14 % des patients avaient des anticorps anti-SARS-CoV-2 dès septembre 2019
La nouvelle étude italienne, menée par l'Institut national du cancer IRCCS de Milan et parue dans la revue Tumori Journal, se fonde, quant à elle, sur l'analyse de presque 1.000 échantillons sanguins de personnes ayant participé à un test clinique de détection du cancer de poumon entre septembre 2019 et mars 2020. Des anticorps spécifiques au SARS-CoV-2 ont été trouvés chez 11,6 % des patients sur cette période, avec un taux de 14,2 % rien qu'au mois de septembre 2019. Tous ces patients étaient, bien entendu, asymtomatiques -- puisque personne n'a soupçonné à l'époque qu'ils étaient atteints d'une quelconque maladie. Mais comment est-il possible qu'un virus qui s'est avéré par la suite aussi meurtrier ait pu passer inaperçu pendant des mois ?
Faux diagnostics
Une des premières hypothèses avancées par les chercheurs est une sous-estimation du nombre de cas dans les premiers temps de l'épidémie. « Les autorités sanitaires régionales et nationales, après avoir tenté d'identifier rapidement les cas et de retracer tous les contacts potentiels, ont rapidement abandonné cette stratégie pour se concentrer uniquement sur les cas symptomatiques, explique Gabriella Sozzi, une des auteurs de l'article. En conséquence, un biais de sélection a été introduit avec une surestimation du taux de mortalité ».
Une deuxième piste est la méconnaissance du virus qui a conduit à de faux diagnostics. « En novembre-décembre 2019, de nombreux médecins généralistes ont commencé à signaler l'apparition de symptômes respiratoires graves chez des personnes âgées et fragiles atteintes de bronchite bilatérale atypique, ce qui a été attribué, en l'absence d'informations concernant le nouveau virus, à des formes agressives de grippe saisonnière », rapporte Gabriella Sozzi. Une explication pas forcément très convaincante puisque l'épidémie de grippe de 2019-2020 a justement été moins virulente que prévu.
La Lombardie, foyer de l’épidémie en Europe
Tout cela a de quoi laisser perplexe sur les modalités d'introduction du virus en Europe. Car il reste malgré tout communément admis que le SARS-CoV-2 provient bien de Wuhan. Mais, de telles prévalences en Italie à l'automne ne peuvent s'expliquer que par de multiples introductions, ce qui suppose que l'épidémie courait en Chine depuis bien plus longtemps que les cas officiels recensés, et que les contacts entre la Chine et l'Italie ont été très fréquents. Il ne fait plus de doute non plus que le foyer épidémique en Europe est bien parti de Lombardie. Mais l'explication au « réveil » soudain du virus et à l'emballement de l'épidémie reste bien mystérieuse.