- layyale a écrit:
Ce qui semble bien avec l'Institut Ghazali, c'et qu'ils sont ouverts au tasawwouf (cad soufisme) , contrairement à d'autres instituts plus "wahhabisés".
Après ils n'abordent que le fiqh malikite, vous me direz c'est déjà pas mal, mais j'ai bcp de mal à comprendre les différences entre ces 4 écoles et comment se positionner...
AsSalam alaykoum, chère Layyale.
Le fait d'être ouvert au Soufisme, même si on ne suit pas la voie, est déjà une bonne chose en soi et un signe d'ouverture d'esprit que tu ne trouveras pas forcément auprès d'institutions "wahabisées", pour ne pas dire wahabites.
Etant Malikite moi-même, j'ai choisi ce Madhab après être passé par le Madhab Hannafite puis par le Minhaj Salafi, tendance Abou Bakr Al Jaza'ir.
Si j'ai laissé le Madhab Abou Hannifa, c'est parce qu'à l'époque où je me suis converti il n'y avait pas beaucoup de Hannafite à Marseille et qu'il était difficile de progresser dans le Fiq dans ces conditions.
Comme j'ai rencontré un Français converti qui avait fait des études auprès de Abou Bakr Al Jaza'ir à Médine, j'ai trouvé à ce moment une source d'enseignement intéressante, mais qui a fini par m'éloigner des gens sans que je m'en rende compte, pas tellement à cause de l'enseignement d'Abou Bakr Al Jaza'ir qu'à cause de l'interprétation que ses étudiants en faisaient.
Quand je me suis rendu compte que je commençais à dériver, je me suis intéressé au Madhab Maliki pendant un séjour en Tunisie auprès d'étudiants dans cette voie et ils m'ont appris aussi la signification des différentes écoles de Fiq.
Pour faire simple, je vais vulgariser à outrance.
Le prophète Mohammed enseignait aux gens la prière en leur disant "
Priez comme vous m'avez vu prier..."
Ses compagnons ont fait de même ainsi que les Tabi3ine, mais il est arrivé un moment où l'imitation ne suffisait plus à cause de la diversité et de la propagation des Musulmans dans le monde.
L'Imam Abou Hannifa, à Bagdad, a donné des cours de Fiq en se basant d'abord sur le Coran si la réponse s'y trouve, puis sur la Sunna du prophète Mohammed. Si la réponse n'y est pas, il prend parmi l'opinion d'un de ses compagnons en laissant celle des autres. Et enfin il fait l'Ijtihad, l'effort d'interprétation. Il a appris beaucoup pendant ses pélerinages (il en fait 55) où il rencontrait les Ulémas à cette occasion.
L'Imam Malik a été entre-autres l'élève de Abou Hannifa. Son enseignement s'est basé sur la pratique des Uléma de Médine qui tenaient leur science des compagnons et des Tabi3ine. Le grand-père de Malik qui fut un de ses maîtres en la matière avaient été au service de Abdullah Ibn Omar, le beau-frère du Prophète.
L'Imam asShafi3i a été un élève de Malik, il a appris aussi de Abou Hannifa et il a rédigé un premier livre de Fiq en Irak puis un deuxième en Egypte, grâce aux développements de ses propres élèves de son enseignements. À ce sujet, il a dit de ne pas appliquer systématiquement une de ses Fatwas de l'Irak en Egypte et inversement, une sagesse que certains feraient bien de s'inspirer de nos jours.
L'Imam Ahmed Ibn Hanbal a été un élève de Shafi3i avant de développer sa propre école, il se base beaucoup sur les Hadith et il a même encouragé l'Imam Al Boukhary dans ses travaux de recherches. On le fait passer, à tort, comme l'inspirateur des salafistes-wahabites.
Il y a eu encore trois autres Madhab, mais ils n'ont pas connu les mêmes développements que les autres et ils sont tombés dans l'oubli.
Il est une erreur de croire que les Madhab reposent uniquement sur leurs fondateurs, il n'en est rien. Les Madhab ont été étudiés par des milliers de Ulémas pendant des siècles, et ils n'ont pas hésité à confronter ces enseignements avec le Coran et la Sunna pour infirmer et renforcer leur fiabilité. Ce sont les travaux et les recherches de ces Ulémas qui ont fait que les Madhab nous sont parvenus jusqu'à aujourd'hui, sinon les livres auraient disparu.
Alors la question qui se pose, pourquoi avoir conservé quatre Madhab ?
Le prophète Mohammed a changé dans sa façon de faire, par exemple dans la prière. Ceux qui venaient à Médine pour apprendre auprès de lui s'en repartaient dans leur pays ou leur tribu pour ensigner ce qu'ils avaient vu et entendu.
Certains l'ont vu prier avec les mains sur la poitrine, d'autres sur le ventre au dessus du nombril, d'autres encore au dessous du nombril. Il est donc normal qu'il y ait des divergences sur des points de détails concernant l'enseignement du Fiq. Si on garde les quatre Madhab, toutes ces Sunna seront conservées, si on se réduit à un seul enseignement, ce sont des centaines d'authentiques traditions prophétiques qui seront perdues à jamais. La Sunna du Sadl a pu être conservée jusqu'à aujourd'hui grâce au Madhab Maliki, sinon elle aurait été perdue, c'est un exemple.
Je ne peux que t'encourager dans ta volonté d'apprendre le Fiq, et surtout de le propager, car si c'est bien compris avec toute sa diversité, c'est une école magnifique d'ouverture d'esprit et de tolérance