13.12.2015
Les tyrans eux-mêmes trouvaient étrange que les hommes souffrissent qu’un autre les maltraitât,
C’est pourquoi ils se couvraient volontiers du manteau de la religion
Et s’affublaient autant que faire se peut des oripeaux de la divinité pour cautionner leur méchante vie.
Ainsi Salmonée, pour s’être moqué du peuple en faisant son Jupiter,
se trouve maintenant au fin fond de l’enfer, selon là sibylle de Virgile, qui l’y a vu :
« Là, des fils d’Aloüs gisent les corps énormes,
Ceux qui, fendant les airs de leurs têtes difformes
Osérent attenter aux demeures des Dieux,
Et du trône éternel chasser le Roi des cieux.
Là, j’ai vu de ces dieux le rival sacrilège,
Qui du foudre usurpant le divin privilège
Pour arracher au peuple un criminel encens
De quatre fiers coursiers aux pieds retentissants
Attelant un vain char dans l’Élide tremblante
Une torche à h main y semait l’épouvante :
Insensé qui, du ciel prétendu souverain,
Par le bruit de son char et de son pont d’airain
Du tonnerre imitait le bruit inimitable !
Mais Jupiter lança le foudre véritable
Et renversa, couvert d’un tourbillon de feu,
Le char et les coursiers et la foudre et le Dieu :
Son triomphe fut court, sa peine est éternelle. »
Si celui qui voulut simplement faire l’idiot se trouve là-bas si bien traité,
Je pense que ceux qui ont abusé de la religion pour mal faire s’y trouveront encore à meilleure enseigne.