Dans le monde, environ 36 millions de personnes sont infectées par le VIH-1. Actuellement, les thérapies utilisées pour traiter les patients séropositifs empêchent le virus de se répliquer, mais ne l'éliminent pas de l'organisme : les trithérapies ne permettent pas de guérir du VIH et doivent être poursuivies toute la vie. L'arrêt des antirétroviraux réactive le virus : il se réplique à nouveau et la maladie risque d'évoluer en Sida. Ce sursaut est possible car le virus intègre son ADN dans le génome des cellules immunitaires infectées où il reste « dormant » sous la forme de provirus.
Les antirétroviraux sont incapables de supprimer le provirus du génome des cellules. Le VIH reste donc latent dans ces cellules réservoirs. Seuls deux cas de patients ayant complètement éliminé le virus ont été décrits : dans ces deux cas particuliers, les patients ont eu des greffes de cellules souches sanguines, en raison de cancers qu'ils ont développés.
Les antirétroviraux sont incapables de supprimer le provirus du génome des cellules. Le VIH reste donc latent dans ces cellules réservoirs. Seuls deux cas de patients ayant complètement éliminé le virus ont été décrits : dans ces deux cas particuliers, les patients ont eu des greffes de cellules souches sanguines, en raison de cancers qu'ils ont développés.
Mais serait-il possible d'éliminer le provirus avec des ciseaux moléculaires, comme CRISPR-Cas9 ? C'est sur cette piste que travaillent deux équipes américaines, à l'université Temple et à l'université du Nebraska. Ces chercheurs avaient déjà montré qu'il était possible d'éliminer le virus VIH de cellules infectées dans certains organes animaux, en utilisant l'édition génomique.
L’ADN du provirus éliminé des cellules in vivo
L'originalité de cette recherche parue dans la revue Nature Communications est d'avoir associé l'édition génomique (CRISPR-Cas9) à des antirétroviraux, en l'occurrence une thérapie appelée Laser ART, ou long-acting slow-effective release antirotroviral therapy (traitement antirétroviral à libération lente et à longue durée d'action). Cette médication permet de maintenir la réplication du virus à un niveau bas, et de réduire la fréquence à laquelle sont administrés les antirétroviraux. Les médicaments sont enveloppés dans des nanocristaux qui libèrent lentement les molécules.
Les scientifiques ont travaillé avec des souris « humanisées », c'est-à-dire modifiées afin de produire des lymphocytes T humains, qui sont les cibles du VIH. Une fois que les souris ont été infectées par le virus, elles ont été traitées avec les antirétroviraux Laser, puis avec les ciseaux moléculaires CRISPR-Cas9.
Chez près d'un tiers des souris (2/7), la totalité de l'ADN du VIH a été supprimée de cette façon. Le virus n'a été détecté ni dans le sang, ni dans les tissus lymphoïdes, ni dans la moelle osseuse. En revanche, si les chercheurs n'utilisaient qu'une des deux techniques, à savoir les antirétroviraux (10 souris) ou CRISPR-Cas9 (6 souris), le VIH-1 était toujours détecté. Seule la combinaison des deux techniques fonctionne.
Ces résultats prometteurs permettent d'imaginer de nouveaux traitements contre le VIH. « Notre étude montre que les traitements visant à supprimer la réplication du VIH et la thérapie d'édition génomique, lorsqu'ils sont administrés de manière séquentielle, peuvent éliminer le VIH des cellules et des organes d'animaux infectés, déclare Khamel Khalili, professeur à l'université Temple. Nous avons maintenant une voie claire pour aller de l'avant avec des essais sur des primates non-humains et éventuellement des essais cliniques sur des patients humains d'ici un an. »