La perte du sacré

extrait d'un livre Abdennour Bidar


L'islam m'avait paru figé, et voilà que l'Occident m'apparaissait à l'agonie ! Les deux civilisations souffrent au fond de la même crise, celle de leurs héritages respectifs devenus totalement inutilisables.
Plus précisément, de la même perte du sacré qui était au coeur de ces héritages : le sacré de la personne humaine au coeur de l'Occident, le sacré de la Grande Vie d'Allah au coeur de l'islam. Si les deux civilisations sont devenues le repoussoir l'une de l'autre, le diable l'une pour l'autre, c'est que le malheur de l'une renvoie à l'autre l'image de son propre désespoir.
Voilà peut-être la raison du fameux « choc des civilisations » : en s'affrontant mutuellement, elles cherchent à combattre de façon détournée leurs propres démons, ou bien à se convaincre que le démon de l'autre est bien pire que le sien.
L'islam reproche à l'Occident d'avoir perdu tout sens du sacré, l'Occident blâme l'islam d'avoir fait de son sacré une vérité terroriste. Chacun ne sert à l'autre que de prétexte pour ne pas assumer sa propre crise du sacré: l'Occident voudrait oublier, voire justifier, son matérialisme absurde en dénonçant la spiritualité totalitaire de l'islam, et celui-ci ferait exactement l'inverse. Chacun sert à l'autre d'exutoire, de prétexte, qu'on accuse d'abord pour ne pas avoir à s'accuser soi-même.

L'islam, pas davantage que l'Occident, n'a plus accès à son propre génie, qui est de comprendre et d'accepter toutes les croyances, et au-delà toutes les sensibilités humaines comme autant de parures revêtues par Allah, le Vivant universel source et forme de toute cette diversité. Ouverture dont témoignait autrefois, au moins dans une certaine mesure, le statut social des dhimmi (protégés) de la Cité musulmane, accordé aux minorités chrétienne et juive et leur permettant de conserver leur foi, leur culte, leurs propres législations civile et religieuse ainsi que leurs tribunaux.
Mais l'islam ne sait plus reconnaître Allah dans les différences des hommes et du monde. Il n'entend plus du tout la lecture du Coran que lui donnait le plus grand des maîtres soufis, l'Andalou Ibn Arabi, lorsqu'il écrivait qu'Allah prend la forme de toutes les croyances humaines, et que, si le croyant comprenait cela, il ne condamnerait aucune croyance... et même l'incroyance, « s'il était équitable, il ne le ferait pas (1) », car il verrait alors que cette incroyance aussi est une forme du Vivant universel.
Voilà le sens du sacré que l'islam a perdu en voulant enfermer la vérité et le monde entier dans une seule façon de voir et de vivre. Une seule religion vraie : l'islam. Une seule façon d'être musulman : la pratique fixée par la tradition et les savants.
En figeant ainsi le sacré, l'islam l'a tout autant perdu que l'Occident qui l'a dissous.

(1). Ibn Arabi, La Sagesse des Prophètes, Paris, Albin Michel, 1974, « Le Verbe de Mohammed », p. 220.

qu'en pensez vous ?

rosarum a écrit:

extrait d'un livre Abdennour Bidar


L'islam m'avait paru figé, et voilà que l'Occident m'apparaissait à l'agonie ! Les deux civilisations souffrent au fond de la même crise, celle de leurs héritages respectifs devenus totalement inutilisables.
Plus précisément, de la même perte du sacré qui était au coeur de ces héritages : le sacré de la personne humaine au coeur de l'Occident, le sacré de la Grande Vie d'Allah au coeur de l'islam. Si les deux civilisations sont devenues le repoussoir l'une de l'autre, le diable l'une pour l'autre, c'est que le malheur de l'une renvoie à l'autre l'image de son propre désespoir.
Voilà peut-être la raison du fameux « choc des civilisations » : en s'affrontant mutuellement, elles cherchent à combattre de façon détournée leurs propres démons, ou bien à se convaincre que le démon de l'autre est bien pire que le sien.
L'islam reproche à l'Occident d'avoir perdu tout sens du sacré, l'Occident blâme l'islam d'avoir fait de son sacré une vérité terroriste. Chacun ne sert à l'autre que de prétexte pour ne pas assumer sa propre crise du sacré: l'Occident voudrait oublier, voire justifier, son matérialisme absurde en dénonçant la spiritualité totalitaire de l'islam, et celui-ci ferait exactement l'inverse. Chacun sert à l'autre d'exutoire, de prétexte, qu'on accuse d'abord pour ne pas avoir à s'accuser soi-même.

L'islam, pas davantage que l'Occident, n'a plus accès à son propre génie, qui est de comprendre et d'accepter toutes les croyances, et au-delà toutes les sensibilités humaines comme autant de parures revêtues par Allah, le Vivant universel source et forme de toute cette diversité. Ouverture dont témoignait autrefois, au moins dans une certaine mesure, le statut social des dhimmi (protégés) de la Cité musulmane, accordé aux minorités chrétienne et juive et leur permettant de conserver leur foi, leur culte, leurs propres législations civile et religieuse ainsi que leurs tribunaux.
Mais l'islam ne sait plus reconnaître Allah dans les différences des hommes et du monde. Il n'entend plus du tout la lecture du Coran que lui donnait le plus grand des maîtres soufis, l'Andalou Ibn Arabi, lorsqu'il écrivait qu'Allah prend la forme de toutes les croyances humaines, et que, si le croyant comprenait cela, il ne condamnerait aucune croyance... et même l'incroyance, « s'il était équitable, il ne le ferait pas (1) », car il verrait alors que cette incroyance aussi est une forme du Vivant universel.
Voilà le sens du sacré que l'islam a perdu en voulant enfermer la vérité et le monde entier dans une seule façon de voir et de vivre. Une seule religion vraie : l'islam. Une seule façon d'être musulman : la pratique fixée par la tradition et les savants.
En figeant ainsi le sacré, l'islam l'a tout autant perdu que l'Occident qui l'a dissous.

(1). Ibn Arabi, La Sagesse des Prophètes, Paris, Albin Michel, 1974, « Le Verbe de Mohammed », p. 220.

qu'en pensez vous ?

Ce que j'en pense ? Qu'il est des sages que parfois il serait bon d'écouter...

Merci pour ce texte Rosarum, il est très poignant et à la quête d'un idéal qui rendrait tellement de services à l'humanité.

rosarum a écrit:

extrait d'un livre Abdennour Bidar


L'islam m'avait paru figé, et voilà que l'Occident m'apparaissait à l'agonie ! Les deux civilisations souffrent au fond de la même crise, celle de leurs héritages respectifs devenus totalement inutilisables.
Plus précisément, de la même perte du sacré qui était au coeur de ces héritages : le sacré de la personne humaine au coeur de l'Occident, le sacré de la Grande Vie d'Allah au coeur de l'islam. Si les deux civilisations sont devenues le repoussoir l'une de l'autre, le diable l'une pour l'autre, c'est que le malheur de l'une renvoie à l'autre l'image de son propre désespoir.
Voilà peut-être la raison du fameux « choc des civilisations » : en s'affrontant mutuellement, elles cherchent à combattre de façon détournée leurs propres démons, ou bien à se convaincre que le démon de l'autre est bien pire que le sien.
L'islam reproche à l'Occident d'avoir perdu tout sens du sacré, l'Occident blâme l'islam d'avoir fait de son sacré une vérité terroriste. Chacun ne sert à l'autre que de prétexte pour ne pas assumer sa propre crise du sacré: l'Occident voudrait oublier, voire justifier, son matérialisme absurde en dénonçant la spiritualité totalitaire de l'islam, et celui-ci ferait exactement l'inverse. Chacun sert à l'autre d'exutoire, de prétexte, qu'on accuse d'abord pour ne pas avoir à s'accuser soi-même.

L'islam, pas davantage que l'Occident, n'a plus accès à son propre génie, qui est de comprendre et d'accepter toutes les croyances, et au-delà toutes les sensibilités humaines comme autant de parures revêtues par Allah, le Vivant universel source et forme de toute cette diversité. Ouverture dont témoignait autrefois, au moins dans une certaine mesure, le statut social des dhimmi (protégés) de la Cité musulmane, accordé aux minorités chrétienne et juive et leur permettant de conserver leur foi, leur culte, leurs propres législations civile et religieuse ainsi que leurs tribunaux.
Mais l'islam ne sait plus reconnaître Allah dans les différences des hommes et du monde. Il n'entend plus du tout la lecture du Coran que lui donnait le plus grand des maîtres soufis, l'Andalou Ibn Arabi, lorsqu'il écrivait qu'Allah prend la forme de toutes les croyances humaines, et que, si le croyant comprenait cela, il ne condamnerait aucune croyance... et même l'incroyance, « s'il était équitable, il ne le ferait pas (1) », car il verrait alors que cette incroyance aussi est une forme du Vivant universel.
Voilà le sens du sacré que l'islam a perdu en voulant enfermer la vérité et le monde entier dans une seule façon de voir et de vivre. Une seule religion vraie : l'islam. Une seule façon d'être musulman : la pratique fixée par la tradition et les savants.
En figeant ainsi le sacré, l'islam l'a tout autant perdu que l'Occident qui l'a dissous.

(1). Ibn Arabi, La Sagesse des Prophètes, Paris, Albin Michel, 1974, « Le Verbe de Mohammed », p. 220.

qu'en pensez vous ?

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] à Abdennour Bidar, et [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] à toi, cher ROSARUM, qui a pensé à poster ce texte si éclairant...

J'en pense que ce monsieur Bidar confond l'Islam (Loi divine) et les hommes.

Il faut savoir, par ailleurs, et là je m'adresse particulièrement aux musulmans, que monsieur Bidar (qui est musulman) nie les obligations religieuses : prière, le jeune, le pèlerinage, (les piliers de l'Islam)

Ce monsieur est victime du modernisme, le même qui participe à la rupture avec le sacré. Et il ose donner des leçons aux musulmans en matière de sacralité ! : )

je vais dire qu'est ce que je pense : n'importe quoi

chrisredfeild a écrit:

je vais dire qu'est ce que je pense : n'importe quoi

Ce n'est pas n'importe quoi. Nombre de croyants ont perdu l'intelligence de la lecture du Coran. Le Coran n'est devenu rien d'autre qu'un mode d'emploi pour gagner le paradis ("fais ceci, ne fais pas cela" ! ), alors que le Coran est avant tout un guide pour l'élévation de l'âme vers Dieu. Le Coran est pour l'ici et maintenant, et pas seulement pour le profit de l'au-delà à venir.

Car le Coran dit :

Et quiconque aura été aveugle ici-bas, sera aveugle dans l'au-delà, et sera plus égaré encore par rapport à la bonne voie (17:72).

D'où l'importance de sans cesse questionner le Coran, d'approfondir ses connaissances par l'étude des sources hadithiques, de l'histoire de l'Islam etc.

Il faut mettre son intelligence en œuvre, et ne pas accepter servilement tout ce qui vient des ulémas, "savants" et autres imams :

Ne méditent-ils donc pas sur le Coran ? (4:82 ; 38:29)
Ne réfléchissez-vous donc pas ? (37:155 ; 6:50 ; 10:3)

Réfléchir n'est pas un crime, ami chris. Tu n'iras pas en enfer pour ça. Au contraire, c'est un fondement de l'enseignement coranique. Ce n'est pas en réfléchissant que l'on s'égare, bien au contraire : c'est la non-réflexion qui est un problème....

Dieu ne nous a pas dotés de la raison pour rien. Les sentiments peuvent être trompeurs, mais la raison ne peut pas nous tromper ; elle est l'arme la plus puissante entre nos mains. Ce n'est pas pour rien que le Coran y insiste beaucoup.

Eliza a écrit:

Salam titou , je partage entièrement ta réflexion au sujet de monieur Bidar , qui réellement qui confond l'Islam ( loi divine ) et les hommes , titou tu retrouves le même problème chez certains catholiques ou protestants .

Oui, par exemple, il y a ces chrétiens racistes et violents (type Skinhead). Se servir de ces "cas sociaux" pour définir la spiritualité chrétienne, c'est faire injure aux chrétiens. Je préfère m'en tenir à l'étude des différents points doctrinaux qui sont bien plus enrichissants.

titou a écrit:

J'en pense que ce monsieur Bidar confond l'Islam (Loi divine) et les hommes.

Il faut savoir, par ailleurs, et là je m'adresse particulièrement aux musulmans, que monsieur Bidar (qui est musulman) nie les obligations religieuses : prière, le jeune, le pèlerinage, (les piliers de l'Islam)

Ce monsieur est victime du modernisme, le même qui participe à la rupture avec le sacré. Et il ose donner des leçons aux musulmans en matière de sacralité ! : )

- le sacré résiderait t'il dans les piliers de l'islam tels que définis par les théologiens du passé ?

- n'y a t'il pas aussi du sacré dans les autres religions qui ont pourtant d'autres façons d'adorer Dieu ?

rosarum a écrit:

- le sacré résiderait t'il dans les piliers de l'islam tels que définis par les théologiens du passé ?

- n'y a t'il pas aussi du sacré dans les autres religions qui ont pourtant d'autres façons d'adorer Dieu ?

La parole divine que manifestait mes maitres Jésus et Mohamed (paix à leur âme) ne peut être que sacré et supérieure à la parole individuelle de l'homme

Le sacré ne peut être que supérieur puisqu'il est issue de Dieu, tandis que la modernité profane est issue de l'individualité humaine.

Encore une fois, l'arabe est une langue sacrée car révélée (non humaine).

Une langue qui a perdu sa netteté et qui a été enseignée au dernier Prophète saws par l'ange Gabriel

Pour le musulman, dans le Saint Coran, il y a des lumières Saintes et des connaissances seigneuriales, des choses au delà de ce que la raison peut concevoir.

En Islam, la vie ordinaire n'est qu'une illusion, tout notre quotidien est sacré. Nous invoquons et prions Dieu des le réveil, nous invoquons Dieu à tout moment de la journée, avant de manger, avant de parler, avant d'ouvrir une porte, etc et nous invoquons Dieu avant de dormir. Nous appartenons à Dieu et nous retournons à Lui swt et nous tentons d'avoir un bon comportement avec autrui pour Lui swt également.

Nous l'aimons au point de nous effacer nous mêmes devant Sa volonté


Toutes les civilisations sont initialement sacrées. Le monde moderne et profane (c'est à dire non sacré) est récent.

Certains auteurs ont été jusqu'à affirmer que légitimer le monde profane (temporel) en le considérant comme un progrès en comparaison au monde sacré, c'est participer à la désacralisation du quotidien et se positionner contre Dieu.