"Ce site se veut être un espace de dialogue entre Chrétiens et Musulmans.
Les débats entre Chrétiens ( Catholiques versus Protestants ) comme entre Musulmans ( Sunnites versus Chiites ) ne sont donc pas admis sur nos différents forums.
Il est interdit de contester publiquement la modération sauf par MP
La plupart des guerres sont la faute des religions...
2 participants
Auteur
Message
Invité Invité
Sujet: La plupart des guerres sont la faute des religions... Dim 10 Jan 2016, 21:55
10 janvier 2016
... c'est un [......] que j'ai entendu toute ma vie durant, et que j'ai entendu 3 fois à la radio rien que cette semaine. C'est un [......], tout simplement, ni une vérité arrangé, ni un arrondi, juste du mytho. A moins que l'on s'accorde pour changer les lois mathématiques et que l'on abaisse la notion de majorité à 7%
Cette croyance populaire aux fondements aussi nébuleux que tenaces semble, en fait, absolument et scientifiquement fausse voire, n’ayons pas peur des mots, malhonnête. L’athée qui utilise cet argument n’a en réalité aucune base solide pour son assertion.
cliquez ici pour lire la suite:
Bien qu’il soit clair que certaines guerres eurent comme cause première la religion, la vaste majorité d’entre elles sont, factuellement, non-religieuses (1). Dans le livre de référence « Encyclopedia of Wars » de Charles Phillips et Alan Axelrod (voir aussi une autre « Encyclopedia of Wars » pour des chiffres très similaires), l’on peut constater avec étonnement qu’hors des 1763 guerres recensées, seules 123 revêtent un caractère religieux (pour une liste complète de ces 123 guerres, voir ici aux pages 51 à 53). Sans compter que, comme William T. Cavanaugh le démontre dans son ouvrage « Myth of Religious Violence: Secular Ideology and the Roots of Modern Conflict » (à consulter impérativement – une traduction française existe ici), il n’est pas toujours évident de qualifier des guerres d’exclusivement religieuses puisque de forts intérêts séculiers (économiques et politiques) s’y entremêlent bien souvent voire les chapeautent. Cependant, sans rentrer dans cette vaste question et si l’on s’en tient à ces chiffres, cela constitue donc moins de 7% de toutes les guerres et moins de 2% de toutes les personnes tuées lors des conflits. En outre, lorsque l’on soustrait des guerres « religieuses » celles commises au nom de l’Islam (66), le pourcentage tombe de moitié à 3.23% (majoritairement « chrétiennes » ; bien que j’estime, comme beaucoup, qu’aucune guerre ne devrait se voir associer cet adjectif… Le Christ commandait en tout premier lieu l’amour du prochain, et ce même de l’ennemi et en faisait la base de la reconnaissance du vrai chrétien).
Mis en " spoiler " par CR84, car message introductif trop long.
Sujet: Re: La plupart des guerres sont la faute des religions... Lun 11 Jan 2016, 09:57
† Lucas † a écrit:
... c'est un [......] que j'ai entendu toute ma vie durant, et que j'ai entendu 3 fois à la radio rien que cette semaine. C'est un [......], tout simplement, ni une vérité arrangé, ni un arrondi, juste du mytho. A moins que l'on s'accorde pour changer les lois mathématiques et que l'on abaisse la notion de majorité à 7%
sur les chiffres tu as peut être raison quoique les comparaisons me semblent difficiles.
mais sur le fond, il ne s'agit pas tellement de savoir qui est le pire entre les athées et les croyants mais quand on prétend être LA référence morale, "ordonner le bien et interdire le mal" alors toute guerre "au nom de Dieu" est un scandale. - une guerre pour des divergences de croyances est ce qu'il y a de plus stupide pour un athée - une guerre pour que telle ou telle faction religieuse exerce le pouvoir n'est en rien différente des autres guerres et la religion ne fait que les fanatiser.
Raziel
Sujet: Re: La plupart des guerres sont la faute des religions... Lun 11 Jan 2016, 15:12
Je dois féliciter Lucas pour l'importance de ce topic.
Le livre de Cavanaugh sur le "mythe de la violence religieuse" est un MUST pour toute personne qui cherche la verité au delà des mirages politiques.
C'est très important pour les musulmans, qui se fatiguent jour et nuit à nous expliquer que les guerres sunnites-chiites ne sont pas religieuses. Je ne sais pas trop s'ils ont raison, mais au moins pourront-ils trouver dans ce livre ce qui fait que la "religion", en occident, est constamment accusée de violence. L'incompréhension est à ce point généralisée, que même des humouristes sympatiques comme les Inconnus sont risibles, non pas de leur humour, qui est très bon, mais des présupposés intellectuels qu'ils véhiculent à leur insu.
Pour déconstruire ce mythe inventé au 16° siècle et surtout au 17° siècle par les "Lumières", un certain nombre de faits sont cités.
Faits très nombreux, mais pour que vous , musulmans excédés par le m.ensonge généralisé sur cette affaire, puissiez y voir clair vous-même dans votre religion, j'ai fait un scan d'une chapitre du livre pour vous, avec la reconnaissance des textes automatique, ce qui explique quelques erreurs ci et là.
Que ce passé trouble de l'occident vous éclaire ! Le civil et le religieux n'étaient pas séparés à cette époque, comme dans l'ISLAM aujourdh'ui. Et vous permettre d'avancer avec raison dans la recherche des causes dans le présent trouble du Moyen-Orient en guerre.
Voici le texte (mis en spoiler)
Spoiler:
LE MYTHE DE LA VIOLENCE RELIGIEUSE William Cavanaugh, 2009,
pp. 228-240
Les archives historiques
A. « Les combattants s'affrontèrent en raison de leur différence religieuse. »
Le mythe des guerres de religion est un conte sommaire sur la violence qui a opp?sé des groupes religieux adhérants à des doctrines théologiques différentes. Les archives historiques de ces guerres montrent cependant de multiples exemples où les membres d'une même Eglise s entretuèrent et où les membres d'Églises différent furent alliés.
• S'il y avait vraiment eu une « guerre menée par toutes les confessions entre elles »,on s'attend à ce que cette guerre ait éclaté peu de temps après que l'Europe se. fût divisée entre les factions catholiques et les factions protestantes. Or, entre le moment où Martin Luther cloua ses 95 thèses sur la porte de l'église de Wittenberg en 1517 et le déclenchement de la première « guerre religieuse» ainsi appelée communément, la guerre de Smalkalde de 1546-1547, près de trente années se sont écoulées. Et le catholique Charles Qumt, empereur du Saint Empire romain qui déclencha la guerre de Smalkalde, passa la majeure partie de son temps, durant les dix années qui suivirent l'excommunication de Luther en 1520 à être en guerre, non pas contre les luthériens, mais contre le pape. Comme Richard Dunn le signale, « les soldats de Charles Quint mirent Rome - et non Wittenberg - à sac en 1527 et lorsque la papauté soutint tardivement un programme de réformes, les Habsbourg et les Valois refusèrent tous deux d'avaliser la plupart des textes, en rejetant notamment les décrets du concile de Trente qui empiétaient.sur leur autorité souveraine. » Les guerres des années 1520 s'inscivent dans le conflit continu qui oppose le pape à l'empereur, tous deux voulant diriger l'Italie ainsi que l'Église présente dans les territoires germaniques.
• Les premières décennies qui suivent la Réforme sont marquées par les guerres fréquentes qui opposent les Français catholiques et l'Empereur, lui aussi catholique. Ces guerres commencent en 1521, en 1527, en 1536, en 1542 et en 1552, la plupart d'entre elles durant deux à trois années. Pendant son règne qui dure 41 ans, Charles Quint est en guerre pendant 23 années dont 16 années contre la France. Bien que la plupart de ces guerres aient lieu avant ce que l'on appelle communément les « Guerres de religion », elles s'inscrivent dans le sillage de la Réforme et mettent en évidence le fait que les premières décennies qui suivent « la différence religieuse » en Europe n'ont pas produit de guerres entre confessions. La guerre continuait à reposer sur d'autres facteurs.
• Dans la même veine, la France catholique conclut, à partir de 1525, des alliances fréquentes avec les Turcs musulmans et contre l'empereur Charles Quint catholique.
• Jusqu'à la gûerre de Smalkalde en 1546-1547, les princes protestants du Saint Empire romain soutiennent l'empereur catholique dans ses ·guerres menées contre la France. En 1544, Charles Quint accorde aux princes protestants un large contrôle des églises présentes sur leurs domaines en échange de leur soutien militaire contre la France.
• Lors de la première « guerre religieuse » de Charles Quint contre la Ligue de Smalkalde, un grand nombre de princes protestants importants sont aux côtés de Charles Quint, notamment le duc Maurice de Saxe, le margrave Albrecht-Alcibiade de Brandebourg et le margrave Hans de Küstrin. Le protestant Philippe de Hesse a alors déjà signé un traité soutenant Charles Quint contre la Ligue de Smalkalde; il manquera à sa parole en 1546. Wim Blockmans remarque que « le fait qu'un certain nombre de princes protestants aient rejoint l'armée de Charles Quint montre que ces opérations étaient toutes dues à un opportunisme absolu. »
• La Bavière catholique refuse de combattre pour l'empereur Habsbourg lors de la guerre de Smalkalde bien que cet empire lui fournisse une aide matérielle. La Bavière s'était déjà alliée en 1531 avec plusieurs princes luthériens pour s'opposer à l'élection de Ferdinand en tant que roi des Romains et en 1533, elle rejoint les rangs de' Philippe de Hesse pour rétablir le duc Ulrich, qui est protestant, dans son État du Wurtemberg.
• Les papes furent pareillement changeants. En janvier 1547, le pape Paul III retire brusquement ses forces d'Allemagne, par crainte que les succès militaires de Charles Quint ne le rendent trop puissant. Comme Blockmans le remarque, « le pape pensait que quelques apostats du Nord de l'Allemagne étaient moins dangereux qu'un empereur régnant en souverain ». En 1556-57, le pape Paul IV part en guerre contre un autre monarque Habsbourg, le pieux catholique Philippe II d'Espagne.
• Après s'être allié avec les princes luthériens, le roi de France Henri II qui est catholique, attaque les forces de l'empereur en 1552. Les princes catholiques de l'Empire restent neutres et n'interviennent pas tandis que Charles Quint est défait. Comme Richard Dunn l'observe, «les princes germaniques, qu'ils soient catholiques ou luthériens, se sont en réalité tous ligués contre les Habsbourg. » L'empereur, de ce fait, doit accepter la Paix d'Augsbourg qui garantit aux princes le droit de déterminer l'affiliation ecclésiale de leurs sujets. Dunn constate que la paysannerie et les classes populaires urbaines germaniques « étaient enclines à suivre passivement les ordres donnés dans le domaine religieux et elles passaient du camp luthérien au camp catholique, ou vice versa, selon la demande de leurs maîtres. »
• La plupart des soldats de Charles Quint sont des mercenaires qui sont en grand nombre protestants. Certaines des troupes préférées de Charles Quint sont les Landsknechte (lansquenets) de Haute Germanie qui disposent de soldes relativement importantes mais qui sont de bons combattants même si c'est le luthéranisme qui prévaut parmi eux.
• On suppose habituellement que les Guerres de religion françaises, que l'on situe généralement de 1562 à 1598, ont opposé la minorité huguenote calviniste à la majorité catholique. La réalité est en fait plus complexe. En 1573, le gouverneur de Narbonne, le baron Raymond de Fourquevaux, rapporte au roi Charles IX que les gens croient communément que les guerres ont pour origine la conspiration menée par des nobles, protestants et catholiques, contre des non-nobles. Ces nobles huguenots et catholiques « s'entraident ouvertement et quand l'un des deux groupes tient un agneau, c'est l'autre qui lui tranche la gorge.» D'autres comptes rendus de cette époque confirment que cette vue est alors largement répandue. Bien que l'existence de cette conspiration majeure soit discutable, il y a de nombreux exemples où la noblesse change d'affiliation religieuse par caprice et d'autres où des nobles protestants s'allient à des nobles catholiques.
• Dans les cas où la noblesse protestante s' allie à la noblesse catholique, l'objectif est généralement de faire valoir les anciens droits de leur classe sur les menées centralisatrices de la monarchie. En 1573, le catholique Henri de Turenne, duc de Bouillon, mène les forces huguenotes en Haute-Guyenne et dans le Périgord.
• En 1574, le gouverneur royal catholique du Languedoc, Henri de Montmorerrcy, sieur de Damville, qui avait précédemment combattu les protestants, rejoint les forces de la noblesse huguenote pour soutenir une proposition de constitution antimonarchique. Il dirige les forces militaires opposées à la couronne dans l'Ouest et le Sud de la France, contre les troupes de Jacques de Crussol, duc d'Uzès, un ancien huguenot qui a détruit de nombreuses églises catholiques.
• En 1575, le duc d'Alençon, qui est catholique et qui est aussi le frère du roi Henri Ill, rejoint les huguenots en se rebellant ouvertement contre l'imposition abusive de la monarchie. En 1578, devenu duc d'Anjou, il demande la main d'Élisabeth lm d'Angleterre, qui est une fervente protestante, pour tenter d'établir une alliance franco-anglaise contre l'Espagne.
• Un grand nombre de protestants rejoignent les rangs de l'ultracatholique duc de Guise lors de la guerre de 1579-1580 menée contre la couronne. J.H.M. Salmon remarque que « le mécontentement de la noblesse était si fort et la religion était un facteur déterminant si faible dans leur ralliement qu'un grand nombre de seigneurs huguenots se montrèrent prêts, dans les provinces de l'Est, à se placer sous les bannières de Guise. ».
• En '1583, le protestant Jean Casimir du Palatinat joint ses forces à celles du duc de Lorraine, qui est catholique, contre le roi Henri 111.
• Les Conti et les Soissons, qui appartiennent à la noblesse catholique, servent Condé, qui est protestant, durant les campagnes de 1587.
• La couronne ne rechigne pas à conclure des alliances avec les huguenots lorsque ces dernières servent ses desseins. En 1571, Charles IX s'allie avec les huguenots pour mener une campagne contre les Habsbourg aux Pays-Bas.
• Henry Ill allie ses forces avec celles d'Henri de Navarre, qui est alors protestant, en 1589.
• Les rois catholiques ont aussi conclù des alliances avec les protestants au-delà des frontières de la France. En 1580, le duc d'Anjou offre le soutien de la couronne de France aux rebelles hollandais calvinistes qui s'opposent à l'autorité espagnole. En retour, le duc d'Anjou souhaite devenir souverain des provinces des Pays-Bas dans le cas où la révolte réussirait.
• La flexibilité des affiliations ecclésiales de la noblesse et de la couronne est mise en exergue par Salmon dans le passage suivant: Le glissement du devoir féodal vers le lien de clientèle avait renforcé l'attachement de la noblesse d'épée à ses intérêts particuliers; cette évolution a connu son apogée dans les années qui ont précédé de peu la mort du duc d'Anjou en 1584. L'ambition et l'opportunisme qui prévalaient alors parmi les princes, les puissants et leurs courtisans bafouaient les idéaux religieux. Les politiques huguenots et catholiques avaient coopéré au service du duc d'Anjou aux Pays-Bas, tout comme ils avaient participé à la cour insouciante de Navarre à Nérac. Montpensier, qui fut un pourfendeur zélé d'hérétiques, a déserté le camp de Guise pour prôner la tolérance. Damville a changé d'alliances une fois de plus et il a abandonné l'étroite association qui le liait au gouvernement des Valois pour accomplir un rapprochement [en français dans le texte) avec Navarre. Pour des raisons politiques, Navarre lui-même a résisté à la tentative menée par Épernon pour le convertir une nouvelle fois au catholicisme. Ses conseillers huguenots DuplessisMornay et d'Aubigné ne sont pas les seuls à lui préconiser de tenir ferme puisque son chancelier du Ferrier, qui est catholique, affirme même qu'un nouveau changement de religion de sa part ne lui serait pas bénéfique. Il y a plus surprenant encore avec la tentative menée par Philippe II pour convertir Navarre en vue de faire de lui son allié, tentative qui fut même accompagnée d'une proposition invitant le Bourbon à répudier Marguerite de Valois pour épouser l'Infante.
• La collaboration entre protestants et catholiques issus des classes pauvres est aussi très répandue durant les « Guerres de religion » françaises. Ces derniers s'efforcent surtout de résister par là aux abus de la noblesse et de la couronne. À Agen en 1562, le baron François de Fumel, catholique, interdit à ses paysans huguenots d'accomplir leurs tâches selon la manière calviniste. Ses paysans se révoltent et sont rejoints par quelques centaines de paysans catholiques. Ensemble, ils s'emparent du château de Fumel et ils le décapitent en présence de son épouse. Holt remarque que « l'épisode montre avant tout combien il est difficile de diviser les Français du XVI° siècle en communautés bien définies de protestants et de catholiques selon des lignes doctrinales ou même culturelles ».
• En 1578;les habitants protestants et catholiques de Pont-enRoyans s'allient pour expulser le capitaine Bouvier, protestant, qui a refusé de se soumettre aux termes du traité de Bergerac.
• En 1578-1580, le vaste soulèvement des « Chaperons-sans-cordon » unit catholiques et protestants contre la tentative menée par la couronne pour instituer un troisième recouvrement de l'impôt de la taille en un an. En 1579, une armée composée d'artisans et de paysans catholiques et protestants habitant Romans détruit la forteresse de Châteaudouble et va même jusqu'à s'emparer de Roissas. Ces troupes liguées parcourent la région en occupant des manoirs seigneuriaux. Elles finiront par être cernées et massacrées par les troupes royales en mars 1580.
• En 1579, des paroisses catholiques et protestantes s'allient étroitement lors de la révolte qui frappe le Vivarais en réaction à la violence et à la corruption des classes dirigeantes. Au printemps 1580, le protestant François Barjac mène une troupe unissant des catholiques et des protestants du Vivarais contre les forces stationnées dans la forteresse de Crussol.
• En 1586, des villages catholiques s'allient à des villages protestants lors de l'attaque menée contre Saint-Bertrand-de-Comminges. En 1591, la corporation paysanne de la Campanelle, établie à Comminges, unit des catholiques et des protestants pour combattre la noblesse.·Dans le Haut-Biterrois, une ligue réunissant vingt-quatre villages de protestants et de catholiques se soulève dans les années pour protester contre la levée d'impôts et elle établit un système d'autodéfense ainsi qu'un gouvernement autonome. • En 1593-1594, des paysans protestants et des ·paysans catholiques s'allient au cours de plusieurs dizaines de soulèvements qui ont lieu dans le Sud-Ouest de la France. Certains de ces soulèvements comprennent seulement quelques centaines de paysans mais d'autres en comptent jusqu'à 40 000. La plus célèbre de ces révolte est celle des Croquants dont les statuts stipulaient le respect des différences ecclésiales.
• Si les protestants et les catholiques s'allient souvent dans les guerres civiles françaises de 1562-1598, les catholique se diviserent également entre eux selon deux camps principaux, la Ligue catholique et ceux que l'on appelle souvent les Politique [en français dans le texte], camps qui se trouvent souvent en position d'adversaires lors d'affrontements violents. La reine mère Catherine de Médicis soutient des protestants comme Navarre, Condé et Coligny dans les positions importantes qu'ils occupent afin de contrer la puissance du camp ultra-catholique des Guise. En mai 1588, la Ligue menée par Guise prend Paris aux troupes royales et Henri III fuit la ville. En décembre de cette année, Henri rn fait assassiner le duc et le cardinal de Guise et il conclut un pacte avec le protestant Henri de Navarre pour faire la guerre à la Ligue catholique. Henri Ill lui-même est assassiné en août 1589 par un moine ligueur. Quand Henn de Navarre lui succède sur le trône, les catholiques se scindent alors entre les royalistes qui étaient de son camp, et les ligueurs qui avaient mené une large rébellion militaire contre lui et ses partisans.
• Le mythe des guerres religieuses présente la guerre de Trente Ans comme étant un seul et même conflit opposant protestants et catholiques en Europe. Il y a en effet une tentative menée en 1609 pour étendre l'Union protestante qui a été créée par huit principautés germaniques au sein d'une alliance paneuropéenne. Mais seuls les comtes d'Ottingen et les villes de Strasbourg, Ulm et Nuremberg y répondent favorablement. L'électeur de Saxe, le roi Christian de Danemark et les villes réformées de Suisse - en bref, la majorité des princes et régions protestants - refusent de participer à cette Union protestante. Lorsque les grands propriétaires protestants de Bohême se rebellent contre l'empereur Ferdinand II lors d'une action qui marque le début de la guerre de Trente Ans, ils offrent la couronne de Bohême à Frédéric V du Palatinat, l'un des fondateurs de l'Union protestante. Les autres membres de cette Union refusent cependant de le soutenir et l'Union se disloque deux ans plus tard.
• L'Union protestante suscite le soutien de certains catholiques. En France, Henri IV, alors catholique, envoie des troupes pour soutenir l'intervention de l'Union protestante lors des conflits de succession à Julièrs-Clèves en 1610 mais il pose comme condition à son soutien la rupture par l'Union de tous ses contacts avec les huguenots français. Le prince Charles-Emmanuel I° de Savoie, qui est catholique, conclut une alliance avec l'Union protestante en 1619 du fait que les Habsbourg, régnant en Autriche, n'ont pas réussi à résoudre la crise de succession à Monferrato d'une manière favorable pour ses intérêts. Lorsque les protestants de Bohême sont défaits à la bataille de la Montagne Blanche, Charles-Emmanuel reporte son soutien sur les Habsbourg.
• L'électeur luthérien Jean-Georges de Saxe, aide l'empereur Ferdinand II à reconquérir la Bohème en échange de la province Habsbourg de Lausitz. En 1626, l'électeur de Saxe publie un long argument dans lequel il essaie de persuader ses congénères protestants de soutenir l'empereur catholique. Selon Jean-Georges, l'empereur mène une juste guerre contre des rebelles, et non une croisade contre des protestants. Ce que l'empereur accomplit en Bohême et en Autriche est déduit du principe cuius regio, eius religio. Ceux qui s'opposent à l'empereur sont coupables de trahison. L'électeur de Saxe cite même l'admonestation de Luther exhortant à obéir aux autorités constituées. Jean-Georges unira par la suite sa destinée aux Suédois contre l'empereur.
• La France catholique soutient les princes protestants dès les débuts de la guerre. Elle soutient les Grisons protestants contre. les Habsbourg en Suisse en 1623. En 1624, le ministre des Affaires étrangères Charles de La Vieuville conclut des alliances et fait des promesses d'aide aux Hollandais et à de nombreux princes protestants germaniques. Il ouvre aussi des negociations avec l Angleterre pour remettre Frédéric sur le trône de Bohême.
• La même année, le cardinal de Richelieu remplace La Vieuville quelques semaines plus tard et il sollicite l'aide de l'Angleterre et des Pays-Bas dans la répression qu'il mène contre les huguenots. Lorsque que cette aide n'est pas accordée par l'Angleterre, Richelieu abandonne ses projets d'alliances avec elle tandis que les Hollandais envoient une flotte pour aider à vaincre les huguenots lors du Siège de La Rochelle en 1628.
• Pendant que les Hollandais calvinistes aident la couronne de France à battre d'autres calvinistes à La Rochelle, l'Espagne catholique soutient le duc de Rohan, qui est protestant, dans la bataille qu il mène contre la couronne de France dans le Languedoc.
• Le principal conseiller de l'électeur de Brandebourg, GeorgesGuillaume, qui est calviniste, est le comte Adam de Schwarzenberg, qui est catholique.
• L'un des commandants en chef de l'armée impériale menée par Albrecht von Wallenstein est un luthérien du nom de Hans-Georg von Arnim. L'historien R. Po-Chia Hsia remarque que « pour construire la plus grande et la plus puissante armée d'Europe, Wallenstein a utilisé les talents militaires indépendamment de leurs appartenances confessionnelles »
• Les fantassins de Wallenstein comprennent de nombreux protestants et notamment, ironie de l'histoire, ceux qui fuient devant l'imposition de l'autorité catholique dans leurs territoires d'appartenance. En avril 1633, par exemple, Wallenstein est rejoint par un grand nombre de recrues protestantes fuyant l'Autriche où l'empreur Ferdinand suit une politique étendant la présence du catholicisme.
• Des armées mercenaires privées, aux fidélités changeantes, contribuent à prolonger la guerre de Cent Ans. Ces mercenaires vendent les services de leurs armées au plus offrant. Ernst von Mansfield travaille d'abord pour les Espagnols catholiques puis pour Frédéric V, qui est luthérien, et il change ensuite de camp plusieurs fois encore. Les Écossais et les Anglais, qui sont protestants, servent en tant qu'officiers dans les armées catholiques, en particulier en France. Certains, comme le capitaine Sidnam Poyntz changent de camp plusieurs fois. Sir James Turner a reconnu qu'il « avait absorbé en Germanie, sans la mâcher, une maxime très dangereuse que les militaires suivent trop fidèlement dans ce pays, maxime selon laquelle peu importe le maître que nous servons si nous le servons honnêtement. »
• Le roi Güstave Adolphe de Suède est parfois présenté comme étant le champion de la cause protestante lors de son entrée en guerre ·en 1630. Or il eut des difficultés à se faire des alliés parmi les protestants .. ' Lorsque les troupes suédoises parviennent en Germanie, leur seul allié dans l'empire est la ville de Stralsund. Au cours des mois qui suivent, les Suédois ne rallient à leur cause que quelques petites principautés. La plus puissante parmi les diètes impériales protestantes considère l'invasion suédoise comme une menace. Les princes et cités protestants se réunissent à la Convention de Leipzig de février à avril1631 en vue de former un troisième parti indépendant du contrôle suédois et impérial. Après les premières victoires suédoises de 1631, cependant, de nombreux territoires auparavant neutres sont forcés de rallier les Suédois. Lorsque les troupes suédoises sont à l'approche en octobre 1631, le margrave Christian de Brandebourg-Kulmbach, qui avait jusque-là évité tout engagement militaire, jure allégeance à Gustave et accepte de fournir un cantonnement et des moyens à ses troupes. Les habitants de la région subissent de nombreuses afflictions en raison de la présence de ces troupes suédoises. Lorsque les paysans luthériens tentent de chasser les Suédois en novembre 1632, ils sont massacrés.
• En France, le cardinal de Richelieu signe un traité avec la Suède en janTier 1631, traité par lequel la France accepte de participer amplement à l'effort de guerre suédois. Le cardinal de Richelieu conclut également un pacte avec la principauté protestante de Hesse-Kassel. Les Français commencent à envoyer des troupes pour combattre les forces impériales pendant l'hiver 1634-1635 et la deuxième moitié de la guerre de Trente Ans est essentiellement un affrontement entre, d'un côté, la France catholique, et, de l'autre, les Habsbourg catholiques.
• En mars 1635, les troupes de l'Espagne ardemment catholique attaquent Trèves et enlèvent l'évêque électeur catholique. La France, qui est catholique, déclare par suite la guerre à l'Espagne catholique.
• En mai 1635, les principautés protestantes du Brandebourg et de Saxe se réconcilient avec l'empereur lors de la paix de Prague. Par cette paix, non seulement les hostilités cessent entre les deux parties mais les armées des principautés protestantes sont de plus absorbées dans les armées impériales. En l'espacè de quelques mois, la plupart des États luthériens signent la paix avec l'empereur selon les mêmes termes avant de concentrer leurs efforts contre les Suédois. Dès 1638, l'Écossais presbytérien Robert Baillie pouvait observer que « pour les Suédois, je ne leur vois pas d'autre mission en ce moment en Allemagne que celle de faire couler le sang protestant. »
• De son côté, le pape refuse de soutenir l'empereur du Saint Empire romain et donne son consentement à l'alliance franco-suédoise. L'intérêt principal du pape Urbain VIII est d'affaiblir le pouvoir des Habsbourg sur les États papaux du centre de l'Italie.
• En 1643, la Suède luthérienne attaque le Danemark, lui aussi luthérien. Le roi Christian rv harcelait depuis un long moment la flotte suédoise présente dans la Baltique tout en accordant l'asile aux ennemis politiques de la Suède. Lorsque la nouvelle parvient à Stockholm que le Danemark est en train de négocier une alliance avec l'empereur, la Suède décide de mener une offensive préventive. Le conflit dure deux années. Malgré l'aide de l'empereur catholique, le Danemark est vaincu et forcé de solliciter la paix.
• Il serait difficile de dresser une liste comparable à celle figurant ci-dessus pour la guerre civile d'Angleterre, en raison notamment du fait que les principaux adversaires -les puritains et les partisans de l'archevêque Laud- constituaient des factions au sein même de l'Église anglicane. Les presbytériens écossais entrent en lice du côté des puritains. Les catholiques irlandais soutiennent les presbytériens écossais dans le but d'affaiblir la monarchie.
• Si les exemples de conflit ci-dessus - dans lesquels les membres d'une même Église se combattent et les membres d'Églises différentes s'allient - ébranlent le récit mythique courant sur les guerres de religion, l'absence de guerre entre les luthériens et les calvinistes trouble aussi de son côté cette version courante. Si la différence théologique conduit à « une guerre que mènent entre elles toutes les confessions », nous devrions trouver des cas de guerres entre luthériens et calvinistes; or, dans la réalité, nous n'en trouvons aucune. Bien qu'il y eût des tensïons internes dans certaines principautés entre princes luthériens et membres de la noblesse calviniste, ou entre des princes calvinistes eJ des membres de la noblesse luthérienne, 166 nul prince luthérien ne mena jamais de guerre contre un prince calviniste. L'absence de ce type de guerre ne peut être attribuée aux ressemblances existant entre le luthéranisme et le calvinisme. il y avait suffisamment de différences théologiques pour alimenter de façon permanente la division qui opposait ces deux branches de la Réforme. Ces différences étaient d'ailleurs suffisamment grandes pour engendrer, de façon sporadique, des tentatives menées par les autorités civiles pour mettre en oeuvre une uniformité doctrinale. Dans les décennies qui ont suivi la mort de Philippe Melanchton en 1560, certains s'efforcèrent d'extirper « les crypto -calvinistes » des rangs du luthéranisme. Le recteur de l'université de Wittenberg, Caspar Peucer, fut emprisonné sous l'accusation de crypto-calvinisme de 1574 à 1586 ; Nicolas Krell fut exécuté pour cause de crypto-calvinisme en 1601 à Dresde. Parmi les luthériens, de nombreux crypta-calvinistes furent forcés de s'installer dans des régions plus accueillantes envers le calvinisme telles que la Hesse-Kassel. 167 Cependant, le fait que des tensions luthériennes-calvinistes ne jouèrent aucun rôle dans les « Guerres de religion » indiquent pour le moins que les différences théologiques importantes qui étaient présentes dans la sphère publique n'ont pas nécessairement engendré de guerre aux XVI' et XVII° siècles en'· Europe. Il n'y a tout simplement pas eu de « guerre menée entre elles par toutes les confessions».
Cette longue liste est, c'est quasiment certain, incomplète. Elle est composée à partir de certains récits historiques courants des « Guerres de religion ». Il ne fait aucun doute qu'un historien professionnel de cette période pourrait ajouter de nouveaux exemples de conflits entre les membres d'une même Église, et aussi d'alliances conclues en temps de guerre par les membres d'Églises différentes. Cependant, nous pourrions indubitablement aussi dresser une liste encore plus longue d'actes de guerre ayant eu lieu entre catholiques et protestants aux xvi et XVII siècles. Néanmoins, nous devons pour le moins remarquer, à ce stade, que la première composante (A) du mythe doit être significativement nuancée par tous les exemples ci-dessus dans lesquelles elle n'est pas valable. Comme nous le verrons par la suite, une fois que nous considérons les implications de la liste ci-dessus, les problèmes surgissent aussi autour des autres caractéristiques du mythe.
Extrait de la conclusion :
Cette longue liste est, c'est quasiment certain, incomplète. Elle est composée à partir de certains récits historiques courants des « Guerres de religion ». Il ne fait aucun doute qu'un historien professionnel de cette période pourrait ajouter de nouveaux exemples de conflits entre les membres d'une même Église, et aussi d'alliances conclues en temps de guerre par les membres d'Églises différentes. Cependant, nous pourrions indubitablement aussi dresser une liste encore plus longue d'actes de guerre ayant eu lieu entre catholiques et protestants aux xvi et XVII siècles. Néanmoins, nous devons pour le moins remarquer, à ce stade, que la première composante (A) du mythe doit être significativement nuancée par tous les exemples ci-dessus dans lesquelles elle n'est pas valable. Comme nous le verrons par la suite, une fois que nous considérons les implications de la liste ci-dessus, les problèmes surgissent aussi autour des autres caractéristiques du mythe.
Invité Invité
Sujet: Re: La plupart des guerres sont la faute des religions... Lun 11 Jan 2016, 21:15
Merci Raziel. Ça fait effectivement assez longtemps que les croyants se font accuser de porter la responsabilité de tous les maux du monde, les gens doivent savoir les mensonges qu'on leur a appris
Raziel
Sujet: Re: La plupart des guerres sont la faute des religions... Mar 12 Jan 2016, 20:51
† Lucas † a écrit:
Merci Raziel. Ça fait effectivement assez longtemps que les croyants se font accuser de porter la responsabilité de tous les maux du monde, les gens doivent savoir les mensonges qu'on leur a appris
J'ai essayé de nombreuses fois d'éclairer les gens du forum contre les dangers des dérives sémantiques. C'est ce qui est arrivé au mot religion aussi.
Ce n'est pas vraiment du m.e,nsonge, c'est plutôt des concepts mal emboutis.
Rajoute un sous-titre à ton Post : "Musulmans : pourquoi accuse-t-on les religions en occident ?
Invité Invité
Sujet: Re: La plupart des guerres sont la faute des religions... Mer 13 Jan 2016, 07:06
Je ne sais pas comment éditer ça. Il faut dire que si les gens passaient plus de temps a lire qu'a regarder la télé, on n'en serait pas là...
Raziel
Sujet: Re: La plupart des guerres sont la faute des religions... Dim 17 Jan 2016, 13:15
† Lucas † a écrit:
Je ne sais pas comment éditer ça. Il faut dire que si les gens passaient plus de temps a lire qu'a regarder la télé, on n'en serait pas là...
Le livre 'Le mythe de la violence religieuse" est un must pour tout musulman qui veut comprendre pourquoi les occidentaux voient dans la religion du source de violence.
Ce mythe est clairement démontré, et il continue d'inspirer tous les journalistes et humouristes (sauf Dieudonné bizarrement)depuis des dizaines d'années
Voilà ce que donne ce mythe une fois implanté dans des humouristes, (néanmoins excellents sur la forme) :
Au delà de cet humour, on lit bien que la pensée de l'occidental moyen est un sentiment orgueilleux de supériorité de l'occident ex-chrétien sur les "sauvages" musulmans.
Contenu sponsorisé
Sujet: Re: La plupart des guerres sont la faute des religions...
La plupart des guerres sont la faute des religions...
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum