Occuper les églises : histoire d’une action controversée

Alors que plusieurs dizaines de jeunes migrants dorment dans une église de Lyon après avoir demandé refuge, depuis le 8 décembre 2023, retour sur l’histoire des occupations d’églises en France.



L’histoire retient que les églises ont toujours été considérées comme des lieux d’asile, des refuges. La tradition dit qu’à Carthage, le futur saint Augustin, alors évêque d’Hippone, a été confronté à des personnes qui, poursuivies par la justice, s’étaient installées dans une église. Il aurait conclu que l’accueil des justes est inconditionnel, même si cela implique de tolérer ceux qui profitent de la situation.


Depuis le 8 décembre 2023, entre 40 et 80 jeunes migrants occupent une église de Lyon, la nuit, afin d’éviter de dormir dans la rue, sous des tentes trempées, dans le froid de l’hiver.


En France, l’occupation de l’église Saint-Bernard à Paris, en 1996, a marqué les esprits, à la fois par la force de la mobilisation autour de ces sans-papiers qui y ont vécu quelques semaines et par le choc provoqué par les images de l’évacuation du lieu par les CRS. À la même époque, au moins deux autres édifices catholiques étaient investis par des personnes demandant leur régularisation, la basilique de Saint-Denis et une église de Tours.

De nombreux chrétiens mobilisés

La cathédrale d’Évry, Saint-Pierre du Havre, Notre-Dame de Créteil, Saint-André de Bobigny, Saint-Paul de Nanterre et quelques églises parisiennes… Deux ans plus tard, les médias parlent d’une « nouvelle vague d’occupations d’églises », toujours par des populations demandant un statut légal leur permettant de travailler et, pour beaucoup, de nourrir leurs enfants présents avec eux sur le territoire français.


« Le culte n’en est pas perturbé, détaille un article de l’époque, c’est souvent dans une salle paroissiale que s’installent les familles. » À de nombreuses reprises, des chrétiens se mobilisent autour des personnes sans papiers qui sont entrées dans leur église, et ils les soutiennent dans leurs revendications.


Depuis les années 2000, et une nouvelle occupation de la basilique à Saint-Denis en 2002, quelques cas se sont produits à Calais en 2002, à Nanterre en 2008 ou à Saint-Étienne l’année d’avant. Dans ce dernier cas, l’installation s’est poursuivie plusieurs années durant par la volonté du curé.

Hébergés dans des bâtiments diocésains

En 2015, un collectif tente d’investir l’église parisienne devenue iconique, Saint-Bernard, sans succès. Puis des groupes de personnes migrantes se sont à nouveau tournés, chaque année, vers les lieux de culte catholiques pour faire connaître leur détresse : en 2017 en l’église Saint-Ferréol à Marseille, en 2018 une occupation symbolique de quelques heures a lieu en la cathédrale de Rennes, en 2020 en l’église Saint-Paul à Grenoble.
Ces dernières années, ce sont surtout des bâtiments diocésains qui ont été ciblés par des collectifs soutenant des personnes migrantes pour les héberger sur du moyen voire du long terme, les délais d’obtention d’une réponse administrative s’étant étendus exponentiellement.

Un accompagnement développé par l’Église

Ces occupations ont-elles eu les résultats escomptés ? D’années en années, même si plusieurs régularisations ont bien eu lieu dans les années 1990, les occupations n’ont que rarement permis de débloquer des solutions pour les personnes sans-papiers. Parfois un relogement provisoire a pu être trouvé.


De son côté, l’Église a développé des moyens d’accompagner à court, moyen et long terme les migrants et réfugiés à travers de nombreux canaux : des programmes de communautés religieuses comme Jesuits Refugee Services (JRS), des actions d’associations catholiques et chrétiennes comme le Secours catholique et la Cimade, ou des initiatives paroissiales et diocésaines notamment depuis l’appel du pape François en 2015.


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Pétunia a écrit:

Alors que plusieurs dizaines de jeunes migrants dorment dans une église de Lyon après avoir demandé refuge, depuis le 8 décembre 2023, retour sur l’histoire des occupations d’églises en France.



L’histoire retient que les églises ont toujours été considérées comme des lieux d’asile, des refuges. La tradition dit qu’à Carthage, le futur saint Augustin, alors évêque d’Hippone, a été confronté à des personnes qui, poursuivies par la justice, s’étaient installées dans une église. Il aurait conclu que l’accueil des justes est inconditionnel, même si cela implique de tolérer ceux qui profitent de la situation.


Depuis le 8 décembre 2023, entre 40 et 80 jeunes migrants occupent une église de Lyon, la nuit, afin d’éviter de dormir dans la rue, sous des tentes trempées, dans le froid de l’hiver.


En France, l’occupation de l’église Saint-Bernard à Paris, en 1996, a marqué les esprits, à la fois par la force de la mobilisation autour de ces sans-papiers qui y ont vécu quelques semaines et par le choc provoqué par les images de l’évacuation du lieu par les CRS. À la même époque, au moins deux autres édifices catholiques étaient investis par des personnes demandant leur régularisation, la basilique de Saint-Denis et une église de Tours.

De nombreux chrétiens mobilisés

La cathédrale d’Évry, Saint-Pierre du Havre, Notre-Dame de Créteil, Saint-André de Bobigny, Saint-Paul de Nanterre et quelques églises parisiennes… Deux ans plus tard, les médias parlent d’une « nouvelle vague d’occupations d’églises », toujours par des populations demandant un statut légal leur permettant de travailler et, pour beaucoup, de nourrir leurs enfants présents avec eux sur le territoire français.


« Le culte n’en est pas perturbé, détaille un article de l’époque, c’est souvent dans une salle paroissiale que s’installent les familles. » À de nombreuses reprises, des chrétiens se mobilisent autour des personnes sans papiers qui sont entrées dans leur église, et ils les soutiennent dans leurs revendications.


Depuis les années 2000, et une nouvelle occupation de la basilique à Saint-Denis en 2002, quelques cas se sont produits à Calais en 2002, à Nanterre en 2008 ou à Saint-Étienne l’année d’avant. Dans ce dernier cas, l’installation s’est poursuivie plusieurs années durant par la volonté du curé.

Hébergés dans des bâtiments diocésains

En 2015, un collectif tente d’investir l’église parisienne devenue iconique, Saint-Bernard, sans succès. Puis des groupes de personnes migrantes se sont à nouveau tournés, chaque année, vers les lieux de culte catholiques pour faire connaître leur détresse : en 2017 en l’église Saint-Ferréol à Marseille, en 2018 une occupation symbolique de quelques heures a lieu en la cathédrale de Rennes, en 2020 en l’église Saint-Paul à Grenoble.
Ces dernières années, ce sont surtout des bâtiments diocésains qui ont été ciblés par des collectifs soutenant des personnes migrantes pour les héberger sur du moyen voire du long terme, les délais d’obtention d’une réponse administrative s’étant étendus exponentiellement.

Un accompagnement développé par l’Église

Ces occupations ont-elles eu les résultats escomptés ? D’années en années, même si plusieurs régularisations ont bien eu lieu dans les années 1990, les occupations n’ont que rarement permis de débloquer des solutions pour les personnes sans-papiers. Parfois un relogement provisoire a pu être trouvé.


De son côté, l’Église a développé des moyens d’accompagner à court, moyen et long terme les migrants et réfugiés à travers de nombreux canaux : des programmes de communautés religieuses comme Jesuits Refugee Services (JRS), des actions d’associations catholiques et chrétiennes comme le Secours catholique et la Cimade, ou des initiatives paroissiales et diocésaines notamment depuis l’appel du pape François en 2015.


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Cette triste actualité rappelle celle du 23 août 1996 quand près de 300 personnes en situation irrégulière étaient évacués brutalement par les forces de l’ordre de l’église Saint-Bernard qu’ils occupaient depuis deux mois, dans le 18e arrondissement de Paris.

Les portes de l’église Saint-Bernard avaient été défoncées à grands coups de hache et 1500 CRS déployés. À l’intérieur de l'église les sans-papiers attendaient l'assaut en écoutant le curé de la paroisse, le P. Henri Coindé faisant la lecture du discours de Martin Luther, « J’ai fait un rêve ». Ils n’en connaîtront pas la fin.

Les citoyens qui voulaient s'opposer à l'assaut des forces de l'ordre pacifiquement et qui ont été molesté par les CRS sont l'honneur de la France.