Reportage: Le «baiseness» de l'amour
Par Beat Stauffer / Traduit de l'allemand par Albertine Bourget
Au Maghreb, certains hommes exercent un drôle de métier:
séduire des touristes dans le but de se faire entretenir.
Pour les amoureuses, la belle histoire avec le chamelier ou le portier
se termine souvent par la désillusion et une montagne de dettes.
En cette fin d’après-midi, à Ouarzazate, ville du sud du Maroc très
prisée des touristes, deux à trois douzaines d’hommes devisent dans le
petit café qui jouxte l’Hôtel Royal. Parmi eux, un groupe se détache.
Ils sont jeunes et beaux. Certains, à la manière touareg, portent une
gandoura blanche et un chèche bleue, d’autres arborent vêtements
branchés et lunettes de soleil griffées. Ils sont réunis là pour
débattre de leurs stratégies de conquête. Et surtout pour repérer et
jauger de nouvelles clientes dont ils parlent, confie un autochtone,
comme de bétail.
En Afrique du Nord, l’activité de ces hommes est tout simplement appelée
«bezness». Entre Djerba et Agadir, tout le monde sait ce que ce terme
désigne: faire miroiter l’amour à des touristes, femmes ou homosexuels,
afin d’en obtenir un soutien financier ou une invitation pour l’Europe.
Sur place, les hommes qui font du «bezness» sont méprisés mais aussi,
souvent, enviés, un peu comme les vendeurs de bazar, qui arrivent à
gagner bien plus d’argent qu’un professeur.
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