Les trois épreuves de Moïse ...

03/12/2016.

Le Coran rapporte la rencontre de Moïse avec un personnage étonnant dont la nature réelle continue aujourd'hui de faire débat chez les Ulémas, al Khidr, le Verdoyant.

Certains le considère comme un prophète et d'autres comme un saint et un sage. Comme le Coran n'a rien dit à ce sujet, la divergence d'opinion est autorisée.

Moïse voulait savoir si quelqu'un d'autre que lui avait plus de science, étant donné qu'il était le prophète de son temps. Dieu lui a indiqué un chemin à suivre pour rencontrer al Khidr.

Quand il rencontre al Khidr après un voyage éprouvant, Moïse lui demande la permission de rester avec lui pour apprendre de sa science.

"Ils rencontrèrent un de Nos serviteurs qui avait été touché par Notre grâce et à qui Nous avions enseigné une science émanant de Notre part.

Moïse lui dit : "Puis-je te suivre pour que tu m'enseignes un peu de la sagesse à laquelle tu as été initié ?"" Coran 18 : 65-66.

Cette seule demande de Moïse est déjà une leçon de politesse et de respect que l'on doit à quelqu'un à qui on demande du savoir. Moïse est un prophète, le plus grand de son époque. Il a guidé tout un peuple hors de l'Egypte après avoir tenu tête à Pharaon, le pire tyran de son époque, mais il adopte la position humble du disciple pour recevoir l'enseignement de certaines sagesses.

À lui seul ce passage est une leçon dont beaucoup de nos jours devraient s'inspirer quand ils posent des questions à leurs aînés. Passons...

Skander a écrit:

03/12/2016.

Le Coran rapporte la rencontre de Moïse avec un personnage étonnant dont la nature réelle continue aujourd'hui de faire débat chez les Ulémas, al Khidr, le Verdoyant.

Voici la réponse que fait al Khidr à Moïse, elle aussi est une leçon de sagesse.

"Tu n'auras jamais assez de patience pour rester en ma compagnie,
car comment pourrais-tu assister à des choses dont tu ne saisirais pas le sens ? Coran 18 : 67-68

Moïse est prévenu qu'il va assister à des événements auxquels il n'est pas préparé. Pour comprendre cela, il faut se souvenir que Dieu a parlé à Moïse devant un buisson ardent, qu'il a déjoué les artifices des magiciens de Pharaon, qu'il a été témoin des plaies d'Egypte, qu'Il a traversé la mer Rouge à pieds à la tête des douze tribus d'Israël, qu'il a encore reçu la Thora de Dieu Lui-même.

Qu'est-ce qui pourrait encore l'étonner venant d'un homme comme lui ? Mais l'orgueil n'est pas l'apanage de Moïse et il veut apprendre, il dit alors ...

"Tu me trouveras si Dieu le veut toujours patient et je ne te désobéirais pas." Coran 18 : 69.

Al Khidr met une condition pour que Moïse reste avec lui, il dit...

"Et bien si tu me suis, ne m'interroges sur rien. Attends que je t'en parle le premier." Coran 18 ; 70.

La première épreuve va vite commencer pour Moïse, et il va oublier de patienter comme il l'avait promis devant le geste inattendu d'al Khidr.

"Ils partirent tous les deux et montèrent sur un bateau sur lequel le personnage fit un trou.
Moïse dit "Pourquoi as-tu fais un trou ? Est-ce pour noyer les gens ? Vraiment, c'est une mauvaise action que tu viens de commettre !" Coran 18 : 71.

La réponse d'al Khidr vient lui rappeler sa promesse...

"Ne t'avais-je pas dit que tu n'aurais pas assez de patience pour rester avec moi ?" Coran 18 : 72.

Contre toute attente, Moïse a été étonné de ce qu'il a vu et il n'a pu s'empêcher de réagir malgré sa promesse de patienter. Il s'attendait certainement à voir des choses extraordinaires avec al Khidr, mais pas d'assister à ce qui s'apparentait à un vulgaire acte de vandalisme.

Ce que Moïse devait apprendre, c'est qu'il était un savant de la jurisprudence religieuse et qu'al Khidr était un savant de la sagesse acquise par inspiration divine.

Al Khidr n'a encore rien dit de son geste, il ne le fera qu'à la fin de la troisième épreuve. Mais voici la réponse  qu'il fera ...

"Pour ce qui est de la barque, elle appartenait à de pauvres pêcheurs qui travaillaient en mer.
J'ai voulu la rendre défectueuse car il y avait un roi qui confisquait tous les bateaux pour aller à la guerre. " Coran 18 : 79.

Ainsi, le trou pratiqué par al Khidr allait permettre à ces pauvres gens de garder le seul bien qu'ils possédaient pour subsister en empêchant les gens du roi de s'en emparer. Ils pourraient le réparer et continuer à l'utiliser. Entre deux maux, al Khidr avait choisi le moins pire et sauvé une famille de la misère.

Mais le plus étrange dans cette première épreuve est qu'elle est en parallèle avec l'histoire de Moïse.

Quand les soldats de Pharaon ont massacré les enfants mâles qui étaient nés dans l'année, la mère de Moïse l'a mis dans un panier qu'elle a déposé sur le Nil.

C'était un geste qui s'apparentait à de la folie mais elle agissait sous le coup d'une inspiration divine. Le Nil est un fleuve large avec des courants dangereux, des crocodiles et d'autres dangers. Moïse ne s'est pas souvenu que sa mère avait elle aussi agit d'une façon apparemment incohérente et que pourtant son geste lui avait sauvé la vie, tout comme celui d'al Khidr avait sauvé la famille de pêcheurs.

Et tout comme son périple sur un fleuve, l'épreuve avec al Khidr s'est déroulée sur l'eau.

On verra qu'il en va de même avec les deux autres épreuves et qu'elles sont elles aussi en parallèle avec la vie passée de Moïse.

Skander a écrit:

On verra qu'il en va de même avec les deux autres épreuves et qu'elles sont elles aussi en parallèle avec la vie passée de Moïse.

Après l'histoire du bateau Moïse et Al Khidr reprirent leur chemin. Voici la deuxième épreuve.

"Puis ils partirent tous deux et quand ils eurent rencontré un jeune homme, Al Khidr le tua.
Alors Moïse lui dit; "As-tu tué un être innocent qui n'a fait de mal à personne ? Tu as commis vraiment une chose affreuse !" Coran 18 : 74.

Moïse venait d'oublier une nouvelle fois sa promesse de ne rien dire, tellement la chose était choquante. Il ne s'attendait pas à ce genre d'épreuve. Al Khidr lui rappelle sa promesse...

"Il dit ; "Ne t'ai-je pas dit que tu n'aurais pas assez de patience pour rester avec moi ?" Coran 18 : 75.

L'épreuve est encore plus difficile à supporte que la première car il ne s'agit plus d'un trou fait sur un bateau qui est réparable, mais bien d'une mise à mort implacable qui n'a laissé aucune chance de survie au jeune homme.

Et surtout n'oublions pas que Moïse ignore encore la raison pour laquelle Al Khidr a fait un trou dans le bateau, pour le moment il est en compagnie d'un homme qui vandalise et qui tue sans qu'il ne connaisse encore la signification de tels actes et n'était-ce la parole de Dieu qui lui avait annoncé que cet homme possédait une science que lui n'avait pas il ne l'aurait pas suivi.

La vérité est que le jeune homme était un être mécréant et brutal qui tyrannisait ses parents qui eux étaient des gens aimant et pieux.

Dieu a inspiré à Al Khidr son geste pour que ce jeune  homme ne finisse par entraîner ses parents dans la mécréance à cause de leur amour pour lui.

Ainsi Moïse a oublié que lui aussi a tué un homme en Egypte...

"Il entra dans la ville à un moment d'inattention de ses habitants. Il y trouva deux hommes qui se battaient, l'un était de ses partisans et l'autre de ses adversaires. L'homme de son parti l'appela contre son ennemi, Moïse lui porta un coup qui le tua. Coran 28 : 15.

Moïse reconnut qu'il avait commis un crime et jura de ne jamais soutenir les criminels.

Le lendemain la même scène se reproduisit avec l'homme de la veille qui était un disputeur déclaré et qui l'appela à l'aide de nouveau. Oubliant sa promesse Moïse vint à son aide.

"Quand il voulut porter un coup à leur ennemi commun, il dit "Ô Moïse, veux-tu me tuer comme tu as tué un homme hier ? Tu veux être un tyran sur terre et tu ne veux pas être parmi les bienfaiteurs ?" Coran 28 : 19.

Moïse comprit alors son erreur d'avoir aidé un homme injuste à cause d'un lien partisan et il quitta la ville pour se diriger vers le pays de Madian, vers son destin de prophète.

La mort du jeune homme fut un bien pour ses parents car Dieu leur donna plus tard une fille, une enfant pieuse et pure qui donnera naissance à une génération de prophètes.

Maintenant Moïse et Al Khidr se dirigent vers un village où va avoir lieu la troisième épreuve, toujours en parallèle avec la vie de Moïse.

Skander a écrit:

On verra qu'il en va de même avec les deux autres épreuves et qu'elles sont elles aussi en parallèle avec la vie passée de Moïse.

BarakAllahufik cher Skander pour ton exposé et ton interprétation.

J'ai souvent médité sur cette histoire.

J'attend avec impatience l'analogie avec la vie passée pour la troisième épreuve (le mur de pierres)...

Skander a écrit:

Maintenant Moïse et Al Khidr se dirigent vers un village où va avoir lieu la troisième épreuve, toujours en parallèle avec la vie de Moïse.

Skander a écrit:

Maintenant Moïse et Al Khidr se dirigent vers un village où va avoir lieu la troisième épreuve, toujours en parallèle avec la vie de Moïse.

"Puis ils se remirent en route. Arrivés près d'un village ils demandèrent l'hospitalité aux habitants, qui la leur refusèrent..." Coran 18 : 77.

Refuser l'hospitalité à des voyageurs est une marque d'égoïsme et d'avarice qui caractérise la mauvaise éducation des habitants de l'agglomération. Le Coran précise que c'est à ses habitants que l'hospitalité a été demandé, pas à une seule personne qui aurait pu en ressentir de la gène à cause de sa pauvreté. Et les habitants ont tous refusés un peu de nourriture, ce qui pourtant ne les aurait guère gênés.

"Ensuite, ils trouvèrent un mur qui voulait s'écrouler. L'homme le redressa.
Alors Moïse dit : "Si tu voulais, tu prendrais un salaire pour ce travail !"..." Coran 18 : 77

Moïse n'a rien dit d'inconvenant, il a seulement oublié la promesse de ne rien dire avant qu'Al Khidr ne l'informe lui-même sur ses actes. Il est à noter aussi que contrairement aux épreuves précédentes, Al Khidr ne s'est pas livré à un acte apparemment blâmable, au contraire il a réparé un mur sur le point de tomber.

C'est pourtant cela qui va provoquer leur séparation.

""C'est la séparation entre toi et moi" dit l'homme. "Je vais t'apprendre l'interprétation de ce que tu n'as pu supporter avec patience."" Coran 18 : 78.

Al Khidr explique alors à Moïse les actes mystérieux à propos du bateau et du jeune homme, comme expliqué précédemment, puis il en vient au mur ...

"Et quand au mur, il appartenait à deux garçons orphelins de la ville et il y avait dessous un trésor leur appartenant, cependant que leur père était un homme de bien.
Ton Seigneur a donc voulu que tous deux atteignent leurs pleines forces et qu'ils exhument leur trésor." Coran 18 : 82.

L'acte n'était pas anodin et il cachait une grande sagesse car demander un salaire pour avoir réparé le mur aurait attiré l'attention sur celui-ci, ce qu'il fallait éviter.

De plus, en oubliant de garder le silence, Moïse a oublié que lui aussi a autrefois rendu service sans rien demander en retour alors qu'il avait fuit l'Egypte et qu'il était un fugitif démuni de tout.

"Quand Moïse arriva au point d'eau de Mad'yan, il y trouva un attroupement de gens. Il y trouva aussi deux femmes qui se tenaient à l'écart en retenant leurs bêtes.
Il leur dit :  "Que faites-vous ici ?"
Elles répondirent : "Nous ne pouvons abreuver nos bêtes qu'après le départ de ces bergers. Notre père est fort âgé."
Alors il abreuva les bêtes pour elles, puis il se retira à l'ombre et dit : "Seigneur ! J'ai grand besoin de tout le bien que Tu pourrais faire descendre sur moi." Coran 28 : 22-24.

Après avoir donné les explications de ses actions Al Khidr a conclu avec ceci ...

"Car je ne l'ai pas fait de mon propre commandement. Voilà ce que tu n'as pas pu endurer avec patience." Coran 18 : 82.

Ce que fait un envoyé de Dieu n'est pas toujours compréhensible, le croyant doit accepter et supporter avec patience ce qu'il ne comprend pas de prime abord, les réponses viendront en leur temps.

Le Prophète Mohammed a dit " On aurait aimé que Moïse soit plus patient, pour que Dieu nous transmette encore plus de leur affaire." Rapporté par Boukhary.

Ces 3 épreuves qu on peut aussi les prendre pour une parabole ont un rapport avec les signes avant l'heure et l'antechrist