Au fil des ans, plus de 30 000 colons israéliens, désormais considérés par Washington comme des résidents, se sont installés dans les villages, kibboutzim collectivistes, et le chef-lieu régional Katzrin, créés sur le Golan. Une station de ski a même vu le jour à Névé Ativ sur les pentes du Mont Hermon. Hormis quelques casemates, rien ne rappelle les âpres combats de 1967 et 1973 dans cette région aujourd’hui pastorale et prisée par les touristes, notamment pour ses vins souvent primés à l’étranger.
Un cadeau qui profite à Netanyahou
Il reste que les pays prêts à emboîter le pas à Donald Trump seront sans doute assez rares. Paradoxalement, son initiative repose la question de la présence israélienne sur le Golan, alors qu’elle n’était jusqu’ici pas abordée, vu le chaos en Syrie. Autre paradoxe : l’extrême droite israélienne estime que la déclaration américaine constitue un précédent, et réclame donc l’annexion d’une partie la Cisjordanie.
En fait, le « cadeau » du président américain profite surtout à Benyamin Netanyahou, qui brigue un cinquième mandat au scrutin du 9 avril alors qu’il est impliqué dans une nouvelle et très grave affaire de corruption. Il pourra ainsi conforter son image d’homme « d’État capable d’influencer les grands de la planète ».
À la veille d’une visite triomphale aux États-Unis
Les images de sa réception pour une séance de travail lundi à la Maison-Blanche, puis du dîner de gala qui lui sera offert le lendemain, feront le tour du monde. Et, comme toujours, Netanyahou aura droit mardi aux « standing ovations » durant la réunion annuelle de l’AIPAC (American Israel Public Affairs Committee), le principal lobby juif à Washington.
Le président américain se défend de toute ingérence dans la campagne électorale israélienne. Mais son initiative a de toute évidence été préparée, voire coordonnée avec Benyamin Netanyahou. Elle signifie que Washington réitère son appui à Israël. Ce message s’adresse à la Russie, omnipotente en Syrie, et constitue aussi une mise en garde à l’Iran, ennemi juré d’Israël. Donald Trump vient de faire savoir que les sanctions économiques américaines visant l’Iran seront revues à la hausse.
Benyamin Netanyahou a de son côté fait valoir durant la récente visite à Jérusalem du Secrétaire d’État Mike Pompeo que « si le Golan n’était pas aux mains d’Israël, les Iraniens se trouveraient déjà au bord du Lac de Tibériade » situé en contrebas. Il a ainsi fait allusion aux efforts déployés par l’Iran pour s’installer militairement en Syrie, de concert avec la milice chiite libanaise Hezbollah. L’aviation israélienne a mené des milliers de raids pour déjouer ce projet.