| | le dialogue demande de la générosité | |
| | Auteur | Message |
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Pétunia Moderateur
| Sujet: le dialogue demande de la générosité Lun 03 Fév 2020, 21:47 | |
| 03/02/2020« Le dialogue demande de la générosité »Cardinal Miguel Ayuso Guixot Président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux
Le 4 février 2019, le pape François et le grand imam d’Al-Azhar Ahmed Al Tayeb signaient à Abu Dhabi un document sur la fraternité humaine. Un an après, le cardinal Miguel Ayuso Guixot, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, revient sur ce moment qu’il juge « historique » et évalue la mise en œuvre de ce texte.
- Recueilli par Nicolas Senèze,
- le 04/02/2020 à 06:00
- Modifié le 04/02/2020 à 07:00
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source La Croix |
| | | Pétunia Moderateur
| Sujet: Re: le dialogue demande de la générosité Lun 03 Fév 2020, 21:51 | |
| suite Comment est né ce document sur la fraternité signé il y a un an, le 4 février 2019, à Abu Dhabi, entre le pape François et le grand imam d’Al-Azhar ?[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Photo Tiziana Fabi/AFP Cardinal Miguel Ayuso Guixot : C’est le fruit d’un dialogue d’amitié et de respect entre le pape et le grand imam de l’université Al-Azhar, principale institution de l’islam sunnite. Tout a commencé par cette amitié. Mais leur vision est ouverte à tous et, maintenant, il faut aller au-delà : ce premier pas entre musulmans et catholiques est une ouverture à d’autres traditions pour agir de même.Ce thème de la fraternité n’est-il pas un peu dérisoire face à la violence qui se déchaîne au nom de l’islam ?Card. M. A. G. : Au contraire : le monde a besoin de fraternité ! Se retrouver pour marcher ensemble est une façon de vaincre cette violence, plutôt que de nous mettre dans une situation d’autoprotection et de rejet de tout ce qui vient du dehors.Nous condamnons la violence et le terrorisme. Et, tout en ayant besoin que ces conflits soient résolus ensemble par la communauté internationale et selon les lois internationales, nous pensons que, comme croyants et citoyens, nous pouvons faire quelque chose pour transformer le monde.L’humanité est blessée par la violence. Que ce soit sur les questions éthiques, économiques ou écologiques, nous avons raison de nous mettre ensemble pour répondre à ces blessures et trouver les moyens de les guérir.Lors de la publication du document, des théologiens ont été désarçonnés. Est-ce encore un obstacle à sa réception ?Card. M. A. G. : Je comprends leurs réactions. Ce texte est très particulier. Son élaboration n’a pas suivi la voie classique : un premier brouillon, un second, un texte à corriger… Encore une fois, il est né de l’amitié et de la bonne volonté de deux personnes de traditions religieuses différentes qui ont mêlé leurs sentiments pour, à la fin, articuler un raisonnement.Aussi, si je peux comprendre des réactions d’étonnement par rapport à certains passages du document, je ne crois pas qu’il faille en faire une exégèse mot à mot. Il s’agit plutôt d’un message dont il faut accueillir le sens pour conduire à la réflexion. Le rejeter, ce serait choisir le conflit et la division. Qui peut, dans le monde actuel, rejeter la fraternité, la paix, la coexistence ?Ce texte a été signé aux Émirats arabes unis et sous leur égide, n’est-ce pas un risque ?Card. M. A. G. : Le message de fraternité de ce texte n’est pas réservé à des institutions ni lié à un lieu. C’est un message universel qui s’adresse à tous. Les Émirats nous ont offert l’hospitalité : il faut les en remercier. Et si cette année l’anniversaire est célébré à Abu Dhabi, qui sait si l’an prochain ce ne sera pas autre part, au Japon ou ailleurs ? Nous avons déjà beaucoup travaillé avec les sikhs, les jaïns, les hindouistes et les bouddhistes, et je vais aussi aller à Hong Kong pour le dialogue entre chrétiens et taoïstes.Il n’y a donc pas de naïveté dans le choix des interlocuteurs ? Ni de risque d’être utilisé ou instrumentalisé ?Card. M. A. G. : Je travaille avec de très nombreux interlocuteurs et ce n’est pas pour autant que je « fais leur jeu ». L’important, c’est la volonté de dialogue. Nous ne péchons pas par ingénuité : il s’agit de faire entrer petit à petit le dialogue dans les esprits pour établir des rapports.Si quelqu’un en profite, tant pis pour lui ! Le dialogue demande de la générosité : ce n’est pas une négociation mais un don généreux, sans renoncer. Il ne s’agit pas de dire que toutes les religions se valent mais de reconnaître qu’il y a différentes religions dans le monde. À partir de cette prise de conscience, nous pouvons, dans notre chemin vers la vérité, apprendre à devenir compagnons de voyage.Le rapport d’amitié nécessite d’être bien enraciné dans sa propre identité, tout en étant disponible à reconnaître l’autre et à travailler avec lui dans une grande sincérité des intentions. Cela n’est pas toujours perçu par certains catholiques. Pourtant, nous ne renonçons à rien : Jésus-Christ est notre sauveur. Nous ne voulons pas, par la fraternité, créer une religion universelle mais nous ouvrir à la réalité des autres, tout en étant enracinés dans notre identité, pour travailler à un monde meilleur.Mais la déclaration d’Abu Dhabi a-t-elle des effets concrets ou reste-t-on dans le domaine du déclaratoire ?Card. M. A. G. : Parce que, justement, ce n’est pas un document théologique ou dogmatique, ce texte permet de proposer un chemin à parcourir ensemble. Il ne s’agit pas de donner des solutions, mais d’encourager, de trouver des pistes, de manifester des engagements personnels et concrets pour que l’humanité puisse marcher sur ce chemin de la fraternité.Au-delà, il y a cette grande volonté de se retrouver ensemble. C’est une plateforme qui nous permet de nous rencontrer ensemble, juifs, chrétiens et musulmans pour toucher les questions regardant l’intégrité de la vie de l’être humain. La déclaration d’Abu Dhabi peut donc être un instrument utile pour identifier les secteurs où nous pouvons progresser ensemble. |
| | | Pétunia Moderateur
| Sujet: Re: le dialogue demande de la générosité Lun 03 Fév 2020, 21:53 | |
| suite
Par exemple ?
Card. M. A. G. : Nous avons beaucoup de chemin à parcourir ensemble pour vivre fraternellement et en paix. On voit beaucoup de populismes toucher nos sociétés : nous sommes entrés dans une période sombre où l’exclusivisme fait partie de la vie quotidienne à tous les niveaux.
Or, le pape François a souvent déclaré que nous devons promouvoir une culture de l’inclusion : dans cette optique, le « pacte éducatif mondial » qu’il invite à venir signer au Vatican en mai 2020 aura une importance vitale. Ce sera un véritable rassemblement de croyants de différentes religions, confessions et cultures, et de non-croyants, pour ensemble s’engager sur le plan éducatif et travailler ensemble au service des nouvelles générations.
La question de la citoyenneté, notamment pour les chrétiens qui vivent en pays musulmans, peut-elle être un sujet de discussion ?
Card. M. A. G. : La question de la pleine citoyenneté est au centre de cette déclaration. Les évêques du Moyen-Orient l’avaient évoquée lors du Synode de 2010. Elle a été reprise ici de la déclaration de Marrakech de 2016. Mais encore faudra-t-il à l’avenir s’entendre sur ce qui définit la pleine citoyenneté, notamment autour de l’égalité substantielle. Le cardinal Tauran, mon prédécesseur, insistait toujours sur cela : nous sommes citoyens et croyants et nous ne pouvons pas choisir entre les deux. Cela est très important pour l’avenir de l’humanité : dans ce monde aussi globalisé que « dé-globalisé », chacun a besoin d’être respecté dans son identité. Respecté comme membre d’une communauté civile, avec ses droits de citoyen, et respecté avec ses droits de croyant.
Pour la cohésion sociale, chacun doit pouvoir être pleinement citoyen, en observant les lois, mais aussi en rendant son culte à Dieu. Le dialogue islamo-chrétien a ici beaucoup de portes à ouvrir pour que les chrétiens puissent, partout, rendre un culte à Dieu. Et ce n’est pas toujours le cas alors que ces croyants citoyens peuvent rendre la société meilleure. Il ne faut pas avoir peur : la peur est l’ennemie du dialogue. |
| | | cailloubleu* Moderateur
| Sujet: Re: le dialogue demande de la générosité Lun 03 Fév 2020, 23:26 | |
| - Card MAG a écrit:
- L’humanité est blessée par la violence. Que ce soit sur les questions éthiques, économiques ou écologiques, nous avons raison de nous mettre ensemble pour répondre à ces blessures et trouver les moyens de les guérir.
Merci ma chère Pétunia pour ces magnifiques exemples de fraternité et de générosité. Car ce sont aussi des exemples d'intelligence, lorsque nous dialoguons nous devons utiliser ce qu'il y a de meilleur dans l'humain et dans nos religions, et s'il y a des exemples à imiter ce doit être ceux de la noblesse des sentiments et pas ceux de la bêtise et de la bestialité. C'est sûr qu'il y a des brebis galeuses dans toutes les communautés mais est-ce que pour les combattre nous devons leur ressembler? Alors à ce moment il n'y a plus de différences entre eux et nous. Encore merci pour cet article Pétunia. |
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