Il faut situer votre question dans l'histoire de l'église Catholique. Les prises de Tolède et de Palerme, au 11ème siècle, dévoilent un monumental capital de culture, notamment philosophique, et trop d’esprits enthousiastes réclament leur part de « butin » : rien ne peut endiguer, pour l’instant, le transfert des connaissances, entre l'Islam et la Chrétienté, qui s’effectue sous l’œil, attentif, de la Papauté, représentée par les moines de Cluny, omniprésents dans la construction de la nouvelle société espagnole. C'est dans ce contexte que le catholicisme va commencer à prétendre s’affirmer « Lumière » de « La » civilisation. Attitude presque révolutionnaire : depuis Eusèbe, en effet, (4ème siècle), « penser grec, c’était penser mal » et, si les conciles de Nicée et de Constantinople avaient hellénisé le langage de la foi, c’était pour mieux « déshelléniser » son contenu. L’exclusion du modèle néoplatonicien – l’Un, l’Intellect et l’Âme – était, longtemps, demeurée une constante de la pensée ecclésiologique ; l’étude des sciences naturelles, l’objet de ses anathèmes : le rôle, tant vanté, des monastères, au cours du haut Moyen-Age, semble bien plus de l’ordre du confinement que de la diffusion des savoirs antiques. La dialectique entre ces deux attitudes n'a jamais cessé, depuis, de hanter le Vatican...