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 Abou Bakr, le premier calife

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4 participants
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certain





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MessageSujet: Abou Bakr, le premier calife   Abou Bakr, le premier calife EmptySam 07 Mai 2011, 17:58

7 mai 2011

Abou Bakr, le premier calife

Ali était le cousin de Mohammad et le mari de sa fille bien-aimée, Fatima. Le droit de succession sur la base de la consanguinité revenait à Ali, dont les vertus et les services rendus lui donnaient plus d'un titre à la succession au Prophète. Dans la première explosion de son zèle, lorsque l'Islam était encore une religion tournée en dérision et persécutée, il avait été déclaré, par Mohammad, frère et lieutenant. Depuis toujours il était dévoué à Mohammad en paroles et en actions. Il avait honoré sa cause par sa magnanimité aussi bien qu'il l'avait défendue par son courage." (W. Irving)

"Sa naissance, son alliance et son caractère, qui le plaçaient au-dessus du reste de ses compatriotes, devaient justifier suffisamment sa revendication du tr6ne vacant de l'Arabie. Le fils d'Abû Tâlib était de facto le Chef de la famille de Hâchim, et le prince héréditaire ou le gardien de la cité et du temple de la Mecque. La lumière de la prophétie avait été éteinte, mais le mari de Fatima pouvait s'attendre à l'héritage et à la bénédiction de la fille du Prophète, car les Arabes avaient parfois accepté le règne d'une femme, et d'autre part ils avaient souvent vu les deux petits-fils du Prophète, caressés par lui sur ses genoux, ou assis sur sa chaire, et présentés comme étant l'espoir de sa vie et les deux Maîtres de la Jeunesse du Paradis.

Depuis la première heure de sa Mission jusqu'aux derniers rites de ses funérailles, le Messager n'avait jamais été délaissé par cet ami généreux qu'il aimait à appeler son frère, son lieutenant et le fidèle Aaron d'un second Moïse".

Les mérites de Ali et les paroles prononcées par le Prophète de Dieu en sa faveur suscitèrent la jalousie des contemporains. L'ascendance familiale du jeune héros et, plus encore, les déclarations du Prophète le désignant comme étant son lieutenant, hissant sa position auprès de lui au niveau de celle d'Aaron par rapport à Moïse, déplaisaient à l'aristocratie aisée, désireuse de détenir elle-même le sceptre. La prééminence des Hâchimites, qui avait atteint son zénith avec l'avènement de Mohammad (Que la Paix soit sur lui), était trop incontestable pour être écrasée. La mort du Prophète permit à la longue à; l'aristocratie de s'exprimer, et de raviver par conséquent l'ancienne discorde tribale. Quelques jours plus tard, `Omar avoua que Quraych ne pourrait jamais se réconcilier avec la fière prééminence de la lignée hâchimite. Ainsi toute l'aristocratie cherchait à arracher à Ali l'occasion de succéder au Prophète de Dieu, et à détruire par là même la prééminence des Hâchimites. A peine le Prophète avait-il fermé les yeux que les adversaires des Hâchimites, sans même attendre son enterrement, se réunirent à Saqîfah Banî Sâ`îdah pour discuter de l'élection de quelqu'un qui assumerait l'autorité du Prophète, et priver ainsi Ali de son droit à la succession.

L'Election à Saqîfah
Alors que l'irréprochable lieutenant du Prophète d'Allah était occupé aux préparatifs de l'enterrement du défunt, les Muhâjirîn de la Mecque et les Ançâr de Médine faisaient parade de leurs mérites respectifs à Saqîfah. Les Muhâjirîn réclamaient pour eux la préférence en raison de leur antériorité dans l'Islam, leur parenté avec le Prophète et leur émigration avec lui au risque manifeste de leur vie et de leurs biens. Les Ançâr firent valoir (par la voix de leur porte-parole, Hobâb) qu'ils avaient autant de droit que qui que ce fût, vu qu'ils avaient accueilli le Prophète lorsqu'il avait fui ses ennemis mecquois, qu'ils l'avaient protégé au moment de l'adversité et qu'ils l'avaient aidé en tenant tête à ses puissants adversaires, ce qui lui avait permis en fin de compte d'établir sa force et son autorité éminentes. Ils alléguèrent même qu'ils craignaient qu'on se vengeât (La vengeance était presque un principe religieux parmi les Arabes. Venger un parent tué était un devoir pour sa famille, et ce devoir menait souvent l'honneur de sa tribu en jeu. Et ces dettes de sang demeuraient parfois impayées pendant des générations, provoquant des conflits meurtriers". Gibbon fait remarquer que les Arabes menaient une vie marquée par une intention criminelle et par le soupçon, parfois pendant cinquante ans avant que les comptes de la vengeance ne fussent réglés) d'eux si l'autorité tombait entre les mains de ceux dont ils avaient tué les pères et les frères en défendant le Prophète. (Il est à noter ici que c'est dans ce propos que réside le fond de la tragédie de Karbalâ' dont parlait Hobâb, un porte parole prudent et à l'esprit alerte, des Ançâr. Ses craintes s'avéreront justifiées lors du massacre vengeur de la descendance de Ali ou du Prophète - dont un bébé de six mois - à Karbala', et lors des crimes hideux perpétrés contre les Ançars à Harra). Lorsque Hobâb exprima cette opinion, `Omar répliqua avec indignation : "Vous devriez mourir si le Califat tombait entre les mains de telles gens que vous craignez".

Pour réfuter les revendications des Ançâr, `Omar dit: "J'ai désiré moi-même faire un discours que j'avais spécialement élaboré dans mon esprit - ayant présumé qu'Abû Bakr manquerait l'occasion - mais Abû Bakr m'a arrêté et j'ai pensé alors qu'il n'était pas convenable de désobéir au Calife deux fois en une seule journée. Toutefois, à mon grand soulagement, je l'ai trouvé à la hauteur de la tâche. Il argua que les Quraych ne niaient pas les services rendus par les Ançâr pour promouvoir la cause de l'Islam, mais malgré tous ces services méritoires, ils ne devaient pas croire avoir un titre quelconque pour aspirer à une entière autorité sur les Quraych. Concernant les appréhensions dont avait parlé Hobâb, ils ne devaient pas, dit-il, avoir de telles craintes, surtout en raison de la possibilité qui leur était offerte de participer au gouvernement, par le poste de Ministère. Les Ançâr dirent alors qu'il acceptaient qu'il y eût deux Califes, représentant les deux parties, pour exercer l'autorité conjointement, et ils nommère même Sa`d Ibn `Obâdah, leur dirigeant, pour être leur élu. Mais Abû Bakr et son parti ne pouvaient d'aucune façon approuver une telle proposition, et persistèrent à affirmer que le gouvernement devait rester entre les mains des Quraych, et que les Ançâr devaient se contenter du Ministère.

Abû Bakr "Elu" à la Succession du Prophète
Les Ançâr ayant refusé de céder,la tension monta tellement qu'ils faillirent en venir aux coups lorsqu'Abû Bakr intervint et leur demanda s'ils n'avaient pas entendu le Prophète dire que personne d'autre qu'un Quraychite n'est apte à exercer l'autorité sur les Quraych". Bachîr B. Sa`d, l’un des Ançâr qui partageait les vues des Muhâjirîn répondit sur le champ en faveur de ceux-ci. Encouragé par cette intervention Abû Bakr déclara avec détermination que jamais les Quraych n'accepteraient qu'un non-Quraychite les gouvernât, et il s'avança afin qu'ils choisissent l'un des deux comme Calife Là, les Ançâr commencèrent à dire qu'ils préféreraient prêter allégeance à Ali, le meilleur des Quraych. A ce moment critique `Omar, perdant patience, s'écria : "Tends ta main, Ô Abû Bakr ! Je te prêterai sûrement serment d'allégeance". Abû Bakr répondit : "Tu es plus ferme que moi", en le répétant. `Omar, tenant alors la main d'Abû Bakr, dit: "'Il es plus convenable que moi, et tu as sûrement ma fermeté sans parler de tes autres mérites personnels. Je jure allégeance envers toi". Ainsi, `Omar déclara à haute voix qu'il reconnaissait Abû Bakr comme Chef, et lui fit serment de fidélité. Abû `Obaydah et quelques autres Muhâjirîn qui les avaient accompagnés à Saqîfah suivirent son exemple. Bachîr et un autre Ançârî de son parti prêtèrent serment d'allégeance à Abû Bakr et la confusion prit ainsi fin. Hobâb eut une altercation avec Bachir pour sa conduite traîtresse en préférant Abû Bakr à Sa`d B. `Obâdah, mais avec l'intercession de certains autres Ançâr, la tension fut apaisée.

Sa`d Ibn `Obadâh, le chef des Ançâr, fut profondément chagriné d'être évincé de la sorte. Aussi ne prêta-t-il pas serment d'allégeance à Abû Bakr. Il quitta par la suite Médine pour se retirer, écœuré, en Syrie où il sera assassiné abominablement, dit-on, à l'époque du Califat de `Omar, en l'an l5 A.H.

L'Installation d'Abû Bakr
Ayant obtenu la convention à Saqîfah, Abû Bakr s'assit le lendemain sur la chaire au Masjid où les gens avaient été rassemblés pour lui prêter un serment d'allégeance général et pour ratifier l'allégeance prêtée à Saqîfah afin de prévenir tout revirement. A la vue de l'assemblée `Omar était convaincu qu'Abû Bakr assurerait cette succession sur un pied solide. La deuxième chose était de prendre garde à une sérieuse rupture qu'il craignait de la part de Ali, si ce dernier obtenait le suffrage des siens de la même manière [("Les deux Cheikh (Bokhârî et Muslim) ont noté que Omar avait dit : "Que personne ne se trompe en disant que l'allégeance à Abû BalQ a été faite à la légère - bien qu'elle fût ainsi - le Seigneur en a prévenu les mauvaises conséquences. b -' L'urgence du moment et l'assentiment des gens purent excuser cette mesure illégale et précipitée, mais Omar lui-même avoua du haut de la chaire que si un Musulman sollicitait désormais le suffrage de son frère, tous deux, l'électeur et l'élu mériteraient la peine de mort." (Gibbon)] Dont avait procédé Abû Bakr à Saqîfah. C'est pourquoi, avant qu'Abû Bakr ne prenne la parole, `Omar s'était montré assez prudent pour prendre les mesures nécessaires pour mettre en échec toute éventuelle rupture en menaçant de la peine capitale quiconque ferait ce qu'avait fait Abû Bakr la veille à Saqîfah, c'est-à-dire obtenir un suffrage sans le consentement de tous les Musulmans. Debout à c6té de la chaire, `Omar fut le premier à s'adresser à l'assemblée.

"Bien que `Omar eût été le premier à proposer Abû Bakr à l'assemblée et à le reconnaître comme Calife, il n'approuva pas par la suite ce choix dont la nécessité avait été commandée par une conjoncture critique. Cela apparaît donc dans ce qu'il dit lui-même à ce propos : "Je prie Dieu pour qu'IL Prévienne les mauvaises conséquences à craindre d'un tel choix. Aussi quiconque ferait une chose pareille mériterait la peine de mort, et si jamais quelqu'un prêtait serment de fidélité à un autre sans le consentement du reste des Musulmans, tous deux ... devraient être mis à mort."

Selon Sir W. Muir, `Omar s'adressa à l'assemblée dans les termes suivants : "Ô gens ! Ce que je vous ai dit hier n'était pas la vérité. En fait, je trouve qu'il n'est corroboré ni par le Livre que le Seigneur a révélé ni par la convention que nous avons faite avec Son Messager. En ce qui me concerne, j'ai souhaité vraiment que le Messager du Seigneur restât avec nous encore plus longtemps et qu'il nous ait dit à l'oreille un mot qui puisse lui sembler bon et nous être un perpétuel guide. Mais le Seigneur avait choisi pour Son Messager la portion qui est avec Lui-même de préférence à celle qui est avec nous. Et vraiment le mot inspiré qui a dirigé notre Prophète est toujours avec nous. Prenez-le donc pour votre guidance, et vous ne serez jamais égarés. Et maintenant, vraiment, puisque le Seigneur a placé l'administration de vos affaires entre les mains de celui qui est le meilleur d'entre nous, le Compagnon de Son Prophète, le seul compagnon, le second des deux qui se trouvaient seuls dans la grotte, levez-vous et prêtez-lui serment de fidélité" (W. Muir's Life of Mohammad). Les gens prêtèrent ainsi un serment d'allégeance général à Abû Bakr. Ceux qui avaient prêté serment d'allégeance à Saqifah ratifièrent leur allégeance.

Le Premier Discours Public d'Abû Bakr du Haut de la Chaire
"Citant al-Hassan al-Baçrî, Ibn Sa`d note que lorsqu'on prêta serment d'allégeance à Abû Bakr, il se leva et dit : "Et maintenant, je suis chargé de cette autorité, bien que j'aie une aversion pour elle, et par Allah ! J’aurais été heureux si quiconque parmi vous avait pu convenir à cette tâche à ma place; même si vous me chargiez d'agir envers vous comme l'a fait le Messager de Dieu, je ne pourrais pas l'entreprendre, car le Messager de Dieu était un serviteur que le Seigneur a honoré de Son Inspiration et préservé par là même de toute erreur, et je suis vraiment un mortel et je ne suis pas meilleur qu'aucun d'entre vous. Pour cela, surveillez-moi, et lorsque vous aurez constaté que je suis ferme, obéissez-moi alors, et lorsque vous aurez remarqué que je dévie du droit chemin, remettez-y moi. Et je sais qu'un diable m'accapare. Donc, lorsque vous me trouverez enragé, évitez-moi, car en ces moments-là je ne pourrais pas écouter vos conseils ou vos bonnes salutations".

L'Absence d'Abû Bakr et de `Omar aux Cérémonies Funéraires du Prophète
Depuis la mort du Prophète le lundi midi, jusqu'à la dernière partie de la nuit du mardi au mercredi, Abû Bakr et `Omar étaient occupés (Ayant encore le souvenir de l'expérience de Saqîfah, bien frais dans la mémoire, 'Omar, sur son lit d'agonie accordera un délai de trois jours pour l'élection de son successeur, bien qu'il ri y eût que six électeurs qu'il avait désignés lui-même. Il est donc évident que l'élection à Saqîfah, avec toutes les parties contestataires parmi les Ançâr et les Muhâjirîn qu'elle impliquait aurait dû occuper beaucoup plus longtemps sans les mesures prises par `Omar pour conclure l'affaire au plus vite) aux affaires de l'élection et ne purent donc [[[Note: l. Ibn Abîl-Hadîd dit : "Une grande partie de la Ummah soutient que toute la politique et toutes les mesures apparemment précipitées adoptées par Abû Bakr et `Omar pour s'emparer du Califat répondaient en fait à un plan prémédité et bien établi élaboré pendant la maladie du Prophète, lorsque son lit avait été assiégé par l'habile `Âyechah, fille d'Abû Bakr et ennemie de Ali (Gibbon). Abû Bakr était un homme bien âgé puisqu'il avait à peu près l'âge du Prophète. Il ri était donc pas probable qu'il puisse survivre longtemps après la disparition du Prophète. `Omar était beaucoup plus jeune qu'Abû Bakr, il avait donc confiance qu'il lui succéderait dans un délai pas trop éloigné. On peut donc supposer qu'ils s'étaient entendus sur l'ordre dans lequel ils accéderaient au pouvoir tous les deux, et c'est conformément à cet arrangement qu'Abû Bakr, lorsqu'il se trouva sur son lit d'agonie, ne se contenta pas de faire élire son successeur, mais nomma 'Omar franchement pour lui succéder afin d'éviter le risque de l'élection.

2. La réponse de `Omar à Hobâb, comme nous l'avons vu dans un paragraphe précédent, suggère aussi qu'il s'était déjà assuré de l'établissement du Califat avec ses partisans.

3. La déclaration de `Omar selon laquelle il pensait qu'il ne convenait pas de désobéir au Calife deux fois en un jour (voir plus haut) tend à montrer également qu'il avait préalablement choisi Abû Bakr comme Calife avant l'élection; autrement comment pouvait-il parler d'un Calife alors qu'il avait professé fermement que le Prophète n avait pas nommé son successeur, ce qui nécessitait une élection.]]] Assister aux cérémonies de funérailles du Prophète qui avait été enterré avant qu'ils ne se libèrent pour pouvoir rejoindre ces cérémonies. En réalité, ils voulurent éviter de rencontrer Ali jusqu'à ce qu'ils s'assurent complètement la mainmise sur le Califat. Après avoir réussi dans leur dessein, bien au-delà de leurs prévisions, ils se montrèrent, mais ils étaient bien entendu, trop tard, les cérémonies étaient déjà terminées.

Le Père Surpris par l'Election de son Fils
Dans son "Mustadrak" (Appendice), al-Hâkim, citant Abû Horayrah, écrit que lorsque le Messager de Dieu mourut, la Mecque fut ébranlée par un tremblement de terre qui suscita l'interrogation et la réaction suivante d'Abû Quhâfah (le père d'Abû Bakr) : "Que se passe-t-il?", demanda-t-il. "Le messager de Dieu est mort", lui répondit-on. "C'est un événement monumental. Qui est chargé alors de l'autorité après lui ?" dit-il. "Ton fils" lui fit-on savoir. "Est-ce que les Banû Abd Manâf et les Banû al-Moghîrah ont consenti à ce choix ?" s'étonna-t-il. "Oui", lui assura-t-on. "Personne ne démolit ce qui a été élevé, et personne n'exalte ce qui a été humilié"

L'attitude de Ali après l'Election d'Abû Bakr
Bien que le Califat fût effectivement détenu par Abû Bakr, il n'en restait pas moins un bon nombre de gens insatisfaits de cette élection. Ainsi, aucun Hâchimite n'avait été présent à Saqîah ni lors de la prestation du serment d'allégeance générale au Masjid. Zobayr, Miqdâd, Salmân, Abû Thar al-Ghifârî, Ammâr Ibn Yâcir, Barra B. Azhab, Khâlid Ibn Sa îd, Abû Ayyûb al-Ançârî, Khazimah B. Thâbit et bien d'autres, tout comme les Hâchimites, s'en tinrent à l'écart, car étant d'avis que le droit à la succession du Prophète revenait exclusivement à Ali, ils ne voulurent pas rendre hommage à Abû Bakr.

Ali était naturellement chagriné par le tournant qu'avaient pris les événements, mais il ne bougea pas. S'il avait eu recours aux armes pour s'opposer à ceux qui n'avaient jamais osé faire face aux héros des Infidèles, lesquels avaient été systématiquement vaincus par Ali, il les aurait certainement vaincus, comme en témoigne l'ensemble de sa vie de combattant mais une telle victoire aurait été obtenue au détriment de la Religion, laquelle n'aurait pas pu, dans ce stade précoce de sa vie, survivre à une guerre civile. C'est pourquoi il s'enferma, en s'armant de patience, chez lui, pour sauvegarder l'intérêt de l'Islam à l'établissement duquel il avait si longtemps contribué au risque de sa vie, et il concentra son attention sur la collection du Coran que d'aucuns pensent qu'il aurait écrit selon l'ordre de ses révélations. Mohammad Ibn Sîrîn dit : "Si on pouvait tomber sur ce Livre-là, il aurait été très instructif'

Le Nom et les Titres Originels d'Abû Bakr
A l'époque de son élection, Abû Bakr avait environ soixante ans. Il était le fils d'Abû Quhâfah un Quraychi éparé dans ses origines au niveau du septième aïeul de la lignée ou des ancêtres du Prophète. Abû Bakr était le septième dans la descendance de Taym, le fils de Morrah, le septième ancêtre du Prophète (voir plus loin : Tableau Généalogique). Le Clan auquel il appartenait se dénommait Banû Taym du nom de Taym Sa mère Salmâ était une fille de l'oncle de son père, Saqr. Bien qu'Abû Bakr fût reconnu comme étant l'un des premiers à se convertir à l'Islam, son père Abû Quhâfah n'embrassa cette religion que deux décennies après le début de la mission du Prophète. Le nom originel d'Abû Bakr avait été `Abdul Ka`bah. Il s'appelait également `Atîq. "Sa mère n'avait aucun fils survivant, et lorsqu'elle avait mis au monde Abû Bakr, elle l'amena au temple et s'exclama : "Ô Déité ! Si celui-ci est immunisé contre la mort, alors donne-le moi". Par la suite il s'appellera `Atîq, c'est-à-dire "Libéré".

"Concernant son titre d'Aç-Çiddîq, on dit qu'il avait été surnommé ainsi à l'Epoque de l'Ignorance, parce qu'il s'était distingué par son amour de la vérité".

Moç`ab B. al-Zabayr et d'autres ont dit que les gens s'accordaient à lui donner le nom d'Abû Bakr Aç-Çiddîq (c'est-à-dire "témoin de la vérité"), parce qu'il s'était empressé de témoigner en faveur du Messager de Dieu, et qu'il avait adhéré fermement à la vérité..."

A sa conversion à l'Islam, à l'âge de trente-huit ans, Abû Bakr prit le nom d"Abd-Allâh. Après le mariage de sa fille vierge, `Âyechah avec le Prophète, il s'appela Abû Bakr (le père de la vierge), celle-ci étant la seule des femmes du Prophète à s'être mariée avec lui alors qu'elle était encore vierge tandis que les autres étaient des veuves.

Les Habitudes et la Profession d'Abû Bakr
Abû Bakr était un généalogiste versé dans la recherche de l'ascendance des Arabes, et plus particulièrement de celle des Quraych. "Ibn `Asâkir, citant Al-Miqdâd, note ... qu'Abû Bakr était connu aussi bien comme un grand insulteur que comme un grand généalogiste.

Abû Bakr avait pris goût au commerce des vêtements. Le lendemain matin de la prestation de serment d'allégeance qui lui avait été faite, il se leva et se dirigea vers le marché avec quelques manteaux sur le bras. `Omar lui demanda : "Où vas-tu?" "Au marché", répondit-il. `Omar dit : "Est-ce que tu fais cela même après avoir été chargé de gouverner les Musulmans ?" "Et comment donc ma famille sera-t-elle nourrie ?" répliqua-t-il. `Omar dit : "Viens ! Abû `Obaydah va t'approvisionner". Et ils allèrent chez Abû `Obaydah (le Trésorier du Bayt-al-Mâl ou Trésor Public). On lui y octroya deux mille dirhams, mais il dit : "Augmentez la somme, car j'ai une famille et vous m'avez employé dans un autre travail que le mien". On lui donna alors un supplément de cinq cents dirhams. Mais cette somme étant encore insuffisante pour ses dépenses personnelles et celles de sa famille, on lui accorda une allocation annuelle de six mille dirhams (ou de huit mille selon d'autres sources) pour les charges de la maison.

Ali soumis à l'Humiliation
"Abû Bakr envoya `Omar à la maison de Fatima où Ali et quelques-uns de ses amis s'étaient rassemblés, avec l'ordre de les obliger - par la force s'il le fallait - à venir lui prêter serment de fidélité. `Omar allait mettre le feu à la maison lorsque Fatima lui demanda ce que cela signifiait. Il lui dit qu'il brûlerait certainement la maison s'ils n'acceptaient pas de faire ce que tout le monde avait fait". Connaissant le tempérament de `Omar, les hommes sortirent de la maison. Il y avait là, Ali, `Abbâs et Zubayr. S'adressant aux adversaires, Ali dit : "Ô vous les Muhâjirîn! Vous avez revendiqué la succession du Prophète de Dieu en mettant en avant vos avantages sur les Ançâr, soit votre antériorité dans l'islam et votre lien de parenté avec le Messager de Dieu. Maintenant je mets en évidence les mêmes avantages que j'ai sur vous. Ne suis je pas le premier d avoir cru d la Mission du Prophète, et avant qu'aucun d'entre vous n'ait embrassé sa Religion ? Ne suis je pas plus proche parent du Prophète que vous tous ? Craignez Dieu si vous êtes de vrais Croyants, et n'arrachez pas l'autorité du Prophète de sa maison pour la faire vôtre". Debout derrière la porte, Fatima s'adressa aux assaillants ainsi : "Ô gens ! Vous avez laissé dernière vous et pour nous le corps du Prophète, et vous êtes partis pour extorquer le Califat à votre profit en abolissant nos droits". Puis elle éclata en sanglots et s'écria, plaintive: "Ô père ! Ô Prophète de Dieu ! Les ennuis s'abattent sur nous si vite après ta disparition, par la volonté du fils de Khattâb et du fils d'Abû Quhâfah ! Comment ont-ils oublié si vite tes paroles de Ghadîr Khum et ton affirmation que Ali était à toi ce que fut Aaron à Mûsâ !" Entendant les gémissements de Fatima, la plupart des gens du groupe de `Omar ne purent retenir leurs larmes et rebroussèrent chemin. Ali fut cependant conduit chez Abû Bakr, où on lui demanda de prêter serment d'allégeance à ce dernier. Il demanda : "Et si je ne lui rends pas hommage ?" On lui répondit : "Par Allah nous te tuerons si tu ne fais pas ce que les autres ont fait". Sur ce, Ali dit : "Comment ! Allez-vous tuer un homme qui est serviteur du Seigneur et le frère du Prophète du Seigneur ?" Entendant ces propos, `Omar s'exclama : "Nous n'admettons pas que tu sois un frère du Prophète du Seigneur", et s'adressant à Abû Bakr qui avait gardé le silence jusqu'alors, il lui demanda de se prononcer sur son sort (de Ali). Mais Abû Bakr dit que tant que Fatima serait vivante, il ne contraindrait d'aucune manière son mari. Ali put ainsi repartir et il se dirigea directement à la tombe du Prophète où il s'écria : "Ô mon frère ! Tes gens me traitent maintenant avec mépris et ont tendance à vouloir me tuer". (Une grande partie des Musulmans soutiennent que `Omar avait obtenu la promesse, en accord avec Abû Bakr, de succéder à ce dernier après sa mort. Mais craignant naturellement une réaction de colère à tout moment de la part du prétendant légal, Ali réaction qui pourrait détruire ses rêves ambitieux, `Omar désirait avec angoisse se débarrasser de Ali n'importe comment. Mais Ali était suffisamment sage pour supporter patiemment toutes les graves insultes et provocations dont il faisait l'objet, et éviter tout faux pas qui pourrait mettre en danger la sécurité de l'Islam).

Fatima Réclame son Héritage
Fatima - la seule enfant survivante du Prophète, et sa fille très aimée - réclama son héritage de la propriété qui pouvait lui être lotie dans les terres de Médine et de Khaybar ainsi que de Fadak. Cette propriété faisant partie des terres acquises sans l`usage de la force, son père (le Prophète) la lui avait donnée pour en vivre, et ce conformément aux commandements de Dieu (Sourate Banî Isrâ'fi, verset 26). Mais Abû Bakr refusa d'admettre sa revendication, disant : "Mais le Prophète a dit : "Nous le groupe des Prophètes, n'héritons pas ni ne laissons d'héritage; ce que nous laissons est pour l'aum6ne". Entendant cette affirmation attribuée au Prophète et contraire à la version du Coran, Fatima fut chagrinée et si mécontente d'Abû Bakr qu'elle ne lui adressera plus la parole le restant de sa vie. Et lorsqu'elle mourut, six mois après la disparition de son père, Abû Bakr ne fut pas autorisé, conformément à sa volonté, à assister à ses funérailles. Il est significatif de noter qu'Abû Bakr était le seul narrateur de l'affirmation attribuée ci-dessus au Prophète.

"Abû Bakr était un homme de jugement et de sagesse dont la circonspection et l'adresse fleuraient parfois la ruse. Son dessein semble avoir été honnête et désintéressé, visant le bien de la cause, et guère son propre intérêt".

"Abû No`aym, citant Abû Çâleh, écrit dans son "Holyah" que lorsque les gens du Yémen étaient venus écouter le Coran à l'époque d'Abû Bakr, ils se mirent à pleurer, et Abû Bakr dit: "Ainsi nous étions, mais par la suite nos cœurs se sont endurcis"

Offre d'ouvrir les Hostilités, Rejetée par Ali

Abû Sufiyân B. Harb vint voir Ali et lui dit : "Comment se fait-il que le plus insignifiant des Quraych et le plus bas d'entre eux détienne l'autorité ? Par Allâh si tu voulais j'inonderais Abû Bakr de chevaux et d'hommes". Ali lui répondit : "Ô Abû Sufiyân, tu étais depuis longtemps hostile à l'Islam, mais cela ne le froissa guère". Selon le Dr. Weil, Abû Sufiyân et quelques parents de Ali avaient offert à ce dernier de recouvrer ses droits par l'épée, mais Ali, soucieux avant tout de la sauvegarde de l'Islam, rejeta fermement leurs offres. Quant à Abû Sufiyân étant un homme puissant, il fut alléché par des perspectives prometteuses pour ses fils, et son fils Yazîd étant promu plus tard Général d'une Division des forces armées d'Abû Bakr, il se transforma en un chaud partisan du Calife.
Abû Bakr prétend vouloir renoncer au Califat
Après la mort de Fatima, lorsqu'Abû Bakr vint voir Ali, celui-ci lui reprocha son manque de franchise et de bonne foi en ayant conduit les affaires de l'élection sans l'en avoir mis au courant. Abû Bakr, niant l'existence de toute intrigue, dit que la situation avait exigé qu'il fit rapidement ce qu'il avait fait, et que s'il avait tardé à le faire, le gouvernement lui aurait été arraché par les Ançâr. Toutefois, pour pacifier `All, il exprima son désir de se décharger du Califat en sa faveur. La date et le lieu de la déclaration publique de ce Renoncement furent fixés. Ils devraient avoir lieu au Masjid lors des prières de midi. Au moment de l'exécution, Abû Bakr monta sur la chaire, et demanda à l'assemblée la permission de se retirer et de transférer sa charge à une personne plus méritante. Et pour conclure, il dit: "Retirez de moi votre allégeance, car je ne suis pas le meilleur tant que Ali est parmi vous". Les gens n'étaient évidemment pas préparés à accepter une telle proposition, faite si brusquement. Ali n'était disposé à provoquer aucun trouble. Aussi se retira-t-il chez lui. Il est cependant certain qu'il n'avait pas prêté serment d'allégeance à Abû Bakr, au moins, comme certains l'affirment, jusqu'à la mort de Fatima.

L'Admonestation faite par al-Hassan
Selon une tradition, al-Hassan, le fils de Ali, était allé voir un jour Abû Bakr qui se trouvait alors assis sur la chaire du Messager de Dieu, et il lui dit : "Descends de ce siège de mon père". Abû Bakr lui répondit : "'Il dis vraiment la vérité car c'est bien le siège de ton père", et il le fit asseoir dans son giron et versa des larmes. Ali dit à ce propos à Abû Bakr : "Par Allâh, il (al-Hassan) n'a pas fait cela sur mon ordre". Abû Bakr répondit : "Ce que tu dis est vrai, par Allah, je ne t'ai pas soupçonné"

Quelques Récits du Califat d'Abû Bakr
N'étant ni l'héritier légal du Prophète, ni même considérer comme un membre de son clan (les Hâchimites), Abû Bakr n'était pas reconnu universellement comme le successeur légitime du Prophète. Par conséquent, beaucoup de tribus de la Péninsule Arabe cessèrent de régler la zakât payable au gouvernement. Les légats du Prophète, les collecteurs de zakat furent expulsés; De toutes parts, des nouvelles parvinrent, qui faisaient état de désaffection à l'égard du Califat. Il faudrait ajouter à ce motif d'inquiétude, l'attitude dangereuse des imposteurs Musaylamah et Tulayhah qui menaçaient la sécurité même de l'Islam au centre, au nord et à l'est de la Péninsule.

Faisant appel donc, à toutes les forces disponibles, Abû Bakr, les divisa en onze colonnes indépendantes, commandées chacune par un dirigeant distingué. Les commandements reçurent l'ordre de réclamer les provinces auxquelles ils avaient été assignés. On leur donna comme instructions de sommer, une fois arrivés à leur destination respective, les apostats de se repentir et de proclamer leur soumission au Califat. S'ils acceptaient ces conditions, ils devraient être pardonnés et réadmis en Islam. Et s'ils les refusaient, ils seraient attaqués, leurs combattants taillés en pièces, et leurs femmes et enfants pris comme prisonniers. On devrait faire les Athân (ou l'Appel à la prière) pour tester la foi des gens de ces provinces. Si ces gens écoutaient cet Appel et y répondaient, ils ne devraient pas être molestés; sinon, ils seraient traités en apostats, et attaqués en tant que tels. Avec ces instructions, Khâlid B. al-WAlid fut envoyé vers Tulayhah, alors que `Ikrimah et Charhabh furent désignés pour punir Musaylamah, Khâlid B. Sa`îd affecté à la frontière syrienne, Muhâjir au Yémen, `Alâ' à Bahrein, Hothayfah B. Mohsen et Arfajah à Mahra.

Tulayhah, l'Imposteur
Député par le Calife, Khalid marcha vers Tulayhah, l'imposteur. Sa colonne, de loin la plus importante des onze était composée d'un grand nombre de Compagnons du Prophète la fleur des Muhâjirîn. Par la suite, les Banî Tay, persuadés par Ali, se joignirent à Khâlid avec mille cavaliers. Ainsi renforcé, le contingent de Khâlid continua sa marche en avant. La rencontre entre les deux armées eut lieu à Bozakhah, où après une longue bataille, Tulayhah prit la fuite avec sa femme et se dirigea vers la Syrie. Khâlid resta près des Banî `Âmir pendant un mois. Les Banû Hawâzin rentrèrent, offrirent leur soumission et payèrent la zakât.

Mâlik Ibn Nowayrah et son Sort Cruel
Ayant subjugué les tribus habitant les hauteurs et le désert du nord-ouest de Médine, Khâlid se dirigea vers le sud pour s'attaquer aux Banî Yerbi`. Mêlik B. Nowayrah, leur chef, était un homme d allure noble, de grande valeur, un excellent cavalier, connu pour sa générosité et ses vertus princières ainsi que pour ses talents poétiques. Bref un homme dont toutes les qualités faisait l'admiration des Arabes. A tous ces atouts s'ajoutait l'enviable chance - qui lui sera fatale - d'avoir pour épouse la plus belle femme de toute l'Arabie célèbre pour sa grâce royale, appelée, Om Tamim ou Om Motamim ou Layla. Les hommes de Médine s'opposèrent d'abord au projet, alléguant que Khâlid n'avait pas autorité pour attaquer les Banî Yerbi`. Mais pour une raison quelconque, Khâlid y était résolu. Ainsi il leur répondit hautainement : "Je suis le Commandant, en l'absence des ordres, c'est à moi de décider. Je marcherai sur Mâlik Ibn Nowayrah avec les hommes de la Mecque et avec tous ceux qui choisiront de me suivre. Je n'y obligerai personne". Et il se mit en marche.

Ayant appris que Khâlid s'approchait à la tête d'une armée forte de quatre mille cinq cents hommes, Mâlik se résolut à une soumission immédiate. Il était au courant de l'ordre d'Abû Bakr, selon lequel quiconque répondait volontiers à l'Appel à la prière ou n'opposait pas de résistance ne devrait pas être molesté. Mais Khâlid traita la région directement en territoire ennemi et envoya des groupes un peu partout pour tuer et faire prisonniers tous ceux qui hésitaient à se soumettre.

Parmi bien d autres, Mâlik fut emmené, avec sa femme, comme captifs. La beauté de cette dernière éblouit les yeux du rude soldat et durcit son coeur contre son mari. "Refuses-tu de payer la zakât ?" demanda Khâlid sèchement à Mâlik : `Ne puis je pas prier sans toutes ces exactions ?" lui répondit celui-ci. "La prière sans aum6ne n'est pas valable" rétorqua Khâlid. "Est-ce l'ordre de ton maiître ?" dit Mâlik hautainement. "Oui, mon maître et le tien" hurla Khâlid, furieux. Et d'ajouter : "Par Allah, tu mérites la mort". "Est-ce là aussi l'ordre de ton maître ?" répliqua Mâlik avec un sourire de mépris. "Encore ! Coupez la tête de ce rebelle", s'écria Khâlid dédaigneusement. Ses officiers intervinrent. Abû Qatadah et `Abdullah B. `Omar témoignèrent que Mâlik avait tout de suite répondu à l'Appel à la prière et qu'il était un Musulman. La femme, le visage dévoilé et les cheveux ébouriffés, se jeta aux pieds de Khâlid, implorant pitié pour son mari qui, remarquant le regard admiratif de Khâlid sur la beauté charmeuse de sa femme s'écria : "Hélas ! C'est là le secret de mon malheur ! Sa beauté est la cause de ma mort !" "Non ! C'est à cause de ton apostasie que Dieu te tue!" cria Khêlid. "Mais je ne suis pas un apostat ! Je professe la vraie foi", protesta Mâlik. Toutefois la rage feinte de Khâlid ne put être apaisée. Aussi donna-t-il le signal de la mort. A peine la profession de foi se dessina-t-elle sur les lèvres du malheureux, sa tête passa par le cimeterre de Dharar B. Azwar, un homme aussi brutal que Khâlid.

Khâlid, non content d'une telle brutalité, ordonna que les têtes des tués fussent jetées dans le feu brûlant sous les marmites. La tête de Mâlik avait une masse de cheveux avec des boucles flottantes, ce qui rendit le bn3lage du crâne très difficile. Dans la même nuit, alors que le sol était encore trempé de sang de Mâlik, sa femme fut jetée dans l'étreinte lascive de Khâlid. Elle lui fut remariée un jour ou deux plus tard, sur place, et ce malgré le délai fixé par le Prophète pour le remariage d'une veuve.

Plainte auprès du Calife contre Khâlid
Les gens de Médine qui s'étaient opposés une première fois à la marche de Khâlid vers Banî Yerbi`, et qui lui avaient fait des remontrances par la suite lors de l'exêcution de Mêlik étaient choqués par le sort cruel qui lui avait été réservé et éprouvaient du mépris pour sa conduite après ce meurtre. Abû Qatada jura qu'il ne servirait plus jamais sous sa bannière. Aussi quitta-t-il le camp et partit tout de suite à Médine en compagnie de Motammim, le frère de Mâlik, qui déposa une plainte formelle auprès du Calife. `Omar ayant entendu de Qatada et d'autres, tout sur cette affaire, défendit la cause du chef assassiné. Il demanda à Abû Bakr de faire lapider Khâlid jusqu'à la mort pour adultère ou de le faire exécuter pour l'assassinat d'un Musulman . Mais Abû Bakr n'ayant pas accepté ces propositions, `Omar lui suggéra alors que l'offenseur fût dégradé et enchaîné, faisant valoir qu'une épée trempée dans la violence et l'outrage doit être rengainée. Mais Abû Bakr fit remarquer que Khâlid avait péché plus par erreur qu'intentionnellement. Il observa également que Wahchî, qui avait tué Hamzah, l'oncle du Prophète, fut pardonné par celui-ci. Néanmoins, il somma Khâlid de justifier les charges qui pesaient sur lui.

Le Jugement d'Abû Bakr
Khâlid revint à Médine et, alors qu'il se rendait chez le Calife dans son habit de champ de bataille, le turban enroulé grossièrement autour de la tête et orné d'une flèche représentant son grade de général, il rencontra `Omar qui le réprimanda, le traita de meurtrier, d'adultère, et arrachant la flèche de son turban, la brisa sur ses genoux. Khâlid ne sachant pas s'il allait être reçu par le Calife de la même façon, garda son calme et poursuivit son chemin vers Abû Bakr. Il glissa deux dinars au portier et lui demanda de l'introduire chez le Calife lorsqu'il serait seul et de bonne humeur. Une fois chez le Calife, il lui fit son récit des événements, qui fut accepté par Abû Bakr. Il le blâma seulement pour avoir épousé la veuve de sa victime sur le champ de bataille et dans des circonstances que répugnaient aux coutumes et aux sentiments des Arabes. Lorsqu'il sortit de chez le Calife, il montra à `Omar par son attitude qu'il avait été disculpé. `Omar garda le silence, mais sans croire à son innocence. Il n'oubliera ni ne pardonnera son atrocité. Lorsqu'il accédera au pouvoir, la révocation de Khâlid de son poste sera le premier ordre qu'il donnera.

Fujâ'ah al-Salmî
Fujâ'ah al-Salznî, un chef des Banî Solaym (et selon Ariza-i-Khawar et Tahthib-al-Matn, un Compagnon du Prophète qui avait participé à la Bataille de Badr) se présenta devant Abû Bakr et lui offrit ses services pour soumettre les tribus avoisinantes déloyales. Il demanda pour ce faire qu'on lui fournisse les armes et les équipements nécessaires à ses partisans. Une fois équipé par le Calife, il abusa, dit-on, de la confiance qui avait été mise en lui, en organisant des expéditions de pillage contre quiconque présentait pour lui une chance de pouvoir être pillé, sans chercher à savoir s'il s'agissait de tribus loyales ou déloyales. Le Calife ayant appris ce qui se passait, envoya Târiqah B. Hâjiz pour le ramener à la raison. Fujâ'ah défia son adversaire d'engager des pourparlers, et affirma qu'il avait lui-même reçu du Calife une mission similaire à la sienne. Ils finirent par se mettre d'accord pour comparaître devant le Calife pour s'expliquer.

Ainsi, mettant de c6té ses armes, Fujâ'ah partit pour Médine avec Târiqah.Mais à peine s'était-il présenté devant le Calife, qu'il fut arrêté pour être brûlé vif. Il fut conduit immédiatement à Baqî` où on alluma un grand feu et on l'y jeta. Abû Bakr, dont on dit qu'il avait un cœur tendre, et qu'il était modéré dans ses jugements et généreux avec un ennemi désarmé, regrettera par la suite cet acte de sauvagerie qu'il avait commis. C'était là l'une des trois choses qui le hantèrent le plus vers la fin de sa vie et dont il disait souvent : "J'aurais voulu ne l'avoir pas fait".

La Rébellion à Hadhramawt, Conduite par Ach`ath B. Qays
Ziyâd B. Labîd, le Gouverneur de Hadhramawt, suscita la haine des Banî Kinda par son âpreté dans le recouvrement de la Zakât. Un jour il mit la main sur un chameau appartenant à un certain Yazîd B. Mu`âwiyeh al-Qorê, et refusa de le rendre en échange d'un meilleur chameau que Yazîd avait offert. Ce dernier fit alors appel à Hârith B. Sorâqah, un notable puissant de la région. Celui-ci prit parti pour Yâzid et demanda à Ziyâd de restituer le chameau en échange d'un autre. Ziyâd persista toutefois dans son refus, ce qui exaspéra Hârith et le poussa à le retirer lui-même du hangar où les chameaux étaient gardés, et à déclarer sans détours : "Tant que le Prophète vivait, nous lui avons obéi. Maintenant qu'il est mort, nous ne sommes enclins à obéir qu'à son successeur, issu de sa propre famille. Le fils d'Abû Qohâfah n'a pas le droit de nous gouverner. Nous n'avons rien à faire avec lui". Il composa un poème dans lequel il louait la famille du Prophète et critiquait Abû Bakr, et il l'envoya à Ziyâd. Ayant remarqué le mépris qu'éprouvaient les gens à son égard, Ziyâd fuit pour sauver sa vie et chercha refuge chez les Banî Zobayd, une tribu voisine. Mais ceux-ci le reçurent froidement et exprimèrent leur sympathie pour les vues de Hârith. Ils dirent que les Muhâjirîn et les Ançâr avaient privé l'héritier légal du Prophète de ses droits parce qu'ils étaient jaloux de la supériorité des Hâchimites, et qu'il était improbable que le Prophète n'est pas désigné un successeur parmi sa propre famille. Estimant qu'il n'était pas en sécurité avec de telles gens, Ziyâd fuit à nouveau pour chercher refuge chez d'autres tribus, mais partout il eut droit au même traitement. A la fin, il prit le chemin de Médine où il fit un rapport détaillé au Calife sur ce qui se passait. Abû Bakr, alarmé par ce rapport, mit à sa disposition quatre mille combattants pour subjuguer les tribus révoltées.

Ziyâd retourna ainsi à Hadhramawt et essaya pendant longtemps, mais en vain, de récupérer les gens et le pays. Ach`ath Ibn Qays, le Chef des Banî Kindah, lui opposa une résistance acharnée. Il est à noter que ce même Ach`ath avait embrassé l'Islam et prêté allégeance au Prophète en l'an l0 A.H et qu'en outre il était fiancé avec la soeur d'Abû Bakr, Om Farwah. Ayant été mis au courant des difficultés dans lesquelles se trouvait Ziyâd, Abû Bakr ordonna à Mohâjir B. Abî Omayyah et à `lkrimah B. Abû Jahl de partir tout de suite respectivement de Çan`â' et d'Aden pour porter secours à Ziyâd.

Entouré par l'ennemi, Ziyâd envoya un appel urgent à Mohâjir pour venir le délivrer. Entre-temps Mohâjir et `Ikrimah, partant respectivement de Çan`â' et d'Aden, firent leur jonction à Marab, et étaient en train de traverser le désert sablonneux de Sayhad qui les séparait de Hadhramawt. Prévenu de la situation critique de Ziyâd, Mohâjir se mit en route précipitamment à la tête d'un escadron mobile; et ayant rejoint Ziyâd, il se trouva nez à nez avec Ach` ath qui se réfugia dans le fort de Nojayr que Mohâjir investit immédiatement. `Ikrimah le rejoignit rapidement avec le corps principal de l'armée. Les deux forces constituèrent une armée suffisamment puissante dans la région avoisinante. Piquée au vif par la crainte d'être témoin de la ruine des proches, et préférant la mort au déshonneur, la garnison se mit en route et combattit chaque jour autour de la forteresse. Après une lutte désespérée dans laquelle toutes les voies d'accès à la ville furent jonchées de morts, la garnison fut refoulée. Entre-temps, Abû Bakr ayant reçu les nouvelles de la résistance obstinée des rebelles, donna l'ordre de leur infliger une punition exemplaire et de ne pas faire de quartier. La malheureuse garnison, se trouvant face à un ennemi dont le nombre ne cessait de s'accroître, et alors qu'elle ne voyait aucune perspective de secours pour elle, fut prise de désespoir. Le rusé Ach`ath, ayant constaté la situation désespérée, prit contact avec `Ikrimah et proposa perfidement de lui livrer la forteresse s'il acceptait d'épargner la vie de neuf personnes. Les soldats du Calife entrèrent ainsi dans la ville assiégée, tuèrent les combattants, et prirent les femmes comme captives. Ach`ath présenta la liste des neuf personnes à épargner : "Ton nom n'y figure pas !" dit Mohâjir à Ach`ath, qui avait oublié, dans sa précipitation, d'inscrire son propre nom sur la liste". "Dieu soit loué, Qui t'a fait condamner par ta propre bouche", lui dit Mohâjir. Aprs l'avoir enchaîné et alors qu'il (Mohâjir) était sur le point de donner l'ordre de son exécution, `Ikrimah s'interposa et le persuada, à contrecœur, de soumettre son cas à Abû Bakr. Les pleurs des femmes captives voyant le massacre de leurs fils et de leurs maris accablèrent le traître, qui passait par là, de malédictions. (Un millier de femmes furent capturées dans la forteresse. Elles criaient au visage de Ach`ath, à son passage : "Il sent le feu", c'est-à-dire, c'est un traître).

Abû Bakr juge Ach`ath
"Une fois Ach`ath conduit à Médine, Abû Bakr le traita de pauvre pusillanime qui n'avait ni la force de diriger, ni même le courage de défendre son peuple et le menaça de mort. Mais finalement, tenant compte des accords conclus avec `Ikrimah, et touché par ses serments que désormais il défendrait courageusement sa Religion, Abû Bakr non seulement lui pardonna, mais l'autorisa à se marier avec sa sœur (Om Farwah). Ach`ath resta pendant un certain temps désœuvré à Médine. On entendit un jour Abû Bakr dire que l'une des trois choses qu'il regrettait d'avoir faites pendant son Califat, c'était d'avoir épargné la vie de ce rebelle".

"Om Farwah donna à Ach`ath une fille et trois fils. La fille (Jo`dah) empoisonnera al-Hassan fils de Ali, qui mourra des suites de cet empoisonnement. Deux de ses fils, Mohammad et Is-Hâq figureront contre al-Hussayn Ibn Ali et ses compagnons à Karbala'. Mohammad sera tué par la suite lors de la bataille opposant l'armée de Moç`ab à celle d'al-Mukhtâr qui voulait venger l'assassinat d'al-Hussayn".

Expéditions vers des Pays Etrangers
Les apostats ayant été soumis et récupérés, et les révoltes écrasées, on put songer à la conquête de pays étrangers et des expéditions furent ainsi organisées contre la Syrie et l'Irak. Les Romains furent défaits à la bataille de Yarmûk, au terme de laquelle une grande partie de la Syrie fut mise sous domination musulmane, pendant les années 12-13 A.H. A la même période une grande progression fut réalisée vers les frontières de la Perse.

La Nomination de Yazîd
Vers la fin de l'année 12 A.H. (printemps de 634 A.J.C.), Yazîd, fils du tristement célèbre chef des Omayyades, Abû Sufiyân, fut envoyé en Syrie, à la t6te d'un bataillon constitué après une grande levée à la Mecque, dans laquelle furent enr6lés beaucoup d'Omayyades et de célèbres notables de Quraych. Son frère Mu`âwiyeh, le rejoignit peu après avec son père Abû Sufiyân et sa sœur Howayriyyah ainsi que d'autres membres de la famille.

Il ne serait pas déplacé de noter ici que la suprématie sur les Hâchimites, tant désirée par les Omayyades durant des générations et déjà presque réalisée après la mort d'Abû Tâlib avait été enrayée par le Prophète après la conquête de la Mecque. A présent, Abû Bakr, retournant la situation, offrit aux Omayyades une chance de regagner leurs positions en nommant Yazîd fils de Abû Sufiyân, Général de Division de ses forces armées, ce qui donna aux Omayyades une excellente occasion de rétablir leur pouvoir, une occasion trop belle pour ne pas être avidement saisie par eux, et un pouvoir trop longtemps désiré pour être relâché une fois qu'ils l'auront détenu.

Ainsi, très vite, Yazîd s'assurera la haute position du Gouverneur de Damas (l4 A.H., soit l'été de 634 A.J.C.), sous le Califat de `Omar. Quelques quatre ans plus tard (18 A.H., automne 639 A.J.C.) lorsque Yazîd ainsi que le Commandant en chef de Syrie, Abû `Obaydah, périront par la peste, "`Omar nommera Mu`âwiyeh, fils d'Abû Sufiyân et frère de Yazîd, le Chef Commandant de la Syrie, et posera ainsi les fondations de la dynastie Omayyade". Abû Bakr, ne voyant que ses propres intérêts immédiats dans cette nomination, ne tint aucun compte de ses conséquences déterminantes en défaveur des Hâchimites, les descendants du Prophète, et Omar, en encourageant la cause des Omayyades, négligea la rivalité traditionnelle et ignora délibérément la haine profonde ressentie par les Omayyades envers les Hâchimites après la bataille de Badr dans laquelle `Otbah, Chaybah et WAlid, les grands-pères de Yazîd et Mu`âwiyeh, ainsi que les éminents dirigeants de Quraych tombèrent sous les coups de sabres des Hâchimites. Le résultat de l'ascension des Omayyades sera, très évidemment, comme l'avait prévu et souligné Hobâb lors de l'élection de Saqîfah, la destruction de ceux qui avaient tué les Quraychites. Mu`âwiyeh établira très habilement son autorité, grâce à des manœuvres à long terme, sur toute l'Arabie. Après sa mort, son fils Yazîd vengera ses proches tués, et collectera les dettes de sang - qui seront restées impayées pendant deux générations - chez les descendants du Prophète à Karbalâ'.

La Connaissance du Coran par Abû Bakr
Abû `Obaydah, citant Ibrâhîm al-Taymî relate qu'Abû Bakr avait été questionné à propos de la Parole du Très-Haut : "Des vignes et des légumes" (Sourate `Abasa, verset 28), et qu'il répondit : "Quel ciel me couvrirait de ses ombres, et quelle terre me nourrirait, si je disais ce que je ne sais pas du Livre de Dieu.

"Al-Bayhaqî et d'autres, citant Abû Bakr, relatent qu'on l'avait interrogé un jour sur le sens d'al-Kalâlah (Sourate al-Nisâ', verset 175), et qu'il répondit : "Je vais vous donner une opinion concernant ce mot. Si elle est juste, elle est de Dieu, mais si elle est erronée, elle est de moi et de l'Esprit malin. Je pense que ce mot signifie "manque de parent et de descendant". Lorsque `Omar fut devenu Calife, il dit : "Je me garde de rejeter ce qu'Abû Bakr a dit". Al-Zamakh-charî donne à ce mot trois sens dans son grand Commentaire :

l. Quelqu'un qui n'a ni fils ni père vivant;

2. Quelqu'un qui n'a ni père vivant ni aucun descendant;

3. Quelqu'un qui n'a aucun proche vivant de ligne parentale directe, ni à travers ses proches enfants.

Al-Lalakai (Abul-Qâcim Hibat-IJllâh B. Hassan B. Manthur al-Radhî) relate dans sa "Sunnah", en citant Ibn `Omar, qu'un homme était venu voir un jour Abû Bakr et lui dit : "Ne penses-tu pas que la formication est prédestinée chez l’homme ?" "Si", répondit-il. L'homme dit alors : "Donc, si Dieu l'a prédestinée chez moi, va-t-il m'en punir cependant ?" "Oui, tu es fils d'une femme incirconcise, et par Allah, s'il y avait un homme à c6té de moi, je lui commanderais de te ramener à la raison."

Mâlik et al-Dâr Qutnî, citant al-Qâcim B. Mohammad, relatent que deux grand-mères, la mère d'une mère et la mère d'un père, étaient allées voir Abû Bakr pour réclamer leur héritage, et qu'Abû Bakr accorda l'héritage à la mère du père. Sur ce, Abdul-Rahmân B. Sahel, un Ançârî qui avait combattu à Badr et qui était un associé des Banî Hârith, lui dit : "Ô Calife du Prophète de Dieu ! Ne l'accordes-tu pas à celle dont on ne pourra hériter lorsqu'elle mourra ?" (Selon la Loi musulmane un petit-fils n'hérite pas de sa grand-mère maternelle). Ainsi, il divisa l'héritage entre les deux grand-mères."

Quelques Récits Concernant Abû Bakr
Al-Bazzâr (As-Sirar) relate la tradition suivante : "Lorsque ce verset : "N'élevez pas la voix au-dessus de celle du Prophète" (Sourate al-Hujurât, 2) fut révélé, Abû Bakr dit : "Ô Messager de Dieu ! Je ne m'adressai à toi qu'avec une voix de décrépit". (Ce verset a été révélé après qu'Abû Bakr et `Omar avaient élevé la voix si haut en parlant au Prophète à propos de la nomination d'un gouverneur, que leur attitude nécessita qu'elle fût dorénavant déclarée inadmissible - Sale).

Al-Dâr Qutnî relate qu'Abû Bakr embrassa une fois la Pierre Noire et dit : "Si je n'avais pas vu le Messager de Dieu t'embrasser, je ne t'aurais pas embrassée".

Ahmad, dans le Zohd, citant Abû Imrân al-Juni, rapporte qu'Abû Bakr al-Çiddîq dit : "J'aurais voulu être un cheveu dans le corps d'un serviteur, d'un vrai Croyant".

Le Prophète dit à Abû Bakr : "Le scepticisme (Chirk) s'émeut plus furtivement parmi vous que le grimpement d'une fourmi".

La Maladie d'Abû Bakr. La Nomination de son Successeur

Au mois de Jamâdî II de l'an l3 A.H. (634 A.J.C.), Abû Bakr, ayant pris imprudemment un bain alors qu'il faisait très froid, attrapa la fièvre. Après une maladie d'une quinzaine de jours, lorsqu'il se sentit trop faible et épuisé, il perdit tout espoir de se rétablir, et exprima sa volonté de nommer `Omar comme successeur pour lui éviter tout risque de perdre l'élection. Pour ne pas brusquer les gens avec cette décision, il la divulgua d'abord au cours d'une sorte de consultation avec `Abdul-Rahmân qui, en apprenant la nouvelle, fit l'éloge de Omar pour ajouter tout de suite que celui-ci était trop dur. Puis il consulta `Othmân qui dit: " `Omar a un fond meilleur que ses apparences". Sur ce, Abû Bakr dit : "Que Dieu te bénisse, Ô `Othmân ! Si je n'avais pas choisi `Omar, je ne t'aurais pas enjambé". Mis au courant de cette décision, Talhah et beaucoup d'autres Compagnons du Prophète abordèrent Abû Bakr et protestèrent contre cette nomination. Talhah le blâma dans ces termes : "Comment répondras-tu à ton Seigneur pour avoir laissé Son peuple à la merci d'un maître aussi sévère que `Omar". Abû Bakr fut excédé par ces propos et s'écria : "Relevez-moi !" Et appelant `Othmân, il lui dicta sur-le-champ une ordonnance comme suit : "Moi, Abû Bakr, fils d'Abû Qohâfah, à la veille de l'approche de ma fin, fais la déclaration suivante de ma volonté aux Musulmans. Je nomme comme successeur..." Avant de pouvoir terminer la phrase, Abû Bakr s'évanouit. `Othmân qui connaissait le nom qu'Abû Bakr prononcerait, ajouta à la phrasé le nom de " `Omar B. Al-Khattâb". Lorsque Abû Bakr reprit conscience, il demanda à `Othmân le nom du successeur qu'il avait écrit dans l'ordonnance, et dit : "Allâh-u-Akbar ! Que Dieu te bénisse pour ta prévenance. Si j'étais mort dans mon évanouissement, les gens auraient été laissés dans le noir sans le rajout que tu as fait". Puis il continua à dicter: "Ecoutez-le et obéissez-lui : car il gouvernera avec justice, sinon, Dieu qui connal"t tous les secrets, le traitera de la même façon. Je veux dire que tour ira bien, mais que je ne connais pas les secrets cachés dans les cœurs. Adieu". L'ordonnance ayant été scellée avec son cachet, le Calife demanda qu'elle fût lue aux gens dans la mosquée. `Omar lui-même fut présent lors de la lecture. Il faisait taire les bruits et réduisait les gens au silence afin qu'ils puissent entendre l'ordonnance.

Ibn Qotaybay écrit dans son livre, "Imâmat": "Quand l'ordonnance eut été prise par Chahîd, un serviteur d'Abû Bakr, pour être lue aux gens, quelqu'un demanda à `Omar qui accompagnait le porteur : "De quoi s'agit-il ?" `Omar répondit qu'il n'en savait rien, mais qu'elle (l'ordonnance) le concernait plus que tout autre. L'homme lui dit : "Si tu ne le sais pas, je sais qu'auparavant tu as fait Abû Bakr Calife, et maintenant, à son tour, il te fait Calife à sa place". "On dit à Abû Bakr pendant sa maladie : "Que diras-tu à ton Seigneur, maintenant que tu as désigné `Omar pour gouverner ?" Il répondit : "Je LUI dirai que j'ai nommé le meilleur d'entre eux pour gouverner sur eux". Abû Bakr al-Çiddîq dit un jour : "Il n'y a pas à la surface de la terre un homme qui ait, plus de valeur que `Omar".

Le Lit de Mort d'Abû Bakr
Pendant sa maladie Abû Bakr exprima avec amertume son regret pour trois de ses actes : "J'aurais aimé ne les avoir pas faits". Ce sont :

l. La rafle dans la maison de Fatima malgré les conspirations dont il dit avoir été l'objet;

2. Le fait d'avoir fait brûler vivant Fujaïrah al-Salmî. Il dit à ce propos que cet homme aurait dû être soit relâché soit passé par le sabre, mais non pas brûlé;

3. Le fait d'avoir épargné le rebelle Ach`ath à qui il maria par la suite sa sœur Om Farwah. Cet homme, dit-il, avançait toujours dans la bassesse".

"Al-Nasâ'î, citant Aslam, écrit que `Omar entendit Abû Bakr lâcher ces mots : "C'est cela qui m'avait amené à ce à quoi je suis arrivé".

Quelque temps avant sa mort, Abû Bakr avait demandé: "Quel jour le Prophète est-il mort ?", et on lui avait répondu qu'il était mort un lundi.

La Mort d'Abû Bakr
Abû Bakr mourut à l'âge de 63 ans, le mardi 22 Jamâdî II, de l an 13 A.H., soit le 22 août 634 A.J.C après avoir gouverné pendant deux ans, trois mois et dix jours. Sa femme Asmâ' Bint `Omays, aidée de son fils `Abdul-Rahmân, lui fit son dernier bain. `Omar lut les prières en récitant le Tabkîr quatre fois. Une tombe fut creusée pour lui à côté de celle du Prophète, et la niche de sa tombe touchait celle du Messager de Dieu. II fut enterré en ayant la tête posée au niveau de l'épaule du Prophète.

Abû Bakr et les Rapports de sa Famille avec Celle du Prophète

Abû Bakr avait quatre femmes, dont une était morte de son vivant. Les descendants de chacune de ses femmes figurent dans le tableau suivant :

Les femmes mariées avec Abû Bakr avant sa conversion à l'Islam
l. Qutaylah, fille de `Abdul-`Uzza:

- Asmâ' (morte 76 A.H.), femme de Zobayr B. al-`Awwâm (mort 36 A.H.)

- `Abdullah (mort 64 A.H.)

- `Abdul-Rahmân (mort 53 A.H.)

Son nom d'origine était `Abd-al-`Uzza. Il embrassa l'Islam après le Traité de Hudaybiyyah

2. Om Roman, fille de Hârith (morte 7 A.H.)

·         `Ayechah (morte 58 A.H.)
Les femmes mariées avec lui après sa conversion à l'Islam

3. Habîbah, fille de Kharj a Ançar

- Om KulthOm, femme de Talhah (mort 36 A.H.) (Cousin d'Abû Bakr et fils de `Obaydullâh)

- Muhammad (mort 36 A.H.)

4. Asmâ', fille de `Omays

- Mohammad (né l0 A.H., mort 38 A.H.)

Après la mort d'Abû Bakr, Ali épousa Asmâ', donc Mohammad fut élevé par Ali.

L'histoire montre qu'Abû Bakr lui-même ainsi que toute sa famille (sauf Asmâ' et son fils Mohammad) étaient hostiles à la famille du Prophète, en totale désobéissance avec ce que le Coran avait ordonné et avec ce que le Prophète avait dit concernant le respect et l'amour dus à sa famille. Ci-après la liste de ceux d'entre la famille de Abû Bakr, dont l'hostilité envers celle du Prophète fut particulièrement évidente:

l. Lors de son accession au Califat, Abû Bakr envoya `Omar à la maison de Fatima pour obliger Ali à venir lui prêter serment d'allégeance par force. `Omar menaça de brûler la maison avec Fatima à l'intérieur, et emmena Ali sous escorte chez Abû Bakr, où il fut si humilié et insulté qu'il pleura amèrement sur la tombe du Prophète pour se plaindre du mauvais traitement qu'il avait reçu. Par la suite Fatima fut tellement attristée par l'attitude d'Abû Bakr qu'aussi longtemps qu'elle survécut à son père, elle ne lui adressa plus jamais la parole, et que de son lit de mort, elle interdit qu'il assistât à ses funérailles.

2. La fille d'Abû Bakr, `Âyechah, se révoltera contre Ali, le Calife en titre, et elle le combattra, à la tête de trente mille soldats, dans la bataille d'al-Jamal. Mais elle fut défaite après avoir subi de lourdes pertes.

3. Le fils d'Abû Bakr, `Abdul-Rahmân, combattra pour la cause de sa sœur dans la même bataille.

4. Le gendre d'Abû Bakr, Zobayr B. Al-`Awwâm, le mari de Asmâ', la fille la plus âgée d'Abû Bakr, fut le commandant des armées de `Âyechah. En pleine mêlée, il se retira et prit le chemin de la Mecque, mais il fut tué à une courte distance du champ de bataille.

5. Le petit-fils d'Abû Bakr, `Abdullah, le fils de Zobayr et de Asmâ', fut le commandant de l'infanterie de `Âyechah. Il était le fils adoptif de `Âyechah. Après la bataille, il fut retiré d'un amas de tués jonchant le champ de bataille.

6. Le cousin d'Abû Bakr et mari de sa fille Om Kalthûm, Talhah, était le commandant des troupes de `Âyechah. Au plus chaud de la bataille, Marwân (le Secrétaire et le génie malfaisant du Calife `Othmân), officier dans la même armée, voyant Talhah engagé avec trop de zèle, dit à son serviteur : "Il y a seulement quelques jours que Talhah incitait avec tant de zèle à l'assassinat de `Othmân, et le voilà maintenant qui se montre si zélé de demander de venger son sang. Quelle hypocrisie pour gagner de la grandeur dans ce monde !" Ce disant, il tira une flèche qui perça la jambe de Talhah et effraya son cheval qui s'enfuit sauvagement et fit tomber Talhah par terre. Celui-ci fut tout de suite emmené à Bassorah où il mourut peu de temps après.

7. Le cousin d'Abû Bakr, `Abdul-Rahmân, frère de Talhan tomba lui aussi en combattant dans cette bataille.

8. Mohammad, fils de Talhah, tomba lui également dans cette bataille.

9. Jo`dah Bint Ach`ath, fille de la sœur d'Abû Bakr, Om Farwah, empoisonna al-Hassan, fils de Ali (Ibn Abî Tâlib). Elle avait été subornée, pour commettre cette bassesse, par Yazîd, fils de Mu`âwiyeh, ou par celui-ci lui-même.

l0. Is-hâ le fils de la soeur d Abd Bakr, Om Farwah, et de Ach` ath, ainsi que son frère, figurèrent dans l'armée de Yazîd combattant contre al-Hussayn, fils de Ali, lors de la tragédie de Karbalâ'.

Plus tard, le premier sera tué en combattant al-Mukhtâr dans la bataille qu'il engagera pour venger l'assassinat d'al-Hussayn, le second, qui avait arraché du cadavre d'al-Hussayn quelques vêtements, fut déchiqueté jusqu'à la mort par des morsures de chiens.

11. Moç`ab, fils de Zubayr, le fils adoptif d'Abû Bakr, combattit contre al-Mukhtâr, qui fut tué alors qu'il se battait pour venger le meurtre d'al-Hussayn.
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MessageSujet: Re: Abou Bakr, le premier calife   Abou Bakr, le premier calife EmptySam 07 Mai 2011, 19:05

Salam certain , je te souhaite la bienvenue sur Islamo-Chrétien forum de partage , liberté , amitié puisses-tu te sentir chez toi comme dans une grande famille .
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MessageSujet: Re: Abou Bakr, le premier calife   Abou Bakr, le premier calife EmptySam 07 Mai 2011, 19:12

Salam aleikoum CERTAIN !


Abou Bakr, le premier calife 33215 parmi nous sur ce forum de dialogue et de fraternité.
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MessageSujet: Re: Abou Bakr, le premier calife   Abou Bakr, le premier calife EmptySam 07 Mai 2011, 21:00

Ma chère CERTAIN, Abou Bakr, le premier calife 33215 à toi ..;

Mais il te faut lire la charte du forum, que tu découvriras dans ta messagerie.

Et tu pourras y lire qu'il est INTERDIT de poster des messages dépassant les 80 lignes ///

MERCI d'en tenir compte !
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MessageSujet: Re: Abou Bakr, le premier calife   Abou Bakr, le premier calife EmptyDim 08 Mai 2011, 00:02

et la prochaine INSULTE MISS ZAHRA sera contre QUI?


OMAR que tu va OUVERTEMENT DECLARER DE MECREANT?
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MessageSujet: Re: Abou Bakr, le premier calife   Abou Bakr, le premier calife EmptyDim 08 Mai 2011, 06:52

chrisredfeild a écrit:
et la prochaine INSULTE MISS ZAHRA sera contre QUI?


OMAR que tu va OUVERTEMENT DECLARER DE MECREANT?


Bonjour Rachid , en effet je crois que Zahra Fatima est revenue !!
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MessageSujet: Re: Abou Bakr, le premier calife   Abou Bakr, le premier calife EmptyDim 08 Mai 2011, 09:05

Eliza a écrit:
chrisredfeild a écrit:
et la prochaine INSULTE MISS ZAHRA sera contre QUI?


OMAR que tu va OUVERTEMENT DECLARER DE MECREANT?


Bonjour Rachid , en effet je crois que Zahra Fatima est revenue !!

Bonjour Eliza, Bonjour Rachid comment en êtes vous si sûrs !!

Racontez nous !!!!
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MessageSujet: ABU BAKR A-SIDIK ( le véridique)   Abou Bakr, le premier calife EmptyDim 08 Mai 2011, 18:34

« S'il m'avait été permis d'avoir pour ami intime quelqu'un d'autre que Dieu, cela aurait été Abû Bakr.
Seulement, il est mon frère et mon compagnon. »

[ Parole du Prophète Muhammad, rapportée par Bukhâri dans son Sahih.]

Lorsque Muhammad s'isolait dans la grotte de Hira pour méditer et se recueillir, Abû Bakr, son futur compagnon et beau-père était alors un des plus riches commerçants de la Mecque.

Etait-il au courant de la quête spirituelle de son compatriote? Il avait dû apprendre, comme la plupart des gens de la Mecque, que Muhammad, l'époux de la riche Khadîja , avait une attirance pour la méditation et la spiritualité. Il devait être au courant de son comportement moral, rare à l'époque, qui lui avait valu le surnom d' Al-Amîn (Le digne de confiance).

C'est pour cela, sans doute, qu'il a dû le suivre dès qu'il a commencé à prêcher ce que l'Esprit Saint lui a révélé.

Par ailleurs, les sources islamiques mettent l'accent sur le caractère doux et spirituel d'Abû Bakr . Il en était de même de son penchant pour l'ascétisme et le détachement des choses de ce monde. On rapporte à cet effet, que même devenu calife, successeur temporel du Prophète , il vaquait à ses affaires personnelles, en vendant des vêtements au marché pour subvenir à ses besoins. C'est dire combien cet homme illustre était disposé à recevoir les enseignements du Prophète et à devenir un de ses plus intimes compagnons.

Abû Bakr appartenait à la célèbre tribu de Quraysh. Ayant un ancêtre commun avec le Prophète , il était donc un pur produit de la noblesse arabe... Comme s'il était prédestiné au rôle qui serait le sien, les histoires qui se rapportent à son sujet indiquent que son comportement et sa morale durant son enfance et sa jeunesse furent aux antipodes de ceux de ses concitoyens. On louait son honnêteté dans les affaires du commerce. On admirait sa sagesse et sa pondération. Certaines sources rapportent que le surnom d'As-Siddîq (le véridique, le sincère) lui fut attribué par ses concitoyens pour son intégrité morale.

D'autres, par contre, estiment que cette appellation lui avait été donnée par le Prophète parce qu'il avait été le premier à croire au message divin sans avoir jamais douté, même dans les moments les plus pénibles.Quoi qu'il en soit, ceci n'enlève rien au mérite de ce grand homme que la Providence divine a choisi comme un solide pilier pour soutenir la mission du dernier des messagers.

Déjà, lorsque le Prophète revint de son fameux voyage céleste (al-mi'râj), et que ses concitoyens se mirent à le tourner en dérision, Abû Bakr, à qui ils s'adressèrent pour lui faire remarquer la prétendue folie de son compagnon, répondit, imperturbable :

« Par Dieu, je crois à plus que cela; je crois avec certitude qu'il reçoit la révélation de son Seigneur du haut du septième ciel.»

Cet homme hors du commun est né à la Mecque deux ans après le Prophète . Son père s'appelait 'Uthmân, mais on le surnommait Abû Quhâfa. Quant à sa mère, elle s'appelait Salma, mais était connue sous le surnom d'Umm al-Khayr. Il reçut une solide éducation faisant de lui l'une des personnes les plus en vue de la société mecquoise.

Dès son jeune âge, sa réputation d'honnête homme, loyal, sage et intègre, s'imposa à ses concitoyens. On rapporte que la tribu des Quraysh l'avait choisi pour la représenter dans les discussions lors des conflits tribaux où il y avait mort d'hommes. Ces discussions servaient à fixer le prix du sang (ad-diyya). Il est évident que pour pouvoir être désigné à tenir ce rôle-là, il fallait avoir fait ses preuves en matière de sagesse et de maturité.

On rapporte aussi qu'il était très sollicité par ses concitoyens pour ses conseils qui étaient d'une grande utilité.

Figure d'une grande noblesse, il était très généreux envers les pauvres et les nécessiteux. Toutes ces qualités ne pouvaient que susciter l'estime et la sympathie des gens de bon caractère et de bonne moralité que connaissait alors la Mecque.

Parmi ceux-ci, il y avait, bien sur, le Prophète , qu'une grande amitié, dit-on, liait à notre homme. Et lorsque l'heure de la Révélation sonna, on les retrouva tous les deux sur le chemin de Dieu, assumant et subissant toutes les épreuves qu'exige une telle mission.

Abû Bakr est, comme nous l'avons dit, le premier homme à avoir embrassé l'islam. Son choix ne fut pas long à se dessiner. Connaissant l’honnêteté et la sincérité de son ami d'enfance, il n'hésita pas un instant. Il est vrai que sa nature douce et son âme spirituelle le prédisposaient à faire ce choix. Lorsque le Prophète lui prêcha le message qu'il recevait de son Seigneur, il l'accepta sans hésitation. Il devint un des plus ardents défenseurs. C'est à juste titre que le Prophète a dit de lui :

« S'il m'avait été permis d'avoir pour ami intime quelqu'un d'autre que Dieu, cela aurait été Abû Bakr. Seulement, il est mon frère et mon compagnon. »

son comportement et sa morale étaient des plus exemplaires du temps même de la période antéislamique (jâhiliya). On rapporte qu’étant encore enfant, son père l'emmena à la Ka'bâ pour rendre un culte d'adoration aux idoles. Il s'approcha de l'une d'elle et lui dit :

« J’ai faim, nourris-moi ! » Il n'eut aucune réponse. Il ajouta : « J'ai soif donne-moi à boire ! » Il n'obtint aucune réponse. Il ajouta encore : « J’ai froid, vêtis-moi! » Ce fut toujours le silence. À la fin,il prit un caillou et lui dit: « Je vais te jeter ce caillou et si tu es un Dieu, défends-toi. » Il lui jeta le caillou et elle tomba à la renverse.

On rapporte aussi qu'il était d'une grande vertu et qu'il n'avait jamais bu une goutte d'alcool. Chose vraiment paradoxale dans une société où tous ses membres étaient des épicuriens nés. Dans un Hadith rapporté par Ibn 'Asâkir, on demanda à Abû Bakr pourquoi il s'était toujours abstenu de boire de l'alcool. Il répondit :
« Parce que je voulais préserver mon honneur, et protéger ma réputation ; car celui qui s'adonne à l'alcool ne fait attention ni à son honneur, ni à sa dignité !»

Lorsque le Prophète entendit ces propos, il dit :

" Abû Bakr a dit vrai ! Abû Bakr a dit vrai ! »


Il était dans la nature des choses qu'un homme comme Abû Bakr se convertisse à la religion prêchée par Muhammad dans la mesure où les idéaux véhiculés par cette religion correspondaient à sa philosophie de la vie. C'est pourquoi le Prophète a dit à son sujet :

« Tous ceux à qui j'ai prêché l'islam ont trouvé quelque hésitation, sauf Abû Bakr. »

Il avait alors trente-huit ans. Sa vie sera dès lors intimement liée au destin du Prophète et de l'islam dont il sera un des principaux piliers. On ne connaît pas d'événements dans l'histoire de l'islam naissant où il n'ait été associé avec le Prophète . Bien plus rares étaient les fois où il s'éloigna de l'Envoyé de Dieu. On peut dire qu'ils étaient inséparables. Les seules fois où ils se séparèrent ce fut lorsque le Prophète lui confiait des missions ou le chargeait d'accomplir des rites, comme par exemple lorsqu'il fut désigné pour diriger le pèlerinage succédant à la prise de la Mecque et à la purification de la Ka'ba. À l'exception de ces rares cas où les deux hommes furent séparés, le reste de leur existence fut intimement lié jusqu'à ce que la mort les eut séparés temporairement.

C'est ainsi qu'on trouvera Abû Bakr dans tous les événements ayant jalonné l'apostolat du Prophète . Il participa à toutes les batailles que mena l'Envoyé de Dieu contre les négateurs et, lorsque le jour vint où celui-ci, décida de quitter la Mecque pour s'établir à Médine où son message trouva un écho favorable, ce fut à lui qu'échut l'honneur d'être son compagnon de route. Le Saint Coran a d'ailleurs consigné pour l'éternité cet événement :

« [...] Quand ils étaient dans la grotte et qu'il disait à son compagnon: Ne t'afflige pas, car Dieu est avec nous [...]»
[ Sourate 9 – Verset 40 ]

Homme très aisé et à la fortune considérable avant l'avènement de l'islam, il mit tous ses biens au service de Dieu et de Son Envoyé.

On rapporte qu'il racheta de nombreux esclaves convertis livrés à la torture par leurs maîtres mécréants, et leur rendit la liberté. Parmi eux, il y avait Bilâl, l'Abyssin, 'Amr Ibn Fuhayra et d'autres malheureux livrés au supplice. C'est à juste titre que le Prophète a dit à son sujet :
« Il n'y a pas de biens qui m'ont été utiles (pour défendre la cause de Dieu) comme ceux d'Abû Bakr !».

L'engagement d'Abû Bakr pour l'islam fut total et indéfectible. Il fut un des rares compagnons à rester ferme et à ne pas fléchir dans les situations les plus désespérées. Il faut dire qu'il n’a jamais douté du soutien de Dieu à Son Envoyé.

On aime rappeler, à ce propos, son comportement héroïque, lors de la bataille d’Uhud et de celle de Hunayn où, il resta avec un petit nombre de compagnons autour du Prophète , alors que beaucoup durent fuir. Son courage et sa bravoure étaient exemplaires.

Deux hadiths illustrent cet état de fait. 'Urwa Ibn Zuhayr rapporte qu'il avait demandé à Abdallah Ibn 'Amr Ibn Al-' Âs de lui raconter ce que les négateurs avaient fait subir de plus dur au Messager de Dieu. Il répondit :

« J'ai vu 'Uqba Ibn Mu'âdh, profiter, de ce que le Prophète était absorbé dans ses prières, dans un coin de la Ka'ba, et de lui passer son vêtement autour du cou pour l'étrangler. Alors, dit-il, Abû Bakr est arrivé et l'a repoussé en disant : " Voulez-vous tuer un homme pour avoir dit : Mon Seigneur, c'est Dieu !" »

D'autre part, 'Âïsha a relaté ce qui suit :

« Lorsque les compagnons du Prophète eurent atteint le nombre de trente-neuf hommes, Abû Bakr se rendit auprès du Messager de Dieu et insista pour qu'il le laisse proclamer ouvertement le message de l'islam. Le Prophète lui fit savoir que les musulmans étaient encore peu nombreux et qu'il ne voulait pas les exposer aux brimades des négateurs. Mais Abû Bakr insista tellement que le Messager de Dieu accepta. Alors que les musulmans allaient se réfugier auprès des membres de leur clan réunis autour de la Ka'ba, Abû Bakr se leva et commença à prêcher en invitant les païens qurayshites à l’adoration du Dieu unique. Ceci provoqua, bien entendu, la fureur des infidèles qui se jetèrent sur lui et commencèrent à le rouer de coups au point de le défigurer.»

Ainsi, donc, Abû Bakr fut le premier homme à prêcher ouvertement l'islam. Son engagement n'en resta pas là, loin s'en faut. Il s’engagea corps et âme dans le triomphe du message prêché par le Prophète et mit à son service tous les biens qu'il possédait.

Comme nous l'avons signalé plus haut, Abû Bakr était un des plus riches commerçants de la Mecque.

L'historien Ibn 'Asâkir a rapporté, d’après le témoignage de 'Âïsha , que la fortune de son père s'élevait à quelque quarante mille dinars, somme considérable à l'époque. Il l’a bien entendu, entièrement dépensée au service de l'islam, après sa conversion.

Ceci eut pour effet de lui attirer l'hostilité et les tracasseries des gens furieux de voir la nouvelle religion prendre de l'ampleur et gagner de nouveaux adeptes.

En outre, le cas d'Abû Bakr leur posa problème. En effet, tant que les nouveaux convertis étaient issus des classes défavorisées, cela ne dérangeait nullement les qurayshites qui y voyaient là une révolte sociale de la plèbe contre l'aristocratie. Ne sont-ils pas aller proposer à leur chef de file toutes sortes de privilèges sociaux afin qu'il renonce à son apostolat ?

Mais le fait qu'un homme riche et noble comme Abû Bakr passe de l'autre côté de la barrière et rejoigne les disciples du Prophète, prouvait que la nouvelle religion prêchée par le Prophète n'était pas une révolte sociale.

Abû Bakr pouvait vivre dans l'aisance et la considération de ses concitoyens rien qu'en respectant leurs croyances obscurantistes et en demeurant dans leur camp. Mais il était convaincu que Muhammad était sincère dans ce qu'il prêchait. Il savait que le caractère de son compagnon le prédestinait à un avenir grandiose.

Les hommes prédestinés, notamment les prophètes, ont cette particularité qu'ils attirent leurs semblables comme l'aimant attire l'acier. Leur aura spirituelle est telle qu'elle irradie autour d'eux en touchant ceux qui sont les plus prédisposés à recevoir les faveurs divines. Abû Bakr était de ceux-là. La grâce divine l'avait choisi pour assister le dernier Messager dans sa mission. Il ne faillira jamais en cours de route.

Jusqu'à présent, les premiers convertis à l'islam étaient en train de subir les sévices et la violence des infidèles.

Les persécutions étaient telles que le Prophète ordonna à ses compagnons de quitter la Mecque et d'aller se réfugier en Abyssinie auprès d'un Négus sage et juste. Il leur dit :

« Allez en Abyssinie ! Il y a là-bas un roi auprès duquel personne n'est opprimé. Restez-y jusqu'à ce que Dieu vous trouve une issue plus aisée! »


Ils étaient douze hommes et quatre femmes parmi les plus faibles d'entre les musulmans à faire ce voyage. Lassé des mauvais traitements que lui faisaient subir les infidèles, Abû Bakr se trouva contraint de partir lui aussi. Il demanda, pour ce faire, la permission du Prophète et prit le chemin du Yémen où il devait prendre la mer pour l'Abyssinie. Arrivé dans un endroit appelé Qarâh, il rencontra un allié de Quraysh, Ibn Ad- Dughuna qui régnait sur cette contrée.

Celui-ci fut étonné d'apprendre qu'un noble et illustre homme tel qu'Abû Bakr se trouve obligé de s'expatrier pour fuir les persécutions de ses compatriotes. En homme loyal, connaissant à plus forte raison la réputation d'Abû Bakr, il lui proposa de lui accorder sa protection et de retourner avec lui à la Mecque.

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MessageSujet: Re: Abou Bakr, le premier calife   Abou Bakr, le premier calife EmptyDim 08 Mai 2011, 18:36

Devant les dignitaires de Quraysh, Ibn Ad-Dughuna annonça qu'il prenait Abû Bakr sous sa protection, pratique qui était très courante durant la période antéislamique, notamment entre des tribus qui étaient liées par une alliance militaire.

Les qurayshites acceptèrent cette protection, mais quelques temps après, ils allèrent trouver Ibn Ad-Dughuna et lui demandèrent de dire à son protégé de ne plus lire le Coran en public, parce que cela finissait, dans la plupart des cas, par influencer les gens de son voisinage.

Celui-ci fit ce que lui demandèrent les qurayshites, et invita son protégé à cesser sa lecture publique. Mais Abû Bakr lui répondit clairement :

« Je n'ai plus besoin de ta protection! Dieu me suffit. »

Il resta donc à la Mecque et ne quitta plus l'Envoyé de Dieu.

Il faut dire que plusieurs épreuves attendaient ce dernier ainsi que ses compagnons qui sont restés avec lui. Plus l'islam progressait parmi les gens de la Mecque et des alentours, plus l'acharnement des infidèles augmentait et devenait intolérable. Il est vrai que la conversion d'un noble comme Abû Bakr avait amené la conversion d'autres membres de la noblesse mecquoise comme 'Uthman, Talha, Zubayr Ibn Al 'Awwâm, Abî Waqqâs, etc .

Avec la conversion d'un autre illustre homme, 'Umar Ibn Al-Khattab , l'islam s'imposait peu à peu et le parti des musulmans se renforçait. Ceci avait provoqué, par voie de conséquence, le courroux des infidèles qui redoublèrent d'acharnement dans leurs persécutions contre les faibles d'entre les musulmans.

Une nouvelle fois, le Prophète envoya plusieurs de ses compagnons en Abyssinie. Quatre-vingt-trois hommes et dix-huit femmes prirent part au voyage vers le lointain pays du Négus.

Les qurayshites, apprenant cette nouvelle, avaient dépêché, auprès du monarque abyssin, des émissaires pour réclamer l'extradition des réfugiés. En vain, celui-ci refusa d'accéder à leur demande. Alors, de dépit, ils se retournèrent contre ceux de la Mecque. Ce fut alors le blocus total du clan des Banû Hâshim que l'on mit en quarantaine dans une vallée aride avec interdiction d'avoir des contacts de quelque nature que ce soit avec lui.

Ainsi, durant trois longues années, les musulmans furent soumis à un boycott des plus sévères. Ce fut là, la plus dure épreuve à laquelle furent confrontés les adeptes de l'islam. Elle se termina par la mort de deux des plus grands soutiens du Prophète : son épouse Khadîja et son oncle Abû Tâlib. L'Envoyé de Dieu fut très peiné par cette épreuve. L'incrédulité de son peuple et son hostilité à son égard augmentaient sa peine.

Heureusement que des hommes comme Abû Bakr étaient là pour le soutenir et atténuer sa douleur. Leur fidélité indéfectible et leur confiance sans limite dans la sincérité de sa révélation forçaient l'admiration.

Dans le cas d'Abû Bakr, l'événement extraordinaire de l'ascension du Prophète et son voyage nocturne (al-isrâ' wal mi'râj) allait en fournir une parfaite illustration.

En effet, lorsque le Prophète annonça un jour, aux gens de Quraysh, qu'il venait de faire son fameux voyage céleste qui l'avait conduit de la Mecque à Jérusalem et de là aux cieux, où il parvint jusqu'au lotus de la limite (sidrat al¬-muntahâ), il fut en butte aux sarcasmes des infidèles et à leurs moqueries. Puis encore, ils allèrent trouver son fidèle compagnon, Abû Bakr, et lui rapportèrent sur un ton sarcastique, ce qu'ils estimaient être les élucubrations de son Prophète.

Mais Abû Bakr , à qui Dieu avait ouvert le coeur à la foi, leur répondit spontanément :

« S'il a dit qu'il a fait ce voyage, c'est que cela est vrai! Quant à moi, je le crois déjà pour plus que cela ; je le crois quand il me dit qu'il reçoit des nouvelles du haut des sept cieux! »

Abû Bakr ne prononça pas ces paroles par dépit ou pour narguer les détracteurs de son compagnon, loin s'en faut, c'était l'évidence même pour lui. Il avait cru en la destinée extraordinaire de Muhammad.

Après la disparition d'Abû Tâlib, qui a toujours soutenu son neveu au grand dam des dignitaires qurayshites, les persécutions contre le Prophète et ses compagnons redoublèrent.

C'est alors que l'Envoyé de Dieu décida d'émigrer à Médine, Yathrib de son vrai nom, une ville située à quelque cinq cents kilomètres de la Mecque, et dont les habitants étaient déjà acquis à l'islam. Beaucoup de ses compagnons l'avaient déjà précédé. Quant à lui, c'est avec Abû Bakr qu'il décida, une nuit, de partir, alors que ses ennemis préparaient un complot pour le faire assassiner.

En effet, une fois qu'il fut informé par le Seigneur, des desseins des païens, il recommanda à son fidèle compagnon de préparer deux montures et des provisions de voyage et lui confia qu'ils partiraient ensemble à Médine, dans les plus brefs délais. Abû Bakr sauta de joie à l'idée d'être le compagnon de route du Prophète . En effet, à chaque fois qu'il lui demandait la permission de partir, celui-ci lui répondait :

« Ne sois pas pressé ! Peut-être Dieu te donnera-il un compagnon ! »

Il est vrai que celui-ci avait pressenti ce voyage avec l'Envoyé de Dieu. Pour ce faire, il avait acheté deux chamelles, qu'il avait confiées à un berger pour les faire paître, en attendant le jour du départ.

C'est ainsi que le jour tant attendu arriva. Le Prophète se dirigea vers la demeure d'Abû Bakr qui l'attendait avec anxiété, tandis que les païens encerclaient sa maison dans le but de l'assassiner.

Tous deux, en compagnie d'un guide affrété par Abû Bakr, prirent le chemin du désert, poursuivis par les hordes de païens, rendus furieux par leur coup manqué. Ce fut un voyage plein de péripéties duquel allait dépendre l'avenir de l'islam.

De fait, les lèvres des musulmans, réunis à Médine, étaient suspendues à la nouvelle de l'arrivée de leur Prophète sain et sauf parmi eux. Abû Bakr, quant à lui, tremblait de frayeur à l'idée qu'il puisse arriver malheur à son compagnon.

On rapporte, en effet, que durant tout le trajet qu'ils effectuèrent ensemble, Abû Bakr veilla sur le Prophète comme sur la prunelle de ses yeux. Déjà, avant de partir, il avait pris avec lui tout son argent, pour le mettre au service du Messager de Dieu.

Quand ce dernier l’apprit, il lui demanda :

- « Et qu'as-tu laissé à ta famille, ô Abû Bakr ? » Il répondit :
- « Je leur ai laissé Dieu et son Prophète ! »


Lorsqu'ils se réfugièrent dans la caverne de Thawr pour fausser les recherches des tueurs lancés à leur poursuite, c'est encore lui qui entra, le premier, pour vérifier s'il n'y avait pas d'animal dangereux caché à l'intérieur. Durant tout le trajet qui les séparait de Médine, il ne cessait de s'inquiéter pour le Messager de Dieu.

Il ne savait quoi faire pour le protéger. Tantôt, il le précédait de crainte qu'un danger ne surgît de devant, et tantôt, se rappelant que le danger pouvait venir de derrière, il laissait ce dernier avancer et se mettait derrière lui. Il ne cessa sa vigilance qu'une fois arrivés en vue des murs de Médine où les attendaient, avec impatience, ses habitants, les Ansârs, et les musulmans qui avaient émigré, les Muhâjirîn.

L’arrivée à Médine annonçait une nouvelle ère pour l'islam qui bénéficiait à présent d'un espace favorable, lui assurant protection et propagation. Il est vrai que l'hostilité et le bellicisme des infidèles ne faisaient que commencer.

Pour défendre leur foi, leurs biens et leurs familles, les musulmans allaient être obligés de faire la guerre. Abû Bakr fit preuve, au cours des nombreuses batailles menées par le Prophète , d'un courage extraordinaire. Il participa à toutes les campagnes des musulmans. Sa bravoure était reconnue par tous les compagnons y compris les plus illustres d'entre eux dont 'Ali Ibn Abî Tâlib .
Le traditionaliste Al-Bazzâr, a rapporté, à ce sujet, ce qui suit .

« Un jour, au cours d'une assemblée, 'Ali demanda aux personnes présentes de lui citer celui qu'ils pensent être le plus courageux parmi les musulmans. On lui répondit : " C’est toi." Il dit : "C'est vrai à chaque fois que j'ai affronté quelqu'un, j'ai eu le dessus sur lui. Mais il y a encore quelqu'un de plus courageux. Dites-moi qui est-ce ?" Ils répondirent : " Nous ne savons pas !" Il dit alors : "C'est Abû Bakr ! Et je vais vous dire pourquoi ; lors de la bataille de Badr, nous avions installé pour le Messager de Dieu un auvent pour qu'il soit à l'abri du soleil. Ceci étant, nous avions jugé utile de lui adjoindre un garde du corps pour le protéger des attaques surprises des infidèles. Nous demandâmes un volontaire, et c'est Abû Bakr qui se proposa pour cette tâche. Il se tint à la hauteur du Messager de Dieu tenant son épée à la main et, à chaque fois qu'un infidèle essayait de s'approcher du Prophète , il l'en empêchait. Certes, Abû Bakr est le plus courageux parmi nous."»

D'un caractère doux et pondéré, il savait être ferme lorsque les circonstances l'exigeaient. On rapporte, à cet égard, le fait suivant :

Lors des pourparlers précédant le traité historique d'Al-Hudaybiyya, conclu entre le Prophète et les qurayshites, le représentant de ces derniers, 'Urwa Ibn Mas'ûd Ath-thaqafi, essaya de dissuader l'Envoyé de Dieu d'entrer à la Mecque, en lui disant : « Par Dieu, je crains que les hommes qui sont avec toi ne t'abandonnent demain. Si tu savais ce que Quraysh est en train de préparer pour t'empêcher d'y entrer. » Abû Bakr , présent avec le Prophète , répliqua aussitôt en insultant les divinités païennes : « Crois-tu sérieusement que nous allons abandonner l'Envoyé de Dieu? »

À la signature du traité d'Al-Hudaybiyya, il fut choisi comme témoin par le Prophète qui avait, en face de lui, Sahl Ibn 'Amr, le délégué de Quraysh. On rapporte que ce dernier fut très surpris par la fermeté d'Abû Bakr, réputé pourtant pour sa douceur.

Doux, il l’était toujours, certes, mais maintenant que la Vérité avait pénétré son cœur, il se consacrait corps et âme pour elle, ne voulant faire aucune concession à ces infidèles aveugles refusant de voir des êtres humains pourvus d'intelligence s'accrocher à des croyances insensées et rejeter la Vérité dans toute sa splendeur. Lui, par contre, avait eu l'immense privilège d'atteindre le summum de la foi et de goûter à la saveur incomparable que cela procure. Ce degré de la foi a été qualifié ainsi par l'Envoyé de Dieu :

« C'est d'adorer Dieu, comme si tu Le voyais; car, si tu ne le vois pas, certes, Lui te voit. »

Abû Bakr avait atteint, sans nul doute, ce stade de la foi. Son comportement moral, avant et après son investiture comme calife, ses sacrifices, son engagement total pour la cause de l'islam, en sont les meilleurs indices.

Abû Bakr n'a jamais douté de la véracité de la mission du Prophète . Il était tellement convaincu de la bonne foi et de la sincérité de ce dernier, qu'il n'a jamais hésité un instant à s'investir de toute son âme pour le triomphe du Message.

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MessageSujet: Re: Abou Bakr, le premier calife   Abou Bakr, le premier calife EmptyDim 08 Mai 2011, 18:41

A vrai dire, les mérites d'Abû Bakr ne peuvent être énumérés dans leur totalité tant ils sont nombreux. Que dire de plus, en effet, sur un homme loué à plusieurs reprises par le Coran lui-même! Selon le propre témoignage de nombreux compagnons, beaucoup de versets ont été révélés pour mettre en exergue le comportement exemplaire d'Abû Bakr et sa piété admirable. On en cite plusieurs à ce sujet :


« Si vous ne lui apportez pas assistance, Dieu la lui a effectivement apportée lorsque ceux qui avaient mécru le firent sortir deuxième de deux, quand ils étaient dans la grotte, et qu'il disait à son compagnon; ne t'afflige pas, car Dieu est avec nous. » [ Sourate 9 – Verset 40 ]

Tous les commentateurs du Coran sont unanimes pour dire que ce verset fait allusion à Abû Bakr, réfugié avec le Prophète dans la caverne de Thawr, alors qu'ils étaient poursuivis par les qurayshites. Dans les versets 5 à 7 de la sourate 92, il est dit :

« Celui qui aura donné (l'aumône) et craint pieusement Dieu. Et qui aura cru au bien, Nous le prédisposerons à la vie la plus aisée. »

'Abdallah Ibn Mas'ûd a dit au sujet de ces versets qu'ils ont été révélés après qu'Abû Bakr eût racheté Bilâl, l'Abyssin et lui eût rendu sa liberté.

D'autre part, 'Abdallah Ibn Az-Zubayr , soutient que c'est au sujet d'Abû Bakr que les versets suivants ont été révélés :

« Qui donne ses biens pour se purifier, et auprès de qui personne ne profite d'un bienfait intéressé, mais seulement pour la recherche de la face de son Seigneur le Très-Haut. Et certes, il sera bientôt satisfait.»
[ Sourate 92 – Versets 18-21 ]

Par ailleurs, Ibn 'Abbâs et Ibn 'Umar estiment que le verset suivant a été révélé au sujet d'Abû Bakr et de 'Umar. Il s'agit de la parole du Très-Haut :

« [...] Si vous vous soutenez l'une l'autre contre le Prophète, alors ses alliés seront Dieu,Gabriel et les vertueux d'entre les croyants [...] » [ Sourate 66 – Verset 4 ]

Ussayd Ibn Safwân a rapporté, pour sa part, que' Ali Ibn Abî Tâlib a dit, concernant la parole de Dieu : « Celui qui vient avec la Vérité […] » Il s'agit de Muhammad ; quant à la suite du verset : « et celui qui y crut.» [ Sourate 39 - Verset 33 ], il s'agit d'Abû Bakr. [ Rapporté par Al-Bazzar et Ibn 'Asâkir ]

C'est ce compagnon que les musulmans, à la mort de leur Prophète , vont choisir pour déléguer les pouvoirs temporels et spirituels de leur communauté. Il y a plusieurs jours déjà que le Prophète était alité, souffrant de fortes douleurs qui l'empêchaient de sortir de sa demeure. Ce n'est qu'appuyé sur les épaules de deux compagnons qu'il pouvait sortir de temps à autre, pour diriger la prière ou rendre visite à ses proches.

Quelques temps après, ne pouvant plus supporter les âffres de la maladie et le va et vient entre ses épouses, il demanda à ces dernières la permission de rester dans la chambre de 'Âïsha , sa plus jeune épouse.

C'est alors qu'il chargea Abû Bakr de diriger la prière en commun à sa place. On rapporte que ‘Âïsha , en entendant cela, intercéda en faveur de son père afin qu'il soit déchargé de cette responsabilité. Elle justifia cela par le fait que son père, étant une personne très sensible, ne pouvait s'empêcher de pleurer pendant la prière, ce qui aurait rendu sa voix inaudible. Mais le Prophète insista jusqu'à se mettre en colère. Il voulait à tout prix qu' Abû Bakr prenne sa place dans la direction de la prière.

Les savants musulmans ont déduit, à la suite de cet événement, que le Prophète avait souhaité accorder sa succession à la tête de la communauté, à Abû Bakr.

Il est vrai qu'à travers de nombreux faits et événements, on remarque le souhait de l'Envoyé de Dieu de voir son fidèle compagnon lui succéder à la tête de la communauté. Ce choix tient à plusieurs raisons. Nous avons vu plus haut, en effet, qu'Abû Bakr fut le premier homme à embrasser l'islam. Son adhésion entraînait celle de nombreux autres notables, vu le prestige dont il jouissait à la Mecque.

Le Prophète a dit à son sujet :

« Tous ceux à qui j'ai prêché l'islam ont trouvé quelque hésitation, sauf Abû Bakr. »

En outre, sa fidélité à l'islam et sa foi en la sincérité du Prophète ne furent jamais ébranlées, même dans les moments les plus difficiles. Nous avons vu son attitude le jour où il répondit aux qurayshites qui mirent en doute l'affirmation du Prophète lors de son ascension au ciel.

Par ailleurs, plusieurs faits et allusions du Prophète laissent entendre, sans aucune ambiguïté, que l' Envoyé de Dieu souhaitait ardemment que sa succession à la tête de la communauté soit assurée par Abû Bakr. Ainsi, Hudayfa a rapporté que le Prophète a dit :

« Suivez la voie de ceux qui viendront après moi : Abû Bakr et 'Umar. »[ Rapporté par Tirmidhî et Al-Hâkim ]

'Abdallah Ibn 'Umar a rapporté, pour sa part, que le Prophète a dit :

« Onze califes viendront après moi; quant à Abû Bakr, il restera peu de temps. »
[ Rapporté par AI-Baghawî ]

En outre, lors de sa maladie, le Messager de Dieu a dit à ses compagnons :

« Fermez toutes les portes des demeures qui donnent sur l’intérieur de la mosquée, et ne laissez ouverte que la porte d'Abû Bakr! » [ Rapporté par Bukhârî.]

Par ailleurs, Muhammad Ibn Jubayr Ibn Murim a rapporté d"après son père qu'une femme avait rendu visite au Messager de Dieu à propos d'un problème la concernant. Celui-ci lui demanda de revenir une autre fois. La femme dit : « Et si je ne te retrouvais plus (de ce monde) ? L'envoyé de Dieu lui répondit : « Si je ne suis plus là, adresse-toi alors à Abû Bakr! » [ Rapporté par AI-Bukhârî et Muslim ]

Toujours dans cet ordre d'idées, on demanda à 'Âïsha :

« Si le Messager de Dieu avait pu désigner un successeur, quelle est la personne qu'il aurait pu choisir? » Elle répondit : « Cela aurait été Abû Bakr! » On lui demanda : « Lequel ensuite? » Elle répondit: « 'Umar ! » On lui demanda : « Lequel en¬suite ? » Elle répondit : « Abû 'Ubayda Ibn AI-Jarrâlh! » [ Rapporté par Muslim ]

Tous ces hadiths, qui sont autant de marques de confiance et d'estime qu'avait le Prophète pour son fidèle compagnon, montrent que celui-ci était le plus digne et le plus apte pour prendre sa succession et diriger les affaires de la communauté.

Ce n'est pas sans raison, d'ailleurs, qu'un des compagnons, Ibn Al-Musayyib a dit, selon un hadith rapporté par Al-Hâkim:

« Abû Bakr avait, auprès du Prophète, la place d'un ministre. Il lui demandait conseil en toute chose. Il était son second en Islam, son second dans la caverne, son second sous l'auvent le jour de Badr et son second dans le tombeau. Jamais il ne donnait la priorité sur lui à quelqu'un d'autre. »

Quant à l'imam Ash-Shâfi'î , il dit à juste titre : « Toute la communauté est unanime quant au choix judicieux d'Abû Bakr au califat, car une fois le Messager de Dieu décédé , il était nécessaire que la communauté choisisse un chef pour diriger ses affaires. À ce titre, on n'a pas trouvé un homme meilleur qu'Abû Bakr, et c'est à lui qu'on a prêté allégeance.» [ Rapporté par Al-Bayhaqî.]

Il faut dire aussi que la mort du Prophète fut un véritable choc pour les musulmans. C'est vrai que l'Envoyé de Dieu - du fait de sa mission divine - n'était pas un homme ordinaire, mais il restait tout de même un mortel, comme tous les hommes. Pourtant, l'amour et la vénération qu'avaient les musulmans pour leur Prophète leur avait fait oublier cette vérité.

'Umar est allé jusqu'à tirer son épée en disant :
« Le Messager de Dieu n'est pas mort; comme Moïse, il est allé vers son Seigneur, puis il va revenir. Je trancherai la gorge à quiconque dira qu'il est mort. »

Heureusement qu'un homme comme Abû Bakr sut garder sa lucidité. Grâce à sa grande sagesse, il put arriver à calmer les esprits.

Quand l'Envoyé de Dieu rendit le dernier soupir, il n'était pas là. Avec la permission de celui-ci, il était parti rendre visite à son épouse qui habitait en dehors de Médine.

Lorsque la nouvelle lui parvint, il revint aussitôt à Médine. Accablé par le chagrin, il entra dans la chambre mortuaire, salua la noble dépouille, l’embrassa sur le front et dit, le visage inondé de larmes : « Par mon père et ma mère que je sacrifierais pour toi! Que ton corps sent bon! Vivant ou mort, tu n'as pas changé, il s'exclama ensuite, par le Seigneur de la Ka'ba ! Muhammad est mort! »

Il partit ensuite à la hâte vers la mosquée où 'Umar était en train de menacer toute personne qui oserait prétendre que Muhammad était mort. On raconte qu'il mit la main sur l'épaule de 'Umar et lui dit :« Patience, ô 'Umar ! »

Ensuite, il s'adressa aux musulmans réunis en ces termes : « Ô peuple! Que ceux d'entre vous qui adoraient Muhammad, sachent que Muhammad est mort! Quant à ceux qui adorent Dieu, qu'ils sachent que Dieu est vivant et ne meurt pas; ensuite, il récita la parole du Très-Haut :

" Muhammad n'est qu'un Messager des messagers avant lui sont passés - s'il mourait donc., ou s'il était tué, retourneriez-vous sur vos talons? "
[ Sourate 3 – Verset 144 ]

Ce discours d'Abû Bakr eut l'effet d'une douche froide pour les musulmans. 'Umar , abattu, avoua avoir eu l'impression que ce verset venait d'être révélé.

Par une grande sagesse et un sang froid admirable, Abû Bakr venait de sauver la cohésion de la communauté, fraîchement scellée. Son charisme exceptionnel lui permit d'assurer la succession du Prophète sans encombre, tandis qu'un risque de divergence entre les Muhâjirîn - ceux qui ont émigré de la Mecque suite à la demande du Prophète - et les Ansârs - ceux qui ont accueilli les Muhâjirîn chez eux à Médine - sur le droit à cette succession était possible à tout moment.

'Umar ne s'est pas trompé en disant : « Par Dieu, nous n'avions pas d'autre issue, pour le bien de la communauté, que d'élire Abû Bakr ! »

Pourtant, on rapporte que lui-même avait proposé pour la succession du Prophète, deux hommes non moins illustres : il s'agit de 'Umar Ibn Al-Khattâb et de 'Ubayda Ibn Al-Jarrâh , l'homme de confiance de la communauté, comme l'avait surnommé le Messager de Dieu .

Or, un risque de division guettait la communauté, surtout que certains, parmi les Ansârs, allèrent jusqu'à proposer l'élection de deux califes, l'un parmi les Muhâjirîn et l'autre parmi les Ansârs. Il fallait choisir quelqu'un qui ait un ascendant certain sur la communauté des croyants et qui pouvait se prévaloir d'une aura spirituelle à même de sceller la cohésion des rangs et la communion des esprits. Qui d'autre qu'Abû Bakr pouvait accomplir ce rôle grandiose?

On rapporte ainsi que lorsque la discussion s'échauffa entre les Muhâjirîn et les Ansârs dans la Saqîfa des Banû Sâ'ida, Abû 'Ubayda se leva et dit : « Ô vous les Ansârs, vous avez été les premiers alliés de l'islam, alors ne devenez pas les premiers à vous en détacher et à innover dans la religion de Dieu. »

À ce moment-là, Bashîr Ibn Sâ'ida -le père de Nu'mân Ibn Bashîr, se leva et dit :

« Ô vous les Ansârs ! Si nous avons eu le mérite de nous battre pour la cause de Dieu contre les infidèles, et d'être parmi les premiers à entrer dans l'islam, en vérité, nous ne l'avons fait que pour gagner la satisfaction de Dieu, et par obéissance à notre Messager. Nous avons œuvré pour notre devenir! C'est Dieu seul qui nous a gratifiés de ce bienfait ! Sachez que Mulhammad était de Quraysh, et les siens ont plus de droits que vous. Par Dieu, quant à moi, je ne me querellerai jamais avec eux à ce sujet ! Craignez Dieu, et ne vous divisez pas avec eux en leur discutant cette autorité. »

Abû Bakr se leva alors et dit :

« Voici 'Umar, et voici Abû 'Ubayda ! Choisissez celui que vous voulez d'entre eux! »

Mais ils se levèrent et dirent tous deux :

« Non, par Dieu ! Personne d'autre que toi n’a le droit de revendiquer cette succession ! Tu étais le meilleur d'entre les Muhâjirîn, et tu étais l'un des deux dans la caverne en compagnie du Prophète . L'Envoyé de Dieu t'a désigné pour lui succéder dans la direction de la prière, et la prière est le pilier de la religion ! Qui pourra prétendre être capable de diriger les affaires de la communauté, sinon toi ? Tends la main pour que l'on te fasse allégeance. »

À ce moment-là, Bashir Ibn Sa'd se précipita et fit, le premier, son allégeance. Ce faisant, les Ansârs firent de même et élirent Abû Bakr Calife. Tous prêtèrent allégeance, sauf Sa'd Ibn 'Ubâda, et les Banû Hâshim, qui étaient en train de préparer les funérailles du Prophète .

C'est ainsi que le fidèle compagnon du Prophète fut élu à la tête de la communauté. On rapporte qu'il fit, à cette occasion, le discours suivant :

« Ô peuple! J'ai été investi de la charge de la communauté, bien que je ne sois pas le meilleur d'entre vous. Si j'agis bien, aidez-¬moi, mais si je dévie du droit chemin, corrigez-moi! Le plus faible d’entre vous sera considéré comme puissant par moi, jusqu'à ce que je lui obtienne son droit, et le puissant d'entre vous sera considéré comme faible par moi, jusqu'à ce que je lui arrache le droit qu'il a pris aux autres, et ce, par la volonté de Dieu ! »

La communauté naissante de l'islam avait trouvé son homme. Après lui avoir assuré son unité et sa cohésion, celui-ci va lui assurer son expansion et son rayonnement. C'est ainsi que dès son accession aux destinées de la communauté, il prît sa première décision politique en maintenant l'expédition militaire, décidée par le Prophète avant sa mort et confiée à Usâma Ibn Zayd .

Cette expédition devait partir en Syrie, mais fut retardée par la maladie, puis la mort du Prophète .
Ceci étant, devant les périls qui commencèrent à menacer la communauté dans son cœur même (Médine), l’expédition d'Usâma devenait inopportune voire inutile. Certains compagnons la contestèrent et en firent part au Calife.

Il est vrai que suite à la mort du Prophète des remous commencèrent à apparaître au sein de certaines tribus fraîchement converties. On en vint même à refuser la donation de la zakât sous prétexte que le Prophète étant mort, cet impôt n'avait plus aucune validité. Plus grave encore, des illuminés, tentés par la recherche d'une gloire éphémère et exploitant la crédulité de leurs compatriotes, proclamèrent qu'ils étaient eux-mêmes prophètes et attirèrent vers eux leurs propres tribus. Ces imposteurs, qui avaient pour noms Tulayha, Al-Aswad, Musaylima et Sajâh, avaient créé un véritable désordre qui risquait de saper les fondements de l'état naissant.

Les compagnons qui contestaient l'expédition, craignaient que les tribus arabes en rébellion n'en profitent pour attaquer l'état central de Médine. Certains d'entre eux mirent aussi en doute les capacités d'Usâma , vu son jeune âge, dix-sept ans à peine. Ils demandèrent à Abû Bakr de le démettre et de le remplacer par un autre plus expérimenté. Il faut signaler, cependant, qu'Usâma avait été désigné par le Prophète avant de mourir et que, de ce fait, le démettre, signifiait pour Abû Bakr, aller contre la volonté du Messager de Dieu.

Et cela, il ne pouvait l'admettre. Il répondit ainsi à ceux qui lui demandaient de démettre Usâma : « Quel droit ai-je, moi, de renvoyer un homme désigné par l'Envoyé de Dieu ? » Abû Bakr voulait rester fidèle à la mémoire du Prophète . Il ne voulait pas remettre en cause l'une de ses dernières volontés. De plus, il savait l'amour que portait le Messager de Dieu à Usâma, le fils de Zayd Ibn Hâritha, son affranchi.

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MessageSujet: Re: Abou Bakr, le premier calife   Abou Bakr, le premier calife EmptyDim 08 Mai 2011, 18:46

Trois semaines après la mort du Prophète , l'expédition menée par Usâma s'ébranla vers la Syrie. Le Calife lui-même l'escorta jusqu'à la sortie de Médine et donna aux soldats les directives suivantes qui dénotent d'un profond esprit chevaleresque et humanitaire. Il leur dit :
« Ne vous comportez pas à la manière des traîtres ! Ne vous adonnez pas aux mutilations à la manière de vos ennemis et ne tuez ni enfant, ni vieillard, ni femme. Évitez d'abattre ou de brûler les palmiers et les arbres fruitiers. Evitez de tuer les animaux domestiques, sauf pour vous nourrir. Dans votre expédition, vous allez rencontrer des gens qui se sont retirés dans des monastères pour s'adonner à la méditation et au recueillement : Laissez-les et ne les perturbez pas ! » Il leur dit ensuite : « Partez au Nom de Dieu ! »

Quelques semaines après, l'armée musulmane revint à Médine, victorieuse et auréolée de gloire. Usâma, , son chef, n'avait pas démérité. Il avait montré qu'il avait toutes les qualités d'un stratège. Le succès de son expédition était total. Abû Bakr pouvait en être fier. Sa décision s'était avérée fructueuse. Sur la lancée, il envoya d'autres expéditions pour mater les quelques tribus turbulentes qui avaient suivi les imposteurs et celles qui refusèrent de donner la zakât, arguant du fait qu'elles avaient l'habitude de la remettre au Prophète et que, celui-ci, étant mort, elles ne pouvaient la donner à un autre que lui.

Ce à quoi, Abû Bakr répondit :
« Par Dieu, s'ils refusent de me remettre, ne serait-ce qu'une jeune chamelle qu'ils avaient l'habitude de donner à l'Envoyé de Dieu, je les combattrai jusqu'à ce qu'ils me la donnent !»

Il faut dire que c'est grâce à cette fermeté du Calife que la cohésion de la communauté put être assurée et que la propagation de l'islam fut relancée. 'Umar lui-même, pourtant réputé pour son intransigeance, s'opposa à Abû Bakr sur cette question.

En effet, il lui dit :

« Comment peux-tu combattre ces gens, alors que le Messager de Dieu a dit : "Il m'a été ordonné de combattre les gens jusqu'à ce qu'ils témoignent qu'il n'y a d'autre divinité que Dieu, l'unique, et que Muhammad est Son Messager. S'ils attestent ce pourquoi je suis venu, ils seront, à mon égard, garantis quant à leurs personnes et à leurs richesses, à moins qu'ils ne transgressent les prescriptions de l'islam (ouvertement). Il appartient à Dieu de leur demander compte de leurs actions."»
Mais Abû Bakr lui répondit :

« Par Dieu, je combattrai toute personne qui fera un clivage entre la prière et la zakât, car la zakât est une prescription à laquelle ils ont manqué dans leurs richesses. »

'Umar a fini par dire :

« C'est à ce moment-là que Dieu ouvrit mon cœur au sens véritable de ce problème, comme il a guidé Abû Bakr à le comprendre et j'ai acquis dès lors la conviction que cette décision qu'a prise Abû Bakr était la plus conforme à l'islam! »

C'est ainsi que le successeur du Prophète décida de sévir contre les tribus récalcitrantes en envoyant contre elles les meilleurs généraux de l'armée musulmane. Les instructions étaient claires : rappeler aux gens les cinq obligations de l'islam. L'enjeu était important. Si le mouvement de rébellion ou, comme l'ont appelé les historiens, la guerre d'apostasie, avait été laissé sans susciter de réaction, il aurait contaminé toutes les tribus fraîchement islamisées.

L'état central de Médine aurait été, à brève échéance, menacé, et la propagation de l'islam compromise. C'est pourquoi, il a décidé d'agir très vite et avec fermeté afin de décourager toute tentative qui mettrait en cause l'unité et la stabilité de la communauté. Il faut dire que beaucoup de tribus de la péninsule arabe n'étaient pas encore bien ancrées dans l'islam bien qu'elles aient adopté ses rites cultuels. C'est à ces tribus-là, d'ailleurs, que fait allusion le Coran dans un des versets :

« Les bédouins ont dit : " Nous avons la foi." Vous n'avez pas la foi. Dites plutôt : " Nous nous sommes simplement soumis", car la foi n'a pas encore pénétré dans vos coeurs.»[ Sourate 49 – Verset 24 ]

D'autres tribus, par contre, ne s'étaient pas converties à l'islam, mais avaient simplement signé des traités avec le Prophète, qu'elles se sont empressées de violer dès la mort du Messager de Dieu, pour se mettre en état de rébellion contre son successeur. Abû Bakr ne pouvait, sans risquer de mettre en danger le devenir de la communauté, laisser ce mouvement prendre de l'ampleur, d'autant plus que les imposteurs à l'image d'un Musaylima ou d'une Sajâh qui avaient entraîné avec eux leurs tribus, pouvaient, grisés par leur succès et par le laxisme du Calife, aiguiser leurs ambitions.

Abû Bakr n'était pas homme à confondre pondération avec laxisme ! Il réagit promptement et avec fermeté en mettant fin au désordre avant qu'il ne se propage. En quelques semaines seulement, ses généraux parmi lesquels se trouvaient les célèbres Khâlid Ibn Al-Walîd, 'Ikrima Ibn Abî Jahl, 'Amr Ibn Al-'Âs… purent mater la rébellion et redonner à la communauté son unité et sa stabilité.

Abû Bakr pouvait se consacrer maintenant à l'idéal auquel il comptait tellement. Il s'agissait de la propagation du message de Muhammad conformément à la parole du Très-Haut :

« Nous ne t'avons envoyé que par miséricorde pour l'humanité. »
[ Sourate 21- Verset 107 ]

De fait, dès qu'il put mettre fin au désordre suscité par la rébellion des tribus ayant suivi les imposteurs prétendant à la prophétie, Abû Bakr se consacra à la propagation de l'islam aux quatre coins du monde. Il inaugura alors l'épopée des conquêtes que ses successeurs poursuivront avec une rapidité jamais égalée dans l'histoire de l'humanité. Il faut préciser, toutefois, que le mot « conquête» ne veut nullement dire ici, colonisation ou invasion, dans le sens où l'entendent certains orientalistes.

Les conquêtes de l'islam ne sont pas des conquêtes de territoires ou de richesses terrestres, loin s'en faut, ce sont des conquêtes de cœurs et d'âmes. Jamais, dans l'histoire de l'humanité, on n'a vu des conquêtes se dérouler aussi pacifiquement et aussi correctement que celle des musulmans. Ceux-ci avaient le souci de répondre à la prescription coranique :

« Pas de contrainte en matière de religion. »
[ Sourate 2 – Verset 256 ]

Ce verset sera le leitmotiv des musulmans, partout où ils mettront les pieds. En effet, dans toutes les contrées où ils pénétrèrent, ils respectèrent les croyances des habitants et ne songèrent nullement à les convertir par la force et la contrainte. Bien mieux, ils laissèrent à leurs sujets non musulmans, leurs églises, temples, synagogues et ne s'immiscèrent jamais dans leurs affaires privées. Cet esprit de tolérance érigé en politique d'état devait permettre à l'islam de gagner des territoires immenses en l'espace de quelques années. Déjà, sous le règne d'Abû Bakr , l'avancée du message du Prophète était impressionnante.

Ainsi, après avoir rétabli la situation au sein des tribus du Yémen et du Bahreïn, Khâlid Ibn Al-Walîd , le prestigieux stratège, se dirigea, sur les ordres du Calife, vers l'Irak qui faisait alors partie du fabuleux empire perse, arrivé au stade de sa décadence.

En compagnie d’Al-Muthanna Ibn Al-Hârith , qui l'avait précédé sur les frontières perses, il prit la ville de Sirâ, après avoir défait le commandant de sa garnison à 'Ullays, l'ancien Vologesias.

Poursuivant son avancée fulgurante, il prit Madsar Waladja, remportant ainsi victoire sur victoire. L'Irak ne tarda pas à être conquise par la foi de l'islam après la prise de Bassorah, Hirâ, Sawâd.

Au même moment, deux armées commandées l'une par 'Amr Ibn Al-'Âs , l'autre par Abû 'Ubayda et Shurahbil Ibn Hassana , prirent le chemin de la Syrie. La première pénétra en Palestine sud orientale, tandis que la seconde entra sur le territoire de l'ancien Mu'ab.

Khâlid qui venait d'achever sa conquête de l'Irak, vint à la rescousse des armées musulmanes avec une cavalerie d'élite. II prit le commandement et mena les musulmans à la grande victoire d'Al-Yarmûk qui leur ouvrit, grandes, les portes de la Syrie.

La propagation de l'islam à travers le monde venait de commencer. Elle fut fulgurante et étonna tous les historiens qui y virent là un fait unique dans l'histoire de l'humanité. C'est que, comme nous l'avons dit, les armées musulmanes ont toujours fait preuve de tolérance en cherchant à gagner les cœurs et non les terres. Ce n'est pas sans raison que le patriarche de Jérusalem écrit au IXè siècle, à celui de Constantinople : « Ils sont équitables, ne nous font aucun tort et ne se livrent à aucun acte de violence contre nous. »
Abû Bakr eut le grand honneur d'inaugurer cette série de conquêtes qui portèrent très loin l'emblème de l'islam et que ses successeurs poursuivront avec plus de succès encore. Son Califat, fut certes bref, mais les réalisations qu'il accomplit, furent nombreuses et grandioses.

En plus des conquêtes de l'Irak et de la Syrie qu'il eut l'honneur d'inaugurer, on doit à Abû Bakr de nombreuses réalisations qui feront date dans l'histoire de l'islam. C'est ainsi, nous dit Suyûti , qu'il fut le premier à mettre sur pied l'institution du bayt al-mâl le trésor public. Il fut aussi le premier à mettre en œuvre le registre de donations ; il agissait avec équité en donnant de la même manière à l'esclave et à l'homme libre, la même valeur à l'homme et à la femme, aux adultes et aux petits.

Le bayt al-mâl servait à payer les fonctionnaires de l'état, à approvisionner les soldats lors des expéditions et à venir en aide aux plus démunis. Il était alimenté, en grande partie, par les revenus de la zakât et par le un cinquième du butin.

C'est à lui, aussi, qu'incomba, le premier, le soin de mettre en place les rouages de l'administration. En effet, il prit à son service des secrétaires qui notaient ses directives et il institua même un cachet pour authentifier ses messages, sur lequel était gravé : Dieu est certes le plus capable. En outre, lorsqu'il voulait prendre des décisions importantes qui engageaient l'état, il consultait toujours les plus proches compagnons du Prophète , entre autres, 'Umar, 'Ali, 'Uthmân, Sa'd Ibn Abî Waqqâs, Sa'îd Ibn Zayd, etc.

Toutefois, l'acte qui lui valut le plus la reconnaissance de la communauté musulmane, fut, sans conteste, l'assemblage du Coran en une seule copie autour de laquelle l'ensemble de la communauté a fait l'unanimité jusqu'à nos jours.

La décision d'assembler la parole de Dieu et de la transcrire, a été prise suite à la disparition de dizaines de compagnons huffaz - ceux qui connaissent par cœur le Coran - tombés en martyrs dans la bataille contre l'imposteur Musaylima. Certes, les versets étaient déjà transcrits sur des parchemins, des omoplates de chameaux, mais on craignait que le temps ne finisse par corrompre ce qui a été transcrit.

Avec la disparition massive des huffaz, Abû Bakr décida d'agir à la demande de 'Umar . Il convoqua, à cet effet, le célèbre compagnon Zayd Ibn Thâbit , et le chargea de faire ce colossal mais noble travail. Laissons Zayd nous raconter, lui-même, cette invitation du Calife, tel que nous le rapporte Al- Bukhâri :

« Quand je me suis présenté devant le calife, j'y ai trouvé 'Umar IbnAl-Khattâb . Abû Bakr me dit : Beaucoup de huffâz, ont été tués le jour d'Al-Yamâma, et je crains que cela ne se produise dans d'autres lieux où les musulmans combattent. Les huffaz qui sont nombreux parmi ces combattants, en disparaissant, emporteraient avec eux une partie du Coran qu'ils mémorisent. C'est pour cela, que j'ai perçu la nécessité d'assembler le Saint Coran et de le réécrire afin qu'il soit conservé. À 'Umar qui m'a suggéré cette proposition, j'ai demandé comment ferai-je ce que le Prophète n'a pas fait. »

Il me dit : « Par Dieu, je jure qu'il est préférable de procéder à son assemblage!» Cela dit, il insista tellement pour me convaincre, jusqu'à ce que Dieu m'inspira la nécessité d'un tel travail. J'ai fini donc par accepter la proposition de 'Umar. »
Zayd continua : « Abû Bakr me dit alors : Tu es un homme jeune et plein de sagesse. De plus, nous avons confiance en toi, sachant que tu as fait partie des scribes qui écrivaient la révélation sous la dictée du Prophète. Je pense donc que personne n'est mieux placé que toi pour mener à bien cette tâche. »

Zayd dit : « Par Dieu, la tâche qu'il m'avait chargée d'accomplir, était plus difficile pour moi que s'il m'avait demandé de déplacer les montagnes ! J'ai commencé alors à assembler les textes du Coran qui étaient transcrits sur divers matériaux, et je me suis adressé aux différents huffâz, parmi les compagnons, afin de trouver les deux versets qui me manquaient de la sourate At-Tawba (Le repentir). Après les avoir trouvés chez Khuzayma Ibn Thâbit , j'ai transmis la totalité des manuscrits au Calife qui les conserva jusqu'à sa mort. Ils furent ensuite conservés chez Hafsa , la fille de 'Umar et épouse du Prophète .


Ainsi, grâce à Abû Bakr , le Coran put être assemblé et conservé intact jusqu'à la fin des temps. La postérité lui en saura gré pour cet acte des plus sacrés. Ce fut, en tout état de cause, le dernier acte qu'il accomplit au service de la communauté. La maladie devait l’emporter quelque temps après, au moment où l'islam avait tant besoin de sa sagesse et de son dévouement.

Même devant la mort, il fit preuve d'une sagesse et d'une humilité exemplaire. À sa fille 'Âïsha qui se lamentait en le voyant agoniser, il dit :

" Ne sois pas dans cet état. Récite plutôt la parole du Très-Haut " : « L’agonie de la mort fait apparaître la vérité : Voilà ce dont tu t'écartais. »

[ Sourate 50 – Verset 19 ]

Il ajouta ensuite :
« Prenez ces deux tissus, lavez-les et utilisez-les pour me couvrir comme linceul; car les vivants ont plus besoin de tissu neuf que le défunt! »

En voyant que leur calife était sur le point de rendre l'âme, les musulmans lui demandèrent de leur désigner un successeur qui puisse assurer la cohésion de la communauté et la bonne marche de l'état. C'est 'Umar Ibn Al-Khattâb qu'il leur désigna, après avoir demandé l'avis des plus proches compagnons comme 'Abd Ar-Rahmân Ibn 'Awf, 'Uthman, Sa'îd Ibn Zayd etc.

Son choix étant fait, il sortit auprès des compagnons, appuyé sur sa femme Asmâ Bint 'Umays et leur annonça le nom de son successeur, les motivations de son choix, en leur recommandant obéissance et soutien. Ils répondirent : « Nous avons entendu et nous obéirons. »

Il convoqua ensuite 'Umar et lui donna les conseils nécessaires pour diriger avec justice et équité la communauté du Prophète . Tranquillisé, il pouvait alors rejoindre le Messager de Dieu, son plus intime compagnon.

Sa dernière volonté fut d'être lavé par son épouse Asmâ Bint 'Umays et d'être enterré à côté du Prophète . Ses dernières paroles furent : « Seigneur, fais-moi mourir musulman et fais en sorte que je rejoigne le rang des pieux. »

Après que 'Umar eut dirigé la prière des morts sur la dépouille, on l'enterra à côté de la tombe du Prophète dans sa chambre personnelle. Ainsi s'acheva le règne si éphémère - deux ans et quelques mois seulement- mais ô combien riche d'Abû Bakr . Riche, dans la mesure où, en si peu de temps, et dans une conjoncture très difficile, il put surmonter les périls qui menaçaient la communauté nouvellement bâtie par le Prophète et préserver la cohésion des tribus arabes unies pour la première fois dans l'histoire autour d'une foi commune.

Allant plus loin encore, il inaugura avec succès la série des conquêtes de l'islam qui permirent à la foi islamique de s'établir aux quatre coins du monde. Son assemblage du Saint Coran en un seul volume est aussi une œuvre admirable qui lui vaudra l'estime éternelle des musulmans. Cet homme aux grandes qualités de chef d’état savait aussi rester un homme ordinaire et modeste.

Comment aurait-il pu en être autrement alors qu'il était un pur produit de l'école du Prophète ?

On rapporte qu'étant Calife, il n’hésitait pas à aider une domestique à traire sa chèvre. Quant à sa piété, sa foi et sa vertu, il suffit de dire que le Prophète lui-même a reconnu ces qualités pour reconnaître la valeur de cet homme hors du commun.En effet, d'après Sulayman Ibn Yâsir , l'Envoyé de Dieu a dit un jour :

« Dans le croyant, il y a trois cent soixante qualités. Celui en qui se manifeste une de ces qualités, entrera au Paradis. » Abû Bakr qui était présent dit : « Ô toi qui m'est plus cher que mon père et ma mère, y a-t-il une de ces qualités en moi ? » Le Prophète répondit : « Elles sont toutes en toi! »

Ce fut aussi un grand sage qui laissa des maximes admirables sur le bon comportement dans la vie. Il a dit, entre autres :

- « Que Dieu bénisse un homme qui s'est mis tout entier au service de son frère. »

- « Cherche à te corriger: les gens seront amenés à être corrects avec toi. »

- « La sagesse la meilleure est de craindre Dieu. La bêtise la plus grave est de lui désobéir; la vérité la plus évidente est de préserver le dépôt qu'on vous a confié (al-amâna) et le plus grave mensonge, c’est la traîtrise! »


On rapporte au sujet d'Abû Bakr plusieurs cas de thaumaturgie comme la clairvoyance et le don de multiplier la nourriture. Ses jugements aussi étaient justes et sages.

Il en a donné la preuve en choisissant pour sa succession 'Umar Ibn Al-Khattâb .

Avec lui, en effet va s'ouvrir l'une des pages glorieuses de l'islam.

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