Les trois mots de la Bible hébraïque qui nous parlent du péché sont : la faute, le tort ou perversité, la transgression ou rébellion. Ils ne sont pas synonymes, et l’examen de ce qui les différencie permet de mettre en lumière la gravité croissante du contenu de chacun de ces trois termes. Ils sont entrés dans la Bible dans cet ordre, montrant ainsi de manière très pédagogique — c’est l’objet de la Bible : enseigner Dieu à l’homme — comment les hommes s’éloignent de plus en plus de Dieu.
Le mot hébreu hata’t (féminin : 291 occurrences) ou héte’ (masculin : 35 occurrences), très rarement hata’h, est le terme le plus communément employé dans la Bible pour désigner un écart de conduite de l’homme par rapport à la volonté divine. Il dérive du verbe hébreu hata’, dont le sens premier est « rater, manquer le but ». Il est le plus souvent traduit par « péché », mais ce mot, trop marqué par le latin chrétien dont il est issu, est aussi employé pour traduire deux autres termes de sens différent, awon et pesha’, qui sont examinés par ailleurs. On préférera donc employer le mot faute, à la fois plus neutre et plus précis, dont le sens, « action de faillir » (du latin fallere : manquer, tomber), correspond mieux à celui de la racine hébraïque : défaillance, échec, faux pas. Cependant, si le sens de la racine constitue une bonne indication, il n’est pas suffisant pour connaître tout le sens du mot dérivé ; celui-ci doit être recherché dans le contexte de son emploi.
Le mot awon (230 occurrences dans la Bible) est issu de la racine awah, qui signifie « agir de manière tordue, avec perversité ». Le mot français « tort » (du latin torquere, tordre) traduit correctement cette notion, qui s’oppose à la conduite droite. À condition, cependant, de ne pas réduire le mot tort au sens (affaibli) qui l’oppose à « raison » dans beaucoup d’expressions courantes. On peut aussi traduire le mot awon par « iniquité » (action qui n’est pas équitable, action injuste), ou par « perversité », conformément à la racine verbale de l’hébreu.
Le mot pesha’ vient du verbe pash’a qui signifie « se rebeller, se révolter ». Il est l’un des trois mots, avec hata’t (faute) et awon (tort), à désigner ce que les traditions religieuses appellent le « péché ». On préfèrera, pour le mot pesha’ comme pour les deux autres, employer un terme plus approprié, ici la transgression, ou la rébellion. Encore convient-il de préciser que le mot « transgression » (sens étymologique : franchir une limite connue) signifie moins, ici, le viol des limites fixées, que la contestation du bien-fondé de ces limites, contestation qui se manifeste par une rébellion. La transgresssion conteste l’autorité du législateur.