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 Carême 2020 - et quelques saints du XXème siècle

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MessageSujet: Carême 2020 - et quelques saints du XXème siècle   Carême 2020 - et quelques saints du XXème siècle - Page 2 EmptyMar 25 Fév 2020, 18:21

Rappel du premier message :

25/02/2020


Carême 2020: le Pape invite à mettre le Mystère pascal au centre de notre vie


Ce 24 février, le message du Saint-Père pour le Carême 2020 a été rendu public et présenté en conférence de presse au Vatican. À deux jours du Mercredi des Cendres, le Pape revient sur la signification du Carême, un «temps favorable» qui ne doit «jamais être tenu pour acquis», pendant lequel les chrétiens sont invités à accueillir la miséricorde de Dieu offerte par le Mystère pascal. Le cœur renouvelé, ils s’ouvrent à la charité, contribuant «à la construction d’un monde plus équitable».


Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
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MessageSujet: Re: Carême 2020 - et quelques saints du XXème siècle   Carême 2020 - et quelques saints du XXème siècle - Page 2 EmptyVen 27 Mar 2020, 10:23

Apprendre l’Inde : l’expérience d’une renaissance


En 1937, Pierre Ceyrac débarque à Madras, son rêve de l’Inde au cœur. Quinze ans d’études vont l’introduire dans une culture totalement autre que la sienne. Pour devenir missionnaire, il lui faut « quitter le vieil homme », se déplanter et se replanter dans une autre terre, pour toujours.


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Octobre 1937. Dans le port de Marseille, Pierre Ceyrac embarque sur le Sphinx pour un mois de traversée jusqu’en Inde. Il a 23 ans, au cœur l’enthousiasme de saint François Xavier et le magis (davantage) de saint Ignace de Loyola : « Une marche à l’Étoile ! C’est bien ça le sens profond de nos vies… Une marche, une aventure qui ne s’arrête jamais… toujours plus avant, toujours plus vers le grand large. » (1) Dans sa valise, le scolastique a emporté les Pensées de Pascal, et des textes de Teilhard de Chardin. Il sort de six années de formation. Il va étudier encore quinze ans les cultures, les langues et les religions. Il lui faut franchir l’énorme fossé culturel qui le sépare de l’Inde, entrer dans une culture totalement différente dans laquelle il n’a aucun repère et se trouve « perdu comme un enfant ». Pendant ces années d’acculturation, il apprend avec passion le sanskrit et le tamoul – il est ainsi le premier Européen licencié en sanskrit et en tamoul de l’université de Madras. Il parle également l’hindi et l’anglais ; cinq langues au total ! Il étudie la philosophie à Shembaganur, dans le sud du pays, puis la théologie à Kurseong, dans le nord, au pied de l’Himalaya. C’est là qu’il est ordonné prêtre le 21 novembre 1945, face à l’Everest, un jour de « brouillard » où il se sent triste et seul. Il est vrai que sa famille est loin. Toute sa vie, il ressentira comme la plus grande souffrance des missionnaires, « ni la chaleur, ni les privations matérielles, ni l’inconfort des pauvres maisons de brousse. Mais la solitude !… Seuls, loin de toute compagnie, ayant les plus grandes difficultés à jamais franchir complètement le «gap» (fossé) culturel, en dépit de tous leurs efforts d’inculturation, d’études des langues et des cultures. » (2)


Parmi les figures de missionnaires auxquelles il pense, il y a bien sûr son oncle Charles, jésuite, curé enfoui dans un village et qui l’a accueilli à son arrivée, mais surtout le père Jules Monchanin. Arrivé en Inde en 1939, cet intellectuel brillant, amoureux de l’Inde, fondera en 1950 avec un bénédictin de Kergonan, le père Henri Le Saux, l’ashram de Shantivanam. Le père Monchanin suggère à Pierre Ceyrac de prendre comme devise de vie missionnaire une parole du livre de Ruth : « Partout où vous irez, j’irai. Là où vous vivrez, je vivrai aussi ; votre peuple sera mon peuple et votre Dieu, mon Dieu… » Pour ces hommes, la vocation missionnaire constitue une sorte de Pâque, « une renaissance, une réincarnation » : « De la même manière que le Christ s’est vidé de lui-même pour devenir l’un de nous à jamais, ainsi le missionnaire a à renaître, pour devenir éternellement un avec son peuple. » (3)


(1) Pierre Ceyrac ou la grâce d’aimer, par Anne-Sophie Constant, Albin Michel, 2020, p. 29
(2) Père Ceyrac, Tout ce qui n’est pas donné est perdu !, DDB 2000, pp. 92-93
(3) Père Ceyrac, Tout ce qui n’est pas donné est perdu !, DDB 2000, p. 37




« Nos racines sont en haut »


Quelles sont nos racines ? Quelle est notre origine ? D’où venons-nous ? Une question que l’on se pose de plus en plus, et qui reçoit des réponses fort différentes selon les cultures. L’Inde a sa réponse aussi, assez générale sans doute, mais qui n’est pas sans profondeur et qui est assez proche de la réponse chrétienne. «Nos racines sont en haut.» Je ne viens pas d’en bas, mais je viens d’en haut, comme les racines de ce grand arbre que l’on voit souvent le long des routes de l’Inde, le banian tree – ou tout simplement le banian. Arbre étonnant de dimension (parfois de petits temples trouvent place entre ses racines), de longévité (comme les banians du centre international de théosophie, à Madras, parmi lesquels certains ont, paraît-il, entre quatre cents et cinq cents ans), et enfin arbre étonnant dans sa morphologie : on ne le plante pas, il se plante lui-même, en laissant tomber ses racines d’en haut, comme de grandes lianes qui, si on ne les coupe pas, descendent jusqu’au sol, y prennent racine pour produire un nouvel arbre ; un seul arbre peut ainsi devenir une forêt.

Comme les banians, nos racines sont en haut, viennent d’en haut. Une idée semblable se trouve dans la forme même du continent indien (…) qui a ses racines dans la demeure des dieux (les Himalayas) et s’enfonce dans la mer (qui représente le chaos et l’obscurité, le «maya cosmologique») comme les mains jointes pour la prière. Magnifique image qui nous rappelle combien fortement il nous faut être enracinés en haut pour pouvoir sans danger descendre très profond en bas.

Banian trees, configuration géologique de l’Inde : de belles images sans doute, mais beaucoup plus que des images, des symboles, des parties intégrantes de ce grand «message» de l’Inde qui nous rappelle que nous portons tous dans notre caverne intérieure (guha) une étincelle qui nous vient d’en haut, cette petite voix intérieure qui nous guide, antar-yamin, et dont parlait le Mahatma Gandhi.

Mes racines sont dans le Ciel, Presses de la Renaissance, octobre 2004, ppp. 13-14-15.

Pour aller plus loin : Pierre Ceyrac ou la grâce d’aimer, par Anne-Sophie Constant, Albin Michel, 2020, 240 p.


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« Om Jay Jagdish Haré Prabhu Jay Jagdish Haré » (Tradition hindoue), Auckle Anita/Quirin Lata/Reedoye Luxshmi/Seevatheean Elane/Murday Yoven/Seevatheean Manorgaden, extrait de Les voix de la fraternité, Bayard Musique.
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MessageSujet: Re: Carême 2020 - et quelques saints du XXème siècle   Carême 2020 - et quelques saints du XXème siècle - Page 2 EmptyVen 27 Mar 2020, 10:25

Accomplir la justice par amour


Nommé aumônier national des étudiants catholiques d’Inde, le père Ceyrac va mettre l’Inde en chantier et travailler à abolir les frontières entre les castes.


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On le destinait à être professeur de sanskrit, mais le père Ceyrac rate un examen de théologie. Qu’à cela ne tienne, en 1953, il est nommé aumônier national des étudiants catholiques d’Inde et s’installe au Loyola College de Madras qui devient pour toujours son port d’attache. « C’est là que ma vie a commencé, témoigne-t-il en 2004. Je dis toujours à mes étudiants quand ils ratent leurs examens : cet échec, c’est sans doute justement ce dont tu avais besoin. Nos échecs, nos bêtises, nos souffrances, c’est peut-être le plus beau cadeau que Dieu nous fait. «Umbra lux Dei», disait saint Bernard. L’ombre est la lumière de Dieu sur nous comme celle du soleil sur un cadran solaire. » (1)



Le voici qui sillonne le pays à moto, en bus, en train pour rencontrer les étudiants des 86 universités implantées par les jésuites en Inde et bâtir un mouvement, l’AICUF (All India Catholic University Federation), qui rassemblera plus de 80 000 jeunes. On le connaissait intellectuel, on le découvre actif et meneur d’hommes ! En 1957, il lance son premier chantier : 80 étudiants de toutes religions et castes construisent une route de trois kilomètres pour relier un village sans eau ni électricité à la ville de Pondichéry. Puis ils bâtissent un quartier à Madras avec des personnes à la rue. En 1967, à la suite d’une grande famine dans le Bihar, Pierre Ceyrac a l’idée de la ferme pilote de Manamadurai, un projet de développement durable avant l’heure qui fera vivre plus de 250 000 personnes à la fin des années 1970. De là, sera lancée l’opération « Mille puits » en 1975 pour fournir en eau potable des villages du sud. Dans son action, une constante : travailler avec les pauvres, manger avec eux… Mêler les futures élites du pays aux dalits (« les écrasés ») et aux intouchables, et ainsi « pilonner » doucement le système des castes. En cela, il « a une dimension politique, commente le jésuite Maurice Joyeux (Le Point, 7 mai 2002). Il fait partie de la génération qui a vu l’Inde accéder à l’indépendance. Dans ce sens-là, il est un «non-aligné». »



Il est surtout un missionnaire pour qui, sans le combat pour la justice et les pauvres, la foi est stérile ! Dès 1967, des étudiants étrangers, français notamment, se joignent aux chantiers. À tous, Father Ceyrac dit : « Nous sommes des hommes, des femmes pour les autres. (…) la seule tristesse, la seule tristesse, c’est de ne pas aimer. Lorsqu’on aime, on n’est jamais triste. La seule tristesse, c’est de ne pas aimer. Et aimer, c’est toujours le don de soi-même aux autres, pas forcément le don des choses que l’on a mais le don total. » (2) Pour lui, ce don total est exprimé dans une phrase en sanskrit inscrite dans le livre d’or d’une léproserie : « Tout ce qui n’est pas donné est perdu. » Après quinze ans au poste d’aumônier des étudiants, Pierre Ceyrac choisit d’aller vivre avec les pauvres.



(1) Figaro Madame, 18 décembre 2004.
(2) Père Ceyrac, Tout ce qui n’est pas donné est perdu !, DDB 2000, p. 23-24





Vidéo  : Pierre Ceyrac, prophète en Inde (KTO)





[b]« Et les autres ? »[/b]

C’est une question grave, essentielle, qui dérange. Et mon frère qui ne croit pas ? Et mon frère qui a faim ?… C’est en fait la première question que Yahveh posa à l’humanité, au premier homme né d’une femme : Caïn. Ce dernier avait tué son frère Abel par jalousie. «Où est ton frère ?», demanda alors Yahvé à Caïn. Où est mon frère dans les bidonvilles de Bombay, les favelas de Rio de Janeiro, dans les banlieues dures de nos grandes villes d’Occident ? Où est mon frère en Chine, en Russie, ou ailleurs ? Question capitale qui engage nos vies et les domine. Car c’est sur cette relation à mon frère, sur elle seule qu’au soir de nos vies nous serons jugés. Mon frère ? Qu’est-ce que j’ai fait pour lui ? Qu’est-ce que je n’ai pas fait ? Qu’aurais-je dû faire ? C’est sur cet amour pour mon frère que je serai jugé : «Tout ce que tu as fait pour lui, c’est à moi que tu l’as fait», a dit Jésus. Une telle question posée par Yahveh à Caïn traverse les siècles et résonne jusqu’à nous. »

Père Ceyrac, Tout ce qui n’est pas donné est perdu !, DDB 2000, p. 15

Pour aller plus loin : Pierre Ceyrac ou la grâce d’aimer, par Anne-Sophie Constant, Albin Michel, 2020, 240 p.


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« Avanasip Pattu », Seevatheean Elane/Murday Yoven (tradition hindoue), extrait de Les voix de la fraternité, la prière des traditions religieuses, Bayard Musique.

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MessageSujet: Re: Carême 2020 - et quelques saints du XXème siècle   Carême 2020 - et quelques saints du XXème siècle - Page 2 EmptySam 28 Mar 2020, 10:51

Le Darshan, c’est le visage du pauvre



Toute sa vie, le Père Ceyrac a cherché le visage du Seigneur. En Inde, il a trouvé la beauté de Dieu dans le regard des pauvres qu’il a approchés avec un infini respect.


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Pierre Ceyrac est venu en Inde pour chercher le visage du Seigneur. Il va le trouver dans le regard des pauvres. Et cette vision est pour lui une vision de beauté. Il n’a de cesse d’inviter ceux qui viennent le voir à recevoir cette beauté de l’Inde dans ses paysages, sa culture, ses habitants. La religion hindouiste a davantage le sens de Dieu, explique-t-il. Le grand désir de l’Inde, c’est la vision de Dieu - le Darshan en hindou. Dans la culture indienne, l’important est ce qui ne se voit pas, l’invisible, la transcendance : tout y est symbole, signe de la présence de Dieu. C’est pourquoi l’Inde peut nous aider à mieux comprendre l’Esprit, l’Atma, le reflet de l’immense beauté de Dieu en nous. Mais le christianisme a davantage le sens de l’homme. « Pour l’hindou, la matière, l’espace et le temps sont des illusions cosmiques dont il faut sortir. La personne elle-même est une illusion, souligne-t-il. […] Résultat : sur les trottoirs de Calcutta ou de Madras, seuls les chrétiens s’arrêtent pour aider l’homme, la femme ou l’enfant qui meurent. L’hindou, lui, ne s’arrête pas instinctivement. Il considère que cette personne vit son karma et qu’elle renaîtra autrement. » (1)



Imprégné du mystère de l’Inde, en quête de cette beauté, cet amour, cette lumière, et guidé par la parole de l’Évangile « Ce que vous faites au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous le faites » (Matthieu, chapitre 25), le jésuite va à la rencontre des plus pauvres dans les bidonvilles et les campagnes les plus reculées. Il faut, dit-il, les approcher avec « un respect presque religieux, beaucoup d’humilité et d’amour ». Alors seulement on peut comprendre le grand message de l’Inde, celui que lui ont transmis le Mahatma Gandhi et Mère Teresa : « L’être est plus grand que l’avoir. »



Lui-même s’est laissé dépouiller. Détaché de son apparence, le bon père a abandonné la soutane blanche élégante du missionnaire pour un éternel pantalon de toile et polo, des baskets aux pieds. Son seul bien est son bréviaire. Avant de sortir, il emplit ses poches de bonbons et d’argent. « Ne jamais refuser. Toujours donner, donner et donner avec un grand respect. Toucher, il faut toucher la personne à qui l’on donne, surtout si c’est un lépreux ou un «intouchable» » (2) Dans le documentaire Father India (CFRT, 2006), on le voit ainsi prendre avec tendresse les mains atrophiées d’une femme lépreuse, s’émerveiller de son regard. Contemplatif dans l’action, il est convaincu que « l’on saccage un pays si on en fait un pays de consommation » et que la solution viendra des pauvres pour notre monde riche et malade. « Les problèmes du monde sont une affaire de manque d’amour et de partage, confie-t-il à La Croix (1er décembre 2003). Il nous faudra bien comprendre un jour qu’il nous faut partager !»



(1) La Vie, 27 janvier 2000.
(2) Père Ceyrac, Tout ce qui n’est pas donné est perdu !, DDB 2000, p.73





Un texte  : « L’amour pour moi, c’est trois choses essentielles »





Premièrement, le respect : avoir un grand respect de l’autre, surtout du pauvre, du petit, de l’enfant. Plus ils sont pauvres, plus il faut les respecter. Si on ne respecte pas, on n’aime pas !

Deuxièmement la tendresse. Cette grande tendresse de Dieu dont parle si souvent la Bible. Un homme qui est dur avec ses enfants, sa femme, il ne les aime pas vraiment. Il faut beaucoup prendre dans ses mains, beaucoup embrasser.

Et troisièmement, l’identification. Pas de «eux» et «nous» ; pas de «toi» et «moi» ; mais «nous», toujours «nous», comme dans le mariage ! Ne jamais dire «eux» et «nous». Dire toujours simplement «nous» : nous les réfugiés, nous les lépreux, nous les Indiens. «Eux et Nous», c’est un réflexe presque colonial qui sépare au lieu de réunir. »

Père Ceyrac, Tout ce qui n’est pas donné est perdu !, DDB 2000, pp. 74-75


Pour aller plus loin : Pierre Ceyrac ou la grâce d’aimer, par Anne-Sophie Constant, Albin Michel, 2020, 240 p.





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Bleu Alep, de Simon Mary, extrait de Krystal Mundi, Label Ouest




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MessageSujet: Re: Carême 2020 - et quelques saints du XXème siècle   Carême 2020 - et quelques saints du XXème siècle - Page 2 EmptyLun 30 Mar 2020, 11:02

« La blessure de la frontière », dans les camps avec les réfugiés


En 1980, Pierre Ceyrac part en mission en Thaïlande dans des camps de réfugiés cambodgiens et vietnamiens. Il restera profondément marqué par cette expérience qui le relie à la Passion du Christ.


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En 1980, Pierre Ceyrac a 65 ans. La Caritas de Thaïlande est débordée par l’afflux de réfugiés qui fuient le Cambodge après l’arrivée des Vietnamiens et l’ouverture des « camps de la mort » abandonnés par les Khmers rouges. Sur une proposition du provincial des Jésuites, le missionnaire part à la tête d’une équipe de onze personnes pour une mission humanitaire de six mois. Il va rester quatorze ans dans les camps avec 250 000 réfugiés cambodgiens et vietnamiens, retenus derrière des barbelés sous la surveillance d’hommes armés. « Si un enfant traversait les barbelés, on lui tirait dessus !, raconte-t-il en 1998. C’est là que j’ai pu mettre en application ce que l’Inde et Gandhi m’avaient enseigné : «Il est plus important d’aimer que de faire.» Chaque jour, lorsque je parcourais les quatre-vingts kilomètres qui séparaient le camp de notre base, que je passais les sept barrages de l’armée, je me redisais cette phrase de saint Jean de la Croix : «Tout mon exercice est d’aimer.» » (1)



Dans les camps, le père Ceyrac partage l’angoisse des « plus pauvres des plus pauvres »…, celle d’un peuple «complètement déboussolé qui est dans la Ténèbre, un tunnel. » (2) Il fait l’expérience de son impuissance et, quand une personne de passage lui demande ce qu’il fait là, il répond qu’il ne fait rien, que l’important c’est d’être présent. En réalité, pendant ces années, il va se battre pour le droit à l’éducation des réfugiés et créer des collèges techniques, des lycées, et même une université. Mais il restera profondément marqué par cette « blessure de la frontière » où les réfugiés vivent « l’agonie de Jésus-Christ ». Il évoque ainsi une Semaine sainte sous les bombardements de l’armée vietnamienne : « Le Seigneur était crucifié dans les camps. Les maisons avaient été brûlées, les gens blessés. Ils fuyaient dans les montagnes en feu. Alors on en prend conscience : c’est la Passion du Seigneur. Le cri vers le Seigneur : C’est lui. (…) Je n’ai jamais eu d’expérience mystique du Seigneur mais cette expérience quotidienne du Seigneur dans son corps est très impressionnante, vous savez. » (3)



Lui, le non-violent, éprouve que « trop, c’est trop » ! « Je me souviens de ces hommes qui essayaient d’émigrer et qui venaient me voir les larmes aux yeux en disant : «J’ai encore été rejeté», témoigne-t-il encore en 1998. L’un d’entre eux s’est pendu ; au pied de l’arbre, il avait laissé une lettre : «J’ai été rejeté par tous les pays, il ne me reste qu’un seul pays, celui de la mort»… Parfois je suis tellement en colère. Il faut que la France reste une terre d’asile. […] Si l’on ne peut pas tout faire, on peut faire davantage… et surtout ne pas séparer les familles. » (4) Et de rappeler la suite de Matthieu 25 : « J’étais un étranger et vous m’avez accueilli. » En 1993, le père Ceyrac assiste au départ du dernier car de réfugiés. En pleurs, il les salue de la main.



(1) et (4) L’Actualité religieuse n° 166, 15 mai 1998
(2) et (3) Cité dans Pierre Ceyrac ou la grâce d’aimer, par Anne-Sophie Constant, Albin Michel, 2020, p. 146-151





Vidéo  : un Noël avec les réfugiés cambodgiens (1981)





Joie des retrouvailles

Quelle joie, les retrouvailles quand on pensait ne jamais se retrouver. Cela me rappelle les camps du Cambodge où à chaque semaine, à chaque mois, des bus venaient de la frontière à plus de 300 km. Des réfugiés qui avaient échappé aux camps des Khmers rouges y étaient transportés. Une vingtaine de cars arrivaient ensemble dans les camps de transit avant le départ de ces femmes et hommes pour l’Occident, «les troisièmes pays». Lorsque le convoi arrivait, tout le camp se précipitait sur les barbelés pour voir si, parmi ces gens descendant des autobus, il n’y avait pas quelqu’un qu’ils avaient connu, un être qu’ils avaient aimé. C’était bouleversant d’entendre le cri d’une femme ou d’un homme qui disait : «Ah, c’est toi et je n’avais jamais pensé te retrouver. Je croyais que c’était jamais plus.» Mais non ! Quelquefois le «jamais plus» devient, déjà, dès ce monde-ci, faux pour certains. Et pour tous, il y aura les grandes retrouvailles plus tard, où l’on se dira à travers l’éternité «Ah, c’est toi !»
Et ce sera pour toujours.
Et on sera ensemble pour toujours.


Père Ceyrac, Tout ce qui n’est pas donné est perdu !, DDB 2000, p. 106-107



Pour aller plus loin : Pierre Ceyrac ou la grâce d’aimer, par Anne-Sophie Constant, Albin Michel, 2020, 240 p.

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« Om Jay Jagdish Haré Prabhu Jay Jagdish Haré » (Tradition hindoue) , Auckle Anita/Quirin Lata/Reedoye Luxshmi/Seevatheean Elane/Murday Yoven/Seevatheean Manorgaden, extrait de Les voix de la fraternité, Bayard Musique.

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MessageSujet: Re: Carême 2020 - et quelques saints du XXème siècle   Carême 2020 - et quelques saints du XXème siècle - Page 2 EmptyMar 31 Mar 2020, 10:32

Aimer davantage


Après les camps de réfugiés, Pierre Ceyrac rentre en Inde. Dans la dernière période de sa vie, il va s’occuper d’enfants et se faire de plus en plus petit.


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1993. Quand Pierre Ceyrac revient en Inde après quatorze ans dans les camps de réfugiés en Thaïlande, il s’y sent comme un étranger. Même dans la Compagnie de Jésus, le missionnaire fait partie du passé. À 80 ans, il fait l’expérience du vide et du dépouillement. Ce sont les pauvres qui vont le sauver de ce désarroi. « Lorsque je suis moi-même parfois épuisé, découragé, je tourne mon regard vers les plus pauvres, je me force à mesurer ma propre misère à l’aune de la souffrance des autres et, alors, je redresse la tête, je sais que je n’ai pas le droit de m’appesantir sur moi-même. Ce qui nous sauve, c’est de penser à l’autre… », commente-t-il en 2003 (1). Le père Antony Raj va alors l’embaucher dans sa lutte pour la promotion des dalits – « les exploités, les opprimés » – devenue l’option prioritaire de la province jésuite de Madurai en 1989. Plus politique, cette lutte se traduit par des manifestations, des grèves, l’encouragement des « intouchables » à prendre leur place. En 1997, un centre d’éducation et de formation professionnelle est ainsi fondé pour les enfants dalit à Madurai. Un photographe, Kalei, vient également demander de l’aide au père Ceyrac. Sans maison ni revenu fixe, ce célibataire a adopté 38 enfants des rues – orphelins, enfants de lépreux, de prostituées… « Je vous ai vu en songe », lance-t-il au Father en guise de recommandation lorsqu’il vient le trouver au Loyola College. Ensemble, ils fondent le mouvement « Les Mains ouvertes » ou « Les Mains d’amour » qui accueille des milliers d’enfants dans des centres où ils sont confiés à des veuves, qui trouvent là un refuge, et à des jeunes filles qui se constituent une dot grâce à ce travail. Pierre Ceyrac veut encore s’occuper d’une enfant atteinte de la polio, mais le chirurgien lui explique qu’il arrive sept ans trop tard pour qu’elle puisse être soignée. Alors il se lance dans la construction d’un centre pour enfants atteints de ce mal. Jusqu’au bout, il répond où on l’appelle, parcourt les routes, agit et transmet l’œuvre à d’autres. Propriétaire de rien, tendu vers la « joie », la « lumière », la « beauté » et « l’amour ».



Il a rêvé un temps se retirer comme trappiste ou chartreux, mais l’Inde est son monastère : « À certaines heures, dans les rues grouillantes de foule, je me sens comme un moine au beau milieu d’un désert : je ne contemple cartes pas des montagnes, mais des milliers de visages qui sont, pour moi, autant de traces de la Présence divine… Ces visages sont là, présents, lorsque je dis ma messe seul, le soir, à Madras et, souvent, en consacrant le pain et le vin, je pleure, non de tristesse, mais de joie. » (2) Larmes de joie, larmes de compassion qui ont marqué plus d’un visiteur du père Ceyrac. Tandis que les forces le quittent, Pierre Ceyrac se rapproche un peu plus du « secret » de sa vie, Jésus-Christ : « Je marche vers lui. » (3) « Le matin, dans ma prière, je demande au Seigneur de vivre ma journée devant Lui, en Lui et vers Lui… » (4) Dans ses carnets spirituels, il demande aussi la sainteté, d’aimer « à chaque moment, à chaque pas, dans les petites choses de tous les jours » (5). Et puis il dessine des croix, de plus en plus de croix… On retrouve le Père Ceyrac mort le matin du 30 mai 2012. Dans la nuit, il s’est levé, coiffé, habillé pour la rencontre.



(1), (2) et (4) Panorama, décembre 2003.
(3) L’Actualité religieuse n° 166, 15 mai 1998.
(5) Pierre Ceyrac ou la grâce d’aimer, Anne-Sophie Constant.




Texte  : « Cette terre de l’Inde que j’ai tant aimée »




Ne pas durcir le cœur des enfants, ne pas les abîmer : je les aime et les respecte trop. Les aimer comme ils sont. 

(...)

 Au soir de cette longue vie, après toutes ces traversées et ces combats, je me dis que si j’ai réussi à sauver au moins la vie d’un seul de ces enfants croisés sur ma route, je n’aurai pas perdu ma vie. Et je m’étendrai sur cette terre de l’Inde que j’ai tant aimée, en sachant que je ne l’ai pas complètement perdue. 
[size=18]
Père Ceyrac, Tout ce qui n’est pas donné est perdu !, DDB 2000, p. 71-12


Pour aller plus loin : Pierre Ceyrac ou la grâce d’aimer, par Anne-Sophie Constant, Albin Michel, 2020, 240 p.
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« Ryaku Fusatsu » (tradition bouddhiste), Reigetsu Helen/Maître Reigen Wang-Genh Olivier, extrait de Les voix de la fraternité, Bayard Musique.


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MessageSujet: Re: Carême 2020 - et quelques saints du XXème siècle   Carême 2020 - et quelques saints du XXème siècle - Page 2 EmptyJeu 02 Avr 2020, 10:43

Jean Rodhain : la vocation du service


Lorrain d’origine, Jean Rodhain est issu d’une famille aimante et soudée. Sa vocation s’enracine très tôt dans une vie de prière. Son tempérament très actif le poussera rapidement à s’investir à fond dans le service des autres.


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Jean Rodhain, vicaire à Epinal, avec les enfants qu’il prépare à la première communion. :copyright: Fondation Jean Rodhain



Jean Rodhain naît dans le pays vosgien le 29 janvier 1900. Ses parents s’étaient installés dans la ville de Remiremont, dont le souvenir ne quittera pas le futur fondateur du Secours catholique. Sa jeunesse se déroule paisiblement, entre des parents aimants mais austères et exigeants, et une jeune sœur qui sera plus tard bénédictine. Le garçon n’est pas un brillant élève, et révèle vite un tempérament fonceur et chahuteur. La Première Guerre mondiale vient troubler l’existence laborieuse de la famille et le jeune garçon se passionne pour les faits d’armes et les batailles. La maladie grave de sa mère (une laryngite tuberculeuse) assombrit la vie familiale et explique sa maturité précoce. À 18 ans, alors que l’armistice est signé, il annonce qu’il entre au séminaire. D’emblée c’est pour lui un engagement irréversible : le sacerdoce est pour lui un choix irréductible et entier, dont le socle est la prière, la lecture de la Bible... et la pratique de la charité. D’ailleurs il racontera plus tard qu’il aura été bien plus saisi par son ordination diaconale que par la sacerdotale, qui a lieu en 1924 : « J’ai été beaucoup plus impressionné par le diaconat que par le sacerdoce et la première messe. Cette imposition de l’étole de diacre m’a laissé une impression considérable. » Pas étonnant de le retrouver lors du concile Vatican II, participant aux travaux qui réhabilitent le diaconat permanent. Jean Rodhain prêtre reste avant tout un diacre. Il est fait pour servir.



Un vicaire turbulent



Ses débuts à Épinal sont symptomatiques de ce que sera sa vie. Jean Rodhain prêtre reste le jeune homme passionné, actif, et peu enclin à ménager sa hiérarchie. Il se dépense sans compter, va et vient, toujours disponible, débordant d’activités. Il s’implique à fond dans le catéchisme, les visites aux familles, le soin des malades. Il organise des spectacles de théâtre avec les jeunes qui l’entourent, développant ainsi ses grandes capacités de metteur en scène. Bref, il dérange et agace. Brutalement envoyé en pleine campagne, à Mandres, dans une paroisse totalement déchristianisée et très pauvre, il y fera merveille, et parviendra à restaurer une vie communautaire de grande qualité : « Il savait arriver à ses fins, à force de persuader, se souvient un paroissien. impossible de résister. il savait nous embarquer. D’ailleurs on l’aimait tellement qu’on ne pouvait faire autrement ! »

Ce sera durant ces années qu’il fait la connaissance de la JOCF (Jeunesse ouvrière chrétienne féminine) et en devient l’animateur pour le diocèse de Saint-Dié. Quelle bouffée d’air frais ! La JOC l’enthousiasme, il se lance à fond dans l’animation de sa section, prêchant aux jeunes ouvrières des filatures la charité et organisant des cours de cuisine, de comptabilité et de puériculture. « Voir pour juger et agir. » C’est là que prend forme ce qui deviendra la devise du Secours catholique.


En 934, il est nommé aumônier JOCF de Paris-sud. Il a 34 ans. Quelle trajectoire !




Vidéo  : Jean Rodhain et le Secours catholique (KTO-Secours catholique)




Texte : « Le service des pauvres est un honneur »



Il n’y a pas à se pencher vers les pauvres. L’échelle véritable des valeurs ne ressemble pas à l’échelle sociale d’un bottin mondain. L’Évangile nous prévient que les pauvres arriveront en tête de ce cortège : ceux qui ont souffert ont avancé plus vite.

Voilà pourquoi le service des pauvres est un honneur qui n’a pas de fin.



Écouter



«Tu veux pour nous un cœur d’enfant», écrit et dit par Frère Roger, extrait de La Voix des sans voix, Studio SM.




[size=20]Bibliographie[/size]




Méditer avec Jean Rodhain, Salvator


Christophe Henning, Vous, c’est la charité ! Biographie de Mgr Jean Rodhain, Sarment
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MessageSujet: Re: Carême 2020 - et quelques saints du XXème siècle   Carême 2020 - et quelques saints du XXème siècle - Page 2 EmptyVen 03 Avr 2020, 11:32

Jean Rodhain : l’expérience de la guerre


Appelé sous les drapeaux, l’abbé Rodhain sort encore du rang : les horreurs de ces cinq années vont mobiliser toute son énergie et sa créativité. Une grande œuvre s’amorce !


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Jean Rodhain en 1944, avec le personnel de l’aumônerie des prisonniers de guerre, rue du Cherche-Midi, à Paris. :copyright: Fondation Jean Rodhain


En 1930, l’ordre de mobilisation est lancé. Les années qui vont suivre seront pour l’abbé jociste une grande occasion de développer sa forte personnalité et son sens inné de l’organisation. Il rejoint d’abord comme simple soldat la ville d’Épinal où les troupes cantonnent et se morfondent. Il invente alors les « valises bibliothèques », premier signe de sa charité inventive et spontanée. Grâce à lui, les livres circulent et cassent l’ennui des soldats mobilisés dans les fronts de l’Est. En mars 1940, le voilà aumônier jociste chargé d’accompagner une division composée d’ouvriers et de mécaniciens de chez Renault. Il fera à leurs côtés l’expérience du feu, les accompagnant jusqu’au plus fort des combats. Fait prisonnier en Côte-d’Or, il découvre la pagaille des secours français. Il a alors l’idée, incroyable, de s’évader, avec l’autorisation du cardinal Suhard dont il a fait la connaissance récemment. Il peint en lettres blanches sur le pare-brise de la voiture militaire de sa division : « aumônier général des prisonniers de guerre », et passe sans encombre la porte de la prison. C’est l’armistice, la France est dans un état épouvantable et l’abbé Rodhain se lance dans l’aventure : soulager la souffrance des centaines de milliers de prisonniers français.



Un organisateur hors pair



Pendant toutes les années de guerre, Jean Rodhain peaufine donc son organisation et impose l’aumônerie des prisonniers de guerre. C’est une tâche immense, pour laquelle il embauche d’anciens jocistes. D’abord réservée aux prisonniers des camps français, son aide s’étend vite à ceux qui sont enfermés en Allemagne. Parmi eux, de nombreux prêtres et séminaristes déportés. Germe l’idée de leur faire parvenir des « valises chapelles ». C’est un projet audacieux, car il faut obtenir toutes les autorisations possibles et imaginables pour que ces chapelles portatives soient acceptées par les autorités allemandes. C’est un immense succès : en quatre ans, 3 000 autels portatifs auront été expédiés, des millions d’hosties, 160 000 litres de vin de messe, 800 000 missels et 835 000 évangiles ! Ce « diocèse des barbelés » a permis à des centaines de milliers de prisonniers de persévérer leur foi et de garder confiance dans la victoire.


Une réussite due à la force de conviction de l’abbé Rodhain, jamais en peine de trouver ce qui pouvait réconforter les prisonniers. En 1942 est mise en place la Journée nationale de prière pour les prisonniers et déportés qui deviendra après guerre et reste encore aujourd’hui la journée de prière et de quête du Secours catholique.


Un visiteur inattendu



En 1942, puis en 1943, l’abbé Rodhain obtient l’autorisation de se rendre dans les camps de prisonniers allemands. Des voyages épiques qui l’amèneront à visiter les stalags de Prusse orientale, puis de Silésie, puis de la Ruhr. Sa haute stature, sa maigreur impressionnante, son visage crispé et tendu par l’émotion, son air impénétrable laisseront un souvenir inoubliable aux prisonniers. Ces visites en inaugureront bien d’autres, à travers tous les camps de souffrance du monde entier auxquels il rendra visite durant sa longue vie.


Pour autant, l’acharnement de l’abbé Rodhain à garder le contact avec les prisonniers français n’aura pas raison de tous les obstacles. Et ce n’est qu’à leur libération qu’il découvre le drame des camps d’extermination, dont il connaissait l’existence mais pas la finalité. Et même s’il réussit à envoyer des colis à Mauthausen, Buchenwald, Ravensbrück, Dachau et Auschwitz, il ne pouvait imaginer ce qui s’y concevait.


En 1944, la libération est proche et Jean Rodhain n’a qu’une idée en tête : obtenir du Vatican d’être concrètement présent dans les opérations de rapatriement. Toujours soutenu par l’archevêque de Paris, il part pour Rome pour une entrevue avec Pie XII. L’autorisation est donnée et Jean Rodhain sera nommé par le général de Gaulle « aumônier des prisonniers et déportés » et chef de « l’aumônerie catholique aux armées ». Il crée alors, pour soutenir le moral des familles, une publication qui diffuse les courriers qui affluent des camps, par l’intermédiaire de l’aumônerie. Ce sera Message, qui fait entendre avant même leur libération la voix des prisonniers. Messages, qui existe toujours, aura un impact considérable.



La découverte abominable



En avril 1945, l’abbé Rodhain, après avoir mené des tractations épuisantes, met le cap sur l’Allemagne, avec 11 camions aux couleurs du Vatican et 300 tonnes de vivres. « Fonce et enfonce », l’aumônier militaire adopte la devise de son ancienne division. La charité est un combat !


[size=16][size=18]Arrivé aux portes du camp de Buchenwald, seulement quelques heures après sa libération par l’armée américaine, il découvre l’horreur. « J’ai vu le spectacle bouleversant des abattoirs encore remplis, des cadavres non encore inhumés et des survivants dans l’état dans lequel on a pu les trouver : des squelettes vivants ! » racontera-t-il plus tard, ajoutant : « J’ai vu depuis des quantités de camps dans lesquels les gens mouraient de faim, soit au Biafra, soit à Calcutta. Mais ce que j’ai vu a Buchenwald ou Bergen Belsen, c’était une extermination voulue, préparée, méthodique. C’est ce que j’ai vu de plus abominable »


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Écouter




«Le Notre Père du prisonnier», écrit et dit par Philippe Maillard, extrait de La Voix des sans voix, Studio SM.






Texte : « Planter, bâtir, instituer »


Un bal de charité, un thé de charité ont été peut-être, en 1880, des aspects d’une activité secourable. En 1960, ce n’est pas de la charité, c’est de la pure mondanité, et pas autre chose (...) La Charité véritable ne distribue pas des moissons toutes faites ou des gâteaux tout cuits. Plutôt que de distribuer cent pommes, elle préfère planter un pommier. Elle enseigne à planter, à bâtir, à instituer. Elle soigne l’affamé de 1960, mais lui apprend à cultiver pour qu’il sache récolter en 1970 (…) Enseigner la Charité aujourd’hui au gamin de 10 ans, c’est déjà illuminer l’an 2000 et préparer la justice sociale de l’âge atomique. 


Bibliographie




[size=16]Christophe Henning, Vous c’est la charité ! Biographie de Mgr Jean Rodhain, Sarment


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MessageSujet: Re: Carême 2020 - et quelques saints du XXème siècle   Carême 2020 - et quelques saints du XXème siècle - Page 2 EmptySam 04 Avr 2020, 10:13

Jean Rodhain : le Secours catholique


8 mai 1945, la France sort de la Seconde Guerre mondiale meurtrie et ravagée. On compte environ 650 000 morts français. Les dégâts matériels sont d’une ampleur inédite. C’est dans ce contexte que, sous l’impulsion de Jean Rodhain, naît le Secours catholique.


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Avant d’évoquer la création du Secours catholique, en 1946, comment passer sous silence le fameux et ardent pèlerinage du retour ? Jean Rodhain le voulait... il l’a organisé. 80 000 à 100 000 déportés se retrouvent à Lourdes en septembre 1946, venus par toutes les routes de France, souvent à pied, souvent couchés. Une expérience inoubliable, dont Lourdes garde encore aujourd’hui le souvenir grâce à la croix dressée dans l’enceinte de la Cité Saint-Pierre du Secours catholique. Ce pèlerinage marque le dernier acte de l’Aumônerie générale des prisonniers de guerre. Il inaugure le Secours catholique.



Plutôt que d’inviter les rapatriés à se rassembler dans une association d’anciens, Jean Rodhain les pousse à se tourner vers l’avenir et à bâtir la charité de demain. Et malgré le tempérament incontrôlable de l’abbé, qui les inquiète un peu, les cardinaux et archevêque français, à l’invitation pressante de Mgr Montini, futur Paul VI, acceptent la création du Secours catholique français. L’abbé Rodhain en sera le Secrétaire général et François Charles Roux le président.



Le feu de la charité



Jean Rodhain a 46 ans. Les années de guerre, les privations n’ont pas entamé son allant et son énergie. C’est un homme impénétrable, dont le silence, certains diront le mutisme, impressionne au plus haut point. « Une sorte d’indifférence au brouhaha se dégage de cet homme », dira un proche. Rien à voir avec un abbé Pierre dont il fera plus tard la connaissance. Jean Rodhain n’est pas d’un abord facile et pourtant, quel charisme ! Ceux qui ont travaillé avec lui ont tous souligné la forte adhésion qu’il dégageait, « sa façon de simplifier les problèmes, de les désosser, de les formuler et de leur trouver une solution », dira François Nourrissier, qui sera trois ans durant chargé des relations extérieures du Secours catholique. Et des solutions, il s’agit d’en trouver ! À la sortie de la guerre, la France est exsangue. La liste des besoins les plus pressants est longue : du sucre, du riz, des lainages, des chaussures, de la laine à tricoter, des confitures... On n’en finit pas. Dans un pays où la pénurie règne en maître, Jean Rodhain veut faire briller l’étincelle de l’Évangile et provoquer la solidarité : « Pourquoi le Secours catholique ? Pour allumer le feu de la charité. »


Une organisation qui roule encore !



Pour mettre en route son programme, fort de son expérience durant la guerre, Jean Rodhain s’appuie sur deux convictions : l’organisation d’un réseau de charité par diocèse et le lancement de « campagnes ». Et ça marche ! Dès 1947, une dizaine de diocèses sont à pied d’œuvre. La première « campagne pour les malades » est lancée. L’objectif est très concret : réaliser des colis qui viendront encourager les 400 000 malades en sanatorium. Le journal Messages, né durant la guerre, sert à mobiliser les donateurs et ça marche encore. Tout le fonctionnement du Secours catholique est mis en place, soutenu par l’âme d’un seul homme, qui jusqu’à sa mort nourrira l’action des bénévoles par sa foi et sa force de conviction.






Texte : « Si la Charité est un feu »


Le Christ se donne à celui qui sait se donner aux autres. N’avez-vous pas l’expérience des âmes pour ignorer que le Christ se rencontre plus souvent au terme d’un geste secourable qu’à la dernière page d’un gros volume ?

Que de bonnes volontés qui s’offrent !

Que de mains disponibles qui se proposent !

Si la Charité est un feu, je pense à une « Église incendiaire » qui embraserait le monde des flammèches de ce réacteur qu’est l’amour des pauvres.




Bibliographie :


Méditer avec Jean Rodhain, Salvator

Christophe Henning, Vous, c’est la charité ! Biographie de Mgr Jean Rodhain, Sarment


Écouter


«Pour ces millions d’hommes», écrit par Joseph Wresinski et dit par Geneviève De Gaulle-Anthonioz, extrait de La Voix des sans voix, Studio SM.



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MessageSujet: Re: Carême 2020 - et quelques saints du XXème siècle   Carême 2020 - et quelques saints du XXème siècle - Page 2 EmptyLun 06 Avr 2020, 19:16

Jean Rodhain : la pédagogie de la charité


Les années 1950 sont l’occasion d’un formidable essor du Secours catholique. Une période qui permet à Jean Rodhain de réfléchir au souffle qu’il entend donner au travail de chacun. Il élabore une véritable théologie de la charité.


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1947, Jean Rodhain part pour l’Égypte, atteinte d’une épidémie de choléra. Il emporte un stock de médicaments. :copyright: Fondation Jean Rodhain



« La charité n’est ni périmée ni anachronique. Certains ont pu le croire, un instant, devant les progrès du monde moderne. Mais la charité ne passe pas. Elle est en avant, en plein vent. Elle est une vivante, les cheveux au vent, œuvrant dans les courants d’air de la vie quotidienne, aux prises avec de multiples travaux d’intervention et de partage. On n’amasse point de poussière à ce régime. C’est un devoir pour la charité d’aujourd’hui de présenter un autre visage, un visage éveillé aux besoins de nouvelles pauvretés. Un visage dont le sourire soit capable de comprendre la famille du prisonnier comme celle de l’immigré. »



Le souffle de la charité



Pour Jean Rodhain, la charité ne s’apprend pas en dix leçons. C’est une énergie qui passe par un long travail d’apprentissage. Savoir écouter, entendre l’autre dans son besoin premier, regarder, prêter attention, et puis agir efficacement. La petite flamme de la charité peut alors briller et se développer. Explorer la charité, redonner à ce mot désuet ses lettres de noblesse sera le combat de sa vie.


Jean Rodhain, on l’a déjà dit, est un organisateur né. Mais pour lui, organiser, c’est agir. « Ce que les pauvres attendent, ce ne sont pas des explications, fussent-elles excellentes, mais des réalisations... La Charité s’enseigne en la pratiquant... ». « Il faut des actes modestes, patients, désintéressés, répétés, qui seuls sont capables de ronger en profondeur la citadelle de l’ignorance et de l’égoïsme », note Jean Colson, dans une biographie de Jean Rodhain. Certes « un colis ne résout pas tous les problèmes, mais il peut être la petite étoile qui illuminera un Noël sans joie ». Tout geste de générosité doit d’abord être un acte de reconnaissance de la dignité sacrée de toute personne qui est en difficulté. 



La charité n’a pas de frontières



Dès 1946, l’abbé Rodhain a fait sortir le Secours catholique des frontières de la France. Il a su étendre sa solidarité au monde entier ; il a animé, interpellé, mobilisé les opinions publiques. Il l’a amené à agir dans toutes les catastrophes : Égypte, Vietnam, Algérie, Maroc, Biafra, Inde.


Il a le souci et le génie des actions sur tous les fronts des urgences du monde.


En décembre 1959, le barrage de Malpasset-Fréjus s’est rompu. Un énorme fleuve de boue emporte des centaines de personnes. Arrivé rapidement sur les lieux, Mgr Rodhain, devant ce terrible spectacle, observe, écoute, réfléchit. Il a toujours une intuition rapide. « Il faut, dit-il, apporter très vite des maisons préfabriquées ». Il faut reloger au plus vite, mais aussi redonner le goût de vivre. Très peu de temps après, des familles s’installent dans ces nouveaux logements ; elles y trouvent même serviettes de toilette, tableaux aux murs et bouquets de fleurs sur les tables.


Pour le Père Rodhain, penser à tous, c’est penser à tout.



Vidéo  : Pauvreté en France  : les chiffres du Secours catholique







Texte : Méthode, expérience, compétence



Envoyer un camion de couvertures à des sinistrés, charger un avion de médicaments une heure après un sinistre sont des opérations élémentaires. Beaucoup de méthode, un peu d’expérience, des cadres compétents et l’affaire est réglée. Il y a un travail beaucoup plus difficile et dont le public ne se rend pas compte : c’est un travail de pédagogie.

Le temps, je le respecte et je le ménage comme un bien précieux. Ne le gaspillons pas. Ne le perdons pas ! Il s agit de regarder au loin et en avant.




Bibliographie


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Christophe Henning, Vous, c’est la charité. Biographie de Jean Rhodain, Sarment




Écouter


«Nous déclarons la guerre de l’amour», écrit et dit par l'abbé Pierre, extrait de La Voix des sans voix, Studio SM.



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MessageSujet: Re: Carême 2020 - et quelques saints du XXème siècle   Carême 2020 - et quelques saints du XXème siècle - Page 2 EmptyMar 07 Avr 2020, 21:49

Jean Rodhain : un homme de prière


« J’ai un métier qui me donne la fièvre. Une fièvre qui réchauffe aussi le cœur. » Pour mener à bien ses multiples projets et nourrir son incessante activité, Jean Rodhain n’a qu’une seule corde à son arc : une intense vie spirituelle.


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Jean Rodhain sera souvent reçu par Paul VI. Les deux hommes s’apprécient. Ici en 1965, l’assemblée générale du Secours catholique. :copyright: Fondation Jean Rodhain



Il serait trop long de détailler les multiples lieux de détresse qu’aura visités celui qui devient Mgr Rodhain en 1950. « Sa maladie de la bougeotte est en rapport direct avec les calamités », dira un proche. Un cyclone à Madagascar ? Des réfugiés hongrois qui débarquent à Vienne ? Une guerre en Algérie ? Une famine au Biafra ? Il part… saute dans un train, un avion, et se rend auprès des plus pauvres, des plus atteints. Il veut voir, et agir. Il arrive, silencieux, le regard perdu, plein de compassion, enregistre tout, voit tout et repart, laissant des consignes très précises. Il a compris où est l’urgence.




Servir, le lieu de sa vocation




Le service est la dimension privilégiée de la vocation de Jean Rodhain. Sa « marque de fabrique », pourrait-on dire. Il développe toute une théologie de la charité qui peut se résumer dans la prière de saint Colomban, ce moine du VIIe siècle, qui figurait sur son image mortuaire : « Seigneur, accorde-moi, je t’en prie, au nom de Jésus-Christ, ton Fils et mon Dieu, que je ne sois jamais séparé de la charité ; que ma lampe s’allume à sa flamme, qu’elle ne puisse s’éteindre, qu’elle me brûle, qu’elle éclaire les autres. » Tout l’esprit de sa mission est puisé au cœur de l’Évangile. « Ce n’est pas le témoignage d’une église remplie qui fera avancer le règne du Christ, mais le témoignage de la charité des chrétiens. Ouvrons les yeux de nos frères, qu’ils voient la misère qui les entoure. » Et pour ouvrir les yeux, il faut inlassablement reprendre la Bible. « La vie de l’homme ou de l’humanité c’est une suite d’échecs, une longue souffrance. En face de chacune de ces énormes difficultés, moi je reprends la Bible. Il n’y a rien de tel que la Bible pour se retrouver sur ses pieds. » Il ne cessera jamais d’avancer, d’agir… « Je ne fais rien. Dieu me pousse et je marche. »



Lourdes : terre de mille grâces


Dieu le pousse certes, mais aussi Marie, celle qu’il aime tant depuis l’enfance. La Cité Saint-Pierre à Lourdes est sa première et grande réalisation. Il porte l’intuition profonde qu’un lieu est nécessaire au cœur de la cité mariale, pour accueillir des familles pauvres. Le 1er août 1955 est posée la première pierre de la Cité Saint-Pierre, extraite des anciennes fontaines de la grotte des apparitions de Lourdes. Jusqu’à la fin de sa vie, Lourdes sera pour lui le lieu du réconfort et de la grâce. «  Ici à Lourdes, la lumière c’est la Vierge Marie. Ici, mille et mille fois, pèlerins et malades ont découvert la véritable lumière du Dieu vivant et vrai. Ici, dans ce rocher, l’Immaculée Mère de Dieu nous appelle, lumineuse, à la pureté de l’âme »


C’est après une dernière visite à la grotte, le 1er février 1977, que Jean Rodhain s’éteint dans son sommeil. Durant la nuit il aura recopié le Je vous salue Marie, en insistant en majuscules sur « Pleine de grâces ».


Écouter



«Voici l’homme», écrit et dit par Guy Aurenche, extrait de La Voix des sans voix, Studio SM.




Bibliographie



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MessageSujet: Re: Carême 2020 - et quelques saints du XXème siècle   Carême 2020 - et quelques saints du XXème siècle - Page 2 EmptyMer 08 Avr 2020, 18:31

Jean Rodhain : un homme de notre temps


« En avance sur son temps, il fut un homme de notre temps. » Ces paroles de Mgr Lustiger prononcées en 2000 reflètent bien la personnalité prophétique de Mgr Rodhain. Son œuvre, immense, rayonne bien au-delà de la France.


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Jean Rodhain à Lourdes, au volant de sa Jeep, avec son chien. :copyright: Fondation Jean Rodhain.



43 ans après la mort de Mgr Rodhain, le Secours catholique est toujours lui-même mais très différent. Il n’est pas figé, c’est un organisme vivant et Mgr Rodhain le savait bien, lui qui n’a cessé de dire que l’avenir était entre les mains des bénévoles, des donateurs, mais aussi des pauvres : « Nous aurons toujours des pauvres à notre charge. C’est la véritable diaconie. C’est la véritable joie. Même si un incendie détruisait les 6 étages du 104 (de la rue du Bac, siège du Secours catholique), même si nous perdions 50 % de nos abonnés, il nous resterait les pauvres sur les bras. Il nous resterait des milliers de handicapés, de prisonniers, de pauvres types qui constituent notre premier trésor. »


43 ans après sa mort, ces paroles retentissent encore. La tâche est immense, les années passent et le grand navire du Secours catholique poursuit sa mission, toujours nouvelle. Le document écrit en 1956 par son fondateur reste d’une brûlante actualité : « Pour le Secours catholique, l’essentiel c’est la charité. Il faut y revenir... parce que c’est vrai. Parce qu’une eau n’est abondante que si on en dégage sans cesse la source. Parce que l’expérience de dix ans de culture nous fera mieux comprendre la racine et la sève. Parce que nous ne l’avons pas encore compris. On est conduit, on est “mené” par le Seigneur sans savoir où il nous conduit exactement. »


La cathédrale de la charité bâtie par Jean Rodhain est toujours debout. Ses projets sont innombrables et ses ramifications s’étendent dans le monde entier. « Bâtir une société de frères ne saurait rester à l’état de programme. Chacun, là où il est, y a sa part de responsabilité. »



[size=18]Texte : « La densité d’une existence, c’est l’amour »[/size]



Ce ne sont ni la renommée, ni l’importance des fondations, ni la créativité la plus ingénieuse, fût-ce pour le soulagement de toutes les misères, qui mesurent aux yeux de Dieu la densité d’une existence : c’est l’amour répandu par Dieu dans nos cœurs.


Quelle force n’y a-t-il pas aussi dans un cœur qui s’éveille ?




Bibliographie



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Christophe Henning, Vous, c’est la charité. Biographie de Jean Rhodain, Sarment




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«Donne chaque jour ton sourire», écrit et dit par Sœur Emmanuelle, extrait de La Voix des sans voix, Studio SM.

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