" Un vieillard avait un fils beau comme la lune, avec de surcroit d’excellente disposions et de nombreux talents.
Son père le chérissait comme son âme et fondait sur lui de grands espoirs.
Or cet enfant mourut soudain, bouleversant l’âme du père.
J'aurais tort de dire qu'un cœur se consuma pour lui, car cent se consumèrent.
Le père s’en fut la conscience égarée à la recherche d'un cercueil,marchant tout hébété.
Après avoir répandu de la poussière sur sa tête et poussé maints gémissements , il leva ses regards vers le ciel et dit , le cœur plein de douleur :
"O Toi, qui es au-dessus des liens de parenté, Tu es excusable car tu n'as jamais eu d'enfant.
Tu ne peux connaitre ma douleur, car tu es au dessus du malheur qu'est la perte d'un fils.
N'était Ton absolue transcendance, Tu eusses écouté l'histoire de la Maison des Douleurs
Ici-bas le fils est destiné au puits et au cachot, et le père à la Maison des Douleurs *
Certes si comme Toi l'homme n'avait pas connu le parenté il n'eut pu engendrer son pareil.
*"La Maison des Douleurs" est la pièce dans laquelle Jacob, ayant appris la nouvelle erronée de la mort de Joseph, s'enferma inconsolable pour s'adonner aux larmes
Faridin ATTAR Le Livre divin (troisième chant)