran acquerra officiellement le statut de livre « incréé ». Comment imaginer alors que ce soit le hasard si le déclin des sciences musulmanes date de ce moment ? Nous en reparlerons.

« Voilà ce dont Dieu menace Ses esclaves : « O Mes esclaves, craignez-Moi donc ! » (S. 39, 16).
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Pierresuzanne

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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 16 EmptyJeu 05 Déc 2013, 12:05

11. 19. MOHAMED ET SON DIEU ; MOHAMED ET SES CONTEMPORAINS ; MOHAMED ET SES FIDÈLES.

Dès le début de la récitation coranique, Son Seigneur nomme Mohamed l'« esclave », sans même un pronom possessif qui pourrait évoquer une forme d'affection ou au moins de familiarité (S. 96, 10, première sourate révélée).
Les « esclaves » de ce Dieu, dont Mohamed est le premier, doivent multiplier les prières au point d'y passer la nuit, dans une multiplication de rituels obsessionnels, toujours répétés toujours augmentés : « Ils passent les nuits prosternés et debout devant leur Seigneur et ils disent : « Seigneur écarte de nous le châtiment de la Géhenne » (S. 25, 64-65). On peut remarquer qu'avec sagesse la Tradition musulmane a interdit de prolonger inutilement les prières : les prosternations sont comptées et les multiplier annule la prière. Mohamed est terrorisé par son Dieu, au point de se sentir contraint à transmettre sa révélation malgré l'agacement de ses contemporains. Son apostolat est aussi frénétique que ses rituel de prosternations et de prières : « Dis : personne ne saura me protéger de Dieu, et jamais je ne trouverai de refuge contre Lui, sauf en transmettant, au nom de Dieu, et Ses messages » (S. 72, 22-23).

En raison de ses relations soumises et terrorisées avec Sa Divinité, Mohamed se trouve en conflit avec ses contemporains. Las de lui, ils l'insultent. Il est accusé d'être poète (shā'ir) (S. 27, 36), ce qui n'est pas très méchant, mais aussi d'être devin (kāhin) (S. 52, 29), sorcier (sāhir) (S.51, 39), fou (S. 81, 22 ; S. 54, 9 ; S. 15, 6) ou m enteur (S. 35, 25)*. Même les insultes les plus vulgaires ne lui sont pas épargnées : « Nous t'avons apporté la profusion. Pour ton Seigneur, célèbre donc l'Office et immole. C’est celui qui t’insulte qui est le châtré. » (S. 108, 3 ; 15e, trad. J. Chabbi). La pudeur musulmane a conduit à traduire ce verset de façon édulcorée. Ainsi Hamidullah le traduit-il de façon elliptique « Oui, celui qui te hait, le voici le sans-trace ». Dans le Seigneur des Tribus, J. Chabbi reprend la traduction à partir de l'étymologie : Abtar signifie « châtré » selon un terme qui s'applique aux animaux castrés. La forme grammaticale est celle d'un renvoi d'insulte. Cela signifie que Mohamed a été traité de « châtré », allusion cruelle à sa condition d'homme sans fils. Dans sa Gloire divine incomparable, Le Seigneur de Mohamed renvoie l'insulte sans complexe en employant le même terme trivial appliqué à ses opposants. Traité de « châtré » (S. 108, 3), Mohamed doit lui se consoler en récitant le Coran donné à « profusion » (S. 108, 3)**.
Le Seigneur du Coran n'a pas grand chose de concret à offrir à Mohamed, Il l'appelle à la patience à 14 reprises à la Mecque (S. 68, 48 ; S. 74, 7 ; S. 73, 10 ; S. 70, 5 ; S. 50, 39 ;  S. 52, 48 ; S. 46, 35 ; S. 76, 24 ; S. 40, 55-77 ; S. 38, 17 ;  S. 31, 17 ;  S. 11, 49 ; S. 10, 109). À Médine, ces appels à la patience auront quasiment disparu (S. 18, 28 ; S. 16, 127). Endurer stoïquement semblera alors moins nécessaire, d'autres possibilités apostoliques lui seront devenues accessibles.
En fait, dans les premières sourates mecquoises, Mohamed fait preuve d'une modestie rendue indispensable par son statut dégradé. Le Coran le présente comme le « camarade » des Mecquois (S. 7-184, n°39 ; S. 34, 46, n° 58). Il est un homme de la tribu comme les autres : « Votre compagnon (sāhibu-kum) » (S. 81, 22, n° 7 ; trad. J. Chabbi). Il va au marché et vit comme tout le monde (S. 25, 7, n° 42). Sa normalité est proclamée : il est un membre comme les autres de la communauté. Il respecte les devoirs tribaux et se fait simplement l'avertisseur des siens. Il n'est nullement en situation de se dire envoyé de Dieu ou encore moins prophète. À la Mecque, il est l'annonceur (bashīr) et l'avertisseur (nadhīr) (S. 35, 24 ; S. 32, 3 ; S. 28, 46 ; S. 34, 44 ; trad. J. Chabbi). « Je (Mohamed) ne suis [personne d’autre] qu’un avertisseur qui délivre un message clair (‘wa-innamā anā nadhīr mubīn) » » (S. 67, 6 ; trad. J. Chabbi)*. Au fur et à mesure que son influence augmentera, son statut s'améliorera jusqu’à devenir « rasūl Allāh », messager de Dieu (S. 63, 5, n° 105 ; S. 40, 78, n° 60 ; S. 35, 4, n° 43). Finalement, à Médine, au contact de Juifs connaissant l’Ancien Testament, il devient  « prophète », « nabī » en arabe, en imitation du mot hébreu de « nevi » (S. 33, 40, 90e).
Malgré sa modestie, rien n'y fait, sa prédication ne remporte aucun succès, ou si peu. Mohamed prend acte des différences entre sa foi et celle des siens : « Je n'adore pas ce que vous adorez... À vous votre religion et à moi ma religion. » (S. 109, 2-3 ; 18e sourate révélée)*.
On trouve ensuite les versets dits sataniques (S. 53, 19-24 ; 23e) qui témoignent de sa tentative de compromis, voire de compromission*. Mohamed accepte de reconnaître l'efficacité des déesses mecquoises pour tenter de se concilier ses camarades. Mais ce compromis n'apporte aucune conversion, et le Coran multiplie les anathèmes : « Que le malheur soit sur tous ceux qui calomnient et diffament. » (S. 104, 1 ; 32e). Dans la Sourate 77 (33e), « Malheur aux dénégateurs » est répété 10 fois*.
Malgré sa persévérance, Mohamed est conduit à douter : « Peu s’en est fallu, vraiment, qu’ils ne t’attirent loin de ce que Nous t’avions révélé, dans l’espoir que tu Nous imputerais, en blasphème, autre chose que ceci. Et alors, ils t’auraient pris pour ami. Et si Nous ne t’avions raffermi, tu aurais bien failli t’incliner quelque peu vers eux. Nous t’aurions certainement fait goûter double de vie et double de mort ; et ensuite tu n’aurais pas trouvé de secoureur contre Nous. » (S. 17, 73-75 ; 50e)*.
Mohamed revient donc à la foi de Son Dieu qui le terrorise : « Dis : « Oui, on m’a commandé d’adorer Dieu, en purifiant pour Lui la religion; et on m’a commandé d’être le premier des Soumis ; » Dis : « Oui, je crains, si je désobéis à mon Seigneur, le châtiment d’un énorme Jour. »  » (S. 39, 12-13 ; 59e)*.
Mohamed cesse d'être concerné par les mécréants, il n'est pas responsable d'eux : « Après cela, s'ils s'esquivent, alors Nous ne t'avons pas envoyé à eux comme surveillant : tu n'as qu'à transmettre » (S. 42, 48, 62e).
Cette rupture d’avec les siens est douloureuse mais indispensable : « Sois constant, la promesse de Dieu est vraie. Demande pardon pour ton péché. » (S. 40, 55 ; 60e)*. Est-ce son désir d'apostasier qu'il lui faut se faire pardonner ?
Mohamed reste donc seul avec sa récitation, qui est ridiculisée, et il se console avec les menaces eschatologiques associées à sa révélation : « Qu'on tue les supputateurs qui dans la noyade oublient ! Ils te demandent : « À quand le jour de la Rétribution ? » Le jour où ils seront éprouvés, au Feu. » (S. 51, 10-12 ; 67e).
Il tente toujours de se justifier en s'abritant dans le témoignage fantasmé des juifs : « Ainsi avons-Nous fait descendre vers toi le Livre. Ceux donc à qui Nous avons apporté le Livre y croient » (Mohamed espère toujours que les juifs adhéreront à sa révélation.) « De ceux-là aussi, il en est qui croient. Et ne nient Nos preuves que les mécréants. Et avant cela, tu ne récitais pas le Livre, ni ne l'écrivais de ta main (ce qui sous-entend que, maintenant, il écrit de sa main le Coran et le récite); - alors les gens du faux auraient certainement eu du soupçon. Ce sont au contraire des versets évidents » (S. 29, 47-49, 85e). Mohamed reste ferme sur ces positions – malgré ses incohérences, le Coran est proclamé « évident » - mais il n'a pas convaincu ses « camarades » de la Mecque.

Avec ses fidèles - probablement trop rares - son comportement est autre. Le Coran nous laisse entrevoir deux types d'attitudes, toutes les deux curieusement conditionnées par un besoin affectif. D'abord, avec ses alter ego, on voit, avec quelque surprise, le Coran réclamer une part d'affection paternelle pour Mohamed. « Ceux à qui on a donné le Livre reconnaissent le Messager comme ils reconnaissent leurs propres enfants. » (S. 6, 20, n° 55). Comme Mohamed a dû souffrir dans son enfance orpheline. L’obéissance stricte (S. 4, 80) qu'il réclamera à Médine n'est pas encore d'actualité.
Quant aux pauvres, convertis ou non, comment peut-on douter que Mohamed, l'homme pieux, ne se soit pas montré généreux envers eux ? Le Coran préconise si souvent l’aumône que l'on peut tout à fait supposer que Mohamed a attiré autour de lui quantité de mendiants et d'estropiés, accueillants à son discours. En fin de période mecquoise, un verset nous renseigne sur la façon dont est conçue - d'après son inspiration intérieure - la hiérarchisation de la valeur humaine : « Et Dieu donne l’exemple de deux hommes : l’un d’eux est muet, capable de rien, cependant qu’il est à charge de son patron, - où qu’on envoie, il n’apporte rien de bien : - serait-il l’égal de celui qui commande la justice cependant qu’il est sur le droit chemin ? » (S. 16, 76 ; 70e).
Au début, on l'avait déjà vu condescendant avec l' « Aveugle », mais il semble qu'en fin de période mecquoise, cette consigne se généralise à d'autres estropiés de la ville. Sa charité n'est pas gratuite. Pour restaurer son narcissisme défaillant, il réclame par ce verset que les pauvres qui dépendent de lui, reconnaissent sa supériorité morale et spirituelle.

Selon ses rapports hiérarchiques, Mohamed a donc des attitudes différentes. Il est terrorisé par Son Dieu qu'il tente d'apaiser par des prières répétées jusqu'à l'épuisement. Il se montre prêt à toutes les compromissions avec ses égaux et n'est retenu d'apostasier, lors de la récitation des versets sataniques, qu'en raison de la terreur que lui inspire son Dieu. Finalement, avec ceux qui partagent ces convictions, il se partage entre demande affective et désir de dominer plus pauvres que lui.

* * : Le Seigneur des tribus, l'islam de Mohamed, Jacqueline Chabbi, p. 449-450, CNRS éditions. 1997.
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Pierresuzanne

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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 16 EmptyJeu 05 Déc 2013, 12:14

Dreamer a écrit:
Pierresuzanne a écrit:
11. 8. UNE ÉBAUCHE D'ORGANISATION RELIGIEUSE : LA SALĀT ET LA ZAKĀT.

Votre exposé est très intéressant HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 16 2129354088
Merci Dreamer, pour ses encouragements si gentils. Bonne lecture... même si c'est un peu long.
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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 16 EmptyVen 06 Déc 2013, 12:17

11. 20. L’ANNÉE 619 : ANNÉE TRAGIQUE DE DEUIL.
Le statut tribal de Mohamed est précaire, mais il est l'époux d'une riche femme de la Mecque et l'oncle qui l'a éduqué, Abū Tālib, est le chef de la tribu. Mais cette année là, en 619, ses deux protecteurs vont décéder.

La mort de Khadīdja.
À 25 ans, Mohamed a épousé Khadīdja qui avait alors 40 ans. La Tradition racontera que Mohamed pleurera Khadīdja pendant des années. Néanmoins, un mois après sa mort, il épouse Saouda, une veuve âgée de 65 ans, et encore un mois après Aïcha, âgée de 6 ans, la fille de son ami Abū Bakr. Mohamed a alors 50 ans. Le mariage est consommé trois ans plus tard, quand Aïcha a 9 ans.
La Tradition dit que Mohamed a été bon avec ses épouses et un verset mecquois conseille d'ailleurs aux hommes la bienveillance envers leurs femmes (S. 30, 20-21, 84e sourate révélée). C'est le seul verset de la révélation mecquoise qui parle des femmes. Mohamed aura manifestement davantage l’occasion et le moyen de légiférer sur les droits et devoirs des femmes à Médine, qu'à la Mecque, lors de son union avec Khadīdja. Lors de cette première union, il est resté monogame. La Tradition interprète cette situation comme la marque de leur attachement. Mais il est probable que Khadīdja se soit refusée au mariage polygame puisque, dès son décès, Mohamed va multiplier les unions. Rien ne permet de savoir avec certitude quelles étaient les relations réelles entre les deux époux, mais la Tradition musulmane affirme que Khadīdja et Mohamed se sont aimés. Comment alors ne pas s'interroger sur la nature réelle de ses relations avec ses femmes, puisqu'au milieu d'une multitude d'épouses, ses deux conjointes préférées sont, d'une part, Khadīdja, qui a l'âge d'être sa mère et d'autre part, Aïcha qui a l'âge d'être sa petite-fille ? Mohamed ne semble avoir jamais créé de relation d'alter ego avec une compagne de son âge.

La mort de l'oncle de Mohamed, Abū Tālib.
Toute sa vie, Mohamed a été protégé par son tuteur, Abū Tālib, l'oncle qui l'a élevé et qui dirige maintenant la Mecque. Le comportement de Mohamed est si étrange, qu'il est traité de poète par les plus gentils et de fou (S. 81, 22 ; S. 54, 9 ; S. 15, 6) par les plus ironiques. Mais, il est à remarquer que le Coran ne signale jamais qu'une menace physique ait été proférée contre lui. Il est moqué, dénigré, contredit, ignoré, mais jamais maltraité physiquement. Il est un membre de la tribu, membre de moindre importance, certes (S. 43, 31 ; S. 25, 41), mais néanmoins protégé par les traditions tribales.
Mohamed demande aux siens d'abandonner leurs dieux ancestraux au profit de l'adoration exclusive du Dieu dont il est le transmetteur. Or, les Quraysh ne souhaitent pas abandonner les dieux de leurs ancêtres : « Nous avons trouvé nos ancêtres sur un chemin : nous nous guidons sur leurs traces. » (S. 43, 22). Les Quraysh sont convaincus que Mohamed puise son inspiration chez un étranger bien précis qui ne parle pas arabe et dont le Coran reconnaît l'existence : « Nous savons fort bien ce qu'ils disent : « Oui ! Quelqu’un l'enseigne, tout simplement ! » - Or, celui à qui ils l'imputent parle une langue étrangère, tandis que cette langue-ci est arabe, claire ! » (S. 16, 103).
Dans la dernière sourate récitée à la Mecque, une scène vivante se dessine sous nos yeux : « Oui, les criminels riaient de ceux qui croyaient, et, passant près d'eux, ils se faisaient des œillades, et, retournant dans leurs familles, ils retournaient en plaisantant, et voyant [ceux qui croyaient], ils disaient : « C'est eux les égarés, certes oui ! ». Or, ils n'ont pas été envoyés gardiens sur eux ! » (S. 83, 29-33). À la fin de la période mecquoise, las de la récitation de Mohamed, les Quraysh ont renoncé à discuter avec lui. Inlassablement, Mohamed s’arrange pour avoir raison : peu importe qu'il soit cru ou non, puisqu'il n'est pas responsable d'eux ! Rien ne peut le mettre en échec. Ses auditeurs se lancent des regards entendus – se font « des œillades » - et s'en vont, « retournant dans leurs familles ». Les lieux publics semblent envahis par la récitation de Mohamed, les habitants de la Mecque sont obligés de rentrer chez eux pour échapper à son enthousiasme. Ils sont harcelés par les appels de Mohamed à la conversion qui sont formulés sous forme d'insulte - « criminels » (S 83, 29), « mécréants » (S. 29, 68), « prévaricateurs » (S. 18, 57) – ou de menace de damnation et de tortures en enfer.

« Allons-nous abandonner nos dieux pour un fou de poète ? » (S. 37, 36) interrogent-t-ils agacés. Dès 619 et la mort d'Abū Tālib, la question va trouver sa réponse. C'est Abū Lahab, un autre de ses oncles paternels, qui accède au pouvoir. Sans la protection de son tuteur, une solution est rapidement trouvée, Mohamed est banni de son clan. Le Coran nous le dit avec la plus grande exactitude : « Il cherchent à te faire fuir de la terre dont tu es ! » (S. 17, 76).
L'antagoniste qui oppose son oncle Abū Lahab et Mohamed a laissé sa trace dans le Coran : « Que soient tranchées les mains d'Abū Lahab ! Puisse-t-il mourir. » (S. 111, 1 ; trad. J. Chabbi). Manifestation verbale d'impuissance, expression de sa rancœur, ce souhait cruel ne s'est jamais réalisé, Abū Lahab meurt dans son lit en 624. Mais Abū Lahab a exclu Mohamed du clan des 'abd Shams. Mohamed est banni, il n'est plus protégé par les lois tribales de solidarité et d’accueil. L'épouse d'Abū Lahab l'a-t-elle incité à cette exclusion ? Le Coran l'associe dans l'anathème qui condamne son mari : « Sa fortune ne le met à l’abri de rien, ni ce qu'il s'acquiert. Il sera bientôt jeté dans un Feu plein de flammes, de même sa femme, porteuse de bois, À son cou, une corde de fibres » (S. 111, 2-5). Qu'a donc fait cette femme de la haute société, l'épouse du chef de la Mecque, pour que le Coran souhaite la voir finir en esclave la corde au cou ? Mais, pas davantage que son époux, elle ne verra la réalisation de la malédiction coranique. Le Seigneur de Mohamed ne donne jamais aucun signe. Ses prétentions à la Toute-puissance restent de simples affirmations verbales.

Théoriquement banni, Mohamed va lutter deux ans pour rester à la Mecque.
Il parvient à se maintenir dans la ville grâce à une alliance précaire, un « djiwār ». Un « djiwār » est une « entrée en voisinage ». Elle est habituellement offerte à un étranger de passage pour lui garantir la sécurité et le droit de séjour au sein de la tribu*. La biographie du Prophète, dans le Ta'rīkh al-rusul  wa-l-mulūl de Tabarī, explique que ce contrat qui l'associe avec un statut d'étranger à une famille de la Mecque, lui a été proposé par al-Mut'im fils de 'Adī, un chef du clan des Nawfal*.

Contrairement à ce que raconte la Tradition, Mohamed n'est donc pas parti de son plein gré de la Mecque pour aller, triomphant, à la rencontre des Médinois qui lui auraient demandé d’arbitrer leurs différends. Il s'est au contraire efforcé de rester à la Mecque par tous les moyens possibles, quitte à accepter le statut de simple invité-étranger dans sa ville de naissance.

* : Le Seigneur des tribus, l'islam de Mohamed, Jacqueline Chabbi, p.67, CNRS éditions. 1997.
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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 16 EmptySam 07 Déc 2013, 10:45

Début du chapitre : 12 . MOHAMED À MÉDINE. De 622 à 632.

RAPPEL DU SOMMAIRE.
1. LA CRÉATION. De 13 milliards d'années à – 3000.
2 . ABRAHAM ET LES PATRIARCHES. De -3000 à -1700.
3 . L'EXODE ET L'INSTALLATION DES HÉBREUX EN CANAAN. De – 1700 à 1025.
4 . LES DEUX ROYAUMES HÉBRAÏQUES : DAVID, SALOMON, LA REINE DE SABA... De -1025 à -727.
5 . LA CROYANCE EN UN DIEU DES COMBATS : LE DERNIER ROYAUME HÉBRAÏQUE DE JUDA MET LA BIBLE PAR ÉCRIT. De 727 à – 7.
6 . LA NAISSANCE DE JÉSUS-CHRIST : HUMANITÉ, DIVINITÉ. De -7 à 30.
7 . LE CHRIST ET LA LOI : IL LA MAINTIENT POUR LES JUIFS, L'ACCOMPLIT ET LA TRANSGRESSE AVEC SES DISCIPLES. De l'an 31 à 33.
8 . LE CHRIST INSTAURE LA NOUVELLE ALLIANCE POUR L'HUMANITÉ. Avril 33.
9 . LES DÉBUTS DE L'ÈRE CHRÉTIENNE. De l'an 33 à 130.
10 . LES RELIGIONS PRÉ-ISLAMIQUES. De 130 à 610.
11 . MOHAMED À LA MECQUE. De 610 à 622.


12 . MOHAMED À MÉDINE. De 622 à 632.

13 . DEUX CIVILISATIONS S’AFFRONTENT. De 632 à 1099.
14 . DEUX VISIONS DE LA SCIENCE.  De 1099 à 1798.
15 . LA DÉMOCRATIE : JUSTICE... ÉGALITÉ ET LIBERTÉ ? De 1798 à nos jours.
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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 16 EmptySam 07 Déc 2013, 10:59

12. 1. LE 16 JUILLET 622 : LE BANNISSEMENT DE LA MECQUE : L’HÉGIRE.

« Il cherchent à te faire fuir de la terre dont tu es ! » (S. 17, 76), dit le Coran à la fin de la période mecquoise. Abū Lahab obtient finalement gain de cause : le 16 juillet 622, Mohamed est chassé de la Mecque. Selon la Tradition, il part avec quelques compagnons - mais le Coran n'en signale qu'un seul (S. 9, 40) - et il va se réfugier à Yathrib, la ville dont était originaire sa mère. En homme des tribus, Mohamed n'envisage manifestement pas de vivre en dehors du cadre et de la protection tribale : la Mecque, la ville de son père, lui est fermée, il se réfugie dans la tribu de sa mère, à Yathrib, à plus de 400 km au Nord de la Mecque. L'orphelin Mohamed semble être resté attaché - (plus que de raisonnable ?) - à ces deux symboles parentaux. La Tradition racontera ses expéditions militaires et politiques lancées vers toute la péninsule arabique et jusqu'au Yémen. Mais le Coran – reflet de l'inconscient de Mohamed (?) - n'en parle jamais. Désormais, toute sa vie intérieure semble concentrée sur ces deux villes. Prescription divine pour les musulmans, ou obligation intime pour d'autres, il semble incapable de chercher une activité qui le conduise ailleurs, aussi bien géographiquement que psychologiquement. En particulier il ne sera jamais question qu'il s'investisse dans le commerce caravanier comme il aurait été logique dans une ville comme Yathrib. En effet, Yathrib n'est pas un « haram », un lieu de culte bétylique comme la Mecque. Yathrib est une étape caravanière, une riche ville marchande qui est connue depuis plus de 1000 ans par les archives antiques comme le relais vers toutes les grandes villes du Moyen-Orient. Par la suite, elle sera surnommée « Médine », « la Ville », par Mohamed et changera de nom, mais pour l'instant elle se nomme Yathrib. C'est l'Hégire, le début de l'ère musulmane, mais ce n'est que plusieurs années après qu'il sera décidé de commencer le décompte du calendrier musulman à cette date.
Dans les sourates contemporaines à l'arrivée de Mohamed à Yathrib, le Coran ne fait aucune allusion à la fuite de Mohamed de la Mecque. Ce n'est que très tardivement, après 630 - quand sa position politique sera davantage assurée - qu'il l'évoquera succinctement dans la Sourate 9 (la 113e révélée) : « Allah l'a assisté lorsque les Négateurs l'ont banni, lui et un deuxième [homme de la tribu] : lorsqu'ils étaient tous les deux dans la caverne, il a dit à son compagnon : ne t'attriste point ! Allah est avec nous. Plus tard, Allah a fait descendre sur lui sa quiétude et il lui a prêté appui avec des milices que vous ne vîtes pas ; c'est ainsi que la parole des Négateurs a été la plus faible et que la parole d'Allah a été la plus forte. » (S. 9, 40 ; trad. J. Chabbi*). La Tradition nous apprendra que ce compagnon d'exil est Abū Bakr, son ami, le père d'Aïcha.
Une fois la victoire militaire acquise à la Mecque, après 630, Mohamed peut réécrire le passé. Il affirme que la grâce d’Allah ne lui a pas fait défaut - la sérénité divine est venue sur lui - alors seulement la fuite de la Mecque est évoquée dans le Coran. Mais, à Yathrib, Mohamed ne recommence pas les mêmes erreurs qu'à la Mecque, il ne promet ni signes, ni miracles. Les anges qui lui apportent la sérénité restent invisibles. Pas davantage les légions célestes qui viendront soutenir ses engagements militaires à venir, ne seront destinées à être remarquées.

La Tradition musulmane va offrir une reconstitution de cette fuite qui est pleine d'enseignements sur le phénomène de sacralisation dont a fait l'objet Mohamed dans l'islam.

Au VIIIe siècle, la Sīra, la biographie de Mohamed écrite 150 ans après sa mort, parle la première de la « sortie » de Mohamed de la Mecque. Elle le fait dans des termes qui confirment qu'il a été poursuivi. Afin de tromper ses poursuivants, une araignée tisse sa toile à l'entrée de la caverne où Mohamed a trouvé refuge avec Abū Bakr. Le miracle de l'araignée appartient à la reconstruction mythologique, puisque le Coran n'y fait aucune allusion. Ce miracle imaginaire prouve, en fait, l'obligation où se trouvait Mohamed de se dissimuler aux yeux des siens. Au VIIIe siècle, la Tradition musulmane, dans la Sīra, raconte donc encore que Mohamed a dû fuir pour échapper aux Quraysh vindicatifs.
Puis, la Tradition musulmane du siècle suivant, au IXe siècle, transformera cette fuite d'homme traqué en marche triomphale vers Médine. Après coup, au fil des siècles, la fuite humiliante de son Prophète a semblé invraisemblable aux musulmans. La Tradition racontera que Mohamed a été sollicité pour servir d'arbitre entre des tribus rivales de Yathrib et qu'il y a été attendu comme un sauveur.
La réalité du texte coranique est différente : Mohamed a été chassé de la Mecque... après s'y être désespérément accroché. Le Coran emploie le mot « ikhrādj » pour parler du départ de Mohamed (S. 60, 9 ; S. 47, 13 ; S. 22, 40 ; S. 3, 195 ; S. 3, 185 ; S. 57, 13). Ce mot est employé pour évoquer l'action de débusquer un animal à la chasse. Mohamed a donc été débusqué de la Mecque, après en avoir été banni et s'y être désespérément accroché au prix d'un statut d'étranger-invité, un « djiwār »*.

L'arrivée à Yathrib n'a pas été triomphale et Mohamed mettra des années pour la dominer. Malgré les reconstructions tardives de la Tradition musulmane, Mohamed devra se soumettre jusqu’à la fin de sa vie aux pratiques tribales et rendre hommage aux chefs tribaux qui l'ont accueilli comme un réfugié. Deux anecdotes sont racontées dans le Coran qui confirment ce statut d'infériorité et de précarité.
La première se trouve sourate 63, la 104e récitée. « Mais les hypocrites ne comprennent pas. Ils disent : « Bien sûr que si nous rentrons à Médine, le plus puissant très certainement en fera sortir le plus humble » » (S. 63, 7-8). Que s'est-il donc passé ? La Tradition musulmane l'explique. L’anecdote se situe aux alentours de 627. Lors d'un retour vers Yathrib, des hommes appartenant à Mohamed, quoiqu'arrivés les premiers à un point d'eau, ont dû laisser la place aux hommes d'Ibn Ubbayy, qui avaient réclamé la priorité au nom du statut tribal dominant de leur maître. La menace reprise dans le Coran est très précise, si, au retour à Médine, Ibn Ubbayy avait appris par ses hommes que les hommes de Mohamed avaient refusé l'ordre de préséance : « le plus puissant très certainement en [aurait fait sortir] le plus humble ». Mohamed aurait donc été chassé de Yathrib pour non respect des usages tribaux. La fin du verset est une tentative offerte par Sa Divinité pour restaurer la suprématie qui lui est refusée dans la réalité : « Alors qu'à Dieu la puissance, et à Son messager et aux croyants ! Mais les hypocrites ne savent pas ! » (S. 63, fin du verset 8)**.
La seconde anecdote est racontée sourate 9, récitée à la 113e position, donc à l'extrême fin de la vie de Mohamed. Elle évoque la mort et l'enterrement d'un puissant chef de Yathrib, mort en païen, le fils du fameux Ubayy. Le fils d' Ubayy s'est toujours opposé à Mohamed et a refusé d'entrer dans son alliance. Néanmoins Mohamed est obligé de se rendre sur sa tombe pour lui rendre l'hommage tribal et y sacrifier. Le Coran est témoin de la frustration de Mohamed – presque de sa colère - mais aussi de l'obligation où il est de se soumettre aux allégeances tribales : « Dorénavant tu n’auras plus à aller prier [ou sacrifier], lorsque l’un d’entre aux mourra (lā tusalli ‘alā hadin minhum m māta abadan) ; tu n’auras plus à te tenir sur son tombeau [pour lui rendre hommage] ( wa-lā taqum ‘alā qabri-hi). Ils ont été impies envers Dieu et son Messager (innahum kafarū bi-llāb wa-rasūli-hi). [Ils sont morts] en pervers [va-hum fāsiqūn]. » (S. 9, 84 ; trad J. Chabbi).
La promesse du Coran concerne l'avenir, mais confirme bien que, dans le présent et jusqu'à la fin de sa vie, Mohamed a dû se soumettre à la hiérarchie tribale de Yathrib/Médine dont il n'était pas le membre dominant.

* : Le Seigneur des tribus, l'islam de Mohamed, p. 262 Jacqueline Chabbi, CNRS éditions. 1997.
** : Le Coran décrypté : figures bibliques en Arabie, p. 118-119., Jacqueline Chabbi, Fayard. 2008.
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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 16 EmptyDim 08 Déc 2013, 08:56

12. 2. JANVIER 623, LE RAID DE NAKHLA : PREMIÈRES CONVERSIONS.

Mohamed n'a aucune activité professionnelle. À la Mecque, déjà, le Coran qui n'est pas avare en détails sur ces relations humaines, ne fait jamais la moindre allusion à un quelconque travail. Au mieux le voit-on se promener dans les souks (S. 25, 7). L'époque du commerce caravanier de sa jeunesse parait déjà loin, son mariage aisé avec Khadīdja semble lui avoir épargné tout dur labeur. De quoi vivait-il à Yathrib ? De l'argent emporté avec lui, ou de celui des rares compagnons qui l'ont suivi ? Il va devoir rapidement trouver des subsides.
En janvier 623, Mohamed envoie 30 fidèles, dirigés par son oncle Hamza, pour razzier les caravanes mecquoises. L'attaque a lieu à Nakhla, un terme qui signifie « bosquet de palmiers », sur la route entre la Mecque et la ville voisine d'at-Tā'if*. Désir de vengeance renforcé par la nécessité matérielle, c'est bien vers la Mecque, la cité de son père, que Mohamed dirige ses hommes... à plus de 400 km. La Tradition raconte que les hommes de Mohamed se sont rasés le crâne pour faire croire qu'ils revenaient du petit pèlerinage à la Kaaba, en ce mois saint de radjab où s'accomplit l''umra. Ils s'embusquent donc près du point d'eau de Nakhla*. Une caravane appartenant aux Quraysh est trompée par leur apparence pieuse et tombe dans le piège. Elle est pillée, les hommes de Mohamed tuent un homme et font cinq prisonniers. Ils rapportent un important butin qui permet aux exilés de survivre. Mais l’attaque a eu lieu au cours du mois sacré de radjab, pendant lequel le meurtre est interdit, selon la foi païenne des tribus de Yathrib et de la Mecque. À Yathrib, le scandale touche Mohamed. Il est responsable de ses hommes et la transgression de l'interdit païen lui est imputée. Il n'a aucun privilège particulier : son statut est celui d'un réfugié - on l'a vu - et sa révélation spirituelle ne l'affranchit pas des coutumes tribales. Les mois sacrés des païens le sont aussi pour lui. Un verset coranique vient rapidement justifier le sacrilège, tout en confirmant la légitimité de ce tabou païen. « Combattre en ce mois est un péché grave ; mais écarter les hommes du chemin de Dieu, être impie envers Lui et la Mosquée sacrée, en chasser ses habitants (Mohamed de la Mecque), tout cela est plus grave encore devant Dieu. » (S. 2, 217). Voilà le mois de radjab devenu sacré pour Mohamed, il le restera jusqu'à nos jours dans l'islam.
Vis à vis de la Mecque, sa stratégie a donc changé. Mohamed ne peut plus la convaincre en récitant le Coran et il n'essayera plus.
Il lance contre elle des raids surprises. Quel est donc leur objectif ? La Tradition raconte que Mohamed poursuit un but spirituel, mais ce n'est pas certain. Son objectif  semble bien plus politique que religieux. Mohamed marque son territoire. La religion n'a pas le même sens pour Mohamed que pour les penseurs de la dynastie abbasside qui ont façonné l'islam que nous connaissons. Pour Mohamed, la conversion signifiait entrer dans une alliance avec Dieu, qui donne des biens matériels en échange de la soumission. Ce contrat permet de s'approprier légitimement les biens des vaincus : « Alors, aux messagers, leur Seigneur révéla : « Très certainement, Nous allons détruire les prévaricateurs et vous installer sur terre après eux. Voilà pour qui craint Ma présence et craint Ma menace ! » »  (S. 14, 13). Il n'y a pas forcement de contenu transcendant ou mystique, à l'entrée dans l'alliance proposée par Mohamed : il s'agit plutôt d'alliance militaire afin d'attaquer ceux qui n'en font pas partie, pour les chasser de chez eux, et se partager le butin.

Cette nouvelle stratégie semble plus efficace pour convaincre des adeptes que la récitation du Coran, telle qu'elle était pratiquée à la Mecque. En effet, dans les mois qui suivent son arrivée à Médine, Mohamed intègre quelques fidèles dans son alliance. La sourate 2, récitée à son arrivée à Yathrib, en conserve la mémoire. On y trouve la trace des premiers convertis, mais aussi celle de leur hésitation : « Parmi les gens, il y a ceux qui disent, nous croyons en Dieu et au jour dernier ! » Tandis qu'ils ne sont pas croyants. » (S. 2,8-9). Quand Mohamed les appelle à la discipline, ils font une réponse étrange : ils souhaitent réformer la révélation de Mohamed : « Et quand on leur dit, ne commettez pas le désordre sur terre. Ils disent « Nous ne sommes que des réformateurs ». (S. 2, 11). Exhortés à croire comme tout le monde, « comme les gens ont cru » (S. 2, 13), ils rétorquent qu'ils veulent corriger dans la révélation ce qui ne peut plaire qu'aux sots : « Croirons-nous comme ont cru les sots ? » (S. 2, 13). Mohamed retourne l'insulte : « C'est eux n'est ce pas qui sont les sots, mais ils ne le savent pas » (S. 2, 13) ; puis il les met au défi de produire une révélation identique (S. 2, 23), il les menace de damnation (S. 2, 24) et il promet le paradis aux soumis (S. 2, 25). À Yathrib, la rhétorique coranique est maintenant bien en place : renvoi d'insultes, défis, menaces de damnation, appel à la soumission et promesse du paradis. Mais cela ne va pas suffire pour convaincre les habitants de Yathrib.
En effet, certains de ces tous nouveaux convertis semblent bien peu sûrs de leur choix. Séduits par les juifs, ils semblent prêts à abandonner l'alliance de Mohamed pour adhérer au judaïsme : « Nombre de gens du Livre aimeraient pouvoir vous rendre mécréants, après que vous avez cru. » (S. 2, 109).

Trois tribus juives vivent à Médine. Le désir de Mohamed de convaincre de son inspiration divine va maintenant s'orienter vers elles.
Voilà venu le moment pour Mohamed de rencontrer d'authentiques juifs et de se confronter à leur solidité doctrinale.

* : Le Seigneur des tribus, l'islam de Mohamed, Jacqueline Chabbi, p. 352, CNRS éditions. 1997.
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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 16 EmptyLun 09 Déc 2013, 12:35

12. 3. ET MOHAMED RENCONTRE LES JUIFS DE YATHRIB.
La sourate 2 raconte l'arrivée de Mohamed à Yathrib. Tout de suite, Mohamed s'étonne que les juifs ne le reconnaissent pas. « Si [Mohamed] dit [aux juifs médinois] : « Soyez fidèles à ce qu’Allah a fait descendre [sur Mohamed] », ils répondent : « Nous sommes fidèles à ce qui a été descendu sur nous. » Ils récusent ce qui est venu après, alors que c’est la vérité qui vient confirmer ce qu’ils ont [reçu] antérieurement ! Dis-leur : « Pourquoi avez-vous mis à mort les prophètes d’Allah auparavant si vous êtes fidèles ? » » (S. 2, 91 ; trad. J. Chabbi)*.
À la Mecque, Mohamed avait désigné les juifs comme sa référence. À Médine, les juifs ne le reconnaissent pas comme prophète. Selon le Coran, les juifs deviennent alors tueurs de prophètes. Quels prophètes auraient-ils exécutés ? Ce n'est pas précisé. S'il s'agit du martyr du Christ, le Coran est à nouveau en contradiction avec lui-même, puisque le Coran dit par ailleurs que les juifs ne l'ont pas tué (S. 4, 158).
Les tribus juives de Médine, structurées et pieuses, comprennent tout de suite que les deux révélations sont différentes. « Les savants des Enfants d'Israël » (S. 26, 197), dont Mohamed avait espéré l’approbation à la Mecque, ne le reconnaissent pas !
Les contradictions entre les deux révélations sont trop importantes pour que les juifs soient dupes. Mohamed affirme que Yahvé et Allah sont le même Dieu : « Ne disputez que de la plus belle façon avec les gens du Livre (les juifs)... Et dites : Nous croyons en ce qu'on a fait descendre vers nous et descendre vers vous, tandis que notre Dieu et votre Dieu est le même, et c'est à Lui que nous nous soumettons. » (S. 29, 46). Or le Dieu annoncé par le Coran est tout à fait différent de Celui des juifs. Des versets récités à l'arrivée à Médine en sont l'illustration frappante.

Le rapport à la liberté humaine est radicalement différent dans le judaïsme et dans l'islam.

Dès l'arrivée à Yathrib, Mohamed va longuement discourir sur Adam et expliquer la Chute dans une perspective nouvelle, radicalement en contradiction avec le récit de la Genèse. Selon la Genèse, les hommes sont libres et responsables de la terre, mais le Coran va nier qu'Adam soit libre,
À l'origine, l'histoire de la Chute est un mythe sumérien apparu au IIIe millénaire avant JC qui se déroule dans un jardin avec des fruits défendus, dégustés par le dieu Enki et son épouse qui sont renvoyés du jardin et condamnés à la vie mortelle. Ce n'est qu'au VIe siècle avant JC, que ce mythe sumérien est introduit dans la Genèse par les hébreux, lors de leur déportation à Babylone et réinterprété dans la perspective hébraïque. En effet, quoique d'origine mythologique, l'histoire de l'Adam et de l'Ève biblique contient de précieux enseignements spirituels. Dans la Genèse, la Bible affirme qu'Adam est créé responsable de la terre : « dominez la terre et soumettez-la » (Gn 1, 28) et libre de choisir le nom des animaux : « Il les amena à l’homme pour voir comment celui-ci les appellerait : chacun devait porter le nom que l’homme lui aurait donné. » (Genèse 2, 19). Bien plus tard, le Christ confirmera, dans le Notre Père, que la volonté de Dieu s'exprime en priorité au ciel, la terre restant le lieu du libre-arbitre des hommes, qui doivent prier pour que la volonté du Père s'y exprime : « Que Ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel, » dit le Christ en enseignant le « Notre Père » aux hommes (Mt 6, 9-13). Dans la théologie biblique, les hommes exercent donc leur libre arbitre et sont responsables de la terre.
Dans la récitation de Mohamed, Allah prive l'homme de toute liberté.
C'est Lui qui apprend le nom des êtres vivants à Adam qui ne connaît que ce qu'Allah lui révèle. « Et Allah apprit à Adam les noms, tous. » (S. 2, 31).  

L'aptitude à une connaissance autonome. Entre maladresse rédactionnelle et incohérence nécessaire, le Coran raconte la Chute d'une façon que ne peuvent admettre les juifs.
Dans la Genèse, le diable trompe Ève en lui promettant la connaissance si elle pèche. C'est donc le désir de connaissance qui la pousse à manger « le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal » (Genèse 3, 5).
Dans le Coran - comme dans la Bible et dans le mythe d'Enki - Adam vit au paradis : « Nous dîmes : « O Adam, habite le Paradis, toi et ton épouse, et rassasiez-vous-en de partout à votre guise » (S. 2, 35) et Sourate 7 (20). Nous avons vu qu'Allah est le maître du savoir, Adam ne sait donc que ce qu'Allah lui a appris. Dans le Coran, le diable pourrait donc tenter Adam en lui proposant d'acquérir une connaissance autonome. Cela serait logique. Mais cela aurait rendu les hommes maîtres de leur savoir sur terre, ce que le Coran récuse. Alors Satan tente Adam en lui proposant d'acquérir la vie éternelle au paradis, alors qu'il y vit déjà pour l'éternité ! C'est une faille du scénario coranique mais elle est rendue nécessaire par la nécessité de confirmer la Toute puissance d'Allah sur terre : l'homme doit rester l'esclave soumis et dépendant d'Allah, même après la Chute : « – Puis le Diable le tenta en disant : « O Adam, t’indiquerai-je l’arbre d’éternité, et un royaume qui ne vieillit pas ? » » (S. 20, 120). Dans le Coran, Adam est donc tenté par quelque chose qu'il a déjà : la vie éternelle au paradis !
Selon le Coran, l’homme est un esclave irresponsable, juste soucieux de vivre éternellement et de manger à satiété, là, où, dans la Bible, le couple est créé ensemble, responsable de la terre, assoiffé de connaissances autonomes et libre au point de pouvoir choisir de pécher ou de se bien conduire.
Comment s'étonner que les Juifs n'aient pas reconnu Yahvé en Allah !

Mais ce n'est pas tout. Mohamed est face à un problème majeur : il s'est trompé sur l'orientation des juifs en prière*.
Jusqu'en l'an 70, les juifs priaient uniquement au Temple de Jérusalem, et après la destruction du Temple par les romains, ils ont prié orientés vers Jérusalem. Il n'y a aucune raison de penser que les juifs de Médine n'aient pas prié vers Jérusalem puisque tous les juifs prient ainsi. Or, Mohamed, en arrivant à Médine, croit prier dans la même direction que les juifs, et il découvre avec surprise que ce n'est pas le cas. Malgré les affirmations contemporaines qui prétendent que Mohamed priait vers Jérusalem avant l'Hégire, un verset du Coran prouve que c'est faux. Mohamed priait vers ce qu'il croyait être la direction de la prière juive, mais il recouvre avec surprise que les juifs de Médine ne prient pas dans la même direction que lui. « Les sottes gens vont bientôt dire : « Qui les a détournés de l'orientation à quoi auparavant ils se tenaient ? » » (S. 2, 142). Pour Mohamed, il est naturellement inconcevable d'imaginer que ce soit lui qui fasse erreur, c'est donc forcement les juifs qui ce sont « détournés de l'orientation à quoi auparavant ils se tenaient ». Mais quelle était donc cette direction supposée de la prière juive ? Dans quelle direction priait donc Mohamed en arrivant à Médine ? J. Chabbi, dans Le Coran décrypté pose l'hypothèse que Mohamed priait tourné vers le mont Sinaï, lieu de la rencontre de Moïse avec Dieu, le « lieu béni » de prosternation (S. 28, 30 ; S. 28, 44-46 ; S. 79, 16)*. C'est la Tradition qui racontera qu'il priait vers Jérusalem, mais le Coran dit autre chose : Mohamed - ou le Coran - s'est trompé sur l'orientation des juifs en prière !
Mis en face d'une incohérence de sa révélation, Mohamed est perdu. La sourate 2 en garde la trace : « Oui, nous te voyions le visage tourné vers le ciel. » (S. 2, 144). Le Coran propose rapidement la solution : « Nous te tournerons certainement vers une orientation qui te complaira. Tourne ton visage, donc, vers la sainte Mosquée (La Kaaba). » (S. 2, 144). L'erreur théologique de la Mecque demande à être expliquée : elle devient un test pour vérifier la foi des croyants : «... Et Nous avons fait l'orientation à quoi tu te tenais que pour savoir qui suit le Messager et qui tourne les talons. Est-ce si exorbitant ? Pas pour ceux que Dieu guide. » (S. 2, 143). Voilà un mécanisme de foi qui aura des répercutions immenses dans la civilisation musulmane. Les incohérences de la Révélation coranique, Révélation supposée par ailleurs sans erreur, sont là pour tester la soumission et la foi du croyant ! L'islam vient de se séparer de la sagesse d'Aristote et de la recherche de la vérité par la raison pure.
Les juifs ne sont naturellement pas convaincus : « Viendrais-tu avec n’importe quel signe vers ceux à qui le Livre a été donné, ils ne suivraient pas ton orientation ! » (S. 2, 145). Ils essaient même de le convertir : « Les Juifs ne seront jamais contents de toi, les Nazaréens non plus, jusqu'à ce que tu suives leur religion. - Dis : « La guidée de Dieu, oui voilà la guidée ». » (S. 2, 120).

Certains versets font même penser que Mohamed aurait essayé d'acheter une Bible aux juifs qui auraient biaisé en lui en demandant un prix exorbitant : « Oui, ceux qui cachent ce que Dieu a fait descendre du fait du Livre et le vendent à vil prix, ceux-là ne s'emplissent le ventre que de Feu. » (S. 2, 174) et sourate 2 (79). Les juifs semblent ne pas vouloir donner à Mohamed les moyens de mettre sa révélation en cohérence avec la leur : « Et quand [les juifs] rencontrent les croyants, ils disent : « Nous croyons » ; et une fois seuls entre eux ils disent : « Allez-vous leur raconter ce que Dieu vous a découvert ? Et qu'ils s'en fassent un argument contre vous devant votre Seigneur ! » (S. 2, 76).
Finalement, les juifs se moquent de Mohamed. Ils le mettent au défi de donner un signe, comme Élie en avait obtenu un de Dieu (1 Roi 18, 19-39)*. Le sacrifice d’Élie avait été consommé par le feu du ciel, là ou celui des prêtres païens avaient été refusé : « [les juifs], ceux-là mêmes qui ont dit : « vraiment Dieu nous a enjoints de ne pas croire en un messager tant qu'il ne nous a pas apporté une offrande que le feu consume » (S. 3, 183)*. Pour les juifs, Mohamed ne serait-il donc qu'un païen ?

La confrontation théologique avec les juifs n'a pas tourné à l'avantage de Mohamed.

*: Le Coran décrypté : figures bibliques en Arabie, Jacqueline Chabbi, p. 309-312, p. 352, Fayard. 2008.
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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 16 EmptyMar 10 Déc 2013, 11:09

12. 4. LA BATAILLE DE BADR EN 623 ET SES CONSÉQUENCES THÉOLOGIQUES.

Le raid de Nakhla a placé Mohamed en position délicate face aux arabes de Yathrib. Il a transgressé un tabou en envoyant les siens tuer un homme pendant le mois de radjab. La récitation du verset providentiel (S. 2, 217) a pu rassurer ses compagnons, ses premiers fidèles, mais on voit mal pourquoi il aurait apaisé les habitants de Yathrib qui sont toujours païens. La victoire de Badr va mettre tout le monde d'accord.
Mohamed repart en raid contre les Quraysh de la Mecque. Il semble incapable de se détacher de sa ville d'origine. Malgré la distance entre la Mecque et Yathrib (430 km) et le peu d'enthousiasme des siens, il quitte Yathrib pour aller au devant des Quraysh : « Ton Seigneur t'a fait sortir de ta maison, malgré la répulsion qu'une partie des croyants ressentait. » (S. 8, 5 ). Ce sera la célèbre bataille de Badr qui n'a sans doute engagé qu'une à deux centaines d'hommes.
Mohamed est en embuscade.
Une caravane est repérée à proximité de la Mecque. Mohamed évalue mal les forces adverses : il pense que les défenseurs de la caravane sont peu nombreux, erreur qui aurait pu être catastrophique. On en prend connaissance par la justification du Coran : « Quand, en songe, Dieu te les avait montrés peu nombreux ! Car s'Il te les avait montrés nombreux, vous auriez certainement fléchi, et vous sous seriez certainement disputé dans l'affaire. Mais Dieu a sauvé. » (S. 8, 43).
Les affidés de Mohamed sont refoulées et songent à se débander avant un revirement inattendu : « Quand deux de vos troupes songèrent à fléchir ! Alors que Dieu est leur chef, car c'est à Dieu que les croyants doivent se fier. Dieu vous a donné la victoire, à Badr, alors que vous étiez humbles... Lorsque tu disais aux croyants : « N'est-il pas suffisant pour que votre Seigneur vous fasse descendre trois milliers d'anges ? » (S. 3, 122-124).
La caravane mecquoise s'est scindée en deux ; une partie, chargée de biens, s'est sauvée vers la Mecque tandis que l'autre, armée, a protégé sa fuite de l'attaque de Mohamed : « Quand Dieu vous promettait l'une des deux bandes – que celle-ci certainement serait à vous,- vous auriez aimé que fût à vous l'autre plutôt que celle qui était hérissée d'épines ! » (S. 8, 7). Mohamed concentre ses troupes sur l'escorte armée au lieu de songer trop rapidement au pillage.

Les habitants de la Mecque sortent de la ville au secours de la caravane. Selon le Coran, ils ont été trompés par le Diable qui leur a assuré qu'ils allaient triompher. Dans les évangiles, Satan s'attaque aux croyants (Luc 22, 31) pour les conduite à pécher ; dans le Coran, Satan s'attaque aux incroyants pour les conduire à la soumission. Le Diable coranique apparaît donc comme un utile auxiliaire d'Allah, ce que compte tenu de ce que nous savons de la place d'Allah en enfer ne peut plus nous surprendre : « Ne soyez pas comme ceux-là qui sortirent de leurs demeures avec jactance et ostentation devant les gens, et qui empêchaient du sentier de Dieu... Quand le Diable leur eut enjolivé leurs œuvres et dit : « Personne au monde ne peut vous dominer aujourd’hui. Et vraiment je suis pour vous un protecteur ! » Puis, lorsque les deux groupes furent en vue l'un de l’autre, il tourna les deux talons et dit : « Oui, je vous désavoue ! Oui, je vois ce que vous ne voyez pas ; je crains Dieu, moi ! » Or Dieu est fort en poursuite. » (S. 8, 47-48 ).
Mohamed triomphe, la caravane est à lui avec toutes ses richesses, et le Coran rend grâce à Allah pour cette victoire qui est attribuée à la divinité : « Car il n'y a de victoire que de Dieu, puissant et sage ; afin de tailler en pièces partie de ceux qui ont mécru et de les culbuter et qu'ils s'en retournent perdants. Tu n'es pour rien dans cette affaire, - soit qu'Il accepte leur repentance, soit qu'Il les châtie. » (S. 3, 127-128). La victoire provient d'Allah et ce verset vient défausser Mohamed de toute responsabilité : il n'est « pour rien dans cette affaire ».

Suite à la bataille de Badr, toute une théologie du combat au nom d'Allah va se développer :
- Allah donne la victoire militaire (S. 3. 123 et S. 110, 1-2) : Il permet qu'un petit nombre domine une multitude. C'est un signe et non un miracle car rien de surnaturel n'est visible : « O Prophète, encourage les croyants au combat. S'il y en a vingt d'entre vous à être constants, ils domineront deux cents ; et s'il y en a cent d'entre vous, ils domineront mille de ceux qui mécroient. » (S. 8, 65). Le soutien d'Allah est formalisé par l'envoi d'une armée d'anges qui reste évidemment invisible (S 3, 124-125 et S. 8, 9-10).
- Mohamed est libéré de toute responsabilité en cas d'erreur ou d'échec (S. 3, 128 ). Est-ce là sa dernière justification de la transgression de Nakhla ? Allah est le seul responsable de la mort des victimes de Mohamed ou de celles de ses troupes : « Quant à ceux qui mécroient, Je vais jeter l'effroi dans leurs cœurs : frappez donc au-dessus des cous et frappez-les aux jointures ! Car vraiment, ils ont fait schisme d'avec Dieu et son messager. » Et quiconque fait schisme d'avec Dieu et Son messager... alors Dieu est fort en poursuite... Et quiconque, ce jour-là, leur tournera le derrière, ...alors il s'acquerra de Dieu une colère, et son refuge sera la Géhenne. Ce n'est point vous qui les avez tué : mais c'est Dieu qui les a tué. Et lorsque tu tirais, ce n'est pas toi qui tirais : mais c'est Dieu qui tira. » ( S. 8, 12-17). Voilà les troupes de Mohamed autorisées à tuer sans culpabilité particulière quand ils combattent « sur le sentier de Dieu », Allah assume leurs exactions. Par ailleurs, on peut remarquer qu'assez curieusement Allah parle de Lui-même en hésitant entre la première et la troisième personne du singulier...
- Les hommes morts au combat pour Allah, particulièrement les quelques Quraysh qui ont suivi Mohamed en exil, voient leur place au paradis garantie : « Ceux qui se sont expatriés, qui ont été expulsés de leurs demeures, qui ont été persécutés dans Mon sentier, qui ont combattu, qui ont été tués, très certainement Je tiendrai pour expiées leurs malfaisances, et les ferai très certainement entrer dans les Jardins sous quoi coulent les ruisseaux en récompense de la part de Dieu » (S. 3, 195). Il est amusant de remarquer qu'Allah dans ce verset passe encore dans la même phrase de la première personne du singulier à la troisième personne du singulier... Mais qui s’exprime donc dans le texte coranique ?
- Le pillage devient interdit pendant la bataille. On sent Allah - ou Mohamed - soucieux d'obtenir un minimum de discipline des troupes bédouines : « Il n'est pas d'un prophète de faire des prisonniers avant d'avoir prévalu sur le terrain. Vous voulez les biens d'ici-bas, tandis que Dieu veut l'au-delà. Ce n'est qu'une prescription par laquelle Dieu a pris les devant, un énorme châtiment vous aurait touchés pour ce que vous avez pris. » (S. 8, 67)
- Une fois la victoire acquise, tirer rançon des prisonniers est autorisé et même conseillé plutôt que de les exécuter. La Tradition musulmane verra dans ce verset la preuve de la grande mansuétude de son Prophète : « O Prophète, dis à ceux des captifs qui sont en vos mains : « Si Dieu sait un bien dans vos cœurs, Il vous donnera mieux que ce qui vous a été pris, et vous pardonnera. » (S. 8, 70).
- On attend des vaincus qu'ils se convertissent : « Combattez-les jusqu'à ce que ne subsiste plus de tentation et que la religion soit toute à Dieu. » (S. 8, 39). On voit que, dès 623, ce sont des armes que Mohamed attend la soumission spirituelle à Allah. Allah, Dieu des combats, exige la guerre sainte. Cela semble être devenu Son seul argument pour convaincre.
- Le partage du butin voit les pourcentages de répartition fluctuer : « Ils t'interrogent au sujet des dépouilles. Dis : « les dépouilles sont à Dieu et à Son messager. » Craignez Dieu, donc, et réformez vos rapports mutuels, et obéissez à son messager si vous êtes croyants. » (S. 8, 1). Dans ce verset récité au moment de la bataille de Badr, on perçoit que Mohamed était financièrement aux abois puisque c'est l'intégralité du butin qu'il revendique. Ultérieurement sa part deviendra plus raisonnable, 20%, avec l'obligation de pratiquer la charité sur ce pourcentage : « Sachez qu'en vérité, de toute chose que vous capturez en butin le cinquième appartient à Dieu et à Son messager, et au proche parent et aux orphelins, et au pauvres, et à l'enfant de la route » (S. 8, 41). Allah est censé ne jamais changer d'avis et le Coran est réputé exister depuis toujours auprès de Dieu. Il semble  néanmoins que les consignes coraniques évoluent en fonction des besoins de Mohamed.

Le discours eschatologique des débuts de la Révélation de la Mecque, s'éloigne. À Yathrib, la révélation coranique s'adapte au quotidien de Mohamed.
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Le chant du cygne

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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 16 EmptyMar 10 Déc 2013, 13:01

Si on parle d’Histoire du monothéisme, c’est 2700 ans fourchette haute.
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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 16 EmptyMer 11 Déc 2013, 12:55

12. 5. DÈS 623, COMMENCE L'ÉLIMINATION DES OPPOSANTS.

La bataille de Badr a renforcé la position de Mohamed à Yathrib. Il est maintenant aisé et dirige des troupes qui ont acquis l'expérience de l'engagement militaire. Il commence à être craint. Ses discutions avec les juifs de Yathrib ont tourné au fiasco mais il a enfin la capacité de faire taire ses opposants. La Tradition musulmane a décrit et justifié les exactions de Mohamed, mais le Coran, en début de période médinoise, n'y fait que quelques discrètes allusions.

La lutte contre les juifs.
Mohamed a été mis en échec spirituellement par les juifs. Il change de stratégie. Les juifs deviennent soudainement des témoins qui ont trahi : « - Dis, « O gens du Livre, pourquoi, en voulant tortueux le sentier de Dieu, en empêchez-vous celui qui a cru ? Alors que vous êtes témoins ! » Dieu n'est pas inattentif à ce que vous faites. » (S. 3, 99). La prédication de Mohamed prépare et justifie ce qui va suivre*. Selon la Tradition, les juifs de Yathrib sont répartis en trois tribus : les Banū-Qurayza et les Banū-Nadīr qui sont agriculteurs et marchands ; les Banū-Qaynuqā qui sont forgerons et orfèvres. Ces derniers étaient les plus aisés des juifs de Yathrib, mais également les plus proches du centre de la ville puisque qu'il n'avaient pas d'activité agricole. Ils devaient donc représenter ceux des juifs qui participaient le plus volontiers et le plus activement aux controverses avec Mohamed. Dans le Coran, les juifs sont seulement nommés « ahl al-kitāb » : ceux qui ont reçus la Révélation du Livre de la Bible. Le nom de des tribus juives n'est donc pas connu par le Coran mais par la Tradition musulmane. Ces tribus juives étaient associées par des contrats de solidarité et de loyauté aux tribus arabes de Yathrib. Cela explique que les textes contemporains citent les tribus juives non par leur nom propre mais par le nom de leur tribu arabe associée*.
Les juifs ont dominé Mohamed, en logique, en savoir, en doctrine biblique. Mohamed profite de sa victoire de Badr pour reprendre le dessus. « Non, ils ne sauront pas réduire à l'impuissance. » (S. 8, 59) annonce un des rares verset qui évoque le bannissement des Banū-Qaynuqā. Dans le Coran, Mohamed accuse les Banū-Qaynuqā d'être « mécréants » (S. 3, 13) : on a vu qu'ils avaient effectivement refusé sa prédication*. Animé de cette seule justification, Mohamed les attaque et les chasse de Yathrib : « Préparez-leur tout ce que vous pouvez de force, et tenez prêts des chevaux, afin d'effrayer l'ennemi de Dieu et votre ennemi, et d'autres en dehors d’eux, que vous ne connaissez pas mais que Dieu connaît. » (S. 8, 60)*. Rien de ce que racontera ultérieurement la Tradition musulmane ne se trouve dans le Coran. Seuls ces quelques versets expliquent le bannissement des Banū-Qaynuqā. Selon la Tradition, ils auraient eu trois jours pour partir en laissant 20% de leur biens à Mohamed.
Le Coran est très discret sur cet épisode. Mohamed était-il assez puissant pour revendiquer cette expulsion au nom de Dieu ? Il semble que non. Les versets S. 3, 12-13 et S. 8, 58-60 sont les seuls à y faire allusion. La Sīra a comblé le vide 150 ans plus tard. La Sīra (II, 47-50) raconte comment des juifs auraient importuné une femme voilée, puis auraient assassiné un fidèle de Mohamed qui se portait à son secours. Abdallah ibn Ubayy, le protecteur arabe de la tribu des Qaynuqā aurait obtenu qu'ils ne soient pas exécutés en représailles mais simplement expulsés. Pas la moindre allusion à cette histoire n'existe dans le Coran qui parle pourtant volontiers des vexations subies par son messager.
Des trois tribus juives de Médine, la première, celle des Qaynuqā, la plus riche, celle qui vit au centre de Médine, est désormais expulsée.

La lutte contre les poètes arabes.
La poétesse Açmā, la fille de Marwān, rédige des vers qui mettent en doute l'inspiration divine de Mohamed et qui sont particulièrement crus. La Sīra rapporte l'exclamation de Mohamed « Est-ce que personne ne me débarrassera de la fille de Marwān ? ». Elle est assassinée la nuit même et toute sa tribu se soumet immédiatement. Mohamed félicite son meurtrier : « Tu as secouru Allah et son envoyé ».
Un mois plus tard, Abū Afak, une poète centenaire, est tué dans son sommeil, il avait eu le tort de rédiger un poème qui reprochait à Mohamed d'avoir créé la dissension entre les arabes en promulguant interdits et autorisations au sujet de tout et de rien. Mohamed aurait dit : « Qui me fera justice de cette crapule ? ». Le soir, même Abū Afak est exécuté par Salim Ibn Umayr (Selon ibn Saad al-Baghadi).  
Le décès d'un second poète est raconté dans la Sīra. Il s'agit d'un poète de mère juive, de la tribu des Nadīr, Ka'b ibn al- Ashraf. Ses poèmes étaient dirigés contre Mohamed. Il est assassiné juste après l’expulsion des Qaynuqā (Sīra, 2, 51 – 58). Dans la Sīra, Ibn Ishāq cite les vers d’Hassan Ibn Thābit qui racontent que les meurtriers du poète « cherchaient la victoire pour la religion de leur prophète regardant comme peu de chose tout acte inique ». Voilà une justification bien étrange qui reconnaît iniquité du crime commis.

La Tradition n'a-t-elle pas un peu exagéré ? Le Coran est plus concis :  « Les poètes ? Seuls s'attachent à leurs pas les hommes promis à choir sans retour dans la fosse préparée pour piéger les fauves. » (S. 26, 224 ; trad. J. Chabbi).

Dès son arrivée à Yathrib, Mohamed a donc été cruellement mis en échec lors d'échanges libres, tant avec les juifs qu'avec les poètes arabes. Ainsi a-t-il trouvé la solution...


* : Le Coran décrypté, p 329, J. Chabbi, Fayard.
** : Le choc Jésus-Mohamed, Christian Makarian, CNRS éditions. 2011.
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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 16 EmptyMer 11 Déc 2013, 12:58

Alaric a écrit:
Si on parle d’Histoire du monothéisme, c’est 2700 ans fourchette haute.

Tu oublies Akhenaton : nous sommes donc au minimum à 3500 ans de monothéismes ( au pluriel, naturellement)
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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 16 EmptyMer 11 Déc 2013, 13:09

Pierresuzanne a écrit:
Ses discutions avec les juifs de Yathrib ont tourné au fiasco mais il a enfin la capacité de faire taire ses opposants. La Tradition musulmane a décrit et justifié les exactions de Mohamed, mais le Coran, en début de période médinoise, n'y fait que quelques discrètes allusions.

Non tu ne cite pas les traites de paix avec les juifs avec un pacte signe mais non respecte par les juifs :


Voici dailleurs les clauses du pacte avec les Juifs de Médine  :                        
 
Les voisins Juifs des musulmans de Médine, bien loin d'être exclus, traité comme "citoyen de second ordre" ou interdit de pratiquer leur culte, furent au contraire assurés de leurs droits et devoirs en tant que citoyens à part entière de Médine, libres de pratiquer leur religion, en tant que gens du Livre, et de gérer leurs biens et leur communauté à leur guise. Le pacte conclu avec les musulmans, scellant une véritable alliance militaire sous commandement prophétique, comportait les clauses suivantes :
 
    Les Juifs des Béni Awf constituent une communauté vivant avec les Croyants. Aux Juifs leur religion et aux musulmans la leur. A chacune des deux communautés ses seigneurs et ses individus ;
    Aux Juifs de s'occuper de leurs dépenses et aux musulmans de s'occuper des leurs ;
    Juifs et musulmans doivent agir d'un commun accord contre quiconque s'attaque aux signataires du pacte ;
    Il doit exister entre eux le bon conseil et avis, ainsi que la bienfaisance en l'absence de toute scélératesse ;
    Nul d'entre eux ne doit faire du mal à son allié ;
    Tout allié offensé doit être secouru ;
    Juifs et musulmans doivent parler le même langage aussi longtemps qu'ils combattent ensemble ;
    L'intérieur de Yathrib est inviolable en vertu de ce pacte ;
    En cas de dissensions et de divergences susceptibles de mener à la perversion, les signataires du pacte s'en réfèrent à Dieu le Tout Puissant (qsE) et à Mohammed, Messager de Dieu (qpssl) ;
    Il n'est pas question de protéger les Quraychites ni leurs partisans ;
    Juifs et musulmans doivent se liguer pour repousser tout ennemi qui attaque Yathrib à l'improviste. Pour ce faire, chaque partie agira en ce qui la concerne ;
    Ce pacte ne saurait servir à protéger les offenseurs et les malfaiteurs.
 
Les Juifs disposaient donc d'une représentation propre de leur peuple, d'un gouvernement exécutif (obéissant néanmoins au Chef d'Etat Mohammed psl et d'un pouvoir judiciaire propres. Nous verrons que cette alliance, signée pourtant par les deux partis, sera violée par un des partis, entrainant des conséquences défensives inévitables et vitales pour l'Etat musulman (voir le Djihâd aux temps du Prophète (psl).
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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 16 EmptyMer 11 Déc 2013, 13:13

Pierresuzanne a écrit:
La lutte contre les poètes arabes.
La poétesse Açmā, la fille de Marwān, rédige des vers qui mettent en doute l'inspiration divine de Mohamed et qui sont particulièrement crus. La Sīra rapporte l'exclamation de Mohamed « Est-ce que personne ne me débarrassera de la fille de Marwān ? ». Elle est assassinée la nuit même et toute sa tribu se soumet immédiatement. Mohamed félicite son meurtrier : « Tu as secouru Allah et son envoyé ».
le hadith sur la poète Asma Bint Marwan est pure  mensonges pour preuves les 03 rapporteurs de cette histoire sont connu et réputés être de grands MENTEURS et même L'IMMAM BOUKHARI l'a atteste .Ce sont pour ton info :Mohammed Ibnou el hadjadj, mohammed ibnou ibrahim el chami et moudjahid bnou said .
Le Plus beau  c'est que la version du hadith  rapporte dit que c’est un aveugle qui avait une épée et lui a transpercé  la poitrine  lol! .
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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 16 EmptyMer 11 Déc 2013, 13:30

SKIPEER a écrit:

le hadith sur la poète Asma Bint Marwan est pure  mensonges pour preuves les 03 rapporteurs de cette histoire sont connu et réputés être de grands MENTEURS et même L'IMMAM BOUKHARI l'a atteste .Ce sont pour ton info :Mohammed Ibnou el hadjadj, mohammed ibnou ibrahim el chami et moudjahid bnou said .
Le Plus beau  c'est que la version du hadith  rapporte dit que c’est un aveugle qui avait une épée et lui a transpercé  la poitrine  lol! .

Tu ne trouves pas bizarre tous ces hadiths soit disant authentiques qui ne racontent que des bêtises... et en général des choses horribles sur ton Prophète. Je comprends que les siècles ultérieurs, plus civilisés que le VIIe siècle bédouin de Mohamed, aient eu du mal à justifier les horreurs que l'on racontait sur le Prophète de l'islam et aient préféré réécrire l'histoire.

Regardons donc ce que le Coran nous raconte. Il a plus de chance d'être fiable que les multiples hadiths contradictoires qui ne sont que des réécritures tardives et imaginaires, pour faire coïncider la vie de Mohamed avec les besoins législatifs des civilisations musulmanes depuis 1400 ans.

Le Coran remis dans l'ordre de la récitation de Mohamed et classé par thèmes, voilà une lecture instructive....
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Pierresuzanne

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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 16 EmptyMer 11 Déc 2013, 13:34

SKIPEER a écrit:

Non tu ne cite pas les traites de paix avec les juifs avec un pacte signe mais non respecte par les juifs :


Je n'ai pas oublié la charte de Yathrib, mais j'essaie de raconter l'histoire de Mohamed en suivant la chronologie.
Les historiens sont d'accord. Les premières vexations contre les juifs ont suivi immédiatement la bataille de Badr, la charte de Yathrib a été élaborée entre 622 et 627.
Si tu as la patience, reviens dans deux jours, c'est le sujet du 13/12/2013....

Bien amicalement à toi, et merci pour tes remarques.

PS, si je peux me permettre une petite remarque :
Plus haut, tu contestais la légitimité des hadiths car ils racontent des horreurs sur Mohamed.
Mais maintenant , quand il s'agit de corriger ce que le Coran a de cruel, tu es prêt à regarder ce que disent ces mêmes hadiths pour défausser ton prophète de toute cruauté.
Où as-tu pris que les juifs avaient trahis leur alliance ??? Certainement pas dans le Coran, mais dans des Hadiths qui sont des écrits très tardifs de la Tradition musulmane qui se réinventent un beau prophète pour adoucir ses mœurs.... disons un peu rudes.

Il faut remettre les sources historiques dans l'ordre chronologique et leur attribuer une vraisemblance historique en fonction de la distance à l’événement rapporté.

J'ai tendance à davantage croire le Coran pour savoir ce qui s'est réellement passé du temps de Mohamed que les Hadiths, qui ont été écrits trois siècles après la vie de Mohamed.... cela fait beaucoup pour être crédible.

Comme tu m'as l'air de bonne foi, tu remarqueras j'en suis sur que j'ai bien signalé le seul verset du Coran qui parlent de ce que Mohamed pensait des poètes :

J'ai mis texto :
"La Tradition n'a-t-elle pas un peu exagéré ? Le Coran est plus concis : « Les poètes ? Seuls s'attachent à leurs pas les hommes promis à choir sans retour dans la fosse préparée pour piéger les fauves. » (S. 26, 224 ; trad. J. Chabbi)."
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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 16 EmptyMer 11 Déc 2013, 14:06

Pierresuzanne a écrit:
Le décès d'un second poète est raconté dans la Sīra. Il s'agit d'un poète de mère juive, de la tribu des Nadīr, Ka'b ibn al- Ashraf. Ses poèmes étaient dirigés contre Mohamed. Il est assassiné juste après l’expulsion des Qaynuqā (Sīra, 2, 51 – 58). Dans la Sīra, Ibn Ishāq cite les vers d’Hassan Ibn Thābit qui racontent que les meurtriers du poète « cherchaient la victoire pour la religion de leur prophète regardant comme peu de chose tout acte inique ». Voilà une justification bien étrange qui reconnaît iniquité du crime commis.

P
our le cas de kaab ibn al achraf . il faut pas simplifier les choses en le presentant comme un poete innocent tué seulement a cause
de ses prises de position très critiques envers le prophete que la paix et la bénédiction soient sur lui .mais les choses sont beaucoup plus complexes Tout dabord  lorsque kaab ibn achraf  avait l' habitude d' insulter et de calomnier le prophete . Dieu lui a ordonné d’endurer et d’être patients et lui a revelé un verset dans ce sens .

CORAN 3:186. Certes vous serez éprouvés dans vos biens et vos personnes; et certes vous entendrez de la part de ceux à qui le Livre a été donné avant vous, et de la part des Associateurs,
beaucoup de propos désagréables. Mais si vous êtes endurants et pieux... voilà bien la meilleure résolution à prendre
Mais les choses ont changé quand kaab est allé a la medine aprés la bataille de badr pour inciter les idolatres  a prendre les armes  contre Mohammed psl pour venger leur morts . ici . kaab s' est transformé d' un poete a un espion et traitre qui travaille pour le compte des idolâtres enemies jures du prophete psl . et a ce que je sache même en 21 eme siecle l' espionnage est un crime passible de la peine de mort dans plusieurs pays du monde [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
pour cette histoire .on en a beaucoup parlé .les juifs de banou quoraida n' ont pas été tué a cause de leur croyances ou bien religion . mais tout simplement parcequ'ils ont trahit les musulmans en s' alliant avec les idolatres alors qu ils avaient un traité de paix avec eux ..
je te propose d' essayer de te detacher de cette étroitesse d’esprit et  de ces préjugés. Dailleurs il te serait plus facile de voir la vérité de notre bien aimé prophete et intercesseur que la paix et le salut soient sur lui


A MÉDITER
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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 16 EmptyJeu 12 Déc 2013, 12:39

SKIPEER a écrit:

Pour le cas de kaab ibn al achraf . il faut pas simplifier les choses en le presentant comme un poete innocent tué  seulement a cause
de ses prises de position très critiques envers le prophete que la paix et la bénédiction soient sur lui .mais les choses sont beaucoup plus complexes Tout dabord  lorsque kaab ibn achraf  avait l' habitude d' insulter et de calomnier le prophete . Dieu lui a ordonné d’endurer et d’être patients et lui a revelé un verset dans ce sens .

CORAN 3:186. Certes vous serez éprouvés dans vos biens et vos personnes; et certes vous entendrez de la part de ceux à qui le Livre a été donné avant vous, et de la part des Associateurs,  beaucoup de propos désagréables. Mais si vous êtes endurants et pieux... voilà bien la meilleure résolution à prendre ...
Mais les choses ont changé quand kaab est allé a la medine aprés la bataille de badr pour inciter les idolatres  a prendre les armes  contre Mohammed psl pour venger leur morts . ici . kaab s' est transformé d' un poete a un espion et traitre qui travaille pour le compte des idolâtres enemies jures du prophete psl . et a ce que je sache même en 21 eme siecle l' espionnage est un crime passible de la peine de mort dans plusieurs pays du monde

Voilà encore les hadiths mis à contribution pour rendre le prophète de l'islam gentil et sympathique.

Mais les hadiths ont été écrit trois siècles après la vie de Mohamed.... ce ne sont que des reconstructions mythologiques et cela est prouvé quand le Coran les contredit....

Je vais donc continuer à lire le Coran dans l'ordre de sa récitation, après l'avoir classé par sujets, par thèmes... je trouve cela très instructif.

SKIPEER a écrit:

je te propose d' essayer de te detacher de cette étroitesse d’esprit et  de ces préjugés. Dailleurs il te serait plus facile de voir la vérité de notre bien aimé prophete et intercesseur que la paix et le salut soient sur lui


A MÉDITER

Je médite justement en essayant de m'affranchir des préjugés de foi des musulmans qui sont fondées sur des relectures tardives et des interprétations juxtaposées qui n'en finissent pas de faire coïncider la vie de Mohamed avec l'évolution des mœurs.... Le Coran est une lecture trop instructive pour que je m'en prive.... et j'ai tendance à penser que les musulmans devraient eux-aussi lire leur livre saint et s'appliquer à comprendre ce qu'il dit...

Une démarche de foi, toute respectable qu'elle est, se transforme en pure superstition quand elle est incapable de faire preuve d'objectivité.

Le Coran est un livre écrit bien avant les hadiths et, à ce titre, il est infiniment plus fiable que les interprétations tardives que l'on trouve dans les hadiths....
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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 16 EmptyJeu 12 Déc 2013, 12:49

12. 6. ABRAHAM ET SES ÉPOUSES ANONYMES,  ABRAHAM ET LA KAABA.

Lors de la prédication de Yathrib, Moïse disparaît peu à peu des propos de Mohamed. Moïse était associé aux juifs dont le soutien était espéré à la Mecque. L'erreur dans l'orientation des juifs en prière l'a discrédité. Il est oublié et Abraham le remplace dans la révélation post-hégire*. La théologie du Coran s'adapte aux difficultés théologiques de Mohamed.
Abraham apparaissait en filigrane dès la révélation mecquoise mais ce n'est qu'à la fin de cette période que son monothéisme est signalé : « Et quand Abraham dit à son père : « Oui, je désavoue tout ce que vous adorez, mais pas Celui qui m'a créé, car c'est Lui en vérité, qui va me guider » (S. 43, 26-27). La naissance miraculeuse d'un fils non nommé nous est alors contée, celle d'un  « garçon plein de science » (S. 51, 24-37, S. 15-53). Le monothéisme en élaboration de Mohamed semble avoir pris un virage plus universel en introduisant Abraham dans sa prédication et cela dès la Mecque. On s'éloigne du « rabb » logeant dans un bétyle de la Kaaba (S.  106) - très probablement celui de la Pierre noire - auquel il fallait rendre un culte exclusif au début de la révélation. Le monothéisme de Mohamed est maintenant affirmé, même s'il effectuera des sacrifices païens devant des bétyles jusqu'en 628. Nous en reparlerons.

Quand Mohamed rencontre les juifs de Yathrib, la place d'Abraham continue d'évoluer. Abraham devient le prescripteur de la voie à suivre, la « millat ibrāhim ». Moïse dans son rôle de chef des hébreux itinérants est bien remplacé. La millat est un mot et un concept bédouin cité 8 fois dans le Coran (S. 2, 130-135 ; S. 3, 95 ; S. 4, 125 ; S. 6, 161 ; S. 12, 38 ; S. 16, 123 ; S. 22, 78)*. Il s'agit de la bonne route, celle qu'il faut connaître pour survivre au désert, celle que connaît le chef de la caravane et que l'on suit sans hésiter pour survire dans ce milieu si inhospitalier. Par analogie,  bien plus tard, les « biens guidés » deviendront les musulmans. Abraham devient bédouin dans sa culture, le promoteur de la millat*.

Au delà de ces adaptations théologiques, Mohamed semble récupérer Abraham au service de sa propre vocation.
Le Coran affirme qu'Abraham aurait réclamé la venue d'un arabe - forcement Mohamed – auprès des siens : « Notre Seigneur, dépêche parmi eux un envoyé de leur race pour réciter Tes signes ! » (S. 2, 129).
Puis, dans un remarquable glissement sémantique, Mohamed se réapproprie Abraham pour en dépouiller les juifs. En tant que soumis à Dieu, Abraham est forcement de la même spiritualité que Mohamed, le premier des soumis : « Abraham n'était ni un Juif, ni un Nazaréen : il était en sincérité et en Soumission. Il n'était point du nombre des faiseurs de dieux »  (S. 3, 67). Nous voyons encore un exemple de logique défaillante du Coran puisque se soumettre à un dieu non défini ne suffit pas pour démontrer que la foi d'Abraham et de Mohamed sont similaires, ni que leurs Dieux sont identiques.
Lors de la révélation mecquoise, il n'était jamais dit qu'Abraham ait fondé la Mecque. Les versets mecquois disent simplement qu'il y met sa descendance à l’abri. La kaaba est supposée être déjà un lieu inviolable protecteur (S. 14, 35-37), un haram. Lors de la prédication mecquoise, Abraham n'est donc pas le fondateur de la Kaaba, mais il va le devenir dans les versets récités à Yathrib. Alors, il est affirmé qu'Abraham construit la Kaaba (S. 2, 127) à l'endroit où il s'est tenu debout (S. 2, 125) après avoir purifié le puits préexistant (S. 2, 125). « Adoptez donc pour lieu de culte, ce lieu où Abraham se tient debout ! Nous avons chargé par contrat Abraham et Ismaël de purifier l’eau du puits. Ma demeure, la Kaaba pour les pèlerins qui tourneront autour et feront retraite qui s’inclinent et se prosternent... Lorsque Abraham a édifié les fondations de la demeure, et Ismaël, et qu’il s’est écrié : Notre Seigneur, agrée cela de nous. » (S. 2, 125 ; trad. J. Chabbi).
Il est à noter que les épouses d'Abraham connues par la Bible ne sont jamais nommées dans le Coran. Sara est simplement signalée en tant que « femme » d'Abraham ( S. 11, 71), et Agar n'y est pas même évoquée. Si on se souvient qu'Ève n'est pas non plus nommée dans le Coran, on est tenté de s'interroger sur les relations de l'auteur du Coran avec les femmes mariées. La seule femme nommée dans le Coran est Marie qui reste vierge, Joseph n'étant que son protecteur (S. 3, 44). Dans le Coran, la femme vivant sa sexualité perd donc son identité. Cela est confirmé par ailleurs puisque les seuls hommes contemporains de Mohamed désignés par le Coran sont deux hommes mariés dont les épouses voient leur nom omis. Abū Lahab (S. 111, 1), l'oncle de Mohamed qui l'a chassé de la Mecque, est désigné par son nom, alors que son épouse qui fait pourtant l'objet de 3 versets rancuniers, n'est pas nommée (S. 111, 2-5). Second cas, le fils adoptif de Mohamed, Zaïd (S. 33, 37), n'est nommé que pour se voir enjoindre de répudier sa femme pour permettre à Mohamed de l'épouser. Celle-ci a pourtant un rôle important, puisqu'elle séduit Mohamed par une unique apparition peu vêtue. Il semble donc que l'auteur du Coran souffre de quelques difficultés à donner une identité propre aux femmes mariées.

Dans la récitation de Yathrib, la Kaaba devient ensuite la plus ancienne Maison : « La première maison... c'est bien celle de Bakka, bénie pour la guidée des mondes. » (S 3, 96). La Tradition musulmane ira même jusqu'à puiser dans ce verset la conviction que la Kaaba a été fondée par Adam. Mais dans le texte coranique il y a  une ambiguïté puisque le Coran ne parle pas de la « Kaaba » mais de la « Bakka ». Les musulmans font donc de la Bakka l'esplanade où fut construite la Kaaba à la Mecque. À partir de ce verset, la Tradition musulmane va extrapoler pour faire entrer la Bible dans ses vues. Toujours préoccupée de découvrir dans la Bible, une annonce prophétique de la venue de l'islam, la Tradition musulmane va surinterpréter la Bible.
Le Psaume 84 de la Bible a été rédigé entre les Xe et IVe siècles avant JC. Le mot « baca » s'y trouve effectivement. Les musulmans y voient la confirmation de l'existence de la Bakka de la Mecque à cette même époque. En fait, le Psaume 84 raconte l'arrivée des pèlerins à Sion, autre nom de Jérusalem (verset 8). Au verset 7, le nom de « baca » est donné à la vallée qui précède Jérusalem. Baca signifie en hébreu un « baumier » ou un « micocoulier », un arbre donc. Le « val du baumier » (Ps 84, 7) est le nom la dernière étape des pèlerins arrivant à Jérusalem par la porte de Jaffa... et non celui de l'esplanade de la Mecque qui sera créée 1000 ans plus tard et 1000 km plus au sud. L'hébreu et l'arabe sont deux langues sémitiques de racines communes. On ne peut donc pas conclure d'une ressemblance de sonorité, une similitude de localisation géographique. Ce serait comme confondre Aix la Chapelle et Aix en Provence, ou Vienne capitale de l'Autriche et Vienne dans le département de l'Isère en France. Le psaume 84 est formel, le pèlerinage qu'il évoque est celui de Sion, soit celui de Jérusalem, et ne peut en aucun cas être celui de la Mecque.

En effet il n'existe aucune preuve archéologique de l’existence de la Mecque à l’époque supposée d’Abraham, soit 2000 ans avant JC. La plus ancienne mention de la Mecque date de la carte de Ptolémée en 150. L’Arabie Saoudite n'a jamais publié les résultats des fouilles qu’elle n’a pas dû manquer de réaliser depuis qu’elle dévaste les sous-sols de la Mecque pour y implanter des palais et des gratte-ciels. Pour quelques centaines d’euros, les poteries du sous sol le plus profond peuvent être datées par électroluminescence ou les débris organiques par radio carbone. Si les Saoudiens avaient pu apporter la preuve de l’ancienneté de la Mecque, nul doute que la terre entière en aurait été informée … Et aucun musulman n'aurait trouvé ces fouilles illégales (haram).

Le silence des saoudiens est très parlant et sert en lui même de preuve : la Mecque est beaucoup trop récente pour avoir été contemporaine d'Abraham …

En effet, il serait si simple d'avoir des certitudes sur la date de fondation de la Kaaba...


* : Le Coran décrypté, p 369, J. Chabbi, Fayard.
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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 16 EmptyJeu 12 Déc 2013, 22:53

Pierresuzanne a écrit:
Alaric a écrit:
Si on parle d’Histoire du monothéisme, c’est 2700 ans fourchette haute.

Tu oublies Akhenaton : nous sommes donc au minimum à 3500 ans de monothéismes ( au pluriel, naturellement)
Oui. Même si ça reste discuté par pas mal d'historiens…
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MessageSujet: Re: HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES    HISTOIRE DE 4.000 ANS DE MONOTHÉISMES  - Page 16 EmptyJeu 12 Déc 2013, 22:55

Sinon… Les écrits sont de toi ?
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