Et qu’est-ce que la peur de la misère sinon la misère elle-même ? La crainte de la soif devant votre puits qui déborde n’est-elle pas déjà une soif inextinguible ?
Il y a ceux qui donnent peu de l’abondance qu’ils possèdent – et ils le donnent pour susciter la gratitude et leur désir secret corrompt leurs dons. Et il y a ceux qui possèdent peu et qui le donnent en entier.
Ceux-là ont foi en la Vie et en la générosité de la Vie, et leur coffre ne se vide jamais. Il y a ceux qui donnent avec joie, et cette joie est leur récompense. Et il y a ceux qui donnent dans la douleur, et cette douleur est leur baptême.
Et il y a ceux qui donnent et qui n’en éprouvent point de douleur, ni ne recherchent la joie, ni ne donnent en ayant conscience de leur vertu. Ils donnent comme, là bas, le myrte exhale son parfum dans l’espace de la vallée.
Par les mains de ceux-là Dieu parle, et du fond de leurs yeux, Il sourit à la terre (…) Tout ce que vous possédez, un jour sera donné ; Donnez donc maintenant, afin que la saison du don soit la vôtre et non celle de vos héritiers.
Vous dites souvent : « Je donnerai, mais seulement à ceux qui le méritent ». Les arbres de vos vergers ne parlent pas ainsi, ni les troupeaux dans vos pâturages. Ils donnent de sorte qu’ils puissent vivre, car pour eux, retenir est périr.
Assurément, celui qui est digne de recevoir ses jours et ses nuits est digne de recevoir tout le reste de vous. Et celui qui mérite de boire à l’océan de la Vie mérite de remplir sa coupe à votre petit ruisseau. »