| | Des nombres et des symboles dans la Bible.. et les grandes Traditions | |
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Invité Invité
| Sujet: Des nombres et des symboles dans la Bible.. et les grandes Traditions Sam 25 Fév 2012, 18:33 | |
| Des nombres et des symboles :
Sur le sujet immense de l’utilisation, dans la Bible, du symbolisme numérique, une brève introduction est indispensable. D’autant que les affirmations les plus contradictoires abondent.
S’il est un sujet mal connu, c’est bien celui-là. On est « pour » ou l’on est « contre ». A priori. D’un côté, nous trouvons des considérations apologétiques -parfois délirantes- sur ces nombres mystérieux qui « prouvent » ceci ou cela et, d’un autre côté, des études sérieuses qui ignorent superbement la dimension symbolique attachée à la mise en forme de nombreux textes bibliques.
Il est vrai que la question est complexe et, souvent, cette démarche est étrangère à nos modes de pensée. Il n’y a donc pas d’échappatoire : il faut expliquer les fondement d’un langage qui est –en soi- simple, mais dont les présupposés nous sont peu familiers. Il faut ensuite n’exposer que des faits contrôlables. Toute affirmation doit être étayée par une ou plusieurs références dans les textes bibliques. Libre à chacun de tirer telle ou telle conclusion de l’observation. Le cas cependant n’est pas rare de conclusions fausses tirées d’observations justes. Prudence s’impose donc ! Jacques Chopineau
Salam je propose ici de partager les travaux remarquable ( à mon humble avis) de Jacques Chopineau pour poser les bases d'une réflexion sur les nombres dans la Bible en tant que symboles Les débats pourront être enrichis par d'autre points de vus chrétien mais aussi élargis aux autres traditions et écrits sacrés notamment l'islam et le Coran. Nous sommes dans la section philosophie , c'est pas un débat sur l'authenticité de la Bible ou du Coran. Si possible évitons les polémiques stériles et les A priori. C'est l'aspect symbolique des nombres que j'aimerais développer ici d'un point de vu philosophique, historique...une culture générale à connaitre avant de juger ou de condamner.
cordialement. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Des nombres et des symboles dans la Bible.. et les grandes Traditions Sam 25 Fév 2012, 18:46 | |
| Les nombres dans la Bible (introduction) • Des nombres et des symboles :Sur le sujet immense de l’utilisation, dans la Bible, du symbolisme numérique, une brève introduction est indispensable. D’autant que les affirmations les plus contradictoires abondent. S’il est un sujet mal connu, c’est bien celui-là. On est « pour » ou l’on est « contre ». A priori. D’un côté, nous trouvons des considérations apologétiques -parfois délirantes- sur ces nombres mystérieux qui « prouvent » ceci ou cela et, d’un autre côté, des études sérieuses qui ignorent superbement la dimension symbolique attachée à la mise en forme de nombreux textes bibliques. Il est vrai que la question est complexe et, souvent, cette démarche est étrangère à nos modes de pensée. Il n’y a donc pas d’échappatoire : il faut expliquer les fondement d’un langage qui est –en soi- simple, mais dont les présupposés nous sont peu familiers. Il faut ensuite n’exposer que des faits contrôlables. Toute affirmation doit être étayée par une ou plusieurs références dans les textes bibliques. Libre à chacun de tirer telle ou telle conclusion de l’observation. Le cas cependant n’est pas rare de conclusions fausses tirées d’observations justes. Prudence s’impose donc ! Pour autant, négliger cette étude revient à se couper d’informations importantes sur la manière dont les scribes anciens ont donné aux textes bibliques (Bible hébraïque et Nouveau Testament grec, mais aussi écrits dits « apocryphes », juifs ou chrétiens) une forme qu’ils jugeaient significative.
La compréhension du symbolisme des nombres et l’étude de son utilisation dans les textes est un domaine souvent méconnu, mais cependant bien digne d’étude. Naturellement, les observations qui suivent (et suivront) ont déjà fait l’objet de publications et –donc- d’examen critique. Elles sont aujourd’hui le bien de tous.Dans tous les cas, l’accès à ce langage symbolique suppose une initiation à d’anciennes méthodes de calcul. C’est le propos des lignes qui suivent. Elles sont un préalable à la compréhension des chiffres utilisés dans la Bible (surtout dans des écrits tardifs –psaumes et apocalypses). • Au commencement était Pythagore… Dès le début, il importe de se faire une représentation juste de l’appréhension des nombres dans la pensée des anciens. De ce point de vue, l’ancien pythagorisme et les commencements de l’arithmétique sont éclairants. Et il ne s’agit pas de deux mondes séparés : le pythagorisme et le monde biblique. Il faut se souvenir que dès l’empire perse (et donc avant les conquêtes d’Alexandre et l’hellénisation du Proche-Orient), les connaissances grecques sont diffusées dans cette partie méditerranéenne. Ionie, Syrie, Palestine sont alors liées, non seulement par un empire perse commun, mais aussi par des courants d’échange (marchands, mercenaires, voyageurs…). Des enseignements de l’ancienne école pythagoricienne (début 5ème siècle avant notre ère) sont diffusées non, certes, dans un grand public, mais dans quelques cercles savants. Cela est vrai pour les milieux où la Bible est mise en forme, à la même époque. Évidemment, les présupposés religieux sont différents. Cependant, l’opposition juive à la pensée hellénistique ne viendra que beaucoup plus tard. Les cercles intellectuels (même religieux) ignorent alors cette rupture. Et jusqu’aux victoires d’Alexandre (dans la deuxième moitié du quatrième siècle avant notre ère) l’Ionie est une satrapie de l’empire perse, comme la Transeuphratène (dont la Judée est une petite partie) . L’arithmétique naissante est emplie de considérations religieuses. Arithmétique géométrique dans laquelle les nombres sont des formes et toute forme a un nombre. Ce sont là des évidences « scientifiques », à cette époque, et elles sont indépendantes de tout a priori confessionnel. D’ailleurs, tout est nombre et –dans une perspective juive- tout ce qui existe procède du seul Dieu créateur. Lois physiques et lois religieuses appartiennent au même ordre du monde. Pour tous, les nombres sont le miroir de cette harmonie.
Science et religion ne sont pas séparées. De fait, la séparation ne viendra, très lentement (et très inégalement selon les lieux et les cultures) que bien des siècles plus tard. A l’époque biblique, une telle séparation n’existe pas.• Des cailloux… Pour faire bref, rappelons que l’on compte alors, normalement, avec des cailloux. Nous avons conservé le souvenir de cela dans le vocabulaire de la médecine : avoir des « calculs » dans les reins ou dans la vessie, signifie avoir des cailloux ! Calculer (latin : calculare) se fait avec des calculi –des cailloux. Même association en grec (psêphos est un caillou et psêphidzô signifie « je compte »). Les cailloux permettent de figurer un nombre. Un caillou figure un point ; deux cailloux figurent une ligne ; trois cailloux figurent un triangle ; quatre cailloux un carré etc… On parle parfois de nombres figurés ou « nombres-polygones » lorsque ces figures s’inscrivent dans un cercle. Les quatre premiers nombres donneront l’image (triangulaire) de la fameuse « tétraktys » pythagoricienne : 1 + 2 + 3 + 4 = 10 (et donc retour à l’unité dans la numération décimale des grecs (non pour les sémites, chez qui la base de numération est 60). On dira que le nombre triangulaire de 4 est 10 ou encore que la racine triangulaire de 10 est 4. Mais notre propos n’est pas de nous arrêter sur cette figure très riche de sens. La symbolique biblique est étrangère aux spéculations sur la tétraktys pythagoricienne. Par contre, les figures formées (triangle, carré, pentagone) paraissent symboliquement significatives. Arrêtons-nous un peu sur ce point. On sait que tout nombre appartient à une « famille ». Par exemple, la famille des multiples d’un nombre n ; ou bien la « famille » des carrés… Il en est beaucoup d’autres. Seuls les nombres dits « premiers » ne forment pas une famille. Ils sont un groupe, non une famille. Pourquoi ? C’est qu’ils ne sont pas liés entre eux par un gnomon. Ce gnomon (ce lien de famille) désigne la quantité qui doit être ajoutée au membre d’une « famille » pour obtenir le nombre suivant, au sein de la même famille. Le calcul de ce gnomon est un des plus vieux problèmes que les anciens mathématiciens ont dû résoudre –nous sommes aux balbutiements de l’arithmétique. Et d’abord : Pourquoi ce nom « gnomon » qui signifie « équerre » en grec ancien ? Le terme a été imposé par cet usage ancien de déterminer le nombre de cailloux qui s’ajoutent, dans la suite des carrés, grâce à des équerres. Soit une figure carrée composée de deux lignes de deux cailloux ; trois lignes de trois cailloux ; quatre lignes de quatre cailloux et ainsi de suite… Puis qu’une équerre soit placée au bord de chaque carré ainsi formé. Il suffira alors de compter le nombre des cailloux entre deux équerres pour connaître le nombre qui permettra de passer d’un carré à l’autre : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Un moderne utiliserait une écriture algébrique plus rapide (mais non visuelle). Soit un carré n2 : que faudrait-il ajouter pour obtenir le nombre (n + 1)2. ? Tout potache saurait aujourd’hui que la formule donne : n2 + 2n + 1. Ce qui est ajouté à n2 est donc : 2n + 1. C’est ce résultat que le nombre de cailloux entre deux équerres rendait évident : 5, 7, 9, 11 etc… Soit 2 + 2 + 1 ; 3 + 3 + 1 ; 4 + 4 + 1 etc… |
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| Sujet: Re: Des nombres et des symboles dans la Bible.. et les grandes Traditions Sam 25 Fév 2012, 18:57 | |
| suite: Des figures Cette arithmétique élémentaire sera étendue aux autres figures (triangles, pentagones, hexagones…) dont le gnomon (le lien de famille) sera : Triangulaires (Tn) : n + 1 Carrés (Cn = n2) : 2n + 1 Pentagonaux (Pn): 3n + 1 Hexagonaux (Hn): 4n + 1 Etc… Il importe de se familiariser avec ces cailloux, afin de comprendre ce qui suit. C’est à ce prix que peut apparaître la simplicité d’un système bien connu de certains auteurs bibliques. Dès l’enfance, nous connaissons les carrés, mais non toujours les nombres attachés aux autres figures….
Le carré a été appelé ainsi, parce qu’une figure (construite avec des cailloux) était carrée. Ajoutons que tout carré peut être décomposé en deux triangulaires de nombres consécutifs : T3 + T4 = 6 + 10 = 16 = 42; Ce nombre triangulaire précédent (Tn – 1) est un nombre fort important. C’est en effet le gnomon d’une nouvelle famille : celle qui est constituée par la série des nombres-figures (ou nombres polygones), ainsi que le montre le tableau non copiable mais consultable au lien suivant[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Il est donc fort simple de passer de l’un à l’autre des nombres figurés si l’on connaît le gnomon. Il suffit d’ajouter le triangulaire du nombre précédent. Il est inutile d’utiliser des formules plus compliquées qu’un moderne (surtout s’il possède une calculette !) emploierait. Ainsi le pentagonal d’un nombre (Pn) est : Pn = n (3n – 1) 2 P7 = 7 (21 –1) = 70 2 Mais la méthode du gnomon est encore plus simple : 49 (= C7) + 21 (= T6) = 70 Autrement dit, d’un point de vue de l’exégèse symbolique, 70 (= P7) et 49 (= C7 ou 72;) ont la même racine. Ainsi, par exemple, les 70 années d’exil, dans la prophétie de Jérémie, pourront être lues comme se rapportant à un exil qui a historiquement duré 49 ans. Dieu est le maître de l’histoire, comme de la prophétie. Encore faut-il savoir décrypter cette dernière pour comprendre l’autre. C’est ce que fera Daniel (cf Daniel 9,2).
Comme les triangles et les carrés, les pentagones engendrent des figures semblables qui comptent autant de cailloux que de points homothétiques : |
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| Sujet: Re: Des nombres et des symboles dans la Bible.. et les grandes Traditions Sam 25 Fév 2012, 19:12 | |
| [...]
Autres nombres
Certains nombres posent un problème particulier et doivent donc être interprétés dans le(s) contexte(s) où ils sont employés. C’est évident pour le nombre 5. Sa graphie hébraïque a d’ailleurs suscité bien des commentaires… La littérature exégétique traditionnelle garde parfois les traces d’un enseignement beaucoup plus ancien que la date de rédaction des textes connus.
Il arrive aussi qu’un nombre soit de la forme n² + 1 ou n² - 1.. Les années du jubilé sont 5O. Soit : 7² + 1. Après 7 semaines d’années, 1 commence un nouveau cycle.
Un exemple de nombre de la forme n² - 1. Les hommes de David tuent 360 guerriers (II Samuel 2,30), tout en ne perdant que 19 hommes. Or 19² = 361. Ce carré –1 est, certes, une manière d’exprimer la victoire écrasante des gens de David, mais non une extermination qui n’aurait pas laissé de place à une future réconciliation (laquelle aura lieu, selon II Samuel 3,12).
D’autres nombres encore jouent un rôle dans un contexte particulier. Ainsi, une proportion 2/3 revient régulièrement.. C’est le cas de 40/60. Le nombre 40 signifie un temps d’épreuve suivi du passage à un stade différent. Les exemples sont nombreux (40 ans dans le désert, 40 jours de tentation, 40 jours de répit avant le bouleversement de Ninive…).
Ce qu’on nomme « proportion dorée » est également important dans les constructions bibliques. Evidemment, dans le langage particulier à cette époque –et sans faire intervenir des calculs connus beaucoup plus tard. Les nombres irrationnels sont remplacés par approximation fractionnaire. De toutes façons, c’est ici un rapport entre DEUX nombres (3/5 ou 30/50 ou 1,5 / 2,5). Inutile donc, dans ce cas, de chercher à interpréter séparément un seul de ces nombres.
Une difficulté de cette étude est qu’un système unique n’existe pas. Bien des tentatives d’interprétation ont échoué en voulant « découvrir » un système unique. Il faut au contraire –dans chaque contexte particulier- examiner la symbolique qui est mise en œuvre. Les nombres figurés jouent un rôle important, mais tel nombre peut référer à une autre base symbolique.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Des nombres et des symboles dans la Bible.. et les grandes Traditions Sam 25 Fév 2012, 19:16 | |
| Les guématries (valeurs numériques des lettres d’un mot) sont une utilisation particulière qui connaîtra de grands développements hors de la Bible (dans le targum, le midrash et –naturellement- dans la littérature cabalistique). Cependant -malgré ce qu’on dit souvent- ce procédé est connu dans plusieurs textes bibliques. Encore une réalité irréfutable et méconnue…
Contrairement à ce que l’on écrit encore, parfois, les valeurs numériques des lettres hébraïques sont connues dans l’usage religieux, bien avant d’être utilisées dans l’usage profane. La démonstration ne peut être faite ici, mais les exemples bibliques sont assez nombreux pour que le contraire soit insoutenable.
• Des lettres et des chiffres
Auparavant, dans le monde hellénisé, les lettres grecques étaient utilisées pour noter les nombres (dès le quatrième siècle avant notre ère) et les hébreux utilisaient, pour l’usage courant, la notation araméenne des marchands. Mais une notation religieuse juive attribue anciennement des valeurs numériques aux lettres de la langue sacrée.
Cette notation des chiffres au moyen de lettres avait, certes, l’inconvénient de ne connaître ni zéro, ni écriture de position. Mais dans un usage symbolique, ces inconvénients disparaissaient. D’autant que les nombres figurés fournissaient une représentation visuelle du nombre.
Dans tous les cas, on ne peut séparer une utilisation symbolique des nombres et l’usage courant des nombres au sein d’une culture déterminée. Une appréhension moderne, purement quantitative, du nombre est très éloignée de l’appréhension ancienne (et qualitative) de tel nombre. Une « suite infinie » de nombres abstraits est une notion étrangère aux anciens. Simplement, celui qui compte donne la mesure de ce qui est compté.
« Aux yeux de Dieu, mille ans sont comme un jour », dit le psalmiste (Psaume 90,4 ; cp Psaume 84,11). Mille ans sont une durée quasi éternelle pour l’homme éphémère ! Mais le tétragramme divin a pour valeur numérique : 26. Et le nombre pentagonal de 26 est 1001. Ce 1 désigne ici le commencement d’un nouveau cycle. C’est au bout de mille ans de règne que commencera un monde nouveau, selon l’Apocalypse (cf Apocalypse 20,2 et versets suivants; cp II Pierre 3,8).
Ce même nombre 26 est encore racine symbolique dans un texte pseudépigraphe (La vision d’Esdras) où la flamme qui émane de Dieu mesure 702 pieds. Les justes traversent cette flamme sans être atteints ! Or ce nombre 702 est le rectangulaire de 26 :
R26 = 26 x 27 = 702 (1)
Cela pose le problème de savoir dans quels milieux (juifs et chrétiens) ces computs étaient jugés signifiants. Mais la question est de tous les temps : Comprends-tu ce que tu lis ?
Jacques Chopineau, Genappe le 24 juillet 2003
Note (1) Nous avions signalé cette utilisation du rectangulaire de 26 dans Analecta Bruxellensia 5 (2000) p 68. Mais d’autres écrits chrétiens d’origine juive témoignent de la permanence d’une tradition symbolique qui trouve sa source dans la Bible ancienne. Le césaro-papisme mettra fin à la diversité des groupes chrétiens primitifs et à leurs lectures. …. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Des nombres et des symboles dans la Bible.. et les grandes Traditions Sam 25 Fév 2012, 19:37 | |
| Si il y a un survivant à cette introduction il a toute mes félicitations. Mais la récompense de ces efforts ( d'un point de vu intellectuel dans un premier temps au moins ) n'en sera que plus grand.
Après le solfège nous allons pouvoir lire de la musique! Idriss Le « nombre d'or » dans la Bible • Un « nombre » fort ancienLes expressions « nombre d’or » ou « proportion dorée », ou encore « divine proportion » sont des désignations relativement récentes. La réalité cependant a probablement été connue dès la haute antiquité. La proportion ainsi désignée a été sentie comme harmonieuse. Son expression mathématique * (familière aujourd’hui) est F = (1+ √5):2 Mais la résolution de l’équation du second degré n’est connue, en Occident, qu’à la fin du 15ème siècle. Il serait donc anachronique d’attribuer aux anciens de telles connaissances. Pourtant la proportion est anciennement connue et calculée. Elle règne, certes, dans les constructions des églises médiévales, mais elle est déjà connue dans la Bible. Il faut se souvenir que les nombres dits irrationnels (qui ont posé bien des problèmes philosophiques et métaphysique aux pythagoriciens, mais ce n’est pas le lieu ici de reprendre ce vieux débat) ont été jadis, dans la pratique, ramenés à des approximations fractionnaires. Les anciens procédaient de cette manière. Ainsi, le nombre que nous nommons π équivalait à la fraction 22/7 ou le nombre √2 devenait la fraction 17/12. L’approximation était d’ailleurs généralement suffisante. Il en va de même pour la « proportion dorée » qui est exprimée par l’irrationnel 1,6180339… (la quatrième décimale étant un zéro, on dira couramment 1,618 ou son inverse 0,618). L’approximation fractionnaire est -dans la Bible- 3/5. Un moderne dirait plutôt 8/5 , mais on pourrait aussi écrire 13/8 , 21/13 etc… On pourrait ainsi ajouter (inutilement !) des décimales au nombre irrationnel. Mieux vaut nous en tenir aux chiffres anciennement attestés dans la Bible. L’important est ici d’ordre symbolique. Par parenthèse, la relation avec la série des nombres de Fibonacci est évidente, mais elle ne nous intéresse pas directement ici. En effet, Fibonacci (1175-1240 ?) est un mathématicien très éloigné, dans le temps, des rédacteurs des textes bibliques. • Dans la Bible …La « proportion dorée » est bien connue, dans la Bible, en tant que rapport 3/5 (ou 30/50 ou 1,5 / 2,5). Qu’on en juge :• L’Arche de NoéCette arche, tu la feras longue de 300 coudées, large de 50 et haute de 30 Genèse 6,15 Nous voyons ici, entre la largeur (50) et la hauteur (30), la proportion 30/50, c’est à dire 0,6. Quant à la longueur (300), elle est triple de la construction suivante : • La maison de SalomonLa maison que le roi Salomon se fait bâtir (la maison des cèdres) est exactement le tiers de l’Arche de Noé : Elle avait 100 coudées de longueur, 50 coudées de largeur et 30 coudées de hauteur I Rois 7,2 Dans les deux cas, largeur et hauteur sont dans la même « proportion dorée ». C’est encore le cas dans les exemples suivants : • L’autel des sacrifices Tu feras l’autel en bois d’acacia : 5 coudées de long, 5 coudées de large -l’autel sera carré- et 3 coudées de haut Exode 27,1 Le côté du carré est en proportion dorée de la hauteur de l’autel. • Le coffre du témoignage Ils feront un coffre en bois d’acacia ; sa longueur sera de deux coudées et demie, sa largeur d’une coudée et demie et sa hauteur d’une coudée et demie. Tu le couvrira d’or pur à l’intérieur et à l’extérieur… Exode 25,10 > Ce qui sera la réalisation d’un expert (Betsaléel, cf Exode 37,1). Evidemment, il importe peu que la coudée ait telle ou telle dimension : la proportion seule importe. 1,5 et 2,5 sont dans un rapport 3/5. • Il en va de même pour le propitiatoire en or (Exode 37,6) et la table en bois (Exode 37,10). Il est encore d’autres exemples, mais ce qui précède est sans doute suffisant. Les constructions répondent à une intention symbolique précise -tout comme les constructeurs des églises médiévales obéissent à des normes jugées significatives. De ce point de vue, l’Écriture (spécialement le Pentateuque) est un grand temple où les formes sont porteuses de signification.
> Ce n’est pas le nombre isolé qui est ici porteur de signifiance, mais la proportion indiquée. Il serait naïf de penser que ces proportions ont été indiquées au hasard par des scribes ignorants. Et les études qui ne tiennent pas compte de ce symbolisme sont superficielles -éventuellement savantes, mais superficielles. • En guise de conclusion L’utilisation symbolique des nombres a été très développée dans les textes bibliques. Deux raisons à cela : d’une part, tout ce qui existe, dans le ciel et sur la terre, lois physiques ou lois religieuses, nombres ou figures…. proviennent d’un unique créateur. Les nombres sont le miroir de cette origine. D’autre part, les nombres sont abstraits et leur utilisation ne viole en rien l’interdiction de se faire des représentations de ce qui est là-haut dans le ciel ou ici-bas sur la terre. Ce sont des symboles, non des images. Des supports de compréhension, non des représentations à adorer.De là, l’utilisation d’un symbolisme numérique dans la mise en forme de nombreux textes bibliques. De sorte que beaucoup de textes peuvent être lus « simplement », selon une construction narrative, législative ou poétique « ordinaires ». Mais une autre lecture, symbolique, est possible -ce qui demande une longue initiation… Nous nous sommes borné ici à l’usage de la seule « proportion dorée », mais il est bien d’autres particularités. Nombres, proportions, jeux d’écriture, cryptographies… abondent et il n’est pas toujours simple, pour un moderne, de pénétrer dans ce monde de la symbolique. Les études modernes ont négligé cette étude, pour différentes raisons, lesquelles ne sont pas toutes mauvaises -vu l’abondance des spéculations aventureuses. Pour autant, un mauvais usage possible ne disqualifie pas une observation juste. Est « scientifique » cela seulement qui est conforme à l’observation de la réalité. Encore faut-il que l’acuité du regard soit exercée… Jacques Chopineau, Genappe, le 12 juillet 2003 [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] |
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| Sujet: Re: Des nombres et des symboles dans la Bible.. et les grandes Traditions Sam 25 Fév 2012, 19:50 | |
| À propos du nombre 12 • Le rectangulaire de 3Le nombre 12 (et ses dérivés) est un des nombres souvent utilisés dans les écrits bibliques : 12 fils de Jacob, 12 tribus, 12 apôtres, 12 portes de la Jérusalem céleste… Ce nombre joue un rôle central. Entre parenthèses, le drapeau européen compte également 12 étoiles. Peu de personnes se sont avisées de l’origine lointaine de ce qui peut paraître aujourd’hui comme une bizarrerie… Du point de vue formel, il s’agit d’un nombre rectangulaire (voir sur ce site : l’introduction aux nombres dans la Bible). C’est le rectangulaire de 3 : Dans les vieilles représentations, 3 réfère à la réalité verticale (ciel, terre, enfer), ou (variante assyro-babylonienne) : ciel, espace intermédiaire, terre. Tandis que 4 réfère au monde horizontal :la totalité du monde humain (les 4 points cardinaux qui sont les 4 vents de l’esprit). 4 réfère ainsi aux "quatre parties du monde" dans la titulature des souverains assyriens ou, dans la Bible, 4 fleuves qui sortent du Paradis et arrosent toute la terre. Ces deux nombres, composés, donnent 12, celui du monde terrestre orienté vers le ciel. Par addition, 3 + 4 = 7, lequel 7 est le nombre de la totalité Dans l’usuelle numération sexagésimale des anciens sémites (un héritage sumérien que les akkadiens ont transmis à l’ancien monde sémitique dont les hébreux font partie), 12 est le cinquième de l’unité 60. C’est symboliquement le 1/5 de l’humanité - celle qui est distinguée, mise à part, « sauvée »… • Les 144.000 élus Les nombres figurés de racine symbolique 12 sont beaucoup moins connus : si le triangulaire joue relativement peu de rôle dans le cas du nombre 12, par contre, le carré (144) est utilisé. Ou plutôt, mille fois le carré; 144.000 désignant le nombre des élus : « Et j’entendis le nombre de ceux qui avaient été marqués du sceau : 144.000, de toutes les tribus des israélites.» Apocalypse 7,4 Chiffre symbolique qui, pris à la lettre (ce que certains font !), ne signifie rien. Il est clair que la racine symbolique est 12, ainsi que tous alors le comprennent. 12 est la marque de cette partie de l’humanité dont la patrie n’est pas de ce monde (4), mais du ciel (3), tout en ayant "ici-bas" une demeure provisoire (cf Hébreux 11,14-16). • Le temple de Salomon Mille fois le carré se retrouve ailleurs, dans un contexte très différent puisqu’il s’agit du Temple de Salomon. Le rappel qui suit ne vise qu’à signaler une similitude dans l’emploi de la multiplication par 1.000 (et non sur le nombre 12, évidemment) : « La maison que le roi Salomon bâtit pour le Seigneur avait 60 coudées de longueur, 20 de largeur et 30 coudées de hauteur.» 1 Rois 6,2 60 x 20 x 30 = 36.000 soit : 62 x 1.000 36.000 coudées cubiques pour le Temple qui - comme tous les temples - doit être un résumé de la création. En 6 « jours » fut créé tout ce qui existe.
Dans cette utilisation qualitative des nombres, le carré exprime l’exaltation, le paroxysme, la culmination de l’idée exprimée par le nombre-racine. La multiplication par le grand nombre 1.000 (ou même 10.000 : voir infra) suggère un achèvement absolu. Si le nombre-racine symbolique est 12, les « 144.000 élus » (mille fois le carré de 12) sont la multitude affectée du chiffre 12 (joignant ciel et terre): la totalité de l’église… Ninive, la grande Le livret de Jonas présente un cas de nombre 12 affecté du très grand multiplicateur 10.000 : «… Ninive, la grande ville, où il y a plus de douze myriades d’humains qui ne savent pas distinguer leur gauche de leur droite…» Jonas 4,13 Beaucoup de traductions restituent : 120.000. Le texte original dit cependant « douze myriades » (12 x 10.000), ce qui est arithmétiquement identique, mais symboliquement tout différent. La grande ville sauvée de la destruction est marquée du chiffre 12. • Le bateau du Livre des Actes Pour en revenir aux nombres figurés, signalons un cas d’hexagonal fourni par un passage du livre des Actes : « Nous étions dans le bateau 276 personnes en tout » Actes 27,37 La racine symbolique est 12 (H12 = 276), ce qui est un nombre bien approprié ici puisqu’il s’agit des passagers destinés à être sauvés. La nef est aussi, dans ce contexte, une figure de l’église. Il faut évidemment se souvenir de la manière très simple par laquelle on trouve les nombres figurés. Le calcul se fait de tête tant il est facile, pour autant qu’on sache ce qu’il convient d’additionner. Le nombre-racine 12 a pour triangulaire 78, pour carré 144, pour pentagonal 210 et pour hexagonal 276. Le gnomon de la série est ici 66 (= T11), soit le triangulaire du nombre précédent (Tn-1). Ce qui est clair est que ce qui est signifié par le nombre 12 est symboliquement important, même si une signification identique est indiquée par un nombre différent. L’exactitude symbolique pèse ici d’un poids plus lourd qu’une exactitude arithmétique. Jacques Chopineau, Genappe, le 26 juillet 2003 [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] |
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