l'Eglise catholique au coeur des quartiers populaires

Émeutes : l’Église catholique au cœur des quartiers populaires


l’Église catholique tente de maintenir un lien avec les jeunes. 

Consacrées de la communauté Saint-François-Xavier et prêtres de Saint-Martin témoignent d’une présence chrétienne diversifiée.


source : La Croix

À Garges-lès-Gonesse, ville populaire de la banlieue parisienne très touchée par les récentes violences urbaines, l’Église catholique tente de maintenir un lien avec les jeunes. Consacrées de la communauté Saint-François-Xavier et prêtres de Saint-Martin témoignent d’une présence chrétienne diversifiée.

Aujourd’hui, l’établissement propose de l’aide aux devoirs et des jeux du CP à la terminale, des cours de français et fait office de centre aéré pendant les vacances. Un service essentiel, quasi gratuit, rendu aux habitants d’une ville qui présente de nombreuses caractéristiques des banlieues sensibles : 51 % de logements sociaux, une faible mixité sociale et une population jeune. « Nous accueillons des ados qui sinon passeraient leurs journées sur le parking ou enfermés à jouer aux jeux vidéo », assure Béatrice Coury, bénévole au centre trois jours par semaine depuis son ouverture.

Un centre qui ne s’affiche pas comme catholique

Cette année, plus de 150 jeunes et une centaine d’adultes ont participé aux activités de l’établissement, qui ne met pas en avant sa dimension catholique. « Que le Christ soit un peu caché permet de mieux entrer en contact avec les gens, de les aider à trouver leur chemin et à développer leurs dons, justifie Odile Thibault, consacrée de la communauté SFX. Nous ne faisons pas de prière, mais je n’ai jamais autant parlé de Dieu qu’ici. Les jeunes autant que les adultes m’interrogent beaucoup sur la signification de ma médaille (qui représente le Saint-Esprit). » Si l’encadrement est catholique, le public se compose majoritairement de musulmans, de quelques chrétiens, sikhs, et athées.

Au centre Charles-Péguy, les émeutes qui ont secoué Garges-lès-Gonesse ont été vécues « douloureusement ». « Peut-être que les émeutiers voulaient attirer l’attention après la mort de Nahel, mais ce n’est pas rationnel de brûler les voitures des gens qui habitent ici et n’y sont pour rien », juge Odile Thibault, toujours très active dans la vie du centre à 81 ans.

S’ils comprennent la colère des jeunes après la mort de Nahel, les ados du centre prennent toutefois unanimement leurs distances vis-à-vis des violences et des pillages. « Aller jusqu’à brûler une mairie, c’est exagéré », juge Lycia, 16 ans. Son amie Manelle termine sa phrase : « Ça fait mal au cœur, d’autant plus qu’à Garges il y a beaucoup d’activités et d’associations. »

« Un travail de fond »

Les consacrées de la communauté SFX, comme les prêtres de la commune, ne sont pas allées au contact des émeutiers. Bénédicte de Chaisemartin, consacrée qui a longtemps travaillé à Bobigny et œuvre depuis sept ans au centre Charles-Péguy, « ne se sentait pas de le faire ». « Ça peut être hyperviolent, très masculin, et puis les jeunes écoutent plus les grands frères, qui ont été très efficaces », explique-t-elle.

En écho, le père Grégoire-Marie Daniault, curé de la paroisse, considère qu’il n’avait pas de « rôle direct » à jouer durant les émeutes. « Nous faisons surtout un travail de fond pour que les jeunes n’aient pas envie de tout cramer », résume le prêtre dont le style emprunte autant aux moines qu’aux motards. Il fait partie des quatre prêtres de la communauté Saint-Martin qui se sont installés à Garges-lès-Gonesse en septembre 2022, qui résident temporairement près d’une des mosquées de la ville.

Il représente un autre type de présence chrétienne dans la ville. Contrairement aux consacrées qui cultivent la discrétion, les prêtres à la soutane noire se font remarquer lorsqu’ils sillonnent Garges. Une manière pour le père Daniault de signifier aux habitants que « l’Église est présente et disponible pour eux ».

Ils ont développé un patronage pour les enfants et adolescents de toute confession, une sorte de centre aéré avec quelques enseignements et des temps de prière. L’objectif ? « Rendre les jeunes fiers de ce qu’ils sont et font, sans qu’ils aient besoin d’aller chercher de la reconnaissance par tous les moyens possibles. »


« On dit souvent que la stigmatisation crée de la frustration, mais la victimisation aussi ! », juge le père Daniault, donnant l’exemple d’une lycéenne venue le voir, effondrée, après avoir raté son bac. « Est-ce que ça l’aurait aidée si je lui avais dit que c’était la faute de l’école ? »

Responsabilisation des jeunes

Ces violences urbaines ont souligné l’importance de cet accompagnement des jeunes à long terme. En effet, aucun ado du centre Charles-Péguy n’y a participé. « C’est encourageant pour nous, ça montre que nous responsabilisons les jeunes du centre, que nous les amenons à réfléchir sur le fait de suivre ou pas les autres », se réjouit Bénédicte de Chaisemartin.


« Grâce aux sorties et aux activités que nous organisons, les jeunes prennent conscience qu’ils ont une place dans la société, et en ont une image plus apaisée, complète la directrice Émilie Brown-Phillips, qui a délaissé son rêve de travailler aux Nations unies pour cette mission au plus près du terrain. C’est peut-être ce qui manque à ceux qui ont participé aux émeutes. »


Les gérantes du centre bénéficient souvent de l’aide de bénévoles passés par des établissements scolaires gérés par la communauté Saint-François-Xavier, comme Sainte-Marie à Neuilly-sur-Seine ou le centre Madeleine-Daniélou de Rueil-Malmaison. « C’est important de créer des ponts entre les jeunes des beaux quartiers et ceux d’ici, ça fait tomber les barrières des deux côtés, insiste Odile Thibault. Sortir de Garges, c’est aussi important que de sortir de Neuilly ! »

La présence catholique en banlieue

De nombreuses congrégations religieuses sont installées au cœur des quartiers populaires, comme les Fils de la Charité ou les Petites Sœurs de Jésus.

Le Rocher. Des volontaires de l’association emménagent au cœur des cités pour « vivre avec, grandir avec, et bâtir avec les habitants ».

La Jeunesse ouvrière chrétienne. La « JOC » est une association d’éducation populaire pour les 13-30 ans issus du monde ouvrier et des milieux populaires.

« En banlieue, Dieu est à tous les coins de rue »

Le père Patrice Gaudin, prêtre de la paroisse de la cité de Bondy-Nord, en Seine-Saint-Denis célèbre, dimanche 2 juin, 40 baptêmes et 42 premières communions.Sans nier les difficultés, ce prêtre de l’Emmanuel témoigne de la présence toujours active de l’Église catholique dans les quartiers populaires.

a Croix : Vous célébrez 40 baptêmes et 42 premières communions à Bondy-Nord dimanche 2 juin : comment expliquez-vous un tel dynamisme ?


Père Patrice Gaudin : C’est le signe que le message de l’Évangile touche tout le monde. Toutes les nationalités seront représentées. Ici, Dieu fait du bien aux gens. Il rejoint aussi les enfants et les adolescents. Nous appelons largement et concrètement au baptême, avec une annonce explicite de notre foi.

La réforme et l’implication de la paroisse sont centrées autour du catéchisme et de l’aumônerie, où l’on propose des sorties culturelles et spirituelles à Paris notamment. Notre force, c’est que cela repose sur une équipe très impliquée qui habite dans la cité.

Tout cela repose sur des personnes du cru, que l’on forme. La paroisse se prend en main. Et pour rejoindre les gens et faciliter les démarches, nous avons traduit tous les documents liés au baptême en tamoul et en portugais pour les Cap-Verdiens.



Quel est le visage de cette Église des quartiers populaires en Seine-Saint-Denis ?


P. P. G. : D’abord, elle est très jeune à l’image de la population du département. Nous avons parfois une centaine d’enfants à la messe. Les paroissiens viennent de partout dans le monde, ce qui contribue à ce beau visage de l’Église. Une majorité vient des Antilles et d’Afrique francophone (les deux Congo, Cameroun…). Mais, nous accueillons aussi des Cap-Verdiens et une communauté gitane.

Il y a également de plus en plus de Tamouls venus du Sri Lanka. Ils ajoutent une couleur à notre communauté de Bondy et apportent aussi leur manière de vivre. J’essaye que tout le monde se parle. Je trouve formidable de voir ces gens s’accueillir mutuellement. La grande crainte dans les cités, c’est le communautarisme alors nous veillons à ce qu’il n’existe pas au sein de l’Église.

Elle ne vit pas sans difficultés pour autant. Beaucoup ont des vies compliquées. Certains sont pauvres, déracinés, ne parlent pas Français. Mais ces gens ont décidé de vivre ensemble et montrent finalement un visage joyeux. Les paroissiens des Antilles et d’Afrique ont le cœur joyeux même s’ils sont parfois engloutis dans des souffrances de toutes sortes. L’autre grand défi consiste à impliquer les grands jeunes, notamment avec notre projet de patronage, pour qu’ils ne cèdent pas aux nombreuses tentations de la cité.


Quel est la place de Dieu et des religions dans ces cités ?


P. P. G. : Dieu est très présent en banlieue. La plupart des habitants étaient imprégnés de religion dans leur pays d’origine. À Bondy, comme l’ensemble de la Seine Saint Denis, il y a une immense majorité de musulmans. Mais, une belle communauté chrétienne existe également avec de nombreux évangéliques. On retrouve aussi des sikhs, des hindouistes…

Quand ils arrivent ici, ils découvrent un Occident qui met Dieu sous le tapis. Alors que dans les quartiers, on parle de Dieu à tout bout de champs… même si cela n’empêche pas de toutes sortes de trafics. Dieu est extrêmement présent, et ce, à tous les coins de rue. Lorsqu’on est présent sur le terrain, au milieu des gens, comme j’essaye de l’être, ils y sont sensibles. Car, si dans ce genre de quartiers, vous n’êtes pas dehors, il ne va pas se passer grand-chose.

Pétunia a écrit:

Émeutes : l’Église catholique au cœur des quartiers populaires


l’Église catholique tente de maintenir un lien avec les jeunes. 

Consacrées de la communauté Saint-François-Xavier et prêtres de Saint-Martin témoignent d’une présence chrétienne diversifiée.


source : La Croix

La Mission Ouvrière a cette mission de présence au sein des milieux populaire par la présence de:
La JOC, L'ACO, L'ACE, Les prêtre Ouvriers ? Les religieux et religieuses en milieux populaire , et tous chrétiens par leurs activités professionnelles agissent en milieux populaire.
Je connais des cas ou les actions communes entre divers communautés religieuses sont contrée par des musulmans intégriste dans les milieux populaires
Des associations de Quartiers ou chrétiens et musulmans œuvrent ensemble pour le bien des quartier, pour de soutien scolaire, etc. Sont menacées par des hommes en djellaba blanche qui ne souhaitent pas ces activités communes.(Et Oui cela existe en France)

Le racisme est-il unilatéral du chrétien envers les musulmans ou du musulmans envers les chrétiens ou réciproque ?
Qu'attendent les musulmans des chrétiens ?
Qu'attendent les chrétiens des musulmans ?
Que pensons nous de la liberté religieuse en France ?

Il nous faut apprendre voir réapprendre la connaissance de l'autre et le respect réciproque au sein de nos divers communautés !
Sommes nous sur la bonne voie dans nos endroits de Vies communes en 2023 ?

[Je n'entre pas dans le domaine politique]

BERNARD a écrit:

Sommes nous sur la bonne voie dans nos endroits de Vies communes en 2023 ?

Je pense que oui :

- quand je vois les enfants (nous habitons à côté d'une école primaire) sortir ensemble, ils ne font pas de différence entr'eux et l'autre jour,  la petite fille musulmane qui habite en face de chez nous a fêté son anniversaire avec ses copains-copines, sa maman m'avait demandé comment faire et j'ai assisté à la "réception"...

- les jeunes qui vont aux Journées Mondiales des Jeunes à Lisbonne : ils se sont cotisés pour permettre à des copains musulmans d'aller avec eux : j'ai appris cela par mon neveu qui n'est pas baptisé mais participe aux réunions vidéos avec un prêtre du doyenné de jeunes le dimanche soir, depuis le covid. Avant, elles avaient lieu dans un café.

- il faut qu'on se bouge au lieu de critiquer et véhiculer la peur. 

En ce moment, il, y a pas mal de vandalisme (voitures brûlées, portes de garage saccagées, tracts dans les boites aux lettres racistes) et un groupe veut se construire pour faire la police en tant que "voisins vigilants". Personnellement, connaissant certains bonshommes, je ne doute pas de leur "action"... et du coup, ça crée un voisinage malsain et comme nous disons "vigilance pour les "voisins vigilants"...

- les tracts sont dans les mains de la gendarmerie et les gendarmes eux-mêmes sont sceptiques au niveau du bien fondé de ce groupe...

Pétunia a écrit:

En ce moment, il, y a pas mal de vandalisme (voitures brûlées, portes de garage saccagées, tracts dans les boites aux lettres racistes) et un groupe veut se construire pour faire la police en tant que "voisins vigilants". Personnellement, connaissant certains bonshommes, je ne doute pas de leur "action"... et du coup, ça crée un voisinage malsain et comme nous disons "vigilance pour les "voisins vigilants"...

Une loi de 1936 stipule que les milices sont absolument proscrites en France, ce que demandent ces voisins vigilants est interdit et aucune de leurs actions ne seraient légale, c'est ce que je viens d'apprendre sur google.

Cela me paraît prudent il n'y aurait rien de plus facile pour une milice extrémiste de commettre des délits, de les attribuer à la gauche, la droite ou les étrangers et de faire ensuite des expéditions punitives.
Il est essentiel que seule la police d'état puisse agir.

c'est ce que l'on craint...

Mais "voisins vigilants" avec un panneau dans le quartier et l'autorisation du maire : il parait que c'est possible...

Nous suivons cela de très près...


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Pétunia a écrit:

c'est ce que l'on craint...

Mais "voisins vigilants" avec un panneau dans le quartier et l'autorisation du maire : il parait que c'est possible...

Nous suivons cela de très près...


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Voisins vigilants c'est aussi un panneau qui apparait dans les quartiers où il y a eu des cambriolages à répétition, c'est légitime de bien regarder les va-et-vient sans que ce soit une milice.

cailloubleu* a écrit:

Voisins vigilants c'est aussi un panneau qui apparait dans les quartiers où il y a eu des cambriolages à répétition, c'est légitime de bien regarder les va-et-vient sans que ce soit une milice.

 normalement, oui, c'est fait pour cela.

Hier soir, la réunion en mairie s'est très mal passée, le maire a refusé, connaissant le "meneur" !!! et comme son père (au meneur) est employé communal, ça n'a rien arrangé, car il en a profité pour dire tout ce qu'il pensait...

Mon mari est parti avant qu'ils n'en viennent aux mains...

Pétunia a écrit:

cailloubleu* a écrit:

Voisins vigilants c'est aussi un panneau qui apparait dans les quartiers où il y a eu des cambriolages à répétition, c'est légitime de bien regarder les va-et-vient sans que ce soit une milice.

 normalement, oui, c'est fait pour cela.

Hier soir, la réunion en mairie s'est très mal passée, le maire a refusé, connaissant le "meneur" !!! et comme son père (au meneur) est employé communal, ça n'a rien arrangé, car il en a profité pour dire tout ce qu'il pensait...

Mon mari est parti avant qu'ils n'en viennent aux mains...

Ton quartier semble plus chaud que ceux du nord de Marseille chère Pétunia, comme quoi les problèmes sont les mêmes pour tout le monde.

Courage et patience.

Skander a écrit:

Pétunia a écrit:

 normalement, oui, c'est fait pour cela.

Hier soir, la réunion en mairie s'est très mal passée, le maire a refusé, connaissant le "meneur" !!! et comme son père (au meneur) est employé communal, ça n'a rien arrangé, car il en a profité pour dire tout ce qu'il pensait...

Mon mari est parti avant qu'ils n'en viennent aux mains...

Ton quartier semble plus chaud que ceux du nord de Marseille chère Pétunia, comme quoi les problèmes sont les mêmes pour tout le monde.

Courage et patience.

Mon village n'est pas "chaud" : ce sont les "chercheurs de m..." qui fichent la trouille aux autres, alors que les "zétrangers" ne dérangent personne. Je n'oserais même pas copier les tracts que l'on reçoit !!!  

J'ai vu hier que la mosquée avait été saccagée, du moins un carreau cassé malgré les barres de fer posées pour le protéger.

Quant aux jeunes, ils se rassemblent au parking près de chez nous. Ils sont une dizaine (je les vois en ce moment), mais si je sors la poubelle, il y en a toujours un pour proposer de l'amener au container poubelle.

Et ces jeunes dérangent certaines personnes qui appellent les gendarmes : c'est quand je vois le gyrophare que je pense à ma poubelle...   : personne n'est dupe