- cailloubleu* a écrit:
- 01.11.2020
L'Etat français lutte pour soutenir l'islam et pour dénoncer l'islamisme. Quelle est la différence entre les deux notions?
Les Français savent-ils faire la différence? Les membres du forums savent-ils faire la différence?
Les musulmans savent-ils faire la différence?
Ma cher Caillou,
Je vai tenter un élement de réponse qui ouvrira certainement d'autres sujets de réflexion face à la différenciation entre Islam et le terme "islamisme".
Quand on utilise des mots se finissant en "isme", on peut y touver des significations assez intéressantes.
En voici quelques uns :
Définition 1Un isme est un concept, le plus souvent idéologique, dont le nom se termine par le suffixe -isme. [Le terme permet de regrouper et donc d'analyser ensemble des notions qui seraient normalement incomparables du fait de dispositions morales ou de préjugés sociaux, par exemple le marxisme et l'olympisme] : Les ismes relèvent de champs aussi variés que la science, l'art, l'économie ou la philosophie.
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Définition 2Sens péjoratif. Courant politique, religieux, philosophique, etc. qui, par une dérive doctrinaire, peut devenir une menace pour la liberté.
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Définition 3Le suffixe -isme est très productif. Il entre dans la composition de mots désignant des courants de pensée philosophiques ou politiques. Nombre de ces mots ont été créés aux dix-neuvième et vingtième siècles pour nommer les vastes mouvements d’idées qui ont bâti et accompagné ces deux siècles. Leur radical peut être un adjectif (héliocentrisme, chauvinisme, colonialisme), un nom commun (anarchisme, cubisme, centrisme), un nom propre (gaullisme, darwinisme, marxisme).
L’abus de ce suffixe pour former des néologismes peu clairs témoigne le plus souvent de paresse dans la recherche de l’expression juste.[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Avec les attentats et les nombreuses tensions liées aux croyances religieuses et non-religieuses dans notre société, on constate un abus de language dans une précipitation politico-médiatique à donner des réponses toute-faite pour définir clairement un ennemi à combattre dans une guerre idéologique et sécuritaire face à des assassins qui commettent leur méfaits au nom d'une idéologie supposé basé sur la religion qu'est l'Islam.
Dans une guerre selon le droit internationnal, il faut définir un ou plusieurs ennemis entre 2 pays qui s'affrontent avec leurs armées sauf que dans le cas du terrorisme intérieur, la définition est plus compliqué quand les ennemis sont en fait des citoyens attaquant leur propre concitoyens ou des résidents attaquant leur voisins.
Sur la question des "ismes", l'abus de langage est là dans une logique émotionnelle et réactionnaire où on cherche à définir un ennemi, un mal à combattre, alors qu'on ne comprend même pas de quoi on parle en réalité.
Quand on parle "d'islamisme", il faudrait déjà définir ce qu'est le mot "Islam" car le suffixe "isme" ne peut exister sans son radical "Islam". En effet, cette constatation montre bien que si on définit de manière négative le terme "islamisme" alors cela renvoie obligatoirement à la religion Islam donc à une composante à part entière et légitime de cet aspect négatif dans la religion qui conduit au terrorisme à terme.
Quand on parle de christianisme, il n'est pas question d'un terme négatif dans ce cas mais simplement de la dénomination de la religion des adeptes chrétiens, idem pour le judaisme pour les adeptes juifs alors que pour l'islamisme, on le définit comme un terme négatif dont les adeptes musulmans seraient les représentants sauf que ce terme "islamisme" est inadapté pour définir les adeptes musulmans dont la religion est l'Islam.
D'ailleurs, vous remarquerez que le 1er ministre M. Castex a définit l'ennemi à combattre en utilisant les termes "islamisme radical politique". Si le terme "islamisme" suffisait à définir à lui seul le mal, l'ennemi de notre société, alors le ministre n'aurait pas eu besoin de préciser aussi "radical politique" . Cela montre bien que la définition de "l'islamisme" n'est pas clair, pouvant même entraîner une confusion des concepts dans l'esprit des gens en fusionnant inconsciemment et intellectuellement les musulmans aux extrémistes ou comment mettre tous les oeufs dans le même panier d'où la précision systématique de "radical politique" précédé du terme "islamisme " pour différencier en quelques sortes les musulmans des extrémistes dans la société.
A mon sens, le terme "islamisme" est un abus de language dans ce que j'appelle le dictat des "ismes".
Dans les années 1980-90, on parlait plutot d'intégristes ou d'extrémistes pour définir les individus basculant dans le terrorisme.
Comme les amalgames sont monnaies courantes dans notre société de l'immédiateté et du paraitre médiatique, il n'est plus étonnant de remarquer que même des élus et des journalistes font des raccourcis en affirmant que l'Islam ne serait pas compatible avec les valeurs de la république....euhhh l'Islam est en France depuis presque 80 ans et constitue la 2ème religion de France au passage !
Les mots utilisés ne doivent pas induire en erreur mais au contraire clarifier les choses en ces temps troubles donc au lieu de parler d'islamisme, parlons plutot d'extrémisme et voyons en quoi ces individus ne font pas partie de l'Islam comme l'a décrit un jour le prophète Mohammed, paix et bénédictions de Dieu sur lui, qui a dit " ce qui sera le plus lourd dans la balance des actes bons et mauvais, même plus lourd que les actes d'adorations obligatoires, c'est le bon comportement. "
Donc ce qui définit le musulman de par son appartenace à l'Islam est le bon comportement.
A cela le prophète de l'Islam a ajouté que la meilleure voie à prendre dans toute situation est la voie du juste milieu.
Donc l'extrémisme n'a absolument pas sa place en Islam.
Conclusion : peut-on qualifier ces extrémistes de musulmans suivant la voie de l'Islam ?
La réflexion est ouverte.
Cordialement,
Sulay