Du côté de la Mecque, ça tend au pire
France/Monde
Le pèlerinage de la Mecque tourne à l’hécatombe et les djihadistes n’y sont pour rien. Aucune tour n’est tombée, le 11 septembre, mais une grue mal arrimée devant la Grande Mosquée. Résultat : 109 morts. Le “hadj” 2015, qui prétend accueillir deux millions de fidèles, s’ouvrait ainsi dans les larmes et le sang. Son annulation ne vient pourtant à l’esprit de personne. Ce serait ignorer de lourds impératifs religieux… et économiques. Imagine-t-on Lourdes fermer ses portes le 15 août pour un banal accident de chantier ? Vaille que vaille, on maintient donc le cap. Et hier, au premier jour de l’Aïd, le pire est advenu. Une terrible « bousculade » a prématurément envoyé au paradis d’Allah une foule de croyants. Le bilan reste provisoire et risque d’approcher le macabre « record » établi en 1990. Cette année-là, 1426 marcheurs périrent asphyxiés dans un tunnel menant au site.
Le nouveau drame s’est déroulé lors d’un rituel qui consiste à caillasser l’effigie de Satan. La faute au diable, alors ? L’Arabie saoudite a beau pointer l’indiscipline « de pèlerins d’origine africaine », sa propre logistique se trouve mise en cause. L’Iran la taxe « d’irresponsabilité » et de manquements graves à la sécurité.
Une fois encore, sur fond de sainte pagaille, les autorités saoudiennes paraissent incapables d’organiser un événement international. Elles auront l’occasion de se rattraper bientôt, avec l’exécution publique d’Ali al-Nimr, jeune opposant chiite voué au sabre. S’agissant de décapiter, au moins, le Royaume ne manque pas de savoir-faire.
Par Gilles DEBERNARDI