Les grands principes prônés par l’Église n’ont pas changé [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Par
exemple, la production d’embryons hybrides, en dehors de toute relation humaine, le clonage – à des fins thérapeutiques ou non –, la recherche sur les cellules souches, la reprogrammation des cellules, et aussi tous les nouveaux moyens, présentés comme des contraceptifs, qui visent à interrompre une éventuelle fécondation (comme la « pilule du lendemain »)… Ces questions peuvent être regroupées en deux grandes catégories : celles qui concernent la fécondation, et celles qui touchent à la recherche sur l’embryon.
Les grands principes prônés par l’Église catholique n’ont pas changé : dignité de l’embryon comme être humain, fécondation impliquant une relation d’amour entre homme et femme. De ce point de vue, on ne doit pas s’attendre à ce que ce nouveau document revienne sur la condamnation faite par
Donum vitæ de la fécondation in vitro, y compris homologue (au sein d’un couple). Mais la difficulté, pour l’Église, tient à la très grande complexité de la matière et à la manière dont sont présentées ces innovations scientifiques, du point de vue de leur finalité médicale : aide à l’infertilité, remèdes nouveaux à certaines maladies rares, ou destruction des cellules malades…
L’objectif premier de Rome est donc de qualifier en termes éthiques des avancées scientifiques, ce qui passe par un important travail de pédagogie. Par exemple pour la thérapie génique : est-ce la même chose de faire cela avant ou après la naissance, de modifier ou non le patrimoine génétique transmis ensuite à la descendance ? Par ailleurs, certains sujets font aujourd’hui débat au sein même de l’Église. Parmi eux, le statut de l’embryon : doit-il être mis au rang de personne ?
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Avancer avec prudence sans paraître fermer la porte au progrès scientifiqueDonum vitæ disait seulement que « l’être humain, de la conception à la mort, doit être respecté comme une personne ». Certains mouvements catholiques pour la vie estiment que l’embryon «est» une personne, donc avec une âme. Autre question, le devenir des embryons congelés : là encore, certains groupes catholiques, au nom du respect de la vie, demandent que soit autorisée « l’adoption prénatale », c’est-à-dire l’implantation de ces embryons, une fois décongelés, dans l’utérus de femmes volontaires. Des moralistes, en revanche, estiment que la moins pire des solutions consiste à détruire ces embryons surnuméraires.
Sujets délicats, et sur lesquels l’Église sait qu’elle a du mal à se faire entendre. Toutes les précautions ont été prises pour que le texte avance avec prudence sans paraître fermer la porte au progrès scientifique. De même, une série d’articles a été demandée à divers théologiens moralistes, à paraître dans le quotidien
L’Osservatore Romano la semaine prochaine, pour accompagner le document. Enfin,
Dignitas personæ devrait comporter une longue partie expliquant les fondements anthropologiques et théologiques de la position catholique, mieux sans doute que n’avait su le faire
Donum vitæ.
Comme le note un théologien romain, la Congrégation pour la doctrine de la foi est prise entre deux exigences : répondre à cette très forte pression sur les questions éthiques, et ne pas verser dans une mentalité « casuistique » qui exigerait, pour chaque cas, une réponse en forme de oui ou non sans laisser place au discernement éthique. « Nous sommes bombardés de demandes dans ces domaines, mais il est dommage que des décisions aussi importantes pour la vie des hommes, concernant l’économique, le social ou politique, ne provoquent pas autant d’interrogations », déplore ce théologien.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] |
Isabelle DE GAULMYN - Journal la Croix [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] |