| | La philosophie "dans la vie". | |
| | Auteur | Message |
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Jacques2008
| Sujet: La philosophie "dans la vie". Dim 07 Aoû 2016, 15:17 | |
| 07.08.2016
Une personne aujourd'hui dit :
"Est ce que le but de la vie c est d amasser de l argent? profiter des plaisirs que l'on peut se procurer? est ce qu'il faut rendre un culte a dieu? j ai ce sentiment que l âme est éternelle, ou va t elle partir après la mort du corps physique? le paradis et l enfer existent ils?
j ai réfléchi et j en suis arrivée a la conclusion que le monde est vaste, il existe tellement de paysages différents, tellement d animaux différents, tellement de cultures différentes, tellement d ethnies différentes , tellement de gens différents, il n y a pas deux personnes qui se ressemblent sur terre, même les vrais jumeaux ont des différences, sans parler de tous ceux qui ont vécu a d autres époques et qui sont morts
Qui a crée tout ca? j ai de plus en plus de mal a croire que cela vient du hasard, il y a forcement une intelligence hautement superieure a nous qui est à l origine de tout, j en suis convaincue." |
| | | sandrine13012
| Sujet: Re: La philosophie "dans la vie". Dim 07 Aoû 2016, 15:28 | |
| mais c est moi qui ait dit ca |
| | | Cyril 84 Moderateur
| Sujet: Re: La philosophie "dans la vie". Dim 07 Aoû 2016, 15:51 | |
| - sandrine13012 a écrit:
- mais c est moi qui ait dit ca
Justement chère Sandrine, c'est un honneur pour toi, tu es l'inspiratrice d'un nouveau sujet... |
| | | Jacques2008
| Sujet: Re: La philosophie "dans la vie". Dim 07 Aoû 2016, 17:00 | |
| Oui Sandrine, et la première question que tu as émise, le but dans la vie, amasser de l'argent ?
Déjà je dirais non, l'argent bien entendu sert à vivre, nous procure l'aisance matérielle.
Mais amasser servirait à quoi à part remplir des comptes bancaires qui, au bout du compte, resteront à des bénéficiaires, lesquels n'ont pas transpiré pour le gagner et à leur tour, avec cette manne qui leur tombe, n'auront pas à travailler peut être, et ne connaitront pas les avantages que procure une vie de labeur où la satiété, la satisfaction du travail accompli donne et procure du bonheur aussi, si tant est que le travail choisi est conciliable avec passion, mais même si un travail n'est pas passionnant, il est instructif.
Je ne suis pas pour le lègue si les enfants profitent de l'argent sans avoir à travailler, mais je suis pour le lègue pour donner "un pain et un couteau" pour les enfants qui auront grâce à cet argent un pied à l'étrier.
En somme, travailler oui mais comme un forcené pour amasser comme tu le dis, non, car ce qui compte c'est l'Esprit et non la chair.
car 63 "C'est l'esprit qui vivifie; la chair ne sert de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie."
La chair est ce qui nous rattache aux besoins matériels qui eux n'amènent rien si ce ne sont les plaisirs terrestres, or l'esprit lui nous donne bien plus car il nous éclaire car lorsque nous nous consacrons à nous, aux autres, aux questions philosophiques, nous laissons de côté tout ce qui touche l'objet, et nous nous consacrons à la subjectivité c'est à dire tout l'enrichissement que nous tirons de nos capacités intellectuelles d'une part, et par là, un cheminement qui nous conduit vers Dieu pour celui qui sait tirer profit de son esprit en le vivifiant comme il est indiqué dans le Verset. |
| | | sandrine13012
| Sujet: Re: La philosophie "dans la vie". Dim 07 Aoû 2016, 17:13 | |
| je pense que tu es legerement hors sujet jacques, c etait pas tout a fait le sens de ma reflexion mais c est pas grave |
| | | Jacques2008
| Sujet: Re: La philosophie "dans la vie". Lun 08 Aoû 2016, 22:15 | |
| - sandrine13012 a écrit:
- je pense que tu es legerement hors sujet jacques, c etait pas tout a fait le sens de ma reflexion mais c est pas grave
Non, peut être, mais c'est le but du dialogue, moi je donne mon avis, un avis religieux, à toi de dire ce que tu penses, dans le domaine qui te convient, en philosophie, ou si tu ne veux pas en parler, c'est ton choix, mais de dire "est ce que amasser de l'argent est un but " ? La je pense ne pas me tromper si je dis que tu as posé cette question. Il se trouve que la Bible en parle, et il se trouve que j'ai un avis, je l'ai donné. |
| | | sandrine13012
| Sujet: Re: La philosophie "dans la vie". Mar 09 Aoû 2016, 01:24 | |
| je n ai pas compris ton message car tu as décliné sur l heritage, je ne parlais pas du tout de ça, ma question etait plus large , dans un sens plus profond, c est surtout sur le but de la vie
quel est le but de la vie? reussir sa vie professionnelle? Maritale? En somme, reussir et avoir une belle ici sur terre, ou bien viser la vie eternelle promise par Dieu ? Dans ce cas, comment faire pour satisfaire Dieu et qu il me dise lorsque je mourrais "sandrine, entre au paradis" comment eviter qu il me dise "sandrine, va bruler en enfer" pourquoi il me dirait ca? Qu'ai je fais de mal pour meriter une punition pareil ? Ou plutot que n ai je pas fais? Faut il mieux etre pauvre sur terre et aller au paradis ou etre riche et finir en enfer? Comment s approcher de Dieu le saint en delaissant toutes les mauvaises choses sur terre ? En sachant que si on n est plus ambitieux sur cette terre, mais ambitieux pour l au dela, on se fera forcement doublé par beaucoup de gens qui eux cherchent leur satisfaction dans ce monde. Dois je me battre avec les gens pour avoir un bon boulot? Un beau mari? Ou ces choses la ne doivent pas etre ma priorité? |
| | | Jacques2008
| Sujet: Re: La philosophie "dans la vie". Mar 09 Aoû 2016, 01:44 | |
| - sandrine13012 a écrit:
- je n ai pas compris ton message car tu as décliné sur l heritage, je ne parlais pas du tout de ça, ma question etait plus large , dans un sens plus profond, c est surtout sur le but de la vie
quel est le but de la vie? reussir sa vie professionnelle? Maritale? En somme, reussir et avoir une belle ici sur terre, ou bien viser la vie eternelle promise par Dieu ? Dans ce cas, comment faire pour satisfaire Dieu et qu il me dise lorsque je mourrais "sandrine, entre au paradis" comment eviter qu il me dise "sandrine, va bruler en enfer" pourquoi il me dirait ca? Qu'ai je fais de mal pour meriter une punition pareil ? Ou plutot que n ai je pas fais? Faut il mieux etre pauvre sur terre et aller au paradis ou etre riche et finir en enfer? Comment s approcher de Dieu le saint en delaissant toutes les mauvaises choses sur terre ? En sachant que si on n est plus ambitieux sur cette terre, mais ambitieux pour l au dela, on se fera forcement doublé par beaucoup de gens qui eux cherchent leur satisfaction dans ce monde. Dois je me battre avec les gens pour avoir un bon boulot? Un beau mari? Ou ces choses la ne doivent pas etre ma priorité? J'ai décliné sur l'héritage car à dire que l'argent doit être collecté toute une vie, pour rien en somme, ne constitue pas un enrichissement. Mais penser de cette façon serait égoiste, car cet argent collecté peut servir aux enfants. Pour faire le clair dans tout ça, disons qu'en règle générale, il faut pouvoir économiser son argent, prévoir pour plus tard dans sa vie, sans pour cela ne vivre que pour économiser, ni même travailler que pour avoir de l'argent, le mettre en banque et assouvir un plaisir d'épargne, sans pour cela ne penser à autre chose. Le but est de pouvoir "penser" à autre chose, ne pas monopoliser son esprit à travers l'argent, lire, dialoguer, s'enrichir de développement personnel à travers la philosophie, la psychologie, et pourquoi pas s'intéresser à tout ce qui peut être instructif, si tant est on est intéressés par la biologie, la physique, la chimie, les sciences en général. Etre dans la religion ne signifie pas être fermé à la science, car comprendre aisément la religion à travers la science permet de faire des liens, lesquels sont source d'enrichissement. Pour ma part, l'observation tient une grande place, déjà elle permet d'entrer en méditation, en vacuité, car qui dit religion n'exclue pas que nous puissions faire comme les bouddhistes, bien au contraire. Grâce à la méditation, c'est mieux se connaître soi même, savoir faire l'impasse de l'impatience, et cela facilite l'observation. Grâce à l'observation, et mon amour pour Dieu, j'ai pu faire le lien, lequel m'a permis de comprendre beaucoup de choses. Le meilleur moyen de savoir, pour une personne, si elle " a réussi sa vie" est qu'elle puisse faire "ce qui lui plait, quand cela lui plait" avec le bonheur partagé, un mari, des enfants, une vie simple mais tellement riche d'enseignements à donner et à saisir. Il ne faut pas que "l'argent soit un souci" alors autant faire en sorte d'en avoir c'est certain. Au quotidien, préfèreras tu t'acheter un sac Chanel ou un ordinateur portable ? Si la réponse n'est pas immédiate, tu vas y réfléchir, donc Chanel t'appelle. Si tu ne réfléchis pas, et tu choisis de te documenter via le portable, c'est un bon choix. Le superflu donc n'est pas une formule d'enrichissement quand bien même tu aurais un yacht de 30 mètres. Car si tu as un yacht de 30 mètres, tu te diras peut être, des gens meurent de faim. La culpabilité qui peut naitre à partir du moment où tu détiens beaucoup d'argent, ou de l'argent, est un signe de bienfaisance, et en cela tu te sens "grandir". Si tu as un grand cœur, si tu donnes la pièce au mendiant, si tu ne rechignes pas comme beaucoup qui diront "il n'a qu'à aller travailler" tu seras de celle que Dieu regarde avec tendresse. Ce que tu donnes, Dieu te donne au centuple, non pas qu'il faut rechercher la récompense, mais ton cœur est assez grand pour le comprendre. Il faut savoir que nous sommes divins, Dieu est en nous, Dieu est partout, Dieu est Tout. Tu auras vite fait de t'apercevoir de bienfaits, même si la vie n'a pas été tendre pour toi. Pour moi elle ne l'a pas été non plus, et ce n'est que grâce que je rend à Dieu, car la vie est ainsi faite, nous devons supporter le décès de nos proches, mais une personne en vaut une autre, il n'y a pas de préférence, la mort donne son dévolu à un moment donné, et nous n'en sommes pas maitres, il n'y a pas de fatalité, c'est la vie qui veut ça. Quoi qu'il en soit, la mort en somme n'existe pas car nous avons un Esprit qui, une fois libéré de la contrainte du corps, saura vivre une vie pleine. Pour être sûr d'aller au Paradis, facile, tu restes toi même. Pour ce qui est "du combat quotidien" si ta conscience te dicte la justice, il ne faut pas hésiter à la faire entrer dans ta vie, justice ne veut pas dire 'mauvaise personne", mais au détriment des autres, non, sans que cela gêne, pour que le soir quand tu te couches tu puisses dire, je peux dormir sur mes deux oreilles. Notre conscience nous dicte tout, écoutons là, tu sais ce que le mot "remord" veut dire, alors si tu le sais, tu sais tout. |
| | | ludovic59
| Sujet: La philosophie chez Voltaire Mar 09 Aoû 2016, 08:16 | |
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ne vous demanderai qu’un seul jour à passer auprès du grand Voltaire. Supposons que nous avons le bonheur d’être transportés au séjour délicieux de Ferney, et ne perdons pas une seule partie d’un jour si précieux. Voltaire à son réveil. Le soleil à son lever a reçu l’hommage de la nature entière ; Voltaire est prêt à recevoir celui d’une foule de barons allemands, de comtes polonais, de lords anglais, de chevaliers français. Le réveil du philosophe est annoncé ; on entre, recueillons ses premiers oracles. Ô Dieu qu’on méconnaît ! Ô Dieu que tout annonce ! Si Dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer. En faut-il davantage pour voir qu’il y a un Dieu au lever du grand homme ! Ce Dieu dont il publie les louanges est même assez semblable à celui des croyants. C’est un esprit, un être intelligent tout-puissant, auteur de l’univers, rémunérateur de la vertu, vengeur du crime. Nier son existence, c’est vouloir peupler la terre de brigands, de scélérats, de monstres ; c’est faire de ce monde un séjour de confusion et d’horreur. L’athéisme est dangereux dans le philosophe, homme de cabinet ; il est à craindre dans le ministre, homme d’état ; affreux chez le bas peuple, redoutable et terrible dans les rois. Voltaire le combat à son réveil en prose et en vers. Toujours il soutiendra qu’une horloge prouve un horloger, et que l’univers prouve un Dieu ; s’il y a quelque difficulté dans le système qui admet un Dieu, on trouve des absurdités à dévorer dans tous les autres. Le grand homme est enfin, à son lever, l’adorateur zélé, le défenseur ardent de la divinité. Voltaire à déjeuner. On apporte le thé, le grand homme déjeune, et déjà il n’est plus ce partisan si ferme, si intrépide d’un premier être. Les absurdités de l’athéisme ont disparu. Le système qui admet un Dieu pourrait bien n’être plus que plausible. Oui, ce n’est déjà plus qu’une probabilité fort ressemblante à une certitude, il est vrai ; mais toute science n’est autre chose que la science des probabilités. Et le grand homme au moins a déjà quelques doutes. Il est demi sceptique, et nous le quittons sans pouvoir dire absolument s’il y a un Dieu chez lui, ou s’il n’y en a point. Voltaire à dîner. L’heure du dîner rassemble de nouveau nos comtes, nos barons, nos chevaliers ; et voyez, madame, les progrès que nous allons faire. L’athéisme n’a plus rien d’effrayant pour le sage. Spinoza, nous dit le grand homme, était non seulement un athée, mais il enseigna l’athéisme; qu’un philosophe soit spinosiste s’il le veut. Le grand homme a fait un axiome pour nous le permettre. Vous pouvez désormais profiter de la permission, sans craindre d’être un monstre, sans cesser même d’être philosophe ; vous pouvez dire avec Spinoza, il n’y a point de Dieu. Voltaire après dîner. Mais Voltaire osera-t-il dire lui-même, il n’y a point de Dieu ? Si vous le demandez en français, la réponse du grand homme ne sera pas bien claire. Il se contentera de donner à la matière les attributs de Dieu, et à Dieu les qualités de la matière. Il fera celle-ci éternelle, active, subsistante par elle-même ; il vous défiera de prouver qu’elle n’est pas intelligente. D’un autre côté, il vous apprendra que Dieu est étendu comme la matière, infini comme la matière ; qu’il ne peut exister que partout où il existe de la matière, qu’il est libre à peu près comme la matière, et vous pourrez sans peine mettre l’un à la place de l’autre. Voulez-vous savoir exactement à quoi vous en tenir ? Interrogez le grand homme en latin, il vous apprendra; et vous saurez que cette matière qui frappe vos sens partout où vous êtes est le vrai jupiter. Il le répétera si souvent, le placera si bien, qu’il faudrait s’aveugler pour ne pas reconnaître que le Dieu, pur esprit, seul éternel, seul être subsistant par lui-même, seul créateur des êtres, a disparu, tout comme le café que vient de prendre le grand homme. Voltaire à souper. Jusqu’ici nous avons conservé le nom de Dieu suprême, verrons-nous au moins à souper Voltaire décidé à proscrire ce nom si redoutable ? Non, madame. En revanche, nous aurons un prodige bien plus surprenant : le Dieu du matin n’existe plus ; le Dieu du soir viendra prendre sa place ; et celui-ci, créé de fraîche date, ne tiendra pas plus du premier que la nuit ne tient du jour. Volonté, puissance, création, étaient les attributs de notre dieu du matin. Le dieu du soir ne pourra rien créer ni rien anéantir. Le dieu du matin était libre, et par la liberté nous étions son image. Le dieu du soir ne peut agir que nécessairement, et par une suite de lois immuables. Attribuer au dieu du matin nos actions, et surtout nos forfaits, c’était enseigner le dogme le plus effroyable, et faire un démon même de la divinité. Pour soutenir l’honneur du dieu du soir, il faut absolument croire qu’il fait tout à lui seul, qu’il produit le bien et le mal, nos vertus et nos péchés ; que nous ne sommes rien : il faudrait soutenir que nous ne faisons rien et qu’il fait tout, ou être du sentiment des athées, en niant qu’il existe. Dire du dieu du soir qu’il concourt simplement à nos actions, qu’il nous aide, nous donne le pouvoir d’agir, de penser, de vouloir, comme on disait du dieu du matin, c’est le dégrader, c’est le faire marcher à notre suite, c’est ne lui réserver que le dernier rôle, c’est en faire le valet de l’espèce humaine. Enfin les dogmes effroyables sur le dieu du matin sont devenus les dogmes les plus religieux sur le dieu du soir. Tant il y a loin du lever de Voltaire à son souper ! Voltaire à son coucher. Mais ce dieu du soir est encore unique ; il ne peut encore exister qu’un seul principe, un seul moteur. Ne pourrions-nous pas en avoir deux avant que le sommeil n’ait fermé la paupière du grand homme ? Oui, madame, oui, par une combinaison nouvelle, Voltaire nous apprend, avant de s’endormir, que deux principes ou deux divinités pourraient bien subsister ensemble : il n’est pas démontré qu’il ne puisse y en avoir plus d’un. Par malheur, minuit vient de sonner, et Voltaire s’endort avant d’avoir pu démontrer qu’il en existe quatre. Je conviens avec vous que c’est grand dommage ; mais si vous réfléchissez sur les leçons que nous avons reçues à Ferney, vous ne pourrez guère vous empêcher d’admirer avec quel art Voltaire fait passer nos adeptes par tous les grades de la philosophie. Théiste à son réveil, sceptique à déjeuner, athée ou spinosiste à dîner, substituant à souper le dieu du soir au dieu du matin, à minuit vous montrant plusieurs dieux à la fois ; n’est-il pas à lui seul plus fécond, plus varié que tous les philosophes pour, les philosophes contre, et les philosophes tantôt pour, tantôt contre, et tantôt entre deux ?
Extrait des (Les Helviennes, Ou Lettres Provinciales Philosophiques de L’Abbé Barruel)
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| | | ludovic59
| Sujet: Catéchisme philosophique Chapitre 1 Mar 09 Aoû 2016, 08:43 | |
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Chapitre 1
Colonne A. Catéchisme philosophique.
Le sage très content du Bonheur de ce monde. Le Philosophe. Le bonheur de l’homme en ce monde, n’est-il pas l’objet essentiel de la morale. L’Adepte. Oui; être heureux en ce monde, voilà le premier vœu de l’homme, et sa première loi. Ce doit donc être aussi le premier objet de ses études. La morale n’en saurait avoir d’autres. Le Philosophe. L’homme pourrait-il être, dans ce monde, parfaitement heureux? L’Adepte. Oui, sans doute il le peut; l’homme n’a pour cela qu’à savoir profiter des circonstances, qu’à bien jouir de tout; et rien ne manquera à son bonheur. Le Philosophe. Les philosophes sont-ils bien d’accord sur la nature de bonheur? L’Adepte. Oui, parmi les philosophes surtout, il n’y a jamais eu qu’une même opinion sur la nature du bonheur. Le Philosophe. Suffit-il pour être heureux, qu’on n’ait rien à souffrir? L’Adepte. Oui, ce bonheur est bien fait pour contenter les hommes. Le philosophe. Le bonheur positif ne consiste-t-il pas dans les plaisirs du corps? L’Adepte. Oui, c’est uniquement dans les plaisirs des sens que se trouve le bonheur positif. Le Philosophe. Le corps doit-il passer avant l’esprit, dans la recherche du bonheur? L’Adepte. Oui, c’est le corps surtout qu’il faut rendre heureux ; l’âme même, si elle existe, ne doit être occupée que de lui. Le Philosophe. La liberté de l’homme nuit elle à son bonheur? L’Adepte. Oui; sans la liberté, nous serions tous nécessairement heureux. Le Philosophe. Les grandes passions n’ajoutent-elles pas au bonheur? L’Adepte. Oui, les passions fortes et violentes ne peuvent que nous rendre plus heureux. Le Philosophe. L’homme ne s’est-il pas éloigné du bonheur en se civilisant? L’Adepte. Oui; c’était dans les forêts que la nature avait placé le bonheur. La société seule rend l’homme malheureux. Le Philosophe. Les hommes peuvent-ils être heureux sans la vertu? L’Adepte. Oui; car la vertu ne fait rien au bonheur; témoin mille fripons plus heureux que les honnêtes gens. Le Philosophe. Existe-il des hommes que le crime seul puisse rendre heureux? L’Adepte. Oui; la philosophie nous en montre plusieurs de cette espèce. Le Philosophe. Qu’aurait à faire celui qui ne pourrait être heureux que par le crime? L’Adepte. Il n’aurait qu’à suivre ses penchants, pour s’épargner au moins des efforts inutiles. Le Philosophe. Que fera celui que sa vertu n’empêche pas d’être malheureux ? L’Adepte. Il pourra s’écrier avec Brutus: ô vertu! Tu n’es qu’un vain songe.
Chapitre 1
Colonne B. Catéchisme philosophique.
Le sage très content du Bonheur de ce monde. Le Philosophe. Le bonheur de l’homme en ce monde, n’est-il pas l’objet essentiel de la morale. L’Adepte. Non; il semble que la morale doit plutôt s’occuper des devoirs, que du bonheur de l’homme dans ce monde. Le Philosophe. L’homme pourrait-il être, dans ce monde, parfaitement heureux? L’Adepte. Non; le bonheur en ce monde est toujours peu de chose; et de très grands malheurs y sont inévitables. Le Philosophe. Les philosophes sont-ils bien d’accord sur la nature du bonheur? L’Adepte. Non; il n’y a pas seulement deux philosophes qui n’aient profité de leur liberté pour avoir sur le bonheur les opinions les plus variées. Le Philosophe. Suffit-il, pour être heureux, qu’on n’ait rien à souffrir? L’Adepte. Non; c’est avoir une bien petite idée du bonheur, que le réduire à l’exemption de la douleur. Le Philosophe. Le bonheur positif ne consiste-t-il pas dans les plaisirs du corps? L’Adepte. Non; c’est dans les plaisirs de l’âme qu’il faut chercher le vrai bonheur. Le Philosophe. Le corps doit-il passer avant l’esprit dans la recherche du bonheur? L’Adepte. Non; l’âme doit toujours avoir le pas, puisqu’elle seule fait notre grandeur et notre vraie félicité. Le Philosophe. La liberté de l’homme nuit elle à son bonheur? L’Adepte. Non; bien au contraire, sans la liberté on ne peut être heureux Le Philosophe. Les grandes passions n’ajoutent-elles pas au bonheur ? L’Adepte. Non ; la nature ne donne point de grandes passions à ceux qu’elle veut rendre heureux. Le présent serait trop funeste. Le Philosophe. L’homme ne s’est-il pas éloigné du bonheur en se civilisant ? L’Adepte. Non; le bonheur de l’homme s’accroît au contraire à mesure que la société se perfectionne. Le Philosophe. Les hommes peuvent-ils être heureux sans la vertu ? L’Adepte. Non; les fripons ont beau dire, le crime et le bonheur ne marchent guère ensemble. Le Philosophe. Existe-t-il des hommes que le crime seul puisse rendre heureux? L’Adepte. Non; jamais la nature n’a produit de tels monstres ; elle ne peut pas même en produire. Le Philosophe. Qu’aurait à faire celui qui ne pourrait être heureux que par le crime ? L’Adepte. Ce qu’un homme de cette espèce aurait à faire? Je n’en sais rien. Mais je sais bien te qu’il faudrait en faire. Il faudrait l’étouffer. Le Philosophe. Que fera celui que sa vertu n’empêche pas d’être malheureux? L’Adepte. Il se raidira contre la fortune, et se gardera bien de se livrer au crime.
Preuves philosophiques du chapitre précédent.
Colonne A.
1. La morale ne peut être autre chose que l’art de vivre heureux dans ce monde... La science des mœurs doit être puisée sur la terre et non pas dans les cieux. 2. Quoi qu’en dise une théologie chagrine, ou une philosophie atrabilaire, l’homme qui sait jouir peut rencontrer dans ce monde une foule de plaisirs de détail, pour rendre son existence heureuse. Rien ne manque à notre félicité, quand les circonstances nous ont fourni le moyen de cultiver le sort que la nature nous a donné. 3. Les hommes se réunissent sur la nature du bonheur. Ils conviennent tous qu’il est le même que le plaisir, ou du moins qu’il doit au plaisir ce qu’il a de plus délicieux. 4. Tous les philosophes auraient mieux connu notre nature, s’ils s’étaient contentés de borner à l’exemption de la douleur le souverain bien de la vie présente. 5. Toutes les fois qu’on voudra se donner la peine de décomposer le sentiment vague de l’amour du bonheur, on trouvera toujours le plaisir physique au fond du creuset. C’est toujours au plaisir des sens qu’il se réduit. Le bonheur est une sensation agréable, un plaisir; en un mot, tout ce qui flatte le corps. 6. Le bonheur n’étant, en dernière analyse, que ce qui flatte le corps, il faut penser au corps avant de songer à l’âme; ne cultiver celle-là, que pour donner du plaisir à celui ci. La devise du sage doit être en général: Veille sur ton corps. 7. L’homme gravite vers son bonheur, comme la pierre vers son centre. Otez-lui la liberté, il sera constamment heureux. 8. L’homme le plus heureux sur la terre, serait celui qui, avec de grandes passions, ne se procurerait que de petites jouissances; qui aurait les organes du plus fort des hommes, et la raison d’un demi-Dieu. 9. L’homme dans l’état de nature, est sans énergie, sans activité, sans aucun exercice de ses facultés, borné au seul instinct physique... En lui la conscience est nulle. C’est un être imbécile, stupide, et bête. Est-il possible qu’un pareil être soit méchant et malheureux? N’est-il pas au contraire incontestable qu’il est bon et heureux, et qu’il demeurera tel, tant qu’il demeurera dans l’état où la nature l’a placé ? La société seule déprave l’homme, et le rend misérable. Il doit, pour rentrer dans la route du bonheur, renoncer absolument à l’état social, et à ses institutions… Reprenez (ô hommes!), puisqu’il dépend de vous, votre innocence antique ; allez dans les bois perdre la mémoire des crimes de vos contemporains. C’est là seulement que vous retrouverez le bonheur primitif et l’age d’or. 10. Il est évident que par rapport à la félicite, le bien et le mal sont en soi fort indifférents. Celui qui aura plus de satisfaction à faire le mal, sera plus heureux que celui qui en aura moins à faire le bien. C’est pourquoi tant de coquins sont heureux dans ce monde. 11. Il est des hommes qui, si j’ose le dire, seraient fous de vouloir être plus sages. Il en est qui sont assez malheureusement nés pour ne pouvoir être heureux que par des actions qui les mènent à la Grève, c’est-à-dire, au dernier supplice. 12. Il serait inutile, et peut-être injuste, de demander à un homme d’être vertueux, s’il ne peut l’être sans se rendre malheureux. Dès que le vice rend heureux, il doit aimer le vice. Pourquoi résister alors à son caractère? Quelque forte que soit la tempête, lorsqu’on prend le vent arrière, l’on soutient sans fatigue l’impétuosité des mers; mais si l’on veut lutter contre les vagues, en prêtant le flanc à l’orage, l’on ne trouve partout qu’une mer rude et fatigante. Il vaut donc bien mieux se laisser entraîner par les vents, c’est-à-dire par son tempérament. 13. Dans ces pays (où la vertu peut être accablée par un despote), il serait aussi insensé d’être vertueux, qu’il eût été fou de ne pas l’être à Crète et à Lacédémone. C’est dans ces temps malheureux (pour la République), qu’on pourvoit à Rome s’écrier avec Brutus : ô vertu, tu n’es qu’un vain nom.
Preuves philosophiques du chapitre précédent.
Colonne B.
1. Sans la moindre mention du bonheur de ce monde, nous appelons morale cette science qui nous prescrit une sage conduite, et les moyens d’y conformer nos actions. 2. Le bonheur dont l’homme peut jouir sur la terre, est moins parfait que celui des brutes… Ses maux sont nécessaires, et démentent l’idée qu’il s’est faite, que tout est créé pour lui, et qu’un Dieu s’occupe de son bonheur. 3. Tous les hommes se font nécessairement des notions très différentes du bonheur. Les philosophes eux-mêmes ne s’accordent pas plus sur cet objet, que sur tout le reste. Les uns le mettent dans ce qu’il y a de plus sale et de plus impudent; les autres le font consister dans la volupté prise en divers sens… Quelques uns dans toutes les perfections de l’esprit et du corps. 4. Un bonheur qui se borne à l’exemption de la douleur, est moins un vrai bonheur, qu’un état, une situation tranquille… C’est un triste bonheur que celui-là. Celui qui voudrait ne jamais sentir de mal, ressemblerait à un homme qui ferait consister son bonheur à demeurer dans un sommeil continuel. 5. Les plaisirs physiques, ni ceux de la fortune et de la gloire, ne sont point capables de nous fournir le contentement et la sécurité de l’âme. Quelque variés qu’on les suppose, ils finissent toujours par s’émousser, et par nous plonger dans l’ennui. Le bonheur, qui par son essence est un contentement durable, ne peut se trouver dans le plaisir, qui, par son essence, est passager. 6. Rangez dans l’ordre qui leur convient, l’amour du corps et celui de l’âme… Que l’amour de l’âme ait le pas… Le bonheur de ces deux substances dépend de cette subordination. 7. La liberté est un bien nécessaire au bonheur… L’homme n’est heureux qu’avec la liberté. 8. Pour naviguer heureusement, il faut être poussé par un vent toujours égal... L’absence des passions fortes fait les gens sensés, et les gens sensés sont communément les plus heureux. Avec des passions fortes, c’est en vain qu’on se flatterait d’obtenir le bonheur. 9. Le philosophe qui nous envoie chercher le bonheur dans les bois, loin des sociétés, ne se fonde que sur des erreurs, des opinions bizarres et de faux principes. Si le bonheur fut jamais connu, ce fut à cette époque où tous les hommes formèrent une société de frères, liée par les mêmes droits, heureuse par les mêmes jouissances; ce fut lorsque la société, les arts et les sciences se trouvèrent portés à la plus haute perfection. Ces heureux temps furent, pour l’espèce humaine, un véritable âge d’or, le siècle de la justice, de l’abondance et de la paix.... Alors chaque morceau de terre cultivé fut un véritable paradis terrestre. Rappelons ces sciences, ces arts; la société reviendra à la perfection du Monde primitif, et le bonheur renaîtra sur la terre. Mais déjà l’Encyclopédie a paru; ô bonheur primitif ! Tout nous dit que tu vas reparaître. Si l’homme eût été destiné à vivre solitaire, aurait-il été en son pouvoir de contredire la loi de la nature, jusqu’à se déterminer à vivre en société ?... Par quel instinct a-t-il cherché à s’unir avec ses semblables? C’est que la nature fit dépendre son bonheur de la sociabilité. 10. Il est certain qu’un homme qui s’abandonne au crime, quelque bien dont il jouisse, quelque poste éminent qu’il occupe, ne saurait être heureux On ne peut l’être véritablement, dans quelque état qu’on soit, si l’on n’est vertueux. 11. Par une loi constante de la nature, personne ne peut être heureux qu’en se rendant témoignage qu’il a fidèlement accompli les devoirs de la morale... Tout nous prouve que la félicité appartient exclusivement à l’homme vertueux. C’est par la vertu que la morale nous conduit au bonheur. 12. S’il existait un homme tourmenté par des passions si violentes, que la vie même lui devînt onéreuse en ne les suivant pas, et qu’il ne pût être heureux que par le crime, nous lui dirions d’abord, que sans doute il ne veut pas seulement être heureux; qu’il veut encore être équitable , et par son équité écarter loin de lui l’épithète de méchant. Mais s’il nous répliquait qu’il aime mieux être heureux et méchant, il faudrait l’étouffer sans lui répondre. 13. Quand il serait vrai qu’un homme ne peut être vertueux sans souffrir, il faudrait l’encourager à l’être... La maxime opposée à cette doctrine est exécrable, elle serait visiblement la ruine de la société.
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| | | ludovic59
| Sujet: Catéchisme philosophique Chapitre 2 Mar 09 Aoû 2016, 08:45 | |
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Chapitre 2
Colonne A. Catéchisme philosophique.
Vertus à renvoyer au préjugé.
Le philosophe. Combien distinguez-vous de sortes de vertus? L’adepte. Il en est de deux sortes : les unes qu’on appelle vertus de préjugé, et les autres que nous devons nommer vertus réelles. Nous rejetons les premières, et retenons les autres. Le philosophe. N’appellerez-vous pas vertus de préjugé, toutes celles qui ne servent à rien dans ce monde? L’adepte. Oui; toute vertu stérile dans ce monde ne peut être qu’une vertu imaginaire; l’utilité seule fait les vertus réelles. Le philosophe. Les vertus relatives aux mœurs ne sont-elles pas toutes autant de vertus de préjugé? L’adepte. Oui, ce sont précisément celles-là que nous plaçons au premier rang des vertus imaginaires; et telle est entre autres la chasteté des vestales. Le philosophe. Que devons-nous penser de la pudeur? L’adepte. La pudeur n’est qu’un masque inventé par les femmes, pour [......] et tromper plus sûrement. Le philosophe. Résister aux charmes de l’amour, serait-ce une vertu réelle? L’adepte. Ce serait, au contraire, fuir la vertu elle-même, ou du moins s’éloigner de ce qui doit la nourrir dans tous les cœurs. Le philosophe. Que diriez-vous d’un jeune homme qui résiste aux attraits d’une femme charmante? L’adepte. Je le prendrais pour un vrai imbécile, et l’enverrais à la pâture, si cependant les bêtes daignaient le recevoir parmi elles. Le philosophe. Que pensez-vous de la galanterie et du libertinage? L’adepte. La galanterie, bien loin d’être un vice, inspire, au contraire, les actes de la charité la plus éclairée. Quant au libertinage, se fâcher de ses inconvénients, c’est se plaindre de trouver, dans une mine riche, quelques paillettes de cuivre mêlées avec des veines d’or. Le philosophe. Quelles bornes prescrivez tous à la sensualité, à l’amour des plaisirs? L’adepte. Point d’autres que celles que doit nous prescrire le soin de la santé et de l’honneur. Le philosophe. Quelle idée aura le philosophe des liens du mariage? L’adepte. Il doit les regarder comme le supplice des époux, somme la source de leurs infidélités, le leurs malheurs, comme un engagement contraire à la nature. Le philosophe. De quel œil le sage verra-t-il l’adultère et le concubinage? L’adepte. Dans le concubinage et l’adultère, la raison ne voit rien qui blesse les lois de la nature. Au contraire, suivant ces mêmes lois, les femmes devraient être communes. Le philosophe. Condamneriez-vous une jeune femme qui aurait eu quatre ou cinq enfants, et pas un seul mari? L’adepte. Pourquoi la condamner sa conduite et sa conscience sont pures comme le jour; son crime n’est que dans la loi, et le ciel l’en absout. Le philosophe. Est-il vrai que la vertu ne puisse pas s’allier avec la débauche, et surtout avec celle qui serait contraire à la nature? L’adepte. Les philosophes de la Grèce et ses héros savaient bien les unir; ils brûlaient de l’amour le plus déshonnête, et on ne peut pas dire qu’ils ne fussent en même temps très vertueux. Le Philosophe. Quelles précautions devrait prendre le philosophe, s’il avoir à donner des leçons peu conformes aux opinions antiques sur les mœurs? L’adepte. Nous lui conseillerions de prévenir qu’il parle en philosophe, non en théologien; en politique, et non en religieux. Il pourrait alors en toute sûreté s’élever contre ceux qui ne sont pas de son avis sur la vertu. Le philosophe. L’inceste serait-il bien criminel aux yeux du philosophe? L’adepte. Le préjugé peut bien s’en offenser; mais la philosophie ne voit pas trop quel mal il y a dans l’inceste.
Chapitre 2
Colonne B. Catéchisme philosophique.
Vertus à maintenir dans leur réalité.
Le philosophe. Combien distinguez-vous de sortes de vertus? L’adepte. Je n’en connais que d’une espèce, parce qu’elles sont toutes sœurs; et qu’en rejeter une, c’est en effet les rejeter toutes. Le philosophe. N’appellerez-vous pas vertus de préjugé, toutes celles qui ne servent à rien dans ce monde? L’adepte. Au contraire, l’utilité ou l’intérêt de ce monde ne fait souvent que rendre les vertus suspectes et moins réelles. Le philosophe. Les vertus relatives aux mœurs ne sont-elles pas toutes autant de vertus de préjugé ? L’adepte. Non, car elles sont toutes fort estimables; et telle est entre autres la chasteté des vestales. Le philosophe. Que devons-nous penser de la pudeur ? L’adepte. Elle est la vraie parure du sexe. Les femmes sans pudeur sont les plus dangereuses et les plus fausses de toutes. Le philosophe. Résister aux charmes de l’amour, serait-ce une vertu réelle ? L’adepte. D’autant plus réelle que les charmes de l’amour sont souvent opposés à ceux de la vertu. Le philosophe. Que diriez-vous d’un jeune homme qui résiste aux attraits d’une femme charmante? L’adepte. Je le regarderais comme bien supérieur aux autres hommes, et comme un héros fait pour les commander. Le philosophe. Que pensez-vous de la galanterie et du libertinage ? L’adepte. Je regarde la galanterie comme le vice des femmes ignorantes et dissipées, qui ont l’esprit gâté; la débauche, comme un des premiers objets sur lesquels doit veiller le magistrat, pour en prévenir les suites funestes. Le philosophe. Quelles bornes prescrirez vous à la sensualité, à l’amour des plaisirs ? L’adepte. Je voudrais que tout homme veillât, non seulement sur ses actions, mais encore sur ses désirs, et qu’il éloignât de son esprit toute pensée déshonnête. Le philosophe. Quelle idée aura le philosophe des liens du mariage ? L’adepte. Il doit les regarder comme l’union la plus respectable, la plus conforme au vœu de la nature, la plus importante pour le bien de l’état et des particuliers. Le philosophe. De quel œil le sage verra-t-il l’adultère et le concubinage ? L’adepte. Il proscrira ces vices et tous ceux qui les favorisent; il ne verra dans leurs leçons qu’une morale extravagante, digne des nations les plus corrompues. Le philosophe. Condamneriez-vous une jeune femme qui aurait eu quatre ou cinq enfants, et pas un seul mari ? L’adepte. Le moyen de l’absoudre ? Elle a violé la loi de la nature ; n’eût elle péché qu’une seule fois, sa prostitution ne peut être innocente. Le philosophe. Est-il vrai que la vertu ne puisse pas s’allier avec la débauche, et surtout avec celle qui serait contraire à la nature ? L’adepte. Il est inconcevable qu’on ait pu imaginer une alliance de cette espèce. Ces vices et la vertu ne sont pas plus faits pour aller ensemble, que les ténèbres et la lumière. Le philosophe. Quelles précautions devrait prendre le philosophe, s’il avait à donner des leçons peu conformes aux opinions antiques sur les mœurs ? L’adepte. Le philosophe qui a lui-même des mœurs, ne donnera jamais des leçons qui les blessent. Au lieu d’étudier de vaines précautions, il s’élèvera avec force contre ceux qui ne cherchent qu’à cacher le venin de leur morale. Le philosophe. L’inceste serait-il bien criminel aux yeux du philosophe ? L’adepte. Il est des philosophes qui l’excusent par l’exemple de quelque peuples; cet exemple prouve seulement que tous les hommes ne suivent pas les lois de la nature.
Preuves philosophiques du chapitre précédent.
Colonne A.
1. Nous appelons vertus de préjugé, vertus imaginaires, vertus stériles, toutes celles dont l’observation ne contribue en rien au bonheur de ce monde; telles sont entre autres toutes celles que la religion fait descendre des deux. Nous appelons surtout vertus de préjugé, toutes celles dont l’observation ne contribue en rien au bonheur public. 2. La chasteté des vestales est précisément la première que vous trouverez reléguée par nos sages dans les régions du préjugé. Quiconque est conformé de manière à procréer son semblable, a droit de le faire et le doit. Voilà la voix de la nature, et cette voix mérite plus d’égard que toutes nos institutions humaines. La belle vertu que celle dont résulterait la destruction du genre humain, si chacun l’observait! C’est là le grand raisonnement bien des fois répété par nos sages contre la vertu des vestales, de nos prêtres et de nos religieux. 3. La pudeur n’est que l’invention de la volupté raffinée... La licence que les femmes sont contraintes d’affecter, est la cause de leur fausseté. Dans le Malabar et à Madagascar, si toutes les femmes sont vraies, c’est qu’elles satisfont sans scandale à toutes leurs fantaisies, ont mille galants, et ne se déterminent au choix d’un époux qu’après des essais répétés. 4. Le culte de Paphos peut nous faire seul supporter le pénible fardeau de la vie... Eh! Quel objet plus digne de notre adoration ! Nul doute qu’on ne s’élève aux grandes choses, quand on aura l’amour pour précepteur. L’amour forme à son gré des héros, des génies et des gens vertueux. L’amour seul peut nous rendre fidèles à nos devoirs. Je ne crains rien pour les mœurs de la part de l’amour; il ne peut que les perfectionner. 5. Une belle femme a des attraits auprès desquels tous les autres ne sont rien. Pour y résister, il faut être imbécile, et ne pas connaître les plaisirs les plus vifs. En ce cas, il faut être envoyé comme Hippolyte à la pâture. Je ne sais, si les bêtes pouvaient parler, si elles ne refuseraient pas de recevoir parmi elles un homme qui serait insensible aux charmes de la beauté... Il est non seulement presque impossible de résister aux attraits d’une belle femme; mais il n’y a qu’un imbécile qui puisse en venir à bout. 6. C’est une inconséquence politique de regarder la galanterie comme un vice moral, partout où le luxe est nécessaire… Les femmes sages sont moins bien conseillées par leurs directeurs, que les femmes galantes par le désir de plaire... Nulle proportion entre les avantages que le commerce et le luxe procurent à l’état, constitué comme il l’est; avantages auxquels il faudrait renoncer, pour en bannir le libertinage, et le mal presque infiniment petit qu’occasionne l’amour des femmes. Luxure est de tous les péchés le moins nuisible à l’humanité. 7. Les sensualités n’amollissent le cœur que lorsqu’elles dégénèrent en besoin... Les héros en fait de mœurs ne sont pas des anachorètes qui aient abjuré le plaisir, mais qui savent s’en sevrer aussitôt que l’honneur et le bien de la patrie l’exigent. Les plaisirs goûtés indistinctement, sont contraires à la santé, à l’aisance, à la liberté : c’est la règle que nous avons adoptée pour apprécier toute chose. Ceux qui méconnaîtront ces vérités,en seront punis par la privation de leur santé, par le mépris de la société, et souvent par une existence malheureuse. Voila nos motifs, et les règles qu’il faut savoir vous prescrire. 8. Les liens du mariage, Ces liens indissolubles dont on a fait, dans quelques cantons de la terre, une maxime de conscience, n’en assurent que la durée ; mais loin d’attacher les époux à leurs devoirs réciproques, elle contribue plus que toute autre à leurs infidélités... Les complaisances et les soins des commerces clandestins, qu’on appelle concubinage, sont les perpétuels aliments des tendres feux dont brûlent deux amans. Libres de se séparer, ils n’en sont que plus unis. Rien ne coûte de ce qu’on fait volontairement; mais le plaisir même est à charge, lorsqu’il devient un devoir. Tel est le commerce clandestin d’Hermogène et de Junie. Depuis dix ans ils vivent ensemble sur le pied de deux époux, sans tenir par d’autres liens que ceux d’un amour réciproque... Ce commerce est un lien que la nature approuve. Toute société (et celle du mariage entre autres, qui n’apporterait que des peines à ceux qu’elle en gage, devrait être rompue par la nature même des choses. Deux époux cessent-ils de s’aimer ?commencent-ils à se haïr? Pourquoi les condamner à vivre ensemble? ... La loi d’une union indissoluble dans le mariage, est une loi barbare et cruelle. En France, le peu de bons ménages prouve, en ce genre, la nécessité d’une ré forme . Le divorce ne serait que la liberté de ré parer une faute irréparable sans ce moyen... Plus on y réfléchit, plus on voit qu’il est indispensablement nécessaire en France. 9. L’adultère n’est point un crime selon la loi naturelle. Il y a même tout lieu de croire que les femmes, dans la loi de nature, devaient être communes comme les femelles des animaux. Si l’adultère était défendu par la loi naturelle, tous les peuples l’auraient condamné et puni; ce qui n’est pas, puis- qu’il y a des pays où il est d’usage que les maris offrent eux-mêmes leurs femmes aux étrangers... Et qu’en France on fait une plaisanterie de l’adultère. Au royaume de Batimera, toute femme, de quelque condition quelle soit, est même forcée par la loi, et sous peine de la vie, à céder à l’amour de quiconque la désire; un refus est pour elle un arrêt de mort. 10. Nous avons attaché des idées morales à des actions qui n’en comportent pas . Lisez le plaidoyer d’un philosophe en faveur de la jeune Américaine , convaincue d’avoir produit pour la cinquième fois un fruit illégitime; vous verrez qu’une sévérité outrée pouvait seule prononcer contre son innocence; que nos lois injustes et cruelles avoient fait tout son crime; qu’elle n’avait point péché devant un Dieu juste et bon, puisque ce Dieu lui laissait des enfants robustes et bien constitués; qu’elle avait bien mérité de la patrie, en lui donnant de nouveaux citoyens : vous apprendrez avec transport que la voix de la raison la fit absoudre. Si elle devait être condamnée aujourd’hui, gémissez, avec Raynal, que le préjugé public ait repris son ascendant, et que la politique fasse taire la voix de la nature. 11. Que la débauche la plus contraire à la nature ne soit point inconciliable avec la vertu, c’est ce que nous prouvons aisément. L’histoire, en effet, ne montre-t-elle pas une foule de grands hommes, distingués en même temps par leur vertu et la débauche la moins naturelle ? Avant la guerre du Péloponnèse, époque fatale à la vertu des Grecs, quelle nation, et quel pays plus fécond en hommes vertueux et en grands hommes? On sait cependant le goût des Grecs pour l’amour le plus déshonnête. Ce goût était si général, qu’Aristide avait aimé Thémistocle. Ce fut la beauté de Stésiléus qui alluma entre eux le flambeau de la haine. Platon était libertin; Socrate, même déclaré par l’oracle d’Apollon le plus sage des hommes, aimait Alcibiades et Archélaùs; il avait deux femmes, et vivait avec les courtisanes. De pareilles actions ne sont donc criminelles que par l’opposition qui se trouve entre ces mêmes actions et les lois du pays. Elles peuvent donc se concilier avec la vertu, lorsque le souverain n’y mettra pas obstacle. 12. Lorsque je justifie la corruption des Mœurs, je déclare que c’est en philosophe que j’écris;.... et qu’ainsi je ne prétends traiter que des vertus humaines. J’ai soin d’avertir que la corruption religieuse est sans doute criminelle, puisqu’elle offense Dieu; c’est uniquement la corruption politique que je justifie. Mais ceux-là ne sont que des Moralistes ignorons et hypocrites, qui ne savent pas que la morale n’est qu’une science frivole, si on ne la confond avec la politique. Mais dans ces ignorants, je ne vois que des pédants épris d’une fausse idée de perfection, déclamateurs sans esprit, qui ne peuvent atteindre à nos hautes idées de la morale. 13. Parmi les animaux dont l’union est permanente, il arrivera souvent qu’à différentes époques de leurs amours, le père jouira avec sa fille, le fils avec sa mère, le frère avec sa sœur, cela dépendra du hasard.... On ne saurait appeler criminelles de telles unions, que la raison voit d’un œil bien différent que le préjugé. L’inca ne réunissait il pas dans la compagne de sa couche, les sentiments de l’amour, la tendresse fraternelle, avec les liens peut-être plus forts encore, que l’habitude avait fait naître, et qui résistent bien davantage à l’impression du temps ?
Preuves philosophiques du chapitre précédent.
Colonne B.
1. Gardez-vous d’appeler vertus de préjugé, toutes celles qui seraient contraires à l’intérêt du jour; car la vertu est souvent opposée au bonheur de ce monde, et c’est même alors qu’elle est plus belle et plus intéressante. 2. Entre les établissements de Numa, le plus digne de nos regards est sans doute celui des vestales. C’est d’après des idées conformes à la nature et à la droite raison, que la continence absolue, le célibat, le renoncement total aux plaisirs même légitimes, ont été admirés chez la plupart des peuples comme des perfections, comme les efforts d’une vertu surnaturelle... Cette opinion n’est pas fondée sur des préjugés ou des lois arbitraires. 3. La pudeur et la modestie sont le véritable apanage et la plus belle parure des femmes. Celle qui a franchi les barrières de la pudeur, est perdue sans ressource. La pudeur n’est pas assurément une invention humaine. Pourquoi dites-vous que la pudeur rend les femmes fausses ? Celles qui la perdent sont-elles plus vraies que les autres ? Tant s’en faut; elles sont plus fausses mille fois. 4. L’amour des femmes peut ébranler l’amour le plus vif du bien public, et déraciner les idées les plus profondes de vertu. Si l’amour n’est pas contenu dans de justes bornes, tout nous prouve qu’il est la source des plus affreux ravages; qu’il amollit les âmes des grands hommes, et dispose les femmes à se familiariser avec des idées qui peuvent avoir pour elles les conséquences les plus funestes. 5. C’est par la continence qu’il importe d’apprendre à régner sur soi-même C’est par les désordres du premier âge que les hommes dégénèrent... Vils et lâches dans leurs vices même, ils n’ont que de petites âmes... S’il s’en trouvait un seul qui sût au milieu d’eux se préserver de la contagion de l’exemple, il écraserait tous ces insectes, et deviendrait leur maître avec moins de peine qu’il n’en eut à devenir le sien. Il n’y a que de dangereuses séductrices propres à ébranler la pudeur d’un jeune homme par des propos licencieux... Je veux inspirer des mœurs. Est-ce aimer un amant ou une amante, que de lui ravir son innocence, souiller son âme d’un crime, la plus affreuse de toutes les taches ? 6. Le dérèglement des mœurs, le libertinage, ou ce qu’on appelle galanterie, sont des suites nécessaires de l’ignorance, de la légèreté, de la dissipation. La coquetterie dans une femme est une disposition à laquelle la morale ne peut aucunement conniver... Une femme qui veut plaire à tout le monde, a du moins l’esprit gâté. Une nation est perdus, quand la dissolution devient universelle… La vertu n’a plus de droits sur les âmes corrompues par la débauche... Ceux qui regardent la débauche et la dissolution des mœurs comme des objets sur lesquels le Gouvernement doit fermer les yeux, en ont-ils donc sérieusement envisagé les conséquences ? 7. Gardez-vous bien d’attendre que les plaisirs aient compromis votre santé ou votre honneur, pour modérer le penchant à la volupté. Il faut veiller même sur vos désirs et vos pensées, car les pensées enflamment les désirs, les désirs échauffent l’imagination, et donnent de l’activité à nos passions. D’où il suit que la tempérance nous prescrit de mettre un frein même à nos pensées, de bannir de notre esprit celles qui peuvent nous rappeler des idées déshonnêtes, capables d’irriter nos passions pour les objets dont l’usage nous est interdit. Telle est la règle de la vraie philosophie; elle est ici presque aussi sévère que celle de nos anachorètes. 8. Il importait au bien de la société que le mariage fût un engagement pour la vie; et la nature même semble en avoir fait un précepte... Les lois positives qui en ont déterminé les solennités, n’ont fait que seconder les vœux de la nature sur sa perpétuité. L’union conjugale est le plus respectable de tous les liens, le plus intéressant pour ceux qu’il unit, et pour la société... Les époux ne doivent pas seulement se proposer d’assouvir leurs besoins, et d’obéir à la volupté, mais encore songer aux jouissances plus durables que procurent la tendresse, la confiance, la cordialité... Les préjugés, les mœurs, les lois qui tendraient à relâcher un lien si doux, sont faits pour être blâmés par tout homme raisonnable... La raison nous montre que dans l’union conjugale, le mari appartient à la femme, de même que la femme appartient à son mari. L’un et l’autre ne peuvent, sans risquer leur bien-être, renoncer aux droits de cette propriété réciproque. Le divorce est certainement contraire à la première institution du mariage, qui de sa nature est indissoluble . 9. N’en déplaise au divin Platon, des femmes communes à tous ne seraient véritablement aimées ni estimées de personne. Ce ne seraient que de viles prostituées. Tout est fait pour nous convaincre qu’un amour sans règle deviendrait un désordre capable de saper la société jusque dans ses fondements. Quel jugement devons-nous porter des maximes extravagantes établies dans ces nations corrompues, ou l’infidélité conjugale est traitée de bagatelle.... Comment l’opinion a-t-elle pu se dépraver au point de traiter légèrement un crime qui suffit pour anéantir sans retour le bien être d’une famille entière, pour briser le plus doux des liens, pour faire du mariage un joug insupportable, pour pervertir la postérité par des exemples propres à lui faire mépriser la décence et la vertu? 10. Ce n’est point l’homme, c’est la nature même qui condamne la prostitution; car le concubinage défendu partes lois positives, est aussi prohibé par la nature même. Ce n’est point une loi injuste qui attache l’infamie à l’incontinence. On peut naturellement supposer qu’une fille qui a franchi les barrières de la pudeur, est perdue sans ressource, n’est plus propre à rien, et ne peut être désormais regardée que comme l’instrument de la brutalité vénale.... La vertu n’a plus de droits sur les âmes corrompues par la débauche... Le libertin même est forcé de mépriser celle qu’il fait servir à ses plaisirs. 11. Au lieu d’admettre l’alliance monstrueuse de la vertu et du penchant le plus infâme, nous parlerons bien plus philosophiquement, lorsque nous dirons que le libertinage abrutit l’homme de lettres et endort le génie. Ne parlons pas même de ces goûts bizarres et pervers, contraires aux vues de la nature, ou disons seulement que ces goûts inconcevables paraissent être les effets d’une imagination dépravée... C’est ainsi que la nature se venge de ceux qui abusent de là volupté; elle les rein duit à chercher le plaisir par des voies qui mettent l’homme au-dessous de la brute. Les débauches ingénieuses et recherchées des Grecs et des Romains, annoncent une imagination troublée, et non pas le grand homme conservant sa vertu. Le sage de Ferney ne pouvant concevoir ces dérèglements des Grecs les plus célèbres, vous dira au moins que si ces grands hommes ont pu être coupables d’une pareille infamie, c’était dans leur jeune âge; mais que le débauché devenu sage se hâtait d’y renoncer, et prêchait la réforme des mœurs. 12. Gardez-vous bien de prendre le nom de philosophe, pour excuser vos maximes lubriques, et ces productions qui, dévorées par une jeunesse bouillante, l’excitent à la débauche; de tels écrits sont des empoisonnements publics La philosophie désavouera toujours les maximes de ces apologistes du vice, qui empruntent son langage pour répandre leur poison... La sagesse ne peut point adopter ces écrits dangereux, qui décréditent la sévérité des mœurs... L’ennemi de la morale ne peut être l’ami de la philosophie; l’avocat du vice est un aveugle et un [......], qui ne peut être guidé par la vérité, et qui la hait nécessairement dans son cœur... Combattre la morale, ne peut être que l’ouvrage de la démence et de la fureur. 13. Le mariage entre le père et la fille répugne à la nature, comme celui d’un fils avec sa mère... Si quelques peuples n’ont point rejeté les mariages entre les pères et les enfants les sœurs et les frères, c’est que les peuples intelligents n’ont pas toujours suivi leurs lois... Si les Egyptiens ont épousé leurs sœurs, ce fut un délire de la religion égyptienne, qui consacra ces mariages en l’honneur d’Isis… Le principe que les mariages entre les pères et les enfants, les frères et les sœurs, sont défendus pour la conservation de la loi naturel de la pudeur dans la maison (pour la propagation de l’espèce, et bien d’autres raisons, doit servir à nous faire découvrir quels sont les mariages défendus par la loi naturel.
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| | | ludovic59
| Sujet: Catéchisme philosophique Chapitre 3 Mar 09 Aoû 2016, 08:46 | |
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Chapitre 3
Colonne A. Catéchisme philosophique.
Autres vertus à renvoyer au préjugé
Le Philosophe. Outre la chasteté des vestales, outre la pudeur, la continence, la fidélité conjugale, les sages n’ont-ils pas relégué un bon nombre de vertus à l’école du préjugé ? L’Adepte. C’est ce que fait encore le philosophe, lorsqu’il sait apprécier tout ce qu’on appelle vertus sociales et vertus religieuses. Le Philosophe. L’amour des pères et des mères est-il, par exemple, une vertu réelle et naturelle ? L’Adepte. Ou l’a cru jusqu’ici; mais ce n’est là qu’une méprise de sentiment, dont la philosophie sait découvrir la source. Le Philosophe. En direz-vous autant de l’amour des enfants pour leurs parents ? L’Adepte. J’en dirai bien davantage encore. Rien n’est moins philosophique que l’amour, le respect et la soumission que les enfants ont pour leurs parents. Si cet amour est une vertu, c’est celle de l’ivresse et de l’ignorance du bas âge. Le Philosophe. Que nous apprendrez-vous de l’amitié ? L’Adepte. Je dirai que l’amitié n’est qu’une affaire d’intérêt, sur laquelle un philosophe ne doit pas être absolument délicat. Le Philosophe. En quel rang mettrez-vous la reconnaissance ? L’Adepte. Au rang de tes vertus factices, que personne au moins n’est en droit d’exiger de nous. Le Philosophe. La crainte du [......], ou la véracité et la sincérité, seraient elles des vertus bien philosophiques ? L’Adepte. Jusqu’à un certain point, c’est à dire, jusqu’à ce qu’il y ait quelque intérêt à [......]. Le Philosophe. Croyez-vous que le parjure ajoute quelque chose au [......] ? L’Adepte. Point du tout; c’est un vrai préjugé que l’utilité des serments. Le Philosophe. Que pensez-vous en général de toutes ces vertus, qui constituent la probité d’un particulier, ou l’honnête homme ? L’Adepte. Je les regarde comme fort inutiles et fort peu intéressantes pour l’état. Le Philosophe. Que nous direz-vous à présent des vertus religieuses ou évangéliques ? L’Adepte. La religion et l’Evangile en général font descendre du ciel toutes leurs vertus; c’en est bien assez pour les déclarer toutes vertus de préjugé. Le philosophe. Que pensez-vous en particulier de la crainte de Dieu ? L’Adepte. Si c’est une vertu, ce ne peut-être que celle de la folie. Le Philosophe. Que doit penser le sage, de l’amour des ennemis, du pardon des injures ? L’Adepte. Il doit les regarder comme des vertus outrées, impossibles, imaginaires et fanatiques. Le Philosophe. Le mépris des richesses serait-il une vertu bien philosophique ? L’Adepte. C’est la vertu des imbéciles, des ineptes, des paresseux. Celui qui ne travaille pas à sortir de la misère, ne sera point souffert parmi nos sages. Le Philosophe. L’humilité chrétienne mérite t-elle quelque estime? L’Adepte. Celle qu’on peut avoir pour des vertus rampantes et abjectes, absurdes et injustes; pour une vraie folie. Le Philosophe. L’esprit philosophique bannirait-il L’orgueil? L’Adepte. Pourquoi bannir l’orgueil ? Le sage, qui en voit l’utilité et la nécessité, ne doit être occupé qu’à le fortifier. Le Philosophe. Qu’est-ce pour le sage que l’ambition, l’amour du pouvoir, des honneurs, de la gloire? L’Adepte. Cet amour est dans l’homme le grand mobile de toutes les vertus; rien n’est plus dangereux que de chercher à le détruire. Le Philosophe. Le sage, en général, est-il bien jaloux de se vaincre soi-même? L’Adepte. La vertu essentielle à la philosophie, est au contraire un entier abandon à nos penchants, à tout ce qui nous plaît; et c’est par là surtout que la morale de la philosophie est opposée à celle du préjugé.
Chapitre 3
Colonne B. Catéchisme philosophique.
Autres vertus à maintenir dans leur réalité.
Le Philosophe. Outre la chasteté des vestales, outre la pudeur, la continence, la fidélité conjugale, les sages n’ont-ils pas relégué un bon nombre de vertus à l’école du préjugé ? L’Adepte. La vraie philosophie se fait au contraire un devoir de maintenir toutes les vertus sans exception. Le Philosophe. L’amour des pères et des mères pour leurs enfants, est-il, par exemple, une vertu réelle et naturelle ? L’Adepte. C’est la nature même qui a fait de cet amour le principe, la hase de la société, et la philosophie ne peut que le fortifier. Le Philosophe. En direz-vous autant de l’amour des enfants pour leurs parents ? L’Adepte. Sans doute; je dirai que l’amour filial provient de la nature même; qu’il est indispensable, soit dans l’enfance, soit dans l’âge mûr. Il n’y a que des monstres qui puissent y renoncer. Le Philosophe. Que nous apprendrez-vous de l’amitié ? L’Adepte. Je dirai qu’elle est le sentiment le plus désintéressé; que les fautes contre l’amitié ne sont pas rémissibles. Le Philosophe. En quel rang mettrez-vous la reconnaissance ? L’Adepte. Au rang de ces vertus qui dérivent de la justice, et dont on ne peut se dispenser sans crime. Le Philosophe. La crainte du [......], ou la véracité et la sincérité, seraient-elles des vertus bien philosophiques ? L’Adepte. Le sage ne doit rien voir de plus précieux que la vérité, pas même sa vie et son honneur. Le Philosophe. Croyez-vous que le parjure ajoute quelque chose au [......] ? L’Adepte. Non seulement je le crois, mais il est très important que chacun en soit persuadé. Le Philosophe. Que pensez-vous en général de toutes ces vertus, qui constituent la probité d’un particulier, ou l’honnête homme ? L’Adepte. Sans cette probité, la politique s’occuperait en vain du bien de l’état, il ne resterait plus que des fripons à gouverner; ce qui n’est pas facile. Le Philosophe. Que nous direz-vous à présent des vertus religieuses ou évangéliques ? L’Adepte. Je dirai qu’elles sont une vraie acquisition pour la philosophie, et bien supérieures à toutes les vertus des anciennes législations. Le Philosophe. Que pensez-vous en particulier de la crainte de Dieu ? L’Adepte. Cette vertu est le plus ferme appui de toutes les autres. Le Philosophe. Que doit penser le sage, de l’amour des ennemis, du pardon des injures ? L’Adepte- La philosophie, loin de les rejeter, pourrait se glorifier de les avoir découvertes. Le Philosophe. Le mépris des richesses serait-il une vertu bien philosophique ? L’Adepte. Très philosophique. Sans ce détachement des richesses, il n’est ni vrai bonheur, ni sagesse. Le Philosophe. L’humilité chrétienne mérite t’elle quelque estime ? L’Adepte. Cette vertu doit être regardée comme celle qui anéantit toutes les ressources de l’amour-propre, en nous montrant nos défauts réels, et les perfections qui nous restent à acquérir. Le Philosophe. L’esprit philosophique bannirait-il l’orgueil. L’Adepte. Comment le supporter? Il est inconciliable avec le vrai mérite. C’est le vice des sots et des imprudents. Le Philosophe. Qu’est-ce pour le sage que l’ambition, l’amour du pouvoir, des honneurs, de la gloire ? L’Adepte. Ce sont les passions les plus funestes ; la vraie, la seule cause de tous les attentats et de tous les malheurs du genre humain. Le Philosophe. Le sage, en général, est-il bien jaloux de se vaincre soi-même ? L’Adepte. Rien n’est plus précieux au philosophe que cet empire sur soi-même; rien n’est plus nécessaire à son bonheur. C’est par-là surtout que la philosophie se rapproche du Christianisme.
Preuves philosophiques du chapitre précédent.
Colonne A.
1. Amour Paternel. Cet amour paternel, dont tant de gens font parade et dont ils se croient virement affecté, n’est le plus souvent qu’un effet ou du sentiment de la postéromanie, ou de l’orgueil de commander, ou d’une crainte de l’ennui, et du désœuvrement… Les méprises de sentiment sont en ce genre très fréquentes. On a regardé la tendresse paternelle comme un sentiment inné, et qui se trouvait inhérent au sang. La réflexion la plus légère aurait suffi pour détromper de ce préjugé si flatteur. 2. Amour Filial. L’amour des enfants pour leur père n’est pas d’une obligation si générale, qu’il ne puisse être susceptible de dispense... S’il faut tenir compte à son père du prétendu bienfait de la naissance, on lui devra donc des actions de grâces pour les mets délicats qu’il s’est fait servir, pour le Champagne qu’il a bu, pour les menuets qu’il a bien voulu danser. Le lien qui unit les enfants aux pères, est moins fort qu’on ne l’imagine. Le commandement d’aimer ses pères et ses mères, prouve que l’amour des enfants est plus l’ouvrage de l’habitude et de l’éducation, que de la nature. L’autorité du père sur les enfants n’est fondée que sur les avantages qu’il est censé leur procurer. Cette autorité s’évanouit au moment où les enfants peuvent se pourvoir eux mêmes. Les enfants ne restent liés au père, qu’aussi longtemps qu’ils ont besoin de lui pour se conserver. Sitôt que ce besoin cesse, le lien naturel se dissout... Il est constant que la soumission des enfants ne doit avoir lieu que pour le temps où ceux ci sont dans l’état d’ignorance et d’ivresse. 3. L’amitié ne se mesure pas sur l’honnêteté de deux amis, mais sur la force d’intérêt qui les unit... Aussi l’homme d’esprit en prédisant l’instant où deux amis cesseront de s’être utiles, peut-il calculer le moment de leur rupture, comme l’astronome calcule le moment de l’éclipse. Le philosophe est moins délicat en amitié, en amour plus aisé à satisfaire et à vivre. Les défauts de confiance dans l’ami, de fidélité dans la femme, ne sont pour lui que de légers défauts d’humanité. 4. Reconnaissance. Lorsque je dis que nécessairement l’homme fait tout pour soi, on ne manquera pas de m’objecter qu’en ce cas l’on ne doit point de reconnaissance à ses bienfaiteurs. Du moins, répondrai-je, le bienfaiteur n’est pas en droit de l’exiger. Un homme n’oblige que parce qu’il sent du plaisir à obliger. Quelle bizarrerie d’imaginer que l’on doit savoir gré à un homme qui est fait et organisé pour être libéral ! C’est à peu près comme si je le remerciais quand il va au bal, parce qu’il aime la danse. Sa folie est de vouloir obliger, ou c’est la vanité qui le fait agir. 5. Vérité, [......]. Il est très naturel de traiter la vérité comme la vertu. Ce sont des êtres qui ne valent qu’autant qu’ils servent à ceux qui les possèdent. Le [......] est si peu essentiellement condamnable en lui-même et par sa nature, qu’il deviendrait une vertu, s’il pouvait être utile. 6. Serment, parjure. C’est outrager gratuitement les hommes, que d’exiger d’eux des serments. Le superstitieux peut seul mettre de la différence entre un [......] et un parjure. 7. Probité. Qu’importe au public la probité d’un particulier ? Cette probité ne lui est d’aucune, ou presque d’aucune utilité; aussi juge-t-il les vivants comme la postérité juge les morts. Elle ne s’informe point si Juvénal étroit méchant, Ovide débauché, Annibal cruel, Lucrèce impie, Horace libertin, Auguste dissimulé, et César la femme de tous s les maris.... Qu’importe (encore une fois), la bonne ou la mauvaise conduite d’un particulier? Un homme de génie eût-il des vices, est encore plus estimable que vous... Peu importe (enfin), que les hommes soient vicieux, c’en est assez s’ils sont éclairés. 8. Vertus du Christianisme en général. Le Christianisme n’a point enseigné à l’univers des vertus plus réelles que celles du paganisme, et il est difficile pour quiconque les examine, de souscrire aux éloges qu’une prévention aveugle lui prodigue souvent. 9. Crainte De Dieu. On nous dit, d’après la Bible, que la crainte de Dieu est le commencement de la sagesse. Cette crainte ne serait elle pas plutôt le commencement de la folie? 10. Pardon Des Injures. Cet amour des ennemis, que le Christianisme est si fier d’avoir imaginé, est un précepte impossible. Sommes-nous les maîtres de chérir la douleur, de recevoir un outrage avec joie, d’aimer ceux qui nous font éprouver des traitements rigoureux. L’on peut appeler fanatiques, tous ces esprits outrés, ces docteurs despotiques, qui choisissent les systèmes les plus révoltants; ces casuistes les plus impitoyables, qui, après avoir arraché l’œil, vous disent encore d’aimer la chose qui vous tyrannise. Le précepte du pardon des injures et de l’amour des ennemis, semble n’être propre qu’à faire des lâches.... Il est directement opposé aux idées de la gloire, qui veut qu’on se venge avec éclat d’un affront qu’on a reçu aux yeux du public. 11. Mépris Des Richesses. La vertu ne consiste point dans le mépris des richesses, des grandeurs, de la puissance. Le vœu de pauvreté n’est que d’un inepte ou d’un paresseux. La pauvreté nous prive du bien-être, qui est le paradis des philosophes... Elle bannit loin de nous toutes les délicatesses sensibles.... Nous bannissons loin, de notre société le philosophe qui ne travaille pas à se délivrer de la misère. Toute religion qui, dans les hommes, honore la pauvreté d’esprit, est une religion dangereuse. 12. Humilité. L’indifférence et l’humilité des Chrétiens ne sont propres qu’à éteindre toute vertu... Quelle que soit la source des bonnes dispositions de l’homme, il ne peut s’empêcher de savoir qu’il les a, de s’en réjouir, de s’applaudir de les avoir, d’être content de lui-même... D’où l’on voit que l’humilité vraiment chrétienne est un être de raison, et que si elle était possible, elle serait injuste et absurde. 13. Orgueil. L’orgueil, nous dira-t-on, attache l’homme à la terre; tant mieux, répondrons nous; l’orgueil a donc son utilité. Loin de la combattre, que la religion fortifie dans l’homme l’attachement aux choses terrestres. S’estimer, être estimé des autres, telle est la félicité que la morale propose à tous les hommes, dans tous les états de la vie. 14. Ambition, Amour. Du pouvoir et de la gloire. L’ambition est le plus grand mobile des actions, et même des vertus des hommes; et par cette raison, il serait dangereux de la vouloir éteindre. L’amour du pouvoir est la disposition la plus favorable à la vertu. Le ciel, en l’inspirant à tous, leur a fait le don le plus précieux. L’amour de la gloire est, entre toutes les passions, la seule qui puisse inspirer des actions véritablement vertueuses. 15. Empire Sur Soi-même. Ecoutez la religion; elle vous ordonnera de vous vaincre vous-même, décidant sans balancer que rien n’est plus facile; et que pour être vertueux, il ne faut que vouloir. Prêtez l’oreille à la philosophie, elle vous invitera à suivre vos penchants, vos amours, et tout ce qui vous plaît. Ici il n’y a qu’à se laisser aller aux agréables impulsions de la nature; et là il faut se regimber contre elles. Telle est la différence énorme entre la morale de la philosophie et celle delà religion.
Preuves philosophiques du chapitre précédent.
Colonne B.
1. Amour Paternel. L’amour des pères et des mères est un sentiment qui se trouve même dans les animaux les plus sauvages; nous les voyons remplis de la plus tendre sollicitude pour leur progéniture. Ce sentiment doit être encore plus vif dans l’homme. Celui qui s’y refuse combat donc un sentiment qui vient de la nature même. Lorsqu’un père refuse son amour à ses enfants, c’est que l’instinct est distrait par les sophismes d’une raison captieuse... Si cet amour s’égare, c’est le pouvoir de la coutume qui l’emporte sur la force de l’instinct. 2. Amour Filial. La Soumission des enfants aux parents est fondé sur un amour respectueux ; quoi qu’indispensable, elle doit être volontaire et partir du cœur. Il n’est aucun cas dans la vie où les enfants puissent en être dispensés... L’âge apporte des changements aux devoirs d’un fils pour son père. Pendant son enfance, il lui doit une soumission sans bornes; incapable d’examiner, il n’a rien à examiner. Dans l’âge qui suit l’enfance, il entrevoit les objets, sa raison se développe ; les remontrances respectueuses ne lui sont pas alors interdites; mais si les représentations ont été faites sans fruit, il ne lui reste plus d’autre parti que celui de l’obéissance. Devenu homme à son tour, il ne laisse pas d’être fils, il doit toujours à son père des respects et des déférences. Les enfants ne manqueront point aux droits de la reconnaissance envers leurs parents, sans la plus grande injustice et la plus noire ingratitude. 3. Amitié. L’amitié est une affection désintéressée, uniquement fondée sur l’estime... Le sentiment à quoi elle ressemble le plus est l’amour... Il ne peut y en avoir de stable dont la vertu ne soit la base... Les soins officieux plaisent à l’amitié; mais on ne peut pas dire qu’elle soit intéressée... Elle est indulgente; mais rompre avec son ami, le trahir ou l’outrager, ne sont pas des crimes rémissibles. 4. Reconnaissance. La reconnaissance dérive de la justice. Il est sensible qu’un homme n’est juste qu’autant qu’il est reconnaissant, et qu’il est injuste en devenant ingrat... La société a deux liens, la justice et la bienfaisance. Celui qui manque de reconnaissance les viole tous deux; il est beaucoup plus coupable que celui qui prend le bien d’autrui. La reconnaissance est un devoir. Il n’est rien de plus odieux, de plus injuste, de plus insociable, que l’ingratitude. 5. Vérité, [......]. La loi naturelle, qui veut que la vérité règne dans tous nos discours, n’a pas excepté même le cas où notre sincérité nous coûterait la vie. [......], c’est offenser la vertu; c’est donc aussi blesser l’honneur: or on convient généralement que l’honneur est préférable à la vie. Il en faut dire autant delà sincérité. 6. Serment, Parjure. Il est clair que la sainteté des serments est nécessaire, et qu’on doit se fier davantage à ceux qui pensent qu’un faux serment sera puni, qu’à ceux qui pensent qu’ils peuvent faire un faux serment avec impunité. 7. Probité. Un individu représente l’état comme chacun de ses membres. Or il serait absurde de dire que ce qui fait le bonheur et la perfection de l’homme, fût inutile à l’état; puisque celui-ci n’est que la collection des citoyens, et qu’il est impossible qu’il y ait dans le tout un ordre et une harmonie, qu’il n’y a pas dans les parties qui le composent... Lorsqu’il n’y a plus de vertu (dans les particuliers), alors les lois les plus sages sont impuissantes contre la corruption générale. Ce sont les mœurs des citoyens qui remontent et vivifient l’état. 8. Vertus Du Christianisme En Général. Bien supérieur aux anciennes législations, le Christianisme rétablit dans sa splendeur la loi naturelle, et nous montra les vertus les plus sublimes. 9. Crainte De Dieu. Lorsque la créature, entêtée d’opinions absurdes, se roidit contre le vrai et donne la préférence au vice, sans la crainte des peines et des récompenses (sans la crainte de Dieu qui distribue les unes et les autres), il n’est plus de retour. Cette crainte est le frein le plus puissant que la philosophie oppose au vice. 10. Pardon Des Injures. Les hommes n’ont pas besoin d’une révélation céleste pour savoir que le pardon des injures est un sentiment noble, grand, digne d’un homme d’honneur. La générosité qui fait pardonner les injures, est un sentiment inconnu des petites âmes... La vengeance n’est un plaisir que pour les âmes atroces. Le vrai courage consiste bien plus à pardonner une injure, qu’à s’en venger. Pour pardonner, il faut dompter les transports de son courroux; pour se venger, il ne faut que s’y laisser aller. La candeur, le pardon des injures, font du Nazaréen un véritable philosophe. 11. Mépris Des Richesses. La manière de penser du sage qui veut se rendre heureux, se réduit à deux principes, au détachement des richesses, et à celui des honneurs. Il est nécessaire pour le bonheur, de ne désirer que les choses qui ont une bonté réelle.... Or les richesses et les honneurs ne sont que des biens imaginaires.... qui ne constituent pas le bonheur ; le philosophe doit donc les mépriser. 12. Humilité. Le sentiment profond d’humilité gravé dans les esprits, détruit, anéantit toutes les ressources de l’amour-propre, en les poursuivant jusque dans les replis les plus cachés de l’âme. Pour acquérir cette vertu, il faut tâcher de se convaincre combien de perfections nous resteront toujours à acquérir; que le peu même que nous valons, est l’ouvrage de la nature et des circonstances, autant ou plus que le nôtre. 13. Orgueil. Le mérite réel n’est jamais orgueilleux; l’orgueil annonce toujours de l’impudence et de la sottise L’orgueilleux est un être insociable. 14. Ambition, Amour Du pouvoir Et de La Gloire. L’ambition, cette passion funeste de primer, de dominer et de se distinguer, a produit plus de crimes que toutes les passions ensemble. L’homme qui se passionne pour la gloire, est comme l’enfant qui s’extasie au coloris d’une bulle de savon. Attacher le bonheur au char de la gloire et de la renommée, c’est le mettre, comme un enfant, dans un joujou, ou dans le bruit que fait une trompette. Les ambitieux de gloire ne peuvent être que de grands criminels Les causes des grands attentats sont l’amour de la gloire et de l’ambition. 15. Empire Sur Soi-même. L’habitude de se vaincre soi-même, dans laquelle consiste la pratique de la morale, loin de détruire, comme on le pense, le charme de la vie, devient elle-même l’habitude la plus satisfaisante Il est évident que le travail de la morale sur l’homme, ou plutôt de l’homme qui veut être heureux, sur lui-même, doit tendre à acquérir cet empire sur soi. Telle est la ressemblance entre la morale de la philosophie et celle de la religion.
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| | | ludovic59
| Sujet: Catéchisme philosophique Chapitre 4 Mar 09 Aoû 2016, 08:47 | |
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Chapitre 4
Colonne A. Catéchisme philosophique.
Conscience et remords réformés.
Le Philosophe. La conscience est-elle un objet essentiel en morale ? L’Adepte. Non, et sur cet article nous avons à réformer bien des idées. Le Philosophe. Que doit entendre un philosophe par ces mots de conscience et de remords? L’Adepte. La conscience est, pour le philosophe, ce sentiment qui nous fait approuver ou condamner intérieurement notre conduite, suivant que nous sentons qu’elle pourra nous attirer l’estime ou le mépris des autres. Le remords est la crainte des châtiments que nos actions peuvent nous attirer en ce monde. Le Philosophe. D’où provient à l’homme ce sentiment qu’il a de ses actions ? L’Adepte. Il nous vient uniquement de l’habitude, de l’expérience, et nullement de la nature. Le Philosophe. L’homme a-t-il des remords des actions secrètes impunies dans ce monde ? L’Adepte. L’expérience nous prouve qu’un crime impuni dans ce monde, n’excite jamais de remords. Le Philosophe. Croyez-vous les remords bien utiles ? L’Adepte. Avant le crime, ils ne l’évitent pas; après le crime, ils ne le réparent pas. C’est le plus inutile des supplices. Le Philosophe. Seroit - ce un service pour l’humanité, que l’extinction des remords? L’Adepte. C’est le plus important que nous rendions à l’homme; ce n’est pas la faute de nos philosophes, si le succès n’est pas complet. Le Philosophe. Connaissez-vous des philosophes qui aient hautement travaillé à l’extinction des remords? L’Adepte. J’en connais qui s’en glorifient, et qui déclament fort éloquemment, pour que leur voix étouffe celle des remords dans le cœur des méchants. Le Philosophe. Le vrai philosophe étouffe t-il au moins les remords dans lui-même? L’adepte. Le vrai philosophe a trop d’esprit pour se laisser tourmenter par les remords, et devenir lui-même son bourreau.
Chapitre 4
Colonne B. Catéchisme philosophique.
Conscience et remords maintenus.
Le Philosophe. La conscience est-elle un objet essentiel en morale ? L’Adepte. Oui, et sur cet article le sage ne s’éloignera pas des opinions reçues. Le Philosophe. Que doit entendre un philosophe par ces mots de conscience et de remords? L’Adepte. La conscience est, pour le philosophe, ce sentiment qui nous fait approuver ou condamner notre conduite, suivant qu’elle est conforme ou contraire à nos devoirs, sans aucun égard à ce que les autres pourront en penser. Le remords est ce reproche, cette crainte d’une conscience qui désapprouve nos actions. Le Philosophe. D’où provient à l’homme ce sentiment qu’il a de ses actions? L’Adepte. Delà nature même, qui l’a gravé dans tous les cœurs. Le Philosophe. L’homme a-t-il des remords des actions secrètes impunies dans ce monde? L’Adepte. Le méchant le plus certain d’avoir caché son crime; le despote le plus assuré de l’impunité, seront forcés d’avouer que leur cœur est en proie au trouble et aux remords. Le Philosophe. Croyez-vous les remords bien utiles ? L’Adepte. Il n’y a que l’homme consommé dans le crime, qu’ils ne rappellent pas à la vertu. Le Philosophe. Serait-ce un service pour l’humanité, que l’extinction des remords? L’Adepte. Il en resterait un à rendre à celui qui y réussirait, ce serait de l’étouffer. Le Philosophe. Connaissez-vous des philosophes qui aient hautement travaillé à l’extinction des remords? L’Adepte. J’en connais qui en rougissent de honte, et qui s’en cachent alors même qu’ils y travaillent le plus efficacement. Le Philosophe. Le vrai philosophe étouffe t-il au moins les remords dans lui-même? L’Adepte. Le vrai philosophe, au lieu d’étouffer les remords dans lui-même, ne voit que l’ennemi du genre humain dans celui qui nous aide à les braver.
Preuves philosophiques du chapitre précédent.
Colonne A.
1. La conscience, pour le superstitieux, est la connaissance qu’il croit avoir des effets que ses actions produiront sur la Divinité... (Pour le philosophe) elle est la connaissance des effets que ses actions produiront sur les autres. Nous l’avons dit, nous le répéterons : La conscience dans l’homme vivant en société, est la connaissance des effets que ses actions produisent sur les autres, et par contrecoup sur lui. Les remords ne sont que la prévoyance des peines physiques auxquelles le crime nous expose.... Ils ne sont que la crainte produite par l’idée que nos actions sont capables de nous attirer la haine ou le ressentiment des autres. 2. La conscience n’est pas l’effet d’un sentiment inné, mais de l’expérience et de la réflexion. C’est avec très peu de fondement que les moralistes ont regardé la conscience comme un sentiment inné, c’est-à-dire, comme inhérente à notre nature. Quand on voudra s’entendre, on sera forcé de convenir que les lois de la conscience dépendent de l’habitude. 3. L’expérience nous apprend que toute action qui ne nous expose ni aux peines légales, ni aux peines du déshonneur, est en général exécutée sans remords. Un homme est-il sans crainte ? Est-il au-dessus de la loi ? C’est sans repentir qu’il commet l’action malhonnête qui lui est utile. Si nous avons des remords, c’est quand nous prévoyons que nos actions nous rendent haïssables ou méprisables aux autres... Si ces effets de nos actions sur les autres sont inutiles pour nous, nous n’avons point de remords. 4. Les remords sont inutiles, ou du moins ce qui les fait naître, avant le crime; ils ne servent pas plus après que pendant le crime... Si je soulage la machine des méchants de ce fardeau de la vie, elles en seront moins malheureuses, et non plus impunies. En seront elles plus méchantes ? Je ne le crois pas. Puisque les remords sont un vain remède à nos maux, et qu’ils détruisent les eaux les plus claires, sans clarifier les plus troubles, détruisons-les donc. 5. Tous les méchants peuvent être heureux, s’ils peuvent être méchants sans remords. J’ose dire que celui qui n’aura point de remords, dans une telle familiarité avec le crime que les vices soient pour lui des vertus, sera plus heureux que tel autre qui, après une belle action , se repentira de l’avoir faite, et par-là en perdra tout le prix. Tel est le merveilleux empire d’une tranquillité que rien ne peut troubler. 6. Ne troublons point notre esprit par des inquiétudes inutiles.... Cesse donc, ô homme! De te laisser troubler par des fantômes que ton imagination où l’imposture ont créés Dégage-toi de tes craintes accablantes. Suis sans inquiétude la route que la nature a tracée pour toi. Sème-là de fleurs; écarte, si ton destin le permet, les épines qu’il y a répandues. Ne plonge point tes regards dans un avenir impénétrable Méchant infortuné, qui te trouves sans cesse en contradiction avec toi-même! Machine désordonnée, qui ne peux t’accorder ni avec ta nature, ni avec celle de tes associés! Ne crains pas dans une autre vie les châtiments de tes crimes.... Ne crains plus l’avenir; il mettra fin aux tourments que tu t’infliges toi-même. 7. Le philosophe trop éclairé pour se trouai ver coupable de pensées et d’actions qui naissent malgré lui, ne se laisse pas ronger par ces bourreaux de remords, fruits amers de l’éducation que l’arbre de la nature ne porta jamais.
Preuves philosophiques du chapitre précédent.
Colonne B.
1. Ce n’est pas des caprices de la société que dépendent les notions vraies du juste, de l’injuste, du bien, du mal moral... C’est sur notre propre essence que sont fondées nos idées du vice et de la vertu. La conscience consiste dans le jugement que chacun porte de ses propres actions comparées avec les idées qu’il a d’une certaine règle nommée loi; en sorte qu’il conclut en lui-même que les premières sont ou ne sont pas conformes aux dernières. La conscience est la règle antérieure à l’opinion; elle juge le préjugé même. Et les remords en sont les reproches secrets. 2. Conscience! Conscience ! Instinct divin, immortelle et céleste voix !.... C’est toi qui fais l’excellence de sa nature, et la moralité de ses actions...: La conscience est à l’âme ce que l’instinct est au corps; qui la suit, obéit à la nature Sitôt que la raison fait connaître le bien à l’homme, sa conscience le porte à l’aimer, et c’est ce sentiment qui est inné. C’est la conscience qui écrit au fond des cœurs les lois éternelles de la nature et de l’ordre. 3. Il est impossible d’échapper aux remords, parce que nous ne pouvons nous en imposer au point de prend le faux pour le vrai, le laid pour le beau, le mauvais pour le bon. On n’étouffe point à volonté la voix de la conscience. Considérez à quel point les tyrans ou les scélérats, assez puissants pour ne pas redouter les châtiment des hommes, craignent pourtant la vérité. Ils ont donc la conscience de leur iniquité! Ils savent donc qu’ils sont haïssables et méprisables! Ils ont donc des remords, quoiqu’ils soient à l’abri des châtiments des hommes. 4. Gardez-vous bien de détruire les remords. Celui qui les éprouve toutes les fois qu’il a fait le mal, s’observe et se corrige On ne répare le mal, que lorsque la conscience tourmente assidûment la continuité des blessures qu’elle nous fait, nous force non seulement au repentir, mais encore à détruire, autant qu’il est en nous, le mal dont l’idée nous afflige. 5. Etouffez les remords, puisque vous le voulez; mais quand vous y aurez réussi pour vous- même, savez-vous ce que nous aurons à faire? Alors il faudra vous étouffer; et soyez sûr que parmi les hommes qui n’aiment pas qu’on les opprime, il s’en trouvera qui vous mettront hors d’état de faire de nouveaux crimes. 6. Qu’on ne m’accuse point, disait le célèbre Diderot, d’autoriser le crime par des principes qui affranchissent l’homme de toute crainte, de tout remords. Rien ne serait plus évidemment calomnieux que cette accusation, puisqu’il n’y a pas un seul de mes raisonnements, qui ne tende au contraire à anéantir tout scélératisme, à le rendre même inconcevable, (à prouver qu’il ne peut exister). Qu’on ne me dise point que mon système, celui du fataliste, tend à nous enhardir au crime, et à faire disparaître les remords, comme souvent on l’en accuse; au lieu de vouloir les détruire, je soutiens que ces remords sont des suites nécessaires de notre tempérament; je tiens pour une société dépravée, celle où les remords n existent point. 7. La philosophie plus éclairée avoue que c’est une cruauté et une trahison de calmer les remords des méchants.... Ils sont des philosophes sans mœurs, des imposteurs, des charlatans méprisables, ces hommes qui, par une lâche complaisance pour les vices et les passions, affaiblissent leurs scrupules et leurs remords.... Ils sont les corrupteurs du genre humain.
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| | | ludovic59
| Sujet: Catéchisme philosophique Chapitre 5 Mar 09 Aoû 2016, 08:48 | |
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Chapitre 5
Colonne A. Catéchisme philosophique.
Enfer détruit.
Le Philosophe. Sur quoi peut-on fonder l’idée d’un enfer? L’Adepte. Uniquement sur des suppositions, toutes fausses et absurdes? Le Philosophe. Un vrai philosophe ne voit-il pas le crime toujours assez puni dans ce monde? L’Adepte. Oui, les vrais philosophes, tels que le moraliste universel, le Lucrèce moderne, le militaire philosophe, et bien d’autres, ont vu que le méchant est toujours puni dans ce monde; et ils en ont conclu que l’enfer n’était point nécessaire. Le Philosophe. N’est-ce pas une folie de croire que le crime offense Dieu, et que Dieu le punit? L’adepte. C’est une absurdité. L’homme est trop peu de chose, pour qu’un Dieu s’offense de ses actions et daigne le punir. Ainsi l’ont déclaré et M. Diderot, et l’auteur du Bon sens. Le Philosophe. La vengeance ne répugne t-elle pas à l’idée d’un Dieu ? L’Adapte. Elle y répugne absolument; car le grand Toussaint, qui aime la Divinité de tout son cœur, ne peut s’accoutumer à cette idée d’un Dieu vengeur. Le Philosophe. Quels hommes inventèrent ce Dieu, et son enfer? L’Adepte. Cette idée ne peut être venue que des prêtres barbares et fanatiques, dont quelques-uns pourtant ne furent que des sots. Le Philosophe. Ce dogme d’un enfer n’est-il pas au moins inutile dans ce monde? L’Adepte. Il est plus qu’inutile; car il est dangereux, et peut même endurcir les médians. Le Philosophe. Un Dieu juste peut-il punir des êtres aussi peu libres que l’homme? L’Adepte. Autant vaudrait. Nous dire qu’il punit ce qu’il nous force lui-même à faire. Le Philosophe. A quoi sert en morale l’opinion de l’immortalité, sur laquelle est fondé le dogme d’un enfer? ... . L’Adepte. A rien du tout. Mortel ou immortel, l’homme n’en a pas moins les mêmes devoirs à remplir, les mêmes lois à suivre, ainsi que le déclare un très grand philosophe. Le Philosophe. L’existence de l’âme après la mort, suffirait-elle pour qu’un Dieu nous punît dans l’autre monde? L’Adepte. Dès que le corps n’est plus, ou se trouverait l’homme qu’un Dieu voudrait punir ? C’est la réflexion très ingénieuse d’un grand homme. Le Philosophe. Que diriez-vous d’un Dieu qui menace de faibles créatures d’un enfer éternel? L’Adepte. Je le détesterais comme un tyran féroce, pire que tous les Dieux du paganisme, comme un être dont nos plus célèbres philosophes ne supportent pas l’idée. Le Philosophe. En admettant l’idée d’un Dieu vengeur et d’un enfer, à qui faudrait-il la prêcher? L’Adepte. J’abandonnerais ce dogme à la canaille, comme le grand Voltaire a soin de nous le conseiller. Le Philosophe. Que répondrait vous à celui qui croyant un enfer, viendrait voir le prêcher à vous-même? L’Adepte. Je lui dirais avec un de nos sages: vous êtes un plaisant corps; si votre Dieu veut me damner, de quoi vous mêlez-vous?
Chapitre 5
Colonne B. Catéchisme philosophique.
Enfer rétabli.
Le Philosophe. Sur quoi peut-on fonder l’idée d’un enfer? L’Adepte. Sur les réflexions les plus vraies, les plus philosophiques. Le Philosophe. Un vrai philosophe ne voit-il pas le crime toujours assez puni dans ce monde? L’Adepte. Il s’en faut bien que les sages aient cru le voir ainsi. Les plus grands philosophes, tels que le Moraliste universel, le Lucrèce moderne, le Militaire philosophe, et bien d’autres, ont vu très souvent le crime heureux et couronné; ils ont dû en conclure que l’enfer réparerait le scandale de ce monde. Le Philosophe. N’est-ce pas une folie de croire que le crime offense Dieu, et que Dieu le punit? L’Adepte. Au contraire, c’est une vraie folie de croire qu’un Dieu ne punit point le transgresseur des lois. Ainsi l’ont déclaré le philosophe du Bon Sens et M. Diderot. Le Philosophe. La vengeance ne répugne t-elle pas à l’idée d’un Dieu? L’Adepte. Non; car le grand Voltaire croit précisément que dire un Dieu, c’est dire un Dieu vengeur. Le Philosophe. Quels hommes inventèrent ce Dieu et son enfer? L’Adepte. Le philosophe qui connaître l’auteur de ces opinions, lui devrait ériger des autels. Le Philosophe. Ce dogme d’un enfer n’est-il pas au moins inutile en ce monde? L’Adepte. Il est au contraire très utile pour arrêter le méchant, et même pour empêcher le juste de quitter les voies de la justice. Le Philosophe. Un Dieu juste peut-il punir des êtres aussi peu libres que l’homme? L’Adepte. Le crime seul rend l’homme esclave, et un Dieu le punit justement de l’abus qu’il a fait de sa liberté. Le Philosophe. A quoi sert en morale l’opinion de l’immortalité, sur laquelle est fondé le dogme d’un enfer? L’Adepte. A établir les lois de la morale sur fine base dont elle ne saurait se passer, suivant la remarque d’an très grand philosophe. Le Philosophe. L’existence de l’âme après la mort, suffirait-elle pour qu’un Dieu nous punît dans l’autre monde? L’adepte. Que manque-t-il à l’homme quand son âme subsiste ? C’est après la mort surtout qu il vivra tout entier. C’est la réponse d’un bien grand philosophe. Le Philosophe. Que diriez-vous d’un Dieu qui menace de faibles créatures d’un enfer éternel? L’adepte. J’admirerais avec nos très célèbres encyclopédistes, son amour infini pour la vertu et sa grande sagesse manifestée par les menaces même d’un si grand châtiment. Le Philosophe. En admettant l’idée d’un Dieu vengeur et d’un enfer, à qui faudrait-il la prêcher? L’Adepte. Aux grands et aux petits, à tout homme; parce que sans ce dogme tout mortel peut devenir un monstre, suivant le grand Voltaire. Le Philosophe. Que répondriez-vous à celui qui croyant un enfer, viendrait vous le prêcher? L’Adepte. Je le remercierais de l’intérêt qu’il prendrait à moi, comme la raison veut que je remercie celui qui m’avertit d’un précipice que je ne voyais pas.
Preuves philosophiques du chapitre précédent
Colonne A.
1. Le crime, dit très bien le moraliste universel, porte toujours sa peine dans ce monde... Et la vertu y est toujours récompensée... Il n’est point sur la terre de vertu qui ne trouve son salaire; il n’est point de crime ou de folie qui ne soient sévèrement punis. C’est là un décret de la nature qui s’exécute sous nos yeux. Le Tout-puissant, insiste le militaire philosophe, le Tout-puissant qui règle nos destinées, nous punit et nous récompense dans ce monde. Nous sommes malheureux quand nous faisons le mal; nous sommes heureux quand nous faisons le bien... Chaque homme ne pèche jamais impunément. Disons aux hommes, ajoute l’auteur du Bon sens, de s’abstenir du vice et du crime, non parce qu’ils seront punis dans l’autre monde, mais parce qu’on en porte la peine dans le monde où l’on est. Que le méchant, nous crie enfin le Lucrèce moderne, que le méchant ne craigne pas dans une autre vie les châtiments de celle-ci. N’est-il pas déjà cruellement puni dans ce monde ? Il n’est donc pas besoin d’un enfer pour trouver la peine due au crime. 2. Les hommes sont forcés d’exécuter les lois de Dieu; comment pourraient-ils donc l’offenser ? Pour offenser quelqu’un, il faudrait supposer des rapports entre nous et celui que nous offensons. Quels sont les rapports qui peuvent subsister entre les faibles mortels, et l’Être infini qui a créé le monde? Dire que l’homme peut allumer la foudre dans les mains de son Dieu, qu’il peut déroulé ter ses projets, c’est dire que l’homme est plus fort que son Dieu, qu’il est l’arbitre de sa volonté, qu’il dépend de lui d’altérer sa bonté, et de la changer en cruauté; dire surtout qu’un Dieu punit, c’est bien peu le connaître. La providence s’irrite point de nos crimes... La suprême puissance unie dans un Être à une sagesse infinie, ne punit point; elle perfectionne ou anéantit. 3. C’est encore Mr Diderot qui le répète. L’idée d’un Etre infiniment bon exclut absolument celle d’un vengeur. C’est le grand Toussaint qui ajoute: La vengeance ne serait pas interdite à l’homme, si un Dieu se la permettait, puisque l’homme est son image. 4. Nos sages l’ont dit et répété bien des fois: L es auteurs de ce Dieu qui punit ses créatures dans l’enfer, sont des prêtres barbares, fanatiques. , intéressés qui parlent d’un enfer aux autres, et qui n’y songent guère; dont quelques-uns pourtant ne sont que les dupes de leurs opinions. Ce sont ces prêtres qui ont toujours senti que, pour se rendre considérables eux-mêmes, il était utile de faire la divinité terrible. 5. La crainte d’un enfer n’est nullement propre à contenir nos passions; elle remplit la vie d’amertume, de terreur et d’alarmes; et très probablement elle tend à endurcir les pécheurs. Ne voyons-nous pas, malgré ce dogme, des monstres de luxure, de trahison, de cruauté ?... Il ne sert à rien pour corriger les hommes, pour les tirer de leurs vices et de leurs habitudes. 6. Les hommes ne sont maîtres ni de leurs actions ni de leurs pensées; un Dieu juste ne peut donc les punir. 7. Quelque sentiment que l’on adopte sur son âme et son sort à venir, soit que cette âme soit immortelle ou non, la morale, ou la science de nos devoirs en ce monde, sera toujours la même. 8. L’âme sans le corps n’est pas l’homme; le corps sans l’âme n’est pas l’homme non plus: donc l’homme n’existera plus après la mort, quand même l’âme existerait; donc Dieu ne pourra point exercer sa justice et ses vengeances sur les morts; donc enfin il n’y a point d’enfer. 9. Est-il possible que les hommes puissent tomber dans une contradiction aussi manifeste que de représenter Dieu comme un être d’une bonté infinie, ou même de l’équité la plus ordinaire, et croire en même temps qu’il punit ainsi ses créatures ? Ne devraient-ils pas plutôt le représenter comme un démon barbare, comme un Etre infiniment injuste et cruel? 10. Nous avons affaire à force friponne, à une foule de petites gens brutaux, ivrognes et voleurs; je leur crierai dans les oreilles qu’ils seront damnés, s’ils me volent. J’imiterai ces philosophes qui, ne croyant pas à l’enfer, voudraient cependant que la populace fût contenue par cette croyance. Quant à moi je dirai: Je vois sans m’alarmer l’éternité paraître, et je ne puis penser qu’un Dieu qui m’a fait naître, un Dieu qui, sur mes jours, a versé ses bienfaits, quand je ne serai plus, me tourmente à jamais. Telle est l’opinion du grand Voltaire. 11. Si votre Dieu laisse aux hommes la liberté de se damner, de quoi vous mêlez vous? Etes-vous donc plus sage que ce Dieu, dont vous voulez venger les droits?
Preuves philosophiques du chapitre précédent.
Colonne B.
1. Tout fait voir, dit très bien le moraliste universel, qu’en suivant les voies de la justice on n’obtient aucun bonheur. On risque à chaque instant d’être écrasé par la foule qui suit un chemin opposé... Tout le monde est sollicité au mal, et personne ne trouve d’intérêt à faire le bien. Est-il étonnant, poursuit le philosophe militaire, qu’il y ait tant de crimes? Pour amener les peuples à la vertu, il faudrait que par des lois sévères on contînt le crime... que l’on montrât du moins du mépris aux débauchés, aux adultères, aux intempérants, aux menteurs de toute espèce, aux traîtres... Qu’à l’aide des récompenses, des distinctions, des richesses, des honneurs, les sujets fussent invités à suivre la vertu; et rien de tout cela ne se fait. Hélas ! Ajoute le philosophe auteur du Bon sens, on ne voit dans ce monde que le crime victorieux et la vertu dans la détresse. Qui ne voit pas enfin, s’écrie le Lucrèce moderne, l’innocence souffrir, la vertu dans les larmes, le crime triomphant et récompensé ? Qu’ils sont donc aveugles ces philosophes qui prétendent que le crime est assez puni dans ce monde, pour n’avoir rien à craindre dans l’autre! 2. Nous violons la loi de Dieu toutes les fois que nous nuisons à la société, ou à nous mêmes... Le Tout-puissant nous punit, et nous sommes malheureux quand nous faisons le mal. Donc on peut concevoir que l’homme offense Dieu. Il faut même vouloir ne pas faire usage de sa raison, pour croire que la divinité défend aux hommes de faire le mal, et ne les punit pas lorsqu’ils désobéissent. Celui qui adore un Dieu, mais un Dieu qui ne soit pas vainement honoré du titre de bon, qui le soit en effet... admet conséquemment des récompenses et des châtiments à venir... Autrement il n’admettrait qu’une distribution capricieuse des biens et des maux. 3. C’est encore M. Diderot qui m’apprend que l’athéisme n’admettant point un Dieu vengeur et rémunérateur, laisse la probité sans appui, et pousse indirectement à la dépravation. C’est le grand Voltaire qui nous dit hautement, que méconnaître un Dieu vengeur et rémunérateur, et n’attendre de lui ni châtiment ni récompenses, c’est être véritablement athée, et nier l’existence de Dieu. 4. Nous ne savons pas qui le premier enseigna aux hommes cette doctrine d’un maître éternel qui nous voit et qui jugera nos plus secrètes pensées. Si je le connaissais, je lui dresserais des autels. 5. La crainte des peines (à venir, ou d’un enfer) est propre à raffermir celui que le partage des affections fait chanceler dans la vertu. Je dis plus... Lorsque la créature, entêtée d’opinions absurdes, se roidit contre le vrai, donne la préférence au vice, sans la crainte des peines et l’espoir des récompenses, il n’y a plus de retour. Si l’on persuadait aux hommes qu’il n’y a plus de poul-serrho (c’est à dire, d’enfer), ni rien de semblable, où les opprimés soient vengés de leurs tyrans après la mort, n’est-il pas clair que cela mettrait ceux-ci fort à leur aise ? 6. Vous objectez à un Dieu vengeur le défaut de liberté dans l’homme! Apprenez qu’il n’y a de vrai esclave que celui qui fait le mal... Qu’il s’asservisse aux lois éternelles écrites dans nos cœurs, et il sera véritablement libre. 7. La morale serait parfaitement inutile, sans le dogme de l’immortalité. 8. C’est-à-dire que si un prince avait égorgé sa famille pour régner, s’il avait tyrannisé ses sujets, il en serait quitte pour dire à Dieu: Ce n’est pas moi; vous vous méprenez j je ne suis plus la même personne. Pensez-vous que Dieu fût bien content de ce sophisme ? Que ne dites-vous plutôt avec Jean-Jacques : L’homme ne vit qu’à moitié durant la vie, et la vie de l’âme ne commence qu’à la mort? 9. Plus la menace (contre les méchants) est terrible et imposante, plus il y a de bonté dans’ son auteur. Un Dieu infiniment bon peut donc bien menacer les méchants d’un enfer éternel. Le pécheur peut-il l’accuser d’injustice de lui infliger des peines éternelles, puisque pendant la vie il était de son choix de les éviter, et de parvenir à une félicité éternelle? Que le philosophe d’ailleurs nous dise au moins ce qu’il mettrait à la place du poul-serrho ou de l’enfer. 10. Il faut un Dieu vengeur aux rois; il en faut un au ministre, à l’homme d’état, à tous ceux qui, sans la crainte de ce Dieu, nous pileraient dans un mortier, dès qu’ils y trouveraient leur intérêt. Il en faut un à nos tailleurs, à nos procureurs. Il en faut un au peuple, et à l’homme de cabinet. Quelle sera donc la classe qui n’ait pas besoin de croire à un enfer? 11. est-ce donc un attentat dans un passager, d’avertir le pilote que son vaisseau fait eau de toute part; qu’il est menacé d’un écueil; et d’exhorter ses compagnons à prévenir le péril ?
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| | | ludovic59
| Sujet: Catéchisme philosophique Chapitre 6 Mar 09 Aoû 2016, 08:49 | |
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Chapitre 6
Catéchisme philosophique. Unique
Moyens philosophiques d’établir la vertu parmi les hommes.
Le philosophe. La philosophie, qui ne puise ses motifs et ses moyens ni dans les cieux, ni dans l’enfer, n’en a-t-elle point inventé de plus propres à établir l’empire de la vertu ? L’adepte. Elle en a inventé en grand nombre et de très efficaces. Le philosophe. Quelle science fournira aux philosophes les moyens les plus sûrs pour extirper les vices ? L’adepte. Ce sera sans contredit la médecine, aidée de toutes les ressources de la pharmacie et de l’anatomie. Le philosophe. Comment nos médecins et nos apothicaires peuvent-ils rappeler la vertu dans toute sa splendeur ? L’adepte. en apprenant de la philosophie à purger ou saigner à propos les méchants, les avares, les ambitieux, les hypocrites et les vicieux de toute espèce. Le philosophe. La philosophie parle-t-elle bien sérieusement, lorsqu’elle met les principales sources de la vertu dans nos pharmacies ? L’adepte. Très sérieusement ; malgré tous les sarcasmes du préjugé, elle sait démontrer l’importance des médecins et des apothicaires, toutes les fois qu’il s’agit de rendre à la vertu son premier éclat. Le philosophe. La police et la législation n’ont-elles pas été appelées aussi par la médecine au secours de la vertu ? L’adepte. Oui ; la maréchaussée surtout deviendra très utile en morale, quand on voudra suivre les leçons de nos sages. Le philosophe. Comment nos lois et la police seconderont-elles principalement les voeux de nos sages, et le grand objet de la morale ? L’adepte. En effaçant d’abord de tous les catéchismes distribués au peuple toute idée d’un dieu, d’un ciel et d’un enfer. En mettant à la place du ciel des récompenses plus solides, telles que les titres de marquis, de baron, les honneurs, les richesses, et surtout beaucoup de gloire. En substituant à la crainte des enfers celle de la justice et des bourreaux. Le philosophe. La philosophie n’a-t-elle pas indiqué aux rois des moyens plus neufs encore pour rendre leurs sujets vertueux ? L’adepte. oui ; les rois philosophes prêcheront, parce que c’est à eux que ce droit appartient ; ils auront aussi grand soin d’annoncer chaque année tout ce qui devra être regardé comme vertueux ou comme vicieux, jusqu’à nouvel ordre. Le philosophe. Ne serait-il pas encore fort bon pour la vertu qu’il n’y eût point de riches en ce monde, et que tous les biens fussent communs ? L’adepte. Tant qu’un homme pourra dire que sa maison lui appartient, que son champ est à lui, la vertu n’aura qu’une existence précaire. Il faut, pour lui donner une base solide, anéantir absolument toute propriété. Le philosophe. Dans l’état actuel des choses, où malheureusement tout citoyen a sa propriété, comment peut-on encore porter les hommes à la vertu ? L’adepte. On y réussira certainement par la voie des plaisirs, en favorisant extrêmement la sensibilité physique. Preuves, n 8. Le philosophe. Donnez-moi quelques exemples des plaisirs physiques qui pourraient porter l’homme à la vertu. L’adepte. On pourrait d’abord accorder au mari vertueux le droit de changer de femme, quand il s’ennuie de celle qu’il a eue quelque temps. Il serait, en second lieu, assez facile de faire servir les femmes galantes à la propagation de la vertu. Le philosophe. Comment s’y prendrait la philosophie pour faire servir les femmes galantes à la propagation de la vertu ? L’adepte. Elle abandonnerait ce soin aux courtisanes, sachant qu’elles créent à leur gré des âmes et des corps, et qu’il dépend d’elles de rendre leurs amans vertueux. Le philosophe. La philosophie laisserait-elle à chacun le droit de choisir celle des femmes galantes qui plairait davantage ? L’adepte. Non ; ce choix n’appartiendrait qu’au citoyen le plus vertueux. En s’y prenant de cette manière, le plus méchant n’aurait jamais que la plus laide ; ce qui certainement deviendrait un grand moyen de corriger les moeurs. Le philosophe. Comment s’y prendrait la philosophie pour arriver à un but si louable ? L’adepte. Elle exhorterait nos Laïs à n’accorder elles-mêmes leurs faveurs qu’à l’homme distingué par ses vertus, surtout par son courage et son amour pour la patrie, moyen très efficace pour avoir des soldats et des héros. Le philosophe. Quel est le moyen le plus moderne, et regardé par la philosophie comme le plus propre à rétablir l’empire de la vertu ? L’adepte. Ce moyen consiste dans l’étude de la musique et de la géométrie. Ce sont ces deux sciences, et surtout la musique, qui rendirent les anciens si vertueux. C’est pour avoir négligé la musique et la géométrie qu’il est aujourd’hui si peu d’honnêtes gens.
Preuves philosophiques du chapitre précédent.
1. Premier Moyen De vertu. La Médecine. C’est uniquement du plus ou du moins de régularité de la circulation de nos humeurs, que dépendent nos vices, nos vertus, nos qualités. Que le physicien, que l’anatomiste, que le médecin réunissent donc leurs expériences, leurs observations Que leurs découvertes apprennent au moraliste les vrais moyens qui peuvent influer sur les actions des hommes. Les âmes seront toujours vicieuses, quand les corps seront souffrants. En faisant de notre âme une substance spirituelle, on se contente de lui administrer des remèdes spirituels, qui n’influent point sur le tempérament, ou qui ne font que lui nuire. Cependant il n’est pas douteux que le tempérament de l’homme ne puisse être corrigé, altéré, modifié par des causes aussi physiques que celles qui le constituent. Chacun de nous peut en quelque sorte se faire un tempérament en prenant des nourritures moins succulentes, ou bien à l’aide de quelques remèdes.... De ces causes matérielles nous voyons communément résulter les facultés qui donnent le ton aux passions, aux actions morales des hommes. C’est donc aux physiciens, aux médecins, aux anatomistes et aux apothicaires, qu’il faut avoir recours, pour trouver ces remèdes, qui donnent du ton à la vertu, à nos actions morales. 2. Second moyen: Maréchaussée, Police, Législation. Qui peut nier que les maréchaussées n’aient désarmé plus de brigands que la religion ? La bonne ou mauvaise police rend les mêmes hommes méchants ou vertueux.... Qu’on fasse de bonnes lois.... Une crainte respective contiendra les citoyens dans les bornes du devoir. Les lois font tout. Il y a deux tribunaux, celui de la nature et celui des lois. L’un connaît des délits de l’homme contre ses semblables; l’autre, les délits de l’homme contre lui-même. La loi châtie les crimes, la nature les vices. La loi montre le gibet à l’assassin; la nature montre l’hydropisie ou la phtisie à l’intempérant. En voilà bien assez pour corriger les hommes. 3. Troisième moyen: Abolition De L’ancien catéchisme des peuples. Si la politique plus éclairée s’occupait sérieusement de l’instruction du peuple.... Elle serait moins dans le cas de le tromper pour le contenir. Qu’on cesse d’allumer son imagination par l’idée de ces biens prétendus que l’avenir lui réserve, et de ces supplices dont la Divinité le menace pour le temps où il ne sera plus. Qu’on détruise par conséquent tous ses anciens Catéchismes qui l’entretiennent si souvent de ces idées. Et qu’on y supplée par celui dont Helvétius, et l’auteur de la Requête au roi pour la destruction des prêtres, nous donnent le modèle. 4. Quatrième moyen: Titres, Honneurs, etc. Les titres, les honneurs, les récompenses, l’estime publique, et tous les plaisirs dont cette estime est représentative, sont les récompenses les plus propres à faire renaître l’amour de la vertu. 5. Cinquième moyen : Les Bourreaux. Ce ne sont point les anathèmes de la religion, c’est l’épée de la justice qui dans les cités désarme les assassins; c’est le bourreau qui retient le bras du meurtrier. La crainte du supplice peut tout dans les camps; elle peut tout aussi dans les villes.... Elle rend le citoyens honnêtes et vertueux Les vertus sont donc l’œuvre des lois, et non de la religion. 6. Sixième moyen : Sermons Et Catéchismes Des Rois. Un souverain à qui la société a confié l’autorité suprême, tient dans sa main les grands mobiles qui agissent sur les hommes. Il a plus de pouvoir que les Dieux, pour rétablir et réformer les mœurs. Sa présence, ses récompenses, ses menaces; que dis-je, un seul de ses regards peuvent bien plus que tous les sermons des prêtres. C’est donc le souverain qui doit prêcher; c’est à lui qu’il appartient de réformer les mœurs. (Boulanger, Christianisme dévoilé.) On pourrait composer un Catéchisme de probité, dont les maximes simples apprendraient aux peuples que la vertu invariable dans l’objet qu’elle se propose , ne l’est point dans les moyens propres à remplir cet objet que c’est au législateur à fixer l’instant où chaque action cesse d’être vertueuse et devient vicieuse. 7. Septième moyen : Plus De Propriété. Otez la propriété, il n’y a plus de passions furieuses, plus d’actions féroces, plus de notions, plus d’idées de mal moral. Aussi, pour couper racine aux vices et à tous les maux d’une société, sans me soucier des criailleries de ceux qui redoutent la vérité, la première loi que j’établis sera conçue en ces termes: Rien dans la société n’appartiendra singulièrement ni en propriété, à personne, que les choses dont il fera un usage actuel, soit pour ses besoins, soit pour ses plaisirs, ou son travail journalier. 8. Huitième moyen: Les plaisirs. La nature, attentive à remplir nos désirs, vous appelle à son Dieu par la voix des plaisirs. Qu’on ouvre l’histoire, et l’on verra que dans tous les pays où certaines vertus étaient encouragées par l’espoir des plaisirs des sens, ces vertus ont été les plus communes et ont jeté le plus grand éclat. La force de la vertu est toujours proportionnée au degré de plaisir qu’on lui assigne pour récompense. 9. Neuvième moyen. Divorce Et Changement D’épouses. Deux époux cessent-ils de s’aimer ? Commencent-ils à se haïr ? Pourquoi les condamner à vivre ensemble? S’il est vrai que le désir du changement soit aussi conforme, comme on le dit, à la nature humaine, on pourrait donc proposer la possibilité du mérite. On pourrait donc essayer de rendre, par ce moyen, les guerriers plus braves, les magistrats plus justes, les artisans plus industrieux et les gens de génie plus studieux . Le divorce est une suite des lois des contrats... En le défendant, on fait le malheur des personnes qui ne sauraient vivre ensemble, et souvent on les force aux plus grands crimes . 10. Dixième moyen : Les courtisanes. Si le plaisir de l’amour est pour les hommes le plus vif des plaisirs, quel germe fécond renfermé dans ce plaisir ? Et quelle ardeur pour la vertu ne peut point inspirer le désir des femmes?... Ne sont-ce pas les femmes galantes, qui, en excitant l’industrie des artisans du luxe, les rendent de jour en jour plus utiles à l’Etal ? Les femmes sages, en faisant des largesses à des mendiants on à des criminels, sont moins bien conseillées que les femmes galantes par le désir de plaire. Les plaisirs de l’amour, ainsi que le remarquent Plutarque et Platon, sont les plus propres à élever l’âme des peuples, et la plus digne récompense des héros. 11. Quelle puissance en effet s’ont pas sur nous les plaisirs des sens ? Ils formèrent le caractère de ces vertueux Sa miles, chez qui la plus grande beauté était le prix de la plus grande vertu… Qu’on examine par quels moyens le fameux Lycurgue porta dans les cœurs de ses concitoyens l’enthousiasme, et pour ainsi dire, la fièvre de la vertu... Qu’on se rappelle ces fêtes solennelles, où les belles et jeunes Lacédémoniennes s’avançaient demi nues, en dansant dans l’assemblée du peuple... Quel triomphe pour le jeune héros, qui recevait la palme de la gloire des mains de la beauté, qui lisait l’estime sur le front des vieillards, l’amour dans les yeux de ces jeunes filles, et l’assurance de ces faveurs, dont l’espoir seul est un plaisir? Peut-on douter qu’alors ce jeune guerrier ne fût ivre de vertu? 12. Supposons qu’à l’exemple de ces vierges consacrées à Isis ou à Vesta, les plus belles Lacédémoniennes eussent été consacrées au mérite; que, présentées nues dans les assemblées, elles eussent été enlevées par les guerriers, comme le prix de leur courage... il est certain que cette législation eût encore rendu les Spartiates plus vertueux et plus vaillants. 12. Onzième moyen: Communauté des femmes, et leur choix. Supposons, si l’on veut, un pays où les femmes soient en commun. Plus dans ce pays elles inventeraient de moyens de séduire, plus elles multiplieraient les plaisirs de l’homme. Quelque degré de perfection qu’elles obtinssent en ce genre, on peut assurer que leur coquetterie n’aurait rien de contraire au bonheur public. Tout ce que l’on pourrait encore exiger d’elles, c’est qu’elles conçussent tant de vénération pour leur beauté et leurs faveurs, qu’elles crussent n’en devoir faire part qu’aux hommes distingués par leur génie, leur courage ou leur probité. Leurs faveurs, par ce moyen, deviendraient un encouragement aux talents et aux vertus. 13. Douzième moyen: La musique et la géométrie. La musique proprement dite parois soit présider (anciennement) à la pratique de la morale, et la géométrie à sa théorie. En suivant de loin l’analogie d’une pareille distribution, l’on pourrait en retirer de grands avantages. Par exemple, nous verrions peut-être moins d’innocents condamnés, moins de procès imperdables perdus, si l’on ne pouvait parvenir aux magistratures sans avoir subi un examen sévère sur la géométrie élémentaire... Les arts de la musique, venant à l’appui d’une saine dialectique, pourraient rendre les magistrats plus sensibles, plus humains, et leur apprendre à distinguer la voix de l’imposture des accents de la vérité... Les grands hommes de l’antiquité étaient chantés par de jeunes beautés... Comment n’eussent-ils pas été bons, grands et humains? La vertu les subjuguait par tous les sens. Un philosophe, chez eux, n’était qu’un grand musicien. Déjà nous voyons parmi nous, ce qui est d’un bon augure, la notion du philosophe se rapprocher un peu de la notion antique. On commence à y faire entrer les mathématiques et la musique. Il est donc permis d’espérer qu’enfin la musique et la géométrie pourront nous élever à toute la perfection de la vertu.
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| | | ludovic59
| Sujet: Catéchisme philosophique Chapitre 7 Mar 09 Aoû 2016, 08:50 | |
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Chapitre 7
Colonne A. Catéchisme philosophique.
Suicide approuvé.
Le Philosophe. Quand toute la morale deviendra inutile pour rendre le philosophe heureux, quel parti prendra-t-il? L’Adepte. Celui du suicide; il mourra en grand homme, puisqu’il ne peut pas vivre en homme heureux. Le Philosophe. La nature n’a-t-elle pas horreur du suicide? L’Adepte. La nature! Au contraire, suivant nos Lucrèces modernes; c’est elle qui, pendant des milliers d’années, a formé dans son sein le fer qu’un suicide tourne contre lui-même. Le Philosophe. Le suicide est-il défendu par quelque religion? L’Adepte. Mohamed, nous dit Voltaire, est le seul qui ait pensé à défendre le suicide dans sa religion, par un texte formel; et ce texte n’a pas le sens commun. Le Philosophe. Ne vaut-il pas mieux mettre fin à ses jours, que traîner une vie malheureuse? L’Adepte. Quand je suis accablé de misère, pourquoi m’empêcher de mettre fin à mes peines? Le Philosophe. Est-il vrai qu’il y ait quelque faiblesse à se tuer soi-même? L’Adepte. Il paraît qu’il y a quelque ridicule à dire que Caton se tua par faiblesse. Les Romains n’avoient pas besoin du spleen, pour mourir de leur propre main, ils étaient philosophes. Mourir comme Caton, c’est en effet le comble des vertus humaines. Le Philosophe. Ne pourrait-on pas dire que les suicides, poussés par une force invincible, ne peuvent au moins être coupables? L’Adepte. Oui; la vie étant le plus grand de tous les biens, il est à présumer que celui qui s’en défait est poussé par une force invincible Son cerveau est tiraillé dans des directions opposées. Forcé de prendre alors une direction moyenne entre deux forces, il va chercher la mort. Son crime est tout au plus celui d’une boule qui, poussée par deux autres, prendrait la diagonale. Le Philosophe. Tant que le philosophe jouit de son bon sens, il ne peut donc avoir aucune raison suffisante pour se tuer lui-même? L’Adepte. Au contraire, une raison quelconque, tout chagrin, tout remords qui défigure pour lui le spectacle de la nature, peut suffire à celui qui aura envie de se tuer. C’est ce que nous déclare très positivement le Lucrèce moderne. Le Philosophe. Le sage qui se voit inutile à sa patrie, ne mourra-t-il pas vertueux en se tuant lui-même? L’Adepte. Le sage est alors pleinement en droit de disposer de lui-même. Il a rempli ses fonctions sur la terre; c’est le cas de Brutus et de Caton. Ils meurent vertueux comme ils avoient vécu. Telle est la doctrine du célèbre Jean-Jacques, dans cette même lettre où l’on croit bonnement qu’il a voulu montrer le suicide inexcusable. Le Philosophe. Le pacte social peut-il nous attacher malgré nous à la vie, quand elle est un fardeau? L’Adepte. Point du tout. Le pacte social suppose des avantages mutuels. Il est rompu pour moi dès que la société ne me procure plus aucun avantage. Rien ne me retient plus dans ce monde; quand la vie est un fardeau pour moi, j’ai droit de la quitter. Le Philosophe. Serions-nous obligés de dissuader ceux que nous verrions prêts à se donner la mort? L’Adepte. Pourquoi les dissuader ? La mort est une porte que la nature leur laisse toujours ouverte, et qui les délivre de leurs maux, lors qu’ils les jugent impossibles à guérir. Elle est une ressource qu’il ne faut point ôter à la vertu opprimée. Le Philosophe. Le monde y gagnerait-il beaucoup, si chacun craignait moins de se donner la mort? L’Adepte. Les hommes ne seraient ni esclaves, ni superstitieux; la vérité trouverait des défenseurs plus zélés; les droits de l’homme seraient plus hardiment soutenus; les erreurs seraient plus fortement combattues; la tyrannie serait à jamais bannie des nations. Et ce qui est bien plus, suivant le sage Delisle: il n’y aurait que des héros dans une ville où il se commettrait souvent des suicides pareils à celui de ce Faldoni, qui se tue parce qu’il ne peut plus épouser sa maîtresse, et la tue elle-même.
Chapitre 7
Colonne B. Catéchisme philosophique.
Suicide proscrit.
Le Philosophe. Quand toute la morale deviendra inutile pour rendre le philosophe heureux, quel parti prendra-t-il? L’Adepte. Celui de la constance; il vivra en grand homme, plutôt que de mourir en lâche. Le Philosophe. La nature n’a-t-elle pas horreur du suicide? L’Adepte. Oui; suivant nos Lucrèces modernes eux-mêmes, il est sûr que l’instinct que nous sentons pour notre conservation est naturel à l’homme. Cet instinct n’est autre chose que l’horreur de notre destruction. L’homme ne saurait donc se détruire sans faire violence à la nature. Le Philosophe. Le suicide est-il défendu par quelque religion? L’Adepte. Il n’est point douteux, nous disent nos encyclopédistes, que l’église chrétienne ne condamne le suicide. Le Philosophe. Ne vaut-il pas mieux mettre fin à ses jours, que traîner une vie malheureuse? L’Adepte. On ne pourra jamais démontrer que la vie soit un plus grand malheur que la mort. Le Philosophe. Est-il vrai qu’il y ait quelque faiblesse à se tuer soi-même? L’Adepte. Dans la mort de Caton même, il n’y a ni force, ni faiblesse, ni courage, ni lâcheté; il y a maladie, soit chronique, soit aiguë, ou bien transport de rage et de folie. Recevoir la mort avec intrépidité, c’est courage; se la donner, c’est lâcheté. Le Philosophe. Ne pourrait-on pas dire que tous les suicides, poussés par une force invincible, ne peuvent au moins être coupables? L’Adepte. Quoique tous les meurtriers d’eux-mêmes puissent être regardés comme des fou, des hommes dont le cerveau est dérangé dans le moment qu’ils s’ôtent la vie, il faut cependant prendre garde à leur vie précédente. C’est-là ordinairement où se trouve l’origine de leur désespoir. Peut-être qu’ils ne savent pas ce qu’ils font dans le moment qu’ils se tuent; mais c’est leur faute, et ce dernier crime leur est justement imputé. Le Philosophe. Tant que le philosophe jouit de son bon sens, il ne peut donc avoir aucune raison suffisante pour se tuer lui-même? L’Adepte. Non; il n’y a jamais que des fous qui pensent à se priver de la vie; rien n’invite l’homme à se détruire tant que la raison luit. C’est ce que nous déclare très positivement le Lucrèce moderne. Le Philosophe. Le sage qui se voit inutile à sa patrie, ne mourra-t-il pas vertueux en se tuant lui-même? L’Adepte. On ne peut pas dire qu’un homme se puisse trouver dans un cas où il soit assuré qu’il n’est d’aucune utilité pour la société. Ce cas est impossible; dans la maladie la plus désespérée, un homme peut toujours être utile aux autres, ne fût-ce que par l’exemple de fermeté, de patience, et des autres vertus qu’il leur donne. Le Philosophe. Le pacte social peut-il nous attacher malgré nous à la vie, quand elle est un fardeau? L’Adepte. Sous quelque prétexte que l’on considère le suicide, on peut le définir un larcin fait à la société, et un attentat contre la nature. En supposant même que la vie fût un fardeau, nous ne serions pas pour cela plus en droit de nous la ravir, qu’il ne nous est permis de l’ôter aux autres. Le Philosophe. Serions-nous obligés de dissuader ceux que nous verrions prêts à se donner la mort? L’Adepte. Comment ne pas les dissuader? Le sage doit la vérité à ses concitoyens Il doit les détromper des préjugés qui les conduisent à leur ruine, et leur montrer les précipices qui s’ouvrent sous leurs pas; à plus forte raison lorsqu’ils sont sur le point d’y tomber. Le philosophe. Le monde y gagnerait-il beaucoup, si chacun craignait moins de se tuer lui même? L’adepte. Sous le moindre prétexte chacun se tuerait ou tuerait les autres. C’est M. Delisle qui nous l’apprend par ces paroles : Les scélérats pour qui la vie ne serait rien, seraient toujours maîtres de celle des autres, et nous ne pourrions attribuer ce désordre qu’à la gangrène des esprits, amenée par le poison de l’athéisme. (Suite de la Phil. de la Nat. A 3. )
Preuves philosophiques du chapitre précédent.
Comme dans le chapitre ci-dessus, nous avons presque toujours cité les expressions même des divers philosophes qui nous en ont fourni les réponses, nous nous contenterons de les fortifier par les textes suivants, sans nous trop occuper de les appliquer à chaque article en particulier.
Le suicide.
Colonne A.
1. Celui qui se tue ne fait pas, comme on le prétend, une injure à la nature, ou, si l’on veut, à son auteur. Il suit cette bonne nature, en prenant la seule voie qui lui reste pour sortir de ses peines. Il sort de l’existence par une porte qu’elle lui a laissé ouverte. Il ne peut l’offenser en suivant la loi de celle-ci... Si nous considérons le pacte qui unit l’homme à la société, nous verrons que tout pacte est conditionnel et réciproque. Le citoyen ne peut tenir à la société, à la patrie, que par le lien du bien-être. Ce lien est-il tranché? Il est remis en liberté. La société, ou ceux qui la représentent, le traitent-ils avec dureté, avec injustice, et lui rendent-ils son existence pénible? L’indigence et la honte viennent-elles le menacer au milieu d’un monde dédaigneux et endurci? Des amis perfides lui tournent-ils le dos dans l’adversité P une femme infidèle outrage-t-elle son cœur? Des enfants ingrats et rebelles affligent-ils sa vieillesse? A-t-il mis son bonheur dans quelque objet exclusif, qu’il lui soit impossible de se procurer? Enfin, pour quelque cause que ce soit, le chagrin, le remords, la mélancolie ont-ils défiguré pour lui le spectacle de l’univers? S’il ne peut supporter ces maux, qu’il sorte de ce monde, qui désormais n’est plus pour lui qu’un effroyable désert. 2. Les Romains, qui n’avoient pas le spleen, ne faisaient aucune difficulté de se donner la mort. C’est qu’ils raisonnaient, ils étaient philosophes; et les sauvages de l’île Britain ne l’étaient pas (dans ces temps où ces sauvages ne se tuaient pas encore eux-mêmes). Aujourd’hui les citoyens anglais sont philosophes, et les citoyens romains ne sont rien. Aussi les Anglais quittent-ils la vie fièrement, quand il leur en prend fantaisie. 3. Des actions semblables à celle de Caton (au suicide), sont l’effet du plus grand amour pour la gloire. C’est à ce dernier terme qu’atteignent les fortes passions; c’est à ce terme que la nature a posé les bornes de la vertu humaine. 4. Quand les lois furent anéanties, et que l’état fut en proie à des tyrans, les citoyens reprirent leur liberté naturelle, et leurs droits sur eux-mêmes. Quand Rome ne fut plus, il fut permis à des Romains de cesser d’être. Ils avoient rempli leur fonction sur la terre; ils n’avoient plus de patrie; ils étaient en droit de disposer d’eux, et de se rendre à eux mêmes la liberté qu’ils ne pouvaient plus rendre à leur pays. Après avoir employé leur liberté à servir Rome expirante, et à combattre pour les lois, Caton et Brutus moururent vertueux et grands comme ils avoient vécu. (C’est-à-dire, dans celles-là même où ce philosophe pense combattre invinciblement le suicide.) 5. Le suicide n’est peut-être pas un crime quand il s’agit de terminer les douleurs toujours renaissantes d’une maladie incurable.... Il peut se faire que par la nature de la calomnie, la vérité ne puisse jamais entrouvrir le nuage qui l’environne. Alors quel est le barbare qui oserait insulter à la mémoire de l’homme faible, qui, s’ôtant la vie, ne fait qu’empêcher la patrie de prolonger son crime et son ingratitude? Dès que la vie devient pénible à l’homme par une maladie cruelle et incurable.... En partant rigoureusement des vérités que nous venons de démontrer, il semble que cet être infortuné a le droit de quitter la vie; peut-être même le doit-il, s’il nuit considérablement au bonheur des autres : c’est encore une vérité dure, mais qui suit nécessairement des principes... Les liens qui l’attachaient à la vie ne subsistent donc plus; il lui est par conséquent permis d’achever de les briser; et s’il a assez de grandeur d’âme, il le fera. Quand Dieu ne nous aurait donné la main, l’instrument qui fabrique tous les autres, que pour nous en faire user contre nous mêmes... Ce serait trop d’honneur pour nous d’être employés à un tel usage.
Preuves philosophiques du chapitre précédent.
Comme dans le chapitre ci-dessus, nous avons presque toujours cité les expressions même des divers philosophes qui nous en ont fourni les réponses , nous nous contenterons de les fortifier par les textes suivant sans nous trop occuper de les appliquer à chaque article en particulier.
Le suicide.
Colonne B.
1. Fondés sur la maxime toujours fausse, quand-elle n’est point modifiée, qu’une action est grande et généreuse à proportion qu’elle coûte d’efforts, quelques hommes fameux dans l’histoire, ont cru, en se donnant la mort, mériter les éloges de la postérité, et ont en effet trouvé des admirateurs dans les siècles suivants. Mais pour enfoncer le poignard dans le sein d’un père, il en coûterait sans doute au parricide assassin de terribles combats, et des efforts bien violents, avant qu’il eût imposé silence à la voix de la nature. Or ces combats et ces efforts feraient-ils d’un crime affreux une action méritoire? Lutter contre ses sentiments, n’est une vertu que quand ces sentiments sont vicieux. Recevoir la mort avec intrépidité, c’est courage; se la donner, c’est lâcheté. 2. Le suicide est l’effet d’une vraie maladie, d’un dérangement subit ou lent dans la machine... Pour être totalement dégoûté de la vie, il faut un renversement général dans les idées. Les hommes accoutumés à juger les actions par les motifs qui les font naître, ont admiré le suicide produit par l’amour de la patrie, de la liberté, de la vertu; et ils l’ont blâmé, quand il n’eut pour motif que l’avarice, un fol amour, une vanité puérile. Mais (dans Caton d’Utique même) le suicide est une folie... Il serait peu sensé de vouloir le combattre par le raisonnement. 3. On entend par suicide l’action d’un homme qui, de propos délibéré, se tue d’une manière violente. Pour ce qui regarde la moralité de cette action, il faut dire qu’elle est absolument contre la loi de la nature. 4. Il est donc permis, selon toi, de cesser de vivre ? La preuve en est singulière; c’est que tu as envie de mourir. Voilà certes un argument fort commode pour les scélérats. Ils doivent t’être bien obligés des armes que tu leur fournis; il n’y aura plus de forfaits qu’ils ne justifient par la tentation de les commettre; et dès que la tentation l’emportera sur l’horreur du crime, dans le désir de mal faire, ils en trouveront aussi le droit... Philosophe du jour, ignores-tu que tu ne saurais faire un pas sur la terre sans y trouver quelque devoir à remplir, et que tout homme est utile à l’humanité par cela seul qu’il existe?... Chaque fois que tu seras tenté de sortir de la vie, dis en toi-même : Que je fasse encore une bonne action avant que de mourir. Puis va chercher quelque indigent à secourir, quelque infortuné à consoler, quelque opprimé à défendre... Si cette considération ne te retient pas, meurs; tu n’es qu’un méchant. 5. Un des grands principes qui doit armer la société contre le suicide, c’est que dès que la vie n’est plus rien à un homme, il est le maître de celle des autres; ainsi il n’y a qu’un pas de l’envie de mourir à celle de tuer... Sous quelque prétexte qu’on considère le suicide, on peut le définir un larcin fait à la société, et un attentat contre la nature. Messages mis en "spoiler " par CR84. |
| | | Jacques2008
| Sujet: Re: La philosophie "dans la vie". Mar 09 Aoû 2016, 13:03 | |
| bon et ensuite ?
Tu n'as rien toi à dire personnellement ?
Tu sais ce qu'ont dit les philosophes, tout le monde peut le voir, dans les livres, internet, ce n'est pas le but du sujet.
Le but est de dire ce que soi l'on pense.
Jusqu'à présent, je ne te vois qu'insérer des textes, essaie de parler, toi.
Même si tu n'as pas la forme ou les mots, le dialogue ne s'arrête pas à ça, le dialogue est savoir ce que l'on veut dire à travers l'image des mots retranscris de toutes les manières. |
| | | ludovic59
| Sujet: Re: La philosophie "dans la vie". Mar 09 Aoû 2016, 15:12 | |
| Cher Jacques2008, j’insère des textes d'auteur tel que L'Abbé Barruel qui maitrisait magnifiquement le sujet concernant la philosophie. Qui suis je, moi pour donner mon avis, je ne suis rien et je peux me tromper, ou dire des erreurs. Donc c'est mon choix de mettre des textes de grandes personnalités, c'est plus instructif pour tout le monde. Ne voit pas ça comme une agression de ma part, je suis la pour partager entre nous et j’espère que le bon Dieu nous augmentera notre science et unira nos cœurs dans nos différences.
amicalement Ludovic
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| | | Cyril 84 Moderateur
| Sujet: Re: La philosophie "dans la vie". Mar 09 Aoû 2016, 16:10 | |
| - Ludovic59 a écrit:
- Messages mis en "spoiler " par CR84.
Ludovic je te demande de lire la charte et de l'appliquer : - LA CHARTE a écrit:
- Nous demandons par ailleurs à tous les intervenants que leurs messages ne dépassent pas les 80 lignes afin d'avoir une certaine lisibilité sur la page que les autres intervenants suivent. 80 lignes, avec y compris les citations ! Ne gardez dans les citations que ce qui correspond à votre réponse !
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| | | Algorab
| Sujet: Re: La philosophie "dans la vie". Mar 09 Aoû 2016, 16:27 | |
| - sandrine13012 a écrit:
quel est le but de la vie? reussir sa vie professionnelle? Maritale? En somme, reussir et avoir une belle ici sur terre, ou bien viser la vie eternelle promise par Dieu ? Dans ce cas, comment faire pour satisfaire Dieu et qu il me dise lorsque je mourrais "sandrine, entre au paradis" comment eviter qu il me dise "sandrine, va bruler en enfer" pourquoi il me dirait ca? Qu'ai je fais de mal pour meriter une punition pareil ? Ou plutot que n ai je pas fais? Faut il mieux etre pauvre sur terre et aller au paradis ou etre riche et finir en enfer? Comment s approcher de Dieu le saint en delaissant toutes les mauvaises choses sur terre ? En sachant que si on n est plus ambitieux sur cette terre, mais ambitieux pour l au dela, on se fera forcement doublé par beaucoup de gens qui eux cherchent leur satisfaction dans ce monde. Dois je me battre avec les gens pour avoir un bon boulot? Un beau mari? Ou ces choses la ne doivent pas etre ma priorité? Il ya une multitude de gens qui sont heureux, avec leur beau/belle époux(se), qui ont un honnête un boulot... et qui sont épanouis dans leur vie spirituelle, cherchent à bâtir pour leur vie future, sans pour autant délaisser ce bas-monde. Nous sommes ici pour adorer Dieu, mais pour cela nous devons oeuvrer, et il y a des milliards de façon d'poeuvrer pour Dieu, c'est extraordinaire. Avoir beaucoup d'argent n'est pas forcément mauvais, si l'argent est dépensé dans la voie de Dieu, pour aider les pauvres, financer des écoles, des hopitaux, des lieux de culte... Les gens riches ne sont absolument pas méprisés en islam, il y avait de nombreux compagnons du Prophète qui étaient fortunés. Mais en faire un but, non... écraser les autres, être avare, l'argent est un fléau, cela se voit tous les jours. |
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| Sujet: Re: La philosophie "dans la vie". | |
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| | | | La philosophie "dans la vie". | |
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