L'humour Islamique Soufi (Nasr Eddin)

Une note que j'ai rédigée il y a quelques mois pour le compte de CoeXisTer



« Quatre enfants ayant ramassé des noix ne parvenaient pas à se mettre d’accord sur le partage. Ils trouvèrent Joha Nasr Eddin et lui demandèrent son aide :

- Nous ne pouvons pas partager des noix équitablement entre nous. Voulez-vous nous aider ?

- Voulez-vous le partage d’Allah ou celui du commun des mortels ? Leur demanda Joha.

Ils réclamèrent avec enthousiasme le partage Divin.

Joha donna alors deux poignées de noix à l'un des garçons, une poignée à un autre, deux noix au troisième et une noix au quatrième.

- Qu'est-ce que c'est que ce partage, s'exclamèrent les enfants.

- C'est la manière divine, rétorqua Joha. Il donne beaucoup à certains, peu à quelques-uns et rien à d'autres. Si vous aviez choisi la manière des hommes, j'aurais fait un partage équitable. »

Si, comme chacun le sait, l’humour Juif s’est développé dans l’adversité des persécutions religieuses, l’humour Musulman, ou plus exactement l'humour Soufi, demeure cependant méconnu.

En effet, son émergence est indissociable du mouvement islamique Soufi qui met en avant l'amour et l'expérience intérieure du Divin. Les adeptes de ce courant ésotérique et initiatique en quête insatiable d’ivresse spirituelle avaient pour avantage de ne pas se prendre trop au sérieux et d’être particulièrement enclins à concevoir le monde dans son absurdité.

Mais peut-être que les persécutions religieuses par les Califats ont malheureusement également eu un rôle, comme la crucifixion d’Ibn Mansour al Halladj, soufi de Bagdad, en 922, ; ou encore A'd od-Din Mahmoud Chabestari qui fut brûlé sur le bûcher.

Cependant la grande icône de l’humour Soufi, le personnage certainement fictif de Joha Nasr Eddin, est quant à elle surtout intervenue sous l’empire Ottoman en réaction à l’oppression des Janissaires.

Créé en 1329 par Orhan, le deuxième sultan Ottoman, le corps des janissaires était exclusivement composé d'enfants chrétiens islamisés, soit prisonniers de guerre, soit réquisitionnés.

Les Ottomans renforçaient ainsi leurs troupes au sein d'esclaves de la Dhimma ce qui leur permis de repousser la croisade Hongroise en 1346.

Certains Janissaires s’insurgèrent contre le pouvoir dans de grandes révoltes, mais leur importance au sein de l’empire Ottoman ne cessa de croitre. Ils devinrent un corps Prétorien jouissant de nombreux privilèges qui opprima et intrigua en rencontrant peu de resistance.

Durant cette période, Joha devint le symbole de la satire mordante d’un pouvoir arbitraire en des temps où faire mention des droits de l’homme était synonyme d’anachronisme.

Ainsi, l'humour Soufi s'est fait la voix de la subversion.

Le dévot tyran du second empire turco-Mongol, Timour Leng, eut également à subir son insolence.


Alors que le pouvoir de Timour Leng était à son apogée et qu'il craignait de le perdre, le legendaire maître soufi Joha Nasr Eddin fut convoqué par celui-ci.

- Tous les mystiques ont des visions, parait-il. Mais toi ?

- Par Allah, lui répond Nasr Eddin, j'en suis comblé à chaque instant.

- Hé bien, reprend Timour Leng, dis moi ce que es en train de voir pour mon futur, et si tu ne vois rien, je te coupe la tête sur le champ.

- Je vois des ailes de feu battre les cieux, je vois à la place du soleil un trone de diamants porté part quatre lions d'or, je vois des ruisseaux de laits coulant intarissables des nues, je vois...

- Quelles visions extraordinaires ! L'interrompt Timour Leng, soudain saisi d'admiration. Comment fais-tu pour dépasser ainsi l'apparence des choses. Quels efforts sur soi même accomplir pour s'éléver au délà des apparences ?

- Il n'y a aucun effort à faire, repond Nasr Eddin, la peur suffit.

Cependant, la postérité du personnage de Joha ne s’est pas limitée à cette période. La stupidité apparente et la profondeur de son caractère demeure encore et toujours pour tourner la création en dérision ou de tenir tête aux dictateurs.

Il apparaît dans le monde arabo-musulman sous différents noms tels que Joha (au Maghreb), Goha (en Egypte), Nasr Eddin (en Turquie).


Plusieurs villes prétendent être le lieu de sa mort, mais cela n’est qu’une absurdité de plus à mettre sur le compte de ce faux naïf enturbanné qui revient parfois encore pour narguer les oppresseurs, tels que Nicolae Ceauşescu.

Thibaut

salam thibaut est ce que tu est soufi ou tu connais cette discipline et science des soufis

Bonjour

Non je ne suis pas Soufi mais catholique. Cela dit je suis impliqué dans le dialogue interreligieux et suis toujours heureux d'en apprendre plus sur la spiritualité Soufi qui est enrichissante et passionnante.

Amicalement

Nasr Eddin exerçait, un certain temps, les fonctions de juge suppléant. Un paysan vint le trouver.
- Grand juge! Je viens à toi en consultation juridique. Supposons qu'une vache attachée au piquet encorne une vache errante. Est-ce que le propriétaire de la première doit indemniser celui de la seconde?
- Certainement pas, répondit Nasr Eddin. Une vache doit être tenue dans son enclos. Tant pis pour son maître s'il la laisse vagabonder.
- Je suis vraiment soulagé, Nasr Eddin, car c'est ainsi que ma vache a blessé la tienne tout à l'heure.
- Par Allah! Pourquoi ne m'as-tu pas donné dès l'abord une narration complète des faits. Le cas est beaucoup plus compliqué que tu ne me l'as dit. Il faut que je consulte la jurisprudence.
Qu'on m'apporte le gros livre noir qui se trouve en haut sur l'étagère!

Quiconque ne cultive pas l'humour s'arrête en chemin. Rétrécit dans ses certitudes. Pontifie. Condamne. Puis, inévitablement, tue. Se prendre au sérieux, c'est transformer la loi d'Amour en code de haine et de mépris. C'est dire: "Je sais". C'est dire: "J'ai compris". Rien ne saurait être pire. Là réside le mal suprême. "

Daniel Béresniak ( Kabaliste, tradition juive)

Juger sur les apparences ?
Le Hodja est invité à dîner chez un notable ottoman :
“Maladroitement, [Nasreddin] descend de sa monture et frappe quelques coups à la porte imposante. Lorsqu’on vient lui ouvrir, il remarque que la fête a déjà commencé. Mais, avant qu’il ait pu se présenter, son hôte, voyant ses vêtements salis par le voyage, lui fait sèchement remarquer que les mendiants ne sont pas les bienvenus”.
Nasreddin retourne à ses bagages et “se revêt de sa plus belle tenue : une magnifique robe de soie, ornée de fourrure, et un monumental turban de soie. Ainsi paré, il revient frapper à la porte.”
“Cette fois, son hôte l’accueille à bras ouverts [...] et les serviteurs placent devant lui des plats délicats. Nasreddin Hodja verse alors un bol de soupe dans une poche de sa robe. À la stupéfaction des invités, il met des morceaux de viande grillée dans les plis de son turban, puis, devant son hôte horrifié, passe la fourrure de sa robe dans un plat de pilaf en murmurant : “Mange, fourrure, mange !”
“Que fais-tu donc ?” demande l’hôte. “Mon cher, répond le Hodja, je nourris mes vêtements. À en juger par la façon dont tu m’as traité il y a une demi-heure, il est clair que ce sont eux, et pas moi, qui sont l’objet de ton hospitalité !”

j'ai bien rigolé
à méditer ma foi ^^

Savoir ou ne pas savoir
Un jour, Djeha-Hodja Nasreddin décida de voyager pour parfaire son savoir.Quand un jeune homme lui demanda quels gens il allait chercher à rencontrer, ildit, se rappelant quelques sages paroles entendues au marché :
- Celui qui ne sait pas et ne sait pas qu'il ne sait pas, il est stupide. Il faut l'éviter.
- Celui qui ne sait pas et sait qu'il ne sait pas, c'est un enfant. Il faut luiapprendre.- Celui qui sait et ne sait pas qu'il sait, il est endormi. Il faut le réveiller.
- Celui qui sait et sait qu'il sait, c'est un sage. Il faut le suivre.
Djeha-Hodja Nasreddin a fait une pause et a continué :
- Mais, vous savez combien il est difficile, mon fils, d'être certain que celui qui sait et sait qu'il sait, sait vraiment!

Les Riches et les Pauvres

C'était la famine.
Mais tout le monde ne mourait pas de faim pour autant :
les riches avaient pris soin de faire d'amples réserves de blé, d'huile, de légumes secs et de viande séchée.
Kahdija dit alors à son mari :
- Nasr Eddin, toute la ville te tient pour un homme sage.
Ne reste pas les bras croisés ; va sur la place,
rassemble tout le monde, et tente de les convaincre que les riches doivent donner à manger aux pauvres.
Nasr Eddin trouve pour une fois que sa femme a raison.
Il fait comme elle dit et deux heures après, rentre, la mine réjouie.
- Ma femme, rendons grâce à Allah le Miséricordieux !
- Ah ! Tu as donc réussi ?
- Ce n'était pas une mission facile. A moitié.
- Comment cela, à moitié ?
- Oui : j'ai réussi à convaincre les pauvres.

Citation :

Les Riches et les Pauvres

C'était la famine.
Mais tout le monde ne mourait pas de faim pour autant :
les riches avaient pris soin de faire d'amples réserves de blé, d'huile, de légumes secs et de viande séchée.
Kahdija dit alors à son mari :
- Nasr Eddin, toute la ville te tient pour un homme sage.
Ne reste pas les bras croisés ; va sur la place,
rassemble tout le monde, et tente de les convaincre que les riches doivent donner à manger aux pauvres.
Nasr Eddin trouve pour une fois que sa femme a raison.
Il fait comme elle dit et deux heures après, rentre, la mine réjouie.
- Ma femme, rendons grâce à Allah le Miséricordieux !
- Ah ! Tu as donc réussi ?
- Ce n'était pas une mission facile. A moitié.
- Comment cela, à moitié ?
- Oui : j'ai réussi à convaincre les pauvres.

Excellent lol C'est drôle et ca en dit beaucoup!

merci

A l'époque, Nassrudin travaillait en tant que passeur. Un jour, il embarqua un érudit dans son bateau. Alors qu'il écoutait attentivement le bavardage du Hodja, le savant remarqua quelques erreurs de grammaire et lui demanda :

« Dis-moi, Hodja, n'as-tu jamais apprit la grammaire ? »

« Non »

« Quel dommage ! Tu as gaspillé la moitié de ta vie »


Nassroudin resta silencieux. Après un certain temps il demanda :

« Grand Sage, savez vous nager ? »

« Non » répondit le professeur.»

« Quel dommage, vous avez gaspillé toute votre vie! Maître, le bateau coule ! »