2. Tu ne feras ni fausse représentation ni exagération de l’argument d’une personne afin de le rendre plus facile à défaire.
L’Homme de paille (ou épouvantail) consiste à déformer la thèse adverse, à la présenter sous une forme affaiblie, voire absurde afin d’en souligner la faiblesse et de pouvoir conclure qu’elle est fausse.
« Les adversaires de l’astrologie prétendent que les astres n’ont pas d’influence sur nous. Allez donc demander aux marins si la Lune n’a pas d’influence sur les marées !»
3. Tu n’utiliseras point un faible effectif afin de représenter l’ensemble.
Nous avons facilement tendance à tirer des conclusions générales à partir de cas particuliers, et notamment à argumenter à partir d’anecdotes. La généralisation abusive est une forme de non sequitur (cf commandement 9)
« C’est le troisième tueur en série chez qui on retrouve de nombreux jeux vidéos, donc les jeux vidéos rendent violents.»
Étonnamment, les gens font rarement remarquer que chez presque tous les assassins, on retrouve du shampoing ; le shampoing rend-il violent ?
4. Tu n’argumenteras point ta position en présumant la véracité de l’une de ses prémisses.
Dans un argument, les prémisses sont des propositions proposées comme vraies, mais non démontrée. L’exemple classique est :
1 - Les hommes sont mortels
2- Socrate est un homme
3 - Donc Socrate est mortel
La conclusion (3) est vraie si les deux prémisses (1 & 2) le sont également. Dans le cas qui nous occupe nous n’avons aucune raison de douter des prémisses, mais ce n’est pas toujours le cas, et parfois l’argument est formulé de telle manière que ce que l’on cherche à démontrer est contenu dans les prémisses et pas dans la démonstration. On parle alors de Pétition de principe.
« Les phénomènes paranormaux existent parce que j’ai eu des expériences qui ne peuvent être considérées que comme paranormales. »
5. Tu n’argumenteras point que, parce que telle chose s’est produite avant telle autre, elle en est la cause.
La terrible séduction de la causalité nous fait voir des liens qui n’existent pas. Nous confondons souvent corrélation et causalité, et nous avons tendance à penser que deux événements, s’ils attirent notre attention et se produise dans un certain ordre, doivent avoir entre eux un lien. C’est le post hoc ergo propter hoc (« après ceci, donc en raison de »).
« J’ai eu mal au ventre pendant trois jours, et puis j’ai pris une sucrette. Dès le lendemain je me sentais mieux. Je ne savais pas que les sucrettes guérissaient le mal de ventre. »
6. Tu ne réduiras point l’argument à seulement deux options.
L’alternative est féconde. Il est rare que devant un problème nous sachions formuler la totalité des choix qui s’offrent à nous. Souvent, nous réduisons ces options à un petit nombre, parfois à deux. Et l’on se retrouve alors devant un faux dilemme.
« Vous êtes pour le capitalisme ou pour le communisme ? »
7. Tu n’argumenteras point qu’à cause de notre ignorance, une affirmation doit nécessairement être vraie ou fausse.
Le monde est infiniment complexe. Nous ne comprenons pas tout, nous ne savons pas tout, et cela risque de durer. Sur les sujet où manquent encore des explications, il est incorrect de vouloir conclure que votre hypothèse est correcte simplement parce qu’aucune autre explication n’est disponible, car c’est commettre un appel à l’ignorance.
« 5% des phénomènes ovnis ne sont pas expliqués, c’est bien la preuve des visites extraterrestres ! »
8. Tu ne feras point porter le fardeau de la preuve à celui qui questionne l’affirmation.
Quelle raison me donnez-vous de croire ce que vous dites plutôt que de penser que vous vous trompez ou essayez de me tromper ? Celui qui doute d’une affirmation n’a rien à prouver, et celui qui exige que le sceptique apporte une preuve contradictoire se rend coupable d’une inversion de la charge de la preuve.
« Prouvez-moi que le libre arbitre n’existe pas, sinon c’est qu’il existe. »
Ajoutons qu’une proposition extraordinaire réclame une preuve extraordinaire.
9. Tu n’affirmeras point « en raison de ceci, je peux dire cela » quand il n’y a aucun rapport entre eux.
Le sophisme du non sequitur (« qui ne suit pas ») est commis quand la conclusion ne suit pas les prémisses. Il manque un lien logique entre ce qui est supposé vrai et la conclusion qu’on estime pouvoir en tirer.
« Samuel Christian Friedrich Hahnemann (1755-1843), le fondateur de l’homéopathie, considérait que si une substance produit des symptômes similaires à ceux produits par une maladie, cela impliquait que cette substance, en quantité infinitésimale, allait combattre les symptômes de ladite maladie. La conclusion de Hahnemann ne découle pas de sa prémisse.» (dictionnaire sceptique)
10. Tu n’argumenteras point que, parce qu’une prémisse est populaire, elle doit être vraie.
Si beaucoup de gens autour de nous adoptent un comportement, nous aurons tendant à faire comme eux ; on parle de preuve sociale. Pour un animal social comme l’humain, c’est par défaut un comportement plutôt bénéfique. Mais on a déjà vu des gens se tromper, même en état très nombreux. Et la majorité peut avoir tort. Dire le contraire, c’est commettre le sophisme de l’argument ad populum.
« Le dernier livre de Bidule est numéro 1 des ventes ! C’est donc le meilleur livre de la rentrée. »